Telechargé par pierrealberthayen

SILENCE DANS LA SALLE DE RÉUNION DU CONSEIL D'ADMINISTRATION - ED ET DEB SHAPIRO

SILENCE DANS LA SALLE DE RÉUNION DU
CONSEIL D’ADMINISTRATION
ED ET DEB SHAPIRO
Chapitre extrait de ‘’Be the change – How meditation can transform you and the world’’
"La force la plus puissante dans les affaires n'est pas l'avidité, la peur ou même l'énergie brute
d'une concurrence effrénée. La force la plus puissante dans les affaires est l'amour. C'est ce qui
aidera votre entreprise à se développer et à devenir plus forte. C'est ce qui fera avancer votre
carrière. C'est ce qui donnera un sens et une satisfaction dans votre travail".
TIM SANDERS, CADRE SUPÉRIEUR, YAHOO !
FAST COMPANY MAGAZINE
Nous reçûmes un appel téléphonique, et la voix à l'autre bout du fil demanda simplement :
"Enseignez-vous la méditation ?" Ed répondit par l'affirmative. La voix ajouta alors : "Nous
aimerions que vous veniez en Thaïlande pour enseigner à nos chefs d'entreprise". L'année d'avant,
il s'agissait de golf ; cette année, le vice-président voulait tester la méditation. C'est ainsi que nous
partîmes enseigner à ces chefs d'entreprise très stressés l'art simple du silence. À la fin de la
semaine, nous ignorions s'ils avaient compris ce que nous leur enseignions, mais le dernier jour,
alors qu'ils étaient libres de faire ce qu'ils voulaient, l'un d'entre eux nous demanda une séance de
méditation. À notre grande surprise, ils étaient tous présents. Par la suite, le vice-président nous
engagea à travailler avec la direction pendant un an et nous devînmes son coach personnel.
Face à l'augmentation du stress, les programmes de réduction du stress deviennent de plus en plus
courants dans le monde de l'entreprise. Bien qu'ils aient tendance à se concentrer sur la gestion du
temps et sur de simples pratiques de relaxation, nous voyons de plus en plus de cours de yoga et de
méditation proposés sur le lieu de travail. Google a déjà proposé ces deux types de cours1, tout
comme Yahoo !, Rodale Publishers, Morgan Stanley et Pricewaterhouse Coopers, pour n'en citer
que quelques-uns. Comme le relata Oliver Ryan dans le magazine Fortune, le 20 juillet 2008 :
"La foule des anciens élèves de la Harvard Business School qui se retrouvèrent pour écouter
l'expert en réseaux, Keith Ferrazzi ... aurait pu s'attendre à découvrir des stratégies sur la bonne
manière de composer avec un auditoire, de se souvenir du nom des gens ou d'identifier des mentors
. . . En lieu et place, Ferrazzi révéla un petit secret à ses anciens compagnons. La méditation.
L'exercice et la prière fonctionnent également, déclara-t-il, mais la méditation s’est avérée
tellement efficace qu'il passe maintenant dix jours par an en retraite de méditation silencieuse. En
d'autres termes, l'homme dont le dernier livre s'intitule Never Eat Alone (Ne mangez jamais seul)
attribue une grande part de son succès à du temps passé seul.’’
Il est facile de comprendre pourquoi la méditation possède un tel impact. Le stress provoque de la
fatigue au travail, de l'absentéisme, des erreurs, un manque de productivité, le burn-out et la
dépression nerveuse, tandis que la méditation produit l'effet inverse. Elle contribue à réduire le
niveau de stress tout en libérant l'esprit, en augmentant la concentration et la confiance, et en
aidant à acquérir une perspective plus vaste pour résoudre les problèmes. Elle favorise le
discernement, ce qui permet de prendre des décisions plus judicieuses et plus réfléchies. Elle
améliore les capacités d'écoute, ce qui renforce la communication interpersonnelle et ce qui
clarifie les objectifs et la vision.
JOEL ET MICHELLE LEVEY2
"Il s'agit peut-être d'obtenir de bons résultats commerciaux, mais ce que les gens constatent
aussi, c'est qu’en commençant à devenir plus globalement conscients, leur santé s'améliore, ainsi
que la qualité de leurs relations avec leurs proches, leurs enfants, ou leurs collègues de travail.
Nous avons pu observer que les relations interpersonnelles s'amélioraient en vertu d’un meilleur
apprentissage des aptitudes requises pour appréhender les conversations ou les situations
difficiles, telles que la résolution des conflits. Les dirigeants deviennent plus attentifs et capables
d'écouter, d'entendre des idées différentes. Leur personnel se sent écouté et valorisé. Nous avons
remarqué que le taux d'absentéisme en raison de maladies liées au stress diminuait fortement.’’
Avec ces résultats, les entreprises voient maintenant que les séances de déstressage sont à la fois
bénéfiques pour la santé des employés et un moyen d'inspirer et de stimuler la créativité. Dans une
situation de stress, il est naturel de se concentrer uniquement sur sa propre survie et sa
compétitivité, alors que si nous sommes détendus, nous nous connectons à un sens plus profond de
nos objectifs et à un altruisme inné.
https://www.youtube.com/@talksatgoogle/search?query=meditation (Ils doivent être vraiment stressés, vu la
brochette de spécialistes et d’expert(e)s en tous genres !, NDT.
2 Joel et Michelle Levey, les cofondateurs d'InnerWork Technologies, travaillent avec des entreprises de premier plan.
Parmi leurs ouvrages, on peut citer notamment Wisdom at Work (La sagesse au travail). Voir
https://www.wisdomatwork.com/
1
BONNIE REISS3
"Je pense que si nous travaillons dans un cadre très stressant, en politique ou dans les affaires, la
discipline de la méditation est vitale. J'ai occupé le poste de conseillère principale auprès du
gouverneur Schwarzenegger, et je travaillais dix-huit à dix-neuf heures par jour, sept jours sur sept,
sur toutes les questions imaginables nécessaires à la gestion d'un État qui est la sixième économie
du monde. Chaque fois que je me sentais particulièrement stressée au bureau, je m'arrêtais pour
respirer un peu ou je prenais le temps de sortir dans le parc du Capitole. Je m'approchais d'un arbre
ou je m'asseyais sur un banc et je méditais pendant cinq minutes. Dans pareilles circonstances,
même démarrer ou terminer la journée par une méditation ne suffisait pas, car je finissais par
perdre mon équilibre, et j'avais besoin d'un moment de calme au milieu de tout cela, d'une pause
de cinq ou dix minutes pour me retrouver. Lorsque je peux être silencieuse ; en retrait des gens et
que je peux me connecter à cet espace intérieur, je retrouve un plus grand sentiment d'équilibre et
de calme. Je peux penser plus clairement et prendre des décisions plus éclairées.
Il ne manque pas de personnes très intelligentes pour diriger un État ou un pays, pour travailler au
Sénat ou dans les administrations publiques. Mais le simple fait de mettre l'intelligence au service
de la prise de décision ne suffit pas, comme en attestent la pauvreté, les abus et la dégradation de
l'environnement, à garantir que notre État ou que notre pays progresse dans la bonne direction. Il
est tout aussi important de faire appel à la sensibilité et à la compassion pour prendre des
décisions. Au final, le monde évoluerait davantage, si chaque individu manifestait davantage
d'amour et de pardon dans tout ce qu'il fait."
Et pourtant, la possibilité d'être un peu tranquille ou de pouvoir se recueillir est le principal
ingrédient qui fait défaut dans la vie de nombreux hommes et de nombreuses femmes d'affaires, qui
sont normalement tellement occupés et sollicités qu'ils n'ont tout simplement pas la possibilité
d'être en paix ni d'avoir du temps libre. En conséquence, la première expérience de Silence et de
Présence peut s'avérer bouleversante.
JON KABAT-ZINN4
" Un jour, je donnais un atelier pour les entreprises à Chicago, dans un grand hôtel. Il s'agissait
d'un atelier de deux heures sur les applications pratiques de la pleine conscience dans le monde
des affaires. Quand je suis entré dans la salle, les participants étaient assis en costume, et ils
lisaient le Wall Street Journal, une tasse de café à la main. En guise d'introduction, j'ai simplement
dit : "Pourquoi ne prendrions-nous pas un moment pour nous asseoir tranquillement, sans aucun
ordre du jour ?’’ Je ne leur ai donné aucune instruction ; nous sommes restés assis tranquillement
pendant dix ou quinze minutes. J'ai remarqué que pendant ce temps, quelques personnes se sont
mises à pleurer. À la fin, je leur ai demandé ce qu'il en était. Et l'un des cadres a répondu : "Vous
savez, nous ne faisons jamais rien sans ordre du jour". Les autres acquiescèrent. Le simple fait de
s'asseoir et de rester tranquille leur a ouvert les yeux. Il s’agit de se réapproprier ce que j'appelle le
domaine de l'être. D'habitude, nous sommes tellement accaparés par tout ce que nous faisons
qu'au bout d'un temps, nous oublions qui fait ce que nous faisons et pourquoi, et même la nature
réelle de ce que nous faisons".
Bonnie Reiss a occupé le poste de senior advisor pour le compte du gouverneur de la Californie, Arnold
Schwarzenegger (2003-2007), et elle est operating advisor auprès de Pegasus Capital Advisors.
4 Jon Kabat-Zinn est directeur de la Clinique de réduction du stress et du Centre pour la pleine conscience dans la
médecine, les soins de santé et la société à la Faculté de médecine du Massachusetts, et l'auteur du best-seller, Full
Catastrophe Living (traduit en français sous le titre, Au cœur de la tourmente, la pleine conscience.)
3
TROUVER LA BONNE APPROCHE
Beaucoup d'hommes et de femmes d'affaires pensent que la méditation est un peu étrange et
excentrique ; ils se sentent gênés aux entournures, si les gens savent qu'ils la pratiquent, mais en
même temps, ils aspirent réellement à trouver quelque chose qui les aiderait à se détendre et à se
sentir mieux. Lorsque nous avons commencé à travailler avec des entreprises, nous avons constaté
que leur manque de familiarité avec le concept même de la méditation nécessitait que nous
adoptions une nouvelle approche. Comme nous l'avons déjà mentionné, l’un de nos premiers
engagements eut lieu en Thaïlande, à l'occasion de la réunion semestrielle de quatre jours des
quatorze directeurs d'une entreprise internationale. Ils venaient tous de pays différents, et nous
devions donc non seulement comprendre leurs cultures, mais aussi trouver un langage auquel tout
le monde pourrait adhérer. Plutôt que de parler de méditation, nous avons utilisé l'expression
"espace de silence". Celle-ci était immédiatement compréhensible et facilita grandement les
séances de méditation. Nous commencions chaque réunion par quelques minutes de silence, et
nous proposions des séances plus longues, deux fois par jour. Beaucoup d'entre eux nous
confièrent que s'asseoir en silence de cette manière les avait plongés pour la première fois dans le
moment présent, dans l'ici et le maintenant, sans que des pensées ne viennent envahir le silence.
MARK GERZON5
"Je n'ai jamais utilisé la méditation stricto sensu au sein des entreprises. Ce que je fais, c'est créer
un espace où les gens peuvent tout accueillir. Avant qu'un groupe confronté à une question difficile
ne me dise ce qui se passe, je demande à chacun de prendre quelques minutes pour se concentrer
sur ce qu'il veut partager ou sur ce dont il est question. Certains d'entre eux peuvent prendre des
notes, mais tous sont assis en silence. Si j'appelais cela de la méditation, ils diraient : "Pour qui
donc vous prenez-vous ?’’ Ceux qui l'apprécient se sentiraient plus proches de moi, mais ceux qui y
sont réfractaires se sentiraient en marge. Et je n'aurais pas réussi à atteindre l'objectif de notre
rencontre. C'est pourquoi je considère cela comme un silence réfléchi".
Débuter une réunion par quelques minutes de silence est un moyen très puissant, mais simple de
réunir des gens, que toute entreprise peut mettre en œuvre, sans avoir à parler de méditation. Ainsi,
personne ne pense qu'on lui demande de faire quelque chose d'étrange, et tout le monde se
retrouve dans un espace de partage.
TAMI SIMON6
"Nous observons une minute de silence au début de toutes nos réunions ; même pour une réunion
entre seulement trois personnes, nous prenons d'abord une minute. La plupart des gens passent
d'une réunion à l'autre ou d'un e-mail à un entretien, et si nous nous sentons débordés, nous
bousculons les gens, nous n'écoutons pas très bien, nous prenons de mauvaises décisions et nous
ne sommes qu'à moitié présents. S'asseoir une minute permet de s'aérer l'esprit et de se replonger
dans le moment présent afin que tout le monde soit sur la même longueur d'onde avant le
commencement de la réunion. Je dis aux personnes qu’elles ne doivent pas considérer cela comme
Mark Gerzon est l'auteur de Leading Beyond Borders et président de la Mediators Foundation for conflict resolution.
Voir www.mediatorsfoundation.org.
6
Tami Simon est la fondatrice et la directrice générale de Sounds True Publishing, une maison d'édition multimédia
dont la vocation est de diffuser la sagesse spirituelle. Voir www.soundstrue.com.
5
de la méditation ou une prière ; elles peuvent simplement penser qu'il s'agit d'une minute de
silence pour s'éclaircir les idées."
Utiliser des expressions comme la pleine conscience ou comme la pratique de la pleine conscience,
plutôt que de parler de méditation, fonctionne également, puisqu’elles décrivent instantanément ce
que l’on demande aux participants. Le fait de prendre conscience des autres, de leur comportement
et de la situation dans son ensemble nous permet alors de prêter la même attention à notre propre
esprit, comme on le fait dans la méditation.
JOEL ET MICHELLE LEVEY
"Nous travaillions avec le responsable de la production pendant un exercice de groupe, lorsque la
carte de la pleine conscience fut soulevée. Il la regarda et dit : ‘’La pleine conscience, qui a besoin
de ces conneries ?’’ Je lui répondis : ‘’OK, vous êtes directeur de la production. Vous préoccupezvous de la qualité de ce qui sort de chez vous ? Vous préoccupez-vous du nombre d'erreurs
commises par les employés ? Vous préoccupez-vous de l'efficacité ? Vous préoccupez-vous de la
manière dont le temps et les ressources sont utilisés ? Vous préoccupez-vous de la qualité de
l'attention que les gens portent à leur travail ?’’ Je passai en revue toute la liste et je lui dis alors,
essentiellement : ‘’Parce que c'est cela, la pleine conscience. C'est faire attention. C'est être
capable de gérer, et vous ne pouvez gérer que ce dont vous êtes conscient.'' Il reprit alors la carte
de la pleine conscience et annonça : ‘’Je pense bien que c'est ce qu'il me faut !''
Quelque temps plus tard, le directeur général passait chez un concurrent et pendant six mois, tous
les responsables des départements durent gérer leurs départements par eux-mêmes. Ils étaient
tellement cloisonnés et divergents que l'on fit appel à nous pour les aider à former une équipe. Deux
jours plus tard, ils organisèrent une réunion au cours de laquelle le responsable de la qualité et
celui de la production prirent la parole pour exposer les valeurs qu'ils allaient intégrer pour prendre
des décisions dans l'optique de faire progresser leurs départements. Tous les deux mentionnèrent
l'importance de la pleine conscience.’’
DÉCONNECTION
Quatre-vingt-quinze pour cent des cadres avec lesquels nous avons travaillé sont très talentueux
dans leur travail, mais pas aussi doués sur le plan émotionnel, de sorte que leurs relations sont
fréquemment tumultueuses. En gravissant les échelons d’une entreprise, il est facile de perdre le
contact avec cette part de nous-mêmes. Et ce n'est pas juste l'intégrité émotionnelle qui fait
défaut, mais aussi une connexion spirituelle plus profonde. Cette dissociation entre notre identité
professionnelle et personnelle peut entraîner la création de masques et de jeux de rôle, doublée d’
un profond manque de plénitude. Qui plus est, elle limite la quantité des ressources intérieures que
l'on peut apporter au travail. C'est un prix élevé à payer pour obtenir la réussite professionnelle.
MICHAEL CARROLL7
"Les chefs d'entreprise sont remarquablement confiants. Ce sont des hommes et des femmes
brillants, parmi les plus intelligents. Ils sont compétents, analysant la planification stratégique, la
Michael Carroll est consultant et coach en entreprise et l'auteur de Awake at Work et The Mindful Leader. Voir
www.awakeatwork.net.
7
mise en œuvre et ils possèdent toutes sortes de connaissances. Sur le plan du travail, on passe pas
mal de temps à essayer de concrétiser des choses, on veut toujours faire du chiffre, faire aboutir un
projet, conclure un deal, obtenir son diplôme de MBA, être promu, créer son entreprise, acquérir
une entreprise. Mais le problème, c'est que dans tous ces efforts pour arriver quelque part, on
ignore comment être, quelque part. Et en voulant devenir quelqu'un d'autre, quelqu'un de plus
riche, prospère, admiré ou puissant, on ignore comment être qui on est déjà. Outrepasser
rapidement l'expérience de ce que l’on est et sa situation crée une immense zone d'ombre, et cela
nous rend plus malhabiles. On se néglige soi-même et sa santé, et beaucoup de relations vraiment
nécessaires pour réussir.
Je parlais avec un médecin qui fait partie de l'équipe des affaires médicales d'une société
pharmaceutique, et il m'a dit : "Vous savez, pour moi, le leadership, c'est très simple. Mon travail
consiste à amener mon équipe du point A au point B de la manière la plus rapide, la plus efficace, la
plus profitable et la plus rentable possible. Voilà mon travail.’’ Je répondis : "Il n'y a qu'une petite
différence entre nous, mais elle est cruciale. Je veux également aller du point A au point B de la
manière la plus efficace, la plus rapide et la plus rentable possible. Pour autant, lorsque j'arrive au
point B, je veux que notre intégrité mentale collective soit intacte. La précipitation vers le point B a
pour effet de négliger le monde dans lequel vous vivez." Dans la précipitation, qu'elle soit
personnelle ou professionnelle, on produit en réalité la toxicité même que l'on veut éviter. La
méditation est l'ingrédient clé de cette démarche, puisqu’elle entraîne notre esprit à nous
apprécier nous-mêmes ainsi que le monde qui nous entoure.
La peur impacte les organisations, parce que les gens appréhendent d'être eux-mêmes.
L'incertitude est perçue comme une ennemie ; personne au travail ne peut donner l'impression de
douter ou d'être dans l'incertitude, surtout quand il s'agit d'un responsable. Si vous demandez à
l'individu moyen à quoi ressemble sa vie, il vous dira qu'il est plus déprimé, plus anxieux et plus
hésitant qu'il y a dix ans. La dépression progresse ; les troubles de l'anxiété sont en augmentation ;
le taux de suicide est en hausse. On essaye de sécuriser sa vie plutôt que de la vivre. Si nous
pouvons embrasser notre vie et arrêter d'en avoir peur, alors nous pourrons occuper notre place
avec un bon niveau de confiance et d'aisance.’’
Dans n’importe quel environnement professionnel, la volonté de réussir, et de réussir vite, est bien
ancrée. L'ego corporatiste est très important. Il y a un sentiment fort de "moi d'abord" et la
tendance à vouloir marquer son territoire, ce qui provoque un sentiment d'isolement et de solitude personne n'étant sûr de savoir à qui il peut faire confiance ou qui tentera de lui damer le pion dans
la course vers le sommet de l'échelle. De nombreux problèmes qui sont liés au monde de
l'entreprise sont dus à la vitesse avec laquelle des décisions sont prises ou des actions amorcées,
ce qui exclut souvent des parties importantes de notre psyché.
MICHAEL CARROLL
"Nous devons réconcilier les deux mondes de la compassion bienveillante et des affaires. J'ai
remercié plus de 3 000 personnes, orchestré d'importants licenciements, des rachats, etc. et
chaque fois, je me suis assuré que la direction savait comment traiter les gens avec respect en
préservant leur dignité, en communiquant de manière à ce qu'ils sentent qu'ils n'étaient pas
considérés comme des variables d’ajustement, en essayant de veiller à leur santé et à leur bienêtre, et à ceux de leur famille. Ce sont là des choses au sujet desquelles, si la direction ne réfléchit
pas bien et si elle n'est pas guidée pour prendre au sérieux la notion de bien-être, elle passera outre
et elle fera des dégâts.
Dans le cadre d'une réunion de vente que j'animais, il y avait peut-être deux cents personnes. Le
thème de la réunion était "être un guerrier", et j'ai alors relevé que nous pensions que des guerriers
devaient pouvoir donner des coups de poing et des coups de pied, mais en réalité, les guerriers ont
cette faculté de se sentir à l'aise avec leur propre présence physique et émotionnelle, qui émane du
sentiment de leur vulnérabilité. Et pour entraîner l'esprit dans ce sens, il faut pouvoir le pacifier par
la méditation.’’
On ne suggère pas qu'il est nécessaire de faire méditer tous les employés d'une entreprise ; ce
serait merveilleux, mais aussi prétentieux et impossible. Pour autant, si nous méditons
personnellement, nous pouvons nous connecter à la profondeur de notre moi émotionnel et spirituel
et les rapprocher pour qu’ils puissent être appréciés et nourris. Nous devenons ce que nous sommes
réellement - notre Soi authentique - et c'est lui que nous emmenons au travail. La méditation
signifie devenir plus équilibré dans notre approche des difficultés et être capable d'inspirer les
autres.
CONSTANCE KELLOUGH8
"On croit qu'on ne peut pas gagner sa vie et vivre en même temps, et donc la plupart des gens vont
au travail à contrecœur pour gagner leur vie, et ils ont l'impression que le seul moment où ils
peuvent véritablement se détendre et être eux-mêmes, c'est lorsqu'ils ne sont pas sur leur lieu de
travail. Quand j'étais consultante en gestion, je voyais cela tout le temps et je trouvais vraiment
dommage de ne pas pouvoir apporter notre identité essentielle sur notre lieu de travail. Il est
possible que dans un proche avenir, l'importance de la sérénité devienne si évidente pour les
employeurs qu'ils autoriseront volontiers des pauses de silence au cours de la journée de travail
afin d'encourager leurs employés à cultiver cette pratique. C'est à partir du calme intérieur que
jaillissent toutes les idées nouvelles et créatives et que nous prenons des décisions claires et
conscientes. C'est à partir du calme intérieur que nous devenons plus efficaces dans ce que nous
faisons, parce que nous sommes dans le moment présent et parce que nous ne sommes pas freinés
par les peurs et par les frustrations de l'ego. Cela ne signifie pas que l’on n’est pas dans le monde
réel et que l’on ne prend pas de vraies décisions fondées sur un solide sens des affaires ; c'est
simplement que nos décisions relèvent de la Présence, de la Conscience. Il est parfois nécessaire
d’être très ferme, mais ce n'est pas par peur. Je suis perplexe, lorsqu’on me dit : "Comment pouvezvous faire des affaires si vous êtes dans la conscience de l'unité, qui est basée sur l'amour ? Et je
réponds : "Comment pouvez-vous faire des affaires sans celle-ci ?"
DES QUESTIONS ÉTHIQUES
Enseigner la méditation aux employés d'une entreprise est un travail dynamique et gratifiant.
Cependant, comme la méditation nous ouvre à l'interconnexion de toute vie, nous sommes parfois
confrontés à des choix éthiques. Doit-on discriminer les entreprises dont on désapprouve
moralement les produits ? Limitons-nous nos services à ceux qui agissent avec une éthique que
nous approuvons ? Ou bien toutes les entreprises et tous les employés ont-ils les mêmes besoins ?
8
Constance Kellough est éditrice, consultante en gestion et l’auteure de The Leap : Are You Ready to Live a New
Reality ? Voir www.namastepublishing.com.
MIRABAI BUSH9
"Nous avions eu l'occasion de travailler avec Monsanto, puisque l'un de nos amis venait d'en
devenir le directeur général. À l'époque, il ne connaissait pas grand-chose à la méditation, mais il
avait lu sur le zen et pensait que cela pourrait ajouter une dimension intéressante au
développement des capacités de leadership. Il voulait réellement donner à son personnel les
moyens de voir grand et de penser différemment. Nous débutâmes par une retraite de méditation
silencieuse de trois jours à l'Institut Fetzer pour les dix-sept principaux cadres de Monsanto, et par
la suite, pendant quatre ans, nous enseignâmes la méditation sur le lieu de travail et au cours de
retraites hors site à Chicago et à Saint Louis. Les réactions furent incroyablement positives, les
gens faisant état de profonds changements dans leur vie personnelle et professionnelle. Mais nous
fûmes régulièrement interpellés par notre propre communauté et par nos collègues.
A peine quelques années auparavant, j'avais travaillé avec la fondation SEVA dans les montagnes
du Guatemala dans l’optique d’aider les Mayas à retrouver leurs sols et leurs pratiques agricoles
durables. Ceux-ci avaient terriblement souffert à cause des produits chimiques que des sociétés
comme Monsanto avaient répandus dans leurs sols. Cela m'affectait encore beaucoup. Je
comprenais donc les réactions négatives à l'égard de Monsanto, qui produisait des aliments
génétiquement modifiés. Certains étaient d’avis que nous ne devrions pas du tout enseigner là-bas,
que nous ne ferions qu'apprendre aux gens à "mieux faire de mauvaises choses" en diminuant leur
stress et en augmentant leurs facultés de concentration. Je me posais moi-même énormément de
questions.
Mais chez Monsanto, nous découvrîmes qu'ils avaient étudié les statistiques démographiques et
qu'ils pensaient pouvoir contribuer à nourrir le monde pour le 21ème siècle, qu'il s'agissait d'une
"bonne science". Nous décidâmes qu'il ne nous appartenait pas de critiquer leurs produits, mais
de leur donner une méthode pour y voir plus clair, pour être plus enclins à réexaminer leurs
justifications et désireux d’entamer un dialogue avec des opinions contraires.
Nous créâmes un environnement exempt de tout jugement. Au fur et à mesure qu'ils apprenaient les
pratiques de base de la méditation de pleine conscience, ils commencèrent à examiner plus
attentivement ce qui se passait en eux, tant leurs pensées que leurs émotions, et à être capables de
se détacher de l'histoire qu'on leur avait racontée ou qu'ils se racontaient à eux-mêmes. Nous
incluions toujours une méditation sur l'amour bienveillant, que nous adressions à toutes les
espèces à partir de nous-mêmes, en sachant que si l'on ne s'aime pas soi-même, il est difficile
d'aimer les autres et de prendre soin d'eux. Au cours de la première retraite, j'ouvris les yeux
pendant cette pratique et je vis des larmes couler sur le visage de pratiquement toutes les
personnes. Je réalisai, dans un moment étonnant de prise de conscience de mes propres jugements
que, bien sûr, les entreprises sont composées de personnes qui, comme nous tous, éprouvent des
sentiments et veulent penser qu'elles font ce qu'il faut.
Le travail réel de méditation sur le lieu de travail ne consiste pas seulement à réduire le stress, mais
également à remettre en question nos croyances bien ancrées et à examiner la véritable nature des
choses. Notre travail repose sur la conviction que le potentiel de changement positif vient de
l'intérieur. Si on donne aux gens des outils pour qu'ils se sensibilisent à leur état intérieur, ils
seront plus à même de trouver de nouveaux moyens de créer un monde meilleur."
9
Mirabai Bush est la cofondatrice et la directrice du Center for The Contemplative Mind in Society et coautrice de
Compassion in Action. Voir www.contemplativemind.org.
LE PLUS BEL EFFET DE PERCOLATION
Une fois, quand une multinationale nous engagea pour enseigner la méditation à ses cadres
supérieurs, c'était parce que le vice-président exécutif méditait et qu'il voulait que ses cadres
fassent la même expérience - en d'autres termes, quand le patron médite, c'est toute la société qui
en profite. Mais quelle différence un patron qui médite peut-il apporter dans la gestion de son
entreprise, dans la réalisation des bénéfices ou dans la survie dans le monde de la concurrence ?
JAMES GIMIAN10
"Quand je prends des décisions qui influencent l'orientation de notre entreprise, j'essaie de garder
à l'esprit la diversité des talents, des compétences et des intérêts des vingt-cinq personnes qui y
travaillent. J'estime que mon travail consiste à choisir des options et des initiatives qui feront
ressortir le meilleur de chacun, afin que le personnel soit inspiré pour mettre ses capacités les plus
élevées et sa passion au service de la tâche à accomplir. Quand je rencontre un obstacle au travail,
quand mes efforts sont contrariés, je constate que c'est souvent parce que mon esprit est devenu
trop étroit, parce que je suis coincé dans ma manière habituelle de voir les choses, et je passe alors
à côté de plus vastes possibilités. Quand cela arrive, j'ai tendance à y voir mes propres limites plutôt
qu'un problème dans le monde extérieur. C'est un résultat direct de la méditation. Dans la pratique
de la méditation assise, je peux faire l'expérience d'un espace au-delà de la pensée habituelle,
avoir un aperçu de ma capacité à voir au-delà des schémas de pensée limités de la vie quotidienne.
Cela débouche sur des solutions que mon esprit habituel n'aurait jamais pu voir."
L'innovation est un résultat naturel de la méditation, tout comme la capacité de mettre en
application sa vision. Il y a une vingtaine d'années, nous avions enregistré un album de chant au
studio Sounds True. À l'époque, la société était hébergée dans deux petites pièces au-dessus d'un
magasin d'alimentation de Boulder, dans le Colorado. La fondatrice, Tami Simon, s'était fait un
nom en enregistrant des orateurs spirituels intervenant dans le cadre de conférences nationales, en
dupliquant les cassettes et en les vendant par correspondance. Sounds True possède maintenant
son propre bâtiment, avec soixante employés, et s’est spécialisé dans la musique et dans les
enseignements spirituels sur CD et, plus récemment, dans les livres. Sounds True est l'éditeur du
livre de Deb, Your Body Speaks Your Mind et du CD du même nom. Une des premières choses que
nous remarquâmes en entrant dans le bâtiment fut la salle de méditation située en face de la salle à
manger, et où tout le monde peut s'asseoir tranquillement à tout moment. Elle est là, parce que la
patronne est une méditante assidue.
TAMI SIMON11
"Il est probable qu'un quart seulement des personnes ici se définissent comme étant des
méditants, alors qu'une autre moitié fait du yoga, de la course à pied ou autre chose, et qu'un quart
des personnes n'ont aucun rapport avec la méditation. Ce qui imprègne toute notre culture, c'est
que les gens se sentent libres d'être eux-mêmes. Ils peuvent porter ce qu'ils veulent, dire ce qu'ils
pensent, sont libres d'avoir des familles nombreuses et peuvent partir au milieu de la journée pour
un rendez-vous chez le médecin sans avoir à inventer une histoire bidon pour justifier l'endroit où ils
James Gimian est l'auteur de The Rules of Victory : How to Transform Chaos and Conflict, et l'éditeur du magazine
Shambhala Sun. Voir www.shambhala.com.
11
Tami Simon est la fondatrice et la directrice générale de Sounds True Publishing, une maison d'édition multimédia
qui s'est donné pour mission de diffuser la sagesse spirituelle. Voir www.soundstrue.com.
10
vont. Ils sont autorisés à être des personnes à part entière, avec des vies épanouies. Et je pense que
c’est le résultat le plus important de ma vie spirituelle : je peux encourager les gens à être
authentiques, à être qui ils sont.
À la base, nous étions une société qui publiait des enseignements sur la méditation. Très vite, nous
nous demandâmes comment le fonctionnement de notre travail pourrait être en adéquation avec les
produits de notre travail. C’est une chose de publier ce type d'informations pour des particuliers,
mais nous voulions nous assurer que les procédures utilisées chaque jour étaient aussi inspirées
que le matériel que nous publiions. Nous nous demandâmes comment y parvenir. Que signifient
pour la vie de l’entreprise ces mêmes principes découverts depuis la nuit des temps ? Les anciens
maîtres de méditation ne vivaient pas dans une société capitaliste et ils n’eurent donc pas à
répondre à cette question, comme nous devons le faire aujourd'hui, et donc nous dûmes faire
preuve de créativité et résoudre ce problème par nous-mêmes.
C'est ainsi que je me demandai comment faire pour être honnête et transparente sur ce qui se
passe dans l'entreprise en termes d'informations financières. Comment partager les bénéfices
avec tous ceux qui travaillent ici ? Pourquoi ne pas considérer l'entreprise comme un miniécosystème interagissant avec l'écosystème plus vaste de la terre ? L'entreprise est-elle équitable
avec ses auteurs et ses fournisseurs ? Contrairement à la plupart des entreprises qui s’efforcent de
tirer le plus d'argent possible de leurs relations avec leurs fournisseurs ou leurs fabricants, nous
nous interrogeâmes sur ce qu'était un échange équitable. En réalité, je ne souhaite pas tirer le
maximum de profit de qui que ce soit, parce que l'autre partie, c'est moi. Mais d’un autre côté, je ne
veux pas non plus être lésée. Je veux simplement faire ce qui est approprié.
La majorité des entreprises ont pour objectif principal de gagner de l'argent. Pour moi, c'est un
concept ridicule, absurde. La raison d'être d'une entreprise, selon moi, c'est de rendre service à la
société et de créer un flux d'échanges qui puisse être durable. Les entreprises devraient chercher à
résoudre les problèmes du monde et à le faire efficacement, de manière à ce qu'il y ait un flux
commercial qui soutienne les dons que nous apportons au monde. C'est tout. Et la croissance ? Qui
s'en soucie ? Est-ce pour le bénéfice personnel d'un actionnaire ou de quelques personnes ? Ce
n'est pas une bonne raison. L’unique bonne raison de gagner plus d'argent est de pouvoir résoudre
davantage de problèmes sociaux. Mais le faisons-nous au détriment de la santé de nos familles ou
de la communauté de notre lieu de travail ? Non. Les seuls éléments dont nous disposons sont les
moyens, la démarche et les procédés, si bien que les moyens et les objectifs doivent être en parfaite
adéquation.
Ma pratique de la méditation a renforcé ma capacité intuitive naturelle, et j'ai confiance en ma
propre authenticité, de sorte que je ne prendrai pas de décision qui ne me semble pas intuitivement
juste. Même si beaucoup de choses difficiles se produisent, j'ai appris à ne pas nécessairement
agir directement, mais à dire : "Permettez-moi d'y réfléchir, mon propre langage codé pour dire :
permettez-moi de méditer là-dessus.’’ Je prends le temps de me pencher sur la question et j'attends
que les choses soient claires. Si je dois renvoyer quelqu'un, je prends le temps de me calmer et
d'envisager la situation sous toutes les coutures, de sentir ce qui est authentiquement vrai à mes
yeux et comment je peux l'exprimer d'une manière qui soit la plus respectueuse et la plus aimable
possible pour l'autre personne. Et alors, je peux communiquer à partir de ma propre expérience
authentique. C'est parfois dur, c'est parfois flippant, mais c'est ce que j'entends par
authentique."
DES MOYENS D’EXISTENCE CORRECTS
Steve Demos emprunta 500 dollars et commença à fabriquer du tofu dans sa cuisine et à le vendre
aux magasins d'alimentation diététique locaux. Trente ans plus tard, il revendait White Wave pour
295 millions de dollars, et tout au long de ces années, il resta convaincu qu'il pouvait gagner de
l'argent sans porter préjudice à qui que ce soit ou à quoi que ce soit dans le processus.
STEVE DEMOS
"Je viens d'une famille où mon père était un entrepreneur honnête et très travailleur et qui instaura
le partage des bénéfices à une époque où l'on n'en parlait pas encore. J'étais donc un produit de
l'époque, mais je vivais un grave conflit intérieur. Après avoir été recalé à l'examen d'entrée du
service militaire, je partis directement pour l'Inde pour y connaître la désillusion et être en proie à
un conflit encore plus marqué. J'avais l'ADN entrepreneurial dans le sang, mais tout le monde
autour de moi m’assurait que le business était mauvais, contraire à l'éthique, qu’il exploitait autrui
et l'environnement. Nous étions en Inde pour les mêmes raisons que tout le monde : nous
cherchions. Nous fréquentions les ashrams et nous méditions auprès des maîtres. Je me rendis
compte que la méditation trouvait un écho en moi, et je m'y engageai avec beaucoup de conviction.
C'est alors que j'entendis parler du concept des moyens d'existence justes : une vie juste, des
efforts justes..., bref la justesse et la justice en tout et pour tout. Tous les voyants passèrent au vert
à l'intérieur de moi. J'eus la révélation que le capitalisme en lui-même était neutre et qu'il n'avait
pas à être le paria de la société ; il pouvait en réalité être une force positive pour le changement
social. Il m’apparut clairement que si je voulais être en paix avec mon propre ADN, je devrais
m'embarquer dans une mission pour me prouver que des moyens de subsistance justes pouvaient
être efficaces dans le monde des affaires. C'était le mariage parfait entre les idéaux de l'entreprise
et ceux de la spiritualité.
Je considère que les moyens d'existence corrects ne sont rien de plus qu'une philosophie pratique
pour les limites morales de la vie. Mon objectif est de recueillir les enseignements et les idées que
j'obtiens en m'asseyant sur le coussin et de les appliquer à un modèle d'entreprise, en suivant une
interprétation très stricte de ce que signifie réellement les termes "moyens d'existence corrects".
Le principe de base que j’applique est que c'est bon pour moi, pour vous, et pour tous ceux qui
entrent en contact avec mon produit. Je ne vends pas de bombes, ni des choses qui relèvent de
l'exploitation. Je ne vends pas de choses nocives ou futiles. Je ne fournis pas aux gens des services
qui leur feraient du tort ou quoi que ce soit qui irait à l'encontre de leur bien-être. Je n'exploite pas
la planète. Je donne en retour, parce que "bon pour tous ceux qui entrent en contact avec mon
produit" ne signifie pas qu'ils doivent acheter le produit, mais plutôt tous ceux qui sont en contact
avec les activités de l'entreprise : la collectivité au sein de laquelle je vis, les clients auxquels je
livre, les fournisseurs auxquels j'ai recours, mes employés, mes investisseurs. Tout être sensible qui
entre en contact avec le produit et la filière commerciale qui en résulte doivent pouvoir en
bénéficier.
Je repartis de mon séjour de méditation en Inde avec une mission très spécifique : prouver qu'il était
possible de créer d'énormes quantités de richesses dans le cadre d'un mode de vie juste, sans un
impact négatif sur la société, le produit ou les gens. Initialement, l’investissement dans White Wave
fut récupéré à hauteur de 75 fois ou plus. Nous fîmes 21 millionnaires et nous reversâmes aux
employés entre 15 à 18 millions de dollars en primes d'après-vente. J'étais le plus gros actionnaire
individuel, et la société fut rachetée pour environ 300 millions de dollars, et on nous donna 30
millions de dollars supplémentaires pour rester dans l'entreprise. En d'autres termes, je prouvai
que l’on pouvait gagner de l'argent et vivre dans le respect des moyens d'existence justes, par
ailleurs.
La méditation est mon socle. Tout y est. Si on enlève la terre, on atteint les racines. Je dirais que la
méditation a changé ma vie, mais qu’elle n'a pas aplani le chemin pour autant. Nous avons été
confrontés aux mêmes choix que toutes les autres petites entreprises : rogner sur les coûts, faire les
choses dans les règles de l’art, ou simplement tenter de déjouer tous les pièges et de gagner notre
vie. Mais nous n'étions pas là que pour gagner notre vie ; nous étions là pour démontrer que des
moyens de subsistance justes font une très grande différence. La méditation fut d'abord pour moi
un sas d'entrée, puis un renforcement. Elle prépare le terrain qui me permet de faire la
démonstration du système de valeurs."
LA PRATIQUE DE LA MÉDITATION : MÉDITER AU TRAVAIL
TAMI SIMON
"Méditer sur le lieu de travail nécessite que nous apprenions à méditer sur le vif /tas, au milieu de
circonstances exigeantes et de conversations délicates. Trois techniques que j'ai trouvées utiles
pour interrompre le cours de la pensée discursive et introduire une qualité d'espace au travail — ou
dans n'importe quelle situation — sont : prêter attention aux sensations physiques, attirer
l'attention sur l'arrière du corps et commencer les réunions par un temps de silence. Quand nous
utilisons ces pratiques et d'autres pour introduire la conscience méditative sur notre lieu de travail,
nous créons de l'espace pour nos propres sentiments, pour autrui et pour que l'intelligence et
l'originalité puissent briller de tous leurs feux. Bien entendu, plus nous nous entraînons à méditer
dans un cadre formel ou à créer de l’espace intérieur pour nous-mêmes de manière détendue en
dehors du cadre professionnel, et plus nous pourrons apporter de la profondeur et de la précision à
la méditation dans l'environnement sous pression du lieu de travail.
PRÊTER ATTENTION AUX SENSATIONS
Si votre esprit est agité, votre corps est tendu ; si votre corps est tendu, votre esprit est agité. En
relâchant la tension physique du corps, vous créez de l'espace dans votre esprit pour écouter les
autres et agir créativement.
Au cours d'une réunion, d'une conversation téléphonique ou de toute autre interaction durant
laquelle vous vous sentez impatient ou agité, portez votre attention sur la partie de votre corps qui
accumule de la tension. Vous pouvez le faire sur place en scannant intérieurement votre corps,
depuis les orteils jusqu’au sommet du crâne, et en vous attardant sur toute partie qui paraît tendue,
crispée ou contractée. Vous découvrirez peut-être que votre bas-ventre est noué ou que vos épaules
sont relevées jusqu'aux oreilles. Peut-être aurez-vous l'impression que vos mains s'agrippent à
quelque chose ou que la plante de vos pieds se dérobe. Lorsque vous découvrez une zone de tension
physique, utilisez votre inspiration pour vous connecter à cette sensation. Puis, sur l'expiration,
relâchez simplement, détendez-vous et lâchez prise. Vous pouvez "chevaucher l'expiration" et la
laisser emporter votre tension physique et mentale dans l'espace.
ORIENTER L’ATTENTION VERS L’ARRIÈRE DU CORPS
Différentes postures physiques et énergétiques impliquent différents modes d'être. Si vous voulez
vous mobiliser, vous exprimer et vous lancer dans l'action, vous pouvez transférer votre énergie à
l'avant du corps. Si vous voulez faire de la place pour les autres, écouter profondément et accueillir
de nouvelles idées créatives, inclinez-vous légèrement vers l'arrière et dirigez votre attention vers
l’arrière du corps. Avez-vous déjà participé à une réunion où tout le monde s'interrompait et où vous
aviez l'impression que personne n'était réellement entendu ? Si une seule personne du groupe fixe
son attention à l’arrière de son corps, elle introduit une qualité d'espace et de réceptivité qui peut
changer le ton et le cours de la réunion.
DÉBUTER LES RÉUNIONS PAR UN MOMENT DE SILENCE
Une journée chargée peut souvent donner l'impression d'être dans un train inarrêtable, où les
actions défilent et s'enchaînent sans discontinuer. Ménager des temps de silence, des moments où
l'on descend du train, interrompt la tendance à la réactivité routinière systématique et vous plonge
dans la profondeur de votre être.
Un moyen simple pour introduire le silence sur le lieu de travail, c'est de débuter les réunions par
quelques moments de silence ensemble, se recueillir une bonne minute. Les gens utilisent ce
silence partagé de différentes manières - pour respirer et se détendre, pour profiter de quelques
instants calmes et aérés dans la journée, pour évacuer les préoccupations professionnelles
antérieures ou pour se connecter silencieusement et énergétiquement à toutes les autres
personnes présentes à la réunion. Lorsque l'on instaure cette bonne temporisation au début d'une
réunion, c'est une manière de dire que l'on apprécie le rafraîchissement ou la régénérescence de
chaque personne et que l'on souhaite qu'elle apporte sa présence totale en vue de
l'accomplissement de la tâche à accomplir.’’
Partage-pdf.webnode.fr