Développement d’une cavité optomécanique à longueur variable pour étudier les modes de vibration d’un cristal de CaF2 Stagiaire Hoang -Van Do 28 août 2014 Sous l’aimable direction de Leonhard Neuhaus Pierre-François Cohadon Samuel Deléglise Tristant Briant 1 Résumé Le champ de recherche l’optomécanique a pour but détecter et manipuler optiquement les déformations mécaniques des objets macroscopiques au niveau quantique. Mon stage d’un mois au sein de l’Équipe de Mesures et Bruits Fondamentaux consiste à construire un système optomécanique qui opère dans le régime quantique. Dans ce travail, nous nous étudions sur les compressions d’un cristal de Fluorure de Calcium (CaF2 ) en l’insérant dans une cavité Fabry-Pérot de longueur modifiable. La face sphérique réfléchissante (avec dépôt diélectrique) du cristal est un des deux miroirs de la cavité, nous questionnons ensuite l’influence de la surface plane du cristal (sans dépôt métallique) dans la cavité sur la finesse qui dépend de la longueur de la cavité et l’angle de la surface. Nous cherchons aussi dans ce travail à observer les modes mécaniques à basses fréquences du cristal. Abstract The research field optomechanics aims to optically detecting and manipulating mechanical deformations of macroscopic objects down to quantum level. My one month internship project with the Noise and Measurement Team was to build an optomechanical system operating deep in the quantum regime. In this work, we focused on compressions of a crystalline material (Calcium Fluoride CaF2 ) by inserting it into a Fabry-Pérot cavity with tunable length. A spherical surface coated of the crystalline served as mirror surface, and we asked ourselves about the influence of uncoated crystalline plane surface inside the cavity on the finesse as a function of cavity length and surface angle. We were finding ways to observe low-frequency mechanical modes of the crystal. 2 Table des matières 1 Introduction 1.1 Objectif du projet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2 Précautions à prendre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 4 4 2 Construction de la cavité 2.1 Les degrés de liberté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2 Miroirs de la cavité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2.1 La transmission du miroir coupleur . . . . . . . . . . . . . 2.2.2 Le rayon de courbure du miroir coupleur . . . . . . . . . . 2.3 Montage optique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.3.1 Ajustement du waist . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.3.2 L’adaptation du faisceau incident aux modes intéressés de la cavité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.3.3 Problème de biréfringence . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.4 Alignement de la cavité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 5 6 6 6 7 8 8 9 9 3 Les 3.1 3.2 3.3 3.4 propriétés optiques de la cavité 11 Modes optiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Mesure de la longueur de la cavité . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Mesure de la finesse de la cavité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Effets de la surface plane non traitée du cristal . . . . . . . . . . 12 3.4.1 Étude de la finesse en fonction de la longueur . . . . . . . 13 3.4.2 Étude de la finesse en fonction de l’angle de la surface non traitée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 3.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 4 Observation des modes mécaniques 14 4.1 L’asservissement du laser par la méthode Pound-Drever-Hall . . 14 4.2 Observation des modes mécaniques . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 5 Conclusion 1 17 Introduction L’optomécanique étudie le couplage entre la lumière et les degrés de liberté mécaniques macroscopiques. Un des systèmes optomécaniques fondamentaux est une cavité Fabry-Pérot avec un des miroirs monté sur un ressort qui module la fréquence de résonance de la cavité avec son oscillation mécanique. Le déphasage du faisceau réfléchi porte l’information sur le déplacement du miroir, tandis que le faisceau intra cavité exerce également une pression de radiation sur le miroir. Ce couplage mutuel ouvre une possibilité aux techniques de l’optique quantique pour agir sur les degrés de liberté de mouvements. Mettre en évidence et contrôler les comportements quantiques dans les gros systèmes répond aux questions sur la mécanique quantique macroscopique et aussi sur la fabrication industrielle des dispositifs quantiques pour l’informatique, la télécommunication et la détection. La qualité de mesure d’un système optomécanique est quantifiée par le taux Γ avec Γopt le taux de couplage entre les vibrations mécaniques avec R = Γopt th 3 l’action du champ électromagnétique de la lumière, et Γth = nT h Γm est le taux de décohérence thermique pour un nombre d’occupation thermique moyen kB T et un taux de décroissance d’énergie Γm . Nous voudrions que R nth = ~Ω m soit supérieur à 1. Une des grandes difficultés est de trouver des systèmes avec un grand taux R dans lesquels les états quantiques peuvent être enregistrés plusieurs fois optiquement durant leur vie. Dans les approches conventionnelles pour lesquelles on dépose une surface miroir bien réfléchissante sur l’oscillateur mécanique, lequel est ensuite inséré dans une cavité Fabry-Pérot, le tout étant opéré dans un cryostat [1], on peut atteindre un taux de précision R ∼ O(1). 1.1 Objectif du projet Au lieu de laisser la lumière se réfléchir sur une surface d’un résonateur mécanique, on décide de la laisser circuler dedans un résonateur mécanique bien transparent avec le miroir déposé sur une des surfaces. Comme une telle cavité est constituée d’un matériel diélectrique au lieu du vide, sa résonance est sensible à sa longueur et à son indice de réfraction. Durant son oscillation, les contraintes mécaniques associées provoquent un changement d’indice de réfraction. Ainsi, nous obtenons le couplage entre le déplacement et les contraints mécaniques. Par exemple, si on considère une onde de pression mécanique dans le sens de l’axe optique dans le cristal de la cavité Fabry-Pérot, la modulation de l’indice de réfraction se produit spatialement en résonance avec le profil d’intensité optique si la longueur d’onde mécanique λm est égal à la moitié de la longueur d’onde optique λopt λopt (1) 2 Cette résonance spatiale peut produire un énorme taux de couplage optomécanique, on s’attend à R ∼ O(104 ). Ce travail est une première étude pour pouvoir mettre en pratique un tel système. λm = 1.2 Précautions à prendre L’expérience utilise des lasers Nd :YAG qui émettent à λopt = 1064 nm. Pour ses bonnes propriétés mécaniques et sa faible absorption optique, CaF2 a été choisi comme matériel diélectrique. Avec sa vitesse acoustique cm ≈ 6.52 km/s et son index de réfraction optique n = 1.42, la fréquence mécanique peut être calcule avec équation (1) : νm = cm cm 2νopt cm =2 = ∼ 17.4 GHz λm λopt /n n copt (2) L’oscillation mécanique crée des bandes latérales optiques stokes et anti-stokes a ν(anti)stokes = νopt ± νm . Une cavité optique de haute finesse de longueur millimétrique atténue fortement tout signal optique à cette fréquence grâce a sa faible bande passante, qui est plutôt de l’ordre de quelques MHz. Pour éviter ce problème, on peut choisir la longueur L de la cavité telle que les signaux stokes et anti-stokes tombent exactement sur une autre résonance optique. En copt avec la fréquence mécanique νm , égalisant l’intervalle spectrale libre νils = 2nL on trouve : λopt copt L= ∼ 6.1 mm (3) 4n2 cm 4 La vitesse acoustique cm et l’index réfractif n peuvent changer avec la température, ce qui donne une incertitude sur la longueur nécessaire pour observer les modes acoustiques à haute fréquence. Il faut prévoir la possibilité de changer la longueur de la cavité de quelques pour cent. 2 Construction de la cavité Figure 1 – Conception de la cavité Nous ne pouvons pas, finalement, obtenir une cavité cristalline comme voulu car nous avons besoin d’une cavité à longueur variable, c’est pourquoi il existe un espace vide entre le cristal et le miroir coupleur. Nous disposons aussi des échantillons CaF2 d’épaisseur 1mm, de transmission T = 1ppm, de rayon de courbure RC = 500mm. La partie vide fait environ 7mm de longueur, puisque son indice de réfraction est inférieur à celui du CaF2 2.1 Les degrés de liberté Pour pouvoir mettre la cavité à résonance, nous devons mettre la longueur de la cavité L à un multiple de la demi-longueur d’onde λ2 = 532nm. Mais le système requiert une grande précision et on perd la résonance facilement. Une des techniques c’est de coller le miroir concave sur un piézoélectrique qui permet de faire varier la longueur du miroir à petite échelle. Il aide après à asservir la cavité sur le laser et aussi à exciter les modes mécaniques du miroir sans avoir besoin d’envoyer un faisceau sur le miroir. Pour aligner la cavité, il faut que les deux faces planes des deux miroirs soient parallèles (angle), et que leurs centres soient sur l’axe optique (position). Les modes sont sur l’axe qui relie les deux centres des surfaces sphériques réfléchissantes, et on veut aussi que cet axe tape en incidence normale sur la surface plane du CaF2 qui est dans la cavité. Donc on a besoin de 2 degrés de liberté minimum (l’angle relatif et la position relative) pour pouvoir aligner la cavité. Nous avons mis le degré liberté angulaire sur le miroir CaF2 pour pouvoir l’ajuster avec le coupleur sans que la lumière arrive sur la surface plane en incidence normale, et le degré de liberté sur la position sur le miroir concave. (voir Fig.1). Pourtant entre l’échantillon CaF2 et le support il y a un thermostat de 5cm, ce qui fait qu’une variation d’angle du support mène aussi à une variation importante de la position du centre du miroir, que nous essayons de rattraper avec l’autre positionneur. 5 À ce stade nous avons aussi pensé que plus on a de degrés de liberté, moins c’est compliqué pour aligner la cavité. Un support à position et à angle réglable pour chaque miroir, ou au moins pour le substrat CaF2 pour lequel les deux surfaces importent serait idéal. Malheureusement, nous avions toute la cavité installée sur un système de quatre rails pour un premier alignement grossier, le positionneur et le support à l’angle réglable vissés ensemble vont se coincer sur les rails. Nous espérons les combiner sur un seul support dans le futur pour faciliter la tâche, mais nous comprenons que cela rajouterait probablement des instabilités au système. 2.2 2.2.1 Miroirs de la cavité La transmission du miroir coupleur Nous disposons d’un miroir CaF2 de transmission 1ppm - presque nulle alors la lumière doit entrer par le deuxième miroir (appelé coupleur). La finesse de la cavité est estimée par : 2π (4) T +P avec T la transmission totale et P la perte totale de la cavité. Nous voulons une cavité à finesse maximale car elle augmente la sensibilité de la cavité aux mouvements mécaniques. Nous attendons une perte de 100ppm environ à cause de la surface plane non traité du CaF2 , nous avons intérêt à prendre un miroir concave de transmission 100ppm pour coupler la lumière efficacement dans la cavité. F = 2.2.2 Le rayon de courbure du miroir coupleur Nous avons comme données la longueur de la cavité, l’épaisseur et le rayon de courbure du miroir CaF2 et comme inconnues le waist du faisceau et le rayon de courbure du miroir concave. Nous avons, pour un faisceau gaussien la relation qui lie le rayon de courbure de la surface d’onde d’un point à une distance du waist : z 2 R R(z) = z 1 + (5) z πω 2 avec zR = λ 0 avec ω0 le waist et λ la longueur d’onde du laser, z est la distance optique par rapport au waist. On peut optimiser les rayons de courbure des miroirs à ceux de la surface d’onde pour pouvoir minimiser les déphasages lors des réflexions de la lumière sur les miroirs. Nous avons 2 inconnues pour une équation, nous pouvons fixer une condition en plus. Le déphasage et la variation de l’indice de réfraction dûs au changement de milieu entre l’air et le miroir cristal CaF2 est devenue important. Le miroir CaF2 a une épaisseur de 1mm, et on voudrait mettre le waist du faisceau gaussien à l’interface air - cristal du CaF2 pour qu’il n’y ait pas de problème de déphasage lorsqu’on change de milieu, ce sera notre condition supplémentaire. On peut déjà calculer le waist approprié pour ce miroir CaF2 de rayon de courbure RC = 500mm, d’épaisseur e = 1mm et l’indice de réfraction n = 1.42 6 RC = ne 1 + πω02 λ !2 ne (6) ce qui nous donne un waist ω0 = 95µm et zR = 26.61mm, nous pouvons ensuite évaluer le rayon de courbure du miroir concave requis pour une cavité de longueur L = 7mm !2 2 RC2 = (L − ne) 1 + πω0 λ L − ne (7) L’application numérique dans l’équation (7) nous donne RC2 = 42mm. Nous ne disposons pas d’un tel miroir au laboratoire, pourtant il est possible d’en fabriquer un pour une précision mieux que 1% sur la valeur du rayon de courbure. Comme ça nous prend quand même 5 à 6 semaines pour commander ce miroir, nous avons décidé de tester déjà l’expérience avec un miroir de rayon de courbure 50mm dont nous disposons dans le laboratoire. Un miroir de rayon de courbure 50mm n’est surement pas le miroir optimal mais les modes optiques s’adapteront à la cavité pour conserver la meilleure finesse. Nous attendons quand même à une cavité de haute-finesse. 2.3 Montage optique Figure 2 – Schéma du montage final, avec les distances relatives selon Fig.3. La couleur rouge pâle montre le faisceau réfléchi mesuré sur la photodiode après avoir traversé la cavité Fabry-Pérot Paramètre Waist Longueur Rayons de courbure Transmission des miroirs Longueur d’onde Valeur env. 80 nm 5.5 - 8.5 mm 500mm / 50mm 1ppm / 100ppm 1064nm (Nd :YAG laser) Table 1 – Paramètres de la cavité construite 7 2.3.1 Ajustement du waist Figure 3 – La simulation faite par GaussianBeam pour estimer la position de la cavité Optique Faisceau Lentille Lentille Position (mm) 0 260.728 601.495 Propriétés n = 1, M 2 = 1 f = 100mm f = 150mm Waist (µm) 725 46.4662 77.1590 Position waist (mm) 0 361.388 999.955 Table 2 – Les valeurs de la simulation faite par GaussianBeam Pour pouvoir centrer un waist de 80 µm environ dans la cavité, nous avons utilisé le logiciel Gaussian Beam (Fig. 3) qui nous permet de simuler grossièrement le faisceau de lumière à travers différents optiques. Comme point de départ, nous considérons un faisceau gaussien de waist 725 µm qui sort d’une fibre optique. Les miroirs plans ne changent pas le waist du faisceau, nous les utilisons juste pour changer la direction de la lumière. Par contre les lentilles peuvent faire converger ou diverger faisceau. Nous devons aussi considérer l’espace disposé sur la table optique ainsi que la distance entre différents lentilles, pour pouvoir facilement insérer des miroirs et d’autres optiques nécessaires. Nous avons remarqué que l’arrangement ci-dessus peut être une des solutions optimales. La cavité peut être insérée après la deuxième lentille pour avoir un waist de 80 µm à peu près, ce qu’on a vérifié expérimentalement avec un beam profiler (Thorlabs BP104-VIS). 2.3.2 L’adaptation du faisceau incident aux modes intéressés de la cavité La forme géométrique des modes et la bande passante des modes qu’on observe ne dépendent que de la géométrie de la cavité (Les rayons de courbures des miroirs et la longueur de la cavité). Pourtant, le faisceau incident sera projeté en diverses modes transverses de la cavité pour trouver le facteur de couplage pour les différents modes. Premièrement, si ce faisceau n’est pas centré ou la cavité n’est pas proprement alignée, un couplage non nul est ajouté aux modes impairs comme TEM01/TEM10, TEM03/TEM30, etc. 8 Deuxièmement, si le diamètre du faisceau est trop large ou son rayon de courbure ne correspond pas à ceux des miroirs (ce qui peut se faire à travers des erreurs sur la position et la taille du waist dans la cavité), le faisceau TEM00 sera couplé aux modes supérieurs TEM02/TEM20, TEM04/TEM40, etc. Ces erreurs sont estimés à 1mm pour la position et quelques 10µm pour le waist Troisièmement, le faisceau lui-même peut ne pas être TEM00 mais contenir des composants de modes supérieurs. 2.3.3 Problème de biréfringence Figure 4 – À gauche : Double pics de résonance (avec les bandes latérales de 30MHz) et leurs fits, à droite : La profondeur des deux pics en fonction de l’angle de la lame demi-onde Le premier montage optique utilisait seulement une lame λ/4, nous n’avons pas inséré ni le rotateur de faraday, ni aucune lame λ/2. Nous avons observés des doublets de pics de résonance sur la photodiode (Fig 4). Nous pensons qu’il s’agit d’un problème de biréfringence. La lumière incidente entrée dans la cavité était de polarisation circulaire, elle peut être décomposée en deux composants linéaires orthogonaux. Avec environ 1/8 de la longueur de la cavité constituée par un matériau cristallin, il est possible que la fréquence de résonance soit légèrement différente pour deux polarisations optiques à cause d’une biréfringence du cristal. Comme la maille cristalline du CaF2 est optiquement isotrope, cette biréfringence vient fort probablement d’une contrainte mécanique anisotrope sur le cristal, ce qui a mené à une anisotropie optique par l’effet photo élastique. Les deux pics du doublet optique doivent alors correspondre à deux polarisations linéaires orthogonales. Pour mettre en évidence cette théorie, le montage dessiné en Fig. 2 a été mis en place pour exciter la cavité avec une polarisation linéaire, dont l’axe peut être tourné par la dernière lame λ/2. Avec la rotation de cette lame, on a pu changer la hauteur relative entre différents pics et on a pu optimiser la polarisation incidente pour seulement exciter une des deux modes optiques du doublet. (Fig. 4) 2.4 Alignement de la cavité Nous nous sommes assurés que les diaphragmes sont à peu près bien centrés par rapport à l’axe optique et nous avons optimisé la lumière qui passe à travers des 9 trous de diaphragmes (Voir Fig. 5), en mettant une puissance mètre à la sortie du faisceau transmis et une photodiode à la sortie du faisceau réfléchi. Nous alignons en optimisant les intensités de ces deux faisceaux grâce aux signaux apparus sur ces dispositifs avec les diaphragmes fermés selon le protocole décrit dans 5. Nous avons quand même eu des erreurs d’estimation de la taille du faisceau, qui est dans certains endroits plus large que le trou d’un diaphragme entièrement fermé. Figure 5 – Le protocole d’estimation de l’angle du coupleur Il y a plusieurs cause de désalignement : Le miroir concave collé manuellement sur le piézo, le montage de l’échantillon CaF2 dans son support, le glissement des pièces sur les rails, il nous faut bien régler l’angle relatif entre les miroirs. La colle utilisé était un polymère qui sèche très vite qu’on utilise pour nettoyer les surfaces des miroirs (appelé First Contact), qui ne tient pas trop et qui se décolle si l’on visse et l’on enlève le miroir coupleur un trop grand nombre de fois. Nous pensons estimer tout d’abord cette erreur à travers le protocole montré en Fig.5. Nous refaisons le protocole un certain nombre de fois. Après, nous insérons le miroir CaF2 et nous gardons les diaphragmes D1, D3, D4 (fixé sur le CaF2). Assumons que le parallélisme dans la cavité est réglé déjà avec θ, φ du CaF2 , et que la plus grosse erreur se trouve chez le coupleur, nous utilisons 3 degrés de liberté : θ1 , φ1 de M1, θ2 , φ2 de M2 de l’angle qu’arrive le faisceau et x, y du miroir concave pour optimiser 3 diaphragmes. Nous avons choisi d’optimiser D1 avec l’angle du miroir M1, D2 avec celui du M2 et D3 avec la position du coupleur. Nous remarquons que ce protocole converge bien vers une configuration au bout de 2 ou 3 fois expérimentalement pour donner le maximum de réflexion sur la photodiode et transmission sur le puissancemètre. Pourtant le max réfléchi ne correspond pas au optimum des pics de résonance, nous avons du le diminuer un peu mais pas beaucoup en désalignant pour coupler la lumière aux modes de la cavité. 10 3 Les propriétés optiques de la cavité Dans cette partie on va non seulement étudier des propriétés optiques de la cavité mais aussi estimer si la surface plane du CaF2 provoquera une perte excessive. 3.1 Modes optiques Nous vous montrons quelques images des modes TEM00 et TEM01 lors de l’asservissement (Voir 4.1 pour l’asservissement de la cavité sur le laser). Nous n’avons pas pu capturer l’image des modes qui passe trop vite sans asservissement, et nous n’avons pas pu asservi sur le mode TEM10 non plus car nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour désaligner dans un autre sens juste pour avoir le mode et réaligner la cavité pour utiliser après. Figure 6 – Quelques images des TEM (modes transverses électromagnétiques) optiques 3.2 Mesure de la longueur de la cavité La finesse vaut le rapport entre l’ISL en fréquence de la cavité νISL et la largeur de la résonance optique, ainsi cela nécessite de connaitre la longueur de la cavité. Figure 7 – La longueur donnée par le fit en fonction de la longueur estimée par la micro vis Nous obtenons les résultats en faisant un scan en longueur, et en calibrant nuISL avec des bandes latérales précisément connues qui vaut 50MHz dans notre cas. Le 11 déplacement δx50M Hz du piézo nécessaire pour déplacer la fréquence de 50MHz est alors évalué grâce à l’équation λopt /2 νisl = δx50M Hz 50M Hz (8) Nous avons vérifié tout d’abord que la longueur donnée par le fit correspond à la longueur estimée par la micro vis (Fig.7). La régression linéaire nous donne une courbe de pente 1.14, qui est plus ou moins satisfaisante. Nous avons remarqué que la micro vis ne marche pas très bien au bout (si on éloigne le miroir trop, il ne bouge plus, la vis est dévissée, ça ne marche pas non plus si on le visse trop). 3.3 Mesure de la finesse de la cavité Figure 8 – L’effet des rebonds dans la cavité, avec des bandes latérales À chaque fois qu’on passe par une résonance nous observons le pic d’Airy correspondant (plus deux pics à côté des bandes latérales). Et nous observons des rebonds au lieu des pics de résonance (Voir Fig.8). Pour une longueur constante, plus il y a de rebonds, meilleure est la finesse. (La théorie des rebonds était prédite par Brossel et discuté dans le textbook de Born et Wolf [2]). La Fig. 8 montre aussi un fit de l’effet des rebonds avec le modèle théorique [3], modifié pour être appliquée au faisceau réfléchi au lieu du faisceau transmis. À partir des paramètres du fit, nous pouvons estimer la finesse ainsi que la longueur de la cavité : La largeur de la résonance optique est inversement proportionnelle à la constante de temps de décroissance exponentielle des oscillations de rebonds. La finesse est enfin donnée par le rapport entre l’intervalle spectral libre et le largueur de la résonnance. La mesure de finesse avec la méthode décrite ci-dessus a été confirmé par une mesure de finesse avec une méthode différent et les deux méthodes donnent le même résultat à moins de 10% près. 3.4 Effets de la surface plane non traitée du cristal La surface plane du cristal a une réflectivité de 4% qui perturbe les modes dans la cavité optique. Dans cette section, on va etudier l’effet de cette perturbation sur la finesse de la cavité. Nous adaptons alors une méthode perturbative pour traiter le problème. 12 3.4.1 Étude de la finesse en fonction de la longueur Nous avons fait une première série de mesure avec des déplacements à la main, avec une règle, car la micro vis ne peut se déplacer que de 2mm maximum (voir Fig.7) Figure 9 – La finesse en fonction de la longueur, à gauche : grossièrement, à droite : avec le micro vis Nous remarquons que la finesse décroit en général avec la longueur de la cavité. Nous pensons que c’est fort probablement que la cavité n’est pas parfaitement alignée et plus la cavité est courte moins la lumière est perdue lors de plusieurs aller-retour. Nous avons vu quelques choses à 7mm mais on ne sait pas encore s’il faut y voir un vrai maximum ou une erreur expérimental. Pour pouvoir éviter les problèmes au bout de la micro vis, on a fixé une marge puis on a suivi la méthode dite "ver de terre" pour continuer à l’utiliser : Visser le miroir CaF2 aux rails, dévisser le micro vis pour le reculer, puis le visser le micro vis aux rails et dévisser le CaF2 pour utiliser le micro vis pour le reculer. Malheureusement cette méthode rajoute un changement à l’angle du CaF2 lorsqu’on le vis aux rails. Cette méthode de "ver de terre" n’a donc pas marché à cause des contraintes mécaniques qui ont désaligné la cavité, et nous avons du réaligner la cavité durant les mesures qui rajoutent encore plus d’erreur. Plusieurs solutions pour améliorer la situation ont été proposés (Voir 5). Je n’ai pas eu temps de les tester, j’en suis très désolée. 3.4.2 Étude de la finesse en fonction de l’angle de la surface non traitée Nous avons changé l’angle d’un des miroirs pour observer l’influence de la surface plane sur la finesse et pour bien centrer au maximum de la finesse. Nous avons eu du mal en trop désaligné car nous avons aussi observé des pics qui correspondent au mode TEM01 Nous obtenons la perte totale de la cavité du fit, et en assumant que la longueur ne change pas (nous avons mesuré à L = 7mm à peu près), nous calculons F selon la formule . Le résultat obtenu est plutôt satisfaisant car nous obtenons un maximum de la finesse vers θ = 0. Malheureusement on n’a pas pu achever la fin de la courbe car le mode TEM01 domine tellement qu’on ne peut plus rester 13 Figure 10 – La finesse en fonction de l’angle θ + 0.006rad, supposons que la longueur ne change pas sur le même calcul et ce n’est plus exact. Les pertes calculées sont inférieurs à 100ppm 3.5 Conclusion On peut obtenir un minimum de perte environ de 100ppm à cause de l’interface, elle est très sensible à l’alignement. Si on utilise seulement la micro vis dans une seule direction, la finesse évolue de façon monotone et faible avec la longueur, donc on peut faire des scans de longueur unidirectionnel avec des finesses de 30k sur des plages de quelques centaines de micron comme on voulait, voir avec les 3% de variabilité de la longueur comme spécifié, voir 1.2 4 Observation des modes mécaniques Puisque le projet de la détection hétérodyne sur lequel travaillent Thomas et Leonhard n’est pas encore complètement fini, nous n’avons pas pu mesurer les modes à quelques 10GHz (nous voulons 17.4GHz), alors nous avons décidé de vérifier que notre expérience marche en principe en observant les modes mécaniques du cristal CaF2 à basse fréquence (qui se trouve dans l’intervalle de 1-10MHz). Pour cela, il nous faut stabiliser le laser sur la résonance optique pour pouvoir mesurer les fluctuations rapides de la fréquence de résonance induite par les vibrations mécaniques qui nous intéressent qui sont de l’ordre des fréquences acoustiques, c’est-à-dire en dessous de 10kHz. Nous supposons que le laser est stable en fréquence et les fluctuations ne viennent de l’instabilité des dispositifs dans la cavité qui modifie la longueur de la cavité. 4.1 L’asservissement du laser par la méthode PoundDrever-Hall Nous voulons rester en résonance dans la cavité : Quand la fréquence est inférieure de la fréquence de résonance (à gauche), on l’augmente (on la décale à droite) en diminuant la longueur de la cavité, donc en avançant un peu le piézo et inversement reculer le piézo quand la fréquence est trop haute. Pour cela, nous appliquons la méthode Pound-Drever-Hall [4]. L’asservissement se fait en 14 dérivant les pics d’Airy observés sur la photodiode, et la signe des pentes des dérivations donne un signal au piézo et décide dans quel sens bouge le piézo. Par contre l’asservissement est assez instable, nous avons couvert la cavité avec une boite pour minimiser tous bruits sonores. Figure 11 – À gauche : Le signal réfléchi sur la photodiode (En rouge) et son dérivé (en vert), à droite : Le signal du faisceau réfléchi lors de l’asservissement Nous avons aussi observé que nos pics de résonance dérivent un peu avec le temps, et nous devons changer l’offset du piézo pour les ramener. Nous pensons que cela est du fort probablement aux bruits des machines autour, heureusement les pics y restent pour 1 minute environ, et on peut changer l’offset en même temps avec l’asservissement. Si on parle à voix basse et on ne touche pas la table optique, on ne perd pas l’asservissement. 4.2 Observation des modes mécaniques Figure 12 – À gauche : Le spectre du faisceau réfléchi, avec les signaux : Noir - dark noise, Miel - Non asservi, Rouge - Asservi vers le rouge, Bleu - Asservi vers le bleu, à droite : Le spectre du faisceau réfléchi asservi/non asservi zoomé sur 2.6MHz - 3MHz Sans lumière, le signal du bruit noir se trouve tout en bas de la photodiode ce qui est plutôt satisfaisant. Avec la lumière, le signal asservi présente des pics des modes qu’on n’observe pas chez le signal non asservi. Quelques pics du signal rouge sont légèrement décalés par rapport à ceux du bleu mais il n’existe pas de grande différence entre ces deux courbes. Nous observons les pics à la fréquence à l’entrée AO du piézo 20MHz, puis aussi aux demi-fréquences 10Mhz, 5Mhz, etc 15 Nous avons faire des zooms sur les différents zones des spectres où apparaissent les modes résonants. Nous remarquons la première zones est centrée sur 2.7 Mhz, la deuxième vers 5.4 MHz, et la troisième . Ils sont tous les multiples de 2.7MHz, ce qui vérifie que ce sont bien des modes mécaniques. Figure 13 – Pic d’une mode mécanique à 8.375MHz, avec les signaux : Vert - signal moyenné sur 10 acquisition, Rose - Acquisition non moyennée, Jaune Fit lorentzienne du signal moyenné Nous avons aussi attendu un moment pour que la température change toute seule pour observer un décalage en fréquence grâce a la dilatation thermique du cristal et au changement de la vitesse sonore avec la température. Nous pouvons observer ce changement en faisant des fits lorentziens et remarquer un changement de largeurs des pics. Nous pouvons alors évaluer la valeur expérimental du facteur de qualité : Qn = Γfnn avec fn la fréquence sur laquelle est centré la lorentzienne (fréquence du mode) et Γn sa largeur (l’amortissement). Malheureusement, la fréquence des modes mécaniques change d’une fraction importante de leur largeur au cours de quelques secondes, ce qui fait que les courbes moyennés sur plusieurs acquisitions sont plus larges que les acquisitions simples. Sur la Fig.13 nous remarquons que le signal temporel par rapport à la position moyenne Nous considérons les modes de compression, ces modes sont chacun représenté par 3 indices n, p, l. Les indices n correspond à le nombre de ventre des modes selon l’axe Oz, p le nombre de zéro de la fonction radiale, l est relié à la symétrie angulaire du mode. La fréquence théorique de chaque mode est calculée théoriquement par la formule [5] r 2n e 2 2 2 Ωnpl = ΩM n + (2p + l + 1) (9) π RC avec ΩM = πce l l’intervalle spectrale libre du miroir CaF2 (cl la célérité des ondes dans le milieu cristalline, e = 1mm épaisseur au centre du CaF2 ) Mode 100 200 300 101 201 301 Fréquence théorique 2.96 5.93 8.89 3.21 6.42 9.63 Fréquence mesuré (MHz) 2.73 5.53 8.19 2.79 5.61 8.54 16 Facteur de qualité Q 68000 115000 14000 75000 112000 114000 5 Conclusion Nous avons appris qu’il n’est pas facile de prendre des mesures propres de la finesse en changeant la longueur. Nous avons plusieurs solutions pour notre problème. Soit nous réalignons la cavité à toute longueur mesurée, probablement même optimisé la finesse à tout endroit en prenant plusieurs courbes qui est presque irréalisable avec le logiciel actuel. Soit nous construisons un autre type de cavité sans éléments qui glissent pour qu’il n’y ait pas de contraintes mécaniques qui peuvent exercer des forces qui désalignent la cavité. Remerciements Je tiens à remercier l’Équipe Mesure et Bruits Fondamentaux pour leur accueil affectueux, pour leur aides durant mon stage et pour les déjeuners ensemble au bord de la Seine. En particulièrement, je voudrais remercier Léo pour m’avoir guidé durant tout le stage, pour son idée de faire ce projet et sa patience pour rester tard des fois pour qu’on finisse les mesures, ses conseils pour le rapport, Tristan pour ses remarques cruciaux et l’attention qu’il a apporté pour notre projet, Samuel pour tous les beaux fits de rebonds et l’optimisation du code, Salim et Thomas qui ont accepté de partager la table optique et qui m’ont aidé à faire des petites tâches, Pierre-François et Antoine pour leur direction. Je remercie également les autres membres de l’équipe, l’atelier mécanique et l’atelier électronique du laboratoire. Merci aussi aux amis Ulmites qui ont organisé plein de diners pour occuper les soirées durant le stage. Références [1] A.G. Kuhn et al., Free-space cavity optomechanics in a cryogenic environment , Appl. Phys. Lett. 104, 044102 (2014) [2] M. Born and E. Wolf, Principle of Optics, 3rd ed., Chap. 7, pp. 351–360, Pergamon, Oxford (1965) [3] J. Poirson et al. Analytical and experimental study of ringing effects in a Fabry–Perot cavity. Application to the measurement of high finesses, J. Opt. Soc. Am. B. 14, 2811 (1997) [4] E. D. Black An introduction to Pound–Drever–Hall laser frequency stabilization, 2001 American Association of Physics Teachers, textbfDOI : 10.1119/1.1286663 (2000) [5] T. Briant Caractérisation du couplage optomécanique entre la lumière et un miroir : bruit thermique et effets quantiques, p. 161, Thèse de doctorat de l’Université Paris VI (2004) 17