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thèse sur l’être lui-même »
. Avec le premier sens, l’être épouse nécessairement une
forme langagière. La thèse de Gadamer, loin d’être une intuition personnelle, s’inscrit
dans le tournant linguistique marqué par la place centrale qu’occupe le langage dans
la réflexion philosophique contemporaine. Il se différencie de la tradition antique et
médiévale centrée essentiellement sur la question de l’être.
En effet, le centre d’intérêt de la recherche philosophique tourne autour de trois
principales thématiques. Ces thématiques sont relevées par Jean Onaotsho pour qui, «
Une lecture paradigmatique de l’histoire de la pensée permet de répartir la production
philosophique occidentale en trois axes, trois centres d’intérêts particulièrement
marqués par l’affairement de la réflexion autour de la question de l’être, de la raison
et du langage »
. Le premier centre d’intérêt identifie l’être comme le paradigme
ontologique tandis que le deuxième met en exergue la raison ou le paradigme de la
philosophie de la conscience (sujet) et le troisième centralise le langage ou le
paradigme de la philosophie de l’intersubjectivité. Ainsi, Être, raison (conscience),
langage, apparaissent comme trois axes, ou trois paradigmes distincts.
Cet auteur relève que le paradigme ontologique a surtout été développé par
Aristote et ses épigones tandis que l’être comme raison par Descartes, Kant et les
Lumières. À la suite de ces penseurs, il ressort que le tournant le plus caractéristique
de la philosophie de notre temps, concentre ses investigations sur le langage et « pose
le primat du langage désormais entendu non plus comme organon, mais plutôt comme
a priori de la connaissance »
. C’est le linguistic turn ou le linguistic hermeneutic
pragmatic turn dont les principaux tenants sont Wittgenstein, Carnap, Frege, Austin,
Searle, Apel, etc. Et, « c’est dans ce dernier courant de la pensée que s’inscrivent les
questions soulevées par l’herméneutique de Gadamer »
Faisant référence à cette tradition, Heidegger, note : « La question que nous
touchons là n’est pourtant pas une question quelconque. Elle a tenu en haleine Platon
et Aristote dans leurs investigations, il est vrai aussi qu’elle s’est tue à partir de là- en
tant que question et thème d’une recherche véritable »
J. Grondin, Thèse de l’herméneutique sur l’être, dans « Revue de métaphysique et de morale », Paris
PUF, 2006/4 n° 52 | pages 469 à 481, dans https://www.cairn.info/revue-de-metaphysique-et-de-
morale-2006-4-page-469.htm, consultée 17/03/2020)
J. ONAOTSHO, De la raison herméneutique à la raison critique. Linéaments d’une rationalité
pluraliste, dans Revue africaine de théologie Vol. 26, n° 52 (octobre), 2002, p. 233.
Ib.
Ib.
M. HEIDEGGER, Être et temps, Paris, Gallimard, 1986, p. 25.