Les Branches Cutanées Dorsales des Racines Spinales entre TH3

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MAITRISE EN SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
M.S.B.M
MEMOIRE POUR LE CERTIFICAT D’ANATOMIE, D’IMAGERIE ET DE MORPHOGENESE
2000-2001
UNIVERSITE DE NANTES
Les Branches Cutanées Dorsales des Racines Spinales
entre TH3 etTH12
Par
Roux Mathieu
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE
MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Vice-Président :
Pr. J. LEBORGNE
Pr. J.M. ROGEZ
Enseignants :
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Pr. O. ARMSTRONG
Pr. C. BEAUVILLAIN
Dr. F. CAILLON
Pr. P. COSTIOU
Pr. D. CROCHET
Pr. A. DE KERSAINT-GILLY
Pr. B. DUPAS
Pr. D. DUVEAU
Pr. Y. HELOURY
Pr. P.A. LEHUR
Pr. J.P. MOISAN
Pr. N. PASSUTI
Pr. R. ROBERT
Pr. O. RODAT
1
1 Introduction
2
Introduction
La présente étude anatomique des branches cutanées dorsales des racines
dorsales spinales de TH3 à TH12 a pour but de répondre à une question : ces
branches rejoignent-elles toutes le plan cutané superficiel ?
Les interrogations et les incertitudes sont nombreuses concernant les
étages supérieurs (branches au-dessus de TH3) et inférieurs (branches sous
TH12) et font actuellement l'objet d'études approfondies. Aussi nous a-t-il paru
intéressant dans ce contexte de confirmer ou d'infirmer l'idée selon laquelle les
branches dorsales de TH3 à TH12 ont toutes une terminaison cutanée.
3
2 Rappels anatomiques
4
2
Rappels anatomiques (cf réf 1, 3, 4, 5, 6)
2.1 Les muscles du dos
Légendes :
1 muscle sterno-cléïdo–mastoïdien
2 muscle trapèze
3 muscle deltoïde
4 muscle infra-épineux
5 muscle petit rond
6 muscle grand rond
7 muscle grand rhomboïde
8 muscle grand dorsal
9 muscle oblique externe
10 fascia thoraco-lombaire
(vue postérieure d'après Kamina)
1 le plan superficiel
5
Muscles dentelés postérieurs :
(vue postérieure d'après Kamina)
1 muscle dentelé postérieur supérieur
2 aponévrose intermédiaire des muscles
dentelés postérieurs
3 muscle dentelé postérieur inférieur
4 2ème côte
5 5ème côte
6 9ème côte
7 12ème côte
2 le plan intermédiaire
6
Muscles splénius
(vue postérieure d'après Kamina)
1 muscle épineux
2 muscle ilio-costal (rouge)
3 muscle ilio-costal des lombes
4 muscle épineux du cou
5 muscle épineux de la tête
6 muscle ilio-costal du cou
7 muscle épineux du thorax
8 muscle ilio-costal du thorax
9 muscle ilio-costal des lombes
3 le plan profond
7
Muscle longissimus
Muscles érecteurs du rachis
(vue postérieure d'après Kamina)
(vue postérieure d'après Kamina)
1 muscle longissimus de la tête
2 muscle longissimus du cou
1 muscle épineux
4-5-7-du cou, de la tête,
du thorax
2 muscle ilio-costal 3-6-8-9-des lombes, du
cou, du thorax, des lombes
3 muscle longissimus du thorax
3 le plan profond
8
Les muscles intertransversaires épineux :
1-le muscle semi-épineux
Muscles semi-épineux du cou (1)
et du thorax (2)
Muscles semi-épineux de
la tête
Légendes : 1 ligament nucal
2 portion médiale
3 portion latérale
4 ligne nucale supérieure
5 ligne nucale inférieure
2-les muscles multifides
3-les muscles rotateurs du rachis
Les muscles inter-épineux
Les muscles intertransversaires
3 le plan profond
9
Rappel : les nerfs rachidiens sont au nombre de 31 paires : 8 cervicaux, 12
thoraciques, 5 lombaires, 5 sacrées, 5 coccygiennes. Jusqu'au septième nerf
cervical, les nerfs portent le nom et le numéro de la vertèbre située au-dessous
de leur émergence. A partir du premier nerf dorsal, ils portent ceux de la
vertèbre située au-dessous.
Le nerf rachidien, ses racines et ses branches de division
Les branches postérieures dorsales. Le foramen intervertébral
2.2 Configuration de la moelle épinière
10
Les dermatomes de la face postérieure du corps
Le chevauchement des territoires radiculaires
2.3 L'innervation sensitive
11
3 Dissections
12
3
Dissections
3.1 Matériel et méthodes (cf réf 2)
3.11 Matériel
2 dissections ont été réalisées.
Pour la première dissection : un sujet masculin adulte formolé a été
utilisé.
Pour la deuxième dissection : un sujet féminin adulte formolé a été
utilisé.
Le matériel de dissection utilisé a été :
•
•
•
•
•
•
des ciseaux droits
des ciseaux courbes
un bistouri n°4 avec des lames de 23
des pinces à disséquer de différentes tailles (de 160 à 250 mm)
des curettes de différentes tailles
une pince Linston
3.12 Méthodes
Pour les deux dissections, un abord postérieur de la région dorsale a
été préféré. Une incision a été pratiquée au niveau de la ligne médiane (ligne des
épineuses) et deux autres incisions perpendiculaires à la première aux étages
cervical et lombaire ont été réalisées.
Un repérage préalable du niveau vertébral auquel nous étions grâce
au processus épineux proéminent de C7 a été effectué. Ce premier repérage a
été confirmé dans les deux cas en fin de dissection par la présence de la
douzième côte.
13
Pour le premier sujet :
La peau est réséquée au bistouri suite à un échec de dissection plus
fine au ciseau du plan cutané qui aurait permis une individualisation des nerfs
rejoignant la peau.
L'idée est alors de retrouver ces nerfs soit au niveau de l'aponévrose
thoraco-lombaire (pour les nerfs les plus hauts situés) soit au niveau du corps
adipeux sous-cutané qui sera éliminé avec toute l'attention nécessaire afin de
retrouver ces nerfs. Les nerfs retrouvés à ce niveau sont considérés comme
rejoignant le plan cutané superficiel.
Il est à noter que la différenciation des branches latérales et
médiales m'a posé quelques problèmes m'amenant à réaliser une dissection plus
large que ce qui était prévu au départ. Cependant cette différenciation était pour
moi plus une motivation supplémentaire qu'une nécessité dans le cadre de ce
mémoire.
Une autre difficulté importante : distinguer les rameaux sensitifs
des rameaux moteurs (et/ou végétatif) au fil de la dissection et reconnaître le
niveau auquel je me situais. (et ce malgré les points de repère évoqué plus haut).
Je me suis efforcé de suivre les branches nerveuses dorsales depuis
leur émergence jusqu'à leur origine rachidienne afin de pouvoir les identifier.
J'ai donc été amené à suivre leur trajet intra-musculaire, chose qui n'a pas
toujours été aisée, les branches nerveuses étant relativement fines (1 mm de
diamètre au maximum). La curiosité m'a de plus poussé à réaliser une
laminectomie afin de constater de visu l'anatomie de la moelle épinière.
L'objectif de cette dissection, outre le problème posé par le sujet en
lui-même, était de réaliser une dissection propre en essayant de retrouver un
maximum de rameaux nerveux superficiels et de les suivre tous simultanément à
travers les différentes couches musculaires, ce qui explique qu'elle a été longue.
J'ai été relativement satisfait par le résultat visuel de cette dissection.
Pour le deuxième sujet :
J'ai préféré pour la deuxième dissection retrouver les racines
nerveuses à leur origine puis les suivre jusqu'à leur terminaison cutanée.
Pour ce faire, l'incision cutanée était la même que pour la première
dissection, cependant elle s'est avérée ne pas être exactement au niveau de la
14
ligne des épineuses et seules les racines de l'hémicorps droit ont pu être
disséquées valablement (seules quatre racines de l'hémicorps gauche ont pu être
disséquées jusqu'à leur terminaison cutanée). Les muscles paravertébraux ont été
ensuite réclinés latéralement par rapport aux épines vertébrales et une
laminectomie a été réalisée.
Les racines nerveuses ont donc été visualisées très rapidement et la
partie la plus difficile de cette dissection pouvait commencer : les rapports
étroits entre les branches nerveuses postérieures et les pédicules vertébraux à la
sortie du foramen intervertébral m'ont imposé la plus grande prudence afin de ne
pas léser les racines nerveuses.
Suivre ces branches nerveuses à travers les différents plans
musculaires a été plus facile que pour la première dissection.
Le but essentiel de cette deuxième dissection était de répondre de
façon formelle à la question de ce mémoire ; aussi la dissection a été
certainement moins soignée que la première et a été également réalisée
beaucoup plus rapidement. Si le résultat visuel est moins satisfaisant que pour la
première dissection, elle a le mérite d'apporter une réponse plus sûre à la
question de ce mémoire.
15
3.2 Dissections et résultats
3.2.1 La première dissection
A) Le plan superficiel
Une incision cutanée au bistouri est réalisée le long du plan de
coupe décrit précédemment. Le fascia superficiel du dos, couche fibro graisseuse
épaisse, est ensuite retiré. Les fascias des muscles trapèze et grand dorsal sont
disséqués de l'extérieur vers l'intérieur et cette dissection permet la mise en
évidence de rameaux nerveux sensitifs se terminant en éventail à ce niveau
notamment pour TH7 et TH8.
Aponévrose du trapèze
rameau nerveux Th8
rameau nerveux cutané latéral
du rameau dorsal du nerf spinal G Th7
m ilio-costal du thorax
Peau réséquée
latéralement
m trapèze
m rhomboïde
m grand dorsal
16
Les fascias sont ensuite tous retirés. Les rameaux visualisés sont : Th5,
Th6, Th7, Th8, Th9 et Th10. (rameaux cutanés médiaux des rameaux dorsaux
des nerfs spinaux Th5 et Th6 uniquement à droite et rameaux latéraux Th7 à
Th10 des deux côtés).
NB : seront utilisées pour toutes les légendes des photos du mémoire les
abréviations suivantes :
- RCL=rameau cutané latéral des rameaux dorsaux des nerfs spinaux
- RCM=rameau cutané médial des rameaux dorsaux des nerfs spinaux
- BDRD=branche dorsale de la racine dorsale
RCM Th5
RCM Th6
RCL Th7
RCL Th8
peau réclinée
latéralement
muscle ilio-costal
muscle
grand dorsal
aponévrose
thoraco-lombaire
RCL Th10
RCL Th9
17
Le trapèze, muscle puissant et volumineux du dos est alors
partiellement retiré et on remarque que les nerfs qui ont traversé le trapèze au
niveau de son tiers interne par rapport à la ligne des épineuses ont une direction
oblique vers le haut et l'intérieur et sont au contact direct de la face inférieure de
ce muscle jusqu'à leur émergence à travers les muscles érecteurs du rachis.
Pendant cette dissection on remarque la présence de filets moteurs des branches
dorsales innervant le trapèze. Ces filets nerveux moteurs appartiennent pour les
branches comprises entre Th3 et Th6 aux rameaux latéraux des branches
dorsales et aux rameaux internes des branches dorsales de Th7 à Th12.Il est bon
de noter que la différence entre les branches sensitives découvertes
précédemment et motrices (ou proprioceptives) n'est pas toujours évidente à
faire
Sont également retirés certains muscles érecteurs du rachis : le
muscle ilio-costal et le muscle longissimus. La visualisation de tous les nerfs est
désormais possible.
BDRD Th2
BDRD Th3
BDRD Th4
BDRD Th5
BDRD Th6
BDRD Th7
BDRD Th8
muscle intercostal
externe
BDRD Th9
BDRD Th10
BDRD Th11
BDRD Th12
18
B Le plan profond
Nous avons vu que certains muscles érecteurs du rachis ont été
supprimés.
Suivre les nerfs à travers les muscles para-vertébraux (m épineux,
semi-épineux, m rotateurs du rachis, m inter-épineux et inter-transversaires)
n'est pas toujours évident. Cependant les nerfs trouvés en début de dissection
sont conservés. La différentiation des rameaux latéraux et internes est d'autant
plus difficile qu'il s'agit pour moi de la première dissection de ce type.
Les muscles para-vertébraux sont finalement retirés. La sortie de la
racine postérieure à travers le foramen intervertébral est ainsi parfaitement
visualisée. La racine antérieure est pour sa part très difficile à observer.
BDRD Th3
BDRD Th4
muscle intercostal
externe
BDRD Th6
BDRD Th5
BDRD Th8
BDRD Th9
BDRD Th10
côte n°10
BDRD Th11
côte n°11
BDRD Th12
Épines d'une vertèbre thoracique
Lame vertébrale
Ligament inter-épineux
19
BDRD Th3
BDRD Th4
BDRD Th5
BDRD Th6
BDRD Th7
BDRD Th8
BDRD Th9
BDRD Th10
BDRD Th11
RCL Th12
Une laminectomie est réalisée afin de voir les racines dorsales constituant
avec les racines ventrales les nerfs rachidiens. Le ganglion rachidien de forme
ovoïde présent sur la racine dorsale est également visualisé. Pour ce faire la duremère a été retirée.
J'ai cependant été étonné par la longueur et la trajectoire de la douzième
branche thoracique ; mon incision cutanée distale pourtant pratiquée dans la
région lombaire ne m'a pas permis de suivre son chemin de façon bilatérale. (le
rameau nerveux du côté gauche a été sectionné) Seul celui du côté droit a échappé
à l'incision cutanée et a pu être disséqué jusqu'à sa terminaison.
20
BDRD Th4
BDRD Th5
BDRD Th6
BDRD Th7
BDRD Th8
BDRD Th9
Muscle intercostal
externe
BDRD Th10
BDRD Th11
douzième côte
BDRD Th12
BDRD Th4
BDRD Th5
BDRD Th6
BDRD Th7
BDRD Th8
BDRD Th9
dure-mère
BDRD Th10
BDRD Th11
BDRD TH12
Muscle grand
dorsal en CT
21
Résultat de cette première dissection :
Le résultat de cette première dissection m'a un peu déçu car si la certitude
de retrouver un contingent important de rameaux nerveux traversant le plan
musculaire superficiel était acquise, il restait cependant un doute quant à la
terminaison effective cutanée de ces rameaux qui ont été retrouvés en majorité
au niveau de l'aponévrose thoraco-lombaire.
Les rameaux retrouvés en superficie étaient compris entre Th5 et Th12.
Cependant on retrouve deux points positifs avant d'aborder la deuxième
dissection :
• la prise en charge des territoires cutanés semble être répartie de façon
égale entre les dix paires de nerfs disséqués avec un diamètre
équivalent de la troisième à la douzième racine dorsale thoracique.
• la métamérisation à l'étage thoracique semble être parfaitement
respectée. J'ai effectivement constaté que chaque racine nerveuse
était accompagnée à son origine d'une artère (branche de l'artère
dorsale) et d'un lacis veineux ce qui conforte cette idée de
métamérisation parfaite à l'étage thoracique (concernant les racines
comprises entre Th3 et Th12).
22
3.2.2 La deuxième dissection
Pour cette deuxième dissection, les incisions cutanées sont les
mêmes que pour la première dissection. Cependant la ligne des épineuses est
beaucoup moins facile à repérer sur ce second sujet du fait d'une épaisse couche
graisseuse sous-cutanée.
L'incision s'avère être ainsi trop latérale ce qui implique une
dissection essentiellement de l'hémicorps droit, certains rameaux nerveux
gauche ayant été lésés. (cependant ce n'est qu'en disséquant que je me suis rendu
compte de cet état de fait.) Les muscles para-vertébraux sont réclinés
latéralement par rapport aux épines vertébrales (cf photo en bas à gauche) et une
laminectomie est réalisée (cf photo en bas à droite).
couche graisseuse sous-cutanée
importante
surface cutanée
départ d'une racine rachidienne
dure mère
ligament inter-épineux et
épine vertébrale
lame vertébrale
23
La moelle épinière et le départ des nerfs rachidiens sont alors visualisés. Il
est à noter que les différents plans musculaires sont relativement difficiles à
différencier en CT.
Cette dissection me permet d'observer la trajectoire des rameaux dorsaux
spinaux : la séparation entre les rameaux spinaux, dorsaux et ventraux réalise un
angle aigu avec un rameau dorsal qui se dirige en arrière traversant un orifice
ostéofibreux qui rend la dissection du nerf particulièrement difficile. Cet orifice
est limité en haut par l'apophyse transverse sus-jacente, en bas par le col de la
côte sous-jacente, en dedans par le bord de l'apophyse articulaire supérieur, en
dehors par le ligament transverso-costal supérieur. Le nerf à ce niveau est en
contact du plan articulaire postérieur et nous verrons dans la partie consacrée
aux applications cliniques que cette disposition peut être à l'origine de
compression du nerf.
Le rameau dorsal se sépare alors pour donner une branche latérale et une
branche interne difficiles à différencier. La branche interne traverse alors les
muscles paravertébraux. La dissection à ce niveau n'est pas évidente car le nerf
est accompagné d'une branche de l'artère spinale dorsale et d'un lacis veineux
important. J'ai été surpris par un rapport très étroit entre les nerfs et les éléments
vasculaires rendant l'individualisation du rameau nerveux particulièrement
difficile.
La traversée des muscles rhomboïdes trapèze et grand dorsal est beaucoup
plus aisée.
peau
tissu fibro-graisseux sous-cutané
terminaison du rameau cutané
rameau interne de la branche
dorsale du nerf rachidien
La photo ci-dessus permet de parfaitement visualiser la terminaison
cutanée des rameaux dorsaux. On voit ici un rameau (il s'agit dans ce cas précis
du RCM Th3) se rattacher directement à la peau et se perdre en une multitude de
filets nerveux sensitifs extrêmement fins dans le plan graisseux sous-cutané.
24
Départ du rameau ventral
du nerf rachidien
rameau interne moteur de la branche
dorsale de la racine dorsale du nerf spinal
terminaison
cutanée
rameau latéral cutané de la branche dorsale
de la racine dorsale du nerf rachidien
Sur la photo ci-dessus nous pouvons nous rendre de compte de trois
éléments importants. Le premier est la terminaison cutanée d'une branche
cutanée latérale d'un rameau dorsal (il s'agit ici du rameau nerveux droit Th11).
Le deuxième est la présence d'une branche interne qui n'a pas été disséquée
jusqu'à la peau (sa terminaison était musculaire il s'agit donc d'un rameau
moteur ou proprioceptif). Enfin le troisième élément est le trajet relativement
long de cette branche distale qui se termine à la frontière de la région dorsale et
glutéale.
Visualisation des racines dorsales cutanées du côté droit
RCM Th6
RCL Th7
RCL Th10
RCL Th11
RCL Th12
RCL Th9
Dure mère
Branche motrice interne
départ d'un nerf rachidien du sac dural
25
Visualisation des racines dorsales cutanées du côté droit comprises entre
Th3 et Th6
RCM Th6
RCM Th3
RCM Th4
RCM Th5
Dure mère
Visualisation des racines dorsales cutanées du côté gauche :
tissu graisseux
sous-cutané
aponévrose superficielle
terminaison cutanée
de RCL de Th11
terminaison cutanée
de RCL de Th12
26
Sur ces trois photos, nous nous rendons compte que l'ensemble des nerfs
qui nous intéressent ont bien une terminaison cutanée avec toutefois un doute
concernant les racines Th4 et Th5. Ces racines sur ce sujet sont particulièrement
courtes mais je les ai suivies à travers leur trajet intra-musculaire et si leur
terminaison est bien superficielle le doute quant à leur innervation cutanée reste
toutefois permis.
Résultat de la deuxième dissection
Finalement le bilan de cette deuxième dissection, même si elle s'avère
moins satisfaisante que la première sur le plan esthétique, est largement positif
puisque l'ensemble des rameaux cutanés dorsaux compris entre Th3 et Th12 de
l'hémicorps droit de ce deuxième sujet ont pu être individualisés et suivis jusqu'à
leurs terminaisons cutanées (avec cependant un doute concernant Th4 et Th5).
Ces branches rejoignent donc toutes le plan cutané superficiel.
On note également, comme l'ont décrit Dejerine ou Lazorthes, une
verticalisation importante des rameaux dorsaux de haut en bas avec notamment
les rameaux Th11 et Th12 dont le territoire d'innervation est relativement
éloigné de leur émergence rachidienne (cf rappel anatomique : innervation
sensitive et schéma des dermatomes de la face postérieure du corps).
27
3.3 Discussion
L'hypothèse de départ formulée par Lazorthes dans "Le système
nerveux périphérique" (référence 5) et retrouvée dans des publications plus
récentes telle que celle de Aizawa (cf réf 10) était que la métamérisation à
l'étage thoracique des branches dorsales de Th3 à Th12 était parfaitement
respectée et qu'aucun hiatus n'était observé. C'est à la même conclusion que je
suis arrivé en insistant particulièrement sur le fait que ces racines sont
systématiquement accompagnées par une artère et un lacis veineux confortant
cette idée de métamérisation respectée. La seule incertitude concerne les
branches Th4 et Th5 qui possèdent un trajet particulièrement court et dont la
terminaison cutanée était moins évidente que pour les autres rameaux.
Je ne peux malheureusement pas m'avancer plus en ce qui concerne
la prise en charge par les rameaux médiaux ou latéraux de la sensibilité dorsale
(classiquement : la moitié supérieure de la sensibilité du dos est prise en charge
par les rameaux médiaux des branches dorsales de Th3 à Th6 et la moitié
inférieure par les rameaux latéraux des branches dorsales de Th7 à Th12).
Comme le montre la représentation schématique des dermatomes de
la face postérieure du corps (cf rappel anatomique), il existe une verticalisation
des territoires sensitifs dorsaux. J'ai effectivement retrouvé cette verticalisation
importante des rameaux cutanés dorsaux avec un rameau Th12 dont la
terminaison cutanée a été retrouvée dans la région lombaire basse à la limite de
la région glutéale.
28
4 Applications cliniques
29
4
Applications cliniques
4.1 L'arthrose costo-vertébrale (cf réf 12)
C'est une pathologie relativement peu fréquente ne concernant
évidemment que l'étage thoracique, parfois aussi l'étage lombaire (présence de
fausses côtes). L'articulation costo-vertébrale est une double arthrodie. Le
contact étroit entre cette articulation et le nerf rachidien à cet endroit explique
que dans la majorité des cas les patients atteints par ce type d'arthrose souffrent
de dorsalgies intercostales unilatérales, ce qui est expliqué par une agression du
nerf par cette arthrose, agression des branches cutanées dorsale et ventrale (nerfs
intercostaux latéraux et antérieurs). Ces douleurs unilatérales respectant le
territoire métamérique du nerf agressé sont en faveur d'une distribution
métamérique respectée de la région dorsale.
L'arthrose, comme nous pouvons le constater sur la radiographie
standard du rachis dorsal de face, est parfaitement reconnue par une opacité
costo-vertébrale et costo-transversaire étagée.
30
Nous constatons sur la scintigraphie osseuse au technetium un foyer
d'hyperfixation unique paravertébrale gauche révélateur de l'arthrose costovertébrale.
Enfin, sur une coupe tomodensitométrique, l'arthrose costovertébrale est reconnue par un pincement articulaire prononcé, une condensation
sous-chondrale et des ostéophytes antérieurs.
31
5 Conclusion
32
Conclusion
Les branches dorsales (rameaux internes ou externes de celles-ci)
des racines dorsales des nerfs rachidiens compris entre Th3 et Th12, après un
trajet essentiellement intramusculaire (muscles érecteurs du rachis puis muscles
trapèze ou grand dorsal), ont toutes une terminaison cutanée confirmant l'idée
d'une métamérisation respectée en ce qui concerne l'étage thoracique. Cette
métamérisation nerveuse est confirmée par une distribution vasculaire parallèle
à la distribution nerveuse avec une incertitude cependant pour les racines Th4 et
Th5 même s'il semble qu'elles finissent au niveau du plan cutané superficiel.
(Th5 retrouvé en superficie lors de la première dissection)
33
6 Bibliographie
34
Référence 1
ROUVIERE H. "Anatomie humaine, descriptive et topographique", 7e édition, tome 2
Référence 2
ROUVIERE H. "Précis d'anatomie et de dissection", édition
MASSON
Référence 3
KAMINA P. "Anatomie : introduction à la clinique", volume 11 : Dos et thorax, édition MALOINE
Référence 4
KAMINA P. "Anatomie : introduction à la clinique", volume 3 :
Myologie des membres, édition MALOINE
Référence 5
LAZORTHES G. "Le système nerveux périphérique", édition
MASSON
Référence 6
GOUAZE A. "Neuroanatomie clinique", 4e édition, édition
Expansion scientifique française
Référence 7
ROHEN J. W. – YOKOCHI C. "Anatomie humaine : Atlas
photographique systématique et topographique", édition n° 3,
édition MALOINE
Référence 8
LAZORTHES G., ZADEH J., GALY E., ROUX P., "Le territoire
cutané des branches postérieures des nerfs cervicaux et des
premiers nerfs dorsaux. Révision du schéma de DEJERINE",
Bulletin de l'association des anatomistes, 1986, volume 70, pages
37-38
Référence 9
LAZORTHES G., GUILHEAU A., ZADEH J. "La constitution
des branches postérieures des nerfs rachidiens", Bulletin de
l'association des anatomistes, 1986, volume 70, pages 35-36
Référence 10
AIZAWA Y., KUMOKI K. "The courses and the segmental
origins of the cutaneous branches of the thorasic dorsal rami",
Kaibogaku Zasshi, 1996, volume 71, pages 195-210
Référence 11
MAIGNE J. Y., MAIGNE R. and GUERIN-SURVILLE H.
"Upper thoracic dorsal rami: anatomic study of their medial
cutaneous branches", Seng Radiol anat, 1991, volume 13, pages
109-112
Référence 12
ROUX CH., BENHAMOU C. L., GERVAIS T. "Arthrose costovertébrale révélée par des douleurs pseudo viscérales", Revue du
rhumatisme, 1989, volume 56, pages 191-195
35
36
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