Bactériologie Systématique_ Listeria
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Listeria
OBJECTIFS
-Définir les Listeria
-Décrire la morphologie des Listéria
-Définir les modes transmission des Listeria
-Définir les 2 formes cliniques graves de la listériose néonatale.
-Citer 7 précautions d’hygiène contre l’infection à Listeria monocytogenes.
INTRODUCTION
-Définition
Petits bacilles à Gram positif dont la position taxonomique actuelle n’est pas bien définie. Le genre
Listeria se définit actuellement par les propriétés suivantes :
-G+C% bas : 36-42%
-Peptidoglycane associé à des acides teichoïques et lipoteichoïques; mais absence d’acides
mycoliques, acides gras non ramifiés.
Ils sont responsables d’infections humaines et animales. Chez l’humain ils peuvent être
responsables d’épidémies néonatales dans les crèches. L’antibiothérapie efficace permet d’obtenir
la guérison ; cependant, il n’existe pas de vaccin contre les listérioses humaines.
-Historique
-1926, Murray : description du genre Listeria. Listeria monocytogenes est l’espèce type et il tire
son nom d’un chirurgien anglais, Lord Lister.
-Bactérie isolée lors d’une épizootie touchant des lapins et de cobayes
-1933, Burn : montre son rôle dans les infections néo-natales en plus de ses implications dans les
méningites de l’adulte et des manifestations cliniques.
-Intérêts : Epidémiologique (infections néo-natales dans les crèches) et Diagnostic
1-CARACTERES BACTERIOLOGIQUES
1.1-Classification
Position taxonomique pas définitivement établie. Le genre Listeria comprend des espèces
pathogènes pour l’Homme et pour l’animal et des espèces non pathogènes.
-Genre : Listeria
-Espèces :
-Listeria monocytogenes (espèce-type et la seule pathogène à la fois pour l’Homme et
l’animal)
-L. ivanovanii (ex-L. monocytogenes sérotype 5 ; rarement rencontrée chez l’Homme, mais
pathogène pour l’animal)
-L. innocua, L. welshimeri, L. seeligeri (non pathogènes)
-Il existe des Sous-espèces
1.2-Caractères morphologiques
Petits bacilles mobiles par des flagelles péritriches, à Gram+, à bouts arrondis et parfois
incurvés. Ils ne sont ni sporulés, ni capsulés.
Dans les produits pathologiques, ils peuvent être coccobacillaires, en courtes chaînes. Dans le
LCR, ils sont rares, intra- ou extra-cellulaires. A l’examen direct, ils peuvent être confondus à des
Corynebacterium, aux streptocoques, voire à des Haemophilus si la décoloration est trop
importante. En culture dans des bouillons, ils peuvent être longs, filamenteux et disposés en
palissade.
1.3-Caractères culturaux
1.3.1-Conditions de culture
-Croissance favorisée par le glucose (0,1%), le sérum (1%) ou le sang (5%).
-Aérobie et microaérophile.
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-pH optimum : 7–7,4; Température optimale de croissance: 30-37°C [limites: C–45°C]; à +4°C, L.
monocytogenes cultive plus rapidement que de nombreuses autres espèces.
1.3.2-Milieux de culture
-Gélose nutritive (gélose ordinaire)
-Milieux sélectifs : gélose Mac Conkey, milieux hypersalés, biliés, au tellurite de potassium, mais
pas en présence d’azide de sodium.
-Gélose au sang (mouton, cheval, lapin) avec ou sans ANC (acide nalidixique et colistine)
1.3.3-Aspects des cultures
-Sur gélose nutritive, après 18h/37°C : petites colonies arrondies, translucides, gris bleuté.
Elles ont une iridescence bleu-vert caractéristique à l’examen en lumière oblique.
-Sur gélose au sang : même aspect, mais entourées d’une zone étroite zone d’hémolyse qui ne
dépasse qu’à peine le bord de la colonie et qui est rendue visible en déplaçant ou en enlevant la
colonie. Le CAMP-test (Christie, Atkins, Munch-Petersen) utilisé pour les streptocoques du groupe
B permet de mieux observer l’hémolyse des souches ayant une hémolyse faible ou douteuse.
Cependant, L. ivannovii produit une large zone ou de multiples zones d’hémolyse.
1.4-Caractères biochimiques du genre
-Catalase+, Oxydase– ; Glucose+ avec production d’acide lactique, esculine +, hydrolyse de
l’hippurate+, réactions au Rouge de méthyle et Voges-Proskauer (RM/VP) +, Urée –, Indole–,
H
2
S–.
-Caractères différentiels des espèces: D xylose, L rhamnose, mannitol et α methyl D mannoside ;
nitrate réductase.
1.5-Carcatères antigéniques
-15 AgO (I à XV) et 5 AgH (A à E) ; il existe d’autres écritures des profils sérologiques.
-16 sérotypes connus selon Paterson, Seeliger, Donker-Voet. Pas de corrélation étroite entre
sérovars et espèces.
2-EPIDEMIOLOGIE
2.1-Habitat
Bactéries saprophyte responsables de saprozoonose et ubiquitaires. Retrouvées dans le sol,
l’eau, les végétaux, le lait, la viande de poulet, et les matières fécales de porteurs
asymptomatiques humains ou animaux. Survivent dans l’environnement naturel et peut se
multiplier à +4°C.
2.2-Transmission
-Contamination directe (rare)
au contact des sujets exposés (éleveurs, vétérinaires) avec des animaux infectés
contamination interhumaine révélées par de petites épidémies dans les maternités.
-Contamination indirecte (plus fréquente):
contact avec milieu extérieur souillé (sols, eau, excrétions animales)
ingestion d’aliments contaminés d’origine animale (lait, viande, volaille, charcuterie,
fromages,…) ou d’origine végétale (choux, crudités,…)
Les infections surviennent sous forme de cas sporadiques en général, avec des variations
saisonnières. Elles touchent tous les âges.
3-PHYSIOPATHOLOGIE
-Porte d’entrée : tube digestif en général
-Passage des bactéries par les plaques de Peyer et pénétration dans les entérocytes.
-Echappement à la phagosome et multiplication intracellulaire dans le cytoplasme: L.
monocytogenes est une bactérie intracellulaire facultative capable de se multiplier dans les
macrophages et la plupart des cellules du sujet infecté.
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-Polymérisation d’actine et dissémination aux cellules adjacentes ; mais la dissémination peut se
faire par voie lymphatique vers les ganglions et vers la circulation sanguine.
-Les bactéries relarguées sont rapidement phagocytées par les macrophages tissulaires et de la
rate et par les cellules de Küppfer du foie. La lyse des hépatocytes serait à l’origine d’une
bactériémie prolongée et d’une dissémination.
L. monocytogenes utilise des facteurs de virulence comme l’internaline (ligand), la listeriolysine O,
phospholipases et l’actine (Act A) pour exercer son pouvoir pathogène.
4-POUVOIR PATHOGENE NATUREL CHEZ L’HOMME
4.1-Listériose foeto-maternelle
-Chez le nouveau né (listériose néo-natale) : peut exister sous 2 grandes formes
forme précoce généralisée bactériémique/septicémique survenant avant la naissance et se
manifestant dès les premières heures ou les 5 premiers jours de la vie. Chez l’enfant de faible
poids ou prématurément, la bactériémie/septicémie peut être associée à une méningite, à une
infection pulmonaire. La forme la plus grave est associée à des foyers infectieux granulomateux
multiples appelés Granulomatosis infantiseptica. Mortalité importante, naissance prématurée sont
des facteurs défavorables.
forme tardive méningée et de meilleur pronostic.
-Chez la femme enceinte : bénigne, discrète avec un syndrome pseudo-graippal ou passe
inaperçue. L’infection en début de grossesse entraîne un avortement ; si elle survient tardivement
elle provoque un accouchement prématuré.
4.2-Listériose de l’adulte
-Sujets à risque: déficients immunitaires (cellulaire surtout), hémopathes malins, cancéreux,
malades traités avec des immunosuppresseurs, diabétiques, cirrhotiques, grossesse.
-Formes neuro-méningées en général (méningites, méningo-encéphalite, encéphalites), forme
septicémique avec ou sans localisations métastasiques ou formes localisées (oculaire,
cutanées, osseuses, pulmonaires).
5-DIAGNOSTIC AU LABORATOIRE
5.1-Diagnostic direct
5.1.1-Prélèvement
-Variable selon les formes cliniques et âge du patient.
-Chez le nouveau né : liquide gastrique, méconium, LCR, sang, prélèvements périphériques.
-Chez la mère : placenta, lochies, liquide amniotique, sang (hémoculture)
-Autres cas : sang, LCR, lésions cutanées ou selles pour recherche de portage.
5.1.2-Examens directs
-Macroscopique : du LCR surtout (aspect très variable et trompeur. Aspect trouble.
-Microscopiques
Recherche de bactéries : courts bacilles ou coccobacilles en courtes chaînes ; intra- ou extra-
cellulaires (LCR) ; Gram positif. Confusion possible avec les corynébactéries, les streptocoques,
voire Haemophilus (si décoloration importante).
Cytologie du LCR : formule panachée et cytologie modérée (100 – 500 éléments/mm
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)
5.1.3-Détection des antigènes
IF, CIE, ELISA. Mais résultats encore décevants.
5.1.4-Diagnostic moléculaire
PCR qualitatives et quantitatives prometteuses. Amplification du gène codant pour l’hémolysine β
à l’aide d’une sonde spécifique de L. monocytogenes.
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5.1.5-Isolement et Identification
Sur milieux sélectifs pour les produits polymicrobiens et des non-selectifs pour les
monomicrobiens. Les Principaux caractères de Listeria monocytogenes :
-morphologiques et culturaux avec en plus la mobilité à 25°C, Catalase+, Esculine+ rapide, en
quelques heures.
-test d’Anton (Pouvoir pathogène expérimental): production d’une conjonctivite purulente par
inoculation de L. monocytogenes dans le sac conjonctival de l’œil de lapin en 2-5jrs. Guérie par
application locale d’ampicilline.
-sérotypage: agglutination sur lame des colonies avec des antisérums O et H.
-analyse électrophorétique enzymatique (épidémie)
-lysotypage (épidémie), ribotypage.
5.1.7-Antibiogramme
-Antibiotiques actifs : pénicillines (Ampicilline surtout), mais céphalosporines surtout de 3
ème
génération =INACTIVES ; aminosides; tétracyclines ; érythromycine ; chloramphénicol
-Des résistances sont observées avec certaines de ces molécules, la rifampicine, la SXT-TMP.
5.2-Diagnostic indirect
L. monocytogenes produit de nombreux Ag qui induisent la formation d’Ac. Des résultats
encourageants ont été obtenus avec le dosage des anti-listériolysine (ALLO), malgré les réactions
croisées avec la pneumolysine, la streptolysine O et la perfringolysine.
6-PREVENTION ET ELEMENTS DE TRAITEMENT
6.1-Prévention
Pas de vaccin efficace.
La prévention est essentiellement individuelle (éviter la contamination ; surveillance des denrées
alimentaires), surtout pour les sujets à risque (femmes enceintes et immunodéprimés).
-Préférer les charcuteries préemballées aux produits vendus à la coupe (pâté, rillettes, jambon).
-Eviter la consommation de produits à base de lait cru.
-Cuire soigneusement les aliments crus d’origine animale.
-Laver soigneusement les légumes crus.
-Conserver les aliments crus séparément des aliments cuits.
-Se laver les mains et nettoyer les ustensiles de cuisine après manipulation d’aliments non cuits.
-Nettoyer 2 fois par mois les réfrigérateurs et les désinfecter à l’eau javellisée.
6.2-Eléments de traitement
Antibiothérapie avec les molécules actives sur les souches en cause. Mais le traitement de choix
est : Ampicilline + Gentamicine.
CONCLUSION
Agent pathogène rarement mis en évidence dans nos formations sanitaires.-/-
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