
Pensée critique : définition, illustration et applications
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orientée vers la résolution d’un problème. Notons la nécessité d’une
attitude préalable à ce processus, selon ces deux auteurs : l’individu doit
d’abord être prêt à s’occuper activement et de manière réfléchie des
problèmes qui surgissent dans sa vie. À titre d’exemple, les propriétaires
d’une entreprise qui font face à un problème de faillite imminente peuvent
réagir en adoptant les attitudes et les capacités de la pensée critique
appropriées, telles celles qui suivent : éviter la complaisance et la
restriction mentale, examiner tous les éléments du problème en
profondeur, et déceler des relations entre les éléments analysés. L’issue
du processus consisterait, par exemple, à élaborer un plan de
redressement financier adéquat.
En somme, la pensée critique se caractérise notamment par le doute,
la rigueur intellectuelle, l’examen en profondeur, la réflexion, et elle se
conçoit également en tant que processus. Abordons maintenant deux
conceptions de la pensée critique.
Deux conceptions de la pensée critique
Remarques préalables
Avant de présenter deux conceptions de la pensée critique, voici
quelques remarques préalables. Dans le vocabulaire des habiletés de
pensée, Beyer (1988) soutient que l’expression « pensée critique »
correspond à l’une des plus trompeuses, notamment parce que la pensée
critique n’équivaut pas à l’une des opérations de la pensée, telle la prise
de décision, ni d’ailleurs aux habiletés tirées de la taxonomie des
opérations intellectuelles de Bloom (1956). Pour lui, la pensée critique
implique l’analyse objective de n’importe quelle affirmation, source ou
croyance afin d’en évaluer la précision, la validité ou la valeur. Guilbert
(1990), pour sa part, souligne la grande diversité dans les définitions de la
pensée critique et le petit nombre d’entre elles qui peuvent devenir
opérationnelles. Quant à Walters (1994), il dénonce le fait que les modèles
courants de la pensée critique, qui servent d’inspiration aux applications
pédagogiques du côté américain, se limitent la plupart du temps au
développement du raisonnement logique et de l’analyse d’arguments chez
les étudiants.
Afin de mieux cerner la notion de « pensée critique », Johnson (1992)
a procédé à l’analyse critique de cinq auteurs – Ennis, Lipman, McPeck,
Paul et Siegel – dont les conceptions comprennent une articulation
rigoureuse des concepts, ainsi que des principes et des arguments qui
soutiennent leur définition respective de la pensée critique. Cet auteur a
dégagé trois convergences principales de ces cinq conceptions. D’abord,
la pensée critique fait appel à plusieurs habiletés de pensée. Ensuite, pour
se manifester, la pensée critique requiert de l’information et des