camp d’internement principal des Juifs avant leur déportation. Le 31 juillet 1944, elle
est déportée vers Auschwitz. D’après les documents, elle passe par le camp de
Kratzau, en Tchécoslovaquie, avant d’être libérée par l’Armée rouge en mai 1945.
Sa date de retour en France varie selon les sources : un document la dit rapatriée le 8
juin 1945, un autre le 10 juin. Ce dernier correspond à son enregistrement à l’hôtel
Lutetia, à Paris. Elle est mentionnée comme survivante, revenue seule. Son passage
par le Lutetia marque l’aboutissement d’un itinéraire tragique – mais elle est en vie.
La mort de Perla et d’Israël
Perla Lévy est arrêtée et déportée vers Auschwitz. Elle meurt dans le camp le 5 août
1944. Israël, quant à lui, décède le 22 mai 1944 à Paris 11e. Rien ne laisse penser qu’il
ait été déporté ; son décès est enregistré dans l’état civil parisien. Il est possible qu’il
soit mort de causes naturelles, ou suite aux privations de la guerre. Hypothèse : sa
mort, survenue quelques semaines avant la rafle de sa fille Vida et la déportation de
son épouse, a peut-être évité une déportation certaine.
Occupation, tentatives de protection et entrée en clandestinité
Au printemps 1942, confrontée aux rafles massives (dont celle du Vel’ d’Hiv en juillet),
la famille Saban cherche à exploiter son origine turque pour échapper à la déportation.
Les autorités françaises accordaient en effet des passeports de complaisance turcs à
certains Juifs séfarades et le droit international protégeait provisoirement les
ressortissants des États neutres (fhju.fr ). Ainsi, en décembre 1942 Mme Perla Saban
demande la reconnaissance de sa nationalité turque auprès du Consulat général de
Turquie à Paris. Un certificat daté du 16 décembre 1942 atteste qu’elle est « née en
1289 (1873) à Istanbul, fille de Haïm Lévy et de Sara » (fhju.fr.) Parallèlement, une
attestation du 30 décembre 1942 désigne leur fille Victoria comme « née en 1326 (1910)
à Istanbul, fille d’Israël Saban et de Perla »fhju.fr. Ces documents prouvent que Perla et
Victoria essaient d’obtenir la protection consulaire turque. Mais, comme le soulignent
les chercheurs, cette protection était fragile : la loi turque de 1928 (renouvellement
consulaire obligatoire) et un décret non publié de 1938 avaient privé beaucoup de Juifs
turcs de leur nationalité à leur insu. Autrement dit, la « carte de protection » turque pour
les Saban risquait fort de ne pas être reconnue par les autorités occupantes.
Étonnamment, Israël Saban n’apparaît pas sur ces listes de déportation. En fait il était
décédé à Paris le 22 mai 1944, avant la rafle de juillet (cette date de décès figure dans
les recherches familialesgenealoj.org). Les circonstances exactes de sa mort (maladie