
à la recherche de l'économie sociale et solidaire
À la recherche de l’économie sociale et solidaire
Le cas du Grand-Duché de Luxembourg
1. Introduction
C'est au cours de la seconde moitié du 19e siècle
qu'apparaissent les premières organisations d'économie
sociale dans les pays industrialisés, prônées par des
socialistes associationnistes comme Owen, Saint-Simon,
King, Fourier ou Proudhon. Le christianisme social a aussi
participé au développement de l’économie sociale dont
une figure emblématique est l’oeuvre de Raiffeisen dans
le monde agricole1.
L’économie sociale a pris la forme d’associations et des
sociétés de secours mutuel, qui permettent aux
travailleurs à faible revenu de s'entraider et de se donner
des assurances en cas de maladies ou d'accidents.
L’économie sociale est une réaction aux excès du
capitalisme débridé.
L’histoire économique permet de décrire les traits
communs aux entités qui composent l’économie sociale:
le statut particulier – association, coopérative, mutualité
– ou bien la finalité non lucrative des activités et leur
mode de gestion. Ce tiers secteur (ou système) se situe
entre le secteur public et le secteur privé.
Depuis la crise économique des années soixante-dix, la
montée du chômage de masse, l’essoufflement de l’Etat
providence et la naissance de mouvements sociaux,
l’économie sociale a vu émerger de nouvelles formes
d’activités appelées « solidaires ».
Les entreprises de l’économie sociale et solidaire, faisant
preuve d’esprit d’innovation, ont conquis de nouveaux
créneaux comme les services de proximité, la
réhabilitation de quartiers défavorisés, l’aide aux
personnes âgées, ou en difficulté, le commerce équitable,
la finance éthique et solidaire, la gestion
environnementale de déchets ou l’insertion
professionnelle des personnes non qualifiées....
L’économie solidaire serait plus à même de réaliser les
objectifs de la politique sociale ou de la politique de
l’emploi (Rosanvallon, 1995).
Ce sont les activités d’insertion de chômeurs de longue
durée qui se sont démarquées au Luxembourg au cours
des dernières années. La gestion flexible et proche du
terrain de ces organisations a fait naître l’espoir d’une
capacité supérieure à celle de l’Etat ou des entreprises
commerciales à délivrer des services d’intérêt général de
manière plus efficace et moins onéreuse. Cette
problématique des formes que doit prendre l’action de
l’Etat Providence moderne, distinguant entre la mission
de service public et le fournisseur dudit service a été
soulevée par le Conseil Economique et Social. Quel est le
rôle que peut ou doit jouer l’économie sociale et solidaire
dans ce contexte, déjà très présente et bénéficiant de
subventions et de commandes de l’Etat, n’a pas encore
été clarifié. De plus, il n’y a pas encore d’évaluation
quantitative de l’efficacité comparée des différentes
formes d’exécution des missions des services publics
sociaux. Le secteur de l’économie sociale et solidaire
soumis à de nombreuses tensions, internes et externes.
En effet, il est en proie aux contradictions entre
syndicalisme et volontariat, entre logique étatique et
concurrence globale. Fort hétéroclite, et menacé de
marginalisation, susceptible de devenir la « poubelle », de
l’économie publique et de l’économie privée comme le dit
Bardos-Féltoronyi (2004), professeur à l’Université de
Louvain.
Les « entreprises solidaires » sont en quête d’une
reconnaissance de leur travail par l’Etat et la société.
Cette reconnaissance peut aussi se traduire en termes de
statistiques officielles.
Les statistiques dans ce domaine assez hétéroclite sont
encore rares ou insuffisamment structurées. La difficulté
de définir et de repérer avec suffisamment de précision
les entreprises qui relèvent du secteur de l’économie
sociale et solidaire pose de nombreux problèmes qui
commencent seulement à être étudiés.
La présente note a été rédigée à l’occasion du colloque
européen « L’économie sociale et solidaire, acteur central
de la cohésion sociale et de la stratégie de Lisbonne » qui
s‘est tenu à Luxembourg les 11 et 12 mars 2005.
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1 cf. Jacques Defourny in J.L. Laville et A.D. Cattani (2005).
"Économie et Statistiques" - Working papers du STATEC n° 8 3