La vie comme une scène : réflexions philosophiques et spirituelles

LE MONDE EST-IL UNE SCÈNE ?
Par le Dr Sara Pavan
‘’Brahma Sathyam – Jagat Mithyam’’ ‘’Dieu est Vérité – Le monde est irréel.’’ − Adi
Shankara
‘’L’homme revient sur Terre encore et encore jusqu’à ce qu’il ait atteint la perfection dans
son interprétation.’’ − Yogananda
‘’Le monde entier est une scène et tous les hommes et toutes les femmes ne sont que des
acteurs.’’ − Shakespeare
‘’L’âme n’est jamais née et ne meurt jamais ; non née, elle ne naîtra pas ; sans naissance,
sans fin, éternelle, ancienne, elle n’est pas tuée, lorsque le corps dans lequel elle vit est tué…
Tout comme l’on se défait de ses vieux vêtements, l’âme se défait de ses corps pour en revêtir
des nouveaux.’’ – Le Seigneur Krishna dans la Bhagavad Gita
‘’Le vêtement est pour le corps ce que le
corps est pour l’âme : une simple
enveloppe illusoire, superficielle. Je n’ai
pas d’attaches fondées sur ce corps
provisoire et Je ne suis lié que par le lien
permanent qui émane de l’amour pur.’’ –
Baba
‘’La vie est un rêve. Réalisez-le.’’ – Baba
‘’L’homme n’a pas le moindre libre
arbitre.’’ – Baba
‘’La nature est votre pasteur, votre vie est
votre professeur.’’ – Baba
‘’Chacun de vous a péniblement progressé
de la pierre à la plante, de la plante à
l’animal, de l’animal à l’homme ! Vous
avez gagné le corps humain par
l’accumulation de mérite de nombreuses
vies. Ne vous attendez pas à trouver le
bonheur dans l’ ‘’autre monde’’, car ce
monde-là aussi est impermanent ! Une fois
que vous aurez épuisé là-bas tous vos
mérites, vous devrez revenir une fois de
plus à la vie terrestre.’’ − Baba
‘’Je me suis séparé de Moi-même pour
devenir Moi-même’’ – Baba

‘’La destinée inévitable de chaque être vivant, c’est l’obtention de la plénitude.’’ – Baba
De l’utérus…au tombeau…la vie est une grande école…
Toutes les révélations précédentes de grandes personnalités et d’Avatars impliquent que la vie
terrestre n’est rien d’autre qu’un processus évolutif vers une plus grande Conscience, une
incarnation après l’autre. Ainsi, notre séjour terrestre ressemble à une école d’apprentissage.
Nous sommes exposés à une gamme variée d’expériences dans toutes les imperfections et
toutes les incohérences extérieures et apparentes qui sont transitoires et irréelles, mais qui de
la perspective humaine sont vues comme réelles.
En fait, la vie terrestre est une école de sagesse où les âmes apprennent à partir d’expériences
directes et personnelles et évoluent d’une vérité moindre à une vérité plus grande pour
atteindre finalement la complétude ou l’illumination. Aucun événement ne se produit jamais
sur Terre sans raison et chaque âme apprend ses leçons uniques, lorsqu’elle est incarnée dans
la forme humaine. Bhagavan Baba a plusieurs fois rappelé à l’auteur au cours d’entretiens
personnels : ‘’Il n’y a absolument rien de mauvais dans toute Ma création.’’ D’où, même ce à
quoi nous faisons allusion comme étant mauvais est aussi une bonne expérience, à tout le
moins du point de vue évolutif.
‘’L’autoréalisation est l’éveil de l’âme à son potentiel le plus élevé (la plénitude, la
perfection), où l’on se trouve dans la conscience constante de la perfection intérieure au
milieu des imperfections et du chaos extérieurs.’’ Ceci est une pensée inspirante qui n’avait
cessé de hanter l’auteur, il y a quelques années. Au cours d’un entretien personnel, cette
déclaration fut écrite sur un morceau de papier et transmise à Bhagavan afin d’être sûr qu’Il
était bien la source de ces paroles puissantes. Bhagavan prit gracieusement le morceau de
papier, le lut et le rendit à son auteur sans le moindre commentaire ! ‘’Mounam Angeekara
Soochakam’’ est une ancienne sagesse sanscrite qui veut dire ‘’Le silence est un signe
d’acceptation.’’ Autrement, Swami aurait réfuté. En ne faisant aucun commentaire, Bhagavan
a peut-être aussi découragé l’ego de l’auteur.
Les Védas, la Parole de Dieu perçue par les anciens sages, ainsi que les Ecritures sacrées que
Dieu a données par l’intermédiaire de divers Messies du passé révèlent la vérité concernant la
vie terrestre. La Vérité est multidimensionnelle, éternelle et universelle et elle ne peut changer,
quelle que soit la perspective. Un chirurgien ne peut être un chirurgien, si sa connaissance de
l’anatomie humaine n’est pas parfaite. Opérer un patient sans une solide connaissance de
l’anatomie, cela équivaut à pratiquer de la boucherie ! Pareillement, nous devons disséquer la
vérité sur nous-mêmes à l’aide d’un ‘’microscope spirituel’’ pour savoir qui nous sommes et
ce qui nous compose.
Sommes-nous juste le corps ?
Un être humain n’est pas juste le corps, l’aspect physique manifesté, mais beaucoup plus que
ce qui touche les sens. Le corps n’est qu’un instrument pour effectuer des actions. C’est un
véhicule pour que la ‘’personne intérieure’’, la Persona, se manifeste et s’exprime. Chaque
personne, au fond d’elle-même est Dieu, mais cette divinité est enveloppée dans la
personnalité, la conscience corporelle, avec un sentiment de séparation en tant qu’être humain
individuel. Notre corps physique ou grossier n’est constitué que de matière terrestre, les cinq

éléments – espace, air, feu, eau et terre – de la nourriture consommée et par conséquent, on
s’y réfère comme à la ‘’gaine de nourriture’’ (annamaya kosha). Le corps physique est
comme un costume fait sur mesure pour nous qui est ‘’ce que nous pensons que nous
sommes’’.
A un niveau plus profond, nous verrons les corps subtil et causal, qui sont les aspects non
matériels et invisibles de notre être, au-delà des sens. Le corps subtil se compose du mental,
de l’intellect, de la mémoire et de l’ego (manas, buddhi, chitta et ahamkara), qui sont associés
aux trois gaines suivantes (pranamaya, manomaya et vijnanamaya koshas). Le mental est
cause de toutes les aberrations et objet de ‘’ce que les autres pensent que nous sommes’’. Au-
delà du corps subtil, il y a le corps causal qui forme la gaine de félicité (anandamaya kosha),
‘’ce que nous somme réellement’’. Le corps n’est qu’une résidence provisoire pour le
Résident intérieur, l’Atma, le Soi immortel et éternel.
Qu’en est-il de l’évolution de l’homme ?
L’âme (Jivatma) est un fragment infime
de la sur-Ame, la totalité de la
Conscience omnipénétrante
(Paramatma). Se manifestant par le
biais d’une forme physique, l’âme
continue d’évoluer durant des périodes
de temps infinies sur la scène du monde,
en tant qu’entité séparée, jusqu’à ce
qu’elle s’éveille finalement à sa propre
Réalité, Dieu ou la Conscience Absolue.
L’âme, associée au corps physique lors
de son séjour terrestre, s’est identifiée
au corps qui donne un sentiment
illusoire de séparation et pourtant, en
réalité, elle n’a jamais été séparée de la
Totalité qui est une. En fait, l’âme ou
l’Atma est au-delà des limites du temps
et de l’espace qui n’existent que dans le
domaine du créé.
Au moment de la mort, lorsque l’âme est libérée du corps physique, elle accepte la réalité
inévitable que son association avec son corps temporel est impermanente. Elle surmonte le
désir de retourner dans le corps qu’elle avait occupé, après une période initiale de
‘’confusion’’ et d’ ‘’épuisement mental’’. Libérée de son incarcération dans le corps physique,
l’âme voit le tableau plus vaste du Drame Cosmique avec sa conscience élargie. Après un peu
de ‘’repos’’ et une adaptation à son ‘’nouvel environnement’’, l’âme commence une vie
totalement différente sur le plan astral. L’auteur connaît ces expériences que quelques-uns de
ses amis proches ont vécues après leur mort, grâce à des médiums responsables.
Le corps causal retire du corps subtil toutes ses impressions passées et les reporte pour
plusieurs vies futures sur la Terre jusqu’à ce que toutes ces impressions de séparation ou ego
de l’âme se dissolvent dans l’immensité de l’unité. Parce qu’il véhicule les causes (les
impressions) du passé, il est aussi appelé le corps causal où l’âme individuelle à présent dans

la matrice de la Conscience Totale se prépare pour un autre séjour sur Terre. Nous pouvons
comparer ceci à un chauffeur, qui non seulement s’identifie à sa voiture, mais qui emporte
aussi avec lui toutes ses mauvaises habitudes de conduite dans sa nouvelle voiture, longtemps
après avoir quitté l’ancienne ! A moins qu’un acteur ne se souvienne qu’il n’est qu’un acteur
sur scène et qu’il doit jouer son rôle à la perfection, il sera pris par le rôle temporaire et le
costume qu’il revêt sur scène. Les souvenirs et les attachements du passé entravent l’évolution
de l’homme et le retardent dans son ascension vers la divinité.
‘’Cause et effet’’ – La modalité suprême de la Création
Adi Shankara évoque si éloquemment dans l’une de ses strophes du Bhaja Govindam les
cycles récurrents de la naissance et de la mort (Punarapi Jananam, Punarapi Maranam). Il
n’y a pas d’effet sans cause et il n’y a pas de cause qui ne produise pas d’effet. Considérons à
présent la nature du monde.
Par ce que nous voyons
autour de nous, par
l’information recueillie via
l’expérience d’autrui, par
déduction à partir de la
recherche et des théories
scientifiques, nous savons que
l’univers est une vaste entité
complexe ; le corps humain
lui-même est un mécanisme
miraculeux, les royaumes
végétal et animal, les planètes,
les étoiles, les galaxies, les
trous noirs, les particules, les
ondes, la matière,
l’antimatière et le reste – sont
tous des miracles. Il n’y a pas
d’effet sans cause. Ainsi, nous ne pouvons que postuler l’existence d’un Créateur omniscient
et omnipotent ou d’une Intelligence divine qui dépasse notre compréhension limitée.
La cause est l’effet caché et l’effet est la cause révélée et le temps entre les deux peut être
extrême. Selon la troisième loi de Newton : toute action engendre une réaction égale et
opposée. Lorsque la réaction d’une action est immédiate et lorsque nous sommes capables de
la voir et de la mesurer au niveau sensoriel, nous disons que c’est scientifique. Mais si le
temps de réaction est immense, peut-être après plusieurs vies, quand on n’a pas souvenir de la
cause, l’effet peut sembler isolé ! Simplement parce que la cause n’est pas visible sur le plan
terrestre, on ne peut pas nier ce principe de causalité. La cause est comme une graine qui
attend le moment opportun pour germer. Cette ‘’graine’’ est profondément enfouie dans
l’esprit subconscient. L’esprit et la matière sont connectés et interdépendants. Pour ceux qui
connaissent le jargon informatique, il n’est pas irréaliste de comparer l’esprit conscient à la
mémoire vive et l’esprit subconscient au disque dur. Toutes les manifestations sont des
projections du mental et sont soutenues par lui.

Toute action est divine et toute réaction est humaine !
Nous étudions les cycles de vie de divers parasites en sciences biologiques. La plupart des
parasites ont plus que deux hôtes dans leur cycle de vie. Par exemple, le parasite de la malaria
a deux hôtes – le moustique et l’homme. Quand il infeste l’hôte humain, il provoque la
maladie appelée malaria. Pour empêcher la propagation de la maladie chez l’homme, il nous
faut briser le cycle de vie du parasite en tuant l’autre hôte, le moustique. En éliminant les
moustiques, nous aurons réussi à stopper la propagation de la malaria. En biochimie aussi,
nous avons pu mettre un terme aux événements chimiques cycliques grâce à des inhibiteurs
enzymatiques. Pareillement, la perspective de briser les cycles récurrents de la vie et de la
mort reposera sur l’élimination des déficits du ‘’bilan’’ qui sont ‘’reportés’’ d’une vie à
l’autre. La solution consiste à abandonner tout résultat à la Volonté suprême, en ayant bien
joué notre rôle prédestiné, c'est-à-dire jouer nos rôles respectifs sans réserve et sans résistance
– simplement l’action sans la réaction. Avec la compréhension et l’acceptation correctes, nous
développons l’équanimité vis-à-vis de tout ce qui se produit dans notre vie. Avec cette
réalisation, nous ferons l’expérience de la ‘’non-dualité’’ et nous ne subirons plus de karma
futur (Agami karma). Il est dit:que ‘’Advaita darshanam jnanam’’, que ‘’l’expérience de
l’unité avec la totalité est la sagesse’’ Toute action est divine et toute réaction est humaine. En
d’autres termes, au fur et à mesure que nous nous abandonnons, nous nous mettons à réagir de
moins en moins et finalement, nous vivons dans l’équanimité parfaite.
La préparation de l’âme pour une nouvelle apparition…
A présent, essayons d’étudier le mouvement de l’âme, le ‘’cycle de vie’’ de l’homme d’une
naissance à une autre, à la fois sur le plan matériel et au-delà, sur le plan astral subtil. L’auteur
prie le lecteur d’être quelque peu indulgent en termes d’imagination constructive et explicable.
Imaginons qu’il y ait deux ‘’hôtes’’ dans le cycle humain récurrent – les plans matériel et
astral. Nous allons rechercher d’où nous venons, ce que nous faisons ici maintenant et où nous
allons. Pour commencer, nous devons imaginer un point du cycle que l’âme parcourt et tracer
le chemin jusqu’à ce qu’un cercle soit complété. Etant donné que toutes les naissances ont une
cause, comme toutes nos expériences, nous tenterons de retrouver le cycle à partir du point
d’entrée dans le plan astral après la mort.
Avant de replonger dans la vie terrestre et d’entrer dans un nouveau corps dans l’utérus d’une
nouvelle mère, chaque âme individuelle doit parcourir diverses étapes de préparation dans le
monde astral. Libérée des limitations du corps grossier et gagnant la pleine conscience de sa
propre réalité, l’âme est capable d’évaluer la ‘’charge’’ de karma qu’elle véhicule – les gains
et les pertes, les opportunités manquées et les leçons ratées des incarnations passées. Avec
l’aide de guides astraux, l’âme peut déterminer impartialement le cours qu’elle devrait suivre
dans sa prochaine naissance et même dans plusieurs naissances futures afin de se débarrasser
de sa ‘’charge’’. La vie terrestre ressemble à une école où chaque individu apprend à évoluer.
Le rôle terrestre de chaque individu est donc prédéterminé, conformément aux besoins de
l’âme et en accord avec ses expériences, ses forces et ses faiblesses de ses vies passées pour
inclure de nouvelles leçons à apprendre et réviser certaines leçons du passé, suivant le cas.
Ainsi, les événements à suivre dans les prochaines incarnations terrestres sont ‘’conçus’’
comme si un nouveau ‘’programme’’ (la destinée) est ‘’écrit’’ dans la dimension astrale pour
les âmes, programme à expérimenter dans chaque vie terrestre pour leur voyage continu vers
la plénitude