Quelles actions Réseau Ferré de France Direction régionale Languedoc-Roussillon 185 rue Léon Blum BP 9252 34043 Montpellier Cédex 1 Tél. : 04 99 52 52 70 Fax : 04 99 52 21 80 www.rff.fr pour la Conception/Réalisation Biotope • Novembre 2011 biodiversité T Le développement durable est dans l’ADN du Contournement de Nîmes et Montpellier… ous nos grands chantiers doivent avoir pour dénominateur commun de toujours progresser vers des démarches en faveur de l’environnement. Nous avons choisi ici en toute transparence de montrer comment RFF prend en compte la biodiversité sur le chemin que la nouvelle ligne à Grande Vitesse va prochainement dessiner entre Nîmes et Montpellier. Par ailleurs, le rail est, par nature, un mode de transport respectueux de l’environnement qui s’inscrit dans la logique des objectifs du Grenelle de l’environnement : il consomme moins… Pour une même quantité d’énergie, un voyageur parcourt 172 kilomètres sur une LGV contre 18 kilomètres en avion. Il produit moins de gaz à effet de serre : 20 fois moins que la route et 45 fois moins que l’avion. Il entraîne moins de pollution de l’air. Le Contournement de Nîmes et Montpellier améliorera significativement les services ferroviaires en Languedoc-Roussillon : meilleure régularité des trains, plus de trains pour les trajets du quotidien, plus de trains de fret sur le Contournement de Nîmes et Montpellier pour les grands voyages, plus de trains de fret sur le Contournement et moins de fret en ville. Pascal Bidan, Directeur du projet Contournement de Nîmes et Montpellier D Comprendre la nature pour s’inscrire dans la durée ès l’origine du projet de Contournement de Nîmes et Montpellier, de nombreux inventaires écologiques ont été ciblés sur les secteurs patrimoniaux, afin de tenir compte des enjeux de conservation de la faune et de la flore. Les conclusions de ces expertises, mises en lumières au même titre que les contraintes techniques et financières, ont permis de concevoir un projet le plus respectueux possible de son environnement. L’étude présentée ici a pour objectif de mieux connaître la biodiversité des territoires concernés par le projet afin d’affiner les mesures proposées selon le principe « éviter – réduire – compenser ». Ces expertises de terrain ont permis d’inventorier un grand nombre d’espèces patrimoniales et une centaine d’espèces protégées. Vous trouverez donc dans cet ouvrage un aperçu des 4 grands ensembles naturels traversés par le tracé du contournement de Nîmes et Montpellier et les principales mesures qui sont aujourd’hui proposées pour préserver cette biodiversité. Réseau Ferré de France s’engage également à définir, suivre et publier les indicateurs de développement durable de ses projets de lignes nouvelles. Un dispositif de suivi de ces mesures sera donc mis en place après la mise en service du contournement de Nîmes et Montpellier. Crédits Suivi de projet : RFF (V. Durand, V. Bernard) Réalisation : Biotope (M. Briola, B. Garnier, T. Menut) Photos, schémas : Biotope : B. Adam (21, 27 Euphorbe characias, 28 bas) ; S. Albinet (28 haut) ; M.-A. Bouchet (26 bas) ; M. Briola (18-19, 27 Ophrys jaune, Aphyllanthe de Montpellier, 29 haut, 4e couv. gauche) ; A. Chapuis (27 Liseron cantabrique) ; T. Disca (24-25, 26 centre, 27 Crapaudine de Rome, Dorycnie sous-ligneuse, Fumana à feuille de Thym, Asphodèle-cerise, Phlomis lychnite, 34 bas) ; B. Garnier (6-7, 11, 31, 38-39, 41) ; M. Geng (14, 16 haut, 16 centre, 17 centre) ; V. Koch (29 bas) ; H. Lagrange (44) ; O. Larrey (1re de couv. gauche, milieu, 15, 16 bas, 17 haut, bas, 37, 47, 48 49, 50) ; P. Legay (3 gauche) ; F. Melki (45) ; V. Prié (34 haut) ; F. Pruneau (12-13, 4e couv. milieu bas) ; J. Marmayou (27 Orchis géant, 42) ; T. Menut (1re de couv. droit, 2, 9 bas, 22, 23 centre, bas, 26 haut, 27 Iris nain, 40) ; T. Roussel (23 haut), V. Rufray (30 toutes) ; N. Sourgens (42) ; G. Tavan (27 Narcisse d'Asso). X. Boutolleau (20). RFF / R.ARTIGES (8, 43). RFF / CAPA / Frédéric Christophorides (TOMA) (4-5). RFF / FRAYSSEIX Philippe (9 haut). RFF / CAPA / Christel Sasso (TOMA) (3). RFF / GIRAUD Philippe (4e couv. milieu haut). Glossaire Anthropique : Relatif à l'activité humaine. Écholocation, ou écholocalisation, consiste à envoyer des sons et à écouter leur écho pour localiser et dans une moindre mesure d'identifier les éléments désirés. Hydrophyte : plante qui vit immergée dans l'eau. Lek : aire de parade, place de chant. LGV : ligne à grande vitesse. Plante messicole : les messicoles sont des plantes principalement annuelles ayant un cycle biologique comparable à celui des céréales et sont très inféodées au milieu “moisson”. Plantes rudérales : Plantes qui poussent spontanément dans les friches, les décombres le long des chemins, souvent à proximité des lieux habités par l'homme. Ripisylve : du latin ripa, « rive » et sylva, « forêt ». La ripisylve représente les formations boisées présentes sur les rives d'un cours d'eau. ZNIEFF : Zone Naturelle d'Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique. Jean-François RUIZ, responsable Environnement Direction Régionale RFF Languedoc-Roussillon et Violaine BERNARD, chargée de Mission Environnement Direction Régionale RFF Languedoc-Roussillon 2 51 sommaire Un projet utile à tous Des contraintes techniques à prendre en compte Chiffres clés du projet Étapes à venir Les ensembles naturels Les zones de culture Les cours d’eau et leurs ripisylves Les garrigues Les zones boisées Protéger la biodiversité étape 1 Mettre en évidence les enjeux étape 2 Éviter étape 3 Réduire étape 4 Compenser Quelles perspectives ? 4 8 9 9 10 12 18 24 32 36 38 40 42 44 48 3 Un projet utile à tous Une nouvelle voie de développement régional Le contournement de Nîmes et Montpellier, déclaré d’utilité publique le 16 mai 2005, est destiné au transport de marchandises (fret), et au transport de voyageurs à très grande vitesse. Depuis la ligne de Givors-Nîmes jusqu’à Lattes, le projet s’étend sur plus de 70 kilomètres dans les départements de l’Hérault et du Gard. Au total, 31 communes sont concernées. L’origine du projet, à l’est, se situe sur la commune de Redessan. C’est le prolongement de la LGV Méditerranée. Le raccordement à la ligne GivorsNîmes s’effectue sur les communes de Marguerittes, Saint-Gervasy et Bezouce (voir carte en pages 6 et 7). 4 Son extrémité ouest se situe sur la commune de Lattes (raccordement de la ligne nouvelle à la ligne existante). Un goulot d’étranglement ferroviaire à supprimer La seule ligne existante ne peut plus absorber l’augmentation des trafics de fret et de voyageurs, notamment depuis l’arrivée du TGV Méditerranée : entre Nîmes et Montpellier, ce sont aujourd’hui plus de 230 trains qui circulent chaque jour ! La mise en service de la liaison à grande vitesse Barcelone-Perpignan à l’horizon 2012 accentuera encore l’engorgement de la ligne. Des objectifs volontaristes pour le développement du fret Le contournement de Nîmes et Montpellier constituera l’un des fers de lance de la politique de transfert des marchandises de la route vers le rail : selon les études socio-économiques, ce sont près de 20 millions de tonnes qui devraient transiter sur cette nouvelle ligne ferroviaire, évitant la circulation quotidienne de 3 000 poids lourds sur l’autoroute A9. L’accroissement du nombre de TER entre Nîmes et Montpellier, et un gain de temps supplémentaire de 20 minutes pour certains TGV entre Paris et Montpellier, devrait également permettre une augmentation de 100 000 voyageurs par an, dont près de 75 % reportés de l’aérien. Éviter la circulation quotidienne de 3000 poids lourds sur l’A9 Au total, le contournement de Nîmes et Montpellier pourrait, dès sa première année d’exploitation, apporter un gain d’environ 250 000 tonnes de CO2, faisant de ce projet l’un des plus intéressants en matière de lutte contre le changement climatique. 5 Saint- Raccordement à la ligne de Gervazy Givors à Nîmes Bezouce Marguerittes Nîmes Redessan Rodilhan GARD i Le V Bouillargues dou rle Milhaud Tracé du contournement de Nîmes et Montpellier Caissargues Bernis Manduel Raccordement à la ligne LGV Méditerranée Raccordement à la ligne Tarascon-Sète Garons Uchaud Bellegarde Aubord AiguesVergèze Vives Vestric et Candiac Générac Codognan GallarguesSaturargues Beauvoisin le-Montueux HÉRAULT Lunel-Viel Valergues SaintBrès Baillargues Le Lez Lunel Aimargues Le Cailar Vauvert Mudaison Montpellier Mauguio BOUCHESDU-RHÔNE stre i Le V Lattes Raccordement vers la ligne Tarascon-Sète 6 7 Des contraintes techniques à prendre en compte La création d’une ligne à grande vitesse impose le respect de certaines normes techniques rendant la réalisation du tracé peu flexible… • La pente ne doit pas excéder 12,5 pour mille pour permettre de faire circuler des trains de fret ; • Le rayon de courbure est de l’ordre de 7 500 mètres pour permettre la circulation de TGV à 300 km/h ; • Les voies doivent avoir un entraxe de 4,80 mètres afin de limiter l’effet de souffle lors du croisement des TGV et des trains de fret. Chiffres clés du projet 3 000 poids lourds en moins chaque jour sur l’autoroute. 30 000 emplois.an créés, dont la moitié en Languedoc-Roussillon. 20 minutes de moins entre Montpellier et Paris. Plus de 60 km de mur anti-bruit. 500 millions d’euros de retombées économiques dans la région. Étapes à venir Le début des travaux est prévu pour 2013 pour un mise en service fin 2017. Les travaux de terrassement s’échelonneront sur les 3 premières années. La mise en service du projet est prévue dans le courant de 2017 (temps essais sur la ligne : 6 mois). 8 9 Quelle emprise sur les milieux naturels ? Les ensembles naturels Ce sont les milieux cultivés (cultures annuelles, vignobles, vergers…) qui occupent les plus grandes surfaces avec 50 % de la superficie totale du tracé. À ces espaces agricoles s’ajoutent aussi les friches qui totalisent 27 %. Les ensembles naturels présentés sur la carte ci-dessous sont la synthèse des nombreux milieux naturels du territoire regroupés selon des caractéristiques communes. Ainsi, l’ensemble « Forêts et boisements » rassemble aussi bien les hêtraies ou pinèdes de montagne que la chênaie verte de plaine. En retirant les autres terrains anthropiques, correspondant aux zones rudérales, urbanisées, etc., l’aire d’étude comprend un peu moins de 7 % de milieux semi-naturels à naturels (ripisylves, garrigues, zones humides, etc.). Moins de 2 % des milieux naturels à valeur patrimoniale (intérêt communautaire lié au réseau Natura 2000) seront touchés. ourle Le Vid Utilisations du territoire sur l’emprise du tracé 2% 2,2 % 2,8 % 16 % 50 % Le V i Le Le z stre 27 % Zones agricoles (cultures, 50 % et friches, 27 %) Forêts et boisements Espaces ouverts et milieux à végétation arbustive Milieux aquatiques Zones urbaines 10 11 Les zones de culture Les zones de culture Les cultures constituent l’habitat dominant de la plaine languedocienne (entre Montpellier et Nîmes) et des Costières du Gard. La vigne constitue la principale production de la région. Cependant, elle a régressé de 50 % en 20 ans. La polyculture s’est fortement développée, à l’instar des céréales et des cultures industrielles. On trouve dans ces habitats quelques fleurs telles que la Fausse Roquette ou la Muscari en grappe qui tolèrent les traitements phytosanitaires et les fertilisants, dont l’usage est aujourd’hui généralisé. À la faveur de cultures peu traitées, il est possible de trouver quelques plantes messicoles. Il s’agit d’espèces, telles que le Bleuet, la Nigelle de Damas ou encore la Nielle des blés. Ces plantes sont souvent originaires du Moyen-Orient, mais leur présence en Europe date du début de l’agriculture. Cela fait d’elles des espèces à forte valeur patrimoniale. En effet, on les retrouvait fréquemment au milieu des céréales à l’époque où l’agriculture était extensive et les parcelles faiblement traitées contre les ravageurs ou les espèces végétales indésirables. Il faut dire que leurs semences, de très petite taille, étaient mélangées aux graines de céréales cultivées. Certaines plantes messicoles sont à présent protégées car devenues très rares suite à l'intensification des pratiques agricoles et surtout l'usage des herbicides. Alors que la polyculture progresse, la viticulture régresse Bleuet 12 13 Les zones de culture Les zones de culture L’ Outarde Tetrax tetrax canepetière un oiseau suivi de près… • Directive Oiseaux : Annexe I • Protection nationale : L.411-1 et L.411-2 du code de l’environnement • Liste rouge nationale : Espèce rare Malgré une envergure de plus d'un mètre, l'Outarde canepetière reste un oiseau très discret. L’Outarde canepetière est un oiseau de la taille d’une poule faisane. Elle se nourrit de gros invertébrés (sauterelles, araignées, voire de petits escargots), et des parties de plantes comme les feuilles de luzerne ou de trèfle. Pour mener à bien sa reproduction, elle a besoin d’un milieu composé d’une mosaïque d’habitats. En effet, les mâles se concentrent sur des places de chant dans des zones prairiales bien dégagées. Les femelles ont besoin d’un milieu herbacé relativement haut pour pondre et dissimuler leur nid. Ce même milieu doit permettre de nourrir les 14 soit une régression d’environ 80 % ! Les prospections très soutenues dans quatre départements méditerranéens attestent toutefois d’une augmentation régulière des populations depuis le début du XXIe siècle. En 2008, une hausse de 12 % a été constatée sur le territoire national avec des valeurs comprises entre 1 677 et 1 875 mâles. L’augmentation, qui se poursuit en 2010, est en grande partie due à la véritable explosion démographique de cet oiseau sur les départements du Gard (principalement dans la costière nîmoise, environ 80 % de la population) et de l’Hérault. La déprise viticole, à l’origine d’une disponibilité accrue de friches herbeuses, explique en partie ce phénomène. Une chute de 80 % des effectifs nationaux entre 1980 et 2004, puis une augmentation de 12 % entre 2004 et 2008 spécifiquement dans la Costière gardoise adultes et les juvéniles. En région méditerranéenne, les Outardes canepetières sont sédentaires. Les oiseaux rassemblés en leks lors de la reproduction au printemps, s’éparpillent ensuite par petits groupes en automne pour se nourrir, puis se rassemblent en grand nombre en hiver sur différents sites d’hivernage : principalement situés au niveau des aérodromes, aéroports ou camps militaires. En 2004, la population française a été estimée à 1 550 mâles chanteurs, contre 1 270 en 2000 et 7 200 en 1980, 15 Les zones de culture Les zones de culture Oiseaux remarquables L'Œdicnème criard • Directive Oiseaux : Annexe I • Protection nationale : L.411-1 et L.411-2 du code de l’environnement • Liste rouge nationale : Espèce rare Principalement crépusculaire et nocturne, l’Œdicnème criard se nourrit de gros insectes, escargots, limaces, voire de petits reptiles ou micromammifères. La popu­lation nicheuse française est estimée entre 5 000 à 9 000 couples en 1993, son effectif et sa distribution sont en diminution probable de 20 à 50 % depuis les années 1970 ; il semble toutefois que les populations des Costières soient au contraire en hausse. Couples concernés par le projet : 53. Le Guêpier d’Europe • Protection nationale : L.414-1 et L.414-2 du code de l’environnement • Liste rouge nationale : Préoccupation mineure Le Guêpier d'Europe est un insectivore strict venu d'Afrique pour la belle saison. Il est bien présent en Languedoc-Roussillon. Si l’espèce ne voit pas sa population diminuer fortement, elle reste néanmoins fragile. Plusieurs petites colonies sont concernées par le projet mais la zone sert surtout pour la chasse. Le Pipit rousseline • Directive Oiseaux : Annexe I • Protection nationale : L.414-1 et L.414-2 du code de l’environnement • Liste rouge nationale : Espèce à surveiller L'Alouette lulu • Directive Oiseaux : Annexe I • Protection nationale : L.414-1 et L.414-2 du code de l’environnement • Liste rouge nationale : Espèce à surveiller Le Pipit rousseline est strictement insectivore et donc migrateur. Il arrive en France aux environs de la fin mars et en avril. En Languedoc-Roussillon, l’espèce n’est pas vraiment menacée. La population régionale ­représente toutefois plus de 25 % de l’effectif français, d’où la forte responsabilité de notre région en terme de conser­va­ tion de l’espèce. Couples concernés par le projet : 25. L’Alouette lulu est à la fois insectivore et granivore, ce qui lui permet de passer l’hiver sur place. L’espèce est relativement commune dans la région méditerranéenne. Couples concernés par le projet : 202. Le Rollier d’Europe • Directive Oiseaux : Annexe I • Protection nationale : L.414-1 et L.414-2 du code de l’environnement • Liste rouge nationale : Espèce rare Le Rollier d'Europe est une espèce diurne se nourrissant essentiellement de gros insectes. C’est un migrateur transsaharien, qui arrive en France aux alentours de la fin avril et du début du mois de mai. En Languedoc-Roussillon, la population représente plus de 25 % de l’effectif français, d’où la forte responsabilité de notre région en terme de conservation de l’espèce. Couples concernés par le projet : 14. 16 La Chouette chevêche • Protection nationale : L.414-1 et L.414-2 du code de l’environnement • Liste rouge nationale : Préoccupation mineure Surtout insectivore, la Chouette chevêche chasse également des mammifères de petite taille et des passereaux. Elle est encore relativement commune dans la région bien que ses effectifs aient diminué en lien avec le développement de l’agriculture intensive. Couples concernés par le projet : 29. 17 Les cours d’eau et leurs ripisylves Les cours d’eau et leurs ripisylves Les cours d’eau constituent des espaces naturels fondamentaux. Sur le fuseau d’étude, la plupart d’entre eux abritent au moins une espèce patrimoniale. Ils servent également de corridor entre les espaces naturels. Voici les plus notables sur le plan écologique : Le Vidourle est caractérisé par un courant lent et des eaux relativement claires. Il est également marqué par des crues très violentes lors des épisodes pluvieux qui peuvent être intenses en automne. Ces crues, faisant parfois déborder la rivière, remanient le lit mineur et les berges. La ripisylve est habitée par de nombreux oiseaux et insectes, et possède un rôle fonctionnel en tant que corridor écologique. La zone a été intégrée au réseau Natura 2000, étant donné la présence du Gomphe de Graslin (libellule protégée) et d'un habitat d'intérêt communautaire : « Forêts galeries à Saules blancs et Peupliers blancs ». La Mosson et le Rieucoulon Dans le secteur concerné par le passage du projet, la Mosson ne possède pas de valeur patrimoniale faunistique ou floristique très importante, du fait de la forte urbanisation. Seules quelques zones apportent un intérêt écologique ponctuel par leur fonction de corridor écologique local (plages, atterrissements, bosquets de vieux arbres, ambiance paysagère, etc). Le Rieucoulon, un affluent de la Mosson, possède une ripisylve très mince. Elle présente néanmoins une biodiversité élevée pour ce type de milieu relique en zone périurbaine, affirmant sa fonction de corridor écologique. Les Dardaillons ouest et est : Le Dardaillon est n’est pas trop dégradé. Il possède une eau claire peu polluée, avec une couverture boisée sur une majorité de sa longueur. Le débit en revanche est très faible. Le Dardaillon ouest possède une ripisylve encore bien préservée. Son débit est un peu supérieur à celui du Dardaillon est, avec plus de vasques à eau permanente. Certains secteurs favorables permettent l’installation d’une flore aquatique intéressante pour une libellule protégée, l’Agrion de Mercure. Les gravières de Vestric Au bord du Vistre, d’anciennes gravières ont été progressivement recolonisées par la végétation. Elles offrent un espace de loisirs et sont régulièrement fréquentées par les promeneurs et les pêcheurs. Elles présentent toutefois un intérêt patrimonial faible. La ripisylve du Vidourle accueille le Gomphe de Graslin, une espèce protégée. 18 19 Les cours d’eau et leurs ripisylves Les cours d’eau et leurs ripisylves L’ Alose Alosa fallax feinte Le Castor Castor fiber d'Europe • Protection nationale • Directive Habitats : Annexes II et V • Liste rouge nationale de 2009 : Espèce vulnérable Protection nationale • Directive Habitats : Annexe II, Annexe IV • Liste rouge nationale de 2009 : Préoccupation mineure L’Alose feinte est un poisson migrateur. Elle vit la majeure partie de sa vie en mer, non loin des côtes. Les adultes remontent en général dans les fleuves où ils sont nés, d’avril à mai, pour venir se reproduire dans les frayères. Ce sont des sites typiques caractérisées par une plage de gravier délimitée en amont par une zone profonde et en aval par une zone peu profonde à courant rapide. L'aire de répartition de l'Alose s’est très fortement réduite dès le début du XIXe siècle et au cours du XXe siècle en raison des activités humaines (pollution de l’eau, construction de ­barrages empêchant la migration et l’accès aux zones de frayères, reprofilages, recalibrages des cours d’eau, extractions de granulats qui détruisent les zones de frayères…). Actuellement, la population d’aloses fréquentant le Vidourle est probablement de quelques centaines d’individus au maximum. L’espèce peut à ce jour remonter jusqu’en aval de Gallargues-le-Montueux. C’est en effet à ce niveau, en aval du pont ferroviaire de la ligne classique, que se situe le premier seuil infranchissable pour les poissons migrateurs. RFF réalise aujourd'hui des études visant à restaurer la continuité écologique de ce seuil. Un poisson migrateur encore présent dans le Vidourle. 20 Après avoir quasiment disparues de France, les populations de castors recolonisent peu à peu leurs anciens territoires et se stabilisent. Le Castor vit en petits groupes familiaux de 4 à 6 individus. Il se sert de marquages olfactifs pour délimiter son territoire. Arbres et branches écorcées, coulées, gîtes sont autant de signes permettant de repérer l’occupation de cette espèce sur un cours d’eau. Exclusivement végétarien, son régime alimentaire et très éclectique (écorces, jeunes pousses ligneuses, feuilles, végétation herbacée, hydrophytes, fruits, etc.). Parmi les essences ligneuses, les saules et les peupliers sont particulièrement recherchés. En cas d’absence, des espèces telles le Cornouiller sanguin, l’Orme champêtre, le Noisetier sont également consommées. Suite à un piégeage intensif, le Castor a bien failli disparaître du territoire national. Au début du XXe siècle, il ne restait plus qu’un noyau de population dans la basse vallée du Rhône. En 1909, l’espèce a été protégée sur les dépar- tements du Gard, du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône et sa répartition a alors progressé graduellement. Ses effectifs sont maintenant stables. La France a une responsabilité pour la conservation de cette espèce parce qu’elle est la seule à avoir conservé avec l’Allemagne sa population naturelle. En Languedoc-Roussillon, le Castor n’est présent que dans l’Hérault (essentiellement dans le Vidourle), le Gard (Gardon, Cèze, Vidourle et quelques affluents) et la Lozère (Gardon, Gardon de Mialet, ­Gardon d’Alès, Luech, Cèze, bassin du Tarn). À présent, il occupe quasiment l’ensemble des tronçons du Vidourle qui lui sont favorables. Sur la zone d’étude (entre l’autoroute A9 en amont et le pont de Lunel à l’aval), on compte ainsi 3 familles, soit entre 10 et 20 individus environ. Ce nombre n’a pratiquement pas évolué depuis 2001. 21 Les cours d’eau et leurs ripisylves Les cours d’eau et leurs ripisylves La Cordulie à corps fin Des libellules hautes en couleurs (Oxygastra curtisii) • Protégée en France, Annexes II et IV de la directive Habitats 44 espèces de libellules ont été observées sur la zone d’étude du projet. Cela représente 72 % des libellules qu’il est possible d’observer dans le Gard et l’Hérault. Cette valeur est ici un indicateur de la diversité d’habitats et d’une certaine qualité des milieux aquatiques traversés. Parmi ces espèces, 4 sont particulièrement remarquables. La période de vol des adultes commence en mai et se poursuit jusqu'en août. En France, l’espèce est assez commune sur les façades atlantique et méditerranéenne, mais se raréfie dans la moitié nord et à l’est du pays. Le LanguedocRoussillon est une région phare pour l’abondance de ses populations. La Cordulie splendide (Macromia splendens) • Protégée en France, Annexes II et IV de la directive Habitats, statut 3 en liste rouge française. Les adultes de la Cordulie splendide affectionnent les berges ensoleillées pourvues d'une végétation bien développée. Celles-ci leur servent de lieux de chasse et de rencontres de partenaires. L’émergence des adultes se fait dans la première quinzaine de juin. La répartition mondiale de cette libellule se limite à l’Espagne, au Portugal et à la France. Les départements du Sud-Ouest (hors zone pyrénéenne) possèdent les effectifs les plus importants. Sur la zone d’étude, on ne la trouve que sur le Vidourle. L'Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale) • Protégé en France, Annexe II de la directive Habitats L’Agrion de Mercure est bien répandu en France, parfois même localement abondant. Il semble plus rare dans le nord du pays. Deux populations ont été identifiées dans la zone d’étude. La première dans les environs de Marguerittes, sur le cours d’eau du Vieux Vistre et de ses affluents, et la seconde dans les environs d’Aubord, sur les cours d’eau du Grand Campagnole et du Rieu. Les effectifs y sont peu nombreux et la population très fragmentée étant donné la qualité d’accueil des milieux qui est très variable d’un endroit à l’autre. Le Gomphe de Graslin (Gomphus graslinii) • Protégé en France, Annexes II et IV de la directive Habitats Les adultes volent à partir du début du mois de juin et jusqu’à la fin du mois d’août. Comme pour la Cordulie splendide, le Gomphe de Graslin n’est présent au sein de la zone d’étude que sur un seul cours d’eau : le Vidourle. 22 23 Les garrigues Les garrigues Les garrigues sont des paysages ouverts, arides et caillouteux, recouverts d’herbe à moutons (Brachypode rameux) et de quelques arbustes (cistes, romarin, thym, filaires…). Au début du XX siècle, les garrigues étaient encore très présentes dans l’Hérault et le Gard, mais depuis les années 1960 la déprise agricole laisse une végétation arbustive, puis forestière, s’installer. C’est en effet le pastoralisme, les coupes de bois et les brûlis répétés qui ont façonné ces paysages. À présent, il ne reste que quelques petites zones de garrigues. Trois d’entre elles sont concernées par le projet. e 24 Les collines de la Jasse de Maurin et du mas Manier (Lattes), se situe au sud-ouest de Montpellier. Une partie de cette zone ayant récemment brûlé, une belle diversité floristique s’y est exprimée avec quelques espèces d’intérêt dont l’Ail Petit Moly (une cinquantaine de pieds), la Gagée de Granatelli (plus d’une centaine de pieds) et quelques orchidées. La colline de la « Grand Gorge », au nord-ouest du Mas des Caves (LunelViel). Plusieurs pieds de Gagée de Granatelli y ont été notés, ainsi que la rare Bugrane à fleurs courtes et le Plumet chevelu, juste en dehors de la limite de la zone d’étude. Les garrigues du Mas de la Plume et de « Pisse Saumes - les Courantes » à Lunel possèdent une belle diversité de petites espèces botaniques avec pas moins de 5 espèces d’astragales. D’autres plantes d’intérêt, mais moins rares, y sont également présentes (Rue des montagnes, Fumana à feuilles de Thym, Bugrane renversée, Fer-à-cheval cilié, Plantain pucier, Stipe capillaire, Égilope long de deux pouces…). Ce secteur a la particularité de représenter l’avancée la plus méridionale de garrigues encore peu fragmentée dans une plaine dominée par les activités agricoles, avec une faune à forte valeur patrimoniale (Lézard ocellé, Magicienne dentelée, etc.). "Ce pays de garrigue procède de la géographie physique d'une part mais aussi, et surtout, de l'Histoire de ses hommes"*. * MARTIN C., 1996, La garrigue et ses hommes. Une société traditionnelle, Espace-Sud Édition, 271 p. 25 Les garrigues Les garrigues D’autres plantes remarquables, mais moins rares, sont également présentes. Flore remarquable Les promontoires calcaires des garrigues accueillent des espèces protégées liées aux zones rases de pelouses sèches. Le projet évite la majorité des zones où se trouvent ces espèces, mais une partie reste concernée. Les fleurs les plus remarquables sont présentées ci-dessous : L'Astragale glaux est une espèce protégée au niveau régional. Cette plante est très rare en Languedoc-Roussillon, où se trouve l’essentiel des populations. Sur 16 localités anciennement connues, seules cinq subsistent actuellement. La station la plus importante de France se trouve à Lunel avec au minimum une centaine de pieds. L’impact ne concerne qu’une partie des plantes rassemblées sur une station, la majorité pouvant être évitée. Iris nain Orchis géant Crapaudine de Rome Dorycnie sous-ligneuse Fumana à feuille de Thym Asphodèle-cerise Narcisse d'Asso Ophrys jaune Phlomis lychnite Liseron cantabrique Euphorbe characias Aphyllanthe de Montpellier L’Ail Petit-Moly est une fleur extrêmement rare qui se rencontre uniquement sur la frange littorale méditerranéenne. Elle est protégée en France. Cette espèce très discrète fleurit dès le mois de mars. L’impact concerne une faible partie de l’ensemble des pieds de la Jasse de Maurin. La Gagée de Granatelli fait l’objet d’une protection nationale. Cette liliacée se reconnaît à ses deux grandes feuilles en gouttière et ses pétales à revers velus. Impacts sur la Gagée de Granatelli : L’impact concerne une faible partie de l’ensemble des pieds de la Jasse de Maurin. 26 27 Les garrigues Les garrigues Le Lézard Timon lepidus ocellé La Magicienne Saga pedo dentelée • Protection nationale : protégé art. 3 • Liste rouge nationale : Vulnérable • Protection nationale : protégé art. 2 • Directive Habitats : Annexe IV • Liste rouge nationale : 3 Protégé au niveau national, le plus grand lézard de France, aux magnifiques ocelles bleus, bénéficie d’un Plan National d’Actions. Ce reptile est en forte régression presque partout en Europe (destruction et cloisonnement de son habitat, herbicides, insecticides, circu­lation routière…). Il utilise les zones ouvertes bien ensoleillées, souvent sèches, buissonnantes et rocailleuses telles que : les anciennes oliveraies, les garrigues, les friches et pelouses, les zones de remblais ou bords de chemins. L’espèce est concernée par le projet qui favorisera la fragmentation de son milieu de vie au niveau des garrigues du Mas de plume. La Magicienne dentelée est la seule sauterelle protégée en France, c’est également la plus grande ! Le long du fuseau, elle n’est présente que dans le secteur de Saturargues, où elle va trouver de nombreuses proies et abris. L’espèce est concernée par le projet qui favorisera la fragmentation de son milieu de vie au niveau des garrigues du Mas de plume. Le Pélodyte Pelodytes punctatus ponctué • Protection nationale : protégé art. 3 • Liste rouge nationale : Espèce à surveiller Également appelé Crapaud persillé, le Pélo­dyte est assez commun en Méditerranée. Il passe la majeure partie de son existence loin de l’eau, ne s’y rendant que pour se reproduire (essentiellement dans les mares). Ses zones de reproduction principales ne sont pas concernées par le projet. 28 La Proserpine Zerynthia rumina • Protection nationale : protégé art. 3 • Liste rouge nationale : Espè­ce vulnérable Ce magnifique papillon de jour se retrouve uniquement dans les garrigues aux alentours de Saturargues et Gallargues-le-Montueux. Les femelles pondent sur une plante en particulier : l’Aristoloche pistoloche, qui se trouve en grand nombre dans la zone. L’espèce est concernée par le projet qui favorisera la fragmentation de son milieu de vie au niveau des garrigues du Mas de plume. 29 Les garrigues Les chauves-souris La France compte 33 espèces de chauves-souris sur les 35 présentes en Europe. Toutes sont protégées et figurent au moins à l’annexe IV de la directive Habitats. Elles se déplacent et chassent grâce à l’écholocation. Celle-ci étant limitée dans l’espace, les chauves-souris ont besoin de structures paysagères pour se déplacer telles que les berges des cours d’eau, les haies, les alignements d’arbres… Sur le fuseau, trois gîtes principaux sont connus et hébergent différentes espèces : Grand Rhinolophe, Murin de Naterrer, Murin de Blyth, ou encore Minioptère de Schreibers. Le Murin de Blyth est une espèce méditerranéenne qui se rencontre de la péninsule Ibérique jusqu’en Turquie. Elle vit uniquement dans des cavités souterraines. Le projet concerne une population d’environ 70 individus. Le Grand Rhinolophe est l’espèce la plus patrimoniale que l’on rencontre dans le secteur du projet. La population reproductrice de Languedoc-Roussillon est estimée à environ 1 500 individus. Suivi d’une colonie de Murin de Blyth Sur la commune de Lunel-Viel, le projet passe au nord d’une colonie de Murin de Blyth. Une étude a donc été menée afin d’évaluer l’impact de l’infrastructure sur le déplacement des chauves-souris. Des puces électroniques, posées sur deux individus, ont permis de connaître les déplacements des chauves-souris (méthode de « radio-tracking »). Les résultats ont confirmé l’importance des structures paysagères qui sont suivies par les chauves-souris pour se déplacer. Selon cette analyse, quelques aménagements simples, comme la plantation de haies, pourront permettre de réduire de façon notable l’impact du projet (cf. schéma cidessous). AVANT APRÈS Pont Risques de collision Zone de chasse 30 31 Les zones boisées Les zones boisées 32 Les boisements sont assez rares dans la plaine languedocienne et constituent de petits îlots, vestiges des anciens massifs forestiers qui recouvraient de grandes surfaces par le passé. Les deux plus intéressants se situent sur un sol acide : se trouve au centre du site, le long du canal qui coupe le bois. À l’origine, les bois mixtes à Chêne blanc et à Chêne vert devaient recouvrir une grande partie des Costières. Le bois sera traversé par le projet là où il est le plus étroit. Le bois de Signan, situé dans les Costières de Nîmes, se trouve un peu isolé au milieu d’une région essentiellement vouée à l’agriculture. Long de 5 km sur une largeur de 400 m environ, il s’étend des abords de Caissargues jusqu’à l’aéroport de Bois de la Mourre et du Limousin Le bois du Limousin et le bois de la Mourre sont deux entités forestières proches l’une de l’autre et séparées par des cultures sur seulement quelques centaines de mètres environ. Ils sont localisés dans la plaine languedocienne entre l’agglomération de Montpellier Nîmes-Garons, au sud. Il est dominé par le Chêne blanc dans les parties basses, notamment le long du ruisseau qui le traverse, et par le Chêne vert dans les parties les plus élevées et les plus sèches. Une petite pinède à Pin parasol (cf. page 50), plantée de longue date, et Mauguio. Malgré un isolement très net et la proximité immédiate de l’agglomération de Montpellier, ces bois ont encore un intérêt patrimonial du fait des plantes rares qu’ils accueillent. Le tracé de la future ligne évite totalement le bois de la Mourre qui ne devrait subir aucun impact direct lié à l’emprise des travaux, tandis que le bois du Limousin est concerné par la future ligne. Des espaces originaux au milieu des cultures 33 Les zones boisées Conclusion La faune… La faune présente au sein des boisements est assez commune, elle appartient à l’ensemble de la nature « ordinaire ». Celle-ci comprend toutefois des espèces remarquables comme le magnifique Triton marbré (photo ci-dessous). La biodiversité du territoire L’ensemble des études réalisées donne un bon aperçu des richesses naturelles du territoire concernées par le projet. Voici quelques chiffres qui en illustrent la teneur : 44 habitats naturels, dont 13 habitats d’intérêt européen (3 d’entre eux sont des habitats prioritaires). Ces 13 habitats présentent un enjeu modéré à très fort. 36 espèces végétales à enjeu, dont 10 espèces sont protégées au niveau national, 1 espèce est protégée au niveau régional, 25 espèces non protégées mais patrimoniales. 34 … et la remarquable flore des terrains acides 1 mammifère aquatique remarquable (le Castor d’Europe) et 13 espèces de chauves-souris parmi lesquelles 4 sont des espèces patrimoniales. Une flore peu banale s’épanouit sur les terrasses formées de galets acides. Cette florule acidophile (qui se plaît sur sol acide) se compose d’espèces telles que Petite Amourette, Fausse Canche délicate, Laîche à style bulbiforme, Lupin à petites fleurs (photo ci-contre), Orchis couleur de lait, Sérapias en soc, le tout présent sur les sites des bois de la Mourre et du Limousin. Les principaux enjeux « oiseaux » sont essentiellement liés à la présence de 3 espèces : l’Outarde canepetière, l’Œdicnème criard et le Rollier d’Europe. Ils sont également complétés par la présence d’espèces moins patrimoniales (Pies-grièches à tête rousse et méridionale, Huppe fasciée, Guêpier d’Europe, Pipit rousseline, Chevêche d’Athéna…), mais dont les effectifs et la diversité sont importants sur le fuseau. 9 amphibiens et 13 reptiles ont été recensés, dont un introduit à caractère invasif (Tortue de Floride). 18 d’entre eux ont été identifiés à enjeu pour le projet, principalement le Lézard ocellé et la Tortue cistude. Les insectes patrimoniaux et protégés comprennent 4 espèces de libellules, 2 papillons de jour, 1 sauterelle et 1 criquet. 35 Protéger la biodiversité Tenant compte des obligations légales et réglementaires, des engagements de l’État et des résultats de la concertation avec les élus et les associations de riverains, Réseau Ferré de France a pris en compte la ­dimension environnementale du projet. L’objectif est de concilier au mieux les contraintes techniques et les exigences environnementales. Principe de protection de la biodiversité en France À l’instar de tous les projets d’aménagement, le projet du Contournement de Nîmes et de Montpellier est soumis à une étude d’impact. Cette étude a pour buts : 1) de définir la sensibilité écologique de sites pouvant abriter une biodiversité importante, voire des espèces ou des habitats patrimoniaux ; 2) d’estimer alors les impacts probables sur ce patrimoine biologique, que ce soit en terme de destruction partielle de populations d’espèces, ou bien d’affaiblissement de la fonctionnalité écologique des sites ; 3) de proposer enfin des mesures de réduction ou de suppression d’impact (mesures d’atténuation), et des mesures de compensation lorsque des impacts résiduels subsistent. Par ailleurs, les sites Natura 2000 (cf. encart ci-contre) doivent également faire l’objet d’une étude d’incidences au regard des enjeux à l'échelle européenne. Le territoire concerné par le projet comprend deux sites Natura 2000 : • la Zone de Protection Spéciale (ZPS) « Costières nîmoises » (code : FR9112015) ; • le Site ou proposition de site d'Importance Communautaire (SIC/pSIC) « Le Vidourle » (code : FR9101391). Natura 2000 L'action de l'Union européenne en faveur de la préservation de la diversité biologique repose en particulier sur la création d'un réseau écologique cohérent d'espaces dénommé Natura 2000 institué : • par la directive 92/43/CEE du Conseil du 21 mai 1992 concernant la conservation des habitats naturels ainsi que la faune et la flore sauvages, dite directive « Habitats » ; • par la directive 79/409/CEE, dite directive Oiseaux. Bien que ces directives n'interdisent pas formellement la conduite de nouvelles activités sur un site Natura 2000, les articles 6-3 et 6-4 imposent de soumettre des plans et des projets dont l'exécution pourrait avoir des répercussions significatives sur le site, à une évaluation appropriée de leurs incidences sur l'environnement. Pour en savoir plus : www.natura2000.fr Qui valide ? Les mesures de suppression, de réduction et de compensation proposées par Réseau Ferré de France sont soumises à l’avis de différentes instances au cours de la vie du projet, parmi lesquelles le ministère chargé de l’écologie et le Conseil national pour la protection de la nature (CNPN), quand des espèces protégées sont impactées. Le Conseil national pour la protection de la nature (CNPN ) Créé en 1978 et placé auprès du ministre chargé de l’écologie, le CNPN a pour mission de donner au ministre son avis sur les moyens propres à : • préserver la diversité de la flore et de la faune sauvages et des habitats naturels ; • assurer la protection des espaces naturels et le maintien des équilibres biologiques auxquels ils participent, notamment en matière de parcs naturels et de sites d'importance communautaire. 36 37 Protéger la biodiversité Protéger la biodiversité étape 1 Mettre en évidence les enjeux L’analyse des caractéristiques du projet de contournement, au regard des richesses naturelles du territoire traversé, permet d'identifier et d'apprécier l'importance des enjeux. La carte ci-dessous présente la synthèse des principaux enjeux mis en évidence par l’ensemble des expertises réalisées sur la zone d'étude. De cette synthèse, il est ensuite possible d'estimer les impacts en fonction de la sensibilité des habitats et des espèces. Zone d’étude Sites Natura 2000 Enjeux Habitats et Flore r idou Le V Enjeux Mammifères Étang de Manduel le Enjeux Reptiles et Amphibiens Vistre Canal Lamour Enjeux Insectes Bois de Signan et Mas Saint-Gabriel Vidourle Enjeux Oiseaux Dardaillon est Viredonne Le Lez Jasse de Maurin Bois du Limousin et Bois de la Mourre Grand Gorge Rhôny Garrigues de Lunel (Les Courantes, Dardaillon Pisse-Saumes, ouest et Mas de Plume) Mas des Caves stre i Le V Mosson 38 39 Protéger la biodiversité Protéger la biodiversité étape 2 Supprimer Préserver les pieds des espèces protégées par piquetage Une fois les impacts potentiels identifiés, le premier objectif est de les réduire, voire de les supprimer. Voici deux mesures qui pourront être appliquées au projet de Contournement de Nîmes et Montpellier. Adapter le calendrier des travaux aux périodes de sensibilité des espèces De mai à fin août, l’Alose feinte se reproduit dans certaines zones favorables du Vidourle. Une mesure peut, dans ce cas, préconiser l'évitement total des opérations ou des travaux dans le lit mineur pendant la période sensible pour la reproduction et le développement des alevins. Pendant la réalisation des travaux, les pieds des plantes protégées, comme la Gagée de Granatelli, peuvent être marqués. De cette façon, les pistes empreintées par les véhicules seront tracées de telle sorte qu’elles évitent les plantes en place. étape 1 : repérage des pieds de l’espèce protégée par des botanistes experts étape 2 : délimitation d’une zone de protection pendant la phase chantier chantier en cours zone de chantier emprise de la future voie 40 41 Protéger la biodiversité Protéger la biodiversité étape 3 Réduire Maintenir les corridors écologiques Lorsqu’il n’est pas possible de supprimer un impact, l’objectif est alors de le réduire au maximum. Le concept de corridor écologique est lié au dispositif des Trames verte et bleue (TVB) instauré dans le Grenelle 1 et inscrit dans le Code de l’environnement par la loi Grenelle 2. Les corridors représentent l’ensemble des « voies de déplacement empruntées par la faune et la flore » : structures linéaires (haies, ripisylves), îlots-refuges (mares, bosquets). Elles relient les « réservoirs » de biodiversité. Ces liaisons naturelles entre les zones de vie d’une espèce (alimentation, reproduction, repos…) permettent sa dispersion et sa migration. Afin de les prendre en compte dans le projet de contournement de Nîmes et Montpellier, RFF a engagé diverses études dont les objectifs étaient d’identifier les corridors et d’en estimer l’intérêt pour les espèces (cf. p. 31). Après la mise en service Une fois les travaux terminés, ce sont principalement des mesures de restauration écologiques qui sont mises en œuvre. Aménager un passage à faune Le coordinateur environnemental veille au respect et à la bonne application des mesures La voie ferrée représente un obstacle pour de nombreuses espèces, surtout si elle est bordée de clôtures. À cela s’ajoute un risque de collision avec les trains. L’installation de passages adaptés pour la faune en dessous ou au-dessus de la voie permet alors de réduire l’impact du projet sur les continuités écologiques du territoire. Planter une flore favorable à la faune impactée Au niveau de la traversée du Vidourle, la ripisylve devra être coupée. Ce secteur accueille pourtant des libellules protégées comme le Gomphe de Graslin. Une mesure de réduction est donc de replanter, après travaux, une végétation favorable à l’espèce (saules ou frênes). En phase de travaux La phase de chantier peut être à l’origine d’impacts mal maîtrisés sur le milieu naturel. La mise en place d’un suivi des travaux confié à un expert (coordinateur environnemental) permet de réduire un certain nombre d’impacts. En complément, la réussite de ces mesures passe par la sensibilisation du personnel aux enjeux. Une autre mesure consiste à optimiser la délimitation des emprises du chantier afin d’éviter la surconsommation inutile de milieux naturels. Cette délimitation rigoureuse doit être menée en préalable du chantier et validée par un écologue. Un marquage strict des éléments clés (ex. : haies, muret, arbre…) à conserver doit ainsi être mené. Passage à faune 42 43 Protéger la biodiversité Protéger la biodiversité étape 4 Compenser Favoriser la nidification d’oiseaux à forte valeur patrimoniale Dans le cas où tout a été essayé pour supprimer et réduire les impacts, mais qu’un impact résiduel significatif subsiste, il convient de mettre en œuvre des mesures compensatoires. La compensation vise à contrebalancer les effets négatifs du projet pour l'environnement par une action positive. Relevant du génie écologique, celle-ci vise un bilan écologique neutre (pas de perte de biodiversité), voire une amélioration globale de la valeur écologique du site et de ses environs. Les mesures compensatoires doivent être techniquement et foncièrement faisables, et pérennes. Voici quelques mesures compensatoires envisageables dans le cadre du projet : Maintenir et revitaliser la population d’Astragale glaux Le tracé passe sur des pieds d’Astragale glaux. Afin de compenser cet impact, diverses actions compensatoires peuvent être réalisées : • Maintenir et favoriser la pratique du pâturage dans les zones où l’espèce est encore présente. En effet, le piétinement qui en résulte est favorable à l’espèce car il limite la concurrence végétale. • Maintenir la pratique du débroussaillage le long des routes et dans les zones non régulièrement pâturées aux abords des secteurs où l’espèce est présente. • Aider la création d’une banque de graine par la mise en place de récoltes. Le pastoralisme est favorable à la présence de l'Astragale glaux. Certains secteurs sont favorables à la nidification d’oiseaux comme la Piegrièche à poitrine rose (disparue il y a 10 ans environ d’un secteur situé un peu plus au nord du tracé) ou le Rollier d’Europe. • Créer des bandes enherbées et des friches au sein des zones agricoles pour favoriser la présence de proies (insectes). Quelques actions supplémentaires peuvent être mise en œuvre dans le cadre de mesures compensatoires afin d’augmenter les chances de retour de ces espèces : • Conserver les ruines et les grands arbres où le Rollier peut établir son nid ; • Poser des nichoirs pour compenser la perte de sites favorables pour la nidification (destruction de grands arbres comme les platanes) ; La destruction de vieux arbres peut être compensée par la pose de nichoirs artificiels. 44 45 Protéger la biodiversité Protéger la biodiversité étape 4 Compenser (suite) Mise en place d’un statut de protection Le bois du Limousin, bien qu’inclus dans le périmètre d’une Zone Naturelle d'Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF), ne possède pas de protection réglementaire. Il est donc intéressant de le doter d’un statut permettant de garantir sa conservation et surtout la protection de sa flore remarquable. Deux types de statuts pourraient être envisagés : le classement par « Arrêté de Protection de Biotope » (APB) ou le classement en « Espace classé boisé » (ECB). Les mesures compensatoires pour l'Outarde seront accompagnées d'un suivi environnemental sur plus de dix années. Sauvegarder les populations d’Outarde canepetière et d’Œdicnème criard Les incidences du projet sont notables pour les deux espèces. Afin de compenser les impacts occasionnés, une surface d’un millier d’hectares environ pourra être aménagée favorablement : entretien d’un couvert herbacé ouvert au pâturage, maintien des chaumes après récolte, implantation de luzernières, etc. Certaines de ces mesures sont communes aux deux espèces et d’autres seront plus spécifiques pour l’Outarde ou l’Œdicnème. Elles seront également intéressantes pour les autres espèces d’oiseaux présentes sur le site Natura 2000. 46 Ces mesures seront mises en œuvre grâce à la maitrise foncière, avec une gestion agricole appropriée, mais également avec la mise en œuvre de mesures agro environnementales contractuelles supplémentaires avec des exploitants volontaires. Ces deux outils sont complémentaires, le premier procurant des garanties de pérennité des bonnes pratiques agricoles, le second s’intégrant parfaitement dans le contexte agricole dynamique et en mutation constante dans les Costières. 47 Quelles perspectives ? Dans le cadre du projet du contournement de Nîmes et Montpellier, Réseau Ferré de France et ses partenaires peuvent s’appuyer sur l’expérience acquise au cours de projets similaires, telles que les lignes à grande vitesse (LGV) Rhin-Rhône, Méditerranée ou Est. Certaines mesures ont d’ores et déjà prouvé leur efficacité, comme la création de corridors de déplacement pour les chauves-souris par la plantation d'arbres (cf. schéma p. 31). Sur le projet de LGV Est, une zone impactée a rapidement été recolonisée. Les chauves-souris ont reconstitué leurs « routes de vol » en lien avec le développement des plantations. Évidemment chaque projet est unique et les solutions envisageables pour l’un ne sont pas forcément adaptées à un autre. C’est pour cela que les mesures feront l’objet d’un suivi important (cf. encart ci-contre). La mise en place de suivis environnementaux Un dispositif de suivi est nécessaire afin de s’assurer que les engagements fixés dans les mesures sont tenus. Ceci est d’autant plus important lorsque les mesures sont expérimentales. Ainsi, il permet d’évaluer la pertinence des préconisations et, le cas échéant, de les corriger. Un comité, constitué d’organismes scientifiques, de partenaires, de gestionnaires et d’administrations, suit les différentes étapes depuis la conception jusqu’aux travaux écologiques. Concernant les suivis liés à l'Outarde, diverses actions ont été et seront mises en place comme le comptage régulier des populations. Celui-ci, initié depuis 2006, se poursuivra jusqu’en 2024. Ce suivi porte sur l’ensemble des populations de la ZPS Costières nîmoises et ce sur l’ensemble des cycles écologiques (reproduction, hivernage…). Des suivis télémétriques (émetteurs fixés sur des outardes) seront également mis en place en étroite collaboration avec le CNRS de Chizé qui en assurera l’encadrement scientifique, dès 2012. Vignes des Costières 48 49 Pour en savoir plus • DIREN Midi-Pyrénées – BIOTOPE. Guide sur la prise en compte des milieux naturels dans les études d'impact. 76 pages, 2003. • BIOTOPE. Analyse des impacts du contournement ferroviaire de Nîmes et Montpellier sur la colonie de chiroptères du Mas des caves. 2004. • BIOTOPE. Document d’évaluation des incidences du projet de LGV entre Nîmes et Montpellier, au regard des objectifs de conservation des habitats et espèces du site NATURA 2000 FR9101391 : « le Vidourle ». 2011. • BIOTOPE. Contournement Nîmes/Montpellier. Études environnementales : Population de l’Astragale glaux au Mas de la Plume (Lunel, Hérault) : proposition d’un programme de sauvegarde et de renforcement. 2007. • BIOTOPE, ECOTER, GINGER et EGIS EAU. Synthèse intermédiaire des expertises écologiques du contournement ferroviaire de Nîmes et Montpellier. 2011. • BIOTOPE. Contournement ferroviaire de Nîmes et Montpellier : étude d’incidence du projet en costière Bois de Signan 50 nîmoise (Gard) au regard du site Natura 2000 (ZPS FR9112015 : « costière nîmoise »). 2009. • DIREN PACA. Les mesures compensatoires pour la biodiversité. Principe et projet de mise en œuvre en région PACA. Février 2009.