compréhension du fait que les immigrants sont une sorte d' ‘’exportation finale ‘’ - une
fois qu'une nation a été pillée de ses minerais, de son pétrole, de son bois, etc, et que
tout ce qui reste à exporter, c’est sa jeunesse. Enfin, on n'évoque pas beaucoup non
plus la manière dont l'ordre économique et impérialiste mondial, générateur de
migrations, épuise en plus les classes moyennes et ouvrières nord-américaines, en les
mettant artificiellement en concurrence avec les immigrants et en provoquant des
divisions sociales qui permettent aux classes d'élite de se maintenir au pouvoir.
Est-ce que je suis en train de dire que la haine raciale n'est pas un problème ? Non, ce
n'est pas ce que je dis. Ceci dit, il est beaucoup moins risqué pour le statu quo de
dénoncer la xénophobie que d'exposer les fondements d'un système mondial qui,
nécessairement
, engendre une misère, une pauvreté, une oppression - et une
xénophobie - sans fin. Traditionnellement, les discours raciaux ont été utilisés pour
justifier ce système, mais ils peuvent tout aussi bien être utilisés pour l'étayer.
Le bypass politique opère aussi plus subtilement. Il valide une théorie implicite du
pouvoir, une hiérarchisation du monde qui renforce subtilement les hypothèses
profondes et les mythologies directrices de l'ordre mondial actuel. Qu'oublie-t-on en
confiant le pouvoir aux présidents et aux premiers ministres, aux milliardaires et aux
banquiers, aux PDG et aux directeurs exécutifs, ainsi qu’aux organisations qu'ils
dirigent ostensiblement ? Ce n'est pas qu'ils n'ont pas de pouvoir. Mais les systèmes
qui les encadrent limitent étroitement leur marge de manœuvre, pour le meilleur et
pour le pire. Même les plus entreprenants des ‘’puissants’’ deviennent généralement
captifs des organisations qu'ils ont créées, et d’autant plus quand ces organisations
précèdent leur gestion. Par ailleurs, les instruments de leur pouvoir se révèlent encore
et toujours peu utiles pour atteindre des objectifs à long terme, même s'ils
impressionnent à court terme. Prenons le cas des missiles et des bombes. Ils peuvent
raser des quartiers et anéantir la vie de ceux qu'un pays qualifie d' ‘’ennemis’’, mais ils
ne parviennent pas à apporter la sécurité. Ils peuvent remporter une bataille. Ils
peuvent même gagner la guerre. Mais ce qui se profilera derrière cette victoire - dans
cinq, vingt ou cinquante ans – ne sera pas une bonne chose. Il s’agira d’une société
qui reflètera l'image de ce qu'elle aura semé.
Outre la violence, les autres principaux instruments du pouvoir conventionnel, que
reconnaît la politique, sont le contrôle de l'information et l'argent. Chacun de ces trois
instruments soutient les autres, mais d'une manière ou d'une autre, ensemble, ils sont
impuissants à éviter les désastres qui s'abattent rapidement sur la civilisation
moderne, à honorer la promesse ancienne de libérer l'humanité de la souffrance et
du besoin, ou même à stabiliser la position des élites dirigeantes.
Où le pouvoir réside-t-il, autrement ? Que laisse-t-on de côté, en adhérant à la vision
politique conventionnelle du pouvoir ? Voici quelques domaines de pouvoir qui
échappent à l'observateur politique habituel :
1. Les chamanes autochtones qui communiquent avec des êtres non humains pour
protéger la terre et l'eau et maintenir l'équilibre de la planète. Il y a quelques mois, j'ai
parlé avec un chamane équatorien, qui m'a raconté comment une société de
prospection pétrolière s'apprêtait à occuper le territoire de sa tribu. Les bulldozers et
le reste étaient déjà prêts. Il a alors communiqué avec l'esprit du pétrole et lui a
demandé d'intercéder. L'esprit a répondu : ‘’D'accord, donnez-moi trois jours.’’ Trois