I - L`eau et la nutrition minérale

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L’EAU ET LA NUTRITION MINERALE
9 mars trois semaines consécutives TP
INTRODUCTION
La vie, chez les végétaux et les animaux, ne pourrait pas exister sans l’eau, qui est leur principal constituant. La
quantité de celle-ci, correspondant généralement et approximativement à 70% du poids frais de la plante,
variera de manière importante en fonction des conditions environnementales ou physiologiques, de même que
sa concentration au sein des différents organes et tissus.
Au sein d’une plante, le mouvement de l’eau est perpétuel. Dans les parties aériennes et racinaires,
interconnectées entre elles par un tissu conducteur, ce mouvement coordonnera l’assimilation de l’eau avec
les parties distantes, les feuilles, qui exerceront quant à elles une évapotranspiration assez importante.
Le rôle de cette eau sera également de transporter les nutriments, essentiels à la croissance de la plante. Nous
aborderons donc dans ce cours la caractérisation du transport de la nutrition minérale ainsi que la capacité
incidente d’édification de la plante, et ce à travers l’étude de l’eau et des cellules végétales.
L’EAU ET LES CELLULES VEGETALES
LES DIFFERENTS ROLES DE L’EAU
EN RELATION AVEC LES PROPRIETES PHYSICO-CHIMIQUES DE L’EAU
Comme nous l’avons observé en biochimie, l’eau occupe une place prépondérante puisque jouant le rôle de
milieu réactionnel : toutes les réactions biologiques auront lieu en milieu aqueux. Et ce d’autant plus que l’eau
restera sous phase liquide dans les conditions environnementales moyennes propices à la croissance des
plantes. L’eau est également un solvant des différents minéraux présents dans le sol qui pourront être ainsi
absorbés et assimilés via le transport de la sève.
Comme chez les animaux, l’eau permet également une régulation thermique : les plantes l’utilisent afin de
répondre aux flux de chaleur et ainsi empêcher un échauffement trop important aux conséquences protéiques
dénaturantes. Nous étudierons dans ce cours le parcours de cette eau et ses incidences sur la régulation de la
température interne de la plante en vue d’améliorer les capacités de croissance et de développement de cette
dernière.
Une dernière caractéristique intéressante concerne la transparence de l’eau : les radiations du spectre visible la
traversant, les réactions photosynthétiques, la perception de la lumière et les réactions incidentes seront
possibles.
TRANSPORT DE L’EAU
Considérer que le transport de l’eau dans la plante soit actif et nécessite une grande activité métabolique serait
invraisemblable. Passif, celui-ci débute par osmose à l’aide d’un système de membrane semi-perméable. Sa
mesure est qualifiée d’osmométrie.
LSV – Semestre 4 – Physiologie Nutrition Végétale – L’eau et la nutrition minérale – 1
L’OSMOMETRIE
1
Prenons l’exemple d’un osmomètre simple, dit osmomètre de Dutrochet , constitué d’un cristallisoir et d’une
tulipe séparée par une membrane semi-perméable. Le premier contient de l’eau pure, et le second une
solution saline ou sucrée dont l’osmose est à mesurer. Le passage
d’eau à travers la membrane en direction du compartiment
« impur » induira la montée de la solution dans la tulipe selon une
certaine pression qui pourra être mesurée à l’aide d’un contrepiston.
L’application d’une pression sur le piston induit l’augmentation de
la concentration en soluté : c’est le principe d’osmose inverse,
pouvant être appliqué à des fins de purification d’eau. La pression à
appliquer afin de restaurer le niveau initial de la colonne
correspond à l’énergie potentielle de la solution saline,
incidemment à son potentiel chimique.
A l’aide d’un système équivalent, il est possible de mesurer la pression nécessaire pour lutter contre l’entrée
d’eau ayant pour origine le potentiel chimique. On parle de pression osmotique de la solution, mesurée en
Pascal et notée π.
OSMOSE ET POTENTIEL CHIMIQUE
L’étude du potentiel chimique de l’eau repose sur les propriétés thermodynamiques de ce composé. On parlera
d’enthalpie molaire libre partielle de l’eau, notée µ et exprimée en J/mol. Ce potentiel sera déterminé selon les
lois de la thermodynamique comme la somme d’une constante, de l’activité chimique de l’eau, des forces de
pression sous forme de potentiel de pression, d’un potentiel électrique et d’un potentiel gravitationnel.
. . . é , "
#$
, #$%%", "% & $&'
POTENTIEL HYDRIQUE
Les physiologistes utiliseront cependant cette formule de manière simplifiée. Ainsi, pour le terme relatif à
l’électricité et bien que l’eau soit un dipôle fort, la charge électrique sera nulle, et nous ne considérerons la
composante gravitationnelle comme ne s’appliquant que pour des plantes dépassant 10m de hauteur. Sont
donc restantes forces chimiques et de pression. La valeur du potentiel chimique de l’eau, le potentiel hydrique,
permet de déterminer l’état d’hydratation d’une plante. Sa formule simplifiée est la suivante :
()* ()+ (), ()- ().
1
http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Dutrochet
LSV – Semestre 4 – Physiologie Nutrition Végétale – L’eau et la nutrition minérale – 2
Avec :
•
•
•
•
PSIs potentiel de soluté, représente la contribution des composés en solution. Sa valeur maximale est
de zéro, et celle-ci diminuera en fonction de l’augmentation de la concentration saline. Il est
approximé par la loi de Van’t Hoff (()+ / 01 2 avec i paramètre d’ionisation de la
molécule).
PSIp potentiel de pression, représente la pression hydrostatique en surplus par rapport à la pression
atmosphérique. Très variable, celle-ci pourra être négative, on parlera d’une tension, ou positive, une
pression de turgescence, induisant respectivement un flétrissement ou un maintien de la structure du
végétal.
PSIg potentiel gravitationnel, pourra dans un premier temps être omis, en particulier chez les plantes
de laboratoire, celles-ci dépassant rarement la dizaine de mètres requise pour la prise en compte du
paramètre.
PSIm potentiel matriciel, permet de rendre compte de l’absorption de l’eau sur des surfaces solides
selon une certaine force matricielle dépendant de l’état d’hydratation des molécules. Il intervient au
sein d’organes très peu hydratés de certaines plantes, et sera particulièrement important lors des
premières étapes de l’absorption. Un exemple typique pourrait être celui d’une graine, constituée de
5 à 20% d’eau en poids.
Considérant une eau pure, la valeur de PSIw est définie par convention comme nulle. L’expression la plus
simple du potentiel hydrique se limite donc à la somme des potentiels de soluté et de pression, qu’il est
possible d’exprimer en fonction de Pi et P:
()* ()+ (), 02 Sous certaines conditions, il est ainsi possible de déterminer la valeur du potentiel hydrique PSIw. Par exemple,
lorsque PSIp est nul, la valeur de PSIw est directement accessible par des mesures.
La valeur du potentiel hydrique nous permet de prévoir le sens du flux net de l’eau
dans le végétal. L’eau migre spontanément des potentiels hydriques élevés vers
les potentiels hydriques faibles.
("
" # $()* 02 0 0 4
5 6 ("
" %
()* 02 7 0
Prenons une cellule de potentiel PSIw=-0,7MPa et de
pression hydrostatique nulle. Plaçons-là dans une solution
hyperosmotique de saccharose (PSIw=-0,9MPa). Le sens de
migration de l’eau étant défini par les valeurs des potentiels
hydriques, celle-ci doit sortir de la cellule en direction du
milieu extracellulaire. Cette sortie engendre en son sein une
augmentation de la concentration des composés
cytoplasmiques et vacuolaires, incidemment une
augmentation de sa pression osmotique π et diminution de
son potentiel hydrique, jusqu’à équilibration avec le PSIw
du milieu extérieur.
Partant d’une cellule aux mêmes caractéristiques que
précédemment et la plaçant dans une solution hypotonique
(PSIw=0MPa), le flux net aqueux sera ici par définition
opposé. L’équilibration ne pouvant se faire par annulation
de la pression osmotique, incidemment des concentrations
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en soluté, celle-ci se fera par augmentation de la pression hydrostatique P, induisant le passage de la cellule en
état de turgescence.
Au sein des plantes, ces mouvements d’eau seront très importants au sein du fonctionnement d’organes
comme les feuilles, permettront la régulation des pertes en eau à travers le fonctionnement des stomates, et
auront un rôle primordial dans l’allongement cellulaire, etc.
LIAISONS DE L’EAU DANS UN VEGETAL
Les concentrations en ions au sein des cellules
végétales permettent d’obtenir des pressions
osmotiques de l’ordre de quelques bars. Observons
l’évolution du π interne en fonction du π externe
pour quelques phylums de plantes.
Les plantes marines dites halophytes possèdent
plusieurs mécanismes dont la combinaison leur
permet de prospérer en milieu à pression
osmotique importante. L’un d’entre eux concerne
l’accumulation vacuolaire de composés comme le
chlorure de sodium à hauteur de 10g/L, permettant
si besoin est d’augmenter la salinité du cytoplasme afin de contribuer à l’augmentation de la pression
osmotique cytosolique jusqu’à plusieurs dizaines de bars en vue de contrer le πext. Sont également accumulés
dans le cytoplasme des composés organiques osmoprotectants.
Les plantes dites glycophytes sensibles sont adaptées aux milieux d’irrigation à faible teneur en sel. Elles
pratiquent l’entrée d’ions et d’acides organiques uniquement. Leur potentiel de soluté est en général assez
faible, et difficilement adaptable. Incidemment, ces plantes ne se développeront que sur des milieux très peu
salés et tolèreront difficilement des modifications salines.
Les glycophytes résistantes possèdent les mêmes capacités d’accumulation que les glycophytes sensibles, mais
sont capables d’adaptation pour un laps de temps limité via l’accumulation de sel, principalement de
potassium, à une concentration de l’ordre de quelques grammes par litre. Etant très sensibles au sodium, celuici ne sera quasiment pas absorbé. Leur adaptation a également lieu à travers des modifications au sein des
voies de signalisation et de biosynthèse des acides organiques. Leur résistance dans ces milieux reste
néanmoins assez limitée.
Les xérophytes, représentées par les cactus, pourront absorber très facilement l’eau du milieu extérieur grâce à
un système de mucilage, constitué de molécules s’hydratant facilement et augmentant en volume. Une
adaptation au stress hydrique n’induisant cependant pas une adaptation obligatoire à une très forte pression
osmotique, les xérophytes sont incapables de contrer un milieu fortement salé, le mécanisme se mettant en
place par rapport aux halophytes étant tout à fait différent.
Chez les plantes, les potentiels internes évolueront de manière proportionnelle aux potentiels externes de
façon à attirer l’eau. En comparaison, les potentiels des champignons pathogènes peuvent atteindre des
pressions de l’ordre d’une centaine de bars, leur permettant de pousser dans des milieux à forte pression
osmotique, incidemment pénétrer les tissus végétaux.
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POTENTIEL HYDRIQUE D’UN ECHANTILLON VEGETAL
Différentes techniques permettent de déterminer les
valeurs des potentiels hydriques d’échantillons
végétaux.
Nous pourrons ainsi par exemple déterminer de quelle
façon évoluent les transferts d’eau dans ceux-ci. Pour
cela, il est possible d’utiliser un soluté modérément
perméant, ici le saccharose, selon une gamme de
concentrations allant de 0 à 1 M. Nous mesurons les
paramètres des échantillons à temps 0 (longueur,
largeur et poids de l’échantillon), puis les déposons au
sein de notre gamme étalon.
Les valeurs des potentiels hydriques s’équilibrent, et
nous obtenons une gamme d’échantillons allant d’un
état de plasmolyse à turgescence complète. En cas
d’échange d’eau nul, nous avons équilibration des
potentiels hydriques : P sera donc égal à 0.
Le psychromètre, constitué d’une cellule au sein de laquelle se place un
échantillon végétal, nous permet, après un temps d’équilibration, d’obtenir
directement la valeur du PSIw. Suivant le potentiel hydrique de l’échantillon,
nous observons une certaine évaporation de molécules d’eau. Sachant que pour
un PSIw avoisinant 0 les molécules d’eau s’évaporent, et que celles-ci auront
d’autant plus de mal à sortir du végétal que le PSIw est négatif, et le
psychromètre permettant la détermination physique de la quantité d’eau
atmosphérique, celui-ci permet incidemment la mesure du volume d’eau se
déposant dans le système conducteur, donc la valeur du potentiel hydrique.
La bombe de Schrolender, autre système de mesure à équivalence de pression,
nous permet d’accéder à la pression propre du végétal. Pour cela, nous
appliquons une certaine pression à un système hermétique contenant
l’échantillon. Incidemment, lorsque la pression P s’approchera de la pression
hydrostatique et la dépassera, les liquides dont la sève pourront être éliminés à
contresens via la partie sectionnée.
Il existe d’autres systèmes d’osmométrie directe, où les mesures s’effectuent sur
les liquides cytoplasmiques extraits de broyats cellulaires.
RELATIONS HYDRIQUES DANS LA PLANTE
Nous nous intéresserons dans cette partie aux importants flux d’eau au sein de
la plante, depuis la translocation de cette eau des parties racinaires vers les
parties aériennes jusqu’à son évapotranspiration.
Au cours d’une journée, malgré le fait que la masse d’eau transférée puisse
dépasser de plusieurs fois celle du végétal, on considère globalement que 5%
seulement de l’eau absorbée pour la plante sera utilisée pour son édification. La
plus grande partie de celle-ci jouera un rôle au sein du fonctionnement de la
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photosynthèse, de l’évapotranspiration, et de la thermorégulation.
TENEUR EN EAU DES VEGETAUX
La mesure de l’accroissement d’un végétal au cours du temps peut être réalisée à travers la détermination de
son poids sec et non pas de son poids frais, ce dernier n’étant pas représentatif de par sa relation aux transferts
d’eau (la masse augmente en fonction de l’augmentation des transferts). Les résidus végétaux secs sont
obtenus via une dessiccation rapide à 110°C permettant de stopper tout processus enzymatique suivie d’un
traitement pouvant aller de plusieurs heures à plusieurs jours à 60°C sous pression réduite, permettant
l’évaporation de l’eau contenue dans les échantillons.
Les produits de cette dessiccation nous permettent également d’estimer la teneur en eau d’un végétal à
travers la comparaison entre les poids frais et le poids sec d’échantillons végétaux. Cette teneur est exprimée
par la (bêtissime) formule suivante :
:
"&% 4$%
; 100
"&% %
La teneur en eau observée dépend de l’espèce végétale, de
l’organe, et des tissus considérés. Nous remarquons que
l’hydratation de tissus jeunes est extrême. A l’échelle
cellulaire, nous observons une forte hydratation du
cytoplasme ainsi que de la vacuole, cette dernière
possédant jusqu’à 95% de la quantité totale d’eau
cellulaire.
ABSORPSION DE L’EAU
MISE EN EVIDENCE : LE POTOMETRE
Afin de caractériser de la façon la plus simple et
pédagogique possible la manière dont l’eau sera transportée
par la plante, nous utiliserons un potomètre. Celui-ci
consiste en un système fermé dans lequel nous inclurons les
parties racinaires de notre plante, relié à un mécanisme
permettant le maintien d’un niveau d’eau constant.
La consommation d’eau pouvant être visualisée par le
déplacement d’un indice, nous pourrons ainsi observer la
consommation horaire de la plante en fonction de différentes conditions et ainsi analyser les différents
paramètres incidents sur les pertes journalières en eau dues à l’absorption racinaire et l’évapotranspiration. La
contre expérience peut également être réalisée : en coupant les parties racinaires et foliaires de la plante, nous
observons une évapotranspiration quasi-nulle.
ELEMENTS EXTERNES INFLUANT SUR L’ABSORPTION
Différents facteurs influent sur l’absorption, dont bien évidemment des facteurs climatiques :
•
Ensoleillement et intensité lumineuse : en cas de très fort ensoleillement, les pertes d’eau sont
conséquentes et peuvent égaler en une journée le poids de la plante. Le transfert d’eau en masse est
donc très important.
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•
Caractéristiques du substrat : la qualité du sol dépend de différentes caractéristiques qui incident sur
la capacité de la plante à récupérer l’eau qui s’y trouve. Celles-ci sont :
o Taille des particules minérales qui le forment
o Quantité d’humus qu’il contient, jouant un rôle dans la rétention d’eau
o Etres vivants qui l’habitent, incidemment compétition avec d’autres systèmes biologiques
CARACTERISTIQUES DU SUBSTRAT
Il existe une grande variabilité dans la taille des particules :
Un sol sableux est constitué de particules larges
(taille supérieure à 50µm), est friable, mais retient
mal l’eau entre les pluies. Incidemment, il se
dessèche rapidement et perd ses engrais par
lessivage. Sachant que plus la taille des particules
est faible, plus la quantité d’eau les entourant est
élevée, les limons, d’une taille comprise entre 2 et
50µm, possèdent une capacité de rétention d’eau
supérieure au sable. L’argile, quant à lui, est d’une taille inférieure à 2µm. Il retient incidemment beaucoup
d’eau, mais peut également se compacter et durcir, de même qu’il peut se saturer d’eau et induire des
conditions de vie anaérobie pour les organismes s’y trouvant.
Il est admis qu’un sol idéal devrait contenir 40% de sable, 40% de limons et 20%
d’argile afin de permettre un maintien de l’oxygénation ainsi qu’une capacité
acceptable de rétention sans dessiccation rapide.
Considérant un sol sablonneux comprenant 10% d’eau, celui-ci possède un aspect humide. L’eau y est
facilement accessible pour les racines, puisqu’entourant les particules selon une couche facilement drainée.
Considérant un sol limoneux, les molécules d’eau seront fortement liées à cet ensemble de structures du sol, la
racine aura incidemment beaucoup de mal à récupérer cette eau, et ce d’autant plus s’il comprend des
matières végétales telles la tourbe. Humidifié à 40%, un tel sol présente un aspect sec.
Nous rencontrerons dans ces sols deux types de forces :
•
•
Les forces matricielles dont nous venons d’avoir un
aperçu, dépendant de la structure du sol et
correspondant à des forces capillaires, c'est-à-dire des
tensions superficielles entre les molécules d’eau et les
particules,
Les forces d’imbibition, s’apparentant légèrement aux
forces capillaires, mais étant liées aux interactions
électrostatiques entre les colloïdes et les molécules d’eau.
Ces forces seront très variables en fonction des
molécules : ainsi, des composés comme l’amidon
s’hydrateront moyennement alors que les graines
déshydratées
présenteront
de
grandes
forces
d’imbibition. Ceci ne se met en place qu’au sein du
processus d’hydratation des molécules.
D’autre part, nous trouverons dans les sols des différences de
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pression osmotique : en fonction de celle-ci, nous rencontrerons des pressions osmotiques racinaires
croissantes, permettant une différence suffisante à l’absorption. Le système racinaire des plantes présente
donc une adaptation dans une certaine limite : la pression osmotique racinaire s’approchant de celle du sol, la
force d’aspiration de l’eau deviendra de plus en plus faible. Les plantes étant statiques, cette adaptation au
milieu est nécessaire.
SITES D’ABSORPSION
Quels sont les sites d’absorption des molécules d’eau ?
AU NIVEAU DES RACINES
Nous trouverons au niveau des racines des structures adaptées au prélèvement de l’eau dans le sol. Rappelons
la structure de la racine, composée de:
•
•
•
•
•
une coiffe composée de cellules de protection,
un méristème apical racinaire, jouant un rôle dans le développement de la racine,
une zone de division et de différenciation cellulaire en xylème et phloème,
à partir du premier centimètre, mise en place de poils absorbants ayant une certaine durée de vie,
à la suite de celle-ci, une zone sans poil absorbants avec mise en place de tissus protecteurs étanches.
La zone permettant l’échange d’eau avec le
système extérieur pourrait être les poils
absorbants. Pour le démontrer, on met en
place un système expérimental simple et
efficace : l’expérience de Rosène.
Il convient alors de se poser la question
suivante : en quoi ce système de poils
absorbants permet un avantage ?
Ceux-ci, émis par des cellules aux vacuoles
importantes appartenant à une assise particulière
du rhizoderme, sont longs de 1mm et ont un
diamètre de 10µm. De par ces caractéristiques, ils
permettent l’augmentation de la surface d’échange
avec le sol d’un facteur 100. D’un point de vue
anatomique, ils possèdent une paroi pectocellulosique très fine, et se retrouvent en nombre
très variable, avec entre 200 et 500 poils par cm².
Chez certaines graminées, ce chiffre peut atteindre
2000 poils par cm².
Cependant, les poils absorbants constituent-ils
l’unique système d’absorption des plantes au cours
de leur développement ? Chez les arbres ainsi que
les eudicotylédones ligneuses et gymnospermes
constitués en arbustes ou arbres, incidemment les
plantes pérennes, les poils absorbants ne seront
plus prépondérants. Un autre système de
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pénétration du sol et de prélèvement d’eau et de nutriments réside en
une symbiose avec des champignons, les mycorhizes, qui se
propageront dans le sol et permettront un travail racinaire en échange
de photosynthétats.
Il est possible d’étudier la mise en place dynamique des racines dans le
sol en fonction des milieux à l’aide d’un rhizotron. Le cas présenté est
simple et permet de repérer les différences de développement entre
un système drainant et un système ayant une forte rétention d’eau. On
y remarque par exemple une division des racines lors de l’entrée en
milieu humus. Il existe donc une dynamique d’adaptation de la plante
en fonction des milieux.
ABSORPTION AERIENNE
Malgré que certaines plantes n’aient pas de connexion directe avec le sol, il faut bien
qu’elles puissent s’alimenter en eau. L’année passée, nous avions abordé le cas de
plantes vivant de cette façon, les plantes épiphytes. La plupart du temps, ces plantes
ne sont pas parasites.
Prenons l’exemple des orchidées, dont le système racinaire très différencié, le
vélamen, ne correspond en rien à une racine de monocotylée. Le tissu y est ici très
épais et comprend beaucoup de cellules corticales dont le rôle est l’absorption et la
rétention d’eau. Les potentiels hydriques de ce système seront très faibles, de
manière à absorber rapidement les molécules d’eau en contact physique avec celui-ci,
voire la bruine. En effet, le différentiel de pression est tel que l’absorption directe de
l’eau atmosphérique est possible.
Prenons un autre exemple chez le Platycérium, chez lequel les feuilles
âgées composent des coupes, des réservoirs accumulant l’eau ainsi que
les substances minérales et organiques nécessaire à leur croissance. Ces
organes sont dits « coques de Platycérium ».
D’autres systèmes au sein desquels les parties aériennes et plus
particulièrement les parties foliaires de la plante seront en contact avec
un environnement changeant (brouillard, embruns, etc.) utiliseront la
forte rosée provoquée par ces conditions afin de récupérer aisément leur
eau. Le volume prélevé sera d’autant plus important que le différentiel de
potentiel hydrique sera élevé, incidemment que le potentiel hydrique de
la plante sera faible. Ces plantes absorberont et accumuleront par
exemple l’eau de la rosée matinale afin de l’utiliser au cours de la journée.
Ce mode de fonctionnement permet, dans des gérions semi-arides aux
périodes de brouillard et de chaleur alternées, un apport nécessaire à leur
survie et leur développement.
LSV – Semestre 4 – Physiologie Nutrition Végétale – L’eau et la nutrition minérale – 9
COMPOSANTES PRINCIPALES DE L’ABSORPTION
AU NIVEAU DES POILS ABSORBANTS
Le transfert de l’eau au niveau des poils absorbant aura lieu par contact direct à partir du sol et en fonction de
la différence de potentiel hydrique. Quel que soit le point d’entrée d’eau dans la plante, il est nécessaire que le
contenu vacuolaire, dont les sucs, permettent d’atteindre une valeur de pression osmotique supérieure à Πext.
Lors de sa pénétration, l’eau provoquera une hypertonie locale induisant une turgescence due à
l’augmentation de la pression hydrostatique exercée sur les parois pecto-cellulosiques de la cellule.
AU NIVEAU DES TISSUS INTERNES
Au sein des tissus internes, nous observerons un gradient de concentration
permettant la montée de l’eau et des nutriments vers les parties aériennes.
Afin d’observer ce mécanisme, mettons en place une expérience simple,
l’expérience de Dixon.
Prenons un système simplifié constitué d’un cristallisoir comprenant du
mercure dans lequel baigne un tube rempli d’eau modélisant l’effet réservoir
de la plante. Simulons sur cette eau un effet de transpiration : appliquons
sur l’eau un plâtre poreux permettant une sortie d’eau sans aucune entrée
d’air. L’évaporation de la colonne d’eau exercera une tension au niveau de
l’interface eau/mercure induisant une montée progressive de celle-ci. Ainsi,
nous aurons en cas d’évapotranspiration la mise en place d’un déplacement
d’eau dû aux interactions entre les molécules : on parle de la cohésion des
molécules d’eau, créant un appel d’eau tout au long de la tige.
Au sein de ce système, le moteur du transport de l’eau est la transpiration.
Selon ce processus, il est possible de faire monter une hauteur de 1 mètre
de mercure, correspondant à une colonne d’eau de 20 mètres. Extrapolé au monde végétal, ces forces
pourront dépasser les 2MPa. Au niveau de la racine, la pression de turgescence due à l’entrée d’eau est en
permanence compensée par la tension s’exerçant sur la colonne de molécules d’eau.
ACTIVITES PHYSIOLOGIQUES
Les transports de l’eau subiront des variations en fonction de l’activité physiologique de la plante. Celles-ci
peuvent être relatives à :
•
•
•
L’ensoleillement, incidemment l’activité photosynthétique,
La température, une température faible limitant les processus biologiques, et une température
supérieure à 35°C induisant une limitation de ceux-ci,
L’oxygénation des parties racinaires, leurs processus biologiques étant impossibles en condition
anaérobie, et ces conditions menant à une putréfaction pure et simple de ces organes. Dans le cas de
végétaux de milieux vaseux, ceux-ci possèderont des racines remontant en surface capables
d’oxygéner les racines de profondeur.
LSV – Semestre 4 – Physiologie Nutrition Végétale – L’eau et la nutrition minérale – 10
MECANISMES DE L’ABSORPTION
De quelle façon se feront les transferts d’eau des parties racinaires
jusqu’aux tissus conducteurs ?
Ce mécanisme d’absorption peut être mis en évidence à l’aide d’une
expérience simple, l’expérience de Hales, qui permettra d’observer les
forces de transfert de l’eau à partir des poils absorbants jusque vers la
stèle. Pour cela, il suffit de décapiter une plante et d’y installer un système
de manomètre autorisant la mesure de la pression incidence ainsi que
l’apparition éventuelle d’un flux net sans partie aérienne.
Les résultats varieront fortement d’une plante à une autre, ces variations
étant dues aux différentiels de pression osmotique entre le sol et les
parties racinaires. Ce système osmotique met cependant en place une
poussée dite radiculaire ou racinaire : il y a apparition d’un flux net de
sève induisant une augmentation de pression. Cette dernière pourra
varier, en fonction des espèces, de 1 Bar dans le cas de l’érable jusqu’à 9 Bars chez le marronnier. Dans la
plupart des cas, la pression sera de l’ordre du bar. Certaines plantes dites « à forte transpiration » présenteront
une pression quasi-nulle, la plupart de leurs transferts d’eau étant dus à l’évapotranspiration, alors que
d’autres, dites « à faible transpiration », présenteront des systèmes de poussée racinaire relativement
importants.
Cependant, comment se met en place cette poussée racinaire ?
Observons une coupe transversale de racine,
et observons en les différentes structures :
poils
absorbants,
épiderme,
cellules
parenchymatiques à méats, cellules à cadre
de Caspary, péricycle, et enfin xylème et
phloème disposés en alternance. Quel est le
mécanisme permettant le déplacement de
l’eau des tissus périphériques vers la stèle ?
Au niveau du poil absorbant, ce sont les
différences de potentiel osmotique vis-à-vis
du sol qui permettront la pénétration de
l’eau. Au fur et à mesure de l’entrée en
profondeur dans le cortex, nous observerons
une chute du potentiel hydrique due à une
augmentation progressive de l’osmolarité des
cellules. L’endoderme jouera un rôle très
spécifique au cours du passage de l’eau et des
composés minéraux en permettant une
sélection des molécules pouvant pénétrer
dans la stèle. Au sein de celle-ci, nous
observerons une remontée du potentiel hydrique. Les vaisseaux du xylème, structure renforcées très solides,
absorberont l’eau principalement à l’aide des forces de tension : le système mis en place n’est donc plus du
tout de nature osmotique.
LSV – Semestre 4 – Physiologie Nutrition Végétale – L’eau et la nutrition minérale – 11
LA TRANSLOCATION DE L’EAU
LE TRANSPORT RADIAL
Le transfert radial aura lieu à partir
des
structures
cellulaires
du
parenchyme, où nous trouverons des
vacuoles de taille importante, des
méats, ainsi que des plasmodesmes
assurant
une
interconnexion
cellulaire. Le transfert d’eau pourra
avoir lieu selon différents processus :
•
•
•
Un transfert apoplasmique,
ayant lieu au travers des
parois et méats, l’apoplasme
correspondant à l’ensemble de la continuité des parois pecto-cellulosiques du végétal,
Un transfert par voir transcellulaire, se déroulant quant à lui à travers les plasmodesmes de chaque
cellule, le symplasme comprenant l’ensemble des cytoplasmes du végétal,
L’eau pourra également être ponctuellement stockée au sein de la vacuole.
Arrivée à l’endoderme, la voie apoplasmique est stoppée. Les transferts devant avoir obligatoirement lieu par
voie transcellulaire, des transporteurs se chargeront de la translocation des différents composés destinés à la
stèle. L’endoderme forme donc un barrage à tout transport apoplasmique, et impose un transport actif des
ions et molécules organiques. L’eau diffuse quant à elle par effet de masse en fonction des potentiels
hydriques.
LA CONDUCTION
Tandis que le transport de la sève brute se fera uniquement de manière ascendante, le transport de phloème
aura quant à lui lieu dans différentes directions, et ce selon un principe source-puits : des organes génèrent un
flux, alors que d’autres composent un puits de réception.
SEVE BRUTE
Le transport de sève brute aura principalement lieu à travers du xylème, constitué de diverses structures :
•
•
•
Fibres : ont pour unique rôle le maintien du tissu
Tissus parenchymateux : permettant un contact ainsi qu’un transfert latéral de l’eau entre les
vaisseaux,
Vaisseaux ou trachéides : constituent un ensemble cellulaire tubulaire aux parois renforcées constitué
sur la base d’un réseau de cellules mortes dont les différentes sections cellulaires ont été digérées.
Leur taille est assez variable en fonction des espèces végétales considérées, de 40µm de diamètre
pour l’érable jusqu’à 400µm chez le chêne.
Dans une structure de ce type, l’eau est transférée par principe de capillarité : les forces, incidemment la
montée en eau, seront inversement proportionnels au diamètre du tube. Il est ainsi possible, au sein des plus
petites trachéides, de faire monter une colonne d’eau de 1,5m. Pour un diamètre de 50µm, 0,6m et 200µM,
0,08m. La moyenne es tla suivante : 50µm h=0,6m, 200µm h=0,08m.
LSV – Semestre 4 – Physiologie Nutrition Végétale – L’eau et la nutrition minérale – 12
Notons que certains vaisseaux peuvent atteindre 10 mètres de hauteur.
Incidemment, quelles sont les limites du système ?
La cohésion des molécules d’eau au cours de leur montée entraîne des
2
dépressions responsables de la formation de bulles de cavitation , elles
mêmes responsables d’embolies vasculaires de la plante. En effet, la
rupture de la colonne d’eau induit la perte de cohésion des molécules.
L’eau ainsi stoppée dans sa montée peut alors continuer son transfert en
étant déviée à l’aide de plasmodesmes au sein d’un vaisseau proche. Ce
phénomène explique la nécessité de régénération de nouveaux tissus
conducteurs.
Dans des conditions optimales d’évapotranspiration, les vitesses de transfert peuvent atteindre de 1 à 6 mètres
par heure. En période hivernale et en fonction de la température, celles-ci peuvent être fortement réduites,
avec des vitesses de l’ordre de quelques centimètres par heure, voire nulles.
A l’opposé, la montée de sève chez certains grands arbres peut atteindre les 100 mètres par heure. Se pose
alors le problème du décalage entre le temps relatif à l’évapotranspiration et la montée de sève. Il est alors
nécessaire d’intégrer toutes les forces en présence :
•
•
•
Forces de capillarité, jouant un rôle assez faible mais non négligeable,
Pression racinaire, qui peut permettre une montée d’eau d’un à plusieurs mètres
Aspiration foliaire, principale force chez les plantes
Ces trois forces varient en fonction des paramètres de la plante. L’effet d’aspiration induisant une pression
négative, la nécessité de l’utilisation d’une structure rigide est expliquée.
CIRCULATION ET TRANSPORT DE LA SEVE ELABOREE
Au sein des vaisseaux du phloème circule la sève élaborée. Celle-ci, plus dense en minéraux, photosynthétats
dont le saccharose, ions, acides aminés et phythormones aborde incidemment une texture sirupeuse. Cette
viscosité induit une vitesse de circulation très faible, de l’ordre de 10 à 100cm par heure.
Le tissu phloémien comprend des
tubes criblés qui, au contraire des
trachéides, sont composés de
structures cellulaires vivantes.
Le transport est effectué de manière
rétrograde, selon un processus
source-puits. Il convient de noter
qu’un organe source produit des
glucides, alors qu’un organe puits les
utilise ou les met en réserve.
Au niveau des parenchymes foliaires,
les produits synthétisés seront
accumulés et pompés vers les cellules criblées. Dans le cas du saccharose, le transfert sera réalisé à l’aide d’un
cotransport à échange de proton, ce dernier dépendant de la force du gradient électrochimique généré par des
ATPases à protons.
2
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cavitation
LSV – Semestre 4 – Physiologie Nutrition Végétale – L’eau et la nutrition minérale – 13
Ce saccharose sera ensuite déplacé par diffusion vers les zones où
il sera le plus consommé. Sa migration se fera donc vers les zones
de développement, par exemple les méristèmes apicaux. Le
principe des puits repose sur une infériorité de la concentration en
un composé, incidemment sur des principes d’osmolarité. Au sein
d’organes de réserve, le saccharose sera métabolisé en amidon,
n’ayant plus d’effet osmotique.
L’eau ayant servi au transport vers les puits est alors recyclée au
niveau du xylème à hauteur de 5%, les 95% restants ayant
participé à l’évapotranspiration.
EMISSION D’EAU CHEZ LES VEGETAUX
Le matin, nous pouvons observer
sur les feuilles de certains
végétaux des gouttelettes d’eau.
Celle-ci n’a rien à voir avec la
rosée, puisque provenant du phénomène de guttation. La nuit, la plante ne
subissant pas d’évapotranspiration, la pression racinaire provoque la montée
et la répartition de l’eau au sein de la feuille. Certaines structures, les
stomates aquifères ou hydatodes, sont alors spécialisées dans le relargage de
cette eau sous forme de gouttelettes.
Ce mécanisme est spécifique de petites plantes et monocotylées, et a principalement lieu au matin, dans un sol
gorgé d’eau et en présence d’air assez humide pour permettre une non-évapotranspiration. Ce système
constitue une petite partie des mécanismes de transfert de l’eau.
MECANISME DE TRANSPIRATION
La transpiration aura lieu au niveau des tiges à travers les lenticelles, qui consistent en des fractures de
l’écorce, à hauteur de 10%. Les 90% restants représentent l’évapotranspiration foliaire. Il convient cependant
de noter que chez certaines plantes, nous retrouverons des structures de type stomatique sur les tiges, par
exemple chez le cactus.
Structurellement, la plante possède des épidermes protégés par une cuticule, dépôt cireux limitant
l’évaporation directe. Les rayonnements solaires permettent néanmoins la vaporisation de l’eau des cellules
végétales et son accumulation sous forme gazeuse au sein du parenchyme lacuneux. Les molécules d’eau
d’origine xylémienne se répandent alors dans les tissus et se vaporisent à l’interface entre cellules et lacunes.
ANATOMIE DE LA FEUILLE
Il existe un rôle direct entre transpiration et photosynthèse fonctionnelle. Au niveau des feuilles, les cellules
stomatiques régissant le contrôle de l’ouverture et de la fermeture de cette structure permettent une sortie
d’eau et d’oxygène ainsi qu’une entrée de dioxyde de carbone. Une molécule de CO2 est généralement
échangée contre 10 molécules d’O2, d’où l’importance du mécanisme d’évapotranspiration dans le but d’une
photosynthèse active.
Le mécanisme de transpiration joue sur l’utilisation des lacunes, lesquelles étant entourées d’une couche
d’hydratation extracellulaire. Un mécanisme basé sur les forces matricielles et tensions superficielles s’y met en
place : l’eau enrobera les tissus végétaux afin de constituer une surface d’échange importante avec
LSV – Semestre 4 – Physiologie Nutrition Végétale – L’eau et la nutrition minérale – 14
l’atmosphère. L’évaporation
de cette eau par la partie
infrarouge
du
spectre
lumineux permet ainsi le
refroidissement de la plante.
Plus la quantité d’eau
diminue, plus la tension
superficielle est forte, et plus
la pression hydrostatique sera
élevée. Suivant l’état de
l’atmosphère, l’eau sera ainsi
plus ou moins attirée.
Nous avons donc une force
très importante d’attraction
des molécules d’eau dans l’atmosphère. Toutes les plantes de grande taille utiliseront ce mécanisme de
transfert d’eau, dans la limite des problèmes de cavitation, dont la formation est possible à repérer avec l’aide
de systèmes acoustiques.
MISE EN EVIDENCE
Afin de mettre en évidence ce transfert, il est
possible de mesurer la différence de poids d’un
système fixe, observer la formation d’eau à l’aide
d’un système en cloche, ou enfin mesurer
directement les changements de volume à l’aide du
potomètre.
FONCTIONNEMENT DES STOMATES
Il existe deux grands types de stomates :
elliptiques chez les eudicotylédones, et de
type graminéen ou « en T » chez les
monocotylées. Deux cellules de garde y
bordent un espace, l’ostiole, et ces cellules
de garde sont elles mêmes entourées par le
complexe cellulaire des cellules annexe. Au
sein d’une stomate, les cellules de garde
sont les seules possédant des chloroplastes.
En observant dans une coupe différente, les stomates
présentent une chambre sous-stomatique permettant les
échanges avec l’atmosphère. L’ouverture de ces structures
est régie par un système complexe, afin de faciliter ou
d’arrêter le passage de l’eau. Celles-ci, en plus d’un échange
d’eau, permettront l’entrée de certaines molécules comme
l’ozone ou les dioxydes de soufre qui pourront attaquer les
cellules fonctionnelles de la feuille et entraîner des pertes
d’efficacité photosynthétiques.
LSV – Semestre 4 – Physiologie Nutrition Végétale – L’eau et la nutrition minérale – 15
LOCALISATION
Présents sur toutes les plantes dites supérieures (mousses,
fougères, gymnospermes, angiospermes, etc.), leur
distribution n’est pas homogène entre la face inférieure et
supérieure des plantes. Nous trouverons généralement un
plus grand nombre de stomates sur la face inférieure que
supérieure, cette dernière étant en contact direct avec les
rayonnements lumineux. Ainsi, certaines plantes adaptées
aux stress hydriques n’en possèdent pas sur leur face
supérieure, et certaines autres espèces adaptées, comme le
nénuphar, n’en possèdent pas sur leur face inférieure.
La distribution des stomates est donc très variable en
fonction des espèces, des conditions de croissance de la
plante, de la position des feuilles sur celle-ci, de son exposition à la lumière, et de l’espèce considérée. Ces
stomates se retrouveront principalement sur les feuilles, mais aussi sur les pétales, sépales, mais aussi dans
certains cas sur des tiges dans le cas de feuilles très réduites. Leur densité variera entre 20 et 400 stomates par
mm².
Les stomates sont constitués de
deux cellules stomatiques de forme
très spécifique. Sur celles-ci, nous
retrouverons un épaississement de
la paroi inégal, épaisse vers
l’intérieur, et assez fine sur le bord
externe. Nous trouverons d’autre
part des fibres tangentielles à la
structure, rigidifiant ce système.
D’autres
fibres
longitudinales
assureront une amélioration de la résistance de celui-ci.
Il existe une alternance dans le temps entre un stomate turgescent et plasmolysé. En turgescence,
l’augmentation de la pression hydrostatique induira, d’après sa structure, une cambrure de la cellule
stomatique et incidemment une ouverture plus large de celui-ci. En plasmolyse, la cellule aura au contraire
tendance à s’allonger et ainsi refermer l’espace stomatique.
Jusque dans les années 70, le fonctionnement
des stomates était inconnu. Nous observons
que ceux-ci sont ouverts à l’obscurité et
fermés à la lumière. Entre ces deux phases,
deux grandes variations se mettent en place.
Nous suivrons ici les flux de potassium et le
pH intracellulaire.
A la lumière, lorsqu’un stomate est ouvert, les
cellules
de
garde
possèdent
une
concentration en potassium assez forte,
décroissant rapidement en périphérie, ainsi
qu’un pH de 5,6 dans les cellules de garde
décroissant également en périphérie. Ainsi,
LSV – Semestre 4 – Physiologie Nutrition Végétale – L’eau et la nutrition minérale – 16
nous avons une certaine concentration en protons aux alentours des celui-ci.
Inversement, à l’obscurité, la concentration en potassium est totalement inversée : de valeur haute pour les
cellules de la périphérie, elle chute lorsque l’on se rapproche des cellules de garde. Le pH subit le même
phénomène.
C’est la forte augmentation de concentration
en ions potassium, accumulés dans les vacuoles
des cellules de garde, qui attirera et permettra
une absorption importante des molécules
d’eau du fait du gradient mis en place,
induisant la turgescence de la cellule,
incidemment l’ouverture mécanique du
stomate. A l’inverse, chez un stomate en
fermeture, il y a répartition du potassium dans les cellules annexes, et chute de sa concentration au sein des
cellules de garde. Cette alternance sera étroitement contrôlée par les flux de potassium.
Afin de connaître quels sont les paramètres limitant l’ouverture ou la fermeture de ces stomates, nous
travaillerons à l’activation ou l’inhibition des différents processus en jeu. Pour cela, nous pouvons utiliser des
composés pharmacologiques afin d’étudier le rôle des protons. En utilisant de la fusicoccine, un activateur des
pompes à protons, nous observerons une ouverture des structures stomatiques. Quant au vanadate, inhibiteur,
une fermeture ou une inhibition de l’ouverture aura lieu.
MECANISME D’OUVERTURE
Au sein de ce système, nous observons que l’activation d’une pompe à
protons ATP-dépendante des cellules de garde aura pour rôle
d’excréter les protons en périphérie de ces cellules. Un potentiel
électrochimique est créé, qui sera compensé par l’entrée d’ions
+
potassium, l’entrée d’ions chlorure par antiport Cl /H ainsi que par
symport Cl /OH . Simultanément, les sucres accumulés subiront une
dépolymérisation en malate et seront transportés dans la vacuole sous
forme malate chargé. Les ions potassium et chlorure seront également
transportés activement à l’intérieur de la vacuole, induisant une forte
augmentation du potentiel de soluté des cellules de garde. Ainsi, les
molécules d’eau sont attirées, pénètrent la cellule et induisent
augmentation de pression hydrostatique, et turgescence.
MECANISME DE FERMETURE
La fermeture des stomates est liée à une phytohormone, l’acide
abcissique ABA, produit au sein des structures racinaires dès un début
de carence en eau. Celui-ci sera transporté jusque dans les feuilles où il
interagira avec des récepteurs n’ayant pas encore été caractérisés. Dans
le cas des stomates, l’action de cette phythormone est directe, induisant
une cascade d’évènements dont l’ouverture de canaux calcium. Les ions
sont ainsi libérés de certaines structures cellulaires, bloquant dans un
premier temps la pompe à protons et entraînant la fermeture des
canaux d’influx du potassium. Dans un second temps, ce calcium
permettra l’activation des canaux de sortie du potassium en expulsant
LSV – Semestre 4 – Physiologie Nutrition Végétale – L’eau et la nutrition minérale – 17
les différents anions accumulés par
canaux spécifiques. Ceci conduira à une
chute importante de la pression
osmotique, puis plasmolyse. Dans ce
mécanisme, certaines formes actives
de l’eau seront produites. Elles auront
des rôles sur les canaux potassium.
CONTROLE DES MOUVEMENTS
LUMIERE
•
•
•
+
La lumière bleue stimule des récepteurs de la membrane activant des pompes K , qui entre dans la
cellule.
+
La lumière active la photosynthèse, qui permet la production d’ATP nécessaire aux pompes K
La lumière active la photosynthèse, qui induit une baisse de concentration en CO2, activant l’ouverture
stomatique (on ne sait pas pourquoi).
En cas de forte concentration en CO2, même en présence de lumière, l’ouverture stomatique sera inhibée. Il
existe donc un lien entre activité photosynthétique et mécanisme d’ouverture stomatique, régi par un
mécanisme encore mal connu de perception de la concentration en CO2.
AGRESSIONS EXTERIEURES
•
•
•
En cas de baisse de la concentration en eau, les racines permettront la synthèse d’ABA. Lorsque l’eau
devient limitante, même dans de bonnes conditions d’exposition, ce processus régule la fermeture des
stomates.
En cas de baisse de concentration en eau, la turgescence
diminue, induisant mécaniquement la fermeture des
ostioles.
En fonction des conditions de température du milieu
extérieur, à faible température, nous n’aurons qu’une
très faible ouverture des stomates foliaires, tandis ce
que vers une température optimale de 25 à 30°C, nous
observerons une ouverture proche de 95%.
HORLOGE INTERNE
Les cycles ouverture/fermeture, contrôlés par des systèmes d’horloges internes, sont d’une durée de 24h (on
parle de rythme circadien), et sont maintenus même sans alternance lumière/obscurité.
VARIATIONS DE LA TRANSPIRATION
EFFET DES FACTEURS STRUCTURAUX
Les systèmes d’évapotranspiration de la plante sont sujets à de grandes variations, qui auront lieu en fonction
de la perte des feuilles annuelle chez les plantes caduques, ou bien chez des plantes adaptées aux climats semiarides, par exemple. On perd ainsi une certaine capacité de transport de l’eau.
LSV – Semestre 4 – Physiologie Nutrition Végétale – L’eau et la nutrition minérale – 18
Différentes structures vont ainsi être mises en place : la forme des tissus de la feuille variera en fonction des
conditions atmosphériques, en atmosphère sèche le tissu palissadique sera beaucoup plus compact et la
cuticule sera beaucoup plus épaisse, et nous pourrons observer une variation du nombre de stomates.
EFFET DES FACTEURS EXTERNES
L’humidité du sol, tout comme celle de l’air, permettra de réguler l’ouverture des stomates par l’ABA. Ainsi,
plus l’air est sec, plus la transpiration sera forte, et ce jusqu'à ce que la plante ne puisse pomper d’eau. En cas
d’humidité importante, il n’y aura que peu de transferts d’eau vers l’atmosphère, et les phénomènes de
transpiration auront lieu via des phénomènes comme la guttation.
L’agitation de l’air aura également un rôle important. En effet, s’il n’y a que peu de vent, une couche
d’humidité ayant pour origine l’évapotranspiration se mettra en place en périphérie de la feuille et limitera les
échanges en eau autour de celle-ci. Le vent déstabilisera cette couche d’air humide.
Les plantes CAM auront un comportement de photosynthèse différent. La nuit, ces plantes fixent le CO2
atmosphérique afin de produire des acides
organiques qu’elles utiliseront le jour lors de la
photosynthèse. Chez ces plantes adaptées à un
environnement où l’eau est peu accessible,
l’ouverture stomatique se fait la nuit. Contrairement
à ce que l’on peut observer chez les plantes
classiques, les plantes CAM fonctionnent selon des
processus totalement inversés, elles n’obtiendront
incidemment pas la même taille que d’autres plantes.
Des variations auront également lieu en fonction des
conditions de l’année. Ainsi, un arrosage sur des
plantes en pleine chaleur les induit en erreur. En cas
de gel prononcé sur des plantes à feuilles, l’eau ne
peut pas être pompée. Les stomates peuvent
cependant s’ouvrir, et l’évapotranspiration conduit
au même mécanisme de déperdition d’eau.
La transpiration peut être limitée avec l’aide de
certains inhibiteurs comme le phénylacétate de
mercure permettant de bloquer le transfert d’eau, ou
bien certains polymères à rependre sur les feuilles.
Vis-à-vis de leur rendement, des plantes transpirant
moins mais survivant aux conditions ne sont pas
rentables, le mécanisme de transpiration étant totalement lié à celui de photosynthèse.
LSV – Semestre 4 – Physiologie Nutrition Végétale – L’eau et la nutrition minérale – 19
LA NUTRITION MINERALE
INTRODUCTION
La croissance d’une plante sur un sol à lieu en fonction de l’eau utilisée au sein des processus
d’évapotranspiration et de photosynthèse. D’autres éléments sont cependant nécessaires à sa croissance. Mais
demandons son avis à l’un de nos amis Grecs.
« Les plantes se forment à partir des éléments du sol. Tout vient du sol. Quand
pousse une plante, c’est la terre, en quelque sorte, qui se transforme en plante. »
Aristote, 382-325 av. JC
Il se trouve que celui-ci a partiellement raison.
EXPERIENCES DE VAN HELMONT
Les expériences de Van Helmont, en 1577, ont
permis de comprendre certains rôles du sol à travers
la pesée des masses de sol en fonction du
développement de végétaux. La différence de masse
étant minime, avec une variation de 0,06kg de sol
utilisé pour construire la plante, il apparaît donc
qu’une grande partie des constituants de la plante
proviendront donc d’autres éléments que le sol.
La conclusion de Van Helmont est que l’arbre s’est
formé surtout à partir de l’eau d’arrosage, le reste
venant du sol. En effet, il paraissait difficilement concevable que l’air, une substance de masse quasi nulle en
apparence, puisse contribuer de quelque façon que ce soit à la masse végétale. Cette conclusion n’est pas
totalement fausse, dans la mesure où une petite partie de la biomasse provient de l’eau, celle-ci fournissant les
atomes d’hydrogène de la matière organique végétale. Ainsi, les 12 hydrogènes de chacune des molécules de
glucose proviennent de molécules d’eau.
HYPOTHESE DE HALES
Un siècle plus tard suite aux progrès de la chimie organique, il est démontré que la matière organique est basée
sur des squelettes carbonés. Puisque l’eau ne comprend pas de tels atomes, la biomasse végétale ne peut pas
provenir exclusivement de cette dernière. Hales suppose alors qu’une partie importante de la biomasse
considérée provient du gaz carbonique.
NUTRITION MINERALE VEGETALE
Nous savons donc que le sol contribue pour une petite partie et l’eau et le CO2 pour une grande partie à
l’édification et la constitution de la masse du végétal en fin de croissance. Cette nutrition va être étudie par
différents chercheurs :
•
Woodward : une culture sur sable ne peut se maintenir en vie si elle est seulement arrosée avec de
l’eau distillée.
LSV – Semestre 4 – Physiologie Nutrition Végétale – L’eau et la nutrition minérale – 20
•
•
•
•
De Saussure : tous les minéraux ne sont pas absorbés de faon identique par les plantes, certains sont
plus importants.
Sprengel : les plantes ont besoin d’une balance particulière de minéraux et l’absence même d’un seul
d’entre eux va gêner leur croissance. Début de l’agriculture en tant que science.
Boussingault : poursuit les travaux de Sprengel. Le sol a besoin de se renouveler en substances
minérales.
Von Sachs : culture sans sol, appelée maintenant culture en hydroponie, identifie N, P, K, Mg, Ca, S et
Fe comme importants.
Les plantes sont des organismes autotrophes, capables de produire de la matière organique à partir de la
réduction de matière inorganique. Afin de comprendre les besoins des plantes, nous observerons les travaux
réalisés par Von Sachs afin d’appréhender la nutrition minérale chez les végétaux.
LES BESOINS EN ELEMENTS MINERAUX
Pour comprendre les besoins et la nécessité en minéraux des plantes, les travaux menés au XIX par Von Sachs
ont permis de définir quelles étaient les quantités de chaque élément essentiel à la croissance. Pour cela, Von
Sachs a joué sur la formulation et le dosage de différentes solutions minérales sur des substrats synthétiques. A
l’issue de l’interaction avec les plantes, il est possible de déterminer la quantité d’éléments minéraux restants.
Les éléments essentiels identifiés sont donc l’azote, le phosphore, le potassium, le magnésium, le calcium, le
soufre et le fer.
Dans le cadre d’une culture hydroponique, nous nous rendons compte que plusieurs éléments altèreront plus
ou moins le comportement de la plante. Nous devons ainsi nous assurer de la bonne oxygénation de la plante,
notamment des racines afin d’éviter l’anoxie induisant la mort des tissus racinaires par privation d’oxygène, et
considérer le fait que chacun des substrats utilisés possède des inconvénients :
•
•
•
Laine de verre : libération de sodium
Laines de plastiques : libération de chlore en quantité importante
Laines de verre Pyrex : libération de bore en quantité importante
Quel que soit le substrat utilisé, des ions se libéreront de la matrice. Nous devrons donc nous assurer que ceuxci n’altèrent en rien les capacités de la plante. Grâce à ces expériences, ont pu être définis les éléments
minéraux nécessaires à la croissance de la plante.
ELEMENTS NUTRITIFS ESSENTIELS ET BENEFIQUES A LA CROISSANCE
Toute une gamme d’éléments minéraux nutritifs et bénéfiques à la croissance pourra être définie. Une plante
est constituée à 90% d’eau, et incidemment de 10% de résidus secs. Parmi ceux-ci, on trouve :
•
•
90% d’éléments organiques (C, H, O)
10% d’éléments minéraux, que l’on peut séparer en deux catégories :
o Eléments minéraux en grande quantité
o Eléments minéraux en quantité plus faible
On définit ainsi des éléments majeurs ou macroéléments, ainsi que des éléments mineurs ou microéléments.
Nous étudierons le rôle respectif de chacun ainsi que la quantité à apporter pour obtenir une croissance
optimale. La répartition de ces éléments est donnée dans le tableau ci-dessous.
LSV – Semestre 4 – Physiologie Nutrition Végétale – L’eau et la nutrition minérale – 21
VARIATIONS DE LA COMPOSITION
EN FONCTION DE L’ESPECE
Des adaptations de la composition existent
en fonction de différents phylums
végétaux.
Chez les plantes crucifères comme le chou,
la moutarde ou les liliacées comme l’ail,
nous rencontrerons un besoin important
en soufre, puisque présent sous forme
complexée à des sucres à hauteur de 1%
de la masse sèche.
Chez des plantes comme les graminées, la
silice constituera une part importante de la
structure aérienne, à hauteur de 4 à 5% du
poids sec. Celle-ci imprégnera les parois
cellulaires permettant d’augmenter leur
accroche herbacée.
Chez des plantes halophytes, nous retrouverons une concentration importante de sodium dans la vacuole.
Chez la pomme de terre ou les feuilles d’épinard, nous retrouverons du potassium en très grande quantité. La
bruyère, quant à elle, poussera sur des sols ne contenant que de très faibles quantités de calcium, celui-ci étant
toxique pour la plante.
EN FONCTION DE L’AGE
Au sein de graines en train de germer, les concentrations en minéraux seront importantes, notamment pour le
phosphore et le soufre, que nous trouverons en très grande quantité. Les jeunes organes en développement
seront caractérisés par une teneur très élevée en N, P, K. Enfin, quand l’organe vieillit, les concentrations de ces
trois éléments diminueront progressivement. Notons que la perte de potassium sera compensée par un gain de
calcium entraînant l’organe vers un état de sénescence.
LES MACROELEMENTS
Nous retrouvons parmi les macroéléments des éléments des deux grandes classes d’ions. Certains cations de
type métaux comme le potassium, sodium, calcium et magnésium joueront des rôles importants au sein de la
cellule. Ils seront absorbés sous forme libre, et quelquefois sous forme complexée. Nous trouverons également
2des anions tel chlorure, seul absorbé sous forme libre, mais aussi soufre sous forme SO4 , phosphore sous
forme HPO4 , silicium sous forme SiO3 . La plupart de ces minéraux seront métabolisés et incorporés au sein de
molécules organiques, à l’exception notable du chlore. Les nitrates NO3 seront quant à eux absorbés afin de
constituer les bases de l’édification de molécules organiques.
L’AZOTE
L’azote, présent à hauteur d’entre 1 et 5% au sein de la plante, peut être apporté sous forme anionique ou
+
cationique respectivement en nitrate (NO3 ) ou ammonium (NH4 ). Ce constituant des acides aminés, protéines
et molécules de chlorophylle servira à la production des protéines photosynthétiques. Utilisé en permanence
LSV – Semestre 4 – Physiologie Nutrition Végétale – L’eau et la nutrition minérale – 22
dans la plante, c’est un élément très mobile se déplaçant des parties aériennes aux parties racinaires, des
parties jeunes aux parties à concentration, etc.
Notons qu’un kilogramme de sol contient :
•
•
•
•
3000 milliards de bactéries
400 millions de mycètes
50 millions d’algues
30 millions de protozoaires, nématodes, autres vers et insectes.
Notons l’existence chez certaines plantes d’associations entre racines et
bactéries. Les légumineuses, phylum le plus évolué chez les
eudicotylédones, ont la particularité de voir leur racines infectées par des
bactéries du genre Sinorhizobium au niveau d’organes particuliers
sphériques à croissance contrôlée : les nodosités. Ces bactéries
permettent la fixation de l’azote de l’air en catalysant la réaction suivante :
>? 8A B 6 $"é% 6 2>AD A?
Et le rendent ainsi assimilable dans la plante sous forme ammoniacale. De
cette façon, la croissance de la plante est permise, malgré que l’azote soit
généralement limitant. Il existe donc un système d’interactions entre la
plante fournissant des composés carbonés ainsi qu’un abri, et les bactéries
qui fixeront en contrepartie l’azote atmosphérique et fourniront la plante
en engrais azotés. Celui-ci constitue un cas de mutualisme ou de symbiose.
Notons que ces bactéries sont les seuls organismes capables de la fixation
de l’azote atmosphérique.
Les légumineuses ont un avantage écologique : elles produisent beaucoup
plus d’engrais que nécessaire, et favorisent ainsi la croissance des
organismes à proximité de la racine, d’où l’importance agronomique de
rotations entre légumineuses et cultures à hauts rendements. Leur culture
enrichit donc le sol en engrais azotés, et d’autant plus si l’on enfouit une
partie de la récolte dans le sol.
Une culture de luzerne peut ainsi apporter au sol plus de 300kg d’azote par hectare, ce qui est 45 fois supérieur
à la production bactérienne sans association symbiotique.
PHOSPHORE
Le phosphore, présent à hauteur de 0,1 à 0,5%, jouera aura un rôle important lors de l’utilisation des
ressources minérales du sol ainsi que lors du développement de la plante. Celui-ci, principalement absorbé
–
2sous forme H2PO4 ou HPO4 , entrera dans la composition d’intermédiaires énergétiques tels que les
nucléotides mono, di ou triphosphate, mais aussi au sein des acides nucléiques et au cours des
phosphorylations de protéines et de lipides. Egalement utilisé à des fins de régulation des activités
enzymatiques, le phosphore sera incidemment un élément très mobile au sein de la plante où il pourra être
rapidement mobilisé.
LSV – Semestre 4 – Physiologie Nutrition Végétale – L’eau et la nutrition minérale – 23
La capacité d’assimilation du phosphore par la plante dépendra du
pH du sol : seules des valeurs incluses entre 5,5 et 7 nous
permettront d’obtenir un phosphore organique mobilisable.
Incidemment, nous retrouverons au sein de sols très acides ou très
basiques des formes inorganiques du phosphore, difficilement
assimilables par le végétal.
Jusqu’à 80% du phosphate étant ainsi indisponible, il est donc nécessaire d’amender le sol afin de le placer des
conditions d’acido-basicité optimum pour l’absorption de celui-ci. Notons que le phosphate est très peu
mobile, son déplacement étant de l’ordre de 1am/sec, et que sa disponibilité dans le sol est inférieure à 10µM.
Enfin, précisons que le phosphate organique est lentement minéralisé.
Chez certains végétaux, il est possible d’observer la formation d’un mycorhize, qui est une symbiose mutualiste
entre un champignon et une plante. Celle-ci permet l’augmentation de l’absorption de l’eau et des minéraux,
plus particulièrement du phosphore, du cuivre et du zinc, de par l’augmentation des surfaces d’échange et les
propriétés d’absorption propres aux champignons. Cette association contribue également à l’augmentation de
la qualité du sol par modification de sa texture.
A l’âge adulte, nous retrouvons 90% de plantes mycorhizées : 83% d’Eudicotylédones, 79% de Monocotylées, et
100% des Gymnospermes.
POTASSIUM
+
Présent à hauteur de 0,5 à 6%, et absorbé directement sous forme ionique K , le potassium joue un rôle
essentiel au sein des mécanismes de transfert de l’eau et lors des processus de régulation du potentiel
osmotique. Il servira également à la balance cationique pour le transport d’anions, en plus d’être un cofacteur
de nombreuses enzymes. Il intervient notamment plus ou moins directement lors des processus de synthèse
des protéines, de l’ATP, et lors des mécanismes photosynthétiques. Le potassium est très mobile au sein de la
plante. En cas de carence, nous observons une dégradation importante de la plante ainsi que la mise en place
d’une chlorose importante.
CALCIUM
2+
Présent à hauteur de 0,2 à 1%, le calcium est absorbé sous forme ionique Ca . Nous connaissons déjà son rôle
important au sein des cellules animales et végétales : c’est un composant des membranes cellulaires et des
parois, il est important lors de l’élongation et divisions cellulaires, et c’est un cation de balance pour le
transport d’anions. Il est en revanche très peu mobile dans le plante, sera stocké et relargué en cas de besoin.
MAGNESIUM
2+
Présent en de plus faibles quantités (de 0,1 à 0,4%), le magnésium sera absorbé sous forme ionique Mg . C’est
un composant essentiel de la chlorophylle, ainsi qu’un cofacteur d’activation de nombreuses enzymes. Il entre
dans la composition des ribosomes, et est très mobile dans la plante.
SOUFRE
Le soufre constitue l’un des derniers macroéléments de la plante. Présent à hauteur de 0,1 à 0,5%, il peut se
2retrouver dans des concentrations variables dépendant de l’espèce considérée. Il et absorbé sous forme SO4 .
C’est un composant de certains acides aminés, un précurseur à la biosynthèse de vitamines, hormones et autre
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métabolites de la plante, et enfin un composant de glycosides donnant leur odeur à l’oignon, la moutarde, etc.
Il est quasiment immobile dans la plante, car assimilé de manière protéique et stocké.
MICROELEMENTS
Les microéléments doivent être présents en faible quantité dans le sol afin de permettre un développement
normal des végétaux.
CHLORE
MOLYBDENE
Présent à hauteur de 0,2 à 2% et absorbé sous
forme ionique Cl , le chlore n’est impliqué dans
aucune molécule, mais est utilisé lors du maintien
des équilibres hydriques et chimiques (contrion de
+
K ), et permettra de ce fait de résister à différentes
maladies de par le fonctionnement correct de
ceux-ci. Il joue également un rôle lors de la
photosynthèse, et est très mobile au sein de la
plante.
Se retrouvant dans une concentration inférieure à
1ppm, le molybdène est absorbé sous forme
2MoO4 . Il joue un rôle important lors de la
nutrition azotée en entrant dans la composition de
complexes essentiels, où il servira lors de la
symbiose à la réduction des composés nitriques
+
NO3 en composés ammoniacaux NH4 , ainsi qu’à
l’absorption et au transport du fer. Fortement lié, il
n’est donc pas mobile.
FER
2+
3+
Absorbé sous forme Fe et Fe jusqu’à des concentrations allant de 10 à 1000ppm, le fer permet, entre autres,
un contrôle de l’état redox. Il joue un rôle lors de la photosynthèse, ainsi que lors de la synthèse protéique et
se retrouve au sein de la molécule de chlorophylle. Ayant une action délétère, il doit être complexé à des
protéines et est donc non mobile.
Dans le sol, le fer ne sera disponible à l’assimilation qu’en fonction du pH : plus celui-ci est bas, plus la forme
2+
3+
Fe , soluble et ainsi assimilable au contraire de la forme Fe , sera représentée. Cependant, des baisses
importantes de pH ne sont pas compatibles avec les plantes. Il existe donc deux grandes stratégies
d’absorption du fer :
Les Eudicotylédones acidifieront la rhizosphère, incidemment les grains d’hydroxyde de fer III présents dans le
3+
sol, à l’aide d’un système ATPase à protons. Plus le pH sera abaissé, plus les échanges de Fe seront possibles.
Le fer III ainsi libéré sera chélaté par des éléments
phénoliques et transporté à la racine où il sera
réduit en Fer II. La plante doit donc mettre en
place des processus de transport actifs. Une fois
internalisé, le Fer II doit être complexé à des
protéines afin de ne pas se retrouver sous forme
libre. Cette stratégie permettant la conversion
d’un fer non assimilable sera utilisée pour d’autres
métaux comme le zinc, le cuivre et le manganèse.
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Les Monocotylées utiliseront quant à elles une
autre
stratégie
en
produisant
des
phytosidérophores, molécules chélatrices du Fer III
permettant son assimilation. Un mécanisme
identique est utilisé pour le zinc et le cuivre. Au
sein de milieux de culture, nous utiliserons pour
cela l’EDTA. La plante, mais également d’autres
organismes en compétition, produiront ces
sidérophores qui seront excrétés dans la rhizosphère. Une fois le Fer III chélaté, les sidérophores seront
3+
2+
transportés et digérés avant que le Fe soit réduit en Fe . Cependant, la présence d’une bactérie au sein de la
rhizosphère peut être responsable de la production de sidérophores plus affins que les phytosidérophores, ou
même du transport des phytosidérophores au profit de cette bactérie. Précisons enfin que les champignons
symbiotiques utiliseront également cette stratégie.
CUIVRE ET ZINC
BORE
D’autres métaux, tels le cuivre et le zinc
représentés
respectivement
dans
des
concentrations de 5 à 20ppm et de 25 à 150ppm,
peuvent avoir des effets néfastes si libres au sein
de la cellule : ils sont donc fixés par des protéines.
Malgré leur faible quantité, ils sont utiles au
fonctionnement cellulaire du végétal.
Retrouvé à des concentrations différentes chez les
Monocotylées et Eudicotylédones –respectivement
de 6 à 18ppm et de 20 à 60ppm-, le bore est
assimilé sous forme d’acide borique H3BO3. Il est
impliqué lors du transport des sucres
membranaires, au sein du métabolisme carboné,
et est important lors du développement cellulaire,
de l’élongation, et de la symbiose. Il est non
mobile.
2+
Le cuivre, absorbé sous forme ionique Cu ,
intervient lors de réactions redox, de l’activation
enzymatique, et de la formation de la paroi. Le
2+
zinc, absorbé lui aussi sous forme ionique Zn ,
joue un rôle lors de la synthèse et l’activation
enzymatique, et lors de la production d’auxine.
MANGANESE
Présent à une concentration allant de 20 à 500ppm
2+
et assimilé sous forme ionique Mn , le manganèse
intervient lors de réactions redox et lors du
processus photosynthétique à travers la
production d’oxygène.Il peut substituer l’ion
magnésium lors de l’activation enzymatique de
certaines fonctions. Comme tous les métaux, il est
non mobile.
COBALT, VANADIUM ET SODIUM
Ils ne sont pas essentiels chez tous les végétaux. Le
cobalt permet la fixation d’azote chez les
légumineuses, le vanadium est essentiel chez les
algues vertes et favorise la croissance du riz, de
l’orge et du maïs, et le sodium peut substituer le
potassium dans la balance ionique et favorise la
croissance de nombreux légumes verts comme les
épinards, la salade, etc.
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INTRODUCTION AU DIAGNOSTIC VISUEL DES CARENCES EN MINERAUX
ALIMENTATION DES VEGETAUX
LE SOL : UN RESERVOIR
Le sol, en plus de son rôle évident de
support physique au développement du
végétal, est un réservoir fournissant un
accès à l’eau, aux éléments minéraux du sol,
et à l’oxygène.
Celui-ci est constitué de différentes
couches. En surface se trouve une
composante riche en humus, comprenant
de 10 à 15% de matière organique, où la
flore se dégrade. Nous y trouverons
incidemment un grand nombre d’éléments
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utilisables par la plante. Cette composante étant très sensible à l’hydratation, la plante préfèrera puiser son
eau au sein de la couche inférieure. Celle-ci, plus pauvre en matière organique, comprendra néanmoins une
grande quantité de substances minérales ainsi qu’un humus lessivé. La composante inférieure est enfin
représentée par la roche mère, où la plante fera descendre ses systèmes d’assimilation des métaux.
Nous trouvons dans le sol un grand nombre d’êtres vivants : la teneur d’un sol fertile en organismes peut aller
jusqu’à 0,1%.
L’utilisation d’un composé du sol induisant sa perte nette, il est nécessaire de voir de quelle façon celle-ci sera
compensée. Le même raisonnement peut s’appliquer aux changements d’acidité liés au développement du
végétal à travers l’acidification active de la rhizosphère.
Les argiles et les humus joueront un rôle important lors de la fixation des cations, les rendant ainsi peu mobiles.
+
Ainsi, l’apport d’une source azotée ammoniacale NH4 au lieu d’une source nitrate NO3 induira une absorption
différente de par colloïdes présents : l’ammoniac sera fortement fixé, alors que les nitrates seront facilement
lessivés. C’est pourquoi il est nécessaire d’observer la structure du sol et considérer l’absorption en nutriments
de la plante en fonction de sa croissance.
LES DOSES UTILES
Il existe, pour chaque type de culture, une dose optimale
d’éléments à apporter. Le tracé de la croissance du végétal en
fonction de la concentration en un élément adopte une
trajectoire parabolique : en augmentant progressivement
l’apport, nous passerons par état de déficience, de
concentration optimale, puis de toxicité.
En observant une association d’éléments favorisant la
croissance de la plante, il est possible de rencontrer des
facteurs dits limitants, inhibant la croissance du végétal
lorsque leur concentration est incluse entre certaines valeurs.
Les ions, quant à eux, peuvent interagir de façon bénéfique, ou
non. On parlera alors respectivement de synergie, ou
d’antagonisme. Afin d’illustrer ce phénomène, nous
observerons la croissance d’un végétal pour
différentes concentrations en ion magnésium en
fonction de la concentration en ion calcium. Il est
ainsi possible d’observer un cas de synergie pour
une concentration en magnésium de 1,5mM. En
fonction de l’augmentation de la concentration des
ions, on peut provoquer un effet antagoniste.
SOLUTIONS NUTRITIVES ET ENGRAIS
La pratique de l’agriculture nécessite la compréhension des cycles biologiques : la matière organique,
notamment végétale, sera utilisée par les organismes animaux, puis par les détritivores et décomposeurs afin
de reformer de la matière inorganique, capable de boucler le cycle à travers sa réassimilation. La fertilité du sol
dépend de ce recyclage.
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L’agriculture induit une rupture de ce cycle, les ions minéraux étant récupérés à travers l’alimentation humaine
sans restauration du sol de culture. Celui-ci s’appauvrissant donc cycle après cycle, les plantes sans apport
arrêtent rapidement leur développement. Afin de combler ce déficit, on utilise des intrants.
Notons qu’avec le système agricole actuel et afin de produire une tonne de blé, un sol perdra 18kg d’azote,
3,6kg de phosphate ainsi que 4,1kg de potassium. L’ajout de fumures organiques ou d’engrais chimique est
donc nécessaire.
Les solutions nutritives sont adaptées au type de plante
cultivée, au type de tissu ou d’organe. Il existe deux types
d’engrais : les fumures de redressement, et les fumures
d’entretien. La constitution des engrais est généralement
donnée selon l’ordre N-P-K exprimé en unités fertilisantes
UF. Prenons l’exemple du potassium, dont nous aurons 1kg
+
sous la forme K2O. Celui-ci comprend 78/94=0,83kg de K
directement assimilable, correspondant à 1UF. 16UF
+
correspondent donc à 16*0,83=13kg de K .
ADAPTATION
Les espèces végétales seront adaptées à
certaines conditions physico-chimiques
relatives au sol :
• pH
• Teneur en calcaire : les plantes
utilisant le calcium sont dites calcicoles,
on les retrouve sur des terrains assez
chauds et secs, alors que d’autres
plantes, généralement
acidophiles,
fuient ce dernier.
• Teneur en chlorure de sodium :
se référer au début du cours
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