• La première guerre mondiale (1914-1919)
• La prospérité, la crise et le New Deal (1920-1941)
• L’arsenal des démocraties (1941-1945)
• Le nouvel ordre mondial (1991-2008)
• L’aigle américain contre l’ours soviétique (1946-1991)
• Après l’empire ?
L’Amérique du Nord : nouveau monde, nouvelle frontière
Sur une grande partie de l’immense territoire américain, « il n’y a pas âme qui vive. Les centaines
de millions d’habitants sont, on pourrait presque dire tassés, en quelques régions habitables,
cultivables, exploitables; et entre ces rassemblements, il y a le désert. L’avion vous permet de
prendre d’un coup conscience de cette réalité qui exerce une influence profonde sur le mode de
vie et la mentalité des gens de ce pays», observe Georges Blond.
En effet, pour les pionniers, l’espace vierge ou presque de toute présence humaine n’a pas été
défloré par le péché originel. Il est un don de Dieu. Ce monde nouveau réalise l’idéal céleste sur
terre. Les Américains aiment à rappeler le sermon du pasteur John Winthrop. A l’aune de l’épitre
de saint Mathieu, «City upon the Hill», [une cité sur la colline], le prédicateur puritain exhorte
ses compatriotes à jeter les pierres d’une nouvelle Jérusalem, phare régénérateur de la planète.
La frontière du nouveau monde n’est jamais définitive. A l’origine, elle désigne ces terres
sauvages ou inconnues qui s’offrent aux plus intrépides. Elle suscite l’esprit d’initiative, le goût du
risque, mais aussi des responsabilités, le tout tempéré par le sens de l’entraide et le souci des
autres. La frontière est une invitation perpétuelle au dépassement de soi.
Situé au cœur de l’Amérique du Nord, le territoire des Etats-Unis épouse entre l’océan Pacifique
et l’océan Atlantique les contours d’un gigantesque rectangle. Il s’étend sur un peu plus de 9
millions de kilomètres carrés, soit dix-sept fois la superficie de la France. Trois de ses côtés
bordent l’océan. Ses rivages marqués introduisent une véritable césure avec le monde extérieur et
font des Etats-Unis une citadelle inexpugnable. Au nord, la frontière canadienne dessine une ligne
presque parfaite si l’on excepte le renfoncement des Grands Lacs (Ontario, Erié, Huron,
Michigan, Supérieur). De ce tracé original, remarque Pascal Gauchon, découle la géopolitique «
des Etats-Unis résumée par la doctrine Monroe (1823): "L’Europe aux Européens, l’Amérique
aux Américains." C’est ainsi que doit être compris l’isolationnisme qui dure jusqu’en 1948:
d’abord s’étendre d’un océan à l’autre (ce que O‘Sullivan appelle la "destinée manifeste"), puis
contrôler le continent pour empêcher tout rival d’émerger, enfin se protéger de toute menace
lointaine en développant sa flotte».
Mais l’expansion américaine n’aurait jamais pu avoir lieu sans la mise en valeur d’un territoire
aux richesses inégalées. Le relief dessine trois grands ensembles. D’est en ouest se succèdent une
étroite plaine côtière sur l’Atlantique, la chaîne des Appalaches, les vastes étendues fertiles du
Midwest et les Montagnes rocheuses. Le point culminant (le mont McKinleyen Alaska) dépasse
les 6000 mètres. Aux Etats-Unis, le relief commande le climat. La trouée des grandes plaines
forme un couloir naturel dans lequel s’engouffrent les masses d’air polaire et tropical, à l’origine
d’épisodes climatiques extrêmes (gel hivernal enFloride,canicules à New York, tornades au
Kansas). Mais une chose est certaine, écrit Franck L. Schoell, «le climat est sain et fortifiant, il
stimule le goût de l’effort et offre de prodigieuses récompenses». Les montagnes proposent de
formidables ressources (charbonet terres rares). Les grands fleuves qui jaillissent de leurs
sommets alimentent les barrages hydroélectriques et irriguent de vastes étendues. LeMississippi,
le Missouriarrosent lesGrandes Plainesfertiles du Centre. Les Etats-Unis sont les premiers
producteurs de maïs et de soja, les deuxièmes pour le coton, les agrumes, le gaz, le charbon, l’or,
le plomb, le cuivre, les troisièmes pour le blé, le pétrole et, dans ce dernier cas, redevenus les
premiers à la faveur de l'exploitation du pétrole de schiste.