5e
Un bourguignon, nous conte un écrit, têtu et surtout benêt avait reçu en héritage
un terrain ensoleillé à flanc de colline.
Plus par paresse que par conviction, il avait décidé de vivre son âge d’or en se contentant de cueillir
au fil des saisons les maigres ressources naturelles de sa terre abandonnée.
Les villageois, outrés de voir ces riches arpents inexploités, avaient banni l’indolent de leur
communauté.
Le benêt allât s’en plaindre au curé du village : « Mon père, quel est mon
péché ? Pourquoi autant de courroux sur le pauvre de moi ? »
Sans ménagement le bon prêtre le sermonnat : « Mon fils, il n’est point de paradis pour les
cabochards et les paresseux, il est grand temps pour toi de mettre de l’eau dans ton vin, et pour ça, il
te faudra de la patience »
Sorti de son entretien, le voilà parti pour acheter du vin. Mais pas un sol en poche ! Et puis, qui
voudrait lui vendre du vin à ce paria !
« Mais où vais-je bien pouvoir trouver du vin pour pouvoir y mettre de l’eau ? Sans vin, les choses ne
s’arrangeront pas » Se dit-il.
Il a beau être entêté et paresseux, il n’en reste pas moins un paysan capable de
travailler la terre.
C’est donc tout naturellement qu’on le retrouve sur sa propriété en train de courir après quelques
vieux pieds de vigne endormis. Taille, épamprage, vendanges, au bout d’une année de labeur, il
réussit une bonne récolte qui le récompense de ses efforts et il retrouve l’estime de ses voisins.
Un jour, il fut stupéfait quand le curé souriant, lui expliqua le sens de cette expression « mettre de
l’eau dans son vin ».
On ne peut pas vivre, on le voit bien, dans l’insouciance et la paresse, mais en s’efforçant de gagner
son pain honnêtement. Qui est laborieux est préféré au paresseux.
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