
L'interprétation allégorique d'Homère, pratiquée depuis la plus haute Antiquité par 
presque tous les philosophes, couvre finalement une période d'au moins 2 500 ans. 
Si l'exégèse physique n'a pas été seulement appliquée à l'auteur de l’Iliade et de 
l’Odyssée, mais à d'autres grands poètes anciens grecs et latins tels 
que Hésiode, Virgile et Ovide, celle d'Homère est incontestablement la plus 
abondante quant aux témoignages écrits. 
L'Aède a ainsi été commenté allégoriquement par les rhapsodes, les philosophes 
présocratiques (Thalès de Milet, Anaxagore de Clazomène, Xénophane de 
Colophon, Héraclite d'Éphèse, Empédocle d'Agrigente, Démocrite d'Abdère, etc.), les 
pythagoriciens et les néo-pythagoriciens (Porphyre), Platon et les platoniciens 
(Plutarque de Chéronée) et les néo-platoniciens (Plotin, 
Porphyre, Jamblique, Proclos, Hermias d'Alexandrie et Olympiodore), Épicure et les 
épicuriens, les stoïciens (Cléanthe, Cornutus), ainsi que de nombreux autres auteurs 
anciens, grecs et latins, qui, sans appartenir nettement à un des courants 
philosophiques précités, livrent au moins des échantillons de l'exégèse physico-
théologique d'Homère (Aristote, Cicéron, le Pseudo-Plutarque, Macrobe, Héraclite du 
Pont, etc.), les Byzantins (Psellos, Eustathe de Thessalonique, 
Jean Tzétzès, Christophe Contoléon, Gémiste Pléthon), même les anciens auteurs 
chrétiens (Clément d'Alexandie, Hippolyte de Rome) et musulmans (Shahrastani), 
les humanistes (Rabelais, J. Pierius Valerianus, Jean Dorat, etc.), les alchimistes ou 
philosophes hermétiques depuis le XIVe siècle (Petrus Bonus, Blaise de 
Vigenère, Giovanni Bracesco, Michel Maier, etc.), enfin les Modernes depuis 
le XVIIIe siècle à nos jours (Fabre du Bosquet, Antoine-Joseph Pernety, E. 
d'Hooghvorst). 
 « Agamemnon représente l’éther ; Achille, le Soleil ; Hélène, la terre ; 
Alexandre, l’air ; Hector, la Lune ; les autres portent des noms qui s’y 
conforment. Parmi les dieux, Déméter représente le foie ; Dionysos, la rate ; 
Apollon, la bile »50. 
 « Les compagnons d’Ulysse sont métamorphosés en porcs et autres animaux 
de ce genre. C’est une allusion au fait que les esprits des hommes insensés 
passent dans des corps appartenant aux espèces animales. Leur chute les 
soumet à la révolution circulaire de l’univers qu’Homère appelle « Circé » 
(« Cercle ») »51. 
 « Par la fameuse chaîne d'or, Homère ne veut rien dire d'autre que le soleil, 
montrant par là clairement qu'aussi longtemps que se meut la sphère céleste 
et le soleil, tout a l'être et tout le conserve tant chez les dieux que chez les 
hommes; mais, s'ils venaient à s'immobiliser comme en des liens, toutes 
choses tomberaient en ruines et ce qui adviendrait serait, comme on dit, le 
bouleversement universel »52. 
 « Il semble, en fait, que le Créateur universel, en composant le monde 
d'éléments opposés et en y introduisant une amitié proportionnelle, réunit en