Table ronde : Nutrition et sport

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11e colloque de prévention et de lutte contre le dopage – Maison du sport français, 1er avril 2011
Table ronde
Nutrition et sport
Participent à la table ronde :
 Professeur Jacques POORTMANS, Professeur émérite à l’Université libre de Bruxelles, Unité
de recherche en biométrie et nutrition appliquée ;
 Professeur André-Xavier BIGARD, Physiologiste et nutritionniste à l’Institut de recherche
biomédicale des armées (Grenoble, Brétigny/Orge), vice-président de la Société française de
médecine du sport ;
 Docteur Jean-Pierre CERVETTI, Président de l’Association des médecins des équipes de
France.
La table ronde était animée par le docteur Véronique LEBAR, responsable de la cellule médicale de
l’AFLD.
I.
Intervention du professeur Jacques POORTMANS
Utilité des compléments alimentaires pour les sportifs ?
Je commencerai par quelques définitions. Naturellement, un complément nutritionnel destiné aux
sportifs ne doit pas figurer sur la liste des substances dopantes. Je me limiterai aux substances dites
humaines. Ces produits font l’objet de nombreuses allégations commerciales. Or la Commission
européenne a émis un règlement devant entrer en vigueur en 2011 et stipulant que toutes les
allégations figurant sur l’étiquette doivent être démontrées par le producteur. Des vérifications
scientifiques en laboratoire seront nécessaires, ainsi que des analyses de terrain et la recherche
d’éventuels effets secondaires.
Je me propose de vous présenter trois exemples de dérivés d’acides aminés : la carnitine, la
carnosine et la créatine.
.1 La carnitine
Cette substance, synthétisée dans toutes nos cellules, est nécessaire au transfert des acides gras
libres du cytosol vers les mitochondries, où s’opèrent les oxydations. Or les principes oxydatifs
fournissent la plus grande masse de molécules d’ATP dans les cellules musculaires, ces dernières
étant les seules reconnaissables et utilisables par un muscle. La carnitine peut donc être utilisée pour
prolonger l’activité physique.
La carnitine fonctionne-t-elle ? Quelques résultats positifs ont été enregistrés, qui portent
essentiellement sur la consommation maximale en oxygène de l’organisme entier. En revanche,
d’autres observations clairement négatives se révèlent au niveau du muscle lui-même, où la
carnitine est supposée être active.
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Pour comprendre ces valeurs, il est nécessaire de détailler le mécanisme. Pour entrer dans un
muscle, les acides gras venus du tissu adipeux, ou les triglycérides musculaires, doivent s’associer,
grâce à une enzyme, à une molécule de carnitine pour former un complexe qui passe dans la
mitochondrie pour enclencher un mécanisme inverse, avec une autre enzyme, afin d’assurer
l’oxydation totale de la molécule d’acide gras.
Dans la plupart des cas, la carnitine ingérée ne pénètre pas dans le muscle. De même, l’oxydation
n’est pas nécessairement favorisée. Ce point peut être démontré par l’expérience. Une étude montre
que les deux enzymes que j’ai citées présentent un mécanisme de fonctionnement rigoureusement
identique, que les sujets aient ou non consommé de la carnitine.
On peut donc conclure que le mécanisme suggéré ne fonctionne pas : l’utilité de cette
complémentation n’est confirmée par aucune étude sur les sujets sains ou même chez l’animal. En
revanche, les athlètes d’endurance synthétisent une quantité bien plus importante de cette enzyme
spécifique, comparé aux sujets non entraînés.
.2 β-alanine et carnosine
La β-alanine (bêta-alanine) est un acide aminé synthétisé dans nos cellules, qui s’associe à
l’histidine pour former un dipeptide, la carnosine. Celle-ci joue un rôle important dans la captation
de protons musculaires. L’exercice intensif, vous le savez, entraîne une production d’acide lactique,
qui libère des protons. Les protons libérés par l’acide lactique sont tamponnés par la carnosine.
C’est pourquoi l’on peut concevoir qu’une complémentation en β-alanine améliore la performance.
Quelques publications ont étudié l’action d’une complémentation en β-alanine chez l’homme.
L’effet n’est pas avéré pour tous les sportifs. L’un de mes collègues flamands a démontré que la
vitesse sur une épreuve d’aviron varie proportionnelement en fonction de la quantité de carnosine
dans les muscles des athlètes.
Le coefficient de corrélation r s’élève à 0,705. Cependant l’indicateur pertinent, r², s’élève à 0,5, ce
qui signifie que la relation ne fonctionne que pour 50 % des sujets.
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La consommation de β-alanine accroît à coup sûr, en quatre semaines, la concentration en carnosine
musculaire. Cependant, l’amélioration de la performance n’est pas systématique. De plus, un effet
délétère encore inexpliqué a été constaté : une prise supérieure à 3 grammes par jour peut entraîner
des réactions allergiques (paresthésies faciales et des membres supérieurs).
.3 La créatine
La créatine sert à augmenter la production d’ATP, seule molécule reconnaissable lors d’une
contraction musculaire et naturellement produite en quantité très réduite. La complémentation en
créatine permet de constituer un second réservoir dans le muscle, appelé phosphorylcréatine. 90 %
des haltérophiles et des culturistes aux Etats-Unis et 67 % des athlètes britanniques de haut niveau
utilisent la créatine. Aux Etats-Unis, 9 à 10 % des adolescents en consomment également.
La complémentation en créatine
Nous avons conduit des études sur l’effet de la créatine sur les sujets humains. Tous les
commerciaux prétendent que la créatine améliore la performance, en reculant le seuil de fatigue, en
accélérant la récupération, en augmentant la masse musculaire et la synthèse protéique. Or l’étude
scientifique infirme totalement ces effets.
Les vérifications de terrain montrent que la créatine n’a aucun effet notable dans les sports
d’endurance, à l’exception peut-être du cyclisme lors des sprints. En revanche, une action est mise
en évidence dans le football, avec 7 études avec effets positifs contre une étude sans effet. En effet,
le football (les avants) demande des efforts intensifs, brefs et répétés.
L’agence antidopage des Etats-Unis, l’USADA, a déclaré en 2006 que l’usage de la créatine pouvait
entraîner des déshydratations, des nausées, des crampes stomacales, des diarrhées, voire des
problèmes hépatiques et rénaux. Or ces effets n’ont pas été vérifiés expérimentalement. Il faut être
particulièrement attentif à la composition de ces compléments alimentaires et ne jamais se les
procurer sur internet.
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Un contrôle médical régulier est nécessaire afin de prévenir les éventuels effets hépatiques ou
rénaux.
.4 Que conclure ?
La plupart de ces compléments alimentaires présentent une efficacité faible ou nulle pour améliorer
la performance, retarder la fatigue, accélérer la récupération ou éviter les incidents infectieux. Les
présidents de fédérations, directeurs techniques et entraîneurs doivent être convaincus de la
nécessité d’un entraînement scientifiquement programmé. Enfin, les apports nutritionnels classiques
doivent être équilibrés et adaptés aux besoins de l’activité physique. Sous ces trois conditions,
l’apport de compléments alimentaires n’est pas indispensable.
.II Intervention du professeur André-Xavier BIGARD
Les boissons énergisantes : boissons ergogéniques pour le sportif ou boissons dangereuses ?
Les boissons énergisantes sont un sujet d’actualité. Ces boissons sont maintenant en vente libre en
France (et dans la très grande majorité des pays européens). Certaines points restent cependant
obscures, quant à leurs effets sur la santé et les performances physiques et mentales.
Le marché de ces boissons est colossal. La première boisson énergisante, que je ne citerai pas, a été
commercialisée en 1987 et représente actuellement 65 % d’un marché de 650 millions de dollars.
Plus de 1 100 millions de litres ont été consommés en 2007.
Il existe actuellement une cinquantaine de marques de boissons énergisantes dans le monde, même
si on n’en retrouve que 4 à 5 sur le marché français.
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La définition de ces boissons fait l’objet d’une véritable ambiguïté, largement entretenue par les
industriels eux-mêmes. La notion d’énergie qu’ils mettent en avant doit être considérée au plan
psychologique, avec la part d’irrationnel que cela comporte. En l’absence de définition formelle, ces
boissons se caractérisent par leur contenu, certains ingrédients étant systématiquement retrouvés
dans leur composition : la taurine, la caféine, le glucuronolactone (dont les effets physiologiques
sont discutés), des vitamines du groupe B, des glucides, etc.
L’ambiguïté qui entoure ces boissons, sur leur définition et leurs effets allégués, porte également sur
leur utilisation dans les disciplines sportives. En effet, les fabricants font de très nombreuses
références implicites au monde sportif dans leurs allégations et leurs indications, mais aussi parfois
des références explicites. Certaines de ces firmes, et notamment la plus connue, sont très impliquées
dans le soutien financier de manifestations sportives, de disciplines ou d’équipes de sports
collectifs, ce qui contribue à entretenir cette ambiguïté.
.1 Effets ergogéniques de ces boissons ?
Depuis dix ans, des expériences ont été menées afin de vérifier les effets de ces boissons sur les
performances de modèles animaux et humains. L’enrichissement de la ration alimentaire des
animaux par la taurine, cet acide aminé qui constitue la principale originalité des boissons
énergisantes, permet une amélioration du temps maximal de course, c’est-à-dire de la capacité
d’endurance. Toutefois, ces résultats n’ont pas toujours été démontrés, et l’étude rapportant ces
résultats n’a pas été publiée dans une revue de haut niveau.
Les effets de la taurine ont aussi évalués sur la performance musculaire. Pour une fréquence de
stimulation donnée, des animaux dont le régime alimentaire préalable a été appauvri en taurine
manifestent une diminution de la force musculaire produite en réponse à une stimulation, même si
la résistance à la fatigue est améliorée.
Effets sur les performances
A la lecture de ces résultats obtenus dans une situation de privation, il est difficile de conclure aux
effets de l’ajout de taurine au dessus des besoins physiologiques, afin d’améliorer les performances.
Une étude préalable, menée sur modèles animaux a aussi suggéré que l’administration de taurine à
différentes doses permettait d’améliorer le maintien d’exercices à la course. Ces résultats sont
néanmoins peu reproductibles, et largement discutés par de nombreux scientifiques. Ils doivent
également être confirmés, et surtout expliqués par des mécanismes biologiques précis, ce qui n’est
pas encore le cas.
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Chez l’humain, plusieurs essais de supplémentation par la taurine ont été réalisés. Une légère
amélioration de la consommation maximale d’oxygène et du temps d’endurance a été constatée.
Effets sur les performances
Effets sur les performances
La prise de deux canettes de 250 millilitres d’une boisson énergisante bien connue se traduit par une
amélioration infinitésimale du nombre de répétitions de développé-couché sur un banc d’exercice.
L’impact fonctionnel sur la réalisation de performance est quasi-nul.
Effets sur les performances
Même si des effets ergogéniques très ponctuels et conjoncturels ont été mis en évidence dans
certaines études, ils n’ont pas été confirmés pour chacun des composés du produit comme pour le
produit lui-même.
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.2 Effets sur la santé ?
La quantité maximale quotidienne recommandée par les industriels s’élève à 2 canettes de
250 millilitres, soit 0,5 litre. Or la part respective des composés varie considérablement suivant les
fabricants. Ainsi, la quantité de caféine peut varier du simple au double, alors que l’apport
glucidique varie entre 4 grammes et 30 grammes pour 250 millilitres ! Bien souvent, ces boissons
sont utilisées par des adolescents ou de jeunes adultes totalement sédentaires, avec des effets
certains sur le contrôle de la glycémie.
La taurine est un acide aminé présent en abondance dans le secteur intracellulaire, et notamment
dans la fibre musculaire. Elle accède rapidement au cerveau et présente une demi-vie très longue :
la question de l’accumulation cérébrale de la substance peut donc s’avérer importante. En revanche,
la taurine ne semble pas présenter d’effet majeur sur les fonctions rénales ou hépatiques. Dans une
étude menée par un industriel, des doses de 300 milligrammes par kilogramme de poids corporel
ont été appliquées à des rongeurs, avec des effets toxiques graves sur le cerveau. Ces doses
correspondent à 18 grammes pour un homme de 60 kilogrammes, soit 9 fois la dose maximale
recommandée par l’industriel. Ces quantités sont inférieures aux quantités consommées dans
certaines soirées festives. Le facteur de sécurité fixé par l’industriel semble donc trop peu important
pour empêcher la survenue d’effets secondaires cérébraux.
Les doses de glucuronolactone administrées dans cette étude toxicologique ne laissent pas entrevoir
d’effet important sur les différents organes. Il existe un effet possible sur la fonction rénale, mais
aucune inquiétude notable n’est à relever.
En revanche, la dose maximale recommandée par les industriels correspond à 160 milligrammes de
caféine, alors que la consommation spontanée de caféine s’élève à 200 milligrammes par jour. Les
effets indésirables connus de la caféine sont la nervosité, l’anxiété et l’irritabilité. De plus, ces
boissons sont de plus en plus consommées à la mi-temps de matches de football, de handball et de
basket-ball. Or le stockage de chaleur est l’un des effets reconnus de la caféine. Le deuxième risque
concerne la femme enceinte, chez qui la consommation de caféine est à éviter en raison d’anomalies
possibles dans le développement fœtal.
La combinaison taurine-glucuronolactone-caféine entraîne également une perturbation du profil
tensionnel : une légère augmentation a été constatée 100 minutes après l’absorption de
deux canettes.
Effets sur la santé ?
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Les effets sur la santé sont majeurs en combinaison avec l’alcool, dans un contexte festif. Or les
troisièmes mi-temps de certains sports collectifs sont marquées par un usage abondant de ce type de
cocktail. L’effet psychoactif de la caféine retarde les effets indésirables de l’alcool, ce qui a pour
conséquence de majorer l’alcoolisation, avec des effets bien connus sur la santé.
Un modèle de prise de risque pendant la conduite automobile a été construit, comparant les
consommateurs réguliers du mélange boissons énergisantes-alcool à un groupe témoin. Le risque
augmente clairement avec le débit de consommation, qui accroît les attitudes déviantes et de défi.
Effets sur la santé ?
.3 Conclusions
Plusieurs questions majeures restent posées, notamment celle de la combinaison de ces boissons
avec l’alcool et l’association avec d’autres conduites à risque. En revanche, il n’existe pas
d’inquiétudes majeures quant aux effets toxiques. Les effets ergogéniques restent à prouver. Ces
conclusions ont été reprises et assorties de recommandations dans un article publié fin 2010 qui met
en évidence un risque d’hypertension sous-jacent. Il est rappelé que la consommation est fortement
déconseillée pour les athlètes.
La société française de médecine du sport nous a permis de construire un ensemble de rappels
d’information sur l’utilisation bien comprise de boissons pour le sport. La composition de ces
boissons, leur bénéfice potentiel sur la performance physique sont indiqués, avec des applications
pratiques et les références scientifiques les plus récentes. Au document écrit est joint un PowerPoint
de formation détaillant un certain nombre de points clés. Ces diapositives se divisent entre un rappel
des données théoriques et un quiz assorti de réponses commentées. Il s’agit donc d’un outil de
formation qui sera mis à disposition de l’ensemble des participants dès la fin du colloque.
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III Intervention du docteur Jean-Pierre CERVETTI
Intérêt de la nutrition chez le sportif
Je vais vous entretenir de la micronutrition du sportif sous l’angle du terrain et non avec l’aspect
exclusivement scientifique de mes prédécesseurs.
Selon les experts, l’alimentation du sportif devrait être suffisamment équilibrée pour garantir une
bonne santé au cours de la pratique sportive. Ma présentation s’inscrit donc dans cette démarche de
santé.
1. L’équilibre nutritionnel
D’après le ministère de la Santé, maintenir l’équilibre nutritionnel consiste à équilibrer et diversifier
son alimentation de tous les jours en la construisant selon le principe de la « pyramide alimentaire »
bien connu de tous.
La pyramide alimentaire
Il faut respecter cet équilibre nutritionnel, mais aussi le rythme des repas. De plus, pour les sportifs,
les apports quotidiens recommandés sont plus importants.
Pour maintenir cet équilibre, il faut également tenir compte de la densité nutritionnelle des produits
à la disposition du sportif, de ses goûts, de ses habitudes alimentaires, de sa religion (un nombre
croissant de nos sportifs respectent des interdits alimentaires).
Enfin il faudra tenir compte de ses conditions de vie comme l’internat et/ou de ses ressources
financières (bien manger coute cher). Ajoutons qu’aujourd’hui, l’alimentation est essentiellement
industrielle, riche en énergie et pauvre en micronutriments.
Les athlètes sont suivis par des médecins et des diététiciens, mais leur alimentation relève trop
souvent du « néfaste-food ».
Alors pourquoi les sportifs suivent-ils peu les conseils nutritionnels ?
Nous oublions trop souvent que le repas constitue l’un des rares moments de liberté pour l’athlète.
Ces instants ne doivent pas être pris une contrainte supplémentaire à laquelle ils sont soumis.
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L’adhésion à une » nutrition santé » bien comprises et expliquée est plus que nécessaire.
De plus, les entraînements ne sont bien souvent possibles que lorsque les installations sportives sont
libres, c’est-à-dire au moment des repas. Ceci bien évidemment ne facilite pas leur tâche.
Notons que la plupart du temps, le petit-déjeuner n’est pas pris, alors qu’il s’agit du repas le plus
important de la journée.
Ajoutons enfin aux difficultés qui se présentent aux sportifs, les contraintes liées à la nutrition
pendant les compétitions, les voyages avec les décalages horaires.
Sur le plan des apports énergétiques, les besoins journaliers des sportifs sont couverts, mais cela est
insuffisant. Que nous apportent réellement les nutriments à notre disposition ? Nous connaissons
leurs valeurs théoriques, mais que deviennent- ils dans des conditions de cultures intensives et de
conservations à long terme ? A titre d’exemple une pomme cueillie en septembre non mure (pour
des raisons de conservations) consommée pelée (en raison des traitements chimiques de
conservations) au mois de février perdra 90 % de son apport nutritionnel théorique.
Les deux composants fondamentaux de l’alimentation du sportif sont les nutriments énergétiques,
qui sont les carburants de l’effort et peuvent être aisément quantifiés. Les micronutriments non
énergétiques (vitamines, minéraux, oligo-éléments, acides aminés, acides gras polyinsaturés, fibres
alimentaires, etc.) , théoriquement présents dans l’alimentation mais pour les raisons citées
précédemment seront difficilement quantifiables. Je rappelle que nous ne sommes pas en mesure de
fabriquer entre autre les acides gras polyinsaturés ou certaines vitamines leur présence dépend
exclusivement de l’alimentation.
Alors dans ces conditions l’équilibre nutritionnel est-il réalisé ?
2. Intérêt de la micronutrition : Les maillons faibles du sportif, les outils d’évaluation, les
solutions individualisées et les dangers.
Je me propose de vous présenter quatre exemples de l’intérêt de la micronutrition pour le sportif.
Par la présentation de quatre maillons faibles fonctionnels du sportif outre les déficits
micronutritionnels imputables à l’alimentation.
1) Le tube digestif et l’écosystème intestinal.
A l’effort, notre tube digestif n’est plus perfusé, la reperfusion n’intervenant qu’à l’arrêt de l’effort.
La pratique intensive du sport aura un effet important sur l’écosystème intestinal par le nombre de
ces alternances. Les conséquences sont une augmentation de la perméabilité intestinale, avec une
altération des cellules digestives qui entraîne une baisse de l’assimilation des micronutriments, de
probables dommages du système immunitaire.
Boisson de l’effort et intestin
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2) Le Stress Oxydatif.
Les sportifs consommant 10 à 20 fois plus d’oxygène que la population générale, ils produisent une
quantité bien plus importante de déchets liés à l’oxygène, ce qui peut avoir une incidence sur les
blessures à répétition. Dans ces conditions, la seule évaluation des apports par enquête alimentaire
est probablement faussée : il faut y associer une évaluation clinique pour estimer l’intérêt d’une
éventuelle action préventive. Les antioxydants offrent une possible protection contre les blessures.
3) Le Statut en Acides Gras Polyinsaturés.
La protection contre l’inflammation peut se représenter comme un combat entre les pyromanes que
sont les Oméga-6 et les pompiers que sont les Oméga-3. Les Oméga-6 se trouvent notamment dans
l’huile de tournesol. Omega 6 et Omega 3 interviennent dans le mécanisme de synthèse des
prostaglandines de types 1, 2 et 3.Les Oméga-3 permettent de lutter contre les infections et les
inflammations. La solution nutritionnelle consiste à consommer deux à quatre cuillers à soupe
d’huile de colza ou d’olive (Omega 9) par jour et de manger au moins deux fois/semaine du
poisson des mers froides. Les cardiologues connaissent les effets bénéfiques des Oméga-3.
4) La Communication Cellulaire.
L’équilibre acido-basique, constitue également une préoccupation importante pour les sportifs. La
solution nutritionnelle consiste à favoriser les aliments alcalinisant que sont les fruits et légumes, et
à limiter les aliments acidifiants comme les viandes et fromages à pâte molle, et surtout les sodas.
Dans son environnement, le sportif ne peut véritablement équilibrer son alimentation. Quel médecin
n’a pas été confronté à un athlète fatigué, à qui son entraîneur avait demandé de faire une prise de
sang et de prendre des vitamines ? Ce conseil est pourtant absurde. Or si le médecin fait valoir
l’inutilité de cette démarche, le sportif se tournera vers d’autres spécialistes comme les ostéopathes.
Il existe trois outils à disposition des médecins pour le suivi nutritionnel.
Le premier est le suivi clinique.
Le deuxième réside dans les enquêtes nutritionnelles : l’Institut européen de micronutrition (IEDM),
a mis au point des questionnaires alimentaires très pratiques pour assurer le suivi nutritionnel.
L’absence de micronutriments engendre des dysfonctions qui peuvent causer à terme des
pathologies.
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Le troisième c’est la biologie nutritionnelle, dont le coût est parfois élevé. La valeur de cette
biologie est parfois contestée en France mais il faut savoir qu’elle est d’une pratique très répandu en
Belgique par exemple.
Les outils de surveillance de l’équilibre nutritionnel
En conclusion :
La micronutrition consiste d’abord à proposer des solutions nutritionnelles individualisées et
adaptées au sportif. En cas de nécessité et sans renoncer à l’éducation à l’équilibre alimentaire, il est
possible de proposer une complémentation adaptée.
L’auto-complémentation via internet est bien sûr à éviter en raison des dangers potentiels liés au
Dopage. Le choix du Laboratoire est important, il lui appartient d’assurer la traçabilité de ses
produits et de s’assurer que pour ceux consommés par des sportifs ils ne contiennent pas de
substances interdites (Co- responsabilité avec le prescripteur).
Enfin les compléments alimentaires ne peuvent faire de miracles ils ne peuvent intervenir que dans
la préservation de la santé du sportif, qui est son capital naturel.
Questions-réponses avec l’amphithéâtre
Docteur Jean-Pierre FOUILLOT
Jacques Poortmans a mentionné le nouveau règlement qui demande aux fabricants de prouver leurs
allégations nutritionnelles. Plus de 40 000 propositions d’allégation ont été déposées, dont 4 850 ont
été retenues par l’Agence européenne. Les grands groupes agro-alimentaires ont renoncé à
mentionner la résistance immunitaire dans la publicité pour certains de leurs produits.
André-Xavier Bigard n’a pas évoqué la question du pH très bas des boissons énergisantes. Or les
boissons présentant un pH de 2,36 (Pepsi-Cola) ou 3,20 (Red Bull) maintiennent un pH inférieur à
5,5 pendant plus de 20 minutes après l’ingestion, ce qui contribue à dégrader l’hydroxyapatite de
l’émail dentaire.
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Professeur André-Xavier BIGARD
J’insiste sur la dangerosité du contexte dans lequel ces boissons sont consommées, et le risque
d’accident associé. J’ai recueilli des confidences de vestiaire qui laissent à penser que 18 à
25 canettes sont consommées dans les soirées festives d’après-match.
Un participant
La caféine a été retirée de la liste des produits interdits du Comité olympique, sous des prétextes
culturels. Or, aux Jeux de Pékin, les sprinteurs d’un certain pays proche du nôtre ont consommé des
gélules de caféine pour accroître leurs performances.
Professeur André-Xavier BIGARD
Nous sommes d’accord. La caféine présente des effets ergogènes. Son retrait de la liste des produits
interdits est d’autant plus surprenant que depuis 2006, les effets potentiellement délétères de la
consommation de caféine liés au stockage de chaleur ont été démontrés.
Le risque de pathologie réactionnelle à la chaleur est avéré.
Docteur Olivier RABIN, Conseiller scientifique, Agence mondiale antidopage
La caféine figurait sur la liste des produits interdits du CIO jusqu’en 2003 et sur celle de l’AMA
jusqu’en 2004. Elle se trouve désormais dans la liste des produits sous surveillance. Le seuil
autorisé par le CIO de 12 microgrammes par millilitre n’empêchait absolument pas le dopage. Une
grande partie des athlètes sont des consommateurs naturels de caféine. En raison de ces
deux risques, nous avons retiré la caféine de la liste des produits interdits. Un message d’éducation
sur le caractère non anodin de la caféine a été délivré auprès du monde sportif. La substance est
maintenue sous surveillance en raison d’une augmentation constatée dans la consommation de
caféine chez les sportifs.
Docteur François CHAPUIS
Les alicaments n’ont pas été abordés. Quel message pourrait délivrer notre commission médicale à
propos de cette zone-frontière entre les aliments et les médicaments ?
Docteur Alain CALMAT
Des textes encadrant strictement la publicité autour des alicaments ont été examinés à l’Assemblée
nationale. La DGCCRF est particulièrement attentive au contrôle de leur qualité.
Docteur Jean-Paul CERVETTI
Les fabricants de compléments alimentaires n’ont pas le droit de faire des allégations concernant la
santé. Je signale également que le déremboursement de certains médicaments entraîne un recours
accru à la phytothérapie parmi les athlètes. Il s’agit d’un sujet de préoccupation.
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