Oral de TPE Matthieu : animateur/présentateur Alexandre : scientifique pour les matériaux Paul : scientifique pour les formes Matthieu : Bonjour, nous sommes ici en présence de deux scientifiques qui vont débattre sur un sujet passionnant : est-il possible ou non de faire des avancées conséquentes dans le domaine de l’aérodynamisme. Paul et Alex : Présentation. Matthieu : Ainsi, le Falcon HTV a réalisé la performance de voler à 20 000 km/h, bien sure cette performance est à relativiser car on ne maitrisait pas totalement l’avion et celui-ci était sans pilote, mais elle nous montre qu’il est possible d’effectuer quelque chose de concret dans les améliorations à apporter aux avions actuels. Mais d’abord, Paul expliquez nous en quoi consiste exactement l’aérodynamisme. Paul : L’aérodynamisme c’est l’étude de l’écoulement d’un fluide sur un solide. De façon plus concrète c’est l’étude de la résistance qu’apporte l’air à un avion en vol. Cette résistance appelée traînée est le principal problème que l’on rencontre lorsque l’on recherche à rendre un avion très rapide. Ainsi il est primordial de savoir comment la minimiser. Les principaux facteurs qui rentrent en jeu dans cette résistance sont la forme et les matériaux dont est composé l’avion. Matthieu : Pensez-vous qu’il est possible de faire des innovations ou améliorations sur ces deux facteurs pour les avions actuels ? Paul : Tout-à-fait, je pense déjà aux ailes aux positions changeables en cours de vol, c’est un système qui a été utilisé pour permettre à des avions d’atteindre de très faibles vitesses pour se poser sur des portes avions, comme sur le F-14. Mais l’inverse est également possible. Alex : Je tiens à préciser que ce système présente de nombreux désavantages, comme rendre les avions trop lourds, ou trop peu solides pour résister à la vitesse. Paul : Cela est vrai mais je pense qu’il est possible d’arranger cela : les gains seraient énormes. Par exemple, lorsque la vitesse d’un avion augmente, sa portance également, il peut être alors extrêmement avantageux de réduire la taille des ailes lorsque l’on atteint des grandes vitesses. Alex : Cette idée est extrêmement intelligente, mais il faut savoir que cela demande une précision extraordinaire sur la taille des ailes. En effet, si on prend notre avion avec ses ailes qui se rétrécissent, tout le poids de l’avion portera sur une surface bien plus petite, cela devient rapidement dangereux, notamment si le vent change de direction ou de force, l’avion risque de décrocher beaucoup plus facilement. Matthieu : Tout cela nous montre que sur les avions actuels, on peut améliorer des choses, mais cela reste assez vague et dangereux. On entend souvent parler de la goutte d’eau comme étant une forme d’un aérodynamique parfait, mais les avions actuels n’ont pas exactement cette forme, est-il alors possible de changer les formes ? On a fait des calculs et pour un avion qui vole à 30 000 mètres où la pression est moindre, il faudrait que sa dimension caractéristique soit de 3mm. Imaginez un avion de cette longueur ! Alex : Alors déjà, je tiens à préciser que la forme parfait pour un objet de la taille d’un avion, ca n’existe pas ! Je m’explique : il existe deux sortes de traînées, la traînée lacunaire, qui oppose peu de résistance et la traînée turbulente qui en oppose beaucoup plus. Le nombre de Reynolds est un coefficient qui permet de savoir quelle est la traînée d’un objet d’un objet quelconque. Lorsqu’il est supérieur à 1000, il s’agit d’un écoulement qui est turbulent, s’il est inférieur à 1000, cet écoulement est lacunaire. Ce coefficient est toujours supérieur à 1000 pour un objet de la taille d’un avion se déplaçant dans l’air. On ne peut donc qu’essayer de diminuer les écoulements turbulents. Paul : Oui, cela est vrai, il n’empêche que, comme vous l’avez dit précédemment, il est possible de faire un changement total de forme. Nous avons étudiés quelles formes avaient la plus petites traînée turbulente. Celle-ci dépend de deux facteurs relatifs à la forme : son coefficient de traînée et sa surface de référence. Il faut les diminuer tout deux ainsi la meilleure surface de référence est le rond, car pour une surface donnée, c’est elle qui permet d’avoir le plus d’espace. Le coefficient de trainée qui dépend de la forme générale et des matériaux utilisés se calcule en soufflerie, on compare les différents coefficients de traînées pour le même matériau et la forme de la goutte d’eau qui oppose le moins de résistance. C’est la forme parfaite. Alex : C’est en effet une théorie qui semble correcte, mais un avion vole grâce à ses ailes, et le simple fait d’ajouter des ailes à votre goutte d’eau aura pour effet de lui faire perdre toute ses propriétés. Cela n’est donc pas très réaliste et aura pour effet de la rendre quasi-similaire aux avions déjà utilisés. Paul : Cela est vrai. Le meilleur compromis est alors de prendre notre goutte d’eau, et de la modifier un peu pour que sa forme soit légèrement bombée au dessus. Matthieu : C’est une excellente idée ! En effet, une aile d’avion vole grâce à un principe simple : la vitesse réduit la pression. Dans la formule de la portance que nous avons vue tout à l’heure, il s’agit du coefficient de portance et de la surface projetée. Ainsi, la forme basique d’une aile est d’avoir le dessus plus bombé que le dessous. L’air qui passe au dessus est donc plus rapide que celui qui passe en dessous, et une dépression se crée au dessus de l’aile, cela la tire vers le haut : c’est la portance. Alex : Je concède cela en effet, on peut aussi faire de nombreuses innovations au niveau des formes. Mais il ne faut pas oublier que l’aérodynamisme dépend également d’un facteur très important : le choix des matériaux. Matthieu : Certes, mais ce facteur est-il aussi primordial que la forme ? Alex : Tout-à-fait. Même si l’idée de l’aérodynamisme évoque d’avantage les formes, les matériaux ont également un rôle important dans ce domaine. Du point de vue matériel, l’aérodynamisme dépend de la légèreté des matériaux utilisés mais aussi de sa surface en raison du phénomène de couche limite mais aussi de leur surface en raison du phénomène de couche limite. En effet, plus une surface est lisse, moins les couches d’air seront perturbées et plus l’avion ira vite car il résistera moins à l’air. Il est donc primordial d’avoir un matériau lisse et léger pour que l’avion soit aérodynamique. Une innovation en termes de légèreté a été réalisée, et elle s’appelle l’aérogel de graphène. Ce matériau est le plus léger du monde, il est 6 fois plus léger que l’air. Paul : Il est vrai ! Mais l’utilisation de ce matériau est impossible en aéronautique. De nombreuses contraintes sont à prendre en compte en plus de la légèreté. Il faut un matériau capable de résister aux contraintes en vol, que l’on puisse produire facilement et qui ne soit pas trop chère. Cela ne colle pas du tout avec l’aérogel de graphène ! En revanche, ce n’est pas le cas des alliages aluminiums qui ont de nombreux avantages comme leur légèreté, leur malléabilité, leur cout et leur résistance. Alex : Cela est vrai mais la plupart de ces alliages ont une résistance à la corrosion trop faible. De plus, lors de vols hypersoniques, le matériau choisi doit pouvoir résister à la chaleur extrême à la surface de l’avion. Les matériaux composites sont donc beaucoup plus intéressants à utiliser car ils n’ont pas les défauts des alliages d’aluminium tout en étant encore plus léger et plus résistants grâce à leur structure particulière. Cependant, un composite se distingue des autres pour les vols hypersoniques c’est la fibre de carbone. En effet, par rapport aux autres composites, elle tient très bien les températures extrêmes. Des composites en carbone on d’ailleurs servit à la construction du Falcon HTV-2, et ils constituent surement l’avion hypersonique du futur. Matthieu : Ainsi, on voit que de nombreuses idées sont un minimum réalistes pour améliorer sensiblement l’aérodynamisme, il ne reste plus qu’à la science à les mettre en place. On pourra donc voir dans un temps plus ou moins long des avions volants à 20 000 km/h de façon durable. Mais une fois cela fait, pourra on faire mieux ?