
II. Contexte et analyse de l’œuvre
1. L’artiste et son époque
Né en 1913 en Russie et mort tragiquement en 1955 en France, Nicolas de Staël est une figure
essentielle de la peinture moderne européenne. Marqué par les bouleversements du XXe
siècle, il développe une œuvre singulière, caractérisée par une tension constante entre
abstraction et figuration. Proche de poètes comme René Char, il écrit dans une lettre en 1952 :
« Une tonne de muscles voltige en plein oubli de soi, avec toute la présence que cela requiert.
»
Les années 1950, dans lesquelles s’inscrit Parc des Princes, sont une période de renouveau
artistique en France. L’art se libère des conventions, explore la matière, le geste, le
mouvement – autant de préoccupations que l’on retrouve dans la peinture de Staël. Il s’inscrit
dans la mouvance de l’abstraction lyrique, mais revendique aussi une attache à la réalité
visible.
2. Analyse formelle de l’œuvre
L’œuvre Parc des Princes (1952) est une huile sur toile monumentale (250 x 200 cm) qui
évoque un match de football au stade du même nom. Aucun joueur n’est distinctement
identifiable. L’espace est structuré par de grands aplats de couleurs – rouges, bleus, verts –
organisés selon une composition rigoureuse, où la verticalité des formes évoque les corps en
mouvement, les gradins, le terrain.
Staël ne cherche pas à illustrer le match mais à en rendre l’intensité, la vibration, la tension
collective. Les touches sont denses, la matière est travaillée avec vigueur. L’artiste capte le
moment, l’effort, l’énergie, par la couleur et le geste. Comme il le note dans son journal : «
Une peinture devrait être à la fois abstraite et figurative. Abstraite en tant que mur, figurative
en tant que représentation d’un espace. »
C’est dans cette dualité que réside la richesse pédagogique de l’œuvre : elle ne livre pas un
sens unique, elle invite à l’interprétation, à la sensation, à l’émotion.