"CE QUI N'EST PAS PRÉSENT DANS LE SOMMEIL PROFOND ET SANS RÊVES N'EST PAS RÉEL" - KEN WILBER (CITANT RAMANA MAHARSHI)

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‘’CE QUI N’EST PAS PRÉSENT DANS LE SOMMEIL PROFOND ET SANS RÊVES
N’EST PAS RÉEL’’
KEN WILBER (CITANT RAMANA MAHARSHI)
Extrait de One taste, daily reflections on integral spirituality
Ken Wilber est un philosophe et un auteur américain prolifique, propagateur de sa propre
''théorie intégrale'', une philosophie systématique qui propose une synthèse brillante de
l'expérience humaine. Il développe ici un point très subtil et très important…
Je suis assis ici, sur le porche, en train de regarder le
soleil se coucher.
À part qu'il n'y a aucun observateur, uniquement le
soleil qui se couche.
À partir du Vide le plus pur, une clarté radieuse
rayonne. Le chant des oiseaux, là-bas.
Quelques nuages, là-haut.
Mais il n'y a ni « haut », ni « bas », ni « là-bas », parce
qu'il n'y a ni « moi » ni « je » pour qui ces directions
auraient un sens.
Il n'y a que Cela.
Simplement, clairement, facilement, sans effort,
toujours présent.
Je me suis mis à pratiquer la méditation avec beaucoup
de sérieux, après avoir lu cette phrase de l'illustre Sri
Ramana Maharshi : « Ce qui n'est pas présent dans le
sommeil profond et sans rêves n'est pas réel. »
Voilà une déclaration choquante, puisque fondamentalement, il n'y a rien littéralement
rien dans l'état profond du sommeil sans rêves. C'était sa conclusion. La réalité ultime (ou
l'Esprit), selon Ramana, ne peut être quelque chose qui apparait dans la Conscience et
disparaît après. Ce doit être quelque chose de constant, permanent, ou, plus
techniquement, quelque chose qui, étant intemporel, est pleinement présent à chaque
instant. Par conséquent, la réalité ultime doit également être pleinement présente dans le
sommeil profond et sans rêves, et tout ce qui n'est pas présent dans le sommeil profond et
sans rêves n'est PAS la réalité ultime.
Cela m'a profondément troublé, car j'avais eu des expériences de type kensho ou satori (des
aperçus de la saveur de l'Unique), mais qui se limitaient toutes en général à l'état de veille.
En outre, la plupart des choses qui m'importaient existaient à l'état de veille. Pourtant, il est
clair que l'état de veille n'est pas permanent. Il alterne, toutes les vingt-quatre heures. Pour
autant, selon les grands sages, il y a en nous quelque chose qui est toujours conscient,
littéralement à tout moment et dans tous les états de veille, de rêve ou de sommeil. Cette
conscience toujours présente est l'Esprit en nous. Ce courant sous-jacent de conscience
constante (non duelle) est un rayon direct et ininterrompu du pur Esprit lui-même. C'est
notre connexion avec la Déesse, notre canal direct vers Dieu.
Ainsi, si nous voulons réaliser notre identité suprême avec l'Esprit, il nous faudra nous
connecter à ce courant de conscience constante et le suivre à travers tous les changements
d'état de veille, de rêve et de sommeil ce qui (1) nous dégagera de toute identification
exclusive à l'un de ces états (comme le corps, le mental, l'ego ou l'âme) ; et (2) nous
permettra de reconnaître et de nous identifier à ce qui est constant ou intemporel
dans tous ces états : la Conscience en tant que telle, autrement dit, l’Esprit intemporel.
Je méditais de manière assez intensive depuis une vingtaine d'années, lorsque je suis tombé
sur cette phrase de Ramana. J'avais étudié le zen avec Katagiri et Maezumi, le vajrayana avec
Kalou et Trungpa, le Dzogchen avec Pema Norbu et Chagdud ; j'avais également étudié,
parfois succinctement et parfois au cours de longues périodes, le Vedanta, la MT, le
shivaïsme du Cachemire, le mysticisme chrétien, la Kabbale, le taoïsme, le soufisme... Enfin,
la liste est longue. Quand je suis tombé sur la citation de Ramana, je participais à une
retraite intensive de Dzogchen avec mon enseignant principal, Chagdud Tulku Rinpoché.
Rinpoché insistait également sur l'importance du maintien de l'esprit-miroir pendant les
états de rêve et de sommeil profond. J'ai commencé à avoir des flashs de cette Conscience
non duelle constante dans tous les états, ce que Rinpoché a confirmé. Mais ce n'est qu'un an
plus tard, au cours d'une période très intense de onze jours durant laquelle le moi séparé a
semblé radicalement, profondément et complètement mourir que tout ceci a semblé
porter ses fruits. Je n'ai pas dormi du tout pendant ces onze jours ; ou plutôt, j'ai été
conscient pendant onze jours et onze nuits, alors que le corps et le mental passaient par
l'état de veille, le rêve et le sommeil : j'étais imperturbable au milieu des changements, sans
moi qui puisse être ému ; il n'y avait qu'une Conscience vide et immobile, l'esprit-miroir
lumineux, le témoin qui ne faisait qu'un avec tout ce qui était observé. Je suis simplement
revenu à ce que je suis, et il en est ainsi, plus ou moins, depuis lors.
Dès que cette Conscience non-duelle constante sera évidente pour vous, une nouvelle
destinée verra le jour au sein du monde manifesté. Vous aurez découvert votre propre Esprit
de Bouddha, votre propre Divinité, votre Vide propre, infini, informel, non spatial,
intemporel, votre propre Atman qui est le Brahman, votre Keter, votre Conscience
christique, votre Shekhinah rayonnante en dautres termes, la saveur de l'Unique. Cela ne
fait aucun doute. C'est précisément cela votre véritable identité le Vide pur ou la
Conscience pure, inqualifiable en tant que telle et vous êtes alors libéré de la terreur et du
tourment qui surviennent nécessairement quand on sidentifie à un petit sujet dans un
monde de petits objets.
Une fois que vous aurez trouvé votre identité sans forme d'esprit de Bouddha, d'Atman,
d'Esprit pur, de divinité, vous emporterez cette Conscience constante non-duelle toujours
présente pour réintégrer les états inférieurs, le mental subtil et le corps grossier, et vous les
raviverez de votre rayonnement. Vous ne resterez pas simplement sans forme et vide. Vous
vous départirez du Vide : vous vous diffuserez dans le mental et dans le monde, vous les
créerez dans ce processus et les intégrerez tous à parts égales, mais spécialement et
particulièrement ce mental et ce corps spécifiques que lon appelle vous (dans mon cas, Ken
Wilber) ; ce moi inférieur deviendra le véhicule de l'Esprit que vous êtes.
Et alors, toutes choses, en ce compris votre petit esprit, votre corps, vos sentiments et vos
pensées, émergeront dans le vaste Vide que vous êtes et se libéreront dans leur véritable
nature dès leur émergence, précisément parce que vous ne vous identifiez plus à aucune
d'elles, mais parce que vous les laissez jouer, vous les laissez toutes se manifester dans le
Vide et l'ouverture que vous êtes maintenant. Vous vous éveillerez dès lors à une liberté
radicale et chanterez ces chants de libération radieuse, vous irradierez d'une infinité trop
flagrante pour être visible et vous vous abreuverez à un océan de délices. Vous
contemplerez la lune comme une partie de votre corps et vous vous inclinerez devant le
soleil comme une part de votre cœur, et tout cela est exactement ainsi. Car éternellement et
toujours, il n'y a que cela.
Mais vous n'avez pas trouvé cette Liberté, ni ne l'avez atteinte d'aucune manière. Il sagit en
fait de la même Liberté qui a toujours régné dans la demeure du pur Témoin depuis lorigine.
Vous ne faites que reconnaître le Soi pur et vide, l'identité racine, votre Conscience naturelle
depuis le commencement et depuis toujours, mais que vous n'aviez pas remarquée, parce
que vous vous étiez égaré dans le film enivrant de la vie.
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