précieux, se met en place une série de quiproquos et malentendus comiques pour le plus
grand plaisir du spectateur. En quoi cette scène comique est alors aussi l'occasion pour le
dramaturge de mener une critique sociale ? Nous verrons tout d'abord comment se met en
place la tonalité comique du passage, puis nous étudierons la critique sociale qui sous-
tend ce dialogue de sourd.
III – Rédaction du début de la première partie :
Une fois de plus dans ce vaudeville rythmé, la tonalité comique s'impose nettement
au lecteur/spectateur.
En effet les répliques échangées par Fadinard et la baronne ne manquent pas de
provoquer le rire, tout d'abord parce qu'elles semblent assez souvent totalement absurdes.
Ainsi lorsqu'au début de la scène la baronne s'inquiète de savoir si Fadinard n'a « pas
froid », celui-ci lui répond : « Merci... je suis venu en fiacre... » sans que le rapport entre
ces deux idées ne soit vraiment logique. De même la formule qu'il répète à deux reprises à
la fin du passage pour rappeler à la baronne l'objet de sa visite « le dévouement est la
plus belle coiffure d'une femme », même si l'on se doute qu'elle a été choisie dans le but
d'inciter la baronne à céder son chapeau, est comique puisqu'on ne voit pas quel peut être
le lien entre le dévouement et la coiffure d'une femme. L'incohérence de ces échanges
permet ainsi de plonger le lecteur/spectateur dans une atmosphère saugrenue qui
s'accorde parfaitement à l'intrigue de la pièce.
De plus l'ineptie des échanges est encore accentuée par les nombreux malentendus
dont sont victimes les deux personnages. Le premier quiproquo s'établit à partir des lignes
7 et 8 lorsque la baronne évoque « le ciel de l'Italie » pensant s'adresser à un ténor
italien ; tandis que le deuxième quiproquo intervient, à partir de la ligne 30 lorsqu'il est
question du billet envoyé par Fadinard et que la baronne pense qu'il s'agit de celui envoyé
par le chanteur. Ces deux quiproquos qui s'enchaînent sont alors l'occasion d'apartés
comiques pour le public : le premier ligne 14 lorsque Fadinard demande : « Qu'est-ce
qu'elle a donc à parler de l'Italie ? » et le deuxième ligne 40 lorsque la baronne s'étonne :
« Qu'est-ce que cela veut dire ? ». La connivence que le dramaturge parvient à établir
avec le public lui garantit son adhésion et permet de le préparer à un enjeu qui dépasse
celui du simple divertissement.
Il faut effectivement prendre en considération la dimension critique de l'oeuvre de
Labiche. Il ne lui suffit pas de faire rire son public, il est aussi nécessaire de le sensibiliser
la question politique grâce à la satire des différentes classes sociales.