Le domaine de la motricité fine

Le développement de la motricité constitue pour les enfants un moyen
d’accéder à l’autonomie qui intensifie l’exploration sensorielle ainsi que
les interactions avec les personnes et l’environnement physique, ce qui
stimule tous les autres domaines du développement. Le développement de
la motricité fine se rapporte à la coordination des mouvements de la main
et du bras nécessaires pour atteindre, saisir, relâcher ou manipuler des
objets. La maîtrise des habiletés de la motricité fine implique générale-
ment la stabilité et la force du cou, du tronc et des bras, de même que la
coordination des yeux et des mains, la perception du toucher, une bonne
perception visuospatiale, la capacité de coordonner des gestes moteurs
fins, la conscience du corps dans l’espace et la coordination des deux côtés
du corps. La maîtrise d’habiletés de motricité fine permet à l’enfant de
manipuler des jouets comportant de petites pièces, de s’habiller et se
déshabiller de façon autonome et d’utiliser des ciseaux et des instruments
servant à écrire.
Au départ, les nourrissons exercent peu de contrôle volontaire sur leurs
bras, leurs mains et leurs doigts. Au cours des six premiers mois, les
mouvements non volontaires de prise évoluent vers des mouvements
volontaires. La coordination des muscles de l’épaule et du coude, de pair
avec les muscles du poignet et de la main, contribue au développement
de la préhension de l’enfant. Les interactions répétées de l’enfant avec son
environnement et la maturation de son système nerveux central sont
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responsables du développement de la coordination oculo-manuelle. Les
nourrissons apprennent à manipuler des objets simples en les mettant
dans leur bouche, en les agitant et en les frappant. Les nouveau-nés refer-
ment automatiquement leurs mains lorsqu’un objet est déposé au creux
de leur paume. En général, à l’âge de douze mois, l’enfant possède une
préhension assez développée pour exécuter des mouvements plus précis,
tels que le mouvement de ratissage des doigts pour saisir un bloc ou l’uti-
lisation du pouce et de l’index comme pince pour permettre la préhension
d’un raisin.
Le geste de relâcher les objets, initialement grossier chez l’enfant, est rem-
placé par les habiletés de motricité fine nécessaires pour qu’il puisse
relâcher les objets de façon volontaire et coordonnée. La coordination
oculo-manuelle nécessaire pour saisir et relâcher un objet à un moment
précis est illustrée par l’habileté de l’enfant à manger seul à la cuillère. La
capacité de l’enfant à coordonner la vue et le toucher s’accroît avec la ma-
turation de son cerveau et avec le contrôle des mouvements de ses bras,
qui contribue à une manipulation plus habile des objets de la part de l’en-
fant. En général, à l’âge de dix-huit mois, l’enfant maîtrise mieux les
gestes de préhension et de relâchement qui lui permettent une coordina-
tion indépendante des doigts et du pouce. Les tout-petits exercent une
manipulation complexe de deux objets ou plus, leurs jeux deviennent
ainsi plus significatifs et orientés vers un but précis. Pendant une activité,
les enfants deviennent intéressés à aligner et à empiler des objets, à assem-
bler des jouets avec des pièces, à gribouiller spontanément et à reproduire
de simples traits.
Pendant les premières années, la plupart des jeunes enfants deviennent
très habiles pour utiliser leurs deux mains en même temps, ce qui leur
permet d’accomplir des tâches comme enfiler des perles. Les habiletés de
motricité fine nécessaires à la manipulation d’objets avec les mains évo-
luent de façon progressive chez les enfants de trois à cinq ans. Les enfants
d’âge préscolaire exercent la dextérité et la rapidité nécessaires aux pre-
mières habiletés d’écriture. C’est aussi la période où la préférence d’une
main pendant les tâches de motricité fine apparaît chez la plupart des
enfants et où ils apprennent à utiliser davantage une de leurs mains pour
exercer plusieurs habiletés, telles que dévisser un couvercle, activer un
jouet à remontoir et boutonner une chemise. Les habiletés de motricité
fine d’un enfant d’âge préscolaire, la coordination des deux côtés de
son corps et ses habiletés visuelles lui permettent par exemple d’attacher
ses souliers.
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Le domaine de la motricité fine du curriculum de l’EIS a été conçu pour
fournir à l’enfant des occasions de mettre en pratique les gestes d’attein-
dre, de saisir, de relâcher et de manipuler des objets, afin qu’il arrive à
maîtriser les habiletés de motricité fine requises pour être autonome dans
ses activités quotidiennes. L’approche privilégiée consiste à intégrer les
buts d’apprentissage aux activités et aux routines qui constituent habituel-
lement la journée de l’enfant. Le domaine de la motricité fine comprend
deux niveaux. Le niveau A (Coordination motrice bilatérale) concerne les
habiletés d’un jeune enfant à coordonner les deux mains dans les acti-
vités, en commençant par la manipulation d’objets jusqu’à la maîtrise de
la motricité fine requise pour manipuler des instruments tels que des
ciseaux. Le niveau B (Préécriture) porte sur l’utilisation indépendante de
chacune des mains. L’atteinte de ce niveau est illustrée par l’apparition
de la préférence d’une main et par l’exercice continu de la dextérité, de la
rapidité et de la précision nécessaires aux habiletés de préécriture, par
exemple l’utilisation de la pince formée du pouce, de l’index et du majeur
pour tenir un instrument servant à écrire, la reproduction de formes sim-
ples et l’écriture de lettres.
Le curriculum du domaine de la motricité fine se divise en quatre sections:
1) « Aspects à considérer », 2) « Suggestions d’activités», 3) «Utiliser une
approche d’intervention centrée sur les activités» et 4) « Buts du domaine ».
La section « Aspects à considérer » indique des facteurs importants que l’in-
tervenant doit prendre en compte avant de commencer à travailler avec des
enfants à risque ou présentant des incapacités, et pendant qu’il travaille avec
eux. Les « Suggestions d’activités» présentent une liste d’activités parti-
culièrement appropriées pour amener les enfants à travailler les habiletés
de motricité fine. Cette section fournit aussi des suggestions de matériel
complémentaire qui donneront aux enfants davantage d’occasions
d’exercer les habiletés de motricité fine ciblées. La troisième section illus-
tre comment travailler les buts du domaine de la motricité fine ciblés au
PSI/PII en adoptant une approche d’intervention centrée sur les activités.
La dernière section, «Buts du domaine », fournit des suggestions de buts
concomitants, d’activités de routine, d’adaptations de l’environnement et
d’activités d’intervention planifiées pour la maison, le milieu de garde ou
la classe, pour chacun des buts et objectifs du domaine de la motricité fine
du test du programme EIS pour les enfants de trois à six ans.
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Aspects à considérer
Les aspects généraux qu’un intervenant doit considérer lorsqu’il travaille
les buts du domaine de la motricité fine sont décrits ci-dessous.
•Certains programmes d’intervention précoce se concentrent sur les habi-
letés de motricité fine liées au contexte scolaire (par exemple: les habiletés
en écriture) pour favoriser un bon départ scolaire et aussi sur les
habiletés qui favorisent la collaboration avec les pairs. Il est important
de se rappeler que les autres habiletés — comme communiquer efficace-
ment, exercer des habiletés sociales, suivre des consignes, participer à
une activité pendant une courte période de temps sans supervision ou
passer facilement d’une activité à l’autre — contribuent autant à la réus-
site à l’école que les habiletés proprement scolaires comme l’écriture.
•Un ergothérapeute ou un physiothérapeute peut participer à l’évaluation
des enfants présentant des incapacités motrices pour déterminer si les
buts du domaine de la motricité fine sont fonctionnels et réalistes pour
un enfant donné. En plus de fournir des renseignements sur les modifi-
cations à apporter aux activités motrices, sur les adaptations de l’environ-
nement et sur l’utilisation de matériel adapté, le thérapeute peut faire des
recommandations concernant des activités préparatoires qui favorisent la
participation d’un enfant aux activités de motricité fine.
•Les enfants pourront bénéficier des activités d’intervention planifiées
qui intègrent des buts liés à la motricité fine. En plus d’exercer leurs
habiletés motrices, les enfants présentant des incapacités motrices
pourront tirer profit de stratégies compensatoires pendant les activités,
telles que des modifications apportées à l’environnement ou le recours
à du matériel adapté afin d’augmenter leur autonomie. Les plateaux
des fauteuils roulants constituent d’excellentes surfaces pour écrire,
dessiner et manipuler des objets. Des aides fonctionnelles comme une
attelle, des ciseaux adaptés, des poignées adaptées aux instruments ser-
vant à écrire, des surfaces antidérapantes ainsi que des logiciels et du
matériel informatique peuvent fournir le soutien nécessaire à l’enfant
et l’inciter à participer à des activités variées impliquant la motricité
fine. Il est important de consulter un spécialiste pour se renseigner sur
les équipements particuliers, les adaptations de l’environnement, des
activités ou du matériel.
•La position de l’enfant est un aspect important à considérer chez les
enfants présentant des incapacités motrices. L’enfant doit être redressé
et bien soutenu au cours d’activités motrices telles que découper à
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l’aide de ciseaux ou écrire. Cependant, le matériel adapté, comme un
plateau de fauteuil roulant, peut représenter une barrière physique
entre un enfant et ses pairs. Lorsque c’est possible, les enfants devraient
être assis sur des chaises normales ou adaptées (si un soutien accru est
requis) ou sur le plancher avec les autres. Il est important de s’assurer
que les aides techniques ne compromettent pas les interactions d’un
enfant avec ses pairs.
•Les enfants d’âge préscolaire peuvent intentionnellement éviter de par-
ticiper aux tâches qui mettent en évidence les limites de leur maîtrise
de la motricité fine. Il est nécessaire que les intervenants portent atten-
tion aux interactions avec les pairs lorsqu’ils encouragent les enfants à
participer aux activités de motricité fine de leur niveau.
•Les enfants doivent bénéficier de suffisamment de temps pour accom-
plir les tâches. Le temps supplémentaire accordé à un enfant présentant
une incapacité motrice ou sensorielle peut être un facteur positif
important pour lui, par exemple en ce qui concerne son autonomie à
l’habillage.
Suggestions d’activités
Il s’avère utile de désigner un endroit du milieu de garde, de la classe ou
de la maison pour les activités de manipulation et de motricité fine.
Placez le matériel sur des étagères basses et accessibles pour permettre une
participation active des enfants à la préparation des activités et au range-
ment du matériel. Gardez l’endroit intéressant et attirant pour les enfants
en faisant alterner constamment le matériel et en vous assurant qu’il est
propre, complet et en bonne condition. Rappelez-vous que plusieurs
habiletés adaptatives comme manger, s’habiller et effectuer les routines
d’hygiène fournissent aussi à l’enfant des occasions d’exercer ses habiletés
de motricité fine.
Il est possible que certaines adaptations soient requises pour rendre les
activités accessibles aux enfants présentant des incapacités motrices ou
sensorielles. Ces adaptations peuvent être simples (par exemple : utiliser
des ciseaux adaptés ou une surface antidérapante pour les casse-têtes) ou
plus complexes (par exemple : utiliser une orthèse pour les bras). Les choix
concernant les adaptations de l’environnement ou les modifications du
matériel comptent beaucoup et peuvent amener un enfant qui nécessiterait
habituellement un soutien à accomplir seul une tâche. Consultez un spé-
cialiste de la motricité pour ce qui est des adaptations.
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