
Au cœur de cee contradicon se loge donc une queson essenelle : qu’est-ce qu’une vie
véritablement réussie ? Entre les valeurs armées, revendiquées, et les désirs réels, penser une telle
queson, en pleine conscience et en toute honnêteté, est loin d’être simple.
Tout d’abord, la noon même de « vie réussie » supposerait qu’il existe des critères de réussite
permeant d’évaluer s’ils sont ou non aeints. A supposer que de tels critères puissent être idenés,
conennent-ils une part d’universel ou sont-ils exclusivement relafs à chacun ? Surtout, avant de se
lancer dans la recherche de tels critères, une queson se pose : la valeur d’une vie peut-elle être
évaluée ? Comment tenter de répondre à une telle queson sans se demander préalablement ce que
désigne, ici, « une vie » ? Est-ce un ensemble d’événements ? Un récit que l’on se construit ? Une
réalité plus inme et existenelle ?
Surtout peut-on vraiment évaluer une vie dans son ensemble ? Si oui, comment « noter » ce qui
constue un tout non réducble à l’ensemble de ses pares ? Une totalité qui a pour principale
caractérisque d’être sa propre nalité ? N’est-ce pas plutôt seulement certains de ses aspects qui
peuvent éventuellement être soumis à une telle appréciaon et non pas une vie dans son ensemble ?
A moins que « réussir sa vie » soit l’équivalent d’être heureux. La queson « qu’est-ce qu’une vie
réussie ? » deviendrait alors « qu’est-ce qui rend heureux ? » Mais est-ce vraiment le même
quesonnement de fond ? Ne peut-on, en eet, imaginer une vie réussie qui ne rende pas
nécessairement heureux ? Que penser, par exemple, des personnes qui ont réalisé des œuvres ou des
découvertes, sources d’éclairages considérables pour l’humanité, mais qui ont vécu dans la misère ou
dans le malheur ? Les exemples sont légion ! Citons-en seulement quelques-uns, au hasard, tels que
Van Gogh ou Mozart, Camille Claudel ou Antonin Artaud, Galilée, Alan Turing ou Marie Curie, ou encore
Edward Snowden ou Julien Assange.
Bref, on peut accomplir quelque chose de grand, laisser une trace, être ule ou dèle à un idéal, sans
nécessairement être heureux. Pire ! Dans certains cas, il semblerait même que l’un fasse obstacle à
l’autre puisque « faire œuvre » exige parfois de mere la queson de son bonheur au second plan.
Et si, paradoxalement, on cherchait les moyens de réussir sa vie surtout quand on se sent
parculièrement malheureux ou peu apte au bonheur ?
Bref, une vie réussie doit-elle viser principalement le bonheur ou la grandeur ? La paix ou
l’accomplissement ? La joie ou la vérité ?
Entre une personne célèbre, riche, et ayant accompli une œuvre majeure et ule pour l’humanité mais
malheureuse et une personne inconnue, aux revenus et à la carrière modestes mais comblée de
bonheurs simples, laquelle nous semblerait avoir le plus réussi sa vie ?
A parr d’exercices d’écriture aux consignes simples et progressives, chacun sera invité à cheminer,
d’une manière libre et créave, le long de ces nourrissantes et smulantes quesons.
Caroline BOINON
Paris, le 03 septembre 2025