19 Infection par le VIH La présente fiche contient de l’information générale. Pour obtenir des renseignements complémentaires, se référer aux lignes directrices publiées par les organismes reconnus et aux outils d’aide à la pratique clinique, que l’on trouvera sur le site suivant : [http://www.msss.gouv.qc.ca/itss], section « Documentation », rubrique « Professionnels de la santé/Outils », page « Intervention préventive relative aux ITSS ». Définition Infection causée par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Tableau clinique En l’absence de traitement, l’infection par le VIH évolue en quatre phases. Infection primaire ou aiguë : la majorité des personnes en primo-infection présenteront des symptômes (syndrome rétroviral aigu). Ceux-ci sont souvent non spécifiques ou de faible gravité et se résolvent généralement spontanément. Ils s’apparentent à ceux d’autres syndromes viraux, de même qu’à ceux de la grippe et de la mononucléose (fièvre, myalgies, maux de gorge, céphalées, nausées, diarrhée et vomissements, etc.). Ils peuvent être accompagnés d’adénopathies généralisées, d’une éruption cutanée, d’une candidose buccale et d’une ulcération des muqueuses. Des ulcérations de la cavité buccale sont également souvent rapportées. Infection chronique asymptomatique : période de latence clinique (asymptomatique) qui suit l’infection primaire ou aiguë. Infection chronique symptomatique : lorsque la réplication virale affaiblit le système immunitaire, cela peut entraîner une difficulté à combattre des infections. Les personnes infectées peuvent alors ressentir des symptômes tels que fatigue, diarrhée constante et fièvre persistante. Le sida est l’étape la plus avancée de l’infection. L’effondrement graduel du système immunitaire peut conduire à des manifestations cliniques liées à des infections opportunistes et à certains cancers. Durée de l’infection Une fois contractée, l’infection persiste toute la vie (infection chronique). Complications Infection primaire ou aiguë : les symptômes persistent de une à trois semaines dans la majorité des cas. Infection chronique asymptomatique : durée variable, de sept à dix ans sans traitement. Infection chronique symptomatique et sida : environ un an (survie sans traitement). En l’absence de traitement, complications ayant un lien avec l’immunodéficience : infections opportunistes (p. ex. : pneumonie à Pneumocystis jiroveci, toxoplasmose cérébrale, infection à complexe Mycobacterium avium disséminée) ; maladie neurologique primaire (p. ex. : démence liée au sida) ; cancers (p. ex. : lymphome, sarcome de Kaposi). Réactions psychosexuelles : stigmatisation intériorisée, sentiment de culpabilité, « self-blame », symptômes dépressifs et anxiété, impression d’être victime de la fatalité, idées suicidaires, retrait social, diminution du désir sexuel, malaise social, léthargie. Période d’incubation Juin 2014 Infection primaire ou aiguë : de deux à quatre semaines après l’exposition au VIH. Sida : plusieurs années après l’exposition au virus ; varie d’une personne à l’autre en fonction de diverses caractéristiques. 133 Période de contagiosité Le risque de transmission de l’infection apparaît rapidement après que l’infection a été contractée et persiste indéfiniment. Le risque de transmission est plus élevé lorsque la charge virale est très élevée, par exemple : pendant l’infection primaire ou aiguë (un risque de transmission très élevé peut persister jusqu’à six à douze semaines après que l’infection a été contractée) ; pendant la phase de sida. Réservoir L’être humain. Des virus similaires ont été détectés chez certaines espèces de singes. Épidémiologie Au Québec : plus de 300 nouveaux cas enregistrés chaque année ; touche particulièrement les HARSAH, les UDI et les personnes originaires de pays où l’infection par le VIH est endémique. Pour en savoir davantage à ce sujet, consulter le document suivant : [http://www.inspq .qc.ca/pdf/publications/1741_ProgSurvInfectionVIHQc_CasCumul2002-2012.pdf]. Modes de transmission Contact avec des sécrétions génitales infectées : o dans un contexte sexuel ; o de la mère infectée à son enfant au moment de l’accouchement. Transmission transplacentaire : de la mère vivant avec le VIH à son fœtus. Transmission postnatale : se produisant par l’allaitement (en Amérique du Nord, l’allaitement est contre-indiqué pour les mères infectées par le VIH). Transmission sanguine : o par transfusion sanguine, lorsque les mesures de sécurité transfusionnelles ne sont pas appliquées – notons qu’elles sont appliquées universellement au Canada ; o lorsqu’il y a partage de matériel de préparation, d’injection ou d’inhalation de drogues ou partage de la drogue elle-même ; o par le tatouage ou le perçage dans des conditions non stériles ; o par une exposition percutanée accidentelle ou par une exposition accidentelle des muqueuses à des liquides biologiques contaminés, incluant les piqûres avec des seringues à la traîne ; o par contact direct du sang avec de la peau non intacte. Pour en savoir davantage sur les modes de transmission du VIH, consulter les documents suivants : l’outil d’aide à la pratique clinique intitulé « Estimation du risque associé aux activités sexuelles » : [http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/fr/document/publication.nsf/4 b1768b3f849519c852568fd0061480d/48ba712817d5747685257d11005e1999?Ope nDocument] ; Guide pour la prophylaxie postexposition (PPE) à des liquides biologiques dans le contexte du travail : [http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/fr/document/publication.nsf/4b 1768b3f849519c852568fd0061480d/24578ea647005722852571480070070f?Open Document] ; Guide pour la prophylaxie après une exposition au VIH, au VHB et au VHC dans un contexte non professionnel : [http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/fr/document/ publication.nsf/4b1768b3f849519c852568fd0061480d/23a42408ae65cdab8525777 0006c0153?OpenDocument]. 134 Juin 2014 Période fenêtre Le délai minimal pour détecter l’infection par le VIH avec les trousses de 4e génération est de 14 jours après l’exposition, et de 28 jours avec les trousses de 3e génération. Sauf exception, la période fenêtre se termine 12 semaines après que l’infection a été contractée. Les exceptions sont les suivantes : immunosuppression consécutive à une autre maladie, infection chez un bébé né de mère infectée et, possiblement – bien que cela ne soit pas démontré –, le fait d’avoir reçu une prophylaxie antirétrovirale ou d’avoir une infection simultanée par le VHC. Pour obtenir des renseignements complémentaires, consulter la section 8.2 du présent document. Analyses de biologie Sérologie dans un contexte de dépistage : médicale o procéder à un prélèvement veineux : selon les laboratoires, détection combinée des anticorps anti-VIH 1 et 2 seuls (trousses de 3e génération) ou détection combinée des anticorps anti-VIH 1 et 2 et de l’Ag p24 (trousses de 4e génération) ; o procéder à un prélèvement capillaire, dans certains milieux, à l’aide de la trousse de dépistage rapide du VIH : détection des anticorps anti-VIH 1 et 2 seulement. Notes Tous les résultats positifs de tests de détection des anti-VIH font l’objet de tests de confirmation au LSPQ. Il faut répéter tous les tests sérologiques initialement positifs au VIH à l’aide d’un second échantillon de sang pour exclure les erreurs de laboratoire et confirmer le diagnostic. Consulter son laboratoire serveur afin de connaître les analyses disponibles dans son milieu et les conditions à respecter pour le prélèvement, la conservation et le transport des spécimens. Pour obtenir des renseignements complémentaires, se référer aux documents suivants : outil d’aide à la pratique clinique intitulé « Prélèvements et analyses recommandés en fonction de l’infection recherchée chez les personnes asymptomatiques (dépistage) » : [http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/fr/document/ publication.nsf/4b1768b3f849519c852568fd0061480d/3113c4e51c2166a485257d 1100607338?OpenDocument] ; section 8.2 du présent document ; Supplément du présent guide intitulé Dépistage du VIH dans les points de service à l’aide de trousses de dépistage rapide : [http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/fr/docu ment/publication.nsf/4b1768b3f849519c852568fd0061480d/9243ace3397c0db18 52577380043df29?OpenDocument] ; Lignes directrices canadiennes sur les infections transmissibles sexuellement : [http://www.phac-aspc.gc.ca/std-mts/sti-its/index-fra.php]. Juin 2014 135 MADO L’infection par le VIH et le sida sont des maladies à déclaration obligatoire (MADO) si, et seulement si, la personne atteinte a donné du sang, des organes ou des tissus, ou si elle a reçu du sang, des produits sanguins, des organes ou des tissus. Pour obtenir le formulaire de déclaration AS-770, consulter le site suivant : [http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/intra/formres.nsf/36e747f5dc7d0d6585256e1a006ba7 27/64631465d0d5c09085256ecf006b4afd/$FILE/AS-770_DT9070(2013-03)D.pdf]. Dans les autres cas, le VIH et le sida font l’objet d’une collecte obligatoire de renseignements épidémiologiques à des fins de surveillance continue de l’état de santé de la population. Pour en savoir davantage sur les maladies à déclaration obligatoire et la surveillance de l’infection par le VIH, consulter les sites suivants : [http://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/mado/index.php] ; « Surveillance de l’infection par le VIH au Québec » : [http://publications.msss. gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/preventioncontrole/sidapage1.pdf]. Traitement Il n’existe pas de traitement pour guérir l’infection. Une combinaison de médicaments antirétroviraux permet d’inhiber la réplication virale à des niveaux indétectables, de ralentir de façon importante la progression de l’infection et de reconstituer le système immunitaire. Le traitement diminue de façon importante le risque que l’infection évolue vers le sida et permet une survie prolongée. Lorsqu’indiqué, le traitement consiste généralement en des comprimés par voie orale. Des effets secondaires peuvent être associés à la prise de médicaments antirétroviraux (p. ex. : anomalies métaboliques telles que l’hyperglycémie ou l’hyperlipidémie, insuffisance rénale, pancréatite, neuropathie périphérique). Pour des précisions sur le traitement, consulter un collègue expérimenté ou se référer aux documents suivants : La thérapie antirétrovirale pour les adultes infectés par le VIH – Guide pour les professionnels de la santé du Québec : [http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/fr/documen t/publication.nsf/4b1768b3f849519c852568fd0061480d/19e2a3dd63255ab88525 73d3006805c5?OpenDocument] ; L’examen médical périodique de l’adulte vivant avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) – Guide pour les professionnels de la santé du Québec : [http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/fr/document/publication.nsf/4b1768b 3f849519c852568fd0061480d/83cffa4de98757e985257b9800472713?OpenDocu ment] ; Lignes directrices canadiennes sur les infections transmissibles sexuellement : [http://www.phac-aspc.gc.ca/std-mts/sti-its/index-fra.php]. 136 Juin 2014 Prévention Plusieurs mesures contribuent à réduire le risque de contracter une ITSS. Consulter à ce sujet les chapitres neuf et onze sur le counseling pré et post-test du présent document. Les mesures suivantes permettent également d’éviter de contracter l’infection par le VIH : o prophylaxie post-exposition (PPE) : après une exposition à des sécrétions génitales, à du sang ou à un autre liquide biologique susceptible de transmettre des infections à diffusion hématogène, une PPE peut être indiquée selon les recommandations du Guide pour la prophylaxie postexposition (PPE) à des liquides biologiques dans le contexte du travail : [http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/fr/document/publication.nsf/4b1768b3f849519 c852568fd0061480d/24578ea647005722852571480070070f?OpenDocument] et du Guide pour la prophylaxie après une exposition au VIH, au VHB et au VHC dans un contexte non professionnel : [http://msssa4.msss. gouv.qc.ca/fr/document/publication.nsf/4b1768b3f849519c852568fd0061480d /23a42408ae65cdab85257770006c0153?OpenDocument] ; o prophylaxie préexposition au VIH (PPrE) : cette mesure n’est pas généralement recommandée. Seuls les médecins ayant une expertise dans l’utilisation des thérapies antirétrovirales devraient envisager, de manière exceptionnelle, l’utilisation de la PPrE chez des clientèles où le risque de contracter le VIH est très élevé. Consulter à ce sujet l’Avis intérimaire sur la prophylaxie préexposition au virus de l’immunodéficience humaine, pour connaître les indications et les conditions à respecter : [http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/fr/document/publication.nsf/4b1768b3f849519 c852568fd0061480d/a4ab9c71d10a010a85257ba4006b8bc6?OpenDocument]. Il n’existe aucun vaccin prophylactique ou thérapeutique contre l’infection par le VIH. Les mesures suivantes permettent de diminuer le risque de transmission du VIH d’une personne infectée à une personne non infectée : o utiliser un condom avec tous ses partenaires sexuels, pour tout type de relations sexuelles, qu’elles soient vaginales, anales ou oro-génitales ; o ne pas partager de drogues ni de matériel de préparation, d’injection ou d’inhalation de drogues ; o ne pas donner de sang, de sperme, d’organes ni de tissus ; o ne pas partager ses articles d’hygiène personnelle (p. ex. : rasoir, ciseaux, coupe-ongles, brosse à dents) ; o couvrir soigneusement toute coupure ou plaie ouverte et se débarrasser en toute sécurité de tout objet contaminé par du sang ; o en présence des comportements à risque, consulter pour un dépistage périodique des ITSS; o atteindre et maintenir une charge virale indétectable grâce à une thérapie antirétrovirale ; o informer son médecin en cas de grossesse – grossesse de la personne infectée ou de sa partenaire – ou si sa partenaire planifie une grossesse : le traitement antirétroviral de la mère pendant la grossesse diminue considérablement la transmission périnatale du VIH. Juin 2014 137 Prévention (suite) La mesure suivante permet de briser la chaîne de transmission de l’infection par le VIH : o collaborer à l’intervention préventive auprès des partenaires : tous les partenaires sexuels exposés, et non pas uniquement le partenaire régulier, doivent être identifiés, joints, examinés et conseillés en matière de prévention le plus rapidement possible. Consulter à ce sujet le document « Les partenaires sexuels, il faut s’en occuper ! » : [http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/fr/document/p ublication.nsf/4b1768b3f849519c852568fd0061480d/08469bf531cc3cd58525 7d11005fe0f3?OpenDocument]. Les mesures suivantes permettent aux personnes infectées par le VIH d’éviter une aggravation de leur état de santé : o suivre les recommandations de l’équipe traitante (p. ex. : suivi médical régulier, prise d’antirétroviraux ou recours à une prophylaxie contre les infections opportunistes, si indiqué) ; o avoir de saines habitudes de vie ; o se faire vacciner : plusieurs vaccins sont recommandés systématiquement à toutes les personnes vivant avec le VIH alors que d’autres sont recommandés à des populations déterminées ou dans des circonstances particulières. Pour obtenir des renseignements complémentaires, consulter L’examen médical périodique de l’adulte vivant avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) Guide pour les professionnels de la santé du Québec : [http://msssa4.msss.gouv.q c.ca/fr/document/publication.nsf/4b1768b3f849519c852568fd0061480d/83cffa4d e98757e985257b9800472713?OpenDocument]. 138 Juin 2014