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EMBRASSER L'INSTANT PRÉSENT - GINA LAKE

GINA LAKE
EMBRASSER
L’INSTANT PRÉSENT
Gina Lake, Embracing the Now – Finding Peace and Happiness in What is
SOMMAIRE
INTRODUCTION
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1ÈRE PARTIE : DÉCOUVRIR QUI VOUS ÊTES
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La Conscience est qui vous êtes
Devenir conscient de la Conscience
La vitalité
L’attention, porte d’entrée du moment présent
Etre personne et tout le monde
L’acceptation
Simplement être !
Méditation consciencieuse
Qui crée votre réalité ?
Deux types de désirs
Suivre son Cœur
La méditation la plus simple
Méditer sur ce qui est
S’aligner sur l’Essence
Approfondir l’Essence
2ÈME PARTIE : L’EGO
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Voir au-delà de la pensée ‘’je’’
L’ego est un fauteur de troubles
Se déconnecter de l’histoire du moi
La fin de la lutte
L’ego est irrationnel
La vie jaillit de l’instant présent
Comment le mental égoïque vous fait sortir de l’instant présent
Arranger les choses par la pensée
Le désir de connaître l’avenir
La peur, l’arme la plus puissante de l’ego
Le doute ou l’instrument le plus insidieux de l’ego
Le jugement, l’arme favorite de l’ego
Comment les jugements minent les relations
L’ego est confus
Faire la paix avec la vie
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3ÈME PARTIE : SE LIBÉRER DU CONDITIONNEMENT
Voir la vérité à propos des désirs
Les sentiments ne sont pas ce que vous pensez
Les émotions indiquent le conditionnement
Que faire avec les émotions
Guérir les problèmes émotionnels
Se libérer de la voix de l’ego
Une pensée à la fois
Une investigation radicale
L’acceptation de la mort et de la perte
Lâcher prise, c’est lâcher prise par rapport à une pensée
Le renoncement
Vivre sans miroirs
Vivre sans référence à des croyances
Qu’introduisez-vous dans l’instant présent ?
Demeurer dans l’Essentiel dans un monde motivé par l’ego
Un mode de vie pour l’Eveil
4ÈME PARTIE : LES SECRETS DU BONHEUR
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Le bonheur, c’est ici et maintenant
Etre satisfait
A quoi prêtez-vous attention ?
Suffisamment bon
La bénédiction cachée de la limite
Aimer ce qui est
Accueillir l’instant
Dieu est dans les détails
Il y a toujours quelque chose à aimer !
Aimer ce que vous faites
Faire ce que vous aimez
Faire ce qu’aime l’Essence
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5ÈME PARTIE : AVOIR CONFIANCE EN LA VIE
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Avoir confiance en Dieu
La bonté est qui l’on est
Dieu est bon(té)
Le saut quantique de la foi
L’importance d’expérimenter l’Essence
Par rapport à la fiabilité de la vie
Voir la vie comme elle est
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Obtenir et donner
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6ÈME PARTIE : PROFITER AU MIEUX DU MOMENT PRÉSENT
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Profiter au mieux de la vie
Je préférerais aller pêcher
Faire ce qui se présente à vous
Trouver du plaisir
L’attente
Qu’est-ce qui vous empêche d’être heureux ?
Accompagner le cours de la vie
Les événements ne modifient pas l’expérience
A quelle histoire vous rattachez-vous ?
Les pensées inutiles
Constater l’impact de vos pensées
Le présent guérit
L’Essence est un sentiment d’être chez soi
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7ÈME PARTIE : CULTIVER UNE NOUVELLE PERSPECTIVE
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La fausse comptabilité de l’ego
La vie s’accomplit
Les petites choses comptent
Pas si important
Les bonnes et les mauvaises nouvelles
La vie est intéressante
Comment nous créons des problèmes
Comment vous rendre malheureux
Changements de cap et défis
On ne résout pas les problèmes en les ressassant
Cela prendra le temps qu’il faudra
Êtes-vous bien disposé ?
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À PROPOS DE L’AUTEURE
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INTRODUCTION
Ce livre est une collection d’essais qui relèvent de mon travail en individuel avec d’autres
personnes, pour la plupart. En travaillant avec les gens sur leurs problèmes émotionnels et
spirituels, j’ai découvert la nécessité d’aborder certaines questions communes aux
chercheurs spirituels et à ceux qui sont en train de s’éveiller à leur véritable nature. Etant
donné que ce livre se compose d’essais, il est organisé en sections plutôt qu’en chapitres
et se prête bien à l’étude d’un essai à la fois et il n’y a pas besoin de le lire dans un ordre
spécifique, même s’il possède un ordre intentionnel.
Evoquer un peu la terminologie pourrait s’avérer utile au cas où ceci serait le
premier de mes livres que vous lisiez. La terminologie utilisée ici et dans mes
autres livres est fort similaire à celle qu’Eckhart Tolle, l’auteur à succès et maître
spirituel utilise dans ‘’Le Pouvoir du Moment Présent’’ et ‘’Une Nouvelle Terre’’.
Dans ses livres, il parle du moment présent et du mental égoïque qui est l’aspect
du mental qui sert l’ego, le faux moi. L’ego est l’impression d’être un ‘’moi’’ avec
toutes les idées, toutes les convictions et tous les autres conditionnements que
comporte ce sentiment d’exister en tant qu’individu. On appelle l’ego ‘’faux moi’’,
puisque l’ego n’est pas qui nous sommes vraiment, contrairement aux apparences.
Le mental égoïque, qui est un reflet de l’ego et de son conditionnement, est le
mental jacasseur, le moulin à paroles qui génère un flux quasi permanent de
commentaires qui concernent la vie, sur base de notre conditionnement. On
l’expérimente comme ‘’la voix dans sa tête’’, comme dit Eckhart Tolle. Par souci de
simplicité, je fais parfois référence au mental égoïque comme au mental.
Néanmoins, le mental égoïque se distingue de l’esprit fonctionnel, qui lui est
l’aspect de l’esprit que nous utilisons pour lire, calculer, analyser, concevoir, suivre
des instructions, etc. On a besoin de l’esprit fonctionnel, mais on n’a vraiment pas
besoin du mental égoïque pour fonctionner. Le mental égoïque est l’aspect de
l’esprit qui nous parle, tandis que l’esprit fonctionnel est un outil que nous
utilisons lorsque nous en avons besoin.
En écrivant sur l’ego, je l’ai parfois situé comme un ennemi dans l’optique d’aider
les gens à s’en détacher, car si les gens s’identifient à l’ego, ils sont dans un certain
sens amoureux de leur mental égoïque et j’espère pouvoir les aider à s’en
désamouracher, puisque l’ego, les pensées et les émotions qu’il génère sont la
source de la souffrance humaine. Mais bien entendu, même l’ego fait partie
intégrante de l’Unité et l’ego sert précisément la fonction voulue par l’Unité.
L’ego n’est pas réellement une entité. C’est plutôt le sentiment d’être un individu
distinct et séparé qui nous est naturel. Nous nous ressentons comme des individus,
alors que nous sommes en vérité des manifestations ou des expressions de l’Etre
unique. C’est cette Unité que des mystiques de toutes les époques ont réalisée
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comme étant sous-jacente à toute la vie et que le terme de ‘’non-dualité’’, qui veut
dire ‘’pas deux’’, évoque. Enveloppés dans un corps humain, nous avons perdu
conscience de notre véritable nature et nous sommes destinés à redécouvrir la
Vérité. Cette découverte est le but de toutes les voies spirituelles et ce que les
pratiques spirituelles sont censées révéler.
Ce sentiment d’être un individu distinct et séparé est produit par le mental. Nous
sommes programmés à nous penser comme étant distincts et séparés et comme
possédant des caractéristiques particulières. ‘’Je suis un homme’’, ‘’je suis
intelligent’’, ‘’je suis mère de famille’’, ‘’j’ai 47 ans’’…Tout ce qui suit ce ‘’je suis…’’
nous définit et nous prenons toutes ces définitions pour qui nous sommes. Et
pourtant, si vous examinez ces postulats, vous constatez que ce ne sont que des
idées, car il n’y a aucun ‘’vous’’ derrière les pensées qui ‘’vous’’ concernent. Ce
‘’vous’’ que ‘’vous’’ pensez être est constitué par des pensées ! C’est une fameuse
révélation !
Alors, qui êtes-vous ? C’est l’éternelle question ! Tenter d’y répondre résulte dans
la découverte que vous n’êtes pas quelque chose, plutôt un Etre qui expérimente
l’Existence. Si vous détachez toutes les étiquettes, si vous vous dépouillez de tous
les concepts, tout ce qui vous reste, c’est simplement JE SUIS, l’Existence pure et
simple. Nous sommes Cela qui existe ici et maintenant et qui est conscient de cette
existence. Les maîtres spirituels appellent souvent le vrai Soi, Conscience, parce
que l’expérience du vrai Soi, c’est d’être conscient. Au-delà, on ne peut pas définir
qui ou ce que nous sommes réellement. Il y a des qualités que l’on peut ressentir,
telles que la paix, l’acceptation, l’amour, la compassion, la gratitude, la bonté, la
patience, la sagesse et la force, même si ces mots sont loin de définir le mystère de
notre nature authentique.
Qui nous sommes réellement est indescriptible, puisque cela se situe bien au-delà
de ce que le mental peut comprendre ou saisir, mais pour évoquer qui nous
sommes réellement, nous devons lui donner un nom et on lui a attribué de
nombreux noms, tels que la Source, l’Esprit, l’Unité, l’Etre, la Conscience, Dieu, le
divin, l’Absolu, la Présence, le Silence, la vacuité, le moment présent, l’Essence, le
Soi, le Soi supérieur et le vrai Soi, pour en citer juste quelques-uns. J’y fais
généralement référence comme à l’Essence, à l’Unité, au Soi ou à la Conscience.
Ces termes signifient fondamentalement la même chose. J’utilise généralement le
terme ‘’Essence’’ pour faire référence à l’aspect de l’Unité qui s’exprime et qui vit
par l’entremise de chacun d’entre nous. Les mots et les définitions n’ont guère
d’importance. Vous connaissez l’Essence, quand vous L’expérimentez, tout comme
vous connaissez l’ego, quand vous l’expérimentez. L’Essence et l’ego procurent des
sensations très différentes et sont très différents.
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L’éveil est un autre terme qui peut nécessiter un peu de définition. Globalement,
l’humanité se réveille de l’état égoïque de la conscience pour s’éveiller à la
conscience de sa vraie nature. Beaucoup d’entre vous passent par là. L’éveil fait
référence au passage de l’identification à l’ego ou faux moi à la reconnaissance de
vous-même comme l’Etre spirituel que vous êtes. Ce passage a lieu chaque fois
que nous nous situons simplement dans l’instant présent sans toutes nos pensées
et donc, l’éveil est possible à chaque instant, mais l’éveil requiert généralement un
passage plus définitif où l’on vit dans un espace désidentifié de l’ego en parfait
alignement avec sa véritable nature.
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1ÈRE PARTIE :
DÉCOUVRIR QUI VOUS ÊTES
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LA CONSCIENCE EST QUI VOUS ÊTES
La Conscience est toujours. Il n’y a jamais aucun moment où nous ne sommes pas
présents. Ainsi, même quand nous dormons et quand nous rêvons, nous sommes
conscients d’avoir dormi et rêvé. La Conscience est la seule constante dans la vie et
même après la vie, puisque la Conscience se prolonge même après la mort du
corps, même si après la mort, la Conscience n’est plus connectée au corps. Nous
sommes ce qui est conscient de la vie et conscient de tout ce qui arrive et qui s’en
va. Si nous dirigeons notre attention sur la Conscience plutôt que sur ce qui arrive
et s’en va dans la vie, nous nous sentons en paix avec tout ce qui arrive et s’en va.
La Conscience est heureuse de la vie, comme elle se manifeste. Celle que nous
sommes réellement se réjouit même de connaître l’expérience d’un ego qui
critique toute la manifestation ! La Conscience participe à la vie en étant consciente
de la vie, mais contrairement à l’ego, elle ne tente pas de contrôler ni de changer la
vie. La Conscience est, simplement, et permet à tout ce qui est d’être tel quel, pour
l’instant, puisque la vie évolue toujours vers autre chose.
Si nous sommes conscients de nous-mêmes en tant que Conscience, nous avons
un sentiment de nous-mêmes très différent que si nous sommes conscients de
nous-mêmes en tant qu’ego. Si qui nous sommes semble être l’ego, nous avons
une définition particulière de nous-mêmes : ‘’Je suis ceci, pas cela’’ ; ‘’Je suis un
homme, pas une femme’’ ; ‘’Je suis malin, pas stupide’’ ; ‘’Je suis petit, pas grand’’.
Nous nous inscrivons dans des catégories et pas dans d’autres, parce que le mental
nous définit d’une façon particulière. En faisant de telles distinctions, le mental
nous sépare des autres. Il nous distingue par rapport aux autres. C’est le job du
mental égoïque et il fait cela très bien !
D’un autre côté, la Conscience que nous sommes ne peut pas être définie. Elle n’a
pas de genre, de dimension physique, elle n’est ni ceci, ni cela. Elle n’est pas
distincte de ce qui est observé. Même si on peut expérimenter la Conscience
comme un témoin de la vie, parce que c’est ainsi que l’esprit la conçoit, la
Conscience n’est pas un témoin, mais plus ‘’être témoin’’. Quand, au départ, on
apprend à se distinguer du mental, conceptualiser un témoin qui observe le mental
peut être utile, mais ce témoin n’est pas la Conscience. Le témoin est juste une idée
qui représente la Conscience. Pour être témoin du mental, la Conscience est
requise, mais faire de la Conscience un témoin, c’est la transformer en une chose,
ce qu’Elle n’est pas. Il s’agit plus de l’expérience d’être témoin.
Apprendre à observer notre propre esprit est la première étape pour nous libérer
de l’ego et de son conditionnement, mais nous libérer de l’identification au mental
égoïque requiert plus que la simple observation du mental. Si nous observons
notre mental tout en le croyant toujours, alors nous ne sommes pas plus libres que
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lorsque nous nous identifiions à lui ! Pour nous libérer de notre conditionnement,
nous devons aussi voir son mensonge et même ainsi, il y a encore une étape
importante supplémentaire.
Beaucoup de personnes sont conscientes de leur mental égoïque et de son
mensonge, mais elles n’en sont pas pour autant libres, car elles continuent de lui
accorder leur attention. L’expérience est analogue à regarder un mauvais
programme de télévision, tout en reconnaissant qu’il est mauvais, mais en restant
scotché au téléviseur ! A moins que nous ne dirigions notre attention vers ce qui
est vrai plutôt que vers ce qui est mensonger, nous ne serons pas libres. Nous
expérimenterons toujours plus notre ego que notre vrai Soi.
S’affranchir de l’ego exige de détourner notre attention de nos pensées
conditionnées et de la tourner vers la vérité de qui nous sommes. Cela nécessite de
nous connaître en tant que Conscience, de voir et de répondre à la vie en tant que
Conscience. Si nous nous connaissons en tant que Conscience, alors nous
n’expérimentons plus nos pensées que comme une petite partie de ce qui se passe
à chaque instant et pas comme le spectacle principal. La Conscience capte
l’entièreté de la vie et pas juste ce qui passe sur l’écran de notre mental. La vraie
liberté vient de pouvoir prendre de la distance par rapport à l’écran de notre
mental jusqu’à un lieu où nous pouvons capter le restant de la pièce et ce qui se
passe dans le restant de la pièce.
En prenant conscience de tout ce qui se passe dans l’instant, nous pouvons
réellement commencer à vivre dans l’instant et à y répondre naturellement,
dégagé des commentaires du mental et des désirs de l’ego. Nous nous situons
dans l’instant présent, sans que le mental égoïque n’influence notre expérience de
celui-ci. Quand la voix de l’ego ne domine plus et ne colore plus le paysage de la
vie, c’est la liberté spirituelle ou la Libération. Cette voix ext expérimentée comme
un aspect minime du paysage, une des choses qui vont et qui viennent dans le
paysage. La voix de l’ego devient impersonnelle, un élément du paysage qui n’a
pas plus d’intérêt personnel que le chant d’un oiseau ou que la température de la
pièce. Nous l’expérimentons encore, mais plus comme notre voix et nous ne
sommes plus contraints de la suivre ni de l’exprimer.
Une fois que nous détachons quelque peu de la voix de l’ego, il est possible
d’expérimenter l’Expérimentateur, le vrai Soi, la Conscience sous-jacente à toute
vie et à notre vie, particulièrement. L’Expérimentateur est amoureux de la vie et si
nous Lui permettons de nous vivre, alors nous sommes amoureux de la vie et nos
actions et nos paroles exprimeront cet amour. S’affranchir de l’ego génère une
détente absolue dans le vrai Soi et la possibilité d’être Cela dans le monde plutôt
que l’ego. Quel soulagement !
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DEVENIR CONSCIENT DE LA CONSCIENCE
Devenir conscients de nous-mêmes en tant que Conscience est aussi simple que
remarquer que nous sommes conscients. La Conscience est si évidente qu’on la
prend comme allant de soi et qu’on la néglige. Cependant, si nous dirigeons notre
attention vers Cela qui est conscient, nous entrevoyons alors le mystère de qui
nous sommes réellement. Qu’est-ce qui contemple via vos yeux et qui capte le
monde ? Cela qui contemple, ce ne sont pas vos yeux. Nos yeux ne sont que des
instruments de la Conscience, mais la Conscience ne se situe pas dans notre tête ni
dans notre corps, même si cela semble être le cas. C’est plus comme si la
Conscience passait par le corps-mental.
Au moment de la mort, la conscience se retire et seul demeure le corps. Il devient
alors évident que Celui ou Cela qui était vivant n’était pas le corps. Sans
l’animation du corps que la Conscience ou que l’Âme lui confère, le corps n’est
qu’un simple amas de cellules, de la matière inerte. Quand on dit que quelque
chose n’a pas d’âme, nous savons tous ce que cela signifie. L’âme, même si elle
n’est pas reconnue par la science, est évidente pour de nombreuses personnes qui
ont accompagné un mourant.
Au moment où l’âme s’incarne et où la Conscience pénètre dans le corps, le corps
devient à même d’être un véhicule pour Celui que nous sommes réellement. La
faculté de la conscience est l’Esprit qui vit dans ce que nous appelons notre corps.
En réalité, nous ne sommes pas notre corps, mais la Conscience qui opère via notre
corps, même si nous nous méprenons pour le corps et pour toutes les étiquettes
que l’on donne au corps et à la personnalité.
Le processus de l’évolution humaine est un processus de désidentification par
rapport au corps, au mental et à la personnalité et de réidentification ou de
réalisation de notre vraie nature. Cette réalisation ou ce changement
d’identification s’appelle l’Eveil.
L’Eveil est ce à quoi chaque être humain est destiné. L’Eveil commence en
devenant conscient de la Conscience, en remarquant, et par conséquent, en
expérimentant plus complètement ce qui vit réellement dans votre corps. Qu’estce qui donne vie à votre corps ? C’est Cela que vous êtes réellement ! Vous êtes
Cela qui confère la vie à votre corps et qui le soutient par la respiration et qui
vitalise chaque système et lorsque la Conscience que vous êtes décide de partir, le
corps cesse de vivre.
Qui nous sommes, c’est la Conscience qui permet au corps d’être vivant et
conscient. Et plus nous prenons conscience de la Conscience, et plus l’expérience
énergétique qui l’accompagne s’intensifie. Cette expérience énergétique est une
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expérience de vitalité. Ainsi, même si Cela que nous sommes réellement n’est pas
physique, il peut être ressenti physiquement et on le ressent sous la forme
d’énergie, de vitalité vibrante. Le sentiment énergétique de vitalité est ce qui se
rapproche le plus de l’expérience physique de Cela que nous sommes réellement
et le fait de devenir plus conscient de cette vibration subtile ou de cette vitalité
nous aide à nous aligner sur notre vraie nature.
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LA VITALITÉ
Quand nous nous situons dans notre corps et dans nos sens et non dans notre tête,
nous expérimentons un sentiment de vitalité ressenti comme une vibration
énergétique subtile et le sentiment d’être vivant, clair et conscient. Ces sensations
sont comment qui nous sommes réellement est expérimenté par le corps-mental.
Cette vitalité est le sentiment ressenti de qui nous sommes réellement et ce que
nous expérimentons quand nous sommes dans l’instant présent. Quand nous nous
alignons sur qui nous sommes réellement et quand nous ne nous identifions pas à
l’ego, nous ressentons énergétiquement cette vitalité, cette Présence, ce qui est
très agréable.
Le fait que l’on puisse ressentir énergétiquement qui nous sommes réellement –
c’est-à-dire l’Essence – est très pratique car alors, il est plus simple de nous rendre
compte quand nous sommes alignés sur l’Essence et quand nous ne le sommes
pas. Ce sentiment de vitalité peut également nous aider à nous réaligner sur
l’Essence, quand nous nous identifions à l’ego. Si vous vous rendez compte que
vous êtes contracté et que vous en souffrez, vous pouvez rechercher ce sentiment
de vitalité qui est toujours là et vous focaliser dessus. Quelle que soit la faiblesse
du sentiment de vitalité, il augmentera si vous lui prêtez attention. Se concentrer
sur la vitalité est une manière d’accéder à l’Essence à chaque instant.
Plus vous prêtez attention à la vitalité, plus elle devient manifeste. Elle peut
devenir très intense et lorsque c’est le cas, elle opère comme une ancre et nous
ancre dans l’instant présent en nous aidant à y rester. Ce sentiment de vitalité peut
noyer le bavardage mental de l’ego et le reléguer à l’arrière-plan. Si nous nous
focalisons suffisamment sur la vitalité tout en vaquant à nos occupations
quotidiennes, elle deviendra l’avant-plan et le bavardage mental retombera à
l’arrière-plan.
Quand nous nous ancrons dans la vitalité, nous expérimentons un calme et une
quiétude profonde qui nous permettent d’avancer dans notre journée avec
équanimité. Cette tranquillité est imperturbable, sauf si notre corps émotionnel est
provoqué par quelque croyance ou conviction ou celle d’un autre auxquelles nous
nous identifions. Si cela se produit, la vitalité est toujours présente et peut nous
ramener dans l’instant présent si nous lui accordons notre attention, plutôt qu’aux
pensées et aux émotions que nous avons provoquées.
Ne pas adhérer à nos pensées et à nos émotions ne nous rend pas moins humains,
comme certains pourraient le penser. C’est juste une manière d’être différente
dans le monde, même si ce n’est pas la plus courante. Nous aligner sur notre
vitalité plutôt que sur nos pensées et sur nos émotions nous rend en réalité plus
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efficaces et plus fonctionnels – et aussi meilleurs – qu’en restant identifiés à nos
pensées et à nos émotions.
S’aligner sur l’Essence plutôt que sur le mental égoïque est l’étape suivante dans
l’évolution de l’humanité. Nous finirons par nous éveiller hors du mental égoîque
et à vivre à partir de l’Essence. Les émotions existeront toujours potentiellement,
mais elles n’en feront plus voir de toutes les couleurs au corps-mental. Ce sont
l’équanimité, l’acceptation et l’amour qui prévaudront plutôt que le
mécontentement, la lutte, la contraction et l’appréhension. Certains individus
préfigurent cette évolution de la conscience et aident à l’instaurer. Le potentiel de
vivre à partir de l’Essence existe en chacun, mais seulement certaines personnes en
feront une priorité. Plus il y aura de gens qui le feront et plus facile ce sera pour le
restant de l’humanité de procéder à cette évolution de la conscience.
Vous êtes probablement motivé pour suivre une telle évolution et pour vivre à
partir de l’Essence et prêter attention au sentiment de vitalité est l’un des outils
d’éveil les plus utiles. Bien entendu, le moi égoïque n’est pas celui qui décide. Celle
qui choisit de prêter attention à la vitalité, c’est l’Essence, puisque ceci vous éveille
et l’ego luttera en permanence contre ce choix. L’Essence est la Conscience de tout
le drame entre l’ego et celui qui s’éveille.
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L’OBSERVATION EST LA PORTE D’ENTRÉE DANS L’INSTANT
PRÉSENT
L’instant présent, c’est là où nous rencontrons notre vrai Soi. Qui nous sommes
réellement n’est pas qui nous pensons être. Qui nous sommes réellement n’a rien à
voir avec penser et tout à voir avec l’absence de pensées. Lorsque nous ne nous
investissons pas dans le mental égoïque, nous entrons dans l’instant présent et
nous faisons l’expérience de qui nous sommes réellement.
L’ego, le sentiment du moi disparaît dès qu’il rencontre l’instant présent, aussi fuitil l’instant présent, car il ne peut pas survivre dans l’instant présent. Il se réactive
et survit par le biais de la pensée, particulièrement les pensées qui concernent le
passé et l’avenir, mais aussi le présent. L’ego se raconte des histoires sur le passé,
le présent et l’avenir et prêter attention à ces histoires nous éloigne de l’instant
présent et nous plonge dans la réalité imaginaire du mental égoïque. Quand nous
nous identifions au mental égoïque, nous vivons dans l’interprétation de l’ego de
la réalité et non dans la réalité. Nous vivons dans ses explications sur ce qui est, sur
ce qui était et sur ce qui sera et ces histoires nous éloignent de la réalité vivante de
l’instant présent.
Pour faire l’expérience de l’instant présent, nous devons simplement voir ce qui se
passe dans l’instant présent, sans nos interprétations, nos opinions, nos jugements,
nos convictions ou nos idées. Ceci pourrait paraître difficile, mais tout ce qu’il faut,
c’est passer de l’état d’absorption dans nos pensées à celui de témoin de nos
pensées. Constater tout ce qui est présent, en plus de nos pensées, sans
interpréter, juger ni raconter une histoire à ce propos nous ramène dans l’instant
présent et nous y maintient aussi longtemps que nous continuons d’observer sans
interpréter ni nous raconter d’histoires à propos de ce que nous observons. Mais si
nous nous attardons sur un jugement, une opinion ou une conviction plutôt que
de simplement les observer, nous retournons dans le mental et nous nous
réidentifions à l’ego plutôt qu’à l’Essence.
Chaque fois que nous observons et que nous nous intéressons pleinement à ce qui
est sans nous impliquer dans l’activité mentale, l’Essence devient évidente.
L’observation est une porte qui mène à l’expérience de l’Essence, parce que le
Témoin est une qualité de ce que nous sommes réellement. Il est fréquemment fait
allusion à l’Essence comme à la Conscience parce que, qui nous sommes, c’est la
Présence attentive consciente de tout. L’Essence participe joyeusement à sa
création tout en étant consciente de ce qu’Elle a créé, y compris d’Elle-même qui
se manifeste en tant qu’individu.
Si nous nous arrêtons et si nous nous demandons ‘’Qui suis-je ?’’, nous ne trouvons
rien. Nous ne trouvons que la Présence, que la Conscience qui est consciente des
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pensées, des émotions, des sensations et des expériences de l’individu que nous
prétendons être. Cette Conscience qui est témoin de tout est ce que nous sommes
réellement ! Lorsque nous réalisons que nous sommes la Conscience ou le Témoin,
cela a du sens que l’observation est une voie qui nous ramène à l’Essence.
Une fois que nous avons réalisé l’Essence par l’entremise de l’observation, alors il
faut de la réceptivité pour rester en contact avec l’Essence. Notre observation doit
s’imprégner de réceptivité et se faire sans activité mentale ou s’il y a de l’activité
mentale, celle-ci doit être constatée. Par ailleurs, l’ego s’oppose à cette réceptivité :
quand il remarque une chose, il l’étiquette, il la juge et il la ramène à la façon dont
elle l’affecte. Dès que nous nous laissons happer par le mental, la réceptivité cesse
et la résistance prend sa place. Nous nous réidentifions une fois encore au moi, au
faux moi qui s’oppose à la vie, plutôt que de nous identifier à ce que nous sommes
réellement.
La Conscience qui est notre véritable nature est consciente de tout ce qui peut
faire partie intégrante de n’importe quel moment, à savoir, pensées, sentiments,
désirs, sensations, énergie, visions, sons, expériences internes, intuitions, pulsions,
inspirations et beaucoup plus. Quand nous sommes témoins et réceptifs, nous
sommes conscients de tout ceci. Et comme nous en sommes bien conscients, nous
pouvons alors savoir quoi faire et une action émane naturellement d’être conscient
de ce qui est à chaque instant.
L’ego a aussi sa propre expérience de chaque moment et il ne s’occupe que d’une
petite partie de ce qui peut être expérimenté à chaque instant. L’ego agit
conformément à ses perceptions limitées et à son sentiment de séparation et ses
actions sont souvent très différentes de celles que l’Essence accomplirait.
L’Essence nous permet de suivre les idées et les sentiments générés par l’ego s’ils
n’interfèrent pas avec ses intentions, parce qu’une partie de ce que veut l’Essence,
c’est que nous explorions le monde et que nous créions selon nos idées et selon
nos sentiments. Cela intéresse l’Essence de voir ce que nous allons créer, mais elle
a aussi ses propres objectifs et dispose de nombreux moyens pour nous orienter
vers eux. Et elle participe aussi à l’action en inspirant l’action spontanée – l’action
qui jaillit sans réflexion préalable.
Ainsi pourrait-on dire qu’il y a deux types d’activité : l’activité dont l’ego est
l’instigateur et l’activité qui est inspirée par la Conscience. Les deux vont souvent
de pair, mais au fur et à mesure que nous évoluons, l’Essence commence à vivre de
plus en plus à travers nous et l’activité qui est motivée par l’ego détermine moins
nos vies.
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L’observation est une pratique spirituelle importante pour contacter l’Essence et la
manière dont celle-ci nous meut. L’Essence est très active dans nos vies et elle
pourra être encore plus active, plus nous la reconnaitrons comme force motrice.
Moins nous accordons d’attention au mental égoïque et à ses suggestions sur la
manière de vivre et plus nous accordons d’attention à l’Essence, à ses énergies et à
son inspiration, et plus nous avancerons tranquillement et heureux dans la vie.
Observer et être réceptif sont deux pratiques spirituelles clés qui nous alignent sur
notre véritable nature et qui soutiennent pour nous les intentions de l’Essence.
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ÊTRE PERSONNE ET TOUT LE MONDE
Lorsque nous nous identifions à l’ego, nous avons l’impression d’être quelqu’un.
Quelqu’un qui aime ceci et pas cela, qui veut ceci et pas cela, qui ressemble à ceci
et pas à cela, qui a telle histoire et non celle-là, qui a certains rêves, certains désirs
et pas d’autres. Tout cela s’amalgame dans un concept et une histoire au sujet de
qui nous sommes et qui nous donne l’impression d’être quelqu’un. Nous
possédons une image, une histoire, des buts et un avenir imaginaire. Tout cela a
l’air d’être qui nous sommes, mais, comme on dit, les choses ne sont pas toujours
telles qu’elles semblent.
Les idées concernant ce que nous aimons, ce que nous avons fait, ce que nous
voulons, ce à quoi nous ressemblons et tant d’autres idées constituent notre image
personnelle, mais notre image personnelle n’est toujours qu’une image, une
imagination, un tableau, une idée de qui nous sommes. Ce n’est pas ce que nous
sommes réellement. Chacun a son image personnelle, mais ceci ne rend pas réelles
les images personnelles qui ne sont que des idées. Nous prétendons être nos
images personnelles et que les autres sont nos images d’eux-mêmes, mais
personne n’est une image. Chacun est autre chose qu’une image, parce qu’une
image n’est pas ce qui circule et qui vit la vie. Et nous ne sommes pas non plus le
corps dans lequel nous nous déplaçons. Ce que nous sommes réellement utilise le
corps, mais n’est pas le corps.
Le problème est que ce que nous sommes réellement n’est pas une image ni même
une chose. Ce n’est pas une chose que le mental peut comprendre, puisque cela se
situe au-delà du mental et que c’est inexprimable au moyen du langage. Ce que
nous sommes réellement n’est ni une image ni une chose, mais plus une
expérience de ‘’non-choséité’’ et le mental ne peut pas la reconnaître, car il n’est
pas à l’aise avec la ‘’non-choséité’’, puisqu’il a été conçu pour gérer les choses. Et
comme le mental ne peut pas expérimenter ce que nous sommes réellement, l’ego
considère que ce que nous sommes réellement est une vacuité, ce qui est bien le
cas, mais pas une vacuité qui soit sans conséquence, comme l’ego l’assume.
Quand nous lâchons notre mental et quand nous entrons dans l’instant présent et
dans notre Cœur, nous faisons l’expérience de ce que nous sommes réellement, et
ce n’est pas une image. Quand nous nous situons dans le Cœur ou dans l’Essence,
les images et les idées nous quittent et ce qui reste, c’est simplement une
expérience de l’Etre ou de n’être personne en particulier – ni homme, ni femme, ni
jeune, ni vieux, ni beau, ni laid, ni intelligent, ni stupide, ni quoi que ce soit que
nous pouvons nommer. L’expérience de notre véritable nature est une expérience
de vacance. Notre véritable nature est vide de toute définition et cependant, elle
est pleine et complète, il ne lui manque rien. Cette expérience de n’être personne
et de non-choséité est également une expérience d’être tout un chacun et le tout,
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car cette vacance est sans limite et par conséquent, elle inclut tout, rien n’est laissé
en dehors. Il n’y a ni vous ni moi, mais juste la vaste dimension de l’Etre. Cette
dimension infinie est ce que nous sommes.
Il est possible de faire l’expérience de n’être personne ou d’être le tout à tout
moment, puisque notre vrai Soi est toujours là – c’est ce qui vit la vie ! La raison
pour laquelle cette dimension de vacance n’est pas expérimentée plus souvent ou
plus constamment, c’est que l’ego n’est pas à l’aise avec elle. L’ego fuit l’expérience
de ce que nous sommes réellement et il nous attire dans son arène – les pensées –
où nous perdons conscience de notre véritable nature.
Chaque fois que vous faites l’expérience de ce que vous êtes réellement,
remarquez comment l’ego s’interpose avec une pensée pour vous ramener dans
son monde des idées concernant la vie et pour vous sortir de l’expérience de la vie.
Ce que vous êtes – que ce soit personne ou le tout – fait l’expérience de la vie,
tandis que l’ego pense seulement la vie et concocte des histoires à son propos.
Quelle réalité différente est celle de l’ego par rapport à la vie réelle ! Quand nous
prêtons attention aux pensées, ces idées et ces croyances deviennent notre réalité
et quand nous prêtons attention à l’expérience de l’instant présent, notre véritable
nature devient notre réalité.
Plus vous constaterez l’impact que le fait de considérer vos pensées a sur vous – la
contraction, le stress, la tension, le malaise ainsi que des sentiments négatifs – et
plus vous choisirez de détourner votre attention du monde des pensées pour la
simplicité de l’instant présent. L’instant présent est plein et riche, et il recèle toute
la paix que vous avez jamais voulue. Ce que l’instant présent n’a pas, ce sont les
problèmes et les drames créés par l’ego, ce que désire l’ego car les problèmes et
les drames nous maintiennent attachés à nos pensées. Etes-vous prêt à échanger
tous vos problèmes et les drames de l’ego contre la paix, le contentement et
l’expérience de n’être ‘’personne’’ ? C’est réellement un bon deal !
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L’ACCEPTATION
L’acceptation est une qualité de notre véritable nature. La Conscience que nous
sommes, l’Essence, accepte tout, naturellement. Elle accepte, parce qu’elle aime la
vie – toute la vie et chaque expérience possible qu’elle pourrait faire par notre
entremise. Elle est si amoureuse de la vie et des possibilités que la vie apporte
qu’elle embrasse même les expériences pénibles. Elle est curieuse, impatiente
d’expérimenter tout ce que la vie (sa création) offre et se lance dans la création
avec enthousiasme et joie. Nous pouvons éprouver cette joie, si nous le
souhaitons. Bien souvent, nous sommes trop pris par le rejet de la vie de la part de
l’ego pour prendre conscience de l’acceptation et de l’amour de la vie qui est
l’expérience constante de qui nous sommes réellement.
La résistance de l’ego à l’égard de la vie éclipse l’amour de l’Essence et
l’acceptation de la vie jusqu’à un certain point de notre évolution où cela change.
Ce changement s’appelle l’Eveil, et avec l’Eveil vient la possibilité d’aimer et
d’accepter tout ce que la vie apporte. La liberté résultant de l’Eveil spirituel n’est
pas le fait d’être exempté de toutes les expériences difficiles – car les mêmes défis
existent après l’Eveil comme avant l’Eveil – mais plutôt celle de ne plus considérer
toute expérience difficile comme indésirable. L’Essence apprécie autant les
expériences ‘’indésirables’’ que les désirables, parfois même davantage en raison
de leur potentiel de croissance.
L’acceptation n’est pas une chose dont nous pouvons nous convaincre, quand nous
nous identifions à l’ego. L’ego a beaucoup de raisons de ne pas aimer ni d’accepter
une expérience difficile. Les expériences difficiles sont compliquées, après tout.
L’acceptation est plutôt une chose que nous remarquons comme étant déjà ici,
bien que subtilement. L’acceptation n’est pas une chose qui est générée par la
mentalisation, bien que le mental puisse l’obscurcir. L’acceptation est, simplement,
et elle est invariablement là maintenant, à chaque instant. Le fait d’accepter tout ce
que nous expérimentons est toujours possible, puisque ce que nous sommes
réellement l’accepte déjà. Tout ce qu’il faut pour accepter quelque chose qui est
difficile à accepter, c’est s’aligner sur ce que nous sommes réellement plutôt que
de s’identifier à l’ego qui résiste à cette expérience.
Une manière de s’aligner sur l’Essence est d’être prêt à accepter quelque chose,
même si vous ne l’appréciez pas. Etre prêt à accepter quelque chose crée un
environnement où l’alignement sur l’Essence est possible. Tant que nous sommes
bien déterminés à ne pas accepter quelque chose, ce qui est la position coutumière
de l’ego, nous demeurerons bloqués dans l’ego et dans la souffrance qu’il génère.
Cependant, une simple affirmation de bonne volonté à accepter ce que nous ne
voulons pas accepter peut nous délivrer du blocage de la résistance de l’ego à
l’égard de la vie et ouvrir la porte du mouvement vers l’Essence et l’acceptation.
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Pour accepter ce qui se passe, nous ne devons ni l’approuver, ni l’apprécier ; nous
devons simplement consentir à faire l’expérience de ce que nous vivons
maintenant. Consentir à faire l’expérience de ce que nous vivons maintenant est
juste un choix sensé, puisque les choses ne peuvent pas être autrement qu’elles ne
le sont – pour le moment. Accepter les choses comme elles sont ne signifie pas
qu’elles ne changeront pas, ce qui est le point de vue de l’ego sur l’acceptation.
Accepter les choses telles qu’elles sont est simplement plus fonctionnel que de ne
pas les accepter. L’acceptation nous aide à gérer plus efficacement tout ce que
nous expérimentons. Plutôt que de nous perdre dans l’appréhension et des
histoires négatives concernant tout ce que nous expérimentons, nous pouvons être
présents à la situation et quand nous le sommes, nous découvrons alors que nous
y répondons naturellement et sagement.
L’ego lutte pour changer tout ce qu’il n’aime pas, car pour l’ego, la vie consiste à
obtenir ce qu’il veut et à éviter ce qu’il ne veut pas. L’ego ne voit pas que la vie
possède une sagesse innée et une raison d’être au-delà d’éviter la souffrance et
d’avoir plus de plaisir et ce qu’il veut. Il ne voit pas non plus la vie comme un
processus d’évolution.
Derrière tout ce que nous expérimentons, il y a une sagesse et un dessein.
L’acceptation de tout ce que nous expérimentons nous permet de découvrir la
finalité et d’y trouver satisfaction. Chaque expérience est une opportunité de
grandir, d’apprendre, d’évoluer, de devenir plus sage et plus aimant ; c’est ainsi
que l’Essence voit la vie.
L’acceptation nous permet d’exploiter le potentiel bénéfique d’une expérience. Elle
nous permet de tirer profit d’une expérience et de la traverser aussi gracieusement
que possible et elle nous permet de ressentir la joie que l’Essence ressent d’avoir
cette expérience et toute autre expérience. L’acceptation nous aligne sur le plan de
l’Essence et sur le rôle qu’une expérience joue dans notre projet pour que nous
puissions évoluer à partir de là, selon le dessein de l’Essence.
Si vous avez des problèmes à accepter quelque chose, reconnaissez la résistance et
la confusion que vous pourriez connaître et affirmez que vous voulez vivre cette
expérience exigeante. Puis, demandez de l’aide pour accepter l’expérience, pour
apprendre d’elle et la traverser gracieusement. Puis, si vous le pouvez, essayez de
vous aligner sur la perspective de l’Essence concernant ce défi en étant très présent
à l’instant. La paix, la joie, l’acceptation et la sagesse de l’Essence sont toujours
disponibles, quand nous sommes prêts à nous accorder sur l’Essence, plutôt que
d’être obnubilés par les résistances et par les plaintes de l’ego. L’acceptation, c’est
l’antidote contre la résistance de l’ego à la vie et c’est le chemin de la sortie de la
souffrance causée par cette résistance.
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SIMPLEMENT ÊTRE !
Simplement être ! Ceci semble plutôt simple. Comment pouvons-nous faire autre
chose qu’être ? Etre n’est pas quelque chose que l’on fait – ce qui fait que
simplement être est un défi dans notre culture du faire. Etre n’est pas
particulièrement respecté chez les egos. Vous devez être quelqu’un et c’est en
fabriquant ou en agissant que l’on devient quelqu’un. Vous êtes quelqu’un qui a
accompli ceci ou cela. La personne et la personnalité sont créées par l’action, pas
par l’être. Mais quand toutes les réalisations, toutes les étiquettes sont enlevées,
tout ce qui reste, c’est le sentiment d’être, d’exister dans la simplicité de l’instant.
Cette expérience de l’Etre pur est le cadeau qui vient tout juste avant la mort pour
certaines personnes, mais elle peut être notre expérience continue.
Dans cet état d’être pur, le sentiment du moi, l’ego tombe et c’est la raison pour
laquelle l’ego évite la simplicité de l’être. L’ego s’efforce d’être spécial, pas d’être
anéanti. Cet effort préserve l’ego, mais ironiquement, si nous cessons de nous
efforcer, pour une fois, et si nous nous permettons de simplement être, c’est alors
que nous obtenons ce que nous recherchions depuis toujours, c’est-à-dire la paix
et le contentement !
La paix et le contentement n’ont-ils pas toujours été la cible de nos efforts ? Si vos
efforts ne concernaient pas la paix et le contentement, à quoi étaient-ils destinés ?
Ils étaient produits pour tout ce que l’ego veut : le fait d’être spécial, le confort, les
commodités, l’argent, les biens matériels, les plaisirs et la sécurité. Nous voulons
tout cela parce que nous espérons que tout cela nous soulagera des efforts
stressants de l’ego et de ses craintes. Nous travaillons tellement durement au
service des désirs de l’ego et malgré tout, nous ne trouvons ni la paix ni le
contentement et cela même quand nous finissons par obtenir ce que nous
désirons.
Alors quelle surprise de découvrir que nous n’avions jamais eu besoin de lutter
pour survivre et pour être heureux, après tout ! Comme Dorothée dans le Magicien
d’Oz qui découvrit qu’elle avait toujours disposé des moyens pour retourner chez
elle, nous avons déjà ce qu’il nous faut pour être heureux et en sécurité. Nous
n’avons jamais réellement quitté notre chez nous, mais si nous ne croyons pas que
nous avons déjà ce qu’il nous faut pour être heureux et en sécurité, c’est comme si
cela n’était pas vrai ! Si nous ignorons que les escarpins de rubis nous ramènerons
chez nous, c’est comme si nous ne les possédions pas et notre ego nous empêche
de voir la vérité des escarpins de rubis – il nous empêche de voir la vérité de la vie.
Notre foyer est ici et maintenant, mais il est possible que nous ne le réalisions pas
et par conséquent, que nous n’en fassions pas l’expérience ou l’expérience de
l’Essence dans toute la mesure où nous le pourrions.
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La bonne nouvelle, c’est que, peu importe à quel point nous pourrions nous égarer
dans nos luttes et dans nos efforts, il y a tout de même des moments où nous
connaissons la paix et le bonheur au fond de nous. Cette expérience peut être
éphémère et il se peut que nous n’en pensions pas grand-chose, puisque ce n’est
pas ce que veut l’ego qui est quelque chose de plus mirobolant. Pourtant, des
instants ou des moments paisibles apparaissent de manière impromptue, même
dans nos journées les plus occupées. Nous contactons alors brièvement la Vérité
radieuse et exquise de notre Etre avant que cet aperçu ou que cet avant-goût de la
Vérité ne disparaisse, tel un rêve, et de retourner dans les illusions et dans les
fantasmagories du faux moi et de ce qu’il faut pour être heureux.
Nous pouvons faire de la place pour que plus d’expériences de clarté, de paix et de
beauté se produisent et quand nous le faisons, elles surviennent. Si nous voulons
faire l’expérience de la paix, si nous estimons suffisamment la paix pour lui faire de
la place et si nous l’invitons dans nos vies si occupées, elle arrive en apportant ses
dons.
Et nous faisons de la place pour cet invité, non pas en faisant quelque chose, mais
en étant, tout simplement, en nous permettant simplement de reposer une fois
pour toutes dans ces doux moments sans aucun planning, sans aucun objectif et
sans aucune autre raison qu’expérimenter simplement le moment présent, comme
il est. Nous faisons de la place pour la paix et le bonheur juste en les remarquant.
Nous remarquons que la paix et le bonheur sont déjà ici et les remarquer les met
mieux en lumière. La paix et le bonheur sont toujours ici, mais ils passent souvent
inaperçus.
Pour expérimenter la paix et le bonheur, tout ce qu’il faut, c’est en prendre
conscience et en prendre conscience, c’est facile, puisque c’est notre nature d’être
conscient. C’est juste que la plupart du temps, ce dont nous sommes conscients,
c’est de nos pensées, mais prendre conscience de ce qui se passe en dehors de
notre tête ne nécessite pas plus que se détourner des pensées du moi pour le réel.
Ce qui est réel, c’est la vie, telle qu’elle existe au-delà des pensées du moi, au-delà
des jugements et des commentaires de l’ego. Quand nous sommes conscients de
la vie réelle, quand nous entrons dans la plénitude du moment présent sans
pensées, nous découvrons la paix, le contentement et le bonheur, une simplicité
ordinaire belle et joyeuse. L’expérience de paix et de bonheur est l’expérience du
vous réel qui vit cette vie.
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MÉDITATION CONSCIENCIEUSE
La méditation est une pratique très importante, puisqu’elle nous familiarise avec
l’Essence et qu’elle nous entraîne à sortir de notre mental. L’état d’identification de
l’ego se renforce chaque fois que nous croyons le mental égoïque et les sentiments
qu’il génère. Quand nous adhérons aux perceptions de l’ego, l’ego se renforce.
Pour découvrir que d’autres perceptions et qu’un autre mode de vie existent, nous
devons nous détourner du mental qui se renforce par l’attention qu’on lui donne.
Rompre avec la tendance à prêter attention au mental égoïque requiert de
l’engagement et l’ego luttera pied à pied. Il résistera en renâclant contre la
méditation, en prétendant que la méditation ne nous aidera pas ou bien qu’elle ne
nous aide pas, que c’est trop difficile, que c’est détestable ou que nous n’avons pas
le temps. L’ego cherchera toutes sortes d’excuses pour ne pas méditer.
Quand nous méditons, l’ego bavarde sans cesse et remue toutes sortes de peurs
par rapport à ce que nous pourrions expérimenter au cours de la méditation et
comment ceci pourrait perturber notre vie. La dissolution de l’ego qui se produit
pendant la méditation peut paraître effrayante, mais cette peur est naturelle. La
peur, c’est ce que l’ego utilise et ce qu’il a toujours utilisé pour nous contrôler.
L’ego n’est ouvert à la méditation qu’en raison de la possibilité de connaître une
expérience spirituelle qui pourrait lui procurer de bonnes sensations et le faire se
sentir spécial. Si aucune expérience spéciale ne se produit, la méditation
n’intéressera plus l’ego.
Il n’y a pas une seule bonne raison pour ne pas méditer et toutes les raisons de
méditer. La méditation est la chose la plus importante que vous puissiez faire pour
favoriser l’éveil. Pour la majorité des gens, la pratique de la méditation ou de
quelque chose de similaire est nécessaire pour s’éveiller et incarner cet éveil dans
la vie quotidienne.
La méditation ne doit pas être compliquée. Ce qui est difficile par rapport à la
méditation, c’est de lui consacrer du temps quotidiennement. La régularité de la
méditation est importante afin d’empêcher le renforcement habituel du mental
égoïque en nous investissant tellement en lui.
Il y a autre chose de très important qui arrive si nous nous engageons dans la
pratique de la méditation : des forces spirituelles qui aident notre évolution sont
rassemblées. Le fait d’affirmer le désir de nous éveiller et de le soutenir par la
pratique de la méditation envoie à des forces spirituelles le signal clair que nous
sommes prêts à nous éveiller et elles le prennent comme une indication pour nous
aider à nous éveiller.
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La méditation, c’est aussi simple que s’asseoir et remarquer ou prendre conscience
de ce qui se passe – ce qui touche nos sens, les sensations énergétiques
expérimentées, les pensées, les sentiments, les intuitions, les pulsions et les désirs
qui se manifestent… – sans s’impliquer dans des commentaires mentaux à propos
de tout cela. C’est en nous impliquant dans des commentaires que le mental
égoïque nous soustrait à l’instant présent. Si nous suivons son train de pensées,
nous ne pouvons plus faire l’expérience de la plénitude de l’instant.
L’objectif de la méditation, c’est de connaître notre vraie nature, notre Essence.
L’Essence est la Présence consciente que nous imitons quand nous nous asseyons
pour méditer. En imitant la Conscience en étant conscient de tout ce que nous
expérimentons dans l’instant (mais sans nous identifier à cela), nous ‘’devenons’’
cette Conscience, nous y plongeons. Observer sans nous impliquer dans des
pensées à l’égard de ce que nous observons nous aligne sur l’Essence.
Quand nous nous alignons sur l’Essence, notre expérience de l’instant présent
change. Nos limites s’atténuent, nous pouvons ressentir un sentiment d’expansion
et le sentiment d’un moi passe à l’arrière-plan ou disparaît totalement. La paix, le
contentement, l’acceptation, la gratitude, la compassion, l’amour et des quantités
d’autres qualités positives peuvent alors se manifester. Ces qualités sont des
indicateurs de l’Essence. Si nous accordons notre attention à ces qualités, alors
l’expérience de celles-ci s’intensifie.
On peut atteindre un état assez béatifique en méditant, même si ce n’est pas le
but. Le but n’est pas d’atteindre quelque bon sentiment spécial, mais
d’expérimenter l’Essence et ce qu’elle a comme but. L’Essence est ici et elle vit par
notre entremise. Elle s’incarne et elle entend avoir certaines expériences et réaliser
des choses par notre entremise. Elle ne nous bouscule pas, comme l’ego, mais elle
nous inspire joyeusement à nous engager dans certaines activités. Pendant la
méditation, nous ressentons la joie de l’Essence qui vit par notre intermédiaire et
nous pouvons recevoir intuitivement la guidance de l’Essence.
Nous trouvons la paix et le contentement dans la méditation, ainsi qu’un répit
bienvenu par rapport au monde de luttes de l’ego. Nous trouvons aussi une
motivation authentique. La méditation nous ramène dans l’instant présent où nous
pouvons découvrir comment l’Essence nous motive. Si le mental ne constitue pas
un obstacle, l’Essence peut nous guider plus facilement. La méditation est loin
d’être un échappatoire par rapport à la vie – ce que pense l’ego. Elle nous permet
plutôt de nous aligner plus authentiquement par rapport à la vie que nous sommes
censés vivre.
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QUI CRÉE VOTRE RÉALITÉ ?
Nous sommes une expression de l’Unité ou de l’Essence qui crée de deux manières
par notre entremise : elle nous inspire et nous pousse à créer la réalité qu’elle veut
pour nous et elle permet aussi à notre ego de créer la réalité que l’ego choisit.
Ainsi, deux choses peuvent se passer à tout moment : l’Essence essaye de nous
mouvoir conformément à ses intentions et l’ego tente de nous bouger
conformément à ses désirs, à ses convictions et à d’autres conditionnements. A
tout moment, nous avons la liberté de suivre l’ego ou bien de suivre l’Essence.
L’ego possède un sérieux avantage, puisque nous sommes programmés à croire
que nous sommes le faux moi. Qui plus est, nous sommes programmés à croire
que les convictions et les désirs de l’ego sont nôtres et qu’ils sont des guides
authentiques et fiables pour vivre notre vie. Cette configuration entraîne beaucoup
d’apprentissages et de développements pour le personnage que nous jouons, et
l’ego et sa programmation furent créés pour opérer précisément de cette manière.
Notre programmation ou notre conditionnement a été conçu pour apporter une
expérience unique à l’Unité, parce que chacun de nous a une programmation
différente et donc, forcément, nous devons avoir des expériences différentes.
L’Unité vit cette expérience par notre entremise, parce que la création de la vie est
sa manière de jouer, d’explorer et de s’étendre. Elle fait l’expérience de la vie par
notre entremise et impacte également la vie par notre entremise. Elle façonne la
vie en créant l’expérience qu’elle veut en nous inspirant à agir et en
communiquant intuitivement avec nous. Lorsque nous ne suivons pas nos pensées,
nous nous apercevons que nous parlons et que nous agissons quand même dans le
monde. Nos pensées ne déterminent pas toutes nos paroles et toutes nos actions,
même si elles déterminent la plupart d’entre elles, quand nous nous identifions à
l’ego. Lorsque nous nous situons dans l’Essence, nos paroles et nos actions
émanent de l’Essence et pas de l’ego, ce qui crée une vie et une expérience très
différentes que quand nous suivons nos pensées.
Les pensées sont de puissants créateurs de réalité. Ce que nous croyons devient
souvent une prophétie qui s’accomplit. Par exemple, si vous pensez que vous êtes
compétent, vous vous sentez confiant et cela vous aidera à vous conduire de
manière compétente face à une tâche. Vous serez déterminé à prouver que vous
êtes compétent, parce qu’il s’agit de votre image personnelle. D’un autre côté, si
vous croyez que vous êtes incompétent, vous ne vous sentirez pas confiant et
l’insécurité qui touche vos capacités minera sans doute votre volonté d’être
compétent. Nous n’aimons pas que l’on prouve que nos convictions sont fausses,
même si elles sont négatives. A un niveau inconscient, nous préférerions prouver
que nos convictions négatives sont exactes plutôt que de les changer.
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Ainsi, nos pensées sont puissantes, mais elles ne sont qu’un aspect de notre réalité
et de ce qui crée notre réalité. Les pensées et les actions d’autres personnes
affectent également notre réalité et nous n’avons qu’une certaine influence sur
elles. Le plus important, c’est que l’Essence oriente notre vie et qu’elle affecte notre
réalité d’une kyrielle de manières, principalement par l’entremise de notre intuition
et en nous inspirant à agir. L’Essence influe aussi sur les actions et sur les choix
d’autres personnes similairement. Il y a beaucoup de forces qui opèrent dans la
création de notre réalité : notre volonté, la volonté d’autres personnes et la volonté
de l’Essence.
L’Unité participe activement à la vie par l’intermédiaire de son ambassadeur :
l’Essence. L’unité ne nous a pas créés – pour nous laisser ensuite faire tout ce que
nous voulons. Elle coexiste à l’intérieur de nous, en tant qu’Essence, avec l’ego qui
est simplement le sentiment d’être un individu distinct des autres créations et de
l’Unité. En fait, il n’y a aucune séparation entre nous et les autres et l’Unité, parce
que l’Unité a manifesté toutes choses et qu’elle vit par l’intermédiaire de toutes ces
choses. Elle joue dans ce monde matériel en créant le personnage que nous
pensons être, et en inspirant et en incitant ce personnage à agir suivant certaines
modalités. Via l’Essence, l’Unité est toujours présente et active dans nos vies.
Nous sommes les cocréateurs de notre réalité avec l’Essence. Nous sommes les
cocréateurs en choisissant de suivre nos désirs et nos pensées ou en suivant notre
intuition et le mouvement spontané de l’Essence vivant par notre entremise.
Simultanément, tout le monde jouit de la même liberté de choix, ce qui crée un
ensemble de circonstances parfaitement imprévisible et délicieusement chaotique
pour la plus grande joie de l’Essence (et la nôtre) !
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DEUX TYPES DE DÉSIRS
Les désirs font tourner le monde. Nous désirons une chose et puis, nous agissons
par rapport à cela. Chacun s’occupe à agir par rapport à ses désirs. Chacun tente
d’obtenir ce qu’il désire. Mais d’où proviennent nos désirs ? Et sont-ils dignes de
notre temps et de notre énergie ? Il y a deux types de désirs et l’un n’est pas aussi
digne de notre temps et de notre énergie que l’autre. Le premier provient de l’ego
et l’autre de l’Essence.
Les désirs de l’ego peuvent servir l’Essence, en ce sens que l’Essence veut
l’expérience et l’évolution. Poursuivre ce que veut notre ego nous amène des
expériences et des défis qui nous font évoluer. Mais les désirs de l’ego peuvent
interférer avec certaines intentions de l’Essence. Par exemple, l’ego fait souvent
des choix qui mènent à l’argent et au pouvoir et de tels choix peuvent interférer
avec les intentions de l’Essence. Il est possible que l’Essence nous incite à
poursuivre quelque chose qui ne conduise ni à la richesse, ni au pouvoir, mais à
une chose qu’elle estime plus.
Les intentions de l’Essence ne sont pas toujours différentes de celles de l’ego et
quand elles ne sont pas en désaccord, nous ressentons peu de conflits internes.
Une partie de la confusion et du conflit que nous ressentons par rapport aux
décisions provient de l’ego qui veut autre chose que l’Essence, même si l’ego a
aussi souvent des désirs contradictoires. Des désirs ou des élans contradictoires
surgissent parfois simultanément et alors, nous devons choisir entre les deux.
Chercher à satisfaire les désirs de l’ego plutôt que ceux de l’Essence sera moins
satisfaisant, mais il se peut que nous ne nous en apercevions qu’après avoir déjà
fait un choix. La vie est souvent une succession de corrections. Nous choisissons
quelque chose, et puis nous changeons de trajectoire après avoir expérimenté le
résultat de ce choix.
Ce que l‘Essence veut finit généralement par triompher, puisque nous ressentons si
fort et si profondément ses intentions. Ce qui interfère le plus avec le fait de suivre
notre Cœur, c’est notre conditionnement et celui d’autres personnes. Quand nous
sommes très attachés à notre conditionnement, y compris nos peurs, nous faisons
souvent des choix que nous regrettons ultérieurement, parce qu’ils ne s’alignent
pas sur l’Essence. Même alors, si notre conditionnement est puissant, nous
pourrions ne pas choisir autrement. Ne pas suivre notre Cœur provoque beaucoup
de souffrance et de malheur.
Les peurs sont ce qui empêche la plupart des gens de suivre leur Cœur. Les peurs
vont de pair avec les désirs. Par exemple, vous voulez la sécurité et le confort, mais
vous avez peur de suivre votre Cœur, parce que le faire pourrait ne pas vous
assurer la sécurité et le confort que vous voulez. Nous pouvons également rester
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avec ce qui nous est familier, parce qu’essayer quelque chose de nouveau semble
effrayant. C’est malheureusement l’histoire de la vie de beaucoup de gens, mais
même ainsi, aucune vie n’est jamais perdue, parce qu’on apprend toujours quelque
chose de chaque choix. Néanmoins, on peut retirer beaucoup plus de bonheur et
de satisfaction des choix qui s’alignent sur l’Essence, par rapport à ceux qui se
fondent sur la peur.
L’Essence nous permet de préférer les désirs de l’ego plutôt que ceux du Cœur
aussi longtemps que nous le souhaitons. La majorité des gens vivront beaucoup de
vies avant d’avoir suffisamment confiance en la vie (dans l’Essence) et
suffisamment de détachement par rapport à leur ego pour suivre leur Cœur. En fin
de compte, chacun apprendra à être fidèle à lui-même. Quand nous nous
apercevons qu’il y a un choix à faire entre l’Essence et l’ego, nous sommes alors
très proches de vivre en fonction de l’Essence.
Dans tous les cas, dans la vie de chacun, il y aura des carrefours ou des périodes de
transition qui nécessitent du changement et l’inconnu semble effrayant, peu
importe dans quelle mesure nous avons suivi notre Cœur jusqu’alors. Au cours de
ces périodes de changement, l’ego est très agité et certaines peurs peuvent
devenir un réel obstacle qui empêche de passer à quelque chose de neuf. Une fois
que nous réalisons que toutes les peurs sont produites par l’ego, il devient plus
facile de les écarter et de ne pas leur permettre de façonner nos choix.
Que veut l’Essence ? La réponse réside dans le sentiment de joie. Tout ce que
l’Essence veut paraît joyeux, comme un grand ‘’OUI’’ ! La discrimination entre les
désirs de l’ego et ceux de l’Essence n’est pas aussi compliquée que vous pourriez le
croire, parce que les intentions de l’Essence apparaissent comme de la joie plutôt
que comme une pensée. On les connaît intuitivement ou elles peuvent surgir dans
notre esprit comme une évidence et le ressenti est fort différent par rapport à nos
pensées habituelles. Les idées qu’inspire l’Essence s’accompagnent de joie et
d’enthousiasme, alors que les désirs de l’ego nous contractent souvent, parce qu’ils
proviennent d’un sentiment de manque.
Nous sommes destinés à co-créer avec l’Essence, mais nous sommes libres de cocréer avec l’ego. La majorité des gens font la navette entre les deux. Néanmoins, à
un stade de notre évolution, nous désirons plus que tout en finir avec les désirs de
l’ego et suivre notre Cœur. Ce désir jaillit du Cœur, lorsqu’il est temps de
‘’s’éveiller’’. Alors, on peut vivre beaucoup plus joyeusement et sereinement.
29
SUIVRE SON CŒUR
Chacun paraît savoir ce que signifie ‘’suivre son Cœur’’. Même si le Cœur est si
subtil et différent du mental, les gens sont conscients de lui et beaucoup
l‘honorent. Les bénéfices que l’on retire en suivant son Cœur sont sans nul doute
assez évidents pour vous dans votre vie et celle d’autrui. Néanmoins, faire
confiance au Cœur peut parfois être ardu, car le mental peut être si bruyant et
distiller tellement de craintes que voir au-delà pour considérer ce que dit le Cœur
et lui faire confiance peut constituer un défi.
La voix de l’ego est celle de la peur et de la méfiance. Il ne fait pas confiance à la
vie. Il s’attend à des difficultés à chaque virage et s’efforce de les éviter en
planifiant et en songeant à l’avenir qu’il ressasse et qu’il programme mentalement.
Mais la vérité, c’est que de telles pensées sont inopérantes. Elles ne nous protègent
pas de la vie et elles sont certainement dans l’incapacité de prévoir l’avenir. Elles
nous maintiennent occupés dans notre tête et il n’en résulte rien de valeur.
Malgré l’inefficacité du mental égoïque, nous lui faisons confiance. C’est un vieil
‘’ami’’ familier. Mais si nous y regardons d’un peu plus près, nous nous apercevons
que le mental égoïque n’est pas un ami authentique. Souvent, il nous effraye ou
nous dénigre jusqu’à ce que nous nous sentions contraints de l’écouter. Il nous
assure que nous ne pouvons pas avoir confiance en la vie et que nous serions
vraiment sots de le faire et que lui seul détient les réponses à la vie. Nous faisons
confiance au mental égoïque par habitude sans examiner s’il est digne de
confiance ou non.
En observant le mental égoïque, nous découvrons à quel point il est indigne de
confiance, même si la majorité des gens n’examinent pas ou ne remettent pas en
cause leurs pensées. Le mental égoïque nous pousse à faire de mauvais choix et à
avoir un sentiment négatif en ce qui nous concerne, nous, les autres et la vie – et
nous ne remarquons pas que notre propre mental a fait cela. Telle est la force de la
programmation à croire le mental. Nous lui faisons réellement confiance sans la
remettre en cause. Mais une fois que nous commençons à remettre en cause nos
pensées, tout le château de cartes s’écroule. Comment ne nous étions-nous pas
aperçus de cela auparavant ? Effectivement ! La programmation est astucieuse.
C’est sa raison d’être – nous ne sommes pas censés voir au travers.
Le problème n’est pas juste de faire si totalement confiance au mental égoïque,
mais que l’ego se méfie totalement de tout le reste, et spécialement de l’Essence.
Nous sommes programmés à nous tourner vers le mental égoïque pour les
réponses et à ne pas faire confiance aux réponses qui proviennent d’ailleurs. En fin
de compte, cela n’est pas problématique, parce que l’Essence passera à l’avantplan et parce que nous lui permettrons de mieux guider notre vie. L’ego ne peut
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pas perpétuer indéfiniment ses manigances. Pour finir, les carottes seront cuites et
nous verrons enfin la vérité en ce qui concerne le mental égoïque.
Même ceux qui s’empêtrent toujours profondément dans l’identification à l’ego se
situent dans l’Essence plusieurs fois par jour, car l’Essence s’infiltre même dans les
états les plus contractés. Elle nous sort de la prison du mental égoïque plusieurs
fois par jour. Parce que l’Essence est présente en chacun, même ceux qui
s’identifient à l’ego peuvent vivre une vie bien remplie, même s’ils souffriront,
forcément. Chacun suit son Cœur dans une certaine mesure. Nous ne pouvons pas
nous en empêcher, parce que nous sommes le Cœur. Notre programmation ne le
peut que dans une certaine mesure. C’est une très bonne nouvelle !
Suivre son Cœur est réellement le seul choix fiable. Faire confiance au Cœur peut
sembler difficile, mais une fois que vous constatez à quel point ce à quoi vous vous
êtes fié est indigne de confiance, alors faire confiance au Cœur devient beaucoup
plus simple. Suivre votre Cœur vous-a-t-il jamais déçu ? Chacun a fait des
expériences où il a suivi son Cœur. Que s’est-il passé alors ? Oui, c’était peut-être
flippant (et exaltant) et le faire n’a pas signifié que tout s’est déroulé sans
anicroche et précisément comme le voulait votre ego (est-ce jamais le cas,
d’ailleurs ?). Mais ce que nous découvrons, si nous suivons notre Cœur, c’est que
les challenges auxquels nous sommes confrontés sont intéressants et que les
ressources dont nous avons besoin pour les affronter arrivent. Et le fait de suivre
les désirs et les plans de l’ego ne garantit nullement que l’ego obtiendra ce qu’il
veut. Ce n’est que la conviction que les plans de l’ego nous apporteront ce que
nous désirons qui rend plus facile de faire confiance à l’ego. Pourquoi ne pas
croire autant en votre Cœur qu’en votre ego ?
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LA MÉDITATION LA PLUS SIMPLE
Voici la méditation la plus simple que vous pouvez faire partout et à tout moment.
Elle est destinée à devenir un mode de vie, et pas simplement une méditation.
Observez, sans vous impliquer dans aucune pensée concernant ce que vous
observez. Ignorez tous les commentaires du mental. Observez non seulement ce
qui est manifeste et évident, comme ce que vous voyez, mais aussi ce qui est plus
subtil, comme votre expérience et votre état intérieurs, votre énergie et la
sensation que vous avez de vous-même (détendu ou contracté ?), toute
connaissance ou intuition, vos pulsions et vos motivations, vos pensées ou vos
sentiments éventuels…Observez tout ce qui vous arrive par l’entremise de vos sens,
mais également l’impact que cela a sur vous, subtilement ou moins subtilement…
Observez tout ce qui survient dans l’instant et qui est expérimenté. Et si vous êtes
engagé dans une action ou une activité, observez cela attentivement. Il y a
beaucoup à observer à chaque instant !
La raison de méditer est de développer votre capacité à rester présent aux pensées
et aux sentiments qui sont des produits de l’ego, plutôt que de vous identifier à
eux. Nous nous identifions habituellement au mental égoïque – nous croyons nos
pensées et nos sentiments, ce qui engendre beaucoup de souffrance. L’ego n’est
pas sage et nous empêche d’accéder à la guidance authentique et de reconnaître
ce qui vit réellement notre vie. Par l’attention, la conscience du Témoin se renforce.
Un autre nom du Témoin, c’est l’Essence. Le Témoin est qui nous sommes
réellement. Nous sommes cela qui observe ou qui est conscient de la vie.
Cette méditation simple nous aide à entrer en relation avec ce que nous faisons
tout le temps, en réalité : observer. Mais quand nous nous identifions aux pensées
et aux sentiments, nous perdons conscience du Témoin qui est toujours là, bien
entendu. En arriver à nous connaître comme le Témoin, au lieu du mental égoïque,
c’est cela l’enjeu des pratiques spirituelles et de la méditation, en particulier. Les
pratiques spirituelles sont destinées à nous apporter une expérience de l’Essence.
Ce que nous sommes n’est pas quelque chose qui est dans une autre dimension, ni
séparé de nous ; ce que nous sommes est précisément ici et observe les lettres sur
cette page. Qui est en train de lire ceci, croyez-vous ? Cela qui est vivant et
conscient est en train de lire ceci et c’est ce que vous êtes réellement. Celui que
vous êtes réellement n’est ni caché ni séparé de la vie, mais engagé et incarné
dedans.
Nous sommes programmés avec le sentiment d’être un moi, avec certains désirs,
certaines pensées et modalités d’être dans le monde. Mais qui nous sommes
réellement, c’est cela qui peut observer nos désirs, nos pensées et nos tendances.
Nous sommes programmés à penser que nous sommes le moi, mais nous sommes
en réalité cela qui est conscient et capable de contempler le moi. De plus, nous
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sommes cela qui peut choisir de faire ce que le moi veut, ou non. Une fois que
nous ne sommes plus identifiés au moi, nous pouvons choisir comment le moi se
manifestera dans le monde. Il n’est pas nécessaire que le moi soit géré par l’ego
qui a tendance à faire des choix négatifs et égoïstes.
Une fois que l’Essence prend les commandes et que vos choix émanent d’elle
plutôt que de l’ego, la vie va beaucoup mieux. Simplement prendre conscience est
l’une des choses les plus puissantes que vous puissiez faire pour transformer votre
vie, parce que prendre conscience vous fait sortir de l’identification à l’ego et vous
plonge dans l’Essence.
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MÉDITER SUR CE QUI EST
La méditation, c’est la pratique de garder notre attention concentrée sur quelque
chose qui arrive par l’entremise de nos sens : l’air qui entre et qui sort quand vous
respirez ; la circulation de l’énergie dans votre corps ; un mantra, de la musique ou
d’autres sons ; la flamme d’une bougie, un mandala, quelque chose de beau ou la
photo d’un Maître… Pratiquer, c’est ramener votre attention à ces expériences
sensorielles, chaque fois que vous vous retrouvez pris à penser. Quand vous
remarquez que vous êtes en train de penser, vous ramenez doucement votre
attention sur ce sur quoi vous vous concentriez.
L’objectif de cette pratique est de non seulement ressentir la paix, mais de nous
entraîner à être plus durablement dans nos sens et l’expérience de l’instant présent
plutôt que dans le mental et dans sa version de la réalité. Chez la majorité des
gens, la méditation offre un soulagement et un répit temporaires par rapport à la
vie et à leur mental, mais avec une pratique régulière et zélée de la méditation
(une heure ou plus par jour), ses effets débordent alors sur la vie quotidienne et
influencent la manière dont nous expérimentons la vie et notre manière d’être. Ce
sont d’excellentes nouvelles et de très bonnes raisons pour méditer.
Mais la méditation peut être beaucoup plus qu’une chose que nous pratiquons une
ou deux fois par jour. Chaque instant peut être une méditation si nous apprenons à
être présents à tout ce que nous faisons ou à tout ce qui se passe. Etre présent,
c’est une question de prêter attention à notre expérience sensorielle sans être
accaparé par les commentaires du mental à ce sujet ou à propos d’autre chose.
Comme pour la méditation, être présent à la vie, c’est une question de vous
intéresser pleinement à tout ce que vous expérimentez et de vous ramener à cette
expérience chaque fois que vous vous surprenez à penser.
La pensée fonctionnelle a une place dans notre journée, bien sûr. Nous avons
besoin de notre esprit pour lire, calculer, étudier, planifier, écrire, conduire,
concevoir et faire toutes les autres choses que nous faisons dans nos vies
occupées. Les pensées dont nous n’avons pas besoin et celles que la méditation et
la présence nous entraînent à ignorer sont celles qui concernent le moi et la façon
dont les choses vont pour ce moi. Ces pensées relèvent du mental égoïque (mû par
l’ego et réel moulin à paroles), et non de l’esprit fonctionnel. Le mental égoïque,
qui nous fait quitter l’instant présent avec ses critiques, ses jugements, ses
histoires, ses craintes, ses doutes et ses idées sur le passé et l’avenir n’est pas
fonctionnel, mais dysfonctionnel. Il nous fait sortir de l’expérience de la vie pour
entrer dans son interprétation de la vie qui est un lieu stérile de contraction,
d’insatisfaction et de mécontentement. L’ego est un moi malheureux et négatif.
Fort heureusement, il n’est pas qui nous sommes vraiment.
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Apprendre à être présent à ce qui est et à rester présent à cela requiert beaucoup
de pratique. Pendant toute notre vie, nous avons prêté attention au mental
égoïque et donc, il faudra un certain effort et même un effort certain pour
neutraliser cette habitude. Se détacher du mental n’est pas une chose aisée et
requiert beaucoup d’application, mais l’alternative est très fâcheuse. Les gens ne
comprennent pas souvent qu’il y a une autre option qu’écouter leur moulin à
paroles, mais elle existe. C’est quelque chose d’autre qui vit la vie et le mental
égoïque ne cesse de jacasser en prétendant contrôler les opérations. L’ego n’est
pas qui nous sommes réellement, même s’il le prétend, et il ne contrôle pas les
opérations, même si l’Essence nous permet de suivre le mental égoïque, si tel est
notre choix.
Plus nous nous accoutumons à être présents et plus nous nous mettons à vivre en
tant qu’Essence. Le moment présent n’est pas qu’un lieu d’expérience sensorielle,
même si cela est suffisamment riche, mais aussi d’où jaillit la vie. Si nous ne
prêtons pas attention à l’instant présent, nous pourrions manquer ce que la vie
tente d’apporter par notre intermédiaire. Nous pouvons suivre les projets et les
idées du mental égoïque pour notre vie, si tel est notre désir, mais ici et
maintenant, ‘’quelque chose d’autre’’ a un plan qui sera beaucoup plus satisfaisant
que tout ce que l’ego peut offrir.
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S’ALIGNER SUR L’ESSENCE
En fait, nous sommes déjà alignés sur l’Essence, car nous sommes l’Essence ! Nous
ne pouvons être rien d’autre que l’Essence, mais nous entretenons l’illusion d’être
les rôles que nous jouons et les idées que nous avons sur nous-mêmes. Le ‘’je’’ que
nous pensons être est juste l’idée ‘’je’’. Comme tout autre concept, le ‘’je’’ n’a pas
de réalité objective. L’idée ‘’je’’ nous procure le sentiment d’exister séparément des
autres et du restant de la vie, mais le ‘’je’’ est juste la pensée ‘’je’’. Réfléchissez un
instant à cette révélation. Votre sentiment d’un moi émane d’un ensemble d’idées
vous concernant qui sont venues d’autres personnes et de conclusions que vous
avez tirées sur vous-même à cause de vos expériences.
Le ‘’je’’ est tellement revêtu d’images, de croyances, d’opinions, de désirs, de peurs
et de sentiments qu’il peut être difficile de voir que ceux-ci aussi sont simplement
des idées ou proviennent d’idées. Nous entretenons toute une image de nousmêmes dans nos esprits et les gens renforcent mutuellement l’image qu’ils ont
d’eux-mêmes. L’expérience du corps en tant que limite entre nous et les autres
complète le tableau de qui nous pensons être. Nous croyons exister dans les
limites du corps, ce qui semble être le cas, mais nous n’existons pas réellement
dans cette limite, ni dans aucune location particulière. Disons plutôt que notre âme
se voit attribué un corps-mental et que nous prenons ce corps-mental pour qui
nous sommes.
S’aligner sur l’Essence est l’affaire de réaliser que nous ne sommes pas le corpsmental via lequel nous fonctionnons, mais l’Essence de la vie elle-même qui se
déverse, si vous voulez, dans un corps-mental spécifique. L’Essence de la vie que
nous sommes est bien trop vaste pour un seul corps-mental et donc, notre corpsmental peut difficilement être la représentation complète de qui nous sommes.
Nous sommes comprimés dans ce réceptacle qui façonne et qui limite notre
expression. Le réceptacle est un ‘’être humain’’ (à tout le moins, cette fois-ci !)
Nous jouons juste à être un être humain et nous avons joué à ce jeu pendant
beaucoup d’autres vies. Nous apprenons des leçons qui relèvent de cette forme de
vie particulière et nous continuerons à expérimenter d’autres formes, y compris
des formes non physiques.
Le mental n’est pas conçu pour comprendre la vérité que nous sommes réellement,
ni pour croire la vérité, mais une partie de nous connaît la vérité et résonne avec ce
sentiment d’être beaucoup plus vaste que ce que nous paraissons être.
L’expérience de notre vraie nature est toujours accessible, puisque l’Essence a
toujours été présente. Pour s’aligner sur l’Essence, il n’y a rien à atteindre. S’aligner
sur l’Essence n’est pas quelque chose que nous faisons, mais qui survient plus
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comme la conséquence d’autoriser et remarquer ce que nous sommes déjà et de
mettre un terme à la croyance que nous sommes qui nous pensons être.
Si nos pensées cessent ou si nous ne leur prêtons plus attention, l’Essence
resplendit. Les pensées obscurcissent provisoirement l’expérience de l’Essence,
mais l’Essence est toujours là, consciente du personnage qu’elle joue et de toutes
les pensées que ce personnage entretient. L’Essence est consciente des croyances,
des opinions, des craintes, des rêves, des sentiments, des désirs et des jugements
du personnage et l’Essence lui permet d’avoir ces pensées et de faire ce qu’il en
fera. Quand l’acteur commence à s’éveiller du rôle qu’il joue et quand il entrevoit
la vérité, la vérité le pousse sur le sentier spirituel.
S’aligner sur l’Essence est une question de tourner notre attention à tout moment
vers notre véritable nature plutôt que vers le faux moi illusoire. Nous nous
éveillons du rêve du faux moi à la réalité de notre véritable nature. Quel rêve ce
fût !
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APPROFONDIR L’ESSENCE
Etre dans nos sens nous ramène à l’instant présent. Lorsque nous accueillons
réellement ce que nous voyons, ce que nous entendons, ce que nous sentons et ce
que nous goûtons sans nous investir dans les commentaires de notre mental à ce
propos, nous sommes dans l’instant présent. Mais pour ce qui est d’être dans
l’instant présent, il y a beaucoup plus que l’expérience sensorielle. Nos sens ne
sont qu’une porte qui donne sur l’instant présent. La joie d’être dans l’instant
présent dépasse le plaisir des sens. Pour approfondir l’Essence, il y a une autre
étape très importante, une fois que nous utilisons pleinement nos sens sans les
interférences des commentaires du mental et c’est expérimenter pleinement
l’impact que l’expérience sensorielle a sur notre Etre.
Lorsque vous observez une belle fleur ou lorsque vous entendez un oiseau chanter,
quel impact cela a-t-il sur votre expérience énergétique intérieure ? Qu’est-ce que
votre Etre expérimente ? Quelle est l’expérience de l’Essence ? Prenez juste un
moment pour découvrir ce que l’Essence expérimente par vous-même. Contemplez
quelque chose de beau. Absorbez-la réellement et observez comment la beauté
vous fait vous ressentir, non pas émotionnellement, mais énergétiquement à
l’intérieur de votre être.
Lorsque nous accueillons réellement la beauté ou quoi que ce soit d’autre que
nous expérimentons par l’intermédiaire de nos sens, nous sentons notre Etre qui
célèbre et qui apprécie dans l’instant et nous expérimentons cela
énergétiquement. Cette expérience énergétique subtile est l’expérience du Cœur
ou de l’Essence. Cette joie subtile, cette expansion, cette détente, ce oui à la vie est
le bonheur radical qui émane d’expérimenter la vie comme l’Essence l’expérimente.
Cette expérience subtile est continue et omniprésente, mais nous ne remarquons
pas souvent notre Etre qui célèbre la vie, comme penser est plus évident et plus
fascinant, même si penser est en réalité moins satisfaisant. Comme penser est
notre posture habituelle en tant qu’humains, nous devons apprendre à remarquer
ce qui est là à côté des pensées, nous devons apprendre à remarquer ce qui est
réel et vrai, nous devons nous entraîner à prêter attention à la joie subtile, à
l’expansion, à la détente et au oui de l’Essence qui apprécie la vie par notre
intermédiaire. Cette expérience subtile devient moins subtile et plus facile à
remarquer, plus nous lui prêtons attention, plutôt qu’à nos pensées. Alors, le
mental devient plus calme, plus tranquille et passe plus à l’arrière-plan.
Puisque le mental égoïque est le générateur de toute souffrance, il est vraiment
bon de savoir qu’il ne doit pas être envahissant et que quelque chose de beaucoup
plus authentique et agréable peut prendre sa place. Notre Etre, notre Essence est
heureux à tout moment. Prenez-en juste conscience. Remarquez comment votre
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Cœur se dilate en voyant la beauté, en entendant un son ou en expérimentant ce
qui se manifeste autrement dans l’instant. Remarquez combien vous aimez
réellement vivre. Votre amour de la vie est toujours accessible simplement en le
remarquant.
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2
ÈME
PARTIE : L’EGO
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VOIR AU-DELÀ DE LA PENSÉE ‘’JE’’
La plupart du bavardage qui provient du mental égoïque porte majoritairement sur
‘’moi’’. Si vous voulez bien le noter, vous verrez que presque chaque pensée
commence par ‘’je’’. Ces pensées définissent le ‘’je’’ : ‘’Je suis’’, ‘’J’aime’’, ‘’Je veux’’,
‘’Je crois’’, ‘’J’étais’’, ‘’Je serai’’…Qui seriez-vous sans ces pensées qui vous
définissent ? Et d’où proviennent ces définitions ? Sont-elles constantes ou
changent-elles de jour en jour ?
Certaines des définitions qui vous concernent sont le produit d’autrui. Enfants,
nous adoptons les définitions d’autrui, spécialement celles de nos parents ou que
d’autres figures autoritaires nous refilent. Nous tirons aussi des conclusions sur
nous-mêmes à partir de nos expériences. Par exemple, si nous avons échoué dans
quelque chose qui était important pour nous, nous pourrions nous considérer
comme des ratés.
L’origine de ces définitions ou de ces identités et ce qu’elles sont est bien loin
d’être aussi important que de voir leur manque de complétude et par conséquent,
leur fausseté. Nous ne pouvons pas penser de pensée authentique sur nousmêmes (ou sur n’importe qui d’autre), parce que rien de ce que nous pensons ou
de ce que nous disons sur nous-mêmes n’est la vérité totale, pas même la vérité
totale de notre ego ou de notre personnalité, et encore moins celle de notre vrai
Soi. Si vous dites, ‘’je suis intelligent’’, ceci n’est vrai que par rapport à certaines
personnes. Si vous dites, ‘’je suis loquace’’, c’est parfois vrai, mais pas toujours. Si
vous dites, ‘’j’aime materner’’ ou ‘’j’aime la crème glacée’’, ceci peut paraître
absolument vrai, mais ces déclarations impliquent que vous ayez toujours ce
sentiment. Ne pouvez-vous pas songer à un moment où une telle déclaration
n’était pas juste ou imaginer un moment où elle pourrait ne pas l’être ? Nous
croyons que beaucoup de choses sont vraies, en ce qui nous concerne, mais le
sont-elles réellement ?
Qui nous sommes réellement et même, qui nous pensons être est un mystère qui
ne peut pas être capté par des mots. Comment l’ego se définit lui-même – ce qu’il
aime et ce qu’il n’aime pas, ce qu’il croit et ce qu’il désire – change constamment.
Qui êtes-vous si vous ne pouvez pas être clairement défini ? Nous avons des idées
concernant qui nous sommes, mais ces idées changent et certaines ne sont
simplement pas vraies. Elles ne sont que des présomptions d’identité, une croyance
ou une conviction que nous sommes ainsi. Elles ne sont qu’une image personnelle,
une image de nous-mêmes, une image qui fluctue.
Plutôt qu’être quelque chose de constant et de stable, qui nous pensons être est
plutôt inconsistant et pas nécessairement vrai. Nous nous efforçons beaucoup de
nous définir, mais sans jamais y parvenir. L’ego s’est constitué à partir de croyances
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et de convictions qui nous concernent et qui changent constamment. Ces idées
n’ont pas de substance – ce ne sont que des pensées, après tout – elles possèdent
très peu de vérité. Elles sont tout à fait subjectives.
Quelle valeur peuvent bien avoir les pensées qui nous concernent, alors ? Même si
elles sont positives, elles sont vaines et si elles sont négatives, elles peuvent colorer
dramatiquement notre expérience de la vie. Si vous vous percevez comme un taré
ou un inadapté, la vie est pénible. Mais même si votre image personnelle est
positive, elle ne le restera sans doute pas longtemps. Notre image personnelle a le
don d’osciller entre le positif et le négatif. Ces polarités sont les deux côtés de la
même pièce, et aucune des deux n’est vraie. Les choses positives que nous nous
disons sur nous-mêmes sont aussi relatives et inadaptées pour nous définir que les
choses négatives.
Ceci rend inutiles toutes les pensées ‘’je’’. Leur unique finalité, c’est de créer une
fausse identité et qui a besoin de cela ? Seulement l’ego ! Avez-vous besoin de ces
définitions et de ces images personnelles pour fonctionner ? Vous fonctionnez
depuis le début et les identités qui sont fabriquées par vos pensées ont juste été
rajoutées. Elles ne sont pas la raison pour laquelle nous sommes en mesure de
fonctionner et en fait, elles interfèrent souvent avec notre fonctionnement. Elles
colorent la façon dont nous nous voyons et génèrent un faux sentiment du moi qui
s’interpose entre le vrai Soi et le monde. Le faux moi interfère avec une existence
plus pure, plus innocente dans le monde. Il impacte notre expérience du monde et
influe sur la manière dont nous interagissons avec celui-ci.
L’Essence, qui agit spontanément dans le monde, n’a pas besoin du faux moi. Elle
permet au faux moi de nous influencer, parce que c’est Elle qui a créé l’ego pour
agir comme il agit, mais elle n’a pas besoin de l’ego pour expérimenter la vie. Le
faux moi crée le drame de la vie et le sentiment d’avoir un problème. Il sert en
apportant du grain à moudre au moulin de notre évolution. Mais une fois arrivé à
un certain stade, vous êtes prêt à le dépasser, vous n’avez plus besoin
d’expérimenter la vie dans sa perspective. Vous vous rendez compte que vous
n’avez jamais eu besoin du faux moi, ni de vos pensées ‘’personnelles’’. Ils ne
représentent pas qui vous êtes vraiment et ne vous ont jamais vraiment servi. Ces
pensées ont seulement servi à créer l’illusion d’un moi séparé. Une fois que vous
voyez que ce moi n’est qu’une illusion – juste des pensées, réellement – alors vous
pouvez commencer à vivre davantage à partir de l’Essence.
Le ‘’je’’ nous maintient à l’écart de l’instant présent en nous impliquant
mentalement avec lui et ces pensées nous empêchent de découvrir qui nous
sommes réellement. Une fois que vous voyez que vous n’êtes pas le ‘’je’’, alors
ignorer vos pensées ‘’personnelles’’ et tourner votre attention vers la vie devient
beaucoup plus simple. Lorsque vous croyiez que vos pensées ‘’personnelles’’
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étaient vraies, importantes et qui vous étiez, celles-ci vous intéressaient,
naturellement, et vous éprouviez le besoin de les suivre. Une fois que vous voyez
qu’elles ne sont pas vraies, il devient possible de réaliser ce qu’il y a d’autre ici et
de vivre la vie. Vous découvrez que ce qui vit la vie n’a absolument rien à voir avec
la pensée et tout à voir avec le fait de purement faire l’expérience de l’instant
présent, sans penser.
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L’EGO EST UN FAUTEUR DE TROUBLES
L’état permanent de l’ego est l’insatisfaction. Tout ce qui arrive est soit insuffisant
ou ‘’too much’’ : pas assez de plaisir, pas assez de détente, pas assez de beauté, pas
assez de liberté, pas assez de confort, pas assez d’argent, pas assez de pouvoir, pas
assez de succès, pas assez de sécurité. Ou trop de stress, trop de calme, trop de
bruit, trop de solitude, trop d’interactions sociales…Comme dans l’histoire des trois
ours, tout ce qui arrive est rarement ‘’tip top’’ et même si ça l’est, l’ego stresse par
rapport à l’avenir ou bien regrette le passé et ainsi, il arrive même à gâcher une
expérience qui est juste ‘’pile poil’’.
L’ego soutient et alimente son propre mécontentement avec une histoire qui
explique ce qui ne va pas avec la manière dont vont les choses et pourquoi elles
devraient être différentes. Il se plaint et critique tout ce que nous expérimentons,
ce qui rend la vie assez désagréable. Un moment tout à fait satisfaisant devient
insatisfaisant, parce que l’ego prétend qu’il n’est pas satisfaisant et nous dit
pourquoi. L’ego peut même gâcher les meilleurs instants avec ses opinions
négatives, ses plaintes et ses critiques. Il décide qu’il n’aime pas quelque chose,
échafaude toute une argumentation et devient malheureux, parce qu’il croit sa
propre histoire ! L’ego ne réalise pas que son histoire constitue le problème, et non
ce qui se passe. Et quand nous nous identifions à l’histoire de l’ego, nous ne le
réalisons pas non plus.
L’opinion de l’ego est souvent une opinion négative. L’ego est un fauteur de
troubles, un dramaturge, pas un conciliateur. Si nous nous accordons avec le
mental égoïque, nous avons l’impression d’être une victime ou d’avoir un
problème à régler. Si ce n’est pas le cas, nous faisons juste l’expérience de l’instant,
tel quel, sans l’influence négative de l’ego. Les commentaires négatifs de l’ego
peuvent continuer, mais si nous n’acceptons pas son point de vue, nous surfons
simplement d’un instant à l’autre facilement et paisiblement sans nous raconter
d’histoires sur ce qui arrive. La vie continue et nous accompagnons son flux.
Accompagner le mouvement est une expérience non égoïque. Vous ne vous
focalisez pas sur les commentaires de l’ego – ‘’j’aime’’, ‘’je n’aime pas’’, ‘’je veux’’,
‘’je ne veux pas…’’ – mais sur ce que vous faites ou sur ce qui se passe. Vous vous
absorbez dans la vie, comme elle se déroule, plutôt que d’être absorbé par
l’histoire de l’ego concernant ce qui se passe, ce qui s’est passé ou ce qui va se
passer. L’ego raconte une histoire sur ce qui se passe qui le met au centre de
l’univers. Il classe chaque instant comme étant bon pour ‘’moi’’ ou bien mauvais
pour ‘’moi’’. Il juge chaque moment conformément à ses préférences et à ses
aversions et selon que celui-ci rencontre ou non ses désirs. L’histoire de l’ego est le
commencement de la souffrance. Si nous écoutons son histoire, nous nous
identifions à sa voix malheureuse qui devient notre réalité. Mais si nous l’ignorons,
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nous restons dans le flux de l’instant où nous pouvons simplement apprécier la vie,
comme elle se déploie.
Là, il n’y a aucun problème. L’ego crée des problèmes en définissant quelque chose
comme un problème. Si vous n’écoutez pas ses opinions et ses craintes, vous ne
faites pas l’expérience d’avoir un problème. Vous pourriez toujours avoir des
expériences que vous n’aimez pas, mais ne pas aimer quelque chose ne doit pas
être un problème, à moins que vous ne décidiez que ce que vous expérimentez est
la mauvaise expérience.
Toute expérience est la bonne expérience. Il n’y a rien de tel qu’une mauvaise
expérience. Chaque histoire que l’ego raconte est une histoire parmi de
nombreuses histoires possibles, mais aucune d’entre elles ne contient la vérité
totale. D’habitude, l’ego raconte une histoire négative qui reflète ses valeurs, ses
convictions et ses opinions. De telles pensées ne méritent pas notre attention,
parce qu’elles s’opposent à la vie et à l’amour. Elles nous séparent de la vie et des
autres et conduisent au mécontentement.
La seule opinion sur la vie qui vaut la peine d’être gardée, c’est qu’elle est bonne
juste comme elle est. C’est l’ ‘’opinion’’ de l’Essence, notre vrai Soi, qui aime la vie
et qui apprécie chaque expérience qu’elle a par notre entremise. Toute autre
opinion nous sort de l’instant présent. Si cela arrive, nous sommes attirés dans le
monde de l’ego, un monde de mécontentement, de plaintes, de jugements et de
tentatives d’arranger tout ce qu’il n’apprécie pas – c’est-à-dire beaucoup de
choses.
Vous pouvez passer votre temps à essayer de concevoir un meilleur ‘’moi’’ et à
créer une meilleure expérience pour le ‘’moi’’, comme le voudrait l’ego ou vous
pouvez vous engager pleinement dans l’expérience que vous vivez. Si vous vous
permettez de vous détendre dans l’instant présent, vous vous rendez compte que
vous n’avez jamais eu besoin de l’ego pour vivre votre vie. L’ego n’est pas qui nous
sommes, mais le produit de notre imagination, juste un conglomérat d’idées qui
‘’me’’ concernent. L’Essence a toujours été celle qui vivait votre vie.
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SE DÉCONNECTER DE L’HISTOIRE DU ‘’MOI’’
A chaque instant, l’ego se demande : ‘’Comment vont les choses pour moi ?’’, ‘’Estce que je fais l’histoire ?, ‘’Est-ce que j’obtiens ce que je veux ?’’, ‘’Quand est-ce que
j’aurai ce que je veux ?’’…L’ego est toujours en train de s’assurer qu’il est assez
bon, que le moment est assez bon et que les autres sont assez bons, et ce n’est
généralement pas le cas ! L’ego a des normes très élevées et le moment et la vie
sont rarement à la hauteur, ce qui engendre beaucoup de souffrance. Moi et ma
vie sont rarement suffisamment bons pour l’ego. Le moi s’efforce toujours d’être le
meilleur, d’avoir plus et que sa vie reflète une certaine image. Nous souffrons
tellement de l’histoire du moi et de son déroulement. Quel soulagement quand
nous entrons dans l’instant présent où il n’y a plus ni moi, ni histoire du moi !
Le point de vue de l’ego, c’est que la vie sera bonne et satisfaisante, lorsqu’il
obtiendra ce qu’il veut et donc, il travaille très dur pour que la vie se conforme à sa
façon de voir. Malheureusement pour l’ego, la vie suit son propre cheminement et
l’ego a très peu à dire par rapport à cela. Dans les cercles spirituels, nous
entendons beaucoup parler de détachement, de renoncement, de lâcher-prise,
parce qu’un tel lâcher-prise est indispensable pour que nous fassions l’expérience
de notre véritable nature. Ce à quoi vous renoncez, c’est au programme de l’ego et
à ses projets égoïstes, à toutes les idées que l’ego entretient sur la manière dont
vous devriez être, ce que vous devriez accomplir et ce à quoi votre vie devrait
ressembler.
Nous sommes prêts à renoncer à de telles idées, lorsque nous voyons enfin
l’inutilité, la futilité et l’absurdité de nous efforcer de faire en sorte de les réaliser
ou que la vie les réalise. Cette volonté d’agir en ce sens ne se manifeste
généralement qu’au bout de multiples déceptions dans la vie et c’est la raison pour
laquelle la recherche spirituelle ne commence généralement que plus tardivement,
après que nous nous soyons efforcés de faire en sorte que la vie se déroule
conformément à nos idées et à nos plans, pour découvrir in fine qu’elle suivait son
propre plan. La souffrance générée par une telle déception en pousse beaucoup
sur le chemin spirituel, beaucoup de personnes qui se demandent en quoi consiste
la vie, si ce n’est tenter d’obtenir ce que nous voulons ou ce que veut notre ego.
La souffrance engendrée par le moi et que provoque nos efforts pour que notre
histoire se déroule ‘’bien’’ nous met finalement à genoux. Lorsque nous sommes
prêts à renoncer aux idées de l’ego – y compris à ses désirs – alors nous pouvons
faire l’expérience pure de l’instant présent. A ce moment-là, nous nous sentons en
paix, paix qui provient du soulagement de ne plus avoir le sentiment d’être un
‘’moi’’ avec son programme. Quel soulagement c’est de laisser tomber ce moi, ne
fût-ce que pendant un moment ! En réalité, nous faisons tous l’expérience de ce
lâcher-prise par rapport au moi à plusieurs reprises pendant une journée. Chaque
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fois que nous ressentons un contentement tranquille et une facilité d’être, cela
signifie que nous sommes entrés dans l’instant présent et que nous avons perdu le
sentiment du moi et de son histoire de ce qu’il veut et a besoin pour être heureux.
Nous croyons avoir besoin de nos histoires ; si nous ne les avions pas, nous
craignons de ne rien accomplir du tout, nous avons peur de ne pas avoir de vie,
mais ces craintes ne sont pas fondées. Au lieu d’avantager nos vies, toutes nos
histoires (‘’J’aimerais’’, ‘’je voudrais’’, ‘’il faudrait que…’’) nous font souffrir par
rapport à la vie. Sans nos histoires que nous ressassons, la Vie est toujours là, mais
la souffrance a disparu.
Nous sommes destinés à découvrir que nous pouvons vivre sans nos histoires et
que nous n’avons pas besoin de souffrir. La souffrance est un choix ! Vous pouvez
entretenir votre histoire d’un ‘’moi’’ ou vous pouvez simplement vivre dans
l’instant présent et voir ce qui arrive ensuite et ce que l’Essence vous pousse à
faire. La vie jaillit de l’instant présent. Nous pouvons lui faire confiance. La vie n’a
pas besoin du programme de l’ego ni de ses désirs pour que la vie s’accomplisse.
Quand vous entrez dans l’instant présent, vous faites l’expérience de la vie que
vous vivez sans vous efforcer de faire en sorte qu’elle soit différente. Quand vous
vous situez dans l’instant présent, vous obtenez tout ce que vous recherchiez : la
paix, la satisfaction, le bonheur et l’amour. Dans l’instant présent, la vie prend soin
d’elle-même parce que vous êtes la Vie…
47
LA FIN DE LA LUTTE
Un des dons de la maladie terminale peut être la cessation de la lutte. Quand nous
savons que notre vie sera bientôt terminée – quand le film où nous étions la star
est sur le point de se terminer – alors nous cessons de nous efforcer d’être
quelqu’un, d’obtenir quelque chose et d’aller quelque part. L’histoire de l’ego se
focalise sur le fait d’être quelqu’un de spécial en réalisant ou en accomplissant
quelque chose. L’ego a un scénario à l’esprit. Il sait comment il veut que l’histoire
se déroule et sait comment il veut que l’histoire se termine et se demande
comment c’est possible. Lorsque tous ces efforts, ces rêves et ces désirs n’ont plus
aucun sens parce que nous sommes sur le point de mourir, nous pouvons nous
affranchir de l’ego. La cessation de la lutte qui accompagne fréquemment une
maladie terminale ouvre la porte à la découverte et à l’expérience plus pleine et
plus complète de ce qui est réellement ici et l’a toujours été sous ce costume.
Quand nos fonctions et quand nos activités nous sont enlevées, quand notre
beauté s’est fanée et quand nos biens ne signifient plus rien, qu’est-ce qui reste ?
Quelle bénédiction c’est de découvrir la vérité concernant qui nous sommes ! Cette
découverte est l’un des buts spirituels d’une maladie terminale.
La majorité de nos pensées sont au service de l’ego, du ‘’je’’ que nous pensons
être. Elles font la promotion d’une histoire qui nous concerne et qui est motivée
par des désirs et d’autres conditionnements. ‘’Je dois ou je devrais faire cela, je ne
peux pas faire cela, je veux cela, j’ai besoin de cela…’’ Cette histoire semble vraie et
réelle. Nous croyons avoir besoin que notre histoire se déroule d’une certaine
manière, même quand la vie a d’autres projets et donc, nous luttons et nous nous
opposons à la vie en tentant de faire en sorte que cette histoire se produise et
qu’elle se produise en suivant notre propre programme et notre propre horaire.
C’est naturel, mais tous ces efforts et toute cette souffrance par rapport au
déroulement de notre histoire sont vains et inutiles, parce que la vie s’accomplit de
toute manière et parce qu’elle s’accomplit, comme elle est censée s’accomplir en
suivant son horaire propre.
Les idées que nous entretenons sur nous-mêmes et sur la façon dont notre vie se
déroule ou sur la façon dont elle devrait se dérouler génèrent tellement de
souffrance inutile. La vie a un plan et elle agira à sa guise avec nous. Elle nous
apporte les leçons dont nous avons besoin, leçons qui nous modèlent comme nous
avons besoin d’être modelés et elle nous apporte les opportunités qu’elle nous
destine. Nos egos opèrent dans un cadre plus vaste ou dans un projet plus vaste,
dont l’ego n’a pas conscience. Si ce plan plus vaste diffère du plan de l’ego ou du
scénario de l’ego, nous pouvons beaucoup en souffrir et si ce plan plus vaste ne
s’oppose pas au projet de l’ego, nous sommes en paix avec la vie. Nous pouvons
argumenter par rapport à ce que la vie nous apporte et parce que la vie ne se
déroule pas comme notre scénario est supposé devoir se dérouler ou nous
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pouvons nous rendre compte que même cette expérience est la ‘’bonne’’
expérience.
Quand nous sommes en mesure de voir les efforts de l’ego pour ce qu’ils sont –
une tentative frénétique et égocentrique pour être quelqu’un de spécial, obtenir la
sécurité, être admiré, etc. – nous pouvons commencer à lâcher prise par rapport à
tous nos efforts. Seul l’ego a besoin des choses qu’il veut. L’ego veut ce qu’il veut
pour lui-même, pas par amour, ni pour un idéal supérieur. Ce (Celui) que nous
sommes réellement n’a pas besoin de quoi que ce soit, mais a déjà tout ce dont Il a
besoin pour être heureux.
Nos poursuites nous font réellement nous sentir en manque, comme si nous
n’avions pas ce dont nous avons besoin pour être heureux. Nous luttons, parce que
nous croyons avoir besoin de quelque chose pour être heureux, alors que nous
n’avons jamais eu besoin de quoi que ce soit et alors que rien en dehors de nousmêmes ne nous comblera jamais d’ailleurs. L’ego nous emmène dans une course
effrénée à la poursuite d’une chimère. Il nous persuade qu’il nous faut être
‘’quelqu’un’’ et que notre vie doit produire une certaine apparence pour être
heureux et que ce n’est pas le cas. Nous ne souffrons pas parce que nous n’avons
pas ce que nous désirons, mais parce que nous croyons avoir besoin d’autre chose
que ce que nous avons déjà pour être heureux.
Au moment de mourir, tout ce que l’ego a jamais pu vouloir lui est refusé et
supprimé, c’est pourquoi certaines personnes découvrent le bonheur suprême
juste avant de mourir. Quel soulagement c’est de pouvoir enfin se dépouiller et se
débarrasser de cet ego tyrannique ! L’ego est un dictateur qui nous éloigne du
bonheur, il ne nous en rapproche pas. Beaucoup de personnes s’en aperçoivent
juste avant de mourir, mais quelle bénédiction c’est de pouvoir le découvrir avant
cela ! Simplement en voyant que nous n’avons pas besoin de ce que notre mental
égoïque dit que nous avons besoin pour être heureux, nous pouvons nous
affranchir de la domination de l’ego.
Une fois que nous cessons de suivre les idées de l’ego concernant quoi faire, nous
commençons à découvrir Ce qui vit ici notre vie et qui attend silencieusement
qu’on Le remarque. Ce que nous sommes réellement est très patient, très aimant et
très accueillant. Il attend patiemment jusqu’à ce que nous soyons prêts à Le
découvrir et à découvrir la paix et le bonheur qu’Il a à nous offrir quand nous
cessons de nous efforcer d’être ‘’quelqu’un’’ et de faire en sorte que la vie tourne
en notre faveur. Alors, Celui ou Ce que nous sommes réellement peut commencer
à vivre plus pleinement par notre entremise, ce qui engendre le bonheur que nous
poursuivions et que nous cherchions au mauvais endroit.
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Une fois que vous vous mettrez à vivre, tel que vous êtes vraiment, vous ne serez
plus en lutte. Vous parcourrez la vie avec fluidité et grâce, dans l’acceptation et
l’amour. Vous agirez, mais l’action opérera à travers vous. Quel paradoxe d’obtenir
ce pour quoi nous luttions seulement et seulement quand nous arrêtons toutes nos
poursuites !
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L’EGO EST IRRATIONNEL
L’ego est irrationnel. Ses stratégies pour modifier la réalité n’affectent pas celle-ci,
mais ne font que nous rendre malheureux. Une fois que nous voyons à quel point
l’ego est irrationnel et combien ses stratégies sont inefficaces, nous pouvons
commencer à nous en affranchir, ainsi que de la souffrance qu’il provoque. L’ego
prétend savoir comment nous rendre heureux, mais ses stratégies entraînent le
contraire et obscurcissent en fait le bonheur authentique.
Une des stratégies favorites de l’ego pour tenter d’altérer la réalité, c’est de la
juger. Quand nous n’apprécions pas quelque chose (c’est-à-dire, quand nous nous
identifions à l’ego qui rejette comment sont les choses), nous jugeons tout ce que
nous n’aimons pas. Juger fournit les raisons pour lesquelles ne pas aimer quelque
chose : trop ceci ou trop cela, pas assez ceci ou pas assez cela… Les jugements font
paraître raisonnable l’insatisfaction de l’ego à l’égard de tout. Ils fournissent les
raisons qui justifient nos plaintes et la colère que provoquent ces plaintes.
La colère part du principe que le point de vue de l’ego est le bon et que les désirs
de l’ego devraient être satisfaits. Ce postulat est bien sûr celui de l’ego et nous
n’avons pas y souscrire. Une telle supposition est totalement irrationnelle. La vie ne
tourne pas autour des désirs de l’ego. Les perspectives sont infinies et chaque ego
a les siennes, alors pourquoi le point de vue de notre ego devrait-il être le bon ?
Le point de vue de l’ego est coloré par ses valeurs : celui-ci veut la sécurité, la
supériorité, la renommée, le pouvoir, l’argent, des garanties, le confort et le plaisir
par rapport à d’autres valeurs comme l’amour, la paix et l’unité. Par conséquent,
l’ego considère le monde de ce point de vue : dans quelle mesure le monde
m’apporte-t-il ce que je veux ? Le moment présent est jugé comme ‘’bon’’ ou
‘’mauvais’’, si ce qui arrive maintenant fait en sorte que l’ego se sente bien, en
sécurité, fort, superbe, à son aise, riche, populaire, satisfait ou tout ce qu’il voudra.
Si l’instant présent ne lui apporte pas tout cela, l’ego se sent grugé et mécontent. Il
juge et se plaint en établissant le bien-fondé de sa colère pour se sentir justifié de
se sentir en colère et pour éventuellement prendre des mesures à caractère
destructeur. Si la colère de l’ego se produisait en vase clos, il serait clair et évident
à quel point la colère est inutile et impuissante, mais la colère est voulue pour que
les autres la voient, puisque l’ego utilise la colère pour tenter de parvenir à ses fins
dans le monde. L’ego essaye de manipuler les autres avec la colère et il y réussit
souvent, mais à quel prix ?
L’ego ne se souciera guère du prix de céder à la colère : une diminution de l’amour,
de l’harmonie et du bonheur. Il se soucie plus d’obtenir ce qu’il veut. Il veut ce qu’il
veut, plus qu’il ne veut l’amour ou même le bonheur, car en fin de compte, ses
51
choix ne conduisent pas au bonheur. L’ego préfèrera son point de vue plutôt
qu’être heureux. Et s’il parvient à obtenir ce qu’il veut, il en retirera très peu de
chose. Sa victoire est insignifiante.
L’insignifiance des succès de l’ego ne l’empêche nullement de continuer à
appliquer à la vie sa formule préférée, qui est de rejeter une chose, de la juger, de
s’en plaindre, de s’en irriter ou de s’en chagriner. En fait, l’ego apprécie se sentir en
colère et malheureux. Si nous nous identifions à eux, nous ‘’jouissons’’ de ces
sentiments à un certain degré et choisissons souvent inconsciemment de rester
avec eux un certain temps plutôt que de les dépasser. Si d’habitude, nous
préférons la colère ou le chagrin au bonheur, la colère et le chagrin deviennent
naturels et familiers, comme de vieux amis, et ces sentiments deviennent
automatiques, chaque fois que la vie ne va pas dans notre sens. Heureusement,
nous pouvons apprendre à répondre autrement, si les choses ne vont pas dans
notre sens, et avec un peu de pratique, la colère et la désolation ne seront plus
automatiques et inconscientes.
La colère est une tentative pour manipuler la vie, qui est particulièrement
irrationnelle, quand ce qui nous fâche est quelque chose qui s’est produit dans le
passé et être en colère contre quelque chose qui d’après nous se produira dans le
futur est tout autant irrationnel, le futur n’étant qu’un concept. Etre en colère à
l’encontre d’une chose du passé ou du futur est irrationnel, puisqu’être en colère
ne change rien du tout, mais ne fait que nous rendre malheureux, nous et les
autres. Etre en colère à cause d’une chose qui se passe actuellement n’est guère
plus rationnel, car la colère ne nous aide pas non plus à faire face au présent. La
colère n’est tout simplement pas pratique.
Quand nous nous sentons en colère, nous sommes réellement en colère à cause
d’une perception que nous avons. Nous nous racontons quelque chose qui nous
met en colère. L’histoire que nous nous racontons nous met en colère. Si nous ne
voulons pas nous sentir en colère, nous devons cesser de nous raconter cette
histoire, à nous et à autrui. La solution ne consiste pas à changer quelque chose à
l’extérieur de nous-mêmes, mais à l’intérieur de nous-mêmes.
La tristesse est une posture de défaite ou de victimisation par rapport à la vie, et
qui ne nous apporte également que de l’insatisfaction et qui, à l’instar de la colère,
n’a pas le pouvoir de changer la réalité. A l’instar de la colère, la tristesse est
souvent une tentative pour manipuler la vie et les autres. Nous espérons que les
autres viendront nous assister et nous donneront ce que nous voulons, si nous
sommes vraiment malheureux à ce sujet. La tristesse peut aussi être une tentative
inconsciente visant à manipuler Dieu pour que Celui-ci nous donne ce que nous
voulons. Nous piquons une grosse colère ou une crise dans l’espoir que
Papa/Maman nous donnera finalement ce que nous voulons. Nous nous rendons
52
malheureux en nous opposant à la manière dont la vie se manifeste et nous
espérons que la vie fera preuve de clémence à notre égard.
Ces deux stratégies – colère et tristesse – sont deux moyens inefficaces pour faire
face à la vie. Elles ne changeront pas tout ce que nous n’aimons pas et nous
causent du tort à nous-mêmes et à nos relations. Ces sentiments sont le résultat du
point de vue irrationnel de l’ego qui présume à tort que la vie devrait se conformer
à ses désirs et qu’il est en mesure de faire en sorte que la vie s’y conforme ou alors,
qu’il devrait l’être. L’ego croit être le centre de l’univers, ce qui est un point de vue
immature et incorrect. La maturité spirituelle voit la vérité concernant la vie. L’ego
est immature, irrationnel, égocentrique et inconsidéré, mais la bonne nouvelle,
c’est que nous ne sommes pas l’ego ! Une autre bonne nouvelle, c’est que la
maturité spirituelle ne dépend pas du changement de notre ego, mais de
simplement reconnaître la vérité en ce qui le concerne.
Si vous vous surprenez en train de vous plaindre ou de juger, cela veut dire que
vous vous identifiez au point de vue de l’ego. Si vous vous en rendez compte et si
vous cessez de vous plaindre ou de juger, vous cesserez de souffrir. Néanmoins,
vous arrêtez au beau milieu de vos plaintes et de vos jugements n’est pas toujours
aisé, parce que l’ego adore se plaindre et juger. Mais moins nous nous laissons
happé par ce plaisir négatif et plus l’ego s’affaiblit. A la place de vous plaindre ou
de juger, tournez votre attention vers autre chose : quelque chose de beau,
quelque chose que vous aimez ou une chose envers laquelle vous éprouvez de la
reconnaissance, une chose que vous expérimentez par l’entremise de vos sens, ou
encore, votre respiration. Prêtez attention à tout sauf à vos pensées négatives.
Si vous vous apercevez que vous êtes en colère ou triste, demandez-vous ce que
vous vous êtes dit et qui a fait en sorte que vous vous sentiez ainsi. Le fait de voir
que vous avez-vous-même créé ces sentiments en croyant vos pensées vous
procure la faculté de dépasser ces sentiments. Nos sentiments résultent du fait que
nous croyons nos pensées négatives. Quand bien même il peut y avoir une petite
part de vérité dans de telles pensées, et c’est la raison pour laquelle nous les
croyons, c’est une histoire que nous nous racontons et qui oublie une grande part
de vérité. Si nous nous sentons mal, ces sentiments veulent dire que nous
adhérons à l’histoire de l’ego qui nous concerne, notre vie ou les autres, et
l’histoire de l’ego est une histoire négative, mesquine, sans vision à long terme et
ignorante. Quelle histoire raconterait l’Essence ? L’Essence voit tout le tableau
selon la perspective la plus juste. Elle a toujours une histoire inspirante à raconter.
Si vous devez vous raconter une histoire, alors découvrez celle de l’Essence. Mieux
encore, demeurez dans l’instant présent sans aucune histoire pour vous distraire.
53
LA VIE JAILLIT DE L’INSTANT PRÉSENT
Tout jaillit de l’instant présent. Le présent est tout ce qui existe, tout ce que nous
avons. Le passé s’introduit dans le présent sous la forme d’un souvenir ou d’une
histoire et l’avenir s’introduit dans le présent sous la forme d’un désir ou d’un
fantasme, mais ni le passé, ni l’avenir ne sont réels. Ce sont juste des pensées. Il n’y
a que l’expérience que nous avons maintenant qui est réelle et l’expérience de
l’instant présent change continuellement. C’est la vérité, mais l’ego ne l’accepte
pas. L’ego rejette l’instant présent et veut quelque chose de différent, aussi nous
éjecte-t-il de l’instant présent avec des pensées qui concernent le passé et l’avenir
et des jugements qui concernent le présent. L’ego ne s’intéresse pas à l’expérience
de l’instant présent, parce que l’ego n’a jamais assez de ce qu’il veut.
L’ego veut du glamour, du fun, de l’excitation, du succès, de l’attention, du
pouvoir, des louanges, de l’argent, la célébrité et la supériorité et il n’y a que peu
de moments qui offrent ce que l’ego prise tant. La plupart sont assez simples et
ordinaires, sans fanfare ni caractère spécial pour l’ego. Si l’instant ne propose rien
de spécial pour lui, l’ego ne s’intéresse pas à ce qu’il peut offrir et même si l’instant
recèle quelque chose que veut l’ego, il sera prompt à trouver quelque chose à
redire ou il en voudra encore plus. La vérité, c’est que l’ego est rarement satisfait,
même quand il obtient ce qu’il veut.
La vie n’a pas pour objectif de satisfaire l’ego, c’est pourquoi l’ego est si
malheureux. La vie, c’est expérimenter, grandir, évoluer, créer, servir et s’exprimer
et se manifester dans le monde d’une manière appropriée qui s’aligne sur la
Totalité. L’ego n’a aucune considération pour la Totalité. Il s’expérimente comme
étant séparé et seul. Mais ce qui vit la vie, en réalité, l’Essence, opère et agit pour
soutenir la Totalité. Les actions que l’Essence accomplit dans le monde sont
sensées et satisfaisantes, parce qu’elles s’alignent sur la Totalité, tandis que celles
que l’ego accomplit sont insatisfaisantes, parce qu’elles s’alignent rarement sur
elle. Il n’y a aucun vrai bonheur à poursuivre les objectifs de l’ego, même si l’ego
tente de nous convaincre du contraire. Nous en arrivons à voir qu’il y a autre chose
de bien vivant qui vit notre vie, et permettre à Cela de s’exprimer et de se
manifester par notre entremise est beaucoup plus profitable que d’exprimer les
pensées de l’ego et de poursuivre ses désirs.1
Nous pouvons trouver ce que l’Essence envisage pour nous, mais pour cela, nous
devons nous situer dans l’instant présent, et pas dans notre tête. L’ego utilise le
mental pour orienter notre vie conformément à ses valeurs, tandis que l’Essence
modèle notre vie en utilisant l’intuition et en nous inspirant à agir. Avec l’Essence
qui dirige notre vie, nous nous sentons inspirés à agir ou à dire quelque chose.
1
‘’Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi’’, disait Saint Paul, NDT.
54
L’Essence nous incite à être le créateur d’une vie qui sera satisfaisante, si nous le lui
permettons, c’est-à-dire, si nous n’écoutons pas notre mental, à la place.
Nous disposons du libre arbitre : à tout moment, nous pouvons décider de prêter
attention au mental et de suivre ses valeurs ou bien de prêter attention à l’Essence
et de suivre ses valeurs qui sont l’amour, la compassion, la paix, l’acceptation,
l’évolution, la sagesse et la compréhension. En plaçant les valeurs de l’Essence audessus de celles de l’ego, on découvre le bonheur que l’on recherche. S’aligner sur
l’Essence n’est guère compliqué. Il faut simplement vouloir prêter attention à autre
chose qu’au mental égoïque. Si vous le faites, vous découvrirez que vous n’aviez
pas du tout besoin du mental égoïque. Vous découvrirez que la vie s’accomplit
depuis toujours en jaillissant de l’instant présent et que tout ce que l’ego a jamais
fait, c’est vous éloigner du contentement qui est accessible ici et maintenant.
55
COMMENT LE MENTAL ÉGOÏQUE VOUS FAIT SORTIR
DE L’INSTANT PRÉSENT
Dès que nous nous posons dans l’instant, le mental égoïque a quelque chose à
raconter. C’est parfois enjoué – ‘’Pas mal !’’ – parfois critique – ‘’Pas terrible !’’
Parfois, il nous dit quoi faire : ‘’Tu dois te mettre au travail, maintenant’’ ou encore
‘’Tu n’oublies pas de faire cela !’’ Le mental est également plein de conseils et
d’aphorismes : ‘’Prudence, prudence !’’, ‘’Il vaut mieux prévenir que guérir !’’, ‘’Tu
gagnes peu à vouloir faire des économies de bouts de chandelles !’’. Les
commentaires du mental accompagnent virtuellement chaque instant et l’absence
de ces commentaires peut être une expérience assez déconcertante, car tellement
rare pour la plupart des gens.
La voix du mental égoïque peut se montrer amicale, désagréable, autoritaire, sage
ou aimable, puisque le mental imitera tous les types de communication que vous
avez jamais pu connaître. Si dans votre enfance, vous avez surtout connu la
gentillesse et la générosité, il est probable que vos pensées le reflèteront, mais si
vous avez connu la critique et la cruauté, il est probable que vos pensées seront
critiques et peu aimables à l’égard de vous-même et d’autrui.
La plupart d’entre nous connaissent un mélange de voix mentales qui varient selon
notre humeur. Si nous nous sentons heureux, la voix de notre mental se montrera
amicale, bavarde et plaisante, mais si nous nous sentons fatigués ou stressés, sa
voix se montrera plus négative et critique. Cette voix peut également nous faire
nous sentir malheureux, fâché, triste ou tout autre sentiment en nous disant
quelque chose qui nous fait nous sentir ainsi. Cette voix reflète les humeurs et les
sentiments et les provoque.
La voix dans notre tête change aussi suivant notre rapport avec elle. Si nous ne
l’écoutons pas lorsqu’elle essaye de bavarder avec nous, elle pourrait nous
sermonner ou tenter de nous alarmer pour que nous lui prêtions attention. Le
mental égoïque n’aime pas être ignoré et trouvera le moyen de nous impliquer
avec lui. Si nous mettons le doigt sur sa négativité et si nous cessons de lui prêter
attention quand il est négatif, alors il tentera d’être notre ami et il essayera d’être
utile, intéressant ou divertissant. Peu importe ce qui marche, il réessayera. Une
certaine relation s’établit avec notre mental, qui se répète fréquemment jusqu’à ce
que nous changions la relation en ignorant cette voix.
Le mental égoïque n’a rien d’utile à dire, mais nous l’ignorons jusqu’à ce que nous
finissions par le voir par nous-mêmes. Même si nous réalisons combien le mental
égoïque est sans valeur, il est possible que nous lui prêtions tout de même encore
attention, juste au cas où il suggérerait quelque chose d’utile. A l’occasion, quelque
chose d’utile nous passe par la tête, comme ‘’N’oublie pas tes clés !’’ ou peut-être
56
nous rappelons-nous brusquement où nous avons laissé nos clés. Nous attribuons
généralement un tel brio au mental égoïque, mais ce sont des exemples où
l’Essence utilise le mental pour nous aider.
Le mental égoïque ressemble à un ordinateur qui crache ses informations, ses
règles, ses convictions et d’autres idées qu’il a acquises et qui n’ont pas
nécessairement beaucoup de rapport avec le moment présent. Ces idées ont peutêtre été vraies et utiles par le passé, mais ne le sont plus nécessairement
maintenant. D’autre part, l’Essence nous délivre des renseignements utiles ou une
sagesse utile par le biais de notre intuition, même s’ils nous viennent parfois à
l’esprit via un mot ou une phrase, mais jamais via un long monologue. Lorsqu’une
information ou une certaine sagacité nous vient à l’esprit, l’impression est très
différente par rapport aux commentaires habituels du mental, mais comme cette
information ou cette sagacité sont apparues avec le mental, nous pourrions
présumer qu’elle provient du mental, plutôt que de l’Essence.
Une fois que vous aurez compris combien le mental égoïque est inutile, l’Essence
pourra fonctionner plus efficacement par l’entremise de votre esprit. Elle utilisera
davantage votre esprit et l’ego l’utilisera moins. L’esprit peut servir les deux. Vous
ne devez pas craindre de perdre votre faculté de penser ou de fonctionner, si vous
cessez de prêter attention à la voix dans votre tête. Vous fonctionnerez beaucoup
plus efficacement et beaucoup plus facilement et harmonieusement, si vous ne lui
prêtez plus attention et les messages qui proviennent de l’Essence ne se perdront
plus dans les bavardages du mental, comme c’est souvent le cas maintenant.
La seule chose qui peut vous faire sortir de l’instant présent, c’est écouter la voix
dans votre tête. Si vous lui prêtez attention, votre attention passe de l’expérience
réelle de l’instant présent au monde de la pensée. Une fois que vous êtes pris dans
le royaume du mental, il est facile de se laisser happer par une pensée après
l’autre, puis par n’importe quels sentiments que ces pensées déclenchent ou
suscitent. Prêter attention au mental égoïque vous met sur une pente glissante.
Fort heureusement, une fois que vous voyez les manigances du mental et que vous
êtes maintenant convaincu qu’il n’a rien d’utile à dire, vous pouvez demeurer dans
l’expérience présente. Vous découvrirez alors comment la vie jaillit
merveilleusement de l’instant présent, comme elle l’a toujours fait.
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ARRANGER LES CHOSES PAR LA PENSÉE
Beaucoup de nos pensées tentent d’arranger des choses qui ne peuvent pas l’être.
Nous pourrions par exemple tenter d’arranger le passé en imaginant d’autres
manières par lesquelles il aurait pu ou il aurait dû se dérouler ou en essayant de
défendre ce que nous avons fait, en y pensant. Nous rejouons le passé, comme si le
rejouer pouvait le changer. Le mental essaye d’arranger ce qui est impossible à
arranger.
Et nous faisons pareil avec le futur. Nous pourrions essayer de planifier quelque
chose dans les moindres détails, comme si cela pouvait faire en sorte que l’avenir
se déroule comme nous l’imaginons ! Même si planifier un peu peut avoir une
certaine valeur, le mental exagère, car ses plans sont souvent motivés par des
soucis et des craintes inutiles. Le mental entretient ses scénarios (‘’et si…’’) et tente
par la pensée d’éviter le désordre et l’imprévisibilité de la vie malgré cette
impossibilité.
Le mental passe aussi beaucoup de temps à essayer d’arranger des choses qui
n’ont pas besoin de l’être. Il imagine ou prévoit des problèmes là où il n’y en a pas
et il en résulte qu’il dépense une énergie précieuse à essayer d’arranger
mentalement quelque chose qui n’est même pas réel. Par exemple, vous pouvez
imaginer vous planter lamentablement en vous adressant à un groupe, alors que
ceci n’était jamais arrivé auparavant, mais même si vous aviez eu difficile à vous
exprimer en groupe auparavant, y penser ne peut pas changer ce qui s’est passé ni
ce qui arrivera. Y penser, c’est juste se tracasser inutilement.
Le problème, quand on tente d’arranger quelque chose en y pensant, c’est que cela
ne fonctionne pas. On ne peut pas changer le passé en y pensant. Même pour
apprendre du passé, on n’a pas besoin d’y penser. Ce que l’on a appris, on le sait
déjà au plus profond de soi-même. La vérité, c’est qu’on ne peut ‘’arranger’’ la vie
réelle ou agir sur la vie réelle – sur ce qui se passe actuellement – qu’en faisant
quelque chose dans le présent. On ne touche pas la vie réelle en y pensant. On
peut bien penser ou imaginer tout ce qu’on veut, mais penser ne changera pas le
passé et n’affectera pas le futur et ne changera même pas ce qui se passe
actuellement, étant donné qu’il est déjà trop tard pour changer ce qui se passe
actuellement.
L’autre problème, quand on tente d’arranger quelque chose en y pensant, en plus
du fait que cela ne fonctionne pas, c’est que cela affecte notre expérience de
l’instant présent, parce que cela nous sort de la vie réelle et nous replace dans
notre propre mental imaginaire qui pour beaucoup de gens est rempli de soucis,
de craintes et d’autres négativités. Nous tentons de gérer et de contrôler la vie par
l’intermédiaire de la pensée et nous sommes programmés à croire que c’est
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possible, mais la vérité est que nous ne le pouvons pas. Le voir nous propulse endehors de l’enfer et nous fait réaliser que la vie est déjà bien, telle quelle, et que
rien ne doit jamais être ‘’arrangé’’.
Le mental égoïque imagine un problème, puis une solution, et quand nous
sommes accaparés par de telles pensées, nous avons l’impression d’avoir un
problème qui doit être résolu avant de pouvoir être heureux. Mais le problème est
simplement imaginaire ! Quand nous nous dégageons de telles pensées pour
entrer dans l’expérience simple de l’instant présent, nous découvrons que tout est
OK, tel quel. La vie ne devait jamais être autrement qu’elle est et nous non plus.
Nous pouvons être les humains ‘’imparfaits’’ que nous sommes. En fait, nous
n’avons pas été conçus pour être autre chose que les humains que nous sommes et
nous remplissons parfaitement ces rôles humains !
La beauté, c’est que nous évoluons tous vers plus d’amour, plus d’alignement sur
l’Etre spirituel que nous sommes, que nous le réalisions ou non et donc, vous
pouvez simplement vous détendre et profiter de la balade où vous emmène la Vie.
Tout ce que la Vie demande, c’est de choisir l’amour plutôt que la peur et la haine.
Fort heureusement, nous apprenons tous que faire preuve d’amour est le seul
choix sensé, puisque l’opposé ne conduit qu’à la souffrance. Nous ne pouvons pas
réellement commettre d’erreur et donc rien ne doit être arrangé, puisque nous
sommes tous entraînés à voir la vérité – c’est-à-dire que nous sommes tous Un et
que la Vie est bonne !
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LE DÉSIR DE CONNAÎTRE L’AVENIR
Un des désirs les plus forts de l’ego, c’est celui de connaître l’avenir. Il veut
absolument connaître l’avenir, à tel point qu’il se résout fréquemment à l’inventer,
sinon dans un fantasme de grande envergure, au moins à l’aide de pensées et de
croyances à propos de l’avenir qui évoluent constamment. Parfois ces idées
fantasques sont négatives et décrivent les peurs de l’ego concernant l’avenir. La
probabilité que les événements se déroulent réellement de la manière souvent
dramatique que l’ego imagine est infime et néanmoins, nos pensées concernant
l’avenir accaparent notre attention, remuent nos émotions et peuvent même nous
contraindre à agir d’une façon ou d’une autre. L’ego fabrique un avenir
problématique, puis prend des mesures afin de l’éviter. Pour le mental, penser à
l’avenir paraît raisonnable, prudent, sage et pratique, mais rien ne peut être moins
pratique que de se détacher de l’instant présent pour se perdre dans des peurs et
des plans imaginaires, puis des actions pour éviter ces peurs.
Il est naturel que l’ego agisse ainsi, puisqu’il ne fait pas confiance à la vie. Il ne
reconnaît pas l’Intelligence derrière la vie qui est sage et aimante et qui nous aide
à évoluer pour devenir plus sages et plus aimants. L’ego ne voit pas que la vie est
bonne et digne de confiance, occupé qu’il est à raconter des histoires négatives sur
la vie et combien elle est injuste et périlleuse. Bien entendu, l’ego a peur. Il
s’effraye lui-même avec des histoires négatives. Il ne voit ni l’amour, ni la bonté, ni
le soutien présent, et n’apprécie pas le fait que les défis et les difficultés nous font
évoluer, comme rien d’autre ne peut le faire. L’Essence connaît la vérité à propos
de la vie, mais quand nous nous identifions à l’ego, ses croyances et ses
convictions et aux histoires qu’il fabrique, nous ne voyons pas les choses comme
l’Essence les voit.
Nous voulons connaître l’avenir, parce que nous voulons la confirmation de la
croyance, de la conviction de l’ego que le présent sera racheté par quelque chose
de meilleur qui surviendra dans le futur. Nous voulons que quelqu’un nous dise :
‘’Oui, ton prince (ou ta princesse) viendra et vous vivrez toujours heureux par la
suite…’’ La position de l’ego, c’est que, quoi qu’il arrive, ce n’est jamais assez bon,
mais un jour, la vie sera merveilleuse et alors, ce bonheur durera à tout jamais. Ce
conte de fée est tellement enraciné dans notre constitution qu’il se peut que nous
ne réalisions même pas que nous nous racontons cette histoire. Cette croyance
interfère avec l’expérience de cet instant précieux. Qui plus est, elle interfère avec
la vision de la vérité concernant la vie : celle-ci change constamment, nous avons
peu de contrôle sur elle et elle est remplie de choses plaisantes et déplaisantes.
L’ego ne voit pas tout le tableau, quand il rejette le moment présent. Il rejette
l’instant présent, parce qu’il se focalise sur ce qui n’est pas présent et qu’il voudrait
présent. Si le moment présent n’apporte pas suffisamment de plaisir, de pouvoir,
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de sécurité, de confort, de fantaisie, de supériorité ou de garanties, il le rejette,
mais la vie n’existe pas pour le plaisir de l’ego, ni pour conforter son sentiment
personnel. La vie existe pour l’ensemble de la vie et elle contient tout ce dont nous
avons besoin pour être heureux, si nous voulons bien nous situer dans l’instant
présent sans nos opinions, nos croyances et nos jugements.
Débarrassé de la pensée, le moment présent est vivant et il évolue toujours vers
quelque chose de neuf et d’inattendu. Le moment présent change et il est rempli
de toutes sortes de choses qui éblouissent les sens, inspirent l’amour et nous
étonnent. Le moment présent est tout ce dont nous avons besoin et tout ce que
nous possédons réellement. Qu’il puisse être différent de la façon dont il se
manifeste est une illusion. L’ego a très peu de pouvoir pour changer ce qui se
passe, car il est déjà trop tard – la vie est déjà passée à l’instant suivant. Tout ce
que l’ego peut faire, c’est interférer, par son insatisfaction, avec le vécu d’une
expérience riche et pleine du moment. L’insatisfaction de l’ego sape la joie de la
vie et il n’est dès lors guère étonnant que nous aspirions à de meilleurs moments.
L’ego gâche le moment présent et il en promet de meilleurs, mais ceux-ci ne
viendront jamais, à moins que le mental ne devienne silencieux ou qu’il soit ignoré
et alors, chaque instant est bon.
Si vous vous retrouvez en train de désirer autre chose que ce qui se présente
actuellement, il pourrait être utile de vous demander ce que vous imaginez que
l’obtention de ce que vous désirez vous apportera. Nous pensons que nous serons
enfin heureux, quand nous obtiendrons ce que nous voulons. Néanmoins, ce que
nous découvrons si nous obtenons enfin ce que nous voulons, c’est que même ces
quelques moments merveilleux disparaissent pour être remplacés par le moment
suivant, puis par le moment suivant, etc. La vie ne cesse d’évoluer et nous apporte
un mélange de ce que nous aimons et de ce que nous n’aimons pas. Pourquoi alors
ne pas apprécier, voire aimer tout ce que la vie vous apporte puisque, quoi que
cela puisse être, cela n’est pas là pour bien longtemps, cela ne sera plus jamais
pareil et parce que c’est tout ce dont vous disposez…
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LA PEUR, L’ARME LA PLUS PUISSANTE DE L’EGO
La peur est puissante. Elle peut nous inciter à mal nous conduire et à faire des
choses que nous ne voulons pas faire. Elle engendre la guerre et tous les types de
conflits paraissent justifiés. Nous sommes prêts à nous battre et à faire la guerre,
parce que nous avons peur de ne pas pouvoir obtenir ou garder ce que nous
voulons et parce que nous redoutons ce que cela peut signifier. Quand nous avons
l’impression que notre survie est en jeu, la peur est derrière et une telle peur est à
la base de toutes les guerres et autres atrocités. La plupart des gens feront
n’importe quoi pour survivre. Les questions que nous devons nous poser
concernant la peur sont : ‘’Ce dont j’ai peur est-il réel ? Ma survie est-elle
réellement en jeu ? En suis-je sûr et certain ?’’ Les réponses à ces questions sont
rarement positives.
Les peurs ne sont pas réelles, n’étant que des idées concernant une future
possibilité. Quelle réalité peuvent avoir ces idées ? Le futur n’existe qu’en tant
qu’idée. D’où cette idée est-elle venue ? C’est là une question essentielle. Les peurs
émanent toujours de l’ego, parce que c’est lui qui pense à l’avenir et quelle est la
fiabilité d’une source comme l’ego ?
Il nous faut examiner non seulement à quel point une peur est réelle, mais
également la fonctionnalité de la peur en général. Les peurs nous préservent-elles
ou nous protègent-elles de ce que nous redoutons ? Elles semblent nous inciter à
nous occuper de nos besoins essentiels en matière de survie. Par exemple, nous
avons peur d’être sans abri et de mourir de faim et donc, nous travaillons pour
gagner de l’argent pour survivre. Néanmoins, si nous avions besoin de la peur pour
nous aider à survivre, alors, sitôt que nous avons assez d’argent pour survivre,
n’arrêterions-nous pas de travailler ? Il y a beaucoup plus que la peur derrière
notre motivation à travailler et à faire les choses que nous faisons. Nous n’avons
pas besoin de la peur pour nous motiver à vivre. Nous sommes naturellement
motivés pour vivre : pour travailler, jouer, créer, explorer, grandir, apprendre,
s’amuser, etc. L’Essence nous motive à vivre et la peur n’est que la ‘’contribution’’
de l’ego à la vie, une contribution que l’on doit examiner.
L’ego fabrique ses peurs, puis tente de nous amener à agir, par rapport à elles.
Nous croyons nos peurs, étant programmés à les croire. Nous croyons que si nous
ne faisons rien par rapport à nos peurs, elles pourraient devenir la réalité. La peur
est le moyen par lequel l’ego reste au pouvoir, parce qu’elle accapare notre
attention. Elle nous attache au mental égoïque, parce que le mental promet une
solution à la peur. Si l’ego n’a aucun plan pour éviter ce qu’il prétend que nous
devrions craindre, alors il nous en donne un pour nous en occuper : manger,
regarder la télé, boire, prendre de la drogue, faire les magasins…Nous présumons
que la peur est constructive en nous motivant à nous occuper de nous, mais la
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peur se cache derrière nos addictions et nos actions autodestructrices, ainsi que
derrière la dépression et d’autres maladies mentales.
La vérité, c’est que la peur n’est guère constructive. Elle nous pousse à faire des
choses que nous n’avons réellement pas besoin de faire et elle nous fait donc
perdre notre temps. En outre, la peur nous empêche souvent de suivre notre cœur,
ce qui est la chose la plus sûre que l’on peut faire. En réalité, la sécurité est une
inquiétude erronée, puisque la vie a le chic pour nous apporter exactement ce dont
nous avons besoin, indépendamment du fait que nous le reconnaissions ou non ou
que nous aimions ou non ce qu’elle apporte.
On peut faire confiance à la vie. La peur est l’expérience de l’ego, parce qu’il ne fait
pas confiance à la vie, mais la perception selon laquelle la vie n’est pas digne de
confiance est erronée. Les peurs sont le produit de l’imagination de l’ego. Elles
sont générées et entretenues par l’ego. L’ego fabrique des peurs et comme ces
peurs se transmettent de personne à personne et de génération en génération,
elles paraissent crédibles. Puisque chacun appréhende les mêmes choses, nos
peurs semblent dignes d’attention. Par conséquent, les remettre en question ne
semble pas naturel. Les peurs sont tellement basiques par rapport à la vie – à la vie
de l’ego, s’entend. La majorité des gens s’identifient à l’ego la plupart du temps et
s’identifient ainsi aux perceptions et aux peurs de l’ego.
Les peurs nous maintiennent en dehors du moment présent et dans les griffes de
l’ego qui essaye alors de structurer et de planifier notre vie pour nous. Pendant ce
temps-là, l’Essence continue de nous mouvoir et de veiller à structurer notre vie
conformément à ses intentions. Nous devons choisir ce qui va structurer notre vie.
Nos vies sont modelées et par l’ego et par l’Essence. L’Essence opère dans la vie
que nous nous créons en suivant notre ego. La situation évolue dramatiquement si
nous nous réveillons hors de l’emprise de l’ego, parce que l’ego devient moins
dominant et l’Essence plus prééminente.
La peur nous force à prêter attention au mental égoïque. Elle nous fait sortir de
l’instant présent en faisant retentir une alarme qui ramène notre attention à nos
pensées. Une pensée inquiète est plus puissante que les autres à cause du
sentiment d’alarme qui lui est associé. D’autres pensées tenteront de nous réattirer
dans le mental égoïque, mais les pensées chargées d’inquiétude peuvent produire
des sensations physiques inconfortables qui les rendent d’autant plus
convaincantes.
Si nous avons besoin de faire quelque chose pour prendre soin de nous-mêmes,
comme mieux manger, contracter une assurance-maladie ou trouver un travail,
l’Essence nous inspirera à le faire ou elle peut amener des personnes dans notre vie
qui nous inspireront ou qui nous aideront à le faire. Quand l’Essence utilise
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d’autres personnes comme intermédiaires pour nous inspirer, elles le font sans àpriori. Celles qui tentent de nous faire faire des choses en nous jugeant ou en nous
effrayant agissent à partir de l’ego et non à partir de l’Essence.
L’Essence nous pousse naturellement et joyeusement à prendre soin de nousmêmes et la seule chose qui puisse interférer avec ce mouvement naturel, c’est
notre conditionnement. L’ego est responsable de la peur d’une mauvaise santé et
du conditionnement qui nous pousse à faire des choses qui nuisent à notre santé.
Notre conditionnement est ce qui s’oppose le plus à être bien disposé à travailler,
à nous reposer, à nous alimenter correctement et à prendre soin de nous-mêmes
d’autres manières. Plutôt que d’assurer notre sécurité, comme il le promet, l’ego
nous éloigne en fait de notre sagesse innée qui sait exactement comment vivre la
vie sûrement, sainement et joyeusement.
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LE DOUTE OU L’INSTRUMENT LE PLUS INSIDIEUX DE L’EGO
Alors que la peur accroche notre attention et nous arrache au présent, le doute
opère plus subtilement, mais avec le même effet ; alors que la peur est une voix
alarmiste, le doute est un tout autre genre de voix. Le doute paraît raisonnable et
rationnel, comme un avis éclairé, alors qu’il est réellement imprégné par la peur :
‘’Tu pourrais ne pas en sortir indemne…C’est très risqué ! Çà pourrait très bien ne
pas marcher !’’ La voix du doute est une voix que nous avons tous entendue à
maintes reprises chez nos parents et chez d’autres personnes qui paraissent avoir
nos meilleurs intérêts à cœur ou à l’esprit, mais qui agissent en réalité par peur.
Le doute nous empêche de suivre notre cœur aussi efficacement que la peur. Il
entrouvre la porte au possible inconnu négatif. C’est le ‘’oui mais’’ qui nous coupe
les ailes et qui éteint notre feu sacré. Il prend souvent la forme du doute de soi :
‘’Je n’obtiendrai probablement pas ce poste, de toute façon, alors à quoi bon
postuler ?’’ Mais un doute d’ordre plus général, une méfiance à l’égard de la vie
peut aussi être paralysant(e) : ‘’Rien de ce que je peux bien faire ne compte, de
toute manière, alors à quoi bon essayer ?’’
Le doute est en réalité de la peur déguisée : la peur que les choses ne tournent pas
bien, que le jeu n’en vaille pas la chandelle, que la vie ne soit pas bonne, qu’elle ne
vaille pas la peine d’être vécue ou que nous ne soyons pas assez bons. C’est croire
le négatif. Alors que la peur est une foi en une issue négative bien spécifique, le
doute est une foi en la possibilité d’une issue négative. La peur est un doute qui
s’est cristallisé en une image mentale plus spécifique, alors que le doute est plus
vague, ce qui rend le doute plus insidieux que la peur, parce que le doute est plus
difficile à contredire. Avec le doute, vous n’êtes pas sûr de ce qui pourrait mal
tourner, mais vous croyez que quelque chose va mal tourner. Et vous avez
probablement raison ! Vous allez probablement rencontrer des difficultés et il y
aura des choses que vous n’apprécierez pas – parce que c’est la vie ! La question
est : cela vous empêchera-t-il de suivre votre cœur ?
Les doutes sont des obstacles. Ils nous empêchent de faire ce que nous nous
sentons poussés à faire, ce que notre cœur nous appelle à faire. Puisque les doutes
émanent de l’ego et non du cœur, ce ne sont pas des avertissements sérieux qui
doivent être pris en compte. Les doutes sont la réponse programmée,
automatique de l’ego à la vie : ‘’Tu ferais mieux de faire gaffe ! La vie est
dangereuse, tu sais. Cela ne marchera pas et tu finiras sans abri !’’ Notre ego et
celui des autres éructent et crachent les mêmes réponses à l’égard du changement
ou bien essayer quelque chose de neuf. De tels doutes sont tout à fait prévisibles.
Ils sont programmés dans chaque esprit. Face à l’inconnu, tous les doutes
ressortent.
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Comme les doutes nous viennent de l’intérieur et de l’extérieur, ils paraissent
crédibles. Si chacun entretient des doutes similaires, nous supposons qu’ils doivent
avoir une certaine valeur. Nous supposons qu’il doit bien y avoir quelque chose qui
doive nous préoccuper. Les craintes sont contagieuses, elles activent les craintes
d’autrui. Un état de conscience égoïque fera ressortir un état de conscience
égoïque chez autrui. Et tous les egos sont d’accord : le monde est un endroit
flippant et qui n’est pas sûr. Les egos sont ravis de raconter des histoires de toutes
les choses terribles qui leur sont arrivées, ainsi qu’aux autres.
Adhérer à de telles craintes quelconques en aura empêché beaucoup de suivre leur
cœur et de vivre la vie qu’ils étaient censés vivre. La vie peut être flippante et des
défis surviennent parfois, mais cela arrivera, que nous suivions notre cœur ou non
et donc, nous pouvons tout aussi bien suivre notre cœur.
Le fait de croire à nos doutes et à nos peurs ne nous protège pas de la vie.
Néanmoins, nous croyons réellement que leur prêter attention nous garantira la
sécurité. Nous présumons aussi que l’illusion de la sécurité vaut le prix de ne pas
suivre notre cœur. Nous sommes prêts à échanger la promesse de sécurité de l’ego
– qui est une fausse promesse – contre le bonheur et la plénitude de suivre notre
cœur. Ce n’est certainement pas une bonne transaction. De toute façon, la vie est
une affaire risquée. Alors, pourquoi ne pas la vivre dans la joie plutôt que dans la
peur et dans le doute ?
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LE JUGEMENT, L’ARME FAVORITE DE L’EGO
Le jugement est l’arme favorite de l’ego. Les jugements sont les moyens par
lesquels l’ego protège ses convictions, lutte pour elles et le moyen d’établir sa
supériorité et son droit. Le fait d’avoir raison et d’être supérieur est très important
pour lui, plus important que l’amour ou quoi que ce soit d’autre. Au service de son
droit et de sa supériorité, l’ego juge autrui pour le rabaisser.
Juger les autres nous fait d’abord mal nous sentir par rapport à nous-mêmes et
nous nous jugeons pour cela. Tandis que l’ego tente de se sentir bien et supérieur
en jugeant autrui, il en résulte que cette supériorité ne nous procure pas un bon
sentiment. Rabaisser autrui ne nous procure pas un bon sentiment. La division ne
nous procure pas un bon sentiment – puisque c’est cela que le jugement entraîne.
Il entraîne la séparation et la séparation est quelque chose de douloureux.
Se prêter au jugement conduit à la haine de soi, ce qui alimente le besoin d’être
supérieur et d’avoir raison. Ainsi débute un cercle vicieux. Le fait de mal nous sentir
par rapport à nous-mêmes pour être désobligeants et toujours prompts à critiquer
autrui aboutit souvent à critiquer davantage encore pour essayer de nous sentir à
nouveau bien. Il n’y a aucun moyen de sortir de ce cercle vicieux sinon en voyant la
vérité concernant nos jugements.
L’ego nous pousse à croire que nos jugements sont bien avisés. Les jugements sont
les versions de la sagesse de l’ego. L’ego croit que ses jugements ont de la valeur
et qu’ils sont bien fondés avec pour résultat qu’ils peuvent se draper et se parer de
suffisance, ce qui pousse les gens à commettre beaucoup de mal dans le monde.
Par exemple, il y a le terrorisme qui provient du fondamentalisme. Les terroristes
se sentent justifiés pour commettre n’importe quel acte de violence, même des
meurtres, parce qu’ils ont l’impression que leurs croyances et que leurs convictions
sont si importantes à soutenir et si justes. Quand le jugement est porté à l’extrême,
la violence en est souvent le résultat et la conséquence.
L’amour s’oppose au jugement. L’amour est acceptation. Il accepte nos propres
jugements sans y répondre et il accepte les jugements, les croyances et les
convictions d’autrui sans réagir par rapport à eux. La conséquence de l’acceptation,
c’est la paix. Donc, l’antidote à la guerre, c’est l’acceptation. Si chacun permettait à
l’autre d’avoir ses opinions, les gens pourraient vivre en harmonie. Si les gens
avaient simplement des convictions sans les jugements qui alimentent la suffisance
qui conduit aux querelles et à l’affrontement, les opinions ne seraient pas si
dangereuses.
Nous ne réalisons pas que les jugements sont aussi nocifs qu’ils le sont, parce que
du point de vue de l’ego, les jugements paraissent avoir de la valeur et semblent
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être utiles, mais les jugements sont extrêmement préjudiciables. Ils nuisent aux
relations et ils sapent la coopération, cela même qui nous permet en réalité de
survivre et de prospérer dans le monde. Nos chances de survie augmentent, si
nous nous unissons aux autres et non si nous nous battons avec eux ou si nous
essayons d’avoir le pouvoir sur eux.
L’ego est fâcheux. Si nous nous identifions à l’ego, nous laissons une bien fâcheuse
impression et nous avons une impression désagréable par rapport à nous-mêmes,
le ressenti n’est pas bon du tout. D’un autre côté, en nous alignant sur l’Essence,
nous ne ressentons ni une mauvaise estime personnelle ni d’autres sentiments
négatifs qui proviennent d’entretenir des jugements négatifs sur autrui. Il n’y a pas
d’individus méchants, seul l’ego est réellement fâcheux. Ce que nous sommes
réellement n’est pas méchant, même si, lorsque nous nous identifions à l’ego, nous
nous comportons souvent mal. Fort heureusement, l’ego n’est pas du tout ce que
nous sommes.
Les gens veulent savoir comment s’aimer. Si nous nous identifions à l’ego, nous
aimer ne sera pas simple, parce que l’ego n’est pas très aimable ! Nous en arrivons
à nous aimer nous-mêmes en découvrant qui nous sommes réellement et en
faisant l’expérience de notre véritable nature qui est l’amour. Mais si tout ce que
nous expérimentons, c’est l’ego, alors bien sûr, nous n’arriverons pas à nous aimer
nous-mêmes.
Aimer le divin en nous et autrui est facile, une fois que nous sommes capables
d’expérimenter qui nous sommes réellement et que nous comprenons que les
pensées désobligeantes, les croyances séparatrices et les jugements relèvent du
faux moi et non de qui nous sommes réellement. Les jugements font partie de
notre programme qui se débobine continuellement. Nous n’avons rien à voir avec
le programme qui nous a été attribué. Nous ne l’avons pas fabriqué, ni logé là.
Notre conditionnement ne reflète pas qui nous sommes réellement. Si nous le
voyons, alors nous aimer est naturel.
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COMMENT LES JUGEMENTS MINENT LES RELATIONS
L’ego s’occupe de juger. Juger les autres est la façon dont l’ego se distingue des
autres, gagne une identité et se rend supérieur aux autres, ce qui l’aide à se sentir
en sécurité. Les jugements sont la principale stratégie de l’ego pour s’occuper des
autres. Remarquez qu’à chaque fois que vous vous trouvez avec eux, les
estimations et les jugements qui les concernent et la manière dont vous faites le
poids ou non par rapport à eux dominent vos pensées. Les pensées qui se fondent
sur le jugement sont normales. Tout qui possède un ego (c’est-à-dire tout le
monde !) expérimente son ego qui rassemble ses forces chaque fois que quelqu’un
d’autre entre en scène ou chaque fois que nous pensons même simplement à
quelqu’un d’autre ou que nous parlons de quelqu’un d’autre.
Vous ne pouvez pas vous empêcher de juger et vous ne devez pas le faire. Vous
devez juste voir vos jugements pour ce qu’ils sont : une réponse automatique de
l’ego aux autres. Si vous voyez que l’ego est en train de juger, vous pouvez vous
dégager de ces jugements. Vous pouvez ignorer les réactions réflexes et critiques
de l’ego à l’égard d’autrui et ne pas exprimer à voix haute de tels jugements.
Le problème avec les jugements, c’est qu’ils nous éloignent de l’amour et nous
empêchent de nous relier aux autres. Ils entretiennent le sentiment de séparation,
parce que ce que nous jugeons, c’est la façon dont quelqu’un diffère de nous ou
d’une idée ou d’un idéal auquel nous tenons. L’ego se méfie des différences et il se
dissocie de ceux qui sont différents de lui – c’est-à-dire de tout le monde ! Par
l’entremise du jugement, l’ego rejette ceux qui sont différents ou qui ne se
montrent pas à la hauteur de ses idéaux et de ses standards – indépendamment du
fait que l’ego se montre lui-même ou non à la hauteur de tels standards…
A cette époque où nous rencontrons quotidiennement des gens qui proviennent
du monde entier, que ce soit en personne ou via les médias, l’intolérance à l’égard
des différences constitue un obstacle majeur qui s’érige contre une plus grande
paix dans le monde et en nous-mêmes. Prendre conscience de notre réaction
instinctive à juger les autres simplement parce qu’ils sont différents et de l’impact
négatif que cela entraîne pourra nous rapprocher un peu de la paix intérieure et de
la paix mondiale.
Au sein des relations plus intimes, les jugements minent les relations et tuent
l’amour. Ils empoisonnent petit à petit nos relations jusqu’à ce qu’il ne reste plus
que de la colère et du ressentiment. Nous sommes persuadés que nos jugements
ont de la valeur et qu’ils ont donc une place dans nos relations. Ce que nous ne
voyons pas, c’est qu’ils recèlent juste assez de vérité pour nous convaincre d’avoir
raison, puis l’ego les utilise pour tenter de manipuler les autres et pour qu’ils se
soumettent à notre programme.
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Nos jugements sont les moyens par lesquels l’ego tente de forcer les autres à être
ce qu’il veut qu’ils soient. Par exemple, le jugement, ‘’tu es vraiment débraillé !’’ est
une tentative pour que quelqu’un cesse d’être débraillé, conformément à notre
définition, qui elle est déterminée par notre conditionnement. La stratégie de l’ego
est simple : s’il peut rendre l’autre suffisamment honteux, alors il cessera peut-être
de faire ce qu’il fait pour commencer à faire ce que celui-ci veut qu’il fasse. Quand
nous nous identifions à l’ego, nous ne réalisons pas que le manque de tenue ou
que toute autre étiquette est subjective. Les étiquettes ou les jugements ne sont
pas la vérité objective, mais notre perception personnelle, notre conditionnement.
Nous prenons notre conditionnement comme étant la véritable perspective plutôt
que de voir que ce n’est qu’une perspective, alors que d’autres ont leur propre
perspective, leur propre conditionnement.
Nous sommes tellement persuadés que notre conditionnement est juste que nous
présumons avoir le droit de l’imposer aux autres. Malheureusement, les autres ont
la même impression par rapport à leur conditionnement ! La plupart des conflits
relationnels sont générés par des disputes qui concernent la justesse des
conditionnements respectifs.
Ce qui arrive, quand nous jugeons quelqu’un d’autre, c’est que nous recherchons
des preuves qui soutiennent notre jugement. Nous cherchons comment cette
personne se conforme à notre jugement et nous ignorons comment elle ne s’y
conforme pas. Nous construisons toute une argumentation qui étaye notre
perception et nous fabriquons une histoire sur cette personne qui s’oppose à ce
que nous réagissions purement et simplement à elle dans l’instant. Nos idées et
nos histoires s’opposent à ce que nous percevions toute la vérité qui concerne
quelqu’un et spécialement comment il est maintenant, précisément.
Nos réactions à l’égard de quelqu’un que nous jugeons vont forcément être plutôt
négatives, que nous soyons conscients de ces réactions ou non. Que se passe-t-il,
quand vous avez une impression négative ou quand vous réagissez négativement
par rapport à une personne ? Généralement, vous obtiendrez une réponse négative
de la personne, ce qui renforcera vos sentiments négatifs. Souvent, nous ne
réalisons pas le rôle que nous jouons dans la formation de la négativité dans nos
relations. Si vous êtes jugé par quelqu’un ou si vous sentez qu’une personne vous
juge, même, alors est-il vraisemblable que vous ayez une bonne impression par
rapport à cette personne et que vous agissiez en conséquence ? Le jugement
entraîne le jugement, alors que l’amour engendre l’amour…
En matière de relations, nous voyons rarement clairement et purement
l’autre…Nous introduisons nos projections, nos convictions et nos histoires dans
l’instant présent et elles font en sorte que nous percevions les autres et que nous
réagissions par rapport à eux, comme nous le faisons. Nous voyons comment les
70
autres cadrent avec nos projections, mais pas comment ils ne cadrent pas avec.
Nous subodorons des choses à leur propos qui peuvent être vraies ou qui ne sont
que partiellement vraies. Nous agissons même ainsi avec des gens que nous
n’avons jamais rencontrés. Si quelqu’un vous rappelle quelqu’un d’autre, vous
réagissez vis-à-vis de cette personne, comme si cette personne était quelqu’un
d’autre. Ou si une personne suscite en vous des sentiments, vous postulez que
cette personne ressent des sentiments à votre égard…La vérité est que les autres
sont un mystère. Nous ne pouvons jamais réellement les connaître. Nous pensons
seulement que nous le pouvons. ‘’Nous voyons dans un miroir, d’une façon
confuse.’’2
Les jugements colorient nos interactions avec les autres et ils produisent une
négativité qui condamne les relations aux complications. La bonne nouvelle, c’est
que les jugements ne doivent pas nécessairement poser problème. Ils peuvent
surgir dans votre esprit – et ils le feront – mais vous ne devez pas les valider en leur
accordant votre attention ou en les exprimant. En lieu et place, vous pouvez
demeurer dans l’espace d’une conscience ouverte, innocente et dégagée autant
que possible de vos histoires, de vos avis, de vos opinions et de vos arrièrepensées. Si vous le faites, alors quelque chose de miraculeux se produira : l’amour !
Au-delà du flux continu des jugements et de la négativité de l’ego, il y a l’Essence
qui respecte la beauté et l’unicité de chaque instant et de chaque personne.
L’Essence sait comment rencontrer l’autre dans l’acceptation, la curiosité et l’amour
et par bonheur, l’Essence est qui nous sommes vraiment et qui l’autre est
également !
2
1 Co 13.12
71
L’EGO EST CONFUS
Même si la plupart du temps, l’ego prétend savoir, il est souvent dans un état de
confusion qui est généré par des voix disparates en lui-même. L’ego ne sait
réellement rien du tout. Il n’a aucune sagesse innée qui lui est propre, mais rien
que des informations qu’il a glanées auprès de différentes sources. Bien qu’il ait
accumulé beaucoup d’informations, une bonne part de celles-ci sont
contradictoires et inexactes. L’ego ne sait pas évaluer, ni peser l’information dont il
dispose, discerner le vrai du faux, appliquer l’information à la réalité. L’ego est une
machine et non un sage, même s’il prétend être un sage !
L’ego prétend savoir, vu que c’est ainsi qu’il affronte l’imprévisibilité et la
complexité de la vie. S’il ne connaît pas ou s’il ne peut pas connaître quelque
chose, il fait souvent semblant, et voilà ! Le fait de prétendre savoir ou de
connaître procure à l’ego un faux sentiment de confiance et de sécurité, ce qui
pour lui vaut mieux qu’aucun sentiment de sécurité. L’ego affirme que ses idées et
que ses convictions sont justes et si elles diffèrent de celles des autres, il aime se
chamailler avec eux ou se sentir supérieur à eux. L’ego remet rarement en cause
ses propres convictions. Il est très satisfait de croire ce qu’il croit, sans y regarder
de trop près.
Au fur et à mesure que notre ego évolue – ce qu’il fait – nous devenons plus
objectifs par rapport à nos convictions et plus tolérants par rapport aux
convictions d’autrui. Néanmoins, quand nous nous identifions à l’ego, nous
sommes solidement attachés à nos convictions que nous utilisons comme guides
pour vivre. Ce n’est qu’après l’Eveil que nous voyons que nos convictions étaient
un programme inapproprié et inefficace.
L’ego n’aime guère la confusion. Quand il est confus, il tente de sortir de cet état le
plus rapidement possible en prenant une décision. Quand il faut prendre une
décision, il y a généralement de la confusion, parce que tout ce que dans quoi
l’esprit peut puiser pour prendre sa décision, c’est dans sa banque d’informations
qui sont souvent contradictoires. Les autres sont fréquemment tout aussi confus
que notre propre ego et ils peuvent aussi nous filer des conseils qui prêtent à
confusion et ambivalents. Il y a quasiment autant d’avis concernant une chose qu’il
n’y a de gens et si quelqu’un n’est pas confus, il n’y a aucune garantie que son avis
soit le bon ! Le fait d’avoir la foi en ses convictions n’est pas une indication de leur
justesse.
La réponse par rapport à ce qu’il faut faire concernant une chose doit provenir
d’une autre source que du mental égoïque, parce que l’ego n’est pas un guide
fiable. Il ne sait pas quoi faire, même s’il peut prétendre le contraire et le mental
72
des autres ne sait pas non plus, même s’ils peuvent également prétendre le
contraire.
Il y a une autre source à laquelle nous pouvons puiser pour être guidés et qui est
claire et limpide – la source du Cœur. Néanmoins, le Cœur nous parle rarement par
l’intermédiaire du mental – via des pensées – et il ne divulgue pas toujours la
réponse au moment où nous le voulons. Pour suivre le Cœur, nous devons être
prêts à vivre dans l’incertitude jusqu’à ce que nous recevions une réponse par
l’entremise de notre intuition. Etant donné que l’ego n’aime pas être désorienté et
ne pas savoir, il prend souvent une décision avant qu’il ne soit temps pour que la
réponse n’arrive. L’ego pourra changer souvent sa décision, mais il aura au moins
pris position, ce qui lui donne le sentiment de savoir, au moins pendant un
moment.
Le fait de fréquemment changer d’avis est une indication que vous écoutez l’ego,
parce que changer d’avis est la façon dont l’ego gère sa confusion et son
ignorance. Si vous trouvez que vous êtes confus, cela signifie que vous écoutez le
mental égoïque qui est confus.
Fort heureusement, il y a une autre option, celle de trouver en nous l’espace
d’acceptation de l’inconnaissance – confiant que la clarté se fera jour en son
temps. Lorsque la clarté se fait effectivement jour, elle possède un sentiment
distinctif qui ne ressemble aucunement à une conclusion à laquelle l’ego pourrait
parvenir. Quand la clarté émane du Cœur, elle s’accompagne d’un merveilleux
sentiment d’acceptation, de détente, de solidité et de certitude – vous savez,
simplement. A un moment donné, le mental pourrait remettre en question ce
sentiment de savoir ou argumenter et vous confondre à nouveau. Ce sont là les
vicissitudes liées au fait d’avoir un mental égoïque. Vivre dans l’instant présent
nécessite une vigilance et la conscience constante de ce que le mental égoïque
fabrique en demeurant dans l’instant présent où même l’ego est embrassé.
73
FAIRE LA PAIX AVEC LA VIE
L’ego est en guerre contre la vie. Il redoute la vie et il est en colère contre la vie, il
ne fait pas confiance à la vie et il n’aime pas la vie. Nous avons aussi cette
impression, lorsque nous nous identifions au faux moi. Chacun a cette impression,
au moins une partie du temps, parce que chacun a un ego et l’ego est pareil d’une
personne à l’autre. Voir qu’un point de vue craintif et négatif par rapport à la vie
est seulement le point de vue de l’ego peut nous libérer de cette perspective.
Que la vie n’est pas digne de confiance ou qu’elle devrait être différente de ce
qu’elle est est un mensonge. L’ego n’aime pas la vie et il a l’impression que la vie
n’est pas digne de confiance, parce que la vie ne répond pas aux plans et aux
désirs de l’ego. Bien sûr que la vie ne répond pas aux plans et aux désirs de l’ego.
Elle répond à la Totalité, pas à des égos individuels. S’attendre à ce que la vie
agisse autrement, c’est entretenir des attentes déraisonnables par rapport à la
réalité. De temps à autre, l’ego obtient certes ce qu’il veut, mais la vie ne tourne
pas autour des désirs de l’ego.
Aussitôt que nous voyons la vérité concernant la vie et l’ego, il est possible de
ressentir de la compassion à l’égard de la part de nous-mêmes qui est si
malheureuse et qui a tellement d’exigences et de désirs irréalistes. L’ego ressemble
à un enfant, parce que c’est une part primitive de nous-mêmes, un vestige
irrationnel et dépassé de nous-mêmes. Faire la paix avec la vie, c’est juste une
question de voir que la seule chose qui est en guerre avec la vie, c’est l’ego, et puis
de faire la paix avec l’ego.
Une fois que nous réalisons que l’ego est la cause de notre malheur, nous avons
tendance à le rejeter et à le détester, mais on ne peut pas avoir la paix en rejetant
ou en s’opposant à quoi que ce soit – fût-ce même l’ego. Rejeter l’ego, c’est rejeter
notre humanité. Si nous rejetons notre propre ego, alors nous rejetterons aussi
l’ego des autres et nous nous opposerons aussi à l’ego des autres, ce qui
engendrera encore davantage de souffrance. Nous devons trouver la paix avec
notre propre ego, de manière à pouvoir trouver la paix avec l’ego des autres et
avec la souffrance que leur ego provoque. S’opposer à la souffrance, c’est
simplement davantage de souffrance.
Tout le mal du monde est causé par des gens qui s’identifient à leur côté
malheureux, inquiet, contrarié et haineux, leur faux moi. Il faut comprendre que la
souffrance que les gens s’infligent à eux-mêmes ainsi qu’aux autres provient de cet
aspect primitif de la nature humaine et qui ne reflète pas leur véritable nature, ni
leur valeur en tant qu’êtres humains. La seule chose qui nous permet de blesser les
autres ou de leur faire la guerre, c’est croire qu’ils sont mauvais plutôt que croire
qu’ils sont comme nous, poussés par un aspect primitif d’eux-mêmes qui agit mal.
74
On ne peut pas éradiquer le mal avec davantage de violence, ce qui est la réponse
de l’ego au mal, mais en se connectant avec ce qui est vrai, réel et bon chez les
autres et cette connexion ne peut se faire que par ce qui est vrai, réel et bon chez
nous. Ceci peut avoir l’air tout à fait idéaliste, mais quel choix avons-nous ?
L’alternative ne fera que perpétuer davantage de souffrance et de mal sur la
planète et nous en avons assez de tout cela.
Faire la paix avec la vie requiert de faire la paix avec d’autres égos afin qu’ils
puissent se détendre et que leur vrai Soi puisse transparaître. Quand nous
acceptons la vie telle qu’elle est, nous glissons dans l’Essence et si nous acceptons
que d’autres ont un ego, mais qu’ils ne sont pas leur ego, ceci les aide à
expérimenter l’Essence. Les seuls moyens de sortir de l’identification à l’ego et à la
souffrance que cela provoque, ce sont l’amour et l’acceptation, pas l’opposition et
la guerre. C’est la transformation qui doit avoir lieu maintenant sur la planète.
75
3ÈME PARTIE :
SE LIBÉRER DU CONDITIONNEMENT
76
VOIR LA VÉRITÉ À PROPOS DES DÉSIRS
Le désir est un mouvement de l’ego vers quelque chose qui n’est pas ici
maintenant. Si ce que nous désirons était ici maintenant, nous ne le désirerions
pas. Et si aimer ce qui est est le secret du bonheur (et c’est la réalité), alors désirer
ce qui n’est pas ici est la recette du malheur.
Les désirs paraissent toujours raisonnables, parce qu’ils sont le fruit d’un manque
perçu de la part de l’ego. Il désire quelque chose, parce que quelque chose ne
suffit pas par rapport à l’expérience actuelle qui n’est pas assez amusante,
confortable, excitante, spéciale, tranquille, facile, rapide, tendre, agréable, sexy, etc.
Les jugements de l’ego nous laissent avec le sentiment que quelque chose ne va
pas ou manque et que notre expérience peut ou devrait être améliorée. Les
jugements donnent une raison pour désirer quelque chose et ils créent une
insatisfaction qui alimente l’action.
Nous présumons que notre insatisfaction est la conséquence d’une chose qui
manque ou qui ne va pas dans notre vie, sans réaliser que notre malheur provient
de l’adoption du point de vue de l’ego. La vie est simplement comme elle est, ni
réellement bonne ou mauvaise. Une expérience ou une situation est comme elle
est et changera vite. Pourquoi la rendre mauvaise ? Néanmoins, l’insatisfaction est
l’état permanent de l’ego et quand nous nous identifions à lui, nous nous sentons
malheureux. Chaque instant devient une occasion de se plaindre et ces plaintes
alimentent des actions dont beaucoup sont une perte de temps et d’énergie, sauf
du point de vue de l’ego.
Sans insatisfaction, l’ego n’aurait rien à faire, ni but, ni aucune raison d’être.
L’insatisfaction alimente l’activité qui soutient les buts et les valeurs de l’ego. Elle
nous incite à poursuivre ce que l’ego veut : davantage de quelque chose ou
quelque chose de mieux. Quand l’ego l’obtient, il veut toujours plus ou mieux ou il
recherche autre chose.
L’ego suscite sans cesse des désirs qui le maintiennent occupé et qui nous lient à
ses buts et à son agenda. Si nous approuvons les désirs de l’ego, notre vie sera
structurée en conséquence. Peu de gens comprennent que leurs désirs sont la
raison de leur malheur plutôt que le remède et qu’ils ne doivent pas les poursuivre.
Comme toutes les pensées, les désirs surgissent de nulle part. D’où proviennentils ? Pourquoi voulez-vous une chose et pas une autre ? Les désirs sont assez
personnels, puisque chacun d’entre nous est unique, mais tous les égos veulent
généralement la même chose : le pouvoir, la sécurité, le plaisir, l’originalité, la
supériorité, l’attention, les éloges, le succès, l’argent et les biens matériels. Nos
désirs spécifiques sont influencés par ce que désire notre entourage et par ce que
77
nous avons apprécié dans le passé : ainsi, si nous avons apprécié conduire une
BMW, nous pourrions désirer une nouvelle BMW. Nous désirons souvent
davantage ou le meilleur des choses avec lesquelles nous avons eu des
associations positives. C’est naturel. Nous sommes programmés à désirer
davantage et le meilleur de tout.
Le problème, quand on désire davantage et le meilleur de ce que désire l’ego, c’est
que le fait d’avoir davantage et le meilleur n’apportera pas nécessairement le
bonheur. En fait, davantage et le meilleur de certaines choses peut certainement
devenir un problème. Nous pouvons manger trop de gâteaux, avoir trop de
liaisons amoureuses, trop de biens matériels et trop d’activités. Et même si c’est le
cas, l’ego en veut souvent davantage encore et mieux ! Il ignore quand s’arrêter de
poursuivre ce sur quoi il jette son dévolu.
Nous nous laissons prendre par nos désirs, car ils semblent être plus que de
simples pensées. Les désirs sont très persuasifs. La pensée ‘’Je veux !’’ nous semble
importante, vraie, réelle, impérieuse. Nous nous sentons poussés à faire quelque
chose par rapport à elle – si ce n’est que mettre un terme à l’état inconfortable du
désir.
Ne pas avoir quelque chose que nous désirons nous rend mal à l’aise, comme si la
vie manquait de quelque chose, mais aussi, comme si nous manquions de quelque
chose et comme si nous ne serions pas heureux avant de pouvoir l’obtenir. Les
sentiments de manque accompagnent tous les désirs ; ils se combinent avec la
pensée ‘’Je veux !’’ Si ce n’était pas le cas, ignorer nos désirs serait beaucoup plus
facile.
La majorité des gens ne veulent pas se détacher de leurs désirs. Ils aiment leurs
désirs. Ils aiment désirer ou du moins, c’est ce qu’ils pensent et ils ne peuvent pas
imaginer la vie sans leurs désirs et ils ne le veulent pas. Ils n’ont pas encore réalisé
que leurs désirs étaient la cause de leur souffrance. Jusque-là, ils continueront de
les poursuivre. Nous détacher de nos désirs est impossible, sans voir que les désirs
ne sont pas la voie du bonheur que nous supposons. Alors, êtes-vous convaincu
que les désirs sont la cause de la souffrance et qu’il y a une autre façon de vivre
que poursuivre ce que veut l’ego ?
Le désir nous sort de l’instant présent où il est possible d’être content avec la vie,
telle qu’elle est. L’ego ne veut pas le contentement (il a besoin de l’insatisfaction
pour exister), aussi se détourne-t-il de l’instant présent dès qu’il expérimente le
contentement qu’il considère ennuyeux et inintéressant. L’ego veut ses fantasmes
et l’intensité qui survient quand on tente de les réaliser. Nous voulons donc cette
intensité jusqu’à ce que cela ne soit plus le cas. A un certain stade de notre
évolution, nous nous lassons du théâtre de l’ego et nous aspirons à la paix et au
78
contentement que seule notre nature divine peut nous apporter. Cette paix et ce
contentement ne sont disponibles que dans l’instant présent, et pas dans un
moment passé ou à venir, mais maintenant, en ce moment.
Lorsque nous nous lassons enfin de poursuivre les désirs de l’ego, nous sommes
prêts à voir ce qui se passe actuellement. Ce que nous découvrons, c’est que les
désirs de l’ego sont des tromperies possédant peu d’intérêt pour notre vie et peu
de sagesse pour la guider. En réalité, les poursuivre nous fait souvent perdre notre
temps et notre énergie, tout en ne produisant qu’une maigre satisfaction. Toute
cette activité égocentrique et l’insatisfaction qui en résulte sont destinées à nous
indiquer notre foyer dans l’instant présent où quelque chose d’autre est bien
vivant et nous fait évoluer selon ses intentions.
Nous ressentons les intentions de l’Essence profondément en nous sous forme de
motivations, d’aspirations, d’élans et d’inspirations. Ceux-ci ne se manifestent pas
dans notre esprit par la pensée ‘’Je veux !’’, même si à un moment donné, il est
possible que nous verbalisions les intentions de l’Essence. Ces désirs plus profonds
ne nous égarent pas et ne nous éloignent pas de notre accomplissement, que du
contraire. Ce sont les désirs que nous sommes censés suivre. Mais si nous sommes
accaparés par les idées et par les objectifs de l’ego, nous pourrions ne pas
remarquer ces dynamismes plus significatifs et importants.
Au fur et à mesure que nous évoluons, la différence entre les désirs de l’ego et les
impulsions qui émanent de l’Essence devient de plus en plus évidente et ignorer
les appels de l’Essence devient de plus en plus difficile. Suivre l’Essence génère de
la joie et le sentiment d’être fidèle à l’égard de soi-même. Cette joie est très
différente du stress et de l’insatisfaction que nous ressentons lorsque nous
sommes poussés à obtenir davantage de quelque chose ou quelque chose de
meilleur par l’ego tyrannique.
Se détacher des désirs de l’ego n’est pas difficile, quand nous voyons leur fausseté
et quand nous prenons conscience des désirs plus profonds et plus importants qui
nous guident. Comment l’Essence vous meut-elle, maintenant ? La réponse à cela
vous donnera une idée sur les intentions de l’Essence pour vous. Nous découvrons
ces intentions, non pas en cherchant dans notre mental, mais en constatant ce qui
émerge de l’instant présent. Des pensées ‘’je veux…’’ pourraient surgir, mais qu’y
a-t-il d’autre ici dans l’instant présent ? Qu’y a-t-il ici de plus vrai et de plus réel
que n’importe quelle pensée ?
79
LES SENTIMENTS NE SONT PAS CE QUE VOUS PENSEZ
Comme les désirs, les sentiments ne sont pas de bons guides dans la vie. Ils n’ont
pas la réponse pour ce qu’il faut faire dans l’instant présent ou dans notre vie en
général et pourtant, pour la majorité d’entre nous, ce sont les sentiments qui
poussent à agir et qui structurent notre vie dans une large mesure. Quand nous
sommes pris par l’émotion, nous nous sentons souvent contraints d’agir sous le
coup de l’émotion, de dire ou de faire quelque chose en réaction à celle-ci. Nous
disons ou nous faisons souvent des choses que nous n’aurions pas dites ou faites,
si nous n’avions pas été pris par l’émotion. Lorsque nous éprouvons une émotion,
ce sentiment a l’air important, réel et véritable et il donne l’impression d’être un
problème que nous devons résoudre.
La plupart des actions qui découlent des émotions sont une tentative pour régler
ou pour supprimer un sentiment déplaisant ou désagréable : ‘’Je m’ennuie et je
vais aller faire du shopping !’’ ‘’Je suis fâché avec mon patron et je vais quitter ce
job !’’ ‘’Je me sens seul, alors pourquoi pas une petite aventure ?’’ ‘’Je me sens
malheureuse et je vais avaler tout le pot de crème glacée !’’ ‘’Je me sens frustrée et
je te tiens pour responsable !’’ ‘’Je me sens misérable et je ferai en sorte que tu te
sentes pareillement misérable !’’ Les émotions provoquent beaucoup d’activités
vaines, inutiles et destructrices qui dilapident l’instant présent.
Si de telles ‘’solutions’’ par rapport à nos sentiments fonctionnaient et si c’était de
bonnes solutions, ces actions auraient du sens, mais beaucoup de réactions par
rapport à nos sentiments sont vindicatives, désobligeantes, destructrices,
inappropriées et injustifiées. Elles sont vindicatives et désobligeantes, parce
qu’elles émanent de l’ego qui est vindicatif et désobligeant. Elles sont destructrices
(voire autodestructrices), inappropriées et injustifiées, parce que l’ego manque de
sagesse et de lucidité.
Les émotions proviennent de conclusions et de convictions erronées. Certaines de
celles-ci ont été forgées il y a tellement longtemps qu’elles sont inconscientes. Ces
conclusions et ces convictions inconscientes se cachent derrière beaucoup de
dépressions, d’angoisses et de colères. Cependant, la plupart de nos émotions
négatives proviennent de ce que nous nous sommes dits juste avant que l’émotion
ne surgisse. Nous avons cru, espéré, désiré quelque chose et quelqu’un ou la vie ne
s’y est pas conformé, aussi ressentons-nous de la colère, de la tristesse, de la
trahison, etc. L’erreur, ce fut de croire que la vie devrait se conformer à nos
croyances, à nos espoirs et à nos désirs, alors que la plupart du temps, elle ne le
fait pas. Qui dit que la vie devrait se conformer à nos désirs ? L’ego, bien entendu
qui argumente continuellement avec la réalité. C’est ce désaccord avec la réalité
qui est la source du malheur – et pas les circonstances.
80
Quand nous sommes sous l’emprise de l’ego, nous réagissons diversement vis-àvis de nos sentiments négatifs : nous pouvons les extérioriser d’une manière
destructive ou blessante ; nous pouvons critiquer, juger ou rabaisser les autres ; ou
nous pouvons agir d’une façon autodestructrice. De telles réactions propagent la
négativité et consument notre énergie et in fine, celles-ci ne nous permettent pas
d’obtenir ce que nous voulons réellement. Elles ne récoltent ni l’amour, ni l’estime,
ni le respect, mais la discorde et davantage de sentiments négatifs, même si nous
pouvons provisoirement mieux nous sentir. Nous dépensons tellement d’énergie et
de temps, accaparés par des sentiments négatifs et par des activités et par des
drames inutiles et malavisés, alors que nous aurions pu vivre une expérience très
différente.
Les résultats malheureux qui proviennent de la réaction à l’émotion sont plutôt
évidents quand nous ne sommes pas sous le coup de l’émotion, mais si nous
sommes obnubilés par nos émotions, nous ne voyons pas très clairement. Les
émotions nous plongent dans un état modifié de conscience, pour ainsi dire. Elles
nous dominent et nous transforment en créatures irrationnelles qui sont prêtes à
quasiment tout sur le moment pour avoir raison ou pour avoir gain de cause. Les
émotions ne sont pas seulement un mauvais guide pour agir, elles sont une force
destructrice. Si une personne vous demandait de houspiller quelqu’un, de quitter
votre travail, de vous préparer à faire la guerre, de manger un gros gâteau en
entier ou de pleurer et de crier jusqu’à ce que vous obteniez ce que vous voulez,
vous ne l’écouteriez probablement pas, mais si vos émotions ou si votre mental
vous disent d’agir ainsi, il est tout à fait possible que vous le fassiez.
Nous sommes programmés à nous identifier avec nos émotions, à croire qu’elles
sont importantes et pertinentes, et à agir sur la base de celles-ci. On ne nous
apprend pas qu’il existe une autre manière d’avoir rapport avec nos émotions
plutôt que de les réprimer, de les supprimer et de les exprimer. L’autre manière,
c’est de simplement les observer, de les accepter et de ne pas agir sur la base de
celles-ci. Quand nous savons comment gérer nos émotions, alors elles cessent de
constituer un tel problème.
Les émotions font partie de notre conditionnement, elles sont un produit de l’ego.
Elles n’émanent pas de l’Essence. Si vous observez attentivement vos pensées, vous
verrez qu’elles sont majoritairement négatives et conçues pour soutenir les
convictions, les opinions et les identités auxquelles le faux moi ou le moi
conditionné tient tant et dont beaucoup ne méritent pas d’être entretenues. Ces
convictions, ces opinions et ces identités étroites et négatives nous divisent par
rapport aux autres, nous font nous sentir déconnectés par rapport à la vie et à
notre propre force vitale, la même force vitale qui circule à travers chacun et qui
anime tout le monde.
81
Nous écoutons notre mental et nous suivons nos émotions, parce que nous
pensons qu’il n’y a rien d’autre à écouter ou pour nous guider. L’ego ne remarque
pas qu’autre chose nous guide et nous a toujours guidés, et c’est l’Essence.
L’ignorance de l’ego ou le déni du Réel ne change toutefois pas les faits : nous
sommes la force vitale qui vit par notre entremise et nous ne sommes pas l’ego qui
tente de contrôler notre vie. Quand nous lâchons le mental pour entrer dans
l’instant présent – même brièvement – alors nous savons la vérité en ce qui nous
concerne. Il est alors possible d’expérimenter la guidance et la sagesse de
l’Essence.
L’Essence ne génère pas les émotions, elle est expérimentée sous la forme de
sentiments positifs, comme la joie, l’allégresse, la paix, le contentement,
l’acceptation, l’amour, la patience, la sagesse et la compassion. L’Essence nous
oriente vers ses intentions à l’aide de ces sentiments positifs et nous détourne de
ce qui est incompatible avec notre projet de vie, avec le sentiment d’un ‘’non’’ ou
un sentiment de peine. La guidance de l’Essence se manifeste rarement par des
mots dans l’esprit, mais si elle le fait, ces mots sonnent vrai et nous nous sentons
dilatés et joyeux, ce qui change beaucoup par rapport à la manière dont la
majorité de nos pensées nous font nous sentir.
La plupart des pensées sont négatives. Elles nous dénigrent, la vie ou les autres et
représentent trop étroitement la réalité. La plupart des pensées ne sont qu’une
petite histoire sur une période de temps qui ne peut commencer à comprendre
toute la vérité qui nous concerne ou quelqu’un d’autre. Nos pensées sont
l’interprétation dont notre conditionnement pare la réalité. La plupart d’entre elles
génèrent des sentiments négatifs qui nous causent des problèmes et qui blessent
les autres.
Par exemple, même une simple pensée, comme ‘’je suis bloqué !’’ peut vous
chagriner et influencer votre perspective pendant toute la journée ou même
pendant plus longtemps et si vous vous sentez peiné, l’ego tentera de justifier ce
sentiment en construisant un argumentaire. L’ego fabriquera une histoire autour :
‘’Cela me chagrine d’être bloqué. Rien ne fonctionne jamais correctement pour
moi. Tout ce que je tente échoue. Rien de ce que je fais ne compte…’’ Plus vous
accordez de l’attention à de tels sentiments et à ce flot de pensées, plus l’histoire
prend de l’ampleur et vos sentiments s’intensifient au fur et à mesure qu’elle prend
de l’ampleur. A présent, vous avez réellement un problème ! Maintenant, vos
émotions interfèrent avec votre accomplissement, votre bonheur et vos relations.
Comment pouvez-vous être présent, alors que vous vous êtes englouti dans votre
propre histoire d’échec ?
Se raconter des histoires aussi pénibles et inachevées est un gâchis terrible de
temps et d’énergie, mais le mental égoïque est conçu pour cela. Il raconte des
82
histoires que nous croyons et auxquelles nous réagissons par des émotions et par
des actions et ceci devient notre expérience de la vie, alors qu’une expérience
beaucoup plus agréable et paisible est possible. Si nous cessons d’écouter le
mental, nous arrêtons de produire des émotions négatives et nous découvrons que
nous disposons de tellement plus d’énergie pour vivre et pour l’expérience réelle
qui est accessible dans l’instant présent.
Fort heureusement, les histoires que le mental égoïque raconte ne sont pas toute
l’histoire de la vie qui est potentiellement beaucoup plus joyeuse que l’expérience
de l’ego. Dès que vous cessez d’écouter la version de la vie du mental, vous pouvez
commencer à expérimenter la vie comme elle est réellement et vous découvrez
que la vie est bonne ! Derrière toute cette vie, il y a la bonté et la divinité et vous
êtes cela !
83
LES ÉMOTIONS INDIQUENT LE CONDITIONNEMENT
Les émotions peuvent être les alliées de notre développement spirituel, plutôt
qu’une force destructrice. Les émotions déplaisantes indiquent le
conditionnement – idées, convictions, opinions, jugements, désirs – qui est faux. La
preuve que ce conditionnement est faux, est qu’il aboutit à des sentiments négatifs
et la négativité s’oppose à la vie et à l’amour. Toute idée que vous entretenez et
qui résulte en un sentiment négatif est fausse. Cette idée n’est pas toute l’histoire,
mais une vérité partielle et les vérités partielles sont des mensonges.
Toute émotion négative que vous entretenez peut donc être utilisée pour
découvrir des convictions erronées et des incompréhensions qui relèvent de votre
conditionnement. La plupart du temps, nos convictions demeurent méconnues et
indiscutées. Nous supposons généralement que nos pensées sont vraies : ‘’C’est ce
que je pense, donc, cela doit être vrai !’’ Nous sommes programmés à croire ce que
nous pensons. C’est finalement la souffrance causée par nos pensées et par les
émotions qui en émanent qui nous fait remettre en cause nos pensées.
Au bout du compte, la souffrance est ce qui nous amène à cesser de suivre la
même voie qui devient trop pénible à parcourir et alors, nous nous mettons à
chercher comment sortir de notre souffrance. Cette sortie se fait dans la pratique
en utilisant nos émotions. En étant très attentifs à nos émotions quand celles-ci
apparaissent, nous pouvons découvrir comment nos convictions – y compris peutêtre des convictions inconscientes – ont suscité nos émotions. C’est dans cette
découverte que réside notre liberté. Une fois que nous réalisons que nos
convictions sont la cause de nos émotions, nous pouvons en devenir libres et ne
plus être ballottés par celles-ci.
Néanmoins, nous devons tous éclaircir un grand nombre de convictions. Derrière
chaque émotion se cache un certain nombre d’idées que vous croyez, certaines
d’entre elles inconscientes, ou vous n’auriez pas une telle émotion. Vous devez
découvrir ces convictions et voir par vous-même qu’elles sont fausses. En ce qui
concerne chaque article de foi que vous découvrez, demandez-vous si c’est vrai. La
réponse est toujours non, car aucune conviction n’est tout à fait vraie.
Chaque conviction possède une certaine vérité, juste assez pour nous amener à y
adhérer. Néanmoins, ce qui sous-tend les émotions, ce ne sont pas des faits, mais
des histoires, des perceptions et des points de vue. Ces histoires sont subjectives et
non objectives. Si elles ne fonctionnent pas pour vous (et elles ne fonctionnent
pas, si elles impliquent que vous vous sentiez mal), changez-les ou ignorez-les.
Elles ne doivent pas être vos histoires. Elles ne vous appartiennent pas.
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Votre histoire authentique, c’est l’histoire de l’Essence. Que vous dirait un parent
affectueux et sage ? C’est cela que l’Essence dirait. La vérité, c’est que l’amour est
au cœur de l’univers, même dans cette dimension où il y a tant de souffrance.
Toutes nos expériences ne sont pas destinées à nous punir, mais à nous faire
évoluer et à nous ramener dans notre Foyer. Par ailleurs, vous les avez vous-même
créées et conçues.
Vous pouvez vous raconter une histoire malheureuse sur la vie, si vous voulez, mais
ce ne sera pas la vérité. La vie nous autorise à être tristes aussi longtemps que nous
voulons, mais nous finissons par découvrir qu’il y a une autre possibilité, celle
d’embrasser la vie, telle qu’elle est, avec toutes ses difficultés et d’aimer la vie pour
l’expérience qu’elle nous apporte. Vous aimez votre expérience simplement parce
que c’est ce qui arrive et parce que l’alternative – la haïr, être en colère, être triste
ou la rejeter – n’est simplement pas une alternative acceptable. Il n’y a pas à
souffrir, si vous faites le bon choix.
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QUE FAIRE AVEC LES ÉMOTIONS
Lorsque nous ressentons quelque chose, nous avons tendance à l’exprimer d’une
façon ou d’une autre, que ce soit émotionnellement, en pleurant ou en criant,
physiquement, en frappant ou en donnant des coups de pied ou verbalement, en
en parlant. Ces manifestations des émotions ne sont guère constructives, même si
parler des émotions peut l’être dans un cadre thérapeutique. Ce que la majorité
des gens expriment, lorsqu’ils sont sous le coup d’une émotion, ne fait
qu’alimenter l’émotion et peut être destructeur pour eux et pour leurs relations.
Quand les émotions s’expriment, ce qui en ressort n’est pas joli.
Laisser libre cours aux émotions est très différent d’une psychothérapie où l’on
peut parler d’une expérience émotionnelle, à posteriori, dans un cadre où l’on peut
lui apporter de la lucidité et une perspective plus rationnelle. Revenir sur une
expérience émotionnelle peut être utile, spécialement si l’objectif est de découvrir
les convictions et les conclusions erronées qui ont provoqué et alimenté l’émotion.
On peut introduire la même objectivité et cette attention quand on expérimente
l’émotion plutôt que de l’exprimer ou d’agir sur la base de celle-ci, comme nous
avons coutume de le faire. Si rien n’intervient pour les arrêter, on a tendance à
exprimer les émotions automatiquement, inconsciemment et répétitivement. Elles
ressemblent à des tempêtes qui nous balayent et qui peuvent durer. Tous les
blocages et toutes les inhibitions disparaissent. Lorsqu’ils sont contrariés,
beaucoup de gens disent des choses qu’ils regretteront profondément et pourtant,
quand la tempête frappe à nouveau, les mêmes réactions inconscientes se
reproduisent.
Une façon plus fructueuse de travailler avec les émotions que les exprimer, réagir
sur la base de celles-ci, les supprimer ou les réprimer, c’est rechercher la cause de
l’émotion, quand on l’expérimente. En faisant cela, on assume la responsabilité de
la création de l’émotion plutôt que de blâmer quelqu’un d’autre pour cela.
Assumer la responsabilité de nos émotions nous offre la possibilité de découvrir ce
que cache telle émotion spécifique. Si nous prenons le temps d’examiner nos
émotions, elles seront moins susceptibles de se reproduire. C’est ainsi que l’on
peut faire évoluer les émotions et casser les vieux schémas émotionnels.
Découvrir la raison d’une émotion n’implique pas d’examiner les causes externes –
ce que quelqu’un nous a dit ou nous a fait – mais les causes internes – ce que nous
nous sommes dit pour créer l’émotion. La majorité de nos émotions sont
provoquées par des pensées qui font partie de notre conditionnement, tandis que
d’autres viennent de convictions et de conclusions inconscientes que nous nous
sommes faites ou que nous avons tirées il y a longtemps et qui font également
partie de notre conditionnement. Quand quelque chose se passe, certaines
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pensées surgissent et ces pensées façonnent notre expérience de cet événement.
Nous voyons notre expérience d’une certaine façon en raison de la manière dont
nous y pensons. Et la façon dont nous percevons une expérience détermine
comment nous nous sentons par rapport à elle et comment nous réagissons par
rapport à elle.
Nous avons tellement l’habitude de blâmer les autres et les circonstances, par
rapport à la façon dont nous nous sentons et notre langage reflète même ceci :
‘’Tu m’as blessée et cela m’a mise tellement en colère !’’ La plupart des gens ne
réalisent pas que les circonstances ne génèrent pas les sentiments. C’est plutôt
l’histoire que nous nous racontons par rapport à une expérience ou à des
circonstances qui nous fait nous sentir d’une certaine façon. Si nous changeons
l’histoire que nous nous racontons par rapport à quelque chose, notre expérience
change par rapport à cela et il est probable que nos réactions et que nos réponses
changent également par rapport à cela.
L’ego est tellement prompt à blâmer les autres, par rapport à la façon dont il se
sent et pourtant, l’ego est l’unique créateur des émotions. Le problème, c’est que
la majorité des gens n’ont pas acquis l’objectivité nécessaire pour prendre du recul
par rapport à leurs émotions et les investiguer plutôt que de réagir par rapport à
elles. Il est possible que même ceux qui peuvent être objectifs à l’égard de leurs
émotions ignorent comment les investiguer convenablement, puisque cela ne fait
généralement pas partie de notre éducation émotionnelle. Nous commençons
seulement maintenant à voir ce qui est en fait tellement évident : les pensées, et
particulièrement les convictions, génèrent des émotions. Parfois, nous ne sommes
pas conscients des pensées derrière nos émotions, mais il n’empêche qu’elles sont
là.
La façon de traiter les émotions que vous expérimentez, c’est de leur permettre
d’être là et de tenter de découvrir quelles pensées se cachent derrière. Qu’est-ce
que vous venez juste de vous dire et qui a fait que vous vous sentez ainsi ? Est-ce
ainsi que vous voulez vous sentir ? Si ce n’est pas le cas, n’adhérez pas à ces
pensées. Si vos pensées ne vous servent pas, reportez votre attention sur autre
chose et si ce qui a provoqué les émotions sont des convictions ou des complexes
inconscients, alors une investigation plus profonde sera peut-être nécessaire pour
les mettre en lumière, éventuellement avec l’aide d’un thérapeute ou d’un
énergéticien.
Faire preuve d’objectivité à l’égard de nos émotions n’est possible que si nous
avons pris quelque distance par rapport à l’ego et si nous avons une certaine
expérience de l’Essence. Ceux qui sont profondément identifiés à leur ego
trouveront difficile de prendre du recul par rapport à leurs émotions. Mais
l’alternative est assez désagréable : entretenir des émotions est épuisant,
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improductif et dommageable pour nos relations et pour notre corps. Les émotions
négatives sapent notre énergie, nous font perdre notre temps et nous rendent
inefficaces. Quand elles nous tiennent sous leur coupe, nous ne pouvons ni penser,
ni agir clairement, nous prenons de mauvaises décisions et nous fonctionnons mal.
Il y a beaucoup de bonnes raisons pour maîtriser vos émotions.
Si une émotion est présente, plutôt que de faire ce que vous feriez habituellement,
soyez simplement avec elle, dans une attitude légère et curieuse. Regardez et
voyez l’histoire que vous venez juste de vous raconter et que vous avez crue. Cette
histoire est généralement quelque chose comme ‘’Ceci n’aurait jamais dû arriver !
C’est injuste…terrible…insupportable !’’ Tout cet emportement contre la vie ne
vous aidera pas à gérer la situation. Le fait de croire ces pensées et de les exprimer
suscite simplement des émotions qui vous rendent moins apte à gérer tout ce qui
se passe. L’ego se sent justifié dans le fait d’entretenir de telles émotions qu’il
justifie par de nouvelles pensées, mais voulez-vous vraiment suivre cette voie ?
Ce n’est pas obligatoire. Il y a une autre possibilité : celle de réaliser qu’il n’est pas
obligatoire d’entretenir des émotions déplaisantes. Vous pouvez parfaitement bien
vivre sans toutes ces émotions négatives. Si vous ne vous identifiez pas aux
pensées qui provoquent ces émotions, vous n’expérimenterez pas ces émotions. Et
si de telles émotions surgissent tout de même, elles ne doivent pas vous emporter,
quand vous voyez qu’elles se fondent sur la perspective étroite et négative de
l’ego. La perspective de l’ego ne doit pas obligatoirement être la vôtre et vous
n’êtes pas obligé de lui donner la parole.
Vous avez la faculté de choisir comment vous voyez vos expériences et votre
situation, l’histoire que vous racontez. Tous, nous finissons par apprendre à
raconter des histoires plus sages, plus positives, celles que raconterait l’Essence, si
elle racontait des histoires. Quand vous cessez de croire aux histoires du mental,
vous découvrez que la vie peut se vivre harmonieusement et avec très peu
d’émotions négatives, indépendamment de ce qui arrive.
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GUÉRIR LES PROBLÈMES ÉMOTIONNELS
On ne guérit pas les problèmes émotionnels en agissant sous le coup des émotions
ou en les laissant s’exprimer. Agir de la sorte ne fait que renforcer les convictions
conditionnées qu’il y a derrière et notre tendance à réagir ainsi aux émotions. Si
nous réagissons émotionnellement aux événements – que cette réaction soit de la
colère, de la tristesse, de l’agressivité, du désespoir, de la critique, de la culpabilité,
de la honte ou quoi que ce soit – cette réponse devient partie intégrante de notre
répertoire émotionnel et si cette réponse se répète assez souvent, entrer dans cette
émotion devient automatique, inconscient et impérieux.
Nous avons tous certaines réactions émotionnelles qui sont devenues coutumières
et elles sont devenues si familières que nous pouvons avoir l’impression de ne pas
avoir le choix par rapport à la manière dont nous réagissons, même si nous l’avons
toujours. Ces émotions nous emportent et nous nous perdons en elles pendant un
certain temps. Comme schémas émotionnels, nous pouvons par exemple sortir de
nos gonds, si nous n’obtenons pas ce que nous voulons, nous racrapoter avec le
sentiment d’être nuls, chaque fois que l’on nous critique ou nous apitoyer sur
nous-mêmes, chaque fois que quelque chose va mal.
La première étape pour transformer un schéma émotionnel, c’est prendre
conscience du schéma réactif, lorsqu’il se produit, La deuxième, c’est acquérir la
volonté de se comporter différemment. Et la troisième, c’est être attentif à
l’émotion. Guérir un schéma émotionnel nécessite de ne pas réagir à une émotion
selon notre habitude et ne pas non plus la réprimer, ni la supprimer, mais
simplement être avec elle, devenir son ami, lui permettre d’être là et être attentif à
son expérience énergétique.
Etre avec elle ainsi est très différent de s’identifier à elle. Plutôt que de nous
expérimenter comme étant en colère, triste ou quoi que ce soit, nous
expérimentons l’énergie de l’émotion, comme un observateur curieux et comme si
nous nous situions à l’extérieur de l’émotion. Le fait d’être capable d’être conscient
d’une émotion nous place en dehors de celle-ci. Nous observons l’émotion, plutôt
que d’y réagir inconsciemment. Nous expérimentons l’émotion à partir de la
perspective de l’Essence, plutôt que de nous identifier à elle.
Conscientiser une chose nous permet de la connaître, d’une manière où elle ne
l’était pas avant. Quand nous nous identifions à une émotion, nous n’en n’avons
pas conscience, nous ne faisons que réagir par rapport à elle. S’identifier à une
émotion et lui accorder notre attention sont deux choses très différentes.
S’identifier à une émotion la renforce et lui accorder notre attention la guérit.
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Si nous devenons attentifs à une émotion, nous pouvons découvrir d’où cette
émotion est venue et comment les convictions qu’il y a derrière ne nous servent
pas. Par exemple, vous pourriez vous apercevoir que chaque fois que vous vous
surchargez de travail, vous éprouvez de la colère et derrière cette colère, vous
découvrez une histoire : ‘’Personne ne s’occupe jamais de moi (et quelqu’un
devrait) et donc, je dois travailler dur pour prendre soin de moi, c’est une question
de survie.’’ Si vous investiguez un peu plus, vous réalisez que vous avez tiré cette
conclusion pendant votre enfance, parce que vous aviez l’impression que l’on ne
s’occupait pas de vous.
Une fois que vous avez découvert cette histoire, vous pouvez cesser de vous la
raconter et tenter de pardonner à vos parents pour ne pas vous avoir donné tout le
soutien dont vous aviez besoin durant votre enfance. Quand vous réalisez que
vous accrocher à cette histoire et ne pas pardonner ce qui s’est passé il y a si
longtemps ne vous sert pas, vous pouvez commencer à lâcher prise par rapport à
cette histoire. Si vous réalisez que c’est cette histoire qui vous a poussé à vous
surcharger de travail, il est moins probable que travailler dur vous mette en colère.
Vous pourriez aussi commencer à vous traiter plus affectueusement, comme vous
auriez aimé que l’on vous traite pendant votre enfance, et traiter les autres plus
aimablement devient également plus facile. Vous finissez par mieux vous sentir par
rapport à vous-même, aux autres et à la vie, tout cela parce que vous n’êtes plus
mû par la conclusion erronée à laquelle vous aviez abouti pendant votre enfance.
De tels éclairs de lucidité nous libèrent du moi conditionné et de toute la peine qui
provient de croire en de fausses histoires. Les blessures émotionnelles qui
proviennent de notre enfance et les conclusions que nous avons tirées suite à ces
blessures modèlent nos perceptions par rapport à nous-mêmes, aux autres, à la vie
et à Dieu. Si nous ne voyons jamais la fausseté de ces conclusions, elles peuvent
interférer avec notre bon fonctionnement ou nous rendre dépressifs. Investiguer
nos émotions démasque ces conclusions et nous en libère. Voir la vérité nous
libère, effectivement. Investiguer vos émotions nécessite un peu de foi, de volonté
et de persévérance, mais quelle alternative y a-t-il ? Lorsque vous réalisez qu’il
existe un moyen de sortir de la peine causée par vos émotions, vous pouvez
difficilement revenir en arrière.
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SE LIBÉRER DE LA VOIX DE L’EGO
Pour la majorité des gens, la voix de l’ego est un compagnon permanent, même s’il
n’est pas souvent le bienvenu. Le mental égoïque nous parle quasiment toujours et
tout le temps de quelque chose : il nous réprimande, il nous juge (nous et les
autres), il nous fait peur, il nous pousse, il nous chaperonne, il nous explique des
choses, il nous fournit des informations, il nous dit en quoi il faut croire, il nous dit
ce qui est juste ou pas, il nous rappelle de faire certaines choses et comment les
faire, il procède à l’évaluation de ce que nous faisons, il spécule sur notre avenir, il
rabâche notre passé et il nous prend sous son aile.
Généralement, la voix de l’ego est négative, mais elle peut très bien avoir l’air
positive : elle nous rehausse, elle nous congratule et elle imagine pour nous des
possibilités fantastiques. Néanmoins, cette démesure est généralement suivie par
une démolition en règle, à un moment donné. Les commentaires positifs de l’ego
nous font sortir de l’instant présent et ils nous éloignent de l’Essence autant que
ses commentaires négatifs. L’ego nous raconte que nous sommes vraiment
‘’terribles’’ ou ‘’merveilleux’’ et tous les deux sont des mensonges. Quelles que
soient les histoires qu’il nous raconte, elles sont incomplètes et simplistes.
A tout bout de champ, l’ego nous susurre ce que nous sommes, conformément à
ses convictions et à ses évaluations : ‘’Comme tu es stupide !…brillant !…bon à
rien !…vraiment spécial !…tu ne seras jamais quelqu’un !…tu vas devenir
célèbre !…Ce type d’évaluations crée une image personnelle qui sert
d’intermédiaire entre nous et le monde et qui interfère avec l’expérience de la vie
réelle, telle qu’elle se manifeste à chaque instant.
Les commentaires négatifs et positifs de l’ego nous accaparent. Nous pensons
réellement que celui-ci a quelque chose d’important à nous dire et nous l’écoutons
avec beaucoup de curiosité. Nous estimons l’opinion de l’ego – jusqu’à un certain
point. Lorsque nous nous identifions à l’ego, nous croyons tellement ce qu’il croit
que nous serions prêts à nous battre, voire même à tuer pour nos convictions.
L’identification à l’ego est la racine de tous les maux du monde et la cause de toute
la souffrance. Le mental égoïque n’a rien à nous offrir, mais le découvrir nécessite
une responsabilité réelle avant de pouvoir nous libérer de l’ego. Nous devons
continuellement démasquer l’ego avant qu’il ne cesse d’exercer son pouvoir sur
nous.
Ce qui rend l’ego si rusé, c’est qu’il change fréquemment de déguisements. Si nous
le suspectons d’être un râleur et si nous refusons d’écouter ses jérémiades, il
pourra prétendre être aimable et sage dans l’espoir que nous écouterons son
opinion. Et si nous cessons de l’écouter, quand il nous démolit, il pourra tenter de
nous amener à l’écouter en nous complimentant. Il prétendra même être notre
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mentor spirituel et tentera de conseiller les autres en imitant un ton docte et en
répétant la sagesse qu’il aura entendue. Lorsque nous nous rendons finalement
compte que l’ego n’a rien de valable à dire, il tentera d’être copain avec nous, de
converser avec nous, comme s’il était notre meilleur ami. L’ego est rusé, mais une
fois que nous connaissons ses ruses, nous ne pouvons plus être dupes.
La vérité, c’est que le mental égoïque n’a pour nous aucune valeur, même en tant
qu’ami ou compagnon. Si nous continuons à converser amicalement avec lui dans
notre tête, nous continuerons à vivre dans notre tête plutôt que dans le moment
présent où nous pouvons recevoir des communications de l’Essence. Papoter avec
le mental égoïque peut sembler inoffensif, mais renforce le mental égoïque, ce qui
nous aliène de la vie et de l’Essence qui requiert notre coopération pour déployer
notre vie conformément à son plan et à ses intentions.
Deviser avec le mental fait passer le temps, comme discuter avec n’importe quel
ami, mais le fait de s’impliquer ainsi avec lui ne nous apportera pas la plénitude et
ne nous conduira pas au bonheur. Cet ami n’est pas un ami très avisé et deviser
avec lui est une perte de temps et d’énergie. Quand nous nous en rendons
vraiment compte, nous pouvons commencer à vivre à partir d’un lieu plus profond
et plus riche, un lieu où la joie, le contentement et la paix sont possibles.
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UNE PENSÉE À LA FOIS
Seulement une seule pensée peut survenir à la fois. Les gens se sentent souvent
submergés par leurs pensées négatives ; ils se sentent victimes de celles-ci et
contrôlés par elles. Ils éprouvent des difficultés à se détacher d’elles. Pour eux,
leurs pensées – ou à tout le moins certaines d’entre elles – sont trop
contraignantes pour être ignorées, et certaines sont très impérieuses.
Cependant, beaucoup de nos pensées sont assez faciles à ignorer et le fait de
pouvoir ignorer celles qui sont le plus faciles à ignorer renforce notre capacité à
pouvoir ignorer celles qui sont les plus difficiles à ignorer. Apprendre à se détacher
du mental constitue une habileté, une expertise et comme pour toute aptitude, le
fait de commencer par le plus simple avant de passer au plus complexe ou au plus
compliqué est la manière de développer sa confiance et sa compétence. Le plus
important est de ne pas se décourager, ni de renoncer à essayer de se détacher du
mental égoïque, parce que l’ego tentera de vous décourager, quand vous
essayerez de vous en libérer.
Une fois que vous voyez que vous pouvez vous détacher de certaines de vos
pensées ou ignorer certaines de vos pensées, il sera plus aisé pour vous de croire
que vous pouvez vous détacher de toutes vos pensées et même de celles qui ont
des sentiments négatifs liés à elles. Si vous apprenez à le faire, soyez aimable avec
vous. Ignorer le mental n’est pas chose simple. Vous lui avez accordé votre
attention et l’avez cru quasiment toute votre vie et donc, il s’est presque
constamment renforcé. En outre, nous sommes programmés pour prêter attention
au mental et le croire et une telle programmation n’est pas facile à surmonter et
donc, briser l’habitude d’écouter le mental peut être un processus lent et il n’y a
rien de mal à ce que cela prenne du temps.
Tous les efforts que vous faites pour vous détacher du mental comptent. Chaque
fois que vous réussissez à ignorer une pensée négative ou superflue, c’est-à-dire la
majorité des pensées, cela devient plus simple. Les pensées dénuées de pertinence
ou inutiles sont beaucoup plus faciles à ignorer que les pensées négatives, parce
que les pensées négatives sont mêlées à notre identité. Les pensées dénuées de
pertinence ou inutiles sont toutes les pensées qui ne servent pas à notre
fonctionnement dans le moment présent.
Remarquez avec quelle fréquence votre mental égoïque bavarde à tout bout de
champ concernant des choses totalement hors de propos, y compris le passé ou
l’avenir. Vous pouvez facilement vous rendre compte que vous n’avez pas besoin
de pensées qui concernent le passé ou l’avenir pour fonctionner dans l’instant et
donc, essayez d’ignorer toutes ces pensées pour commencer. Agir de la sorte vous
habituera également à observer tout ce que votre mental fabrique. Vous
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découvrirez à quel point presque tout ce que vous pensez est inutile ou négatif et
cela peut être très éclairant ! La majorité des gens n’évaluent pas ce qu’ils pensent,
parce qu’ils sont complètement absorbés par leurs pensées. Une fois que vous
apprenez à observer vos pensées, vous êtes sur la bonne voie pour vous libérer du
mental égoïque, de sa négativité et de la souffrance qu’il engendre.
Si vous êtes plus conscient de vos pensées, vous pouvez les évaluer. Vous pouvez
vous demander : ‘’Est-ce vrai ? Ce qui peut avoir conscience des pensées et qui
peut les évaluer, c’est l’Essence. Un moyen par lequel l’Essence nous libère de la
tyrannie du mental égoïque, c’est par cette capacité d’observer et d’évaluer nos
pensées, qui est une capacité de l’Essence. Ignorer nos pensées devient beaucoup
plus facile si nous apprenons à les observer et si nous voyons à quel point elles
sont inexactes, dénuées de pertinence et négatives. Si vos pensées sont inexactes,
dénuées de pertinence et négatives, alors pourquoi leur accorder votre attention ?
Voir à quel point nos pensées sont inexactes et inutiles nous libère d’elles
naturellement.
Néanmoins, certaines pensées sont profondément liées à notre identité et
chargées d’émotions. Ce sont des pensées auxquelles nous nous identifions et que
nous croyons automatiquement et inconditionnellement. Il se peut que nous
n’ayons même pas conscience que ces pensées nous affectent. Ce sont les plus
difficiles à ignorer, puisqu’elles paraissent vraies. Nous les croyons et il est possible
que nous les ayons crues durant la majorité de notre vie. Les pensées avec de la
peur ou d’autres sentiments négatifs attachés à elles paraissent particulièrement
réelles et vraies, même si elles ne le sont pas. Si nous sommes prêts à les examiner,
à les investiguer en nous demandant si c’est le cas, alors nous pouvons nous
rendre compte que même celles-là sont inexactes. Pour certaines personnes, un
travail émotionnel plus approfondi avec un thérapeute ou avec un guérisseur
alternatif peut être nécessaire pour démasquer et explorer toutes les croyances et
toutes les convictions qui opèrent derrière leurs sentiments.
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UNE INVESTIGATION RADICALE
Voici une question qui peut avoir un impact radical sur votre vie si vous l’utilisez
pour une investigation sérieuse : ‘’Quels sont les mensonges que je me raconte ?’’
Cette question peut démasquer les manières dont nous prétendons connaître
quelque chose, quand ce n’est pas le cas, par exemple : ‘’Je vais faire cela pendant
le restant de mes jours !’’ ‘’Elle ne changera jamais !’’ ‘’Je ne tomberai plus jamais
amoureuse !’’ Cette question peut également mettre en évidence les nombreuses
histoires négatives que nous nous racontons et qui ne sont pas entièrement vraies,
par exemple : ‘’Je ne peux rien faire de bien !’’ ‘’Personne ne se soucie de moi !’’
‘’Elle me traite toujours ainsi !’’ ‘’Je ne peux avoir confiance en personne !’’ ‘’Rien
ne tourne jamais bien pour moi !’’ Cette question peut aussi nous aider à réaliser à
quel point nous pouvons fréquemment argumenter à propos de quelque chose qui
s’est déjà passé, par exemple : ‘’Il n’aurait pas dû faire cela !’’ ‘’La vie ne devrait pas
être aussi dure !’’ ‘’Je n’aurais pas dû commettre une telle erreur !’’ Ces genres de
déclarations sont des mensonges, parce qu’elles prétendent que le passé aurait pu
être différent de ce qu’il a été.
En résumé, il y a trois genres de mensonges que nous pouvons nous raconter :
1. Prétendre connaître quelque chose, quand ce n’est pas le cas. Si vous vous
surprenez en train de prétendre connaître quelque chose, demandez-vous :
‘’Est-ce que je sais réellement si c’est vrai ?’’ Vous pourriez être étonné de
découvrir à quel point vous prétendez souvent connaître quelque chose.
C’est l’ego qui prétend connaître, puisque connaître – et même prétendre
ou faire semblant de connaître – procure un sentiment de sécurité à l’ego.
2. Des histoires négatives : si vous vous surprenez en train de vous raconter
une histoire négative, remarquez la contraction et la tension que génère le
fait de vous raconter cette histoire et décidez alors que vous ne voulez plus
agir de la sorte à votre égard. Décidez que la négativité n’est plus pour vous
une chose tolérable. Pourquoi voudriez-vous croire des histoires qui vous
font vous sentir mal ? Pourquoi voudriez-vous vous punir de la sorte ? De
telles histoires proviennent de l’ego et lui donnent un sentiment d’identité
et un problème à résoudre, ce qui rend l’ego vivant.
3. Le gros mensonge : ‘’La vie devrait se conformer à mes désirs !’’ Si vous
vous surprenez en train de vous laisser séduire par cela, voyez simplement
que le but de la vie et plus spécifiquement le but de notre vie n’est pas de
satisfaire les désirs de l’ego. Le but de la vie et celui de notre vie sont
beaucoup plus vastes que les désirs de notre ego.
Au départ, il peut être difficile de voir que nos pensées sont des mensonges. Elles
peuvent être très convaincantes et nous sommes habitués à les croire. Même si nos
pensées nous font nous sentir mal, nous pouvons nous accrocher à elles, parce
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qu’elles sont familières et par conséquent confortables, d’une certaine manière.
Elles nous procurent un sentiment d’identité, le seul sentiment d’identité que nous
avons, si nous ne connaissons pas bien notre identité authentique – l’Essence. Il y a
une autre identité qui attend d’être découverte par chacun et qui est notre
véritable identité.
Le moyen de savoir que vous êtes aligné sur l’Essence plutôt que sur l’ego, c’est
que vous vous sentez bien. Vous vous sentez accueillant, content, à l’aise avec la
vie, dilaté et ouvert. Au lieu de dire non à la vie, comme l’ego, l’Essence est
l’expérience de dire oui à la vie. Chacun connaît l’impression que l’on ressent en
disant oui à la vie.
En vérité, la seule chose qui fait obstacle à l’expérience de la paix et de l’aisance de
l’Essence, c’est croire aux mensonges de l’ego, aux pensées en apparence
inoffensives et vraies qui nous traversent l’esprit en permanence et qui semblent
être nos pensées. Mais ces pensées ne sont pas les nôtres, elles relèvent du faux
moi. Elles ne reflètent nullement l’expérience de la vie de l’Essence. Si nous
sommes capables de rompre le charme projeté par ces pensées et par le sentiment
d’un moi limité qu’elles trament autour d’elles, alors nous expérimentons la vérité
et la vérité est bonne !
Si vous vous sentez bien, c’est que vous êtes aligné sur votre nature authentique et
si vous vous sentez mal, c’est que vous ne l’êtes pas. Quel merveilleux dispositif de
guidage nous avons reçu ! Essayez de lâcher prise par rapport à toutes les pensées
qui vous font vous sentir mal ou même seulement par rapport à quelques-unes et
voyez comment agir ainsi change votre vie. Vous n’avez pas besoin de pensées
négatives. Tout ce que celles-ci vous ont apporté, c’est un faux moi qui souffre.
Toutes sont des mensonges.
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L’ACCEPTATION DE LA MORT ET DE LA PERTE
La mort et la perte sont parmi les choses les plus difficiles que nous expérimentons
en tant qu’humains. Nous nous attachons à la manière dont les choses sont et par
conséquent, nous résistons au changement. Nous prenons nos aises avec la vie, en
quelque sorte. En partie, nous aimons simplement l’uniformité, la prévisibilité et la
familiarité d’avoir les choses comme elles ont toujours été. Nous aimons tant
l’uniformité que nous pouvons même nous sentir chagrinés si une situation que
nous n’avons pas aimée se termine, simplement parce que nous nous y étions
accoutumés !
La majorité de la résistance par rapport à la mort et à la perte est une résistance à
l’égard de l’inconnu et même une peur de celui-ci. Nous aimons le connu. Même si
une situation n’est pas si formidable, au moins nous savons à quoi nous attendre
ou du moins nous le pensons. L’inconnu nous effraye, parce que nous projetons
nos peurs dessus. Ignorer ce qui nous attend donne l’impression d’être en bordure
d’un précipice et nous imaginons le pire. La majorité de la souffrance qui tourne
autour de la mort et de la perte est générée par notre peur d’un avenir inconnu, la
peur de ce qui va nous arriver ensuite, mais la vérité, c’est que nous n’avons jamais
su ce qui allait nous arriver et même maintenant, nous l’ignorons. C’est
particulièrement évident, lorsque nous perdons quelque chose qui faisait partie de
notre univers familier.
Ce que nous ne voyons pas souvent, quand nous perdons quelque chose, c’est
qu’autre chose prend sa place. La naissance et la mort opèrent toujours, et même
d’instant en instant. L’instant présent se transforme déjà en l’instant suivant et
l’instant neuf n’est pas identique au précédent. Quelque chose de neuf prend
toujours la place de ce qui a disparu. Le problème, c’est que nous ignorons
généralement ce que ce sera. Il faut toujours un petit moment pour que ce qui est
en train de naître apparaisse. Ou, au milieu de notre peine, nous pouvons ne pas
être conscients de ce qui est déjà né.
En temps de perte, la conviction que la vie est bonne et la volonté d’accepter la
perte comme faisant partie intégrante de la vie sont très utiles, puisque le mental
nous dit le contraire – c’est-à-dire que la mort et la perte sont mauvaises et
qu’elles ne devraient pas arriver. Le mental concocte des scénarios négatifs
concernant l’avenir sans la personne, l’animal ou l’objet aimé. Il imagine que nous
ne surmonterons jamais notre perte et que nous ne serons jamais plus heureux. Le
mental égoïque transforme quelque chose de tout à fait naturel – la mort et la
perte – en une catastrophe.
La mort et la perte sont naturelles. Ce sont des parties de la vie que nous devons
accepter. Pester contre ce qui est naturel est absurde. Etre en colère contre la vie,
97
parce qu’elle permet la mort et la perte, c’est comme être en colère contre le ciel,
parce qu’il est bleu. La naissance se produit et la mort survient. Voir, accepter que
toutes les deux sont vraies et font partie de la vie importe tellement. La naissance
introduit une nouvelle vie dans cette dimension et la mort emporte quelque chose
dont le temps était compté. Ce qui va ensuite se passer, personne ne le sait. Ce
peut être une naissance ou une mort, qui surviennent tout autant. Lorsque nous
voyons toute la vérité à propos de la vie – c’est-à-dire que la naissance et que la
mort surviennent d’une manière équilibrée – alors la mort devient plus facile à
accepter.
Le mental rend la vie difficile à accepter en nous racontant des mensonges : ‘’Ceci
n’aurait jamais dû arriver ! Tu ne seras plus jamais heureux ! C’est trop pénible à
supporter ! La vie est cruelle !’’ Ce sont des histoires très malheureuses et inexactes
et nous souffrirons si nous nous racontons de telles histoires. Nous pouvons tout
aussi aisément nous raconter une histoire vraie au sujet de la mort et de la perte :
‘’C’était sans doute le temps pour que cela arrive. La vie continue. Je trouverai bien
le moyen d’être à nouveau heureux. La vie est une bénédiction et je la chérirai
d’autant plus à cause de cela.’’
Ce qui rend difficile de voir que le mental égoïque est la cause de notre souffrance,
c’est que la plupart des gens sont pris dans leur mental négatif, aussi notre propre
négativité est-elle soutenue et supportée par d’autres gens et même renforcée par
eux. Si vous ne souffrez pas par rapport à quelque chose dont d’autres
souffriraient, ils pourraient en déduire que vous n’aimiez pas la personne perdue
ou bien tout ce que vous avez pu perdre. Faire son deuil est destiné à démontrer
notre amour pour quelqu’un d’autre, aussi inconscient que cela puisse être, mais
un tel chagrin est inutile. Les êtres aimés décédés ne tirent aucun bénéfice de notre
souffrance. En fait, ceux qui sont passés de l’autre côté disent souvent à ceux qu’ils
aiment de cesser de s’affliger et d’être heureux pour eux, puisqu’ils existent et
qu’ils vont bien dans une autre dimension. La peine et la tristesse ne nous servent
pas, ni à personne d’autre.
Bien sûr, la personne ou bien tout ce qui n’est plus ici pourrait vous manquer. Si
vous avez cette impression, alors observez qui vit cette expérience du manque.
C’est le ‘’je’’. Le manque se manifeste dans vos pensées sous la forme de ‘’…me
manque.’’ Comment fabriquez-vous cette expérience du manque ? Le manque est
un sentiment et donc, vous devez vous raconter quelque chose, consciemment ou
inconsciemment, qui fait en sorte que vous éprouviez ce manque.
Il n’est pas nécessaire que quelqu’un ou que quelque chose nous manque. Une
raison pour laquelle nous fabriquons et perpétuons le sentiment du manque, c’est
parce que c’est une manière pour nous d’honorer et d’exprimer notre amour pour
la personne, la situation ou la chose perdue. Sous l’apparence et le couvert de
98
l’amour, l’ego nous attire dans la souffrance. Le manque a-t-il quelque chose à voir
avec l’amour ? Si vous explorez ce sentiment du manque, vous découvrirez qu’il est
créé par des images idéalisées du passé et de l’avenir. De telles images vous
servent-elles ? Vous rendent-elles heureux ou malheureux ? Vous pouvez être
malheureux tant que vous voulez, mais la tristesse est inutile. Le manque n’est
qu’un moyen de l’ego pour nous garder attaché au passé et à lui-même.
Nous pouvons traverser une perte avec grâce ou bien avec beaucoup de
souffrance. Trouver le moyen de le faire avec grâce, c’est notre travail spirituel.
Perdre quelque chose ou quelqu’un que nous aimons nous apporte une grande
opportunité de croissance spirituelle. Nous pouvons nous complaire dans la
douleur – comme notre ego voudrait que nous le fassions – ou trouver une autre
manière d’être. L’autre moyen, c’est de nous investir, ici et maintenant, et non dans
nos pensées qui concernent le passé. La vie jaillit de l’instant présent, quelque
chose de neuf se manifeste toujours. Prêtez attention à ce qui survient maintenant.
Le passé n’est qu’un souvenir et nous ne nous contenterons jamais d’un souvenir,
parce que ce n’est qu’une pensée. Pourquoi introduire un souvenir dans l’instant
tout neuf ? Cela ne sert à rien. Vous pouvez choisir la paix et le bonheur plutôt que
la souffrance – si vous le voulez.
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LÂCHER PRISE, C’EST LÂCHER PRISE PAR RAPPORT À
UNE PENSÉE
Lâcher prise nous paraît parfois difficile, mais quel que soit cela par rapport à quoi
nous nous efforçons de lâcher prise, c’est déjà parti. C’est du passé, la vie a avancé
et elle nous apporte autre chose. Tout ce qui reste réellement et par rapport à quoi
nous devons lâcher prise, ce sont nos pensées qui concernent quelque chose du
passé. Lâcher prise se fait naturellement, lorsque nous sommes simplement ici et
maintenant, dans l’instant présent. L’instant présent est libre du passé, à moins que
nous n’introduisions le passé dans l’instant présent au moyen de la pensée.
La pensée est la seule chose qui peut troubler la paix et le contentement de
l’instant présent. Même un événement choquant n’est là que brièvement, et puis
c’en est terminé. Le seul moyen pour qu’un terrible événement perdure, c’est par
l’entremise de pensées à son sujet. Il se peut que nous ayons affaire aux effets d’un
tel événement pendant un certain temps, mais la perte elle-même est terminée.
Chaque instant fournit des tas de ressources pour faire face aux effets d’une perte,
et ces ressources seront beaucoup plus accessibles, si nous ne sommes pas pris
dans des pensées et des sentiments négatifs qui concernent le passé.
Nous ne pouvons pas contrôler quelles pensées surgissent dans notre esprit, et s’il
y a eu perte, des pensées ne manqueront pas de surgir à ce propos. Cependant,
nous pouvons contrôler combien de temps nous consacrons à de telles pensées. La
différence entre le paradis et l’enfer est largement question de combien de temps
nous passons à ressasser des pensées du passé.
Nous ruminons de telles pensées, parce que nous pensons que cela nous sert,
quelque part. A l’aide de la pensée, nous tentons de réparer ou de réécrire le passé
(‘’si seulement…’’), nous fabriquons une histoire concernant le passé pour nous
défendre ou bien nous punir ou nous analysons le passé pour essayer d’empêcher
certains événements de se reproduire, mais aucune de ces stratégies ne changera
le passé, ni ne nous aidera à faire face à ce qui s’est passé. Ce sont des stratégies
de l’ego conçues pour lui donner le beau rôle, donner aux autres le mauvais rôle,
assurer sa sécurité ou justifier son existence, mais les buts de l’ego n’ont aucune
valeur et ne servent pas bien notre énergie. Les pensées qui concernent le passé et
qui tentent de le réparer ou de le garder vivant ne sont tout simplement pas utiles
et nous empêchent de remarquer ce que la vie nous apporte dans l’instant présent.
La vie donne et elle reprend pareillement. Le cycle des naissances et des morts est
naturel et n’est pas mauvais, comme le suppose l’ego. Ce qui passe est destiné à
passer. C’est du passé et la situation ne peut être différente. Rien ne peut plus
changer le passé, y compris la pensée. Cependant, ressasser des pensées qui
concernent le passé modifie certainement notre expérience de l’instant présent. Si
100
nous emportons le passé dans le présent, alors tout le reste, qui relève du moment
présent est marginalisé et négligé. Tout ce que nous voyons, c’est le passé ou plus
précisément notre histoire à son sujet.
Tout ce que nous pourrons jamais avoir du passé, c’est notre histoire à son sujet et
cette histoire n’est pas très satisfaisante. Nos histoires du passé ne nourrissent pas
notre âme, comme le fait le moment présent. Pire, chaque histoire est
généralement une triste histoire qui nous garde prisonnier de sentiments négatifs
et alors, ces sentiments deviennent notre expérience de vie.
De tels sentiments négatifs sont tellement inutiles. Si nous tournons notre
attention vers ce qui est ici et maintenant et si nous la détournons du passé, les
sentiments négatifs ne peuvent se maintenir et disparaissent. Personne ne peut
garder indéfiniment des sentiments négatifs. Peu importe combien nous sommes
déprimés, en colère ou blessés, nous finissons par glisser dans l’Essence et nous
cessons de ressentir de tels sentiments. Entretenir des sentiments négatifs est
épuisant. Souvent, de guerre lasse, nous glissons dans l’Essence et nous trouvons
l’apaisement par rapport à nos sentiments.
Lâcher prise est difficile, puisque cela semble requérir de lâcher prise par rapport à
ce que nous aimons, mais lâcher prise ne consiste pas à renoncer à notre amour
pour celui, celle ou ce que nous avons perdu. L’amour est éternel et notre amour
continue. Notre amour est ce qui nous reste par rapport à ce que nous avons
perdu. Se détacher de la personne, de l’expérience ou de la chose s’est en réalité
déjà produit, car elle est déjà partie. Il n’y avait pas d’autre choix, ni d’autre
alternative que celui ou celle de la laisser partir. En fait, tout ce à quoi nous devons
encore renoncer, c’est à notre désir que la situation soit différente.
Renoncer au désir que les choses soient différentes n’est pas si difficile, si nous
voyons que la vie ne peut simplement pas être différente de ce qu’elle est. Voir la
vérité rend le désir que les choses soient différentes inutile. Tout ce à quoi nous
devons renoncer, c’est à notre croyance que les choses peuvent ou devraient être
différentes de ce qu’elles sont. Ceci est impossible. L’accepter permet de renoncer
au désir que les choses soient différentes. Le détachement suivra naturellement de
permettre à la vie d’être comme elle est, d’accepter la vie telle qu’elle est.
L’acceptation est en réalité l’unique choix sain et sensé, parce qu’agir autrement,
c’est créer pour nous et les autres une immense souffrance, ce que la vie nous
permet de faire, bien entendu, mais cette souffrance ne sert personne.
La bonne nouvelle est que le désir que la vie soit différente de ce qu’elle est n’est
qu’une pensée. Peu importe combien un désir peut paraître fort, un désir n’est
qu’une pensée et les pensées peuvent être ignorées. Nous sommes nettement plus
forts que n’importe quelle pensée ou que n’importe quel désir. Nous avons le
101
pouvoir de choisir de nourrir un désir avec davantage de pensées, ce qui génère
des émotions, ou bien de tourner notre attention vers autre chose, vers ce qui se
passe dans l’instant présent. Le fait de tourner notre attention vers n’importe quoi
d’autre que le désir que les choses soient différentes transforme notre expérience
de l’instant et la souffrance disparaît.
Le moment présent a tout ce dont nous avons besoin pour être heureux, si nous
n’y introduisons pas d’exigence pour qu’il soit différent. Agir ainsi n’est pas
nécessairement facile, mais la souffrance ne l’est pas non plus ! Dieu du ciel, merci
qu’il y ait le choix, moyen de sortir de la souffrance. C’est bien la preuve que la
bonté se situe en-deçà de toute vie et que la vie nous mène vers une plus grande
paix, un plus grand amour et un plus grand bonheur, quoi qu’il advienne.
102
LE RENONCEMENT
Le renoncement n’est réellement que l’acceptation. Nous nous en remettons à la
manière dont sont les choses, nous acceptons la manière dont sont les choses, la
manière dont la vie se manifeste. Le renoncement et l’acceptation paraissent si
difficiles à l’ego. C’est parce que l’ego ne veut pas accepter la vie et cela ne
changera jamais. Nous ne parviendrons jamais à amener l’ego à s’abandonner à la
vie, à suivre le courant de la vie. La résistance est son état naturel. Lorsque nous
nous identifions à l’ego, nous sentons la résistance de l’ego. Cependant, lorsque
nous ne nous identifions pas à lui, mais lorsque nous sommes en contact avec qui
nous sommes réellement, l’acceptation de la vie a simplement lieu.
En cours de journée, vous avez beaucoup d’expériences où vous vous abandonnez
à la vie, comme elle est. Il est possible que vous ne remarquiez pas ces moments,
parce que vous les traversez sans heurt, paisiblement. Les moments où nous
résistons sont ceux que nous avons tendance à remarquer, car ils nous font penser
que nous avons un problème. Nous nous éloignons de plus en plus du moment
présent en tentant d’arranger le problème que nous estimons avoir ou bien nous
essayons de mieux nous sentir, par exemple en mangeant, en fantasmant, en
faisant du shopping ou en regardant la télévision.
Les activités d’évasion ou de fuite de la réalité sont les activités qui nous aident à
devenir inconscients de nos sentiments, ce qui inclut le sentiment de résistance à la
vie. Nous faisons fréquemment face aux sentiments et aux autres aspects de la vie
auxquels nous résistons en éludant l’expérience que nous avons et en faisant
quelque chose qui nous distraira de ce à quoi nous résistons et qui nous donnera,
avec un peu de chance, un peu de plaisir. Nous tentons souvent de nous soulager
de la douleur de résister à la vie à l’aide du plaisir. Poursuivre le plaisir est une
manière dont l’ego affronte la vie. L’ironie, c’est que c’est l’ego qui crée la
résistance et par conséquent la souffrance, et non la vie. La solution de l’ego à sa
propre résistance, c’est la recherche du plaisir. Si nous nous identifions à l’ego,
nous nous laissons piéger dans ce cycle de fuite de la douleur et de recherche du
plaisir.
Le renoncement est le moyen de sortir de ce cercle vicieux. Si nous nous en
remettons à la vie telle qu’elle est, nous faisons l’expérience d’une joie et d’une
plénitude simples qui sont beaucoup plus satisfaisantes que n’importe quel plaisir
que nous pourrions expérimenter. La joie simple de la simplicité de l’Etre est
suffisamment complète. Il n’y a rien à lui ajouter ni à lui enlever. L’instant s’écoule
simplement dans l’instant suivant sans aucun besoin de changer ni d’arranger quoi
que ce soit.
103
Le renoncement nous permet d’expérimenter la vie, comme elle se déploie, au lieu
d’expérimenter notre résistance à son encontre. Si nous nous identifions à l’ego,
nous ne faisons pas l’expérience de la vie, mais de notre résistance à son encontre.
Nous manquons en fait l’expérience de l’instant présent, parce que nous ne
sommes pas dans l’instant présent, mais impliqués dans nos pensées concernant ce
qui se passe ou autre chose, et c’est une expérience fort différente.
Nos pensées concernant tout ce qui est en train de se passer ne sont jamais
comme nous situer dans l’instant présent, même si elles sont plaisantes. Les
pensées font juste partie de ce qui se passe à n’importe quel moment et si nous
ignorons quasiment tout, hormis nos pensées, nous aurons une expérience très
étroite et très aride de la vie. La vie ne peut être remplacée par des pensées sur la
vie. Le seul moyen d’expérimenter la vie, c’est de lui dire oui, de nous en remettre
à ce qui se passe maintenant et d’en faire réellement l’expérience plutôt que d’y
penser. Dire non à ce qui se passe nous empêtre dans l’histoire du mental et la
résistance à l’encontre de ce qui se passe et nous souffrons.
Le moyen de sortir de la souffrance, c’est de constater la résistance de l’ego à
l’encontre de la vie et de l’ignorer. Chaque fois qu’une telle résistance se manifeste,
notez-la et revenez à ce que vous expérimentez ici et maintenant : comment votre
corps se sent, ce que vous percevez, ce que vous êtes motivé à faire et quelles
intuitions jaillissent. Restez simplement ici dans l’instant présent. Ce que vous
découvrez lorsque vous demeurez dans le moment présent suffisamment
longtemps, c’est que vous vous sentez bien dans le moment présent et qu’il est
riche et en constante évolution. Dans l’instant présent, la vie n’est pas
expérimentée comme un problème. Le mental égoïque est la seule chose qui
transforme la vie en problème.
Une fois que vous réalisez que pouvez reléguer le mental égoïque à l’arrière-plan
et profiter simplement de l’instant présent, vous choisirez de le faire de plus en
plus souvent. S’en remettre à la vie n’est pas du tout compliqué. Cela se passe
simplement et naturellement chaque fois que nous cessons de prêter attention à
notre version mentale de la vie et que nous nous mettons à prêter attention à la
vie elle-même, comme elle jaillit du moment présent. Il y a autre chose à faire que
penser – observer et être conscient de ce qui se passe maintenant. Observez,
contemplez, sentez, écoutez, percevez et donnez-vous pleinement à l’expérience
que vous vivez et vous glisserez dans l’instant présent.
104
VIVRE SANS MIROIRS
A quoi nous ressemblons importe tellement dans cette culture et notre apparence
devient comment nous nous percevons. L’image du miroir ressemble à qui nous
sommes. Nous véhiculons partout cette image avec nous à l’intérieur de notre tête
et quand nous songeons à nous, nous songeons à cette image. Nous avons
beaucoup d’images personnelles et l’image intériorisée de ce à quoi nous
ressemblons est peut-être la plus forte. Nous nous identifions particulièrement à
cette image personnelle, parce que l’identification au corps est tellement forte et
parce qu’il faut quelque chose au mental pour qu’il épingle dessus l’idée du moi.
L’image intériorisée de nous-mêmes renforce et maintient en place l’idée du moi.
Sans cette image intérieure, l’idée du moi s’affaiblit et ne peut se maintenir si
facilement. Vous en avez peut-être fait l’expérience en vous éloignant des miroirs
pendant tout un temps, par exemple en partant camper ou bien dans un cadre de
vie plus primitif. Dans de telles circonstances, vous commencez à vous
expérimenter plus comme vous êtes vraiment plutôt que comme une image que
vous gardez de vous dans votre esprit.
Il y a une grosse différence entre l’expérience de nous-mêmes et l’expérience
d’une image de nous-mêmes. L’image est une idée. L’image de nous-mêmes est
sans relief, elle est sans vie et nous devons travailler dur pour l’entretenir
(spécialement sans miroirs), tandis que l’expérience de nous-mêmes est
mystérieuse et elle est toujours présente. L’expérience de qui nous sommes
réellement est juste là. Nous ne devons pas travailler à la fabriquer, nous devons
simplement la remarquer.
Qui nous sommes réellement s’expérimente comme ce qui contemple par
l’entremise de nos yeux. C’est très mystérieux. Qu’est-ce qui contemple par
l’entremise de vos yeux ? Prenez le temps de voir à quoi cela ressemble de
contempler par l’entremise de vos yeux et de vous expérimenter ainsi. Quelle
expérience différente, comparativement à vous imaginer à quoi vous ressemblez
dans l’œil de votre esprit !
En nous expérimentant en train de contempler par l’entremise de nos yeux, nous
expérimentons notre corps très différemment qu’en nous imaginant notre corps
ou qu’en le voyant dans un miroir. Arrêtez-vous un instant et regardez simplement
le miracle qu’est votre corps, sans commentaires ni pensées à son sujet. Quelle est
votre expérience ? Il est probable que vous expérimentiez le corps comme quelque
chose de distinct de vous-même, quelque chose que vous considérez avec
étonnement. A qui est cette main ? A qui est cette jambe ? Le corps paraît plus être
un véhicule pour qui vous êtes que qui vous êtes. Et il en est ainsi. Le corps est un
véhicule pour qui nous sommes réellement. Le mental prétend que ce véhicule est
105
qui nous sommes, mais le corps n’est qu’un véhicule temporaire pour la
Conscience qui contemple par l’intermédiaire de nos yeux.
Par la formation d’une image intériorisée, le mental nous éloigne de la réalité que
nous ne sommes pas le corps. Cette image intérieure est rendue possible par les
miroirs et par d’autres surfaces réfléchissantes. Sans elles, nous ignorerions à quoi
ressemble notre corps. Nous ferions l’expérience de nous-mêmes, sans avoir une
image intérieure de nous-mêmes. Le mental concevrait encore d’autres images
personnelles, peut-être une image fabriquée à partir de la manière dont les gens
réagissent à notre égard, mais nous identifier avec une image de nous-mêmes est
beaucoup plus ardu si cette image n’est pas constamment renforcée par des
miroirs.
Pour entreprendre de vivre davantage à partir de l’expérience réelle de nousmêmes plutôt que d’une image de nous-mêmes, pas besoin de nous débarrasser
des miroirs, même si vivre sans ceux-ci pendant tout un temps peut être utile.
Nous pouvons simplement réaliser que nous ne sommes pas le corps et choisir
consciemment de prêter attention à Cela qui contemple par l’entremise de nos
yeux plutôt qu’à ce que nous pensons que d’autres personnes voient, quand elles
nous regardent.
Prêter attention à Cela qui contemple par l’intermédiaire de nos yeux génère une
expérience de nous-mêmes radicalement différente et nous permet d’être
beaucoup plus présents à la vie. Entretenir une image personnelle est un labeur
compliqué et interfère par rapport à être présent à tout ce qui se passe. Si nous
nous focalisons sur notre image personnelle et sur nos pensées, nous loupons tant
d’autres choses qui sont en train de se passer. L’ego néglige et ne tient pas compte
de beaucoup de choses qui sont en train de se passer et il considère que rien ne se
passe. Il s’efforce de nous attirer en dehors de l’instant présent dans la pensée. Il
ne donne pas une chance à la vie de révéler sa richesse. Si nous accordons notre
attention totale à la vie plutôt qu’à nos pensées, nous découvrons le bonheur et le
contentement que nous avons toujours voulus mais que nous n’avons pas pu
trouver dans le monde de l’ego. Les idées ne peuvent simplement pas se substituer
à la vie réelle.
106
VIVRE SANS RÉFÉRENCE À DES CROYANCES
Comme nos images personnelles, les croyances sont des idées qui finissent par
façonner notre réalité – si nous les croyons. Chacun a plus de croyances qu’il n’en
n’a conscience, beaucoup de croyances étant inconscientes. Nous avons acquis
nos croyances à partir d’expériences de cette vie et même d’autres vies. Nous les
avons acquises à partir de ce que nous avons lu et à partir de ce que d’autres nous
ont dit et appris. Nous raffinons et nous reformulons constamment nos croyances
et ces croyances importent – si nous les croyons.
Vivre sans se référer à des croyances est inimaginable pour la majorité des gens et
pourtant, la vie de l’Eveil est une vie qui ne se tourne pas vers des croyances par
rapport à la manière de se situer dans le monde ou pour quoi faire. En réalité, nous
n’avons pas besoin de nos croyances (des croyances de notre ego) pour vivre notre
vie. Etre éveillé, c’est un ‘’endroit’’ où l’on est très présent à ce qui sort du flux de
l’instant présent et où l’on répond sans réfléchir. Vivre ainsi semblera dangereux
pour l’ego et pourtant, nous le faisons tout le temps. A maintes reprises, tout au
long de la journée, nous disons ou nous faisons spontanément des choses sans y
avoir préalablement réfléchi.
Etre éveillé veut dire être éveillé dans l’instant présent, être conscient et attentif à
ce qu’il y a à faire et à dire dans l’instant. Une telle sagesse découle de votre Soi
réel. Elle sait précisément comment être et quoi faire à chaque instant. Nos
croyances sont inutiles pour évaluer ce qui est en cours ou pour nous dire
comment vivre notre vie. Si nous nous tournons vers nos croyances pour comment
vivre, elles ne font que nous confondre, parce que nous en avons tellement qui
sont contradictoires.
Il n’y a aucune formule pour vivre sa vie, même si nos croyances prétendent le
contraire. Elles sont ce sur quoi l’ego s’appuie pour se diriger, mais les croyances
de l’ego ne sont pas de bons guides. L’ego ne sait pas ce qui nous rendra
réellement heureux, ni en quoi consiste notre vie ou la vie en général. L’ego fera
feu de tout bois de toute croyance qu’il plaque sur la réalité. ‘’Il pleut et donc, je
ferais mieux de rentrer maintenant !’’ Qu’en serait-il, si vous ne suiviez pas cette
formule ? L’Essence pourrait avoir envie de chanter sous la pluie, qui sait ? On ne
connaît rien du tout avant de l’avoir fait.
L’ego prend des décisions concernant quoi faire sur la base de ce que nous avons
fait ou de ce que d’autres ont fait dans le passé, et pas sur ce qu’il est possible de
faire ou non dans le moment présent. L’ego compare chaque instant avec des
moments similaires du passé et il répond sur base de ce qu’il en a conclu à
l’époque dans le passé. L’ego utilise le passé comme modèle pour répondre au
présent, mais les résultats du passé ne sont pas suffisants pour modeler nos
107
actions actuelles. Qui plus est, suivre une formule sur la manière d’agir supprime la
joie de vivre.
Aucun instant n’est identique à un autre. L’ego n’aime pas ça et donc, il ignore ce
fait. Il introduit son modèle et son agenda ou son programme dans le moment
présent et réagit en conséquence. Il ne répond pas purement à l’instant présent,
mais via le prisme de ses propres croyances et de ses intérêts personnels. Sa
question prioritaire est : ‘’Vais-je en retirer ce que je désire, maintenant ?’’ La
réponse est souvent non. Ce que l’ego veut est très coloré par ses croyances. Par
exemple, s’il croit que le bonheur réside dans le confort, il voudra le confort et il
est probable que ce désir ou un autre façonnera comment il répond à l’instant
présent. L’ego pourra se braquer sur le confort ou sur le manque de confort et ne
pas remarquer d’autres choses qui sont en train de se passer.
L’ego a ses croyances particulières et donc, des désirs particuliers pour chaque
instant que le moment présent satisfait rarement. Par conséquent, l’ego
entreprend d’essayer de changer ce qui se passe pour combler ses désirs.
Rechercher de meilleures expériences peut nous garder très occupé. Si c’est ce que
nous faisons, non seulement nous ne voyons pas ce qui est en cours, mais nous
nous en excluons en étant tellement occupés à faire des projets pour des moments
meilleurs.
C’est l’état dans lequel se trouvent la plupart des gens. Vivre en se référant à nos
croyances est un lieu aride et inintéressant. Pas étonnant que l’ego en veule plus
ou mieux ! Vivre dans le mental est abrutissant et mortel. Pour pimenter les choses,
l’ego recherchera autre chose, de meilleures expériences, plus d’émotion et plus
d’excitation, plus de fun et plus de plaisir par rapport à ce qu’il peut y avoir ici et
maintenant. Il arrive de temps à autre que le fun et l’excitation que l’ego recherche
surviennent. Jusqu’à ce que ce soit le cas, l’ego se tournera vers ses fantasmes et
ses projets d’avenir pour se satisfaire – ce qui est intrinsèquement insatisfaisant.
L’ego rend l’expérience de l’instant présent aride et terne, et puis il tente
d’améliorer cette platitude avec des fantasmes et des actions qui s’efforceront de
satisfaire ces fantasmes.
Quand vous commencerez à passer plus de temps dans le moment présent, vous
ne voudrez plus le quitter. Une fois que vous voyez la vérité concernant vos
croyances, elles perdent leur pouvoir de vous détourner de l’instant présent. Vous
réalisez que ce sont de simples pensées qui vont et viennent et qu’elles ne sont pas
vos croyances.
108
QU’INTRODUISEZ-VOUS DANS L’INSTANT PRÉSENT ?
La seule chose qui existe, c’est l’instant présent, mais en tant qu’êtres humains,
nous entretenons des relations particulières avec nos pensées qui nous font sortir
de l’expérience de l’instant présent. Les pensées créent une réalité alternative, une
intrigue secondaire par rapport à l’instant présent et nous nous égarons dans cette
intrigue secondaire imaginaire sans remarquer d’autres choses qui concernent
l’instant présent. Quand nous introduisons cette réalité alternative dans l’instant
présent, notre expérience de l’instant présent se modifie. Nous n’expérimentons
plus le moment présent purement, mais via le prisme de l’ego qui génère nos
pensées et nos émotions.
Nos pensées et nos émotions vont et viennent dans l’instant, mais contrairement
aux visions, aux sons et à d’autres choses qui fluctuent dans l’instant, les pensées
et les émotions modifient notre expérience de l’instant présent, si nous nous
identifions à elles. Rien d’autre qui fluctue dans l’instant ne produit le même effet
sur notre expérience de l’instant. Le moment présent est juste ce qu’il est, mais
notre expérience du moment présent change, si nous nous identifions à des
pensées ou à des émotions. Si nous ne nous identifions pas à des pensées ni à des
émotions, nous ressentirons la paix de l’instant ; si nous nous identifions à des
pensées ou à des émotions, nous nous sentirons inquiets, agités, insatisfaits ou
nous éprouverons peut-être tout autre sentiment négatif.
Si nous pensons au passé, nous introduisons dans l’instant un souvenir du passé,
puis nous faisons alors l’expérience de la version de la mémoire du passé plutôt
que de faire l’expérience de l’instant présent. Nous faisons très souvent cela avec
des épisodes dérangeants du passé, ce qui ranime l’expérience désagréable et
obscurcit la paix et le contentement de l’instant présent. Même un souvenir
heureux peut nous faire quitter la paix et le contentement du moment présent et
nous faire souffrir, parce que songer à des moments heureux du passé nous fait
désirer l’expérience réelle que ce souvenir n’est pas capable de produire.
Chaque fois que nous nous identifions à nos pensées – n’importe quelle pensée –
nous perdons le contact avec la paix et le contentement de l’instant. Nous pouvons
présumer que ce qui se passe nous rend malheureux, mais c’est ce que nous
introduisons dans l’instant par la pensée. Lorsque vous vous rendez compte du
résultat qu’entraîne l’introduction de pensées dans l’instant présent, vous pouvez
choisir de ne pas prêter attention à vos pensées. Remarquez comment vous vous
détendez immédiatement, lorsque vous prêtez attention à ce qui est présent ici et
maintenant plutôt qu’à vos pensées et à vos sentiments.
Nous pensons avoir besoin de nos pensées et de nos sentiments pour fonctionner.
Nous pensons qu’ils font qui nous sommes, mais nous n’avons pas besoin de
109
pensées ni d’émotions pour fonctionner. Elles ne sont pas qui nous sommes. Elles
relèvent du faux moi que nous croyons être, mais elles ne sont pas ce qui vit en
nous, ce qui vit la vie et ce qui expérimente l’instant présent. Ce qui expérimente
l’instant présent, y compris ce qui est conscient de la contraction produite par
l’identification avec la pensée, est qui nous sommes.
Ce qui fait l’expérience de l’instant présent est très silencieux, contrairement au
mental égoïque qui bavarde constamment. Celui que nous sommes réellement,
c’est l’expérimentateur silencieux qui est vibrant et qui a l’expérience créée par le
faux moi. Vous pouvez prendre conscience du faux moi et commencer à créer plus
consciemment à partir de l’Essence. Vous n’avez aucunement besoin du faux moi
pour expérimenter la vie. Il n’a jamais été ce qui expérimente la vie, mais ce qui
vous a empêché de faire l’expérience joyeuse de la vie.
110
DEMEURER DANS L’ESSENTIEL DANS UN MONDE MOTIVÉ
PAR L’EGO
Demeurer dans l’Essentiel dans un monde motivé par l’ego n’est pas facile. Nous
trouver dans l’entourage d’egos peut nous attirer dans l’ego. Etre dans le monde
signifie non seulement être dans l’entourage d’egos, mais aussi dans l’entourage
de la pub, de la télévision et d’autres médias qui renforcent les valeurs de l’ego.
‘’Sois beau/belle, riche, puissant(e), sexy et jeune’’ nous susurrent les médias. Les
médias nous répètent cela à l’envi, à longueur de journée par l’entremise d’images
et de mots.
Les images sont un moyen particulièrement puissant pour nous conditionner. Elles
vont directement dans l’inconscient et le programment. Même si nous
n’apprécions pas ou n’approuvons pas les messages que nous recevons des
médias, ces messages peuvent quand même nous affecter. Le conditionnement
continue tous les jours. Ce n’est pas quelque chose qui s’est simplement produit,
quand nous étions jeunes.
Les images – et la télévision, en particulier – sont un moyen particulièrement
puissant pour programmer les enfants parce que, contrairement aux adultes qui
peuvent éteindre la télévision ou ignorer la pub, les enfants restent assis devant la
télé et absorbent tout ce qu’ils voient. Les enfants ne possèdent pas assez de
discernement pour savoir ce qui n’est pas vrai et ce qui n’est pas bon pour eux.
Comme des éponges, ils absorbent tout ce qui leur est présenté.
Aujourd’hui, les adultes et les enfants sont programmés de manière pernicieuse et
préjudiciable par les médias. Nous sommes programmés à vouloir des choses dont
nous n’avons nullement besoin et à manger des choses qui ne sont pas bonnes
pour nous. Et le pire, c’est que nous voyons régulièrement de la violence, ce qui
nous envoie le message que la violence est un moyen normal pour faire face à la
vie et qu’elle est une réponse acceptable aux difficultés. Penser que des images
violentes n’affectent pas les enfants, les ados et les adultes, c’est ignorer l’évidence
tout autour de nous et la prédominance de la violence dans notre culture, même
entre enfants, ce qui normalement n’arrive pas. Naturellement, les enfants se
bagarrent, mais ils ne s’entretuent pas. Aujourd’hui, même ceci arrive.
S’attendre à pouvoir demeurer dans l’Essence (l’Essentiel) pendant que nous
sommes bombardés par les médias qui véhiculent et propagent les valeurs de
l’ego, par l’ego d’autres personnes et alors que nous sommes soumis au stress et à
la tension d’un mode de vie motivé par l’ego, c’est par trop espérer !
111
Alors, que pouvez-vous faire ? Si vous voulez l’Essentiel (l’Essence) plus que
n’importe quoi d’autre, vous créez un style de vie qui la soutient, un mode de vie
qui offre de la place à l’Essence pour qu’elle puisse s’épanouir. Un tel style de vie
générera beaucoup moins de stress, de tensions et d’occupations, nettement
moins de luttes et d’efforts, et aura un rythme plus lent, plus paisible. C’est ce dont
le monde a besoin, de toute façon. Il n’a aucunement besoin de plus de gens qui
courent comme des dératés après tout ce que veut l‘ego. Ecologiquement, le
consumérisme nous a plongés jusqu’au cou dans les problèmes. En cherchant
notre bonheur dans les objets, nous détruisons l’environnement et nous gaspillons
nos ressources naturelles.
Consommer ne nous rendra jamais heureux. C’est maintenant évident !
Aujourd’hui plus que jamais, on doit choisir plus consciemment à quoi on consacre
son argent et son énergie. Si nous consacrons notre énergie et notre attention à ce
que veut l’ego, nous perpétuons un mode de vie motivé par l’ego, mais si nous
consacrons notre énergie et notre attention à ce qui est réellement en mesure de
nous apporter un bonheur authentique (par exemple, certaines relations, notre
créativité, notre développement personnel, le bénévolat, le volontariat, la
méditation et l’amour), alors nous découvrons que nous n’avons nullement besoin
de tant de choses et nous avons enfin le temps de simplement ÊTRE, et c’est ce que
nous avons toujours voulu, au bout du compte.
Si nous commençons, chacune et chacun, à nous créer un mode de vie qui soutient
l’Essentiel, le ton et la tonalité de notre société pourront se transformer et devenir
plus paisibles, plus humains et plus profondément satisfaisants. Dans notre culture,
une grande partie de la consommation et du consumérisme ne sont qu’une
malheureuse tentative pour combler un vide qui ne pourra jamais être comblé, un
gouffre égoïste qui n’est jamais satisfait. Et pendant ce temps-là, la nourriture
authentique est accessible et disponible, ici et maintenant, dans la simplicité de
l’instant…
112
UN MODE DE VIE POUR L’ÉVEIL
Le mode de vie de la majorité des Américains3 ne favorise pas l’Eveil. Il est conçu
pour atteindre les buts de l’ego : l’argent, le pouvoir, le statut, le confort, le plaisir,
la beauté, les biens matériels et la sécurité. La culture américaine ne manifeste
qu’un intérêt de pure forme pour les autres valeurs, comme l’amour, la bonté et
l’unité, mais les valeurs de l’ego priment.
Dans notre culture, nous voyons ce que veut l’ego comme indispensable. Nous ne
croyons pas que nous survivrons ou que nous serons heureux, si nous n’atteignons
pas un certain niveau de pouvoir, de confort, de sécurité et de bien-être matériel.
Le sentiment d’avoir besoin de ces choses est très profondément ancré, à un point
tel que souvent, nous ne remettons pas en cause notre dévotion à l’égard de ces
objectifs. Si nous remettons en cause ces valeurs, alors nous faisons face à
l’opposition et aux peurs des autres qui s’imaginent sincèrement que nous ne
serons pas heureux ou que nous ne survivrons pas sans privilégier d’abord les
valeurs de l’ego.
Fort heureusement, il y a beaucoup d’exemples qui prouvent le contraire de
personnes qui ont placé les désirs du cœur ou de l’Essence au-dessus des désirs de
l’ego et qui sont heureuses, comblées et qui survivent très bien. Nous supposons
devoir choisir entre les buts de l’ego ou suivre notre cœur, mais ces deux
possibilités ne s’excluent pas nécessairement mutuellement. Suivre notre cœur
peut aboutir à obtenir ce que désire l’ego, mais même si ce n’est pas le cas, la
plénitude qui est le fruit de suivre notre cœur est plus que suffisante et les choses
matérielles que nous aurions pu avoir ne nous paraîtront pas importantes.
Comme notre culture est tellement focalisée sur l’amusement et sur l’acquisition
de biens, les gens sont particulièrement occupés à travailler, à faire du sport, à se
déplacer et à faire du shopping. Leurs vies sont un tourbillon d’activités avec
rarement un instant pour simplement s’arrêter et voir ce qui se passe à un niveau
plus profond ou simplement expérimenter la plénitude de l’instant présent. Les
gens sont très fiers de pouvoir dire qu’ils travaillent très dur, qu’ils sont très
occupés et qu’ils n’ont pas le temps de se reposer. Dans une culture qui est
motivée par l’ego, on trouve peu de temps pour méditer, se promener dans les
bois (il en reste ?), être créatif, contempler le ciel, jouer avec les enfants ou
simplement…ÊTRE.
Le temps libre dont les gens disposent est souvent passé devant la télévision à
regarder la vie trépidante et embrouillée des autres. La publicité et la plupart des
programmes de télévision renforcent les valeurs de l’ego. Regarder la télévision
3
Et des Occidentaux, en général, NDT
113
nous fait vouloir être plus riches, plus beaux/plus belles, plus puissant(e)s, et
désirer plus de succès que nous n’en n’avons déjà et cela nous rend insatisfait(e)s
de nos vies. La télévision nous persuade que le bonheur réside dans les valeurs
superficielles de l’ego.
Vers où que nous nous tournions, nous sommes confrontés aux valeurs de l’ego et
à des gens qui s’efforcent d’avoir un meilleur look et de mieux paraître, d’être le
meilleur et d’obtenir plus et de meilleures choses. Pour nous réveiller de ce
cauchemar narcissique, nous devons préalablement voir que le monde que crée
l’ego est un cauchemar. Puis, nous devons être prêts à faire d’autres choix et à
structurer nos vies de manière à privilégier ce qui pour nous importe le plus.
Qu’est-ce qui importe le plus pour vous ? Que voulez-vous réellement ? C’est une
question très importante ! C’est très bien, si ce qui importe le plus pour vous, c’est
d’avoir ce que veut l’ego. En temps voulu, dans cette vie ou une autre, cela
changera. Comprenez seulement que l’Eveil n’est pas un moyen plus spirituel
d’obtenir ce que veut l’ego. L’Eveil, c’est réaliser que ce que veut l’ego est sans
rapport avec la vie, ni avec notre bonheur. Et que veut l’Essence ? C’est la
question ! Quel est le désir le plus profond de votre âme pour cette vie et cet
instant ? Si votre désir le plus profond, c’est l’Eveil, vous le ressentirez et vous serez
attiré par un travail, des activités, des personnes et un mode de vie qui
soutiendront cela.
Les gens commettent souvent l’erreur de croire qu’être spirituel ou éveillé veut
dire qu’ils devraient pouvoir faire n’importe quel type de travail, se trouver dans
n’importe quelles conditions de vie et être toujours heureux, peu importe à quel
point cette situation pourrait être inadaptée ou stressante. Quand bien même il est
possible d’être heureux à chaque instant, certains types de travail et certaines
conditions de vie nous conviennent mieux que d’autres4. Si vous êtes éveillé, vous
vous retrouvez naturellement dans des situations qui cadrent avec les intentions de
l’Essence à votre égard et vous évitez des situations qui ne cadrent pas. Si ce n’est
pas le cas, demeurer dans l’Essentiel et être heureux constituera un défi.5
S’impliquer dans du travail, dans des activités et avec des relations qui ne
s’alignent pas sur les intentions de l’Essence et qui ne soutiennent pas l’Eveil rend
l’Eveil plus difficile. Cela peut sembler évident. Néanmoins, les gens veulent
souvent s’éveiller, parce qu’ils se sentent coincés et malheureux dans la vie qu’ils
ont créée et présument que l’Eveil fera en sorte qu’il deviendra possible pour eux
d’être heureux dans de telles circonstances sans devoir changer quoi que ce soit. Il
4
A ce propos, le lecteur avisé pourra étudier avec intérêt l’article intitulé ‘’Le swadharma ou devoir personnel
de l’homme dans la Bhagavad Gita’’, de Swami Abhayananda, NDT
5
Idem pour cette épineuse question, NDT
114
est toutefois plus probable que l’Eveil nous fasse quitter des conditions inadaptées
plutôt que de nous permettre de demeurer dans de telles conditions.
Si votre vie s’aligne déjà sur les intentions de l’Essence, il sera infiniment plus
simple de trouver l’Eveil, spécialement si vous prenez le temps de méditer, de
rester tranquille et d’être, tout simplement. La méditation, la tranquillité,
simplement être sont importants avant et après l’Eveil, puisque cela nous aide à
nous aligner et à rester alignés sur l’Essence. Pour découvrir quelles sont les
intentions de l’Essence, nous devons nous situer dans l’instant présent. Une vie
remplie de stress, de tensions et d’investissement dans le mental égoïque nous fait
sortir de l’instant présent et nous fait perdre le contact avec l’Essence. L’Essence
peut toujours vous contacter, mais si vous vous consacrez au monde de l’ego,
écouterez-vous ?
L’Essence requiert une certaine quiétude quotidienne et la volonté d’écouter
l’Essence et d’être guidé par l’Essence, plutôt que par l’ego. L’ego tentera de nous
maintenir attaché à lui avec ses craintes de ne pas être assez riche, beau ou
puissant, de ne pas avoir assez, de ne pas être aimé, etc. Le mental égoïque nous
dira que suivre notre cœur est périlleux et que nous ne survivrons pas ou que nous
ne serons pas heureux, si nous ne l’écoutons pas. Ignorer de telles craintes
nécessite du courage et de la confiance. Alors, à qui ferez-vous confiance ? A l’ego
ou à l’Essence ? Qui est le plus fiable ? Qui est le plus digne de confiance ?
115
ÈME
4
PARTIE :
LES SECRETS DU BONHEUR
116
LE BONHEUR, C’EST ICI ET MAINTENANT
D’aucuns définiraient une vie réussie, comme une vie heureuse, aussi nous
essayons d’être heureux de multiples façons. Certains tentent d’arriver au bonheur
par des accomplissements et des choses matérielles, alors que d’autres utilisent
des moyens spirituels. Le problème, c’est que le bonheur n’est pas une chose à
atteindre ou à obtenir, mais bien quelque chose qui est déjà ici et qu’il faut
simplement remarquer. Si tenter d’obtenir le bonheur vous occupe, vous passez
sans doute à côté. L’ego s’efforce d’obtenir le bonheur en agissant, en possédant,
en étant quelqu’un, alors que l’ego spirituel essaye de l’obtenir en transcendant
tout cela. Pour l’ego, la liberté spirituelle ou l’Illumination n’est qu’une chose
supplémentaire à acquérir.
Vouloir le bonheur et la délivrance par rapport à la souffrance de l’ego sont des
désirs valables. Le problème, c’est que vouloir une chose implique que vous ne
l’ayez pas déjà ! Vous croyez que vous n’êtes pas libre, alors que vous l’êtes déjà.
Vous croyez avoir besoin de faire quelque chose pour être heureux, et ce n’est pas
le cas. Cette vérité est très difficile à saisir pour l’ego. L’ego ne remarque pas le
bonheur qui est déjà ici, car ce bonheur ne ressemble pas à ce que l’ego imagine,
ni à ce que l’ego veut qu’il ressemble.
Quand le vrai bonheur apparaît, cela embête l’ego. Il est trop simple et trop
ordinaire et avec lui, nous ne nous sentons ni spéciaux, ni au-dessus de la mêlée. Il
n’enlève pas nos problèmes, et c’est l’idée du bonheur de l’ego. L’ego ne veut plus
de difficultés, de maladies, de besoin d’argent, de travail, de mauvais sentiments,
rien qu’un plaisir, une béatitude interminable. Une telle perfection est l’idée de
l’ego d’une vie réussie, mais personne n’obtiendra jamais ce bonheur dont rêve
l’ego. L’ego nie la réalité de cette dimension, où des challenges sont nécessaires
pour évoluer et où les états béatifiques et les plaisirs vont et viennent.
Le bonheur sous-jacent à toute vie est le bonheur qui émane de simplement
exister. Le bonheur est en réalité une qualité de notre véritable nature, l’Essence,
qui aime les défis, parce que l’Essence aime la croissance qui en résulte. Elle intègre
toute la vie, pas seulement les moments agréables et les moments fun, mais aussi
les moments plus difficiles.
Alors, pour qui la vie est-elle difficile ? Le seul qui expérimente la vie comme étant
difficile, c’est l’ego qui s’est constitué à partir d’idées nous concernant et d’idées
que le moi conditionné entretient par rapport à la vie. De telles idées sont tout ce
qui interfère avec le vrai bonheur. Les idées – de simples pensées – nous
empêchent d’expérimenter la vie et le bonheur que l’Essence, qui vit à travers
nous, expérimente.
117
A tout moment, vous pouvez expérimenter le vrai bonheur, si vous remarquez
simplement que le vrai bonheur est ici et maintenant. Le vrai bonheur est
nettement plus subtil que l’élévation grisante que nous ressentons, quand nous
obtenons enfin ce que nous voulons, et qui ne dure jamais longtemps. L’ego désire
que le bonheur ressemble à une extase interminable, ce qui est aussi la raison pour
laquelle beaucoup veulent obtenir l’Illumination. Ils s’imaginent que l’Illumination
sera un état de béatitude sans fin, ce qui n’est pas le cas. En bref, l’ego voudrait
que chaque instant soit exaltant, mais la vie ne sera jamais ainsi. Personne n’a
jamais connu l’expérience d’une exaltation sans fin, ni d’une béatitude
interminable dans cette dimension et personne ne la connaîtra jamais.
Le vrai bonheur – le bonheur accessible et continu dans cette dimension – est un
contentement tranquille avec la vie et une ouverture et une disponibilité à la vie.
Le vrai bonheur est stable et constant, quoiqu’il semble aller et venir, car notre
attention fluctue. Généralement, nos pensées nous éloignent de la quiétude
heureuse de l’instant, parce que l’ego préfère le drame et les émotions à la paix.
En demeurant dans l’instant présent suffisamment longtemps, nous faisons
l’expérience de l’Essence qui se réjouit de la vie, qui se délecte de l’expérience
d’être vivante dans l’instant toujours changeant et mystérieux. Un tel
contentement et un tel amour de la vie sont le vrai bonheur. Il n’a pas l’exaltation
d’une expérience spirituelle, ni l’excitation de gagner à la loterie, mais à l’inverse
de ces expériences grisantes, le vrai bonheur ne fluctue pas.
En étant conscients de tout ce qui arrive dans l’instant, pas seulement de nos
pensées, nous constatons que la vie se déroule parfaitement, indépendamment des
tentatives de l’ego pour la manipuler. L’ego tente d’intervenir à tout moment,
comme si c’était lui le responsable pour modeler la vie, mais l’ego n’est pas aussi
puissant. Les interventions de l’ego nous éloignent de la vie pour nous emmener
dans son monde mental, où il crée une vie imaginaire remplie de rêves, d’espoirs et
de fantasmes – la vie qu’il veut.
Toutefois, la vie que l’ego veut ne se concrétisera jamais. Ce que veut l’ego est
irréaliste et est souvent déconnecté du flux de la vie, d’où naît la réalité. La vie ne
suit pas les désirs de l’ego. La vie a son propre dynamisme et sa propre raison
mystérieuse que l’on ne peut connaître à l’avance. L’ego n’aime pas ne pas savoir
et ne pas avoir le contrôle, aussi prétend-il pouvoir être le créateur de la vie et il
l’est via le mental, mais le monde mental que crée l’ego n’affecte pas la vie, sinon
en nous éloignant d’elle.
Le monde mental de l’ego est une illusion qui ne deviendra jamais réelle.
Cependant, l’ego croit réellement en ses illusions. Il croit que ses rêves et que ses
fantasmes pourront se concrétiser, s’il pense les pensées appropriées et s’il fait les
118
choses correctement. L’ego ne reconnaît pas que quelque chose d’autre est à
l’œuvre, engendrant la vie. Si nous sommes en contact avec ce qui engendre
réellement la vie plutôt qu’avec les idées de l’ego concernant la vie, nous avons
une chance d’être réellement heureux, non pas en raison de quelque chose qui se
passe, mais simplement parce que nous existons dans cet instant temporel qui
change toujours miraculeusement et parce que ce que nous sommes aime la vie.
Le moment présent est complet et satisfaisant, tel qu’il est. Il ne faut rien lui
ajouter. Le moment présent ne peut pas être amélioré, parce que le moment
présent est déjà aussi bon que possible. L’ego vous dira le contraire et vous
promettra sa version du bonheur, mais les promesses de l’ego sont vaines.
Pourchasserez-vous les rêves de l’ego ou bien êtes-vous prêt à voir que le bonheur
– le bonheur véritable et inébranlable – est déjà ici et que ce qui est ici est
suffisant ?
119
ÊTRE SATISFAIT
L’ego jette un coup d’œil à l’entour et dit : ‘’OK, il y a ceci…Quoi de neuf,
maintenant ? Il ne remarque pas ce qu’il y a ici, mais seulement ce qu’il n’y a pas. Il
néglige le potentiel de pouvoir profiter de ce qu’il y a ici et à la place, il imagine la
joie qu’il pourrait avoir dans le futur avec quelque chose d’autre. Il fantasme sur
des choses meilleures et de meilleures expériences, parce que l’ego est ainsi conçu.
Il est conçu pour se focaliser sur le futur et sur un but et non pour apprécier la
manière dont sont les choses.
C’est une bonne chose que Ce que nous sommes apprécie réellement la vie juste
comme elle est ou il y aurait peu de chance de bonheur. Le bonheur que nous
expérimentons émane de l’Essence qui aime la vie. Nous expérimentons aussi de
brèves explosions de bonheur, lorsque nous obtenons ce que nous voulons, mais
ce genre de bonheur ne dure pas, car l’ego en veut vite plus ou bien autre chose. Il
n’est jamais satisfait longtemps.
L’Essence est toujours satisfaite, puisqu’il y a toujours plein de choses qui peuvent
nous satisfaire – le ciel bleu, l’expérience en cours, et chaque instant est neuf et
différent. L’Essence aime expérimenter, par amour de l’expérimentation. Elle aime
voir ce qui va ensuite se produire. Lorsque l’ego n’obtient pas ce qu’il veut, lui se
plaint : ‘’Il ne se passe absolument rien ! Je m’ennuie ! Rien ne se passe !’’, raconte
l’ego – ce qui n’est jamais vrai, car il se passe toujours quelque chose. Ce que vous
voyez maintenant est différent de ce que vous avez pu voir il y a un moment.
L’ego prétend savoir ce qui va se passer et cette prétention le fait se lasser de la
vie, mais l’ego ne sait jamais réellement. Néanmoins, il n’aime pas ne pas savoir,
aussi prétend-il savoir. Si nous nous autorisons à ne pas savoir, la vie devient
beaucoup plus intéressante. A ce moment-là, nous pouvons expérimenter
l’excitation, la curiosité et l’amour que l’Essence éprouve à l’égard de la vie. Mais si
nous croyons les jérémiades de l’ego – ‘’Comme la vie est ennuyeuse ! Je
m’ennuie ! Il ne se passe absolument rien ! J’ai besoin d’autre chose !’’ – à ce
moment-là, l’ennui devient notre expérience.
Quand nous approchons l’instant présent comme le mystère qu’il est, la vie est
savoureuse et intéressante. Nous ne savons pas ce qui va arriver ensuite et nous ne
connaîtrons jamais l’avenir. C’est la vérité. Le mystère de la vie rend la vie
amusante. L’ego supprime le fun de la vie en exigeant que la vie soit à sa mode et
en déclarant ne pas aimer la vie, telle qu’elle est. Accepter le point de vue de l’ego
nous donne l’impression qu’il nous faut quelque chose en plus pour être heureux
que ce que nous avons déjà ici et maintenant.
120
Le gros mensonge est que nous ayons besoin de quoi que ce soit pour être
heureux. Le bonheur ou la joie de l’Essence qui expérimente la vie par notre
intermédiaire est accessible ici et maintenant. L’Essence apprécie tout du moment
présent et de l’instant suivant, quoi qu’il arrive. Elle apprécie le contact de votre
chaise, l’expérience communiquée par vos sens, la sensation du souffle qui entre et
qui sort de votre corps, le miracle qu’est votre corps, le fonctionnement de
l’univers, qu’il constitue un ensemble homogène qui soutient la vie, que les gens
soient bons et se soutiennent mutuellement, qu’ils apprennent de leurs erreurs,
que le mal évolue et qu’il se transforme finalement en bien. L’Essence apprécie
tout ! La vie est un tel don. Nous n’avons besoin de rien de plus pour apprécier
l’expérience de la vie comme un don et c’est le plus grand don de tous ! Quelle
bonté et quelle intelligence il doit y avoir derrière la vie pour qu’elle puisse
apporter tout ce qu’elle apporte. La vie est un miracle et une bénédiction.
121
À QUOI PRÊTEZ-VOUS ATTENTION ?
Lorsque nous nous situons dans le moment présent sans accorder toute notre
attention à nos pensées, comme nous le faisons généralement, nous découvrons
que beaucoup de choses font partie intégrante de l’instant présent, à côté de nos
pensées. L’ego ignore ces autres choses, estimant qu’elles ne sont ni importantes,
ni intéressantes. Si nous écoutons l’ego, nous n’aurons aucune chance de découvrir
ces autres choses par nous-mêmes. Il y a un certain nombre de choses à chaque
instant dont nous pourrions prendre conscience et celles-ci changent très vite.
Plutôt que de ne rien se passer, ce que pense l’ego, il se passe beaucoup de choses,
à chaque instant. A tout moment, nous pouvons expérimenter :
1. Une contribution de la part de nos sens (sensations énergétiques, sensations
corporelles, visions, sons, odeurs, saveurs…) ;
2. Des émotions qui émanent de l’ego (colère, dégoût, frustration, tristesse,
bonheur, peur, honte, jalousie, envie, culpabilité, haine, avidité,
concupiscence, excitation…) ;
3. Des pensées (désirs, souvenirs, fantasmes, jugements, critiques, opinions,
croyances, doutes, espoirs, souhaits, projets, répétitions pour l’avenir,
réminiscences du passé, d’autres idées et conditionnements) ;
4. Des communications qui émanent de l’Essence (intuitions, impressions
psychiques, inspirations, éclairs de lucidité, idées, créativité, connaissance,
clarté, sagesse, motivation, exhortations à agir et à s’exprimer…) ;
5. Des états ressentis qui émanent de l’Essence (amour, paix, joie,
émerveillement, félicité, acceptation, allégresse, gratitude, bonheur,
compassion, contentement).
A chaque instant, beaucoup de ces choses arrivent en même temps, aussi faut-il
prêter attention à beaucoup de choses. Prêter attention aux communications et
aux sentiments qui émanent de l’Essence est très important, puisqu’ils sont
destinés à guider notre vie. Prêter attention aux sensations est également
important, puisqu’elles nous gardent dans notre corps et non dans notre tête.
Lorsque nous nous apercevons que nous nous sommes identifiés au mental
égoïque, prêter attention aux sensations nous ramène dans l’instant présent et
l’Essence.
D’un autre côté, prêter attention aux pensées et aux émotions qui en résultent
nous fait quitter l’Essence et nous plonge dans l’identification avec l’ego, si nous
croyons ces pensées et ces émotions. Sans les pensées, les seuls ‘’sentiments’’ qui
apparaîtraient émaneraient de l’Essence : amour, joie, allégresse, bonheur,
contentement, gratitude, acceptation, émerveillement et paix. Ce ne sont pas des
émotions, mais plutôt des états ressentis positifs.
122
A tout moment, notre attention se balade. Elle peut passer d’une pensée à un
sentiment, à une sensation corporelle, à une intuition, à une vision, à un son, à une
autre sensation corporelle, à une autre pensée, à une sensation du corps
énergétique, à un émerveillement, à la paix, au contentement et puis, à une autre
pensée, chaque instant étant unique dans l’expérience qu’il propose et chaque
instant se métamorphosant continuellement en l’instant suivant.
Nous n’avons aucun contrôle sur ce qui apparaît à chaque instant, mais nous
pouvons contrôler où va notre attention et c’est cela qui détermine notre
expérience. Chaque moment peut être une expérience de paix et de contentement
ou de contrariété et d’insatisfaction, en fonction de ce sur quoi se porte notre
attention. Si celle-ci se porte sur des pensées et sur des émotions et si nous nous
identifions à elles, nous n’expérimenterons pas la paix, ni le contentement, mais si
elle se porte sur notre expérience sensorielle ou des sentiments, intuitions,
incitations et inspirations positives qui émanent de l’Essence, nous serons satisfaits
et heureux. L’attention est le secret du bonheur !
123
SUFFISAMMENT BON
Pour l’ego, rien n’est suffisamment bon et si nous adoptons son attitude, nous ne
serons jamais heureux. Pour contrebalancer cette voix mentale qui est rarement
satisfaite et qui pousse toujours à plus et mieux, se dire que c’est suffisamment
bon peut être très utile. Cela peut neutraliser l’impact négatif de la conviction de
l’ego qu’une chose n’est pas suffisamment bonne. Remarquez comment vous
pouvez juste vous détendre, si votre attitude est ‘’suffisamment bonne’’ plutôt que
pas assez.
Le mental vous dira que c’est là une conclusion dangereuse, parce que vous ne
réussirez pas – vous ne serez pas suffisamment bon en vous contentant de quelque
chose d’assez bon. Si nous n’avions pas l’impression que tout ce qui n’est pas assez
bon ne donnait une mauvaise image de nous-mêmes, de notre image personnelle,
alors quelque chose qui n’est pas suffisamment bon n’aurait pas autant
d’importance.
Nous décidons qu’une chose n’est pas suffisamment bonne (suffisamment bonne
pour qui ?), et puis nous tentons de l’améliorer. Celui pour qui la chose n’est pas
suffisamment bonne, c’est le moi, celui que nous pensons être. N’est-ce pas
intéressant qu’une image personnelle puisse avoir autant de pouvoir ? Notre
image personnelle nous incite à nous conduire selon certain(e)s modes.
Nous sommes poussés par l’ego à entretenir une idée de nous-mêmes qui est plus
parfaite que nous le sommes peut-être. Après tout, nous ne sommes pas vraiment
parfaits, n’est-ce pas ? Personne ne l’est, mais nous luttons contre cette réalité en
travaillant très fort à être meilleurs que nous l’avons été dans le passé ou meilleurs
que quelqu’un d’autre. Nous nous fixons des standards irréalistes et quand nous
ne nous montrons pas à leur hauteur, nous en concluons que nous ne sommes pas
assez bons ou pas encore, en tout cas. Alors, ne pas être assez bon devient notre
image personnelle et nous devenons fort (pré)occupés à essayer d’être meilleurs.
Tous ces efforts gâchent la joie de vivre et la joie de nos accomplissements qui en
fin de compte ne seront toujours pas assez bons. Il n’y a pas de fin à la perfection
et aux accomplissements qu’exige l’ego. Nous n’en n’aurons jamais terminé de
tenter d’obtenir ce que veut l’ego.
L’antidote à la lutte et à la souffrance, c’est de voir que tout ce qui est, est
suffisamment bon. Le voir nous permet de respirer et de pouvoir répondre à
l’instant plus purement à partir de l’Essence. Comment et où l’Essence nous meutelle, si tel est le cas ? Nous découvrons la réponse à cette question en observant ce
qui se manifeste maintenant. Y –a-t-il une inspiration ou une incitation à agir d’une
manière spécifique ? L’Essence nous pousse à accomplir notre vie par l’inspiration
et par des incitations et pas par des sentiments honteux d’inadéquation, comme le
124
fait l’ego et l’Essence ne poursuit pas les mêmes choses que l’ego. Elle poursuit ce
qui a du sens pour notre projet de vie, ce qui ne peut être connu qu’en prêtant
attention au moment présent et pas aux règles, aux désirs et aux exigences de
l’ego.
L’ego est un mentor exigeant. Cela ne serait pas si mauvais, si ce que l’ego nous
poussait à accomplir était probant en fin de compte et nous conduisait au véritable
bonheur, mais ce n’est pas le cas. L’ego est un faux mentor qui nous éloigne
souvent de ce qui est le plus important dans la vie. Il nous pousse implacablement
et sans aucune compassion vers ses objectifs qui s’opposent à notre véritable
bonheur. A un moment donné, nous devons dire non à l’ego et oui au Cœur, en
lieu et place.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas des moments où accomplir quelque chose le
plus parfaitement possible ne soit pas requis. L’Essence sait quand la perfection est
requise, par exemple, pendant une opération, si vous êtes chirurgien. Par ailleurs,
l’ego exige la perfection pour quasiment tout et plus on l’écoute, plus il devient
dictatorial. Ceux qui ont appris à ignorer l’ego sont tout de même performants,
quand c’est nécessaire.
L’ego et son exigence de perfection ne nous amènent pas à être plus performants,
en fait. Si nous nous identifions à lui, il est probable que nous nous absorbions
dans nos pensées. Le fait d’être inattentif à l’instant présent nous rend inefficients
et malhabiles et interfère avec l’action juste et spontanée qui émane de l’Essence
naturellement. Nous pensons que le mental égoïque nous assiste dans nos tâches,
mais en réalité, il est inutile et même contreproductif. Nous nous en rendons
compte si nous sommes simplement présents à tout ce que nous faisons, sans
penser, et si nous permettons à l’Essence d’agir par notre intermédiaire.
Agir spontanément à partir de l’Essence peut paraître mystérieux, mais vous le
faites tout le temps, en réalité. Lorsque vous commencerez à remarquer toutes les
manières par lesquelles vous répondez déjà naturellement à la vie, vous vous fierez
davantage à ce mode de vie et vous vivrez plus à partir de l’Essence et moins à
partir de l’ego. Mais pour vivre à partir de l’Essence, vous devez être prêt à
transférer votre attention de vos pensées à tout ce qui survient dans l’instant.
Quelles actions êtes-vous poussé à accomplir ? Quelles paroles êtes-vous incité à
dire ? Quelles sont les opportunités qui se présentent ? Quelles sont les
informations ou les idées qui émergent ?
L’Essence ne gaspille pas son temps à perfectionner ce qui n’a pas besoin de l’être,
ni à agir inutilement (par exemple en ramassant la dernière particule de poussière),
mais si une chose requiert son attention, l’Essence est assez sage que pour lui
accorder son attention. La sagesse est inhérente en nous et elle opère
125
principalement par le biais de notre intuition. Nous n’avons pas besoin du mental
égoïque pour nous guider. La sagesse ne se situe pas dans le mental égoïque. Tout
ce que le mental égoïque a pour nous, ce sont des platitudes et des règles et
aucune sagesse réelle par rapport à ce que nous devons savoir maintenant. Pour
une véritable sagesse, vous devez vous situez dans l’instant présent, puisque c’est
de là qu’émane la sagesse. Si vous êtes occupé à écouter les suppositions, les
opinions et les convictions programmées du mental, vous manquerez la sagesse
accessible depuis l’Essence.
126
LA BÉNÉDICTION CACHÉE DE LA LIMITE
Avec tous les discours actuels sur l’abondance, j’aimerais placer quelques bons
mots en faveur de la limite. L’expérience de la limite – qu’elle entoure l’argent, les
relations, le succès, la beauté, la santé ou n’importe quoi d’autre – n’est pas une
erreur. Si nous faisons l’expérience de la limite, c’est que c’est la bonne expérience
pour l’instant. La limite est un fait dans la vie et elle fera partie de notre
expérience, de multiples façons, jusqu’à ce que nous quittions ce monde. La limite
a toute son utilité et cette utilité, c’est généralement de nous faire évoluer d’une
manière ou d’une autre. Une fois que cette évolution est terminée, il est
vraisemblable que cette limite disparaisse ou alors, ce qui était perçu comme un
facteur limitant ne sera plus perçu ainsi.
Nous avons tendance à faire de l’expérience de la limite une affaire personnelle.
Ou nous nous sentons persécutés par certaines limites ou nous nous blâmons à
cause d’elles. Nous pensons que nous ne devrions pas vivre une telle expérience et
nous imaginons combien la vie serait meilleure sans elle. C’est le point de vue ou la
perspective de l’ego et il n’apporte que de la souffrance, puisqu’il n’est pas vrai. Si
nous vivons une expérience, c’est que nous devrions vivre une telle expérience.
Pour l’Essence, la vie ne serait pas meilleure sans cette expérience. Il est beaucoup
plus juste de voir une limite comme nous étant utile, d’une façon ou d’une autre,
comme nous étant profitable. Voir ainsi nous libère de la souffrance de l’ego et
nous aide à apprendre ce que l’Essence veut que nous apprenions de cette
expérience.
La limite est particulièrement difficile pour l’ego, parce que l’ego a l’illusion de
pouvoir rendre la vie meilleure. Lorsqu’il est confronté au sentiment d’impuissance
généré par une limite, l’ego souffre beaucoup. Il est gêné et contrarié de ne pas
pouvoir faire apparaître ce qu’il désire. Aussi la souffrance de l’ego est-elle
double : il souffre de ne pas avoir ce qu’il veut et son identité en subit un coup,
lorsqu’il découvre qu’il ne peut pas obtenir ce qu’il désire.
C’est en réalité une bonne chose. L’incapacité de faire apparaître ce que nous
voulons est une chance pour réaliser qu’il y a quelque chose de plus que les
objectifs, les besoins, les perceptions, les convictions et les désirs de l’ego. Quelque
chose d’autre a aussi le pouvoir de façonner la vie – l’Essence qui peut avoir des
intentions qui s’opposent aux projets de l’ego. Contrairement à celles de l’ego, les
intentions de l’Essence n’ont pas trait à la satisfaction du désir, mais à la croissance
émotionnelle et spirituelle, à la créativité, au développement des talents, de
l’amour et d’autres qualités et à l’expérience par amour de l’expérience. L’Un veut
expérimenter la vie par notre intermédiaire et parfois, ce dont il veut faire
l’expérience et ce qu’il veut que nous apprenions requiert des circonstances
difficiles, des défis ou des limites.
127
L’Essence utilise parfois la limite pour apporter des leçons, pour opérer un
développement ou pour nous encourager à changer de trajectoire ou modifier
notre façon de penser. Les limites possèdent une grande valeur, parce qu’elles
développent la patience, la retenue, la modération, l’autonomie et d’autres qualités
positives. Elles nous façonnent et nous modèlent comme rien d’autre n’est en
mesure de le faire. Elles nous motivent aussi à développer des talents et des
aptitudes que nous n’aurions pas pu développer autrement. Et les limites nous
poussent également plus profondément à l’intérieur de nous-mêmes et alimentent
la recherche spirituelle ou notre auto-investigation. Nous explorons les questions
émotionnelles, psychologiques et spirituelles pour essayer d’arranger nos
problèmes. Et lorsqu’on ne peut plus s’offrir les distractions de l’ego en raison d’un
manque de ressources, on découvre d’autres moyens pour être heureux. Avec un
peu de chance, nous apprendrons à être heureux dans la simplicité avec ces
moments très simples et sans complications. Les limites et la souffrance qu’elles
génèrent nous réveillent de l’état égoïque de la conscience. La souffrance met
l’ego à genoux et c’est une bonne chose.
Les limites sont parfois créées par la pensée négative plutôt que par l’Essence.
Dans ce cas, c’est aussi la bonne expérience. La souffrance que nous provoquons
en nous limitant nous-mêmes peut nous inciter à nous libérer des croyances qui
nous limitent. Une telle évolution pourra prendre plus d’une vie et c’est souvent le
cas, mais à l’heure actuelle, avec toutes les ressources qui existent pour
comprendre la psychologie et les émotions, on peut dépasser ses problèmes
émotionnels et ses pensées négatives beaucoup plus vite. L’évolution est
maintenant fortement accélérée de par toute l’information et de par toutes les
nouvelles techniques de guérison qui sont disponibles.
C’est lorsque nous renonçons face à ce qui nous limite que nous découvrons les
dons qu’il y a dans cette limite. S’opposer à ce qui nous limite est ce qui provoque
la souffrance, et non la limite elle-même. Si la limite est acceptée, il n’y a aucune
souffrance, mais l’acceptation ne vient pas facilement, parce que la plupart d’entre
nous entretiennent la conviction profondément ancrée que le facteur limitant
persistera, si nous l’acceptons. Mais c’est tout l’inverse. Si nous acceptons une
limite, nous pouvons apprendre de cette limite et une fois que nous aurons appris
de cette limite, nous en serons libres ou bien nous serons au moins libérés de la
souffrance par rapport à elle.
Une fois que nous cessons de résister à une expérience, nous trouvons qu’aucune
expérience n’est entièrement mauvaise, comme le pense l’ego. Chaque expérience
a ses avantages et on peut aussi trouver des avantages à la limite – bien que l’ego
ne soit pas celui qui découvrira cela. L’acceptation nous aligne sur l’Essence et à ce
moment-là, il est possible d’expérimenter la limite, comme l’Essence l’expérimente
et d’expérimenter la paix, le contentement et la joie de l’Essence. Alors apprendre
128
ce que l’Essence tente de nous apprendre par cette limite devient beaucoup plus
facile. L’Essence nous guidera par le biais de notre intuition pour apprendre ce que
nous sommes censés apprendre et pour faire ce que nous sommes censés faire au
milieu de ces limites.
Nous pouvons même trouver le bonheur dans des circonstances restrictives en
étant très présents dans l’instant plutôt qu’à nos pensées qui nous empêchent de
découvrir le don qu’il y a dans la limite et dans toute autre expérience. L’ego veut
que les choses soient à sa mode et puisque ceci arrive rarement, il est toujours
malheureux. Mais en nous en remettant à la manière dont sont les choses, nous
découvrons que la vie se dirige miraculeusement vers davantage de bonté,
davantage d’harmonie, davantage de croissance et davantage d’amour – ce que
nous voulons vraiment.
Pour être heureux – peu importe ce qu’il se passe – nous devons vouloir grandir et
expérimenter, plutôt que vouloir ce que nous voulons. Une fois que ce sera le cas,
nous n’aurons plus besoin de limites pour nous apprendre, puisque nous
accepterons ce que la vie tente de nous enseigner à chaque instant. Lorsque nous
prêtons attention à l’instant présent plutôt qu’au mental égoïque, la vie se déroule
plutôt merveilleusement, sans les luttes ni la souffrance que crée l’ego.
129
AIMER CE QUI EST
Aimer et accueillir tout ce qui se passe est le seul choix qui est sensé. L’alternative
est de rejeter la manière dont se manifeste la vie et d’en souffrir. Si rejeter la réalité
et argumenter contre elle pouvait changer la manière dont sont les choses, alors
agir ainsi pourrait être compréhensible, mais pester contre la manière dont sont les
choses nous rend seulement malheureux. Tout au long de la majorité de notre
évolution, nous ne réalisons pas que nous avons le choix entre souffrir et ne pas
souffrir.
Nous sommes programmés à écouter le mental égoïque qui rejette la vie. Quand
bien même des tas de choses peuvent être juste bien et très agréables à un
moment donné, le mental trouve fréquemment quelque chose qui pourrait ou
devrait être mieux et se focalise dessus. L’ego est conçu pour agir ainsi. Nous ne
réalisons pas que la voix de l’ego – la voix dans notre tête – n’est pas la voix de la
vérité ou de la sagesse. Elle paraît vraie, nous la croyons et nous présumons que ce
qu’elle dit est notre conviction personnelle. Nous nous identifions à son point de
vue et nous y accrochons, comme s’il était vrai.
Quelle bénédiction lorsque nous voyons enfin que nous n’avons pas besoin
d’adhérer aux perceptions du mental égoïque, lorsque nous voyons que ces
perceptions nous ont seulement fait souffrir. Le point de vue de l’ego est un point
de vue négatif et étroit. Il y a tant de choses qui sont omises dans les histoires qu’il
raconte. L’ego rejette et apprécie peu de choses concernant la vie. Quand nous
adhérons ou quand nous nous identifions au mental égoïque, nous nous sentons
négatifs et petits, étroits et contractés.
Pourquoi l’ego rejette-t-il la vie et résiste-t-il à la vie ? Rejeter quelque chose
procure au faux moi le sentiment d’exister comme quelqu’un qui a son avis, un
problème à résoudre et quelque chose à faire. Alors, la vie devient une
amélioration de nous-mêmes et des choses pour que la vie soit meilleure, de
manière à ce que l’ego soit finalement heureux et en paix.
Mais peu importe à quel point nous travaillons dur à nous améliorer, ainsi que les
choses qui nous entourent, nous et la vie ne serons toujours pas suffisamment
bons pour l’ego. Jamais il ne se reposera, puisque cesser de rejeter la vie
signifierait sa mort. Si le moi était bien, comme tel, il perdrait toute définition et il
n’y aurait plus le sentiment d’un moi distinctif. L’ego n’aurait plus le pouvoir et ce
qui demeurerait pour diriger le corps-mental serait ce qui est là depuis toujours,
insufflant et vitalisant le corps – l’Essence.
La dissolution de l’ego est l’objectif de la voie spirituelle, mais ce n’est pas
l’objectif de l’ego qui, sans surprise, s’oppose à sa propre fin, aussi l’ego continue-
130
t-il à critiquer tout ce qui est expérimenté. L’ego ne meurt pas réellement, bien
qu’il puisse passer tellement à l’arrière-plan qu’il est à peine apparent. Quand nous
retirons notre attention du mental égoïque, l’ego devient faible et impuissant. Il
est toujours là, mais il a perdu sa capacité à nous diriger. Si l’ego est faible, il est
beaucoup plus facile à ignorer. Si nous ignorons le mental égoïque, nous nous
retrouvons dans l’instant et en paix, nous ne luttons plus contre la vie, mais nous
surfons sur elle.
Quand nous glissons dans l’Essence, nous expérimentons l’acceptation naturelle de
la vie, comme elle est, du sentiment du oui à tout ce qui se passe. Quand nous
adhérons enfin à la vie, quel soulagement ! Une telle paix, un tel contentement,
c’est ce que chacun veut réellement. Généralement, nous expérimentons ces
sentiments, quand la vie va enfin dans notre sens (celui de l’ego). Alors, nous nous
détendons – jusqu’à ce qu’arrive la prochaine chose que nous n’aimons pas.
Nous ne devons pas attendre que les choses aillent dans notre sens (celui de l’ego)
pour être heureux. Nous pouvons constater que les choses vont toujours dans
notre sens (en tant qu’Essence), quoi qu’il arrive. La perspective de l’ego est que la
vie ne va pas dans son sens et la perspective de l’Essence est que tout va bien.
Quand nous expérimentons la vie en tant qu’Essence, nous sommes en paix.
Quand nous expérimentons la vie en tant qu’ego, nous sommes malheureux. C’est
aussi simple que cela !
Pourquoi devrions-nous choisir une perspective qui génère l’insatisfaction plutôt
que l’autre ? C’est une bonne question ! La majorité des gens ne réalisent pas qu’ils
ont le choix. Réaliser que nous avons le pouvoir de choisir notre perspective est le
commencement de la liberté. Nous pouvons choisir comment nous percevons la
vie. Nous pouvons choisir l’histoire que nous racontons sur la vie. L’histoire peut
être une histoire triste ou fâcheuse, ou ce peut être une histoire qui nous permet
d’être heureux et en paix avec la vie.
L’Essence aime tout ce qui se passe, tout ce qui arrive, puisque soit Elle l’a créé, soit
Elle nous a permis (à l’ego) de le créer pour notre croissance ou pour notre
évolution. Ce que nous apprenons à aimer, par rapport à tout ce dont nous faisons
l’expérience, c’est comment c’est parfaitement adapté pour soutenir notre
évolution vers plus d’amour, de paix, de sagesse, de compassion, de courage, de
patience et de compréhension. La vie est parfaitement conçue pour nous faire
évoluer et c’est ce qu’il y a d’appréciable, à chaque instant.
Que l’ego aime ce qui se passe ou non est hors de propos. Il appréciera ou non, il
se réjouira ou il se chagrinera, il rejettera ou il acceptera conformément à ses
perceptions. L’ego crée des sentiments de bonheur ou de tristesse avec ses
perceptions. Ces sentiments vont et viennent, comme les conditions météo, ils
131
reflètent simplement les préférences de l’ego. Un bonheur qui va et vient aussi
facilement n’est pas le bonheur que nous recherchons, parce qu’un bonheur aussi
éphémère ne nous comblera jamais. Le bonheur auquel aspire notre âme, c’est le
bonheur qui émane de la connaissance de la vérité concernant la vie et qui nous
sommes réellement. Le vrai bonheur vient de découvrir par nous-mêmes la bonté
qui est au cœur de la vie et que l’on peut faire confiance à la vie. Une fois que nous
réalisons que la vie est bonne, accueillir tout ce qui se passe est facile, puisque
nous savons que, quelle que soit l’expérience, c’est précisément la bonne
expérience, au moins pour l’instant.
132
ACCUEILLIR L’INSTANT
Le moment présent est le seul moment que nous avons. Le passé est révolu et le
futur doit encore être. Et quand le futur adviendra, il sera expérimenté comme un
simple moment, comme celui-ci. Même un événement spectaculaire, comme un
gros gain ou une grosse perte, n’est que brièvement expérimenté avant de passer
et d’être remplacé par une autre expérience. Les gains et les pertes du passé sont
introduits dans le moment présent par le mental qui tente de s’accrocher à ce qui
s’est passé ou de le modifier. Tenter de réexpérimenter ou de modifier quelque
chose du passé engendre de la souffrance, parce que cela nous fait sortir du
moment présent et parce que cela nous implique avec le désir de quelque chose
qui ne peut pas être. Le passé et même le moment présent ne peuvent pas être
différents de ce qu’ils sont, puisqu’il est déjà trop tard pour cela. Désirer quelque
chose d’autre que ce qui est réel et vrai maintenant engendre de la souffrance.
Nous souffrons, soit parce que notre mental refuse d’accepter quelque chose du
passé ou bien tente de s’y accrocher, soit parce qu’il soupire après quelque chose
qui n’est pas là. Quand nous nous situons dans le moment présent et quand nous
l’expérimentons pleinement sans vouloir qu’il soit différent, il n’y a aucune
souffrance. Les circonstances du moment sont ce qu’elles sont, quelles qu’elles
soient, jusqu’à ce que cela ne soit plus le cas, ce qui sera bientôt le cas, car ce qui
se manifeste dans le moment présent change perpétuellement. S’efforcer de
garder l’extase ou tout autre sentiment ou expérience nécessite beaucoup d’effort
mental et ne réussit jamais. La vie continue à avancer.
Le chagrin peut perdurer pendant très longtemps, parce que le mental égoïque
réactive la douleur du passé en ressassant le passé et en racontant de pénibles
histoires à son sujet qui entretiennent la douleur. Sans ces histoires, les expériences
éphémères de chagrin passeraient rapidement comme des orages. Le mental
égoïque crée des émotions qu’il alimente via la répétition d’histoires. Le chagrin
est une réponse naturelle à une perte, mais une perte ne peut être expérimentée
répétitivement que par la pensée. La perte a déjà eu lieu et ne pas l’accepter
maintient vivaces la peine et la douleur. Accepter la perte nous permet d’avancer
et d’expérimenter l’instant présent et ce qui prend la place de ce qui a été perdu.
Avec chaque fin, il y a un nouveau début. S’accrocher au passé rend difficile de voir
ce qui tente de prendre la place de ce qui est parti.
L’acceptation n’est pas difficile, lorsque vous voyez que l’alternative, c’est souffrir.
Nous finissons par accepter la vie, parce que l’alternative est trop douloureuse. La
vie nous apprend à accepter ce qu’elle nous apporte, parce qu’autrement, nous
souffrons. Nous en arrivons à voir que vouloir discuter avec la réalité ne nous
cause que de la peine à nous et à notre entourage. Cela ne change pas la réalité.
Ceci peut paraître évident, mais pas pour l’ego qui est pareil à un enfant qui n’en
133
fait qu’à sa tête. Fort heureusement, nous ne sommes pas l’ego, mais ce qui est en
mesure d’observer l’ego et de voir que nous créons notre propre souffrance en
adoptant le point de vue de l’ego. Lorsque nous nous détachons suffisamment de
l’ego pour le voir, nous nous libérons de sa souffrance. Alors, il nous est possible
de nous en remettre au moment présent et même d’en profiter juste pour ce qu’il
est.
Nous pouvons apprendre à devenir des aventuriers dans notre attitude à l’égard
de la vie. Nous pouvons apprendre la joie de voir ce qui va ensuite se passer. Nous
pouvons apprendre à devenir quelqu’un qui embrasse tout ce qu’apporte la vie. La
vie change tout le temps et peut devenir une fameuse surprise. Lorsque nous
faisons l’expérience du moment présent sans les jugements ni les désirs de l’ego, la
vie devient intéressante et curieuse. Sans préférer que notre expérience soit autre
que ce qu’elle est, nous découvrons que le moment présent est plus que correct, il
est juste bien !
134
DIEU EST DANS LES DÉTAILS
Une des raisons pour lesquelles nous refusons de nous situer dans le moment
présent, c’est que nous négligeons les détails que nous expérimentons. Il y a
beaucoup de moments ordinaires qui semblent identiques à d’autres moments que
nous avons vécus. Nous nous levons et nous faisons la même chose chaque matin,
nous promenons le chien sur la même voirie, nous cuisinons la même nourriture et
nous conduisons sur les mêmes routes. Pour l’ego, les routines de la vie paraissent
ennuyeuses. Il présume que ces moments routiniers sont pareils à d’autres
moments similaires et donc, il ignore ce qui se passe réellement. L’ego nous attire
dans des pensées relatives à autre chose qu’il estime plus intéressantes et plus
excitantes. Il tente de nous faire sortir du moment présent pour nous faire entrer
dans son monde imaginaire et nous sommes particulièrement prêts à nous
identifier à lui, quand nous faisons quelque chose que nous avons déjà fait à
maintes reprises auparavant.
Mais la vérité, c’est qu’aucun moment n’est pareil et on ne peut pas expérimenter
la joie réelle en vivant dans le monde mental de l’ego où toutes les pensées se
rapportent à moi et comment va ma vie. Pour expérimenter la joie, nous devons
être présents à ce qui est réel, à ce qui se passe maintenant. Si nous présumons
que le moment présent n’est pas intéressant ou ne vaut pas la peine qu’on lui
prête attention, comme le fait l’ego, alors nous ne découvrirons ni la joie
inhérente, ni la qualité vivante, ni le contentement, ni la valeur de nous situer dans
l’instant présent.
Si nous sommes présents à tout ce qui se passe, nous découvrons la joie
qu’expérimente l’Essence dans la vie, y compris dans les détails de la vie. Il y a de la
joie à observer la lumière qui se reflète sur l’argenterie, les particules de poussière
qui dansent dans un rayon de lumière, la satisfaction sur le visage d’un chien, la
manière dont tombent les plis d’une tenture, les ombres projetées par les rochers,
les nuages qui changent de formes, l’odeur des feuilles tombées ou le goût du
beurre sur le pain, par exemple. Si nous sommes attentifs, nous saurons profiter
d’une variété infinie de choses dans l’instant présent, mais nous devons être prêts
à remarquer les petites choses, les détails, parce que les détails sont ce qui
distinguent un moment de tous les autres.
L’ego voit quelque chose qu’il a vu des centaines de fois et il présume qu’il connaît
cette chose. L’esprit pourrait y penser, l’analyser, la juger ou simplement la
négliger. Il ignore une chose ou une expérience et il substitue des pensées à
l’expérience. En considérant qu’il a déjà vu cette chose ou qu’il a déjà eu cette
expérience, l’ego manque ce qu’a à offrir l’instant où se trouvent le jus et la vitalité
de la vie. Le monde mental de l’ego est sec. Son monde manque de connexion
avec l’expérience sensorielle réelle. La richesse d’être en vie passe par nos sens.
135
Quand nous expérimentons ce qui passe par nos sens, nous nous sentons vivants
et nous ressentons la joie que ressent l’Essence en étant vivante.
Quand nous cessons de considérer le jugement des choses du mental égoïque
comme vrai et quand nous nous permettons de vivre pleinement et dans tous ses
détails l’expérience que nous avons, nous expérimentons enfin le bonheur et la
paix que promet l’ego, mais qu’il ne peut pas offrir. L’ego nous offre son monde
conceptuel, mais le monde de l’ego a un prix élevé, le prix de l’expérience. Si nous
accordons notre attention à nos pensées concernant une expérience, nous perdons
le contact avec l’expérience réelle. Nous ne pouvons pas réellement avoir
l’expérience et les pensées qui la concernent, simultanément. Notre attention se
focalise sur l’un ou l’autre, même si elle peut osciller très rapidement entre les
deux.
Quand nous sommes présents à ce que nous expérimentons, nous remarquons
toutes sortes de détails sensoriels qui sont habituellement négligés. Ce qui est
surprenant, c’est le degré de joie que l’on peut ressentir en expérimentant
pleinement les choses les plus simples : la chaleur du soleil, la douceur du tissu
contre le corps, l’éclat du ciel bleu, la spongiosité de la terre sous nos pieds,
l’odeur d’un pin ou un bourdonnement au loin. L’ego ne se satisfait pas de telles
expériences, car rien ne le satisfait. Nous ne nous satisfaisons pas de telles choses,
quand nous nous identifions à l’ego, puisque l’identification au mental nous
empêche de les expérimenter pleinement. Mais qu’est-ce que la vie, sinon
l’expérience de ces choses simples ?
Le mental égoïque fait de la vie un drame. Au centre du drame de la vie, il y a le
moi, alors que la vie n’est réellement que l’expérience d’un simple moment après
l’autre. Ce qui expérimente la vie, c’est ‘’rien, ni personne’’ – c’est la vacuité
spacieuse qui est notre véritable nature. Sans les interprétations, les jugements, les
peurs, les doutes et d’autres superpositions du mental sur l’instant présent, la vie
est une simple expérience sensorielle dépourvue de problèmes. Cette expérience
sensorielle réelle est plus que suffisante pour être heureux. En réalité, ressentir
pleinement la vie est le secret du bonheur.
136
IL Y A TOUJOURS QUELQUE CHOSE À AIMER !
L’alternative au rejet de quelque chose par rapport à la manière dont sont les
choses – ce que fait l’ego – c’est trouver quelque chose à aimer par rapport à elle.
Il y a toujours quelque chose à aimer, à chaque instant. Pouvez-vous trouver une
sensation, quelque chose de beau ou encore un son agréable ? Y a-t-il un soupçon
de tranquillité, d’amour ou de contentement ? La planète est-elle toujours entière ?
Etre heureux ou pas est largement fonction de ce sur quoi on se focalise. L’ego
peut être misérable, mais on peut tout de même être heureux, si on trouve
quelque chose d’appréciable dans ce qui arrive. Trouver quelque chose à aimer est
compliqué pour l’ego, mais c’est facile, en réalité, parce qu’il y a plein de choses
appréciables dans la vie. Du point de vue de l’Essence, tout est appréciable dans la
vie, parce que l’Essence expérimente la vie autrement que l’ego. L’Essence lui dit
oui, alors que l’ego lui dit non. Accorder son attention au rejet de la vie de l’ego
nous rend misérable, alors que remarquer ce qu’il y a d’appréciable nous remplit
d’amour.
Le secret du bonheur, c’est aimer – pas être aimé, mais aimer. Aimer, c’est
essentiellement dire oui à la vie, l’accepter. Aimer vous fait bien vous sentir, mieux
même qu’être aimé. Rien ne vous fait mieux vous sentir qu’aimer. Néanmoins,
l’ego ne veut pas tant aimer qu’il ne veut d’autres choses, comme le pouvoir et la
sécurité. Il préférerait se sentir en colère ou chagriné ou éprouver toute autre
émotion plutôt qu’être aimant. Les émotions procurent à l’ego une identité, une
raison d’exister. Elles lui donnent un problème à régler. L’ego ne veut pas aimer,
parce qu’aimer le rend vulnérable. Il ne fait pas confiance à l’amour, parce que
l’ego n’est pas ce qui engendre, ni ce qui expérimente l’amour. L’amour relève du
domaine de l’Essence et lorsque nous expérimentons l’amour, nous expérimentons
l’Essence. Ainsi, pour passer de l’ego à l’Essence, tout ce qu’il faut faire, c’est
trouver quelque chose à aimer. C’est facile, mais le hic, c’est qu’il faut le vouloir !
Le vous voulant passer de l’identification à l’ego à l’Essence, c’est le vous qui n’est
déjà pas identifié à l’ego. C’est la subtilité. L’ego ne veut pas que vous sortiez de
l’identification à l’ego, mais quelque chose d’autre le veut, et c’est l’Essence. Dans
notre évolution spirituelle vient un moment où nous prenons conscience d’un vous
qui peut choisir de sortir de l’identification à l’ego. A ce moment-là, nous
commençons à nous éveiller, à sortir de l’identification à l’ego, à vivre plus en tant
qu’Essence dans le monde. L’Essence est ce qui préfère l’amour aux valeurs de
l’ego. L’Essence est ce qui aime, pas l’ego.
Lorsque nous choisissons de trouver quelque chose d’appréciable dans le moment
présent, nous trouvons beaucoup de choses. Une chose toujours appréciable, c’est
simplement notre volonté d’aimer. Quel miracle ! Au milieu d’un monde aussi
137
pénible et compliqué, nous avons en nous la volonté d’aimer. Cette bonté en nous
est tout à fait appréciable. Cette même bonté se retrouve également en chacun,
même si cette bonté, cette divinité est souvent masquée par l’ego. Néanmoins, il y
a beaucoup d’indices de la bonté en chacun, si nous la cherchons.
Une des façons les plus faciles d’expérimenter l’amour, c’est d’accorder notre
attention à quelque chose que nous aimons. Le simple fait de regarder nos
animaux familiers, par exemple, ouvre notre cœur et c’est la raison pour laquelle
les animaux familiers sont pour nous de tels cadeaux. Bien entendu, nos enfants et
d’autres personnes aimées ouvrent également notre cœur, même si leur ego et le
nôtre compliquent souvent l’amour. L’absence d’ego chez nos animaux familiers
permet à notre ego de se détendre et de rester à l’arrière-plan. Tout ce qui est
beau suscite aussi notre amour : la nature, les couleurs, l’art et la musique. Comme
la beauté est toujours disponible, l’amour est toujours disponible.
Nous pouvons aussi ressentir de l’amour pour le don d’être en vie et de pouvoir
expérimenter le moment présent. C’est l’amour qu’expérimente l’Essence qui vit la
vie par notre entremise. Quelle merveille que le corps physique ! Ce sentiment
d’émerveillement et de gratitude à l’égard de la vie, du corps et d’autres choses
vivantes, c’est l’amour. L’Etre que nous sommes est en admiration devant la vie. Si
nous déplaçons notre attention vers ce qui aime la vie, nous nous sentons
complets. Rien d’autre n’est nécessaire dans l’instant. Quel étonnement que la vie
puisse être aussi simple et aussi complète !
Trouver quelque chose à aimer à tout moment constitue l’antidote au rejet de
l’ego du moment. Si vous trouvez que vous êtes en lutte contre la vie, arrêtez-vous
et remarquez ce qu’il y a de beau et d’appréciable et ne vous arrêtez pas sur une
seule chose, trouvez-en une autre et puis encore une autre. La vie peut se vivre à
partir de la célébration et de la gratitude plutôt qu’à partir du rejet. C’est votre
choix !
138
AIMER CE QUE VOUS FAITES
Un pas de plus qu’accepter ce qui arrive, c’est l’aimer ! Si nous acceptons ce qui
arrive, alors nous pourrions tout aussi bien l’aimer. Aimer tout ce qui nous arrive
signifie simplement nous y impliquer, nous y absorber, sauter dedans à pieds
joints, en avoir une expérience totale. Penser dilue l’expérience et nous empêche
de plonger totalement dans tout ce que nous faisons. Les pensées accompagnent
la plupart de nos expériences et empêchent notre attention de se focaliser
entièrement sur l’expérience que nous vivons. Quoi que vous fassiez, faites le
réellement, sautez dedans à pieds joints. Si vous avez l’intention de manger ce
morceau de tarte, faites-en réellement l’expérience, sans aucune pensée de
culpabilité et sans réfléchir à des stratégies visant à compenser l’accumulation des
calories.
Très souvent, nous nous engageons à faire quelque chose sans vraiment nous
engager. Nous avons un pied dans l’expérience et un pied en dehors. Pendant que
nous sommes en train de faire quelque chose, nous nous demandons si nous
voulons le faire, nous nous plaignons par rapport à cela ou nous pensons à autre
chose. Nous impliquer dans nos pensées dilue l’expérience que nous avons. Cela
nous éloigne de l’expérience et rend difficile de profiter de l’expérience.
Si vous ne pouvez pas vous engager à être complètement dans une expérience,
alors une option pourrait être de ne pas la faire du tout. Avez-vous réellement
besoin de la faire ou de la faire précisément maintenant ? L’ego nous pousse à
faire des choses conformément à son programme et à faire des choses qui
s’alignent sur ses objectifs. Il nous pousse à faire quelque chose, puis il se plaint de
faire ce qu’il nous pousse à faire ! Si vous allez faire quelque chose, alors engagezvous à le faire joyeusement. Si vous ne pouvez pas faire quelque chose
joyeusement, alors envisagez de ne pas le faire du tout ou simplement de ne pas le
faire maintenant, si possible.
Toute expérience peut être appréciable, si notre attention est totalement engagée.
Le secret pour apprécier la vie, c’est d’engager toute notre attention dans tout ce
que nous faisons. Si nous le faisons, nous nous retrouvons dans l’instant présent et
dans l’Essence et l’Essence aime la vie. Aussi longtemps que nous continuons
d’accorder notre attention à ce que nous expérimentons, nous ressentirons de
l’amour pour la vie, peu importe comment la vie se manifeste.
Prêter attention à ce que nous faisons est beaucoup plus difficile, si nous faisons
quelque chose que nous n’aimons pas. Si nous n’avons pas apprécié faire quelque
chose dans le passé, alors nous présumons souvent que nous n’aimerons pas le
refaire, mais savez-vous réellement quoi ? La raison pour laquelle nous n’aimons
pas faire quelque chose, c’est parce que le mental nous donne des raisons de ne
139
pas aimer cela : le faire n’est pas commode, salissant, dur, fatigant, flippant, etc. De
telles plaintes paraissent raisonnables, du point de vue de l’ego, mais nous
pouvons aimer faire quelque chose, même si cela n’est pas commode ou si c’est
salissant, dur, fatigant, flippant ou quoi que ce soit. En outre, aucune expérience ne
peut se résumer en quelques mots. Ce sont les histoires de l’ego qui ne captent pas
toute l’expérience réelle. Le mental insiste sur les points négatifs et ignore les
points positifs. Si nous nous focalisons sur le négatif, il est amplifié et le reste
passe à l’arrière-plan. Le résultat, c’est que nous avons une expérience négative.
L’Essence apprécie les expériences que l’ego considère comme déplaisantes, autant
qu’Elle apprécie les expériences plaisantes. Elle ne catalogue pas la vie comme
‘’bonne’’ ou ‘’mauvaise’’, ‘’plaisante’’ ou ‘’déplaisante’’, comme le fait l’ego. Elle ne
suppute, ni ne juge, comme le fait l’ego. ‘’Plaisant’’ et ‘’déplaisant’’ ne font pas
partie de son vocabulaire. Quoi qu’il en soit, c’est juste comme cela est, sans
définition particulière. Accéder à la partie de nous-mêmes – l’Essence – qui
apprécie l’expérience que nous avons est toujours possible, mais pour cela, nous
devons ignorer le point de vue de l’ego.
Se plaindre de quelque chose en l’accomplissant rend impossible de l’apprécier.
Vérifiez-le par vous-même. Vous plaindre a-t-il déjà amélioré une expérience ? Que
se passe-t-il, si vous renoncez à vous plaindre et si vous vous absorbez dans
l’expérience plutôt que dans la souffrance, l’inconfort ou la résistance à son
égard ? Sans les plaintes, ni les craintes de l’ego, même la douleur physique peut
être acceptée et plus facilement endurée. Sans les plaintes du mental, tout
apprécier ou à tout le moins, tout accepter est possible.
L’ego adore se plaindre, car se plaindre lui donne de quoi discuter. Le moulin à
paroles du mental doit tourner ! Ainsi le mental trouve-t-il quelque chose qu’il
n’apprécie guère et il s’affaire à faire son procès. Le problème, c’est que si nous
nous plaignons de quelque chose, tout en faisant cette chose, alors nous plaindre
devient notre expérience et nous n’avons plus l’expérience totale de l’instant
présent.
Pour aimer ce que l’on expérimente, tout ce qui est requis, c’est l’attention. Si nous
accordons notre attention à quelque chose, l’amour s’écoule vers cela. Ainsi, si
vous voulez aimer ce que vous expérimentez, plutôt que lui résister, accordez-lui
votre attention. C’est l’antidote à la résistance de l’ego. Si nous accordons notre
attention à notre résistance, nous aimons résister. Alors la résistance est amplifiée
et elle devient notre expérience.
Parce que l’ego ne veut pas aimer, nous devons trouver en nous-mêmes ce qui
veut aimer la vie, juste comme elle est. Nous devons invoquer Cela pour qu’Il
s’oppose aux plaintes et à la résistance de l’ego à l’encontre de la vie. Nous faisons
140
appel à l’Essence ou nous nous alignons sur l’Essence en accordant notre attention
totale à l’instant présent.
141
FAIRE CE QUE VOUS AIMEZ
Voici le secret du bonheur : faire ce que vous aimez ! C’est assez évident, ditesvous. Oui, mais si c’est tellement évident, alors pourquoi tout le monde n’est-il pas
heureux ? Nous ne sommes pas heureux, parce que la plupart d’entre nous font
trop de choses que l’ego aime faire. Nous nous offrons toutes sortes de plaisirs,
nous faisons les magasins et d’autres choses amusantes. L’ego aime également
travailler, l’avez-vous remarqué ? Il travaille très fort pour obtenir ce qu’il veut. Il
aime également recevoir de l’attention et être spécial. L’ego apprécie faire des
choses différentes par rapport au Soi authentique, par rapport à l’Essence, et là est
le hic.
Ce n’est pas que le Soi réel n’aime pas le plaisir, ni s’amuser, penser, travailler et
d’autres choses que l’ego apprécie faire ; c’est plutôt que l’Essence ne les aime
simplement pas à l’exclusion des autres choses qu’Elle aime faire et qui se situent
bien plus bas sur la liste de l’ego. L’ego et l’Essence ont des priorités différentes et
leurs priorités se font parfois mutuellement obstacle. Si nous nous identifions à
l’ego, nous faisons trop de ce que l’ego aime faire et pas assez de ce que l’Essence
aime faire. Ainsi, trop manger, trop boire, trop faire la fête, trop faire les magasins,
trop penser, trop travailler, trop jouer des coudes et trop en faire peut conduire à
la dépression et au malheur.
Donc, la prescription pour trouver le bonheur, ce n’est pas de faire ce qu’aime
l’ego (même si l’ego ne sera pas d’accord !), mais de faire ce qu’aime le Soi réel,
parce que le Soi réel fera également suffisamment des choses que l’ego apprécie,
mais pas trop, et le Soi réel n’ignorera pas d’autres activités plus importantes et
plus significatives.
Qu’aimez-vous faire ? Identifier cela peut être délicat, car nous confondons
souvent les désirs de l’ego avec ceux de l’Essence, mais il y a réellement un bon
moyen de dire ce que le Soi réel aime faire : quand vous pensez à cela, votre cœur
bondit de joie ! L’Essence s’exprime par l’entremise du cœur et l’ego mentalement :
je veux, je désire…
Ce que nous voulons faire émerge naturellement en nous et peut s’exprimer si
nous ne permettons pas à notre ego de bloquer cette impulsion par peur ou à
l’aide d’une croyance ou d’une objection. Un tel blocage se produit tout le temps,
si les buts de l’ego entrent en conflit avec ce qui émane de l’Essence. L’ego essaye
de nous dissuader de suivre notre cœur. Pour tenter de nous convaincre de son
point de vue, il emploie la peur, le doute, le découragement et des ‘’tu devrais’’,
des ‘’il faudrait’’, des ‘’si’’, etc. : ‘’Il faudrait que tu trouves un job qui paye plus !’’,
‘’Tes parents ne te pardonneront jamais, si tu fais cela !’’, ‘’Tu ne pourras pas payer
tes factures !’’, ‘’Tu n’es pas assez intelligent !’’…
142
Il se peut même que les peurs de l’ego se concrétisent, mais est-ce une raison pour
ne pas suivre votre cœur ? Quelque chose est-il digne de s’opposer à votre propre
cœur ? Si nous suivons notre cœur, la vie s’arrange. Ll se pourrait juste qu’elle ne
s’arrange pas comme l’ego le veut, même si cela pourrait être le cas. Nous ne
savons pas ce qui va arriver. La vérité, c’est que, même en suivant l’ego, nous
ignorons ce qui va se passer, mais si nous suivons notre cœur, nous serons heureux
et nous ne regretterons pas notre décision, quoi qu’il advienne.
Ce que nous aimons et ce que nous voulons le plus profondément faire se
manifeste dans l’instant présent sous la forme d’une impulsion, d’une inspiration
ou d’un élan. Nous pouvons réfléchir à cette impulsion, à cette inspiration ou à cet
élan, ou bien encore l’exprimer oralement, mais ce qui fait chanter notre cœur ne
se présente pas initialement sous la forme d’une pensée. Ce qu’il est le plus
significatif pour nous de faire se manifeste sous la forme d’un sentiment de vouloir
faire quelque chose et non comme une pensée, ‘’je veux…’’ C’est la différence.
Suivre son cœur signifie suivre ses sentiments. Néanmoins, ces sentiments ne sont
pas les émotions qui proviennent de l’ego, mais les élans plus profonds de
l’Essence. Nous sentons si quelque chose est juste ou vrai et ce sentiment est une
intuition, pas une émotion. Suivre nos émotions peut nous plonger dans beaucoup
de problèmes, mais suivre nos sentiments intuitifs nous apporte le bonheur et la
complétude.
L’Essence aime créer, jouer, apprendre, explorer, œuvrer, s’exprimer et grandir. Elle
a aussi des choses plus spécifiques qu’Elle aime faire par l’entremise de chacun
d’entre nous, en fonction de nos talents et du but de notre existence. Par exemple
si le but de votre vie est lié à l’écriture, vous aimerez écrire, peu importe si ceci
vous apporte la renommée ou la fortune. Ou si le but de votre vie à trait à la
famille, vous aimerez les enfants et vous aspirerez à en avoir. Vous aimerez aussi
toutes les activités qui s’apparentent au but de votre vie. Vous aimerez même des
activités qui ne sont pas associées au but de votre vie, si elles vous aident à
accomplir ce but.
Nous sommes programmés à aimer les choses qu’il nous faut faire pour accomplir
notre projet de vie. N’est-ce pas magnifique et extraordinaire ? Si vous faites ce
que vous aimez, ce que désire votre cœur, vous accomplirez le but de votre vie et
vous serez heureux. Faire ce que l’on aime est la prescription pour trouver le
bonheur et la preuve que l’amour est la force derrière toute vie.
143
FAIRE CE QU’AIME L’ESSENCE
Le Créateur a une inclination pour certaines choses. Il aime créer. Il a créé tout ce
qui existe et Il aime aussi créer par notre intermédiaire. De nombreux objectifs de
vie sont apparentés à la création et donc, beaucoup de gens se sentent poussés à
créer. Que l’objectif de notre vie se rapporte spécifiquement à la créativité ou pas,
chacun aime créer et chacun est créatif dans une certaine mesure. Nous ne
pouvons pas nous empêcher de créer !
Créer nous vient naturellement, puisque nous sommes à l’image de ce qui nous a
créés. Pourquoi cette création incroyable qu’est la vie se produit-elle ? Elle est
apparue en raison d’une volonté de créer, qui se trouve également en nous, et cet
élan est très puissant. C’est un élan vital pour découvrir ce qui va arriver et ce que
nous pouvons faire advenir. Les Français appellent ceci la joie de vivre. La joie de
vivre, c’est la joie que l’Essence ressent en vivant par notre entremise.
Quel sens y aurait-il à être vivant et à ne pas pouvoir s’exprimer ? L’expression
nous est naturelle, parce qu’elle est naturelle pour ce qui nous a créés. Le Créateur
– l’Unique – s’exprime en créant et s’exprime à travers nous en tant qu’Essence. Le
Créateur – l’Unique – nous a créés pour être uniques et dans l’optique d’avoir une
kyrielle de véhicules divers via lesquels expérimenter la vie. S’exprimer à travers
nous procure une grande joie à l’Unique et lorsque nous Lui permettons de le faire,
nous ressentons cette joie.
Le Créateur aime également apprendre. Il aime se déployer et se dépasser. Pour ce
faire, Il aime se constituer des défis pour apprendre lui-même en manifestant un
monde qui nécessite une adaptation et une évolution intelligente pour survivre.
Ceux qui survivent le mieux apprennent de la vie et transmettent leurs
connaissances. Cette capacité d’apprentissage et d’adaptation fait évoluer notre
espèce. Nous évoluons en tant qu’individus, et l’espèce évolue.
Tout cet apprentissage et toute cette évolution intéressent beaucoup le Créateur. Il
ne sait pas exactement ce qui va arriver à ses créations, après les avoir créées. Il
participe de la création via ses créations, mais dans la création, il y a l’élément du
libre-arbitre qui apporte un joker, une variable inconnue. Apparemment, le
Créateur aime aussi l’inconnu !
Le Créateur aime l’inconnu, parce qu’Il aime la découverte et parce qu’Il aime
solutionner des problèmes. Il aime se développer et triompher des problèmes et
des difficultés. L’ego, lui, n’aime pas les défis, mais si nous nous alignons sur
l’Essence plutôt que sur l’ego, nous apprécions les défis. Peut-être est-ce la raison
pour laquelle l’ego a été créé. En effet, il nous propose le plus grand des
challenges : celui de s’être égaré dans l’illusion que nous sommes séparés et
144
distincts de ce qui nous a créés. Nous sommes programmés à croire cette illusion
et notre challenge est de voir au-delà de cette illusion. Quel casse-tête ! Le
Créateur doit adorer les mystères et les énigmes !
Si nous tombons amoureux de la vie – ce qui est le cas du Créateur – nous
trouvons le bonheur, la joie et la paix. Pour expérimenter cette joie, il se pourrait
que nous ayons besoin de faire certaines des choses que le Créateur ou l’Essence
aime tant faire. Il nous faut prendre le temps de faire ce que l’Essence nous incite à
faire, plutôt que d’être accaparés par les buts et par les objectifs de l’ego. L’ego
peut nous garder très occupés, tellement occupés que nous oublions de voir si
nous ne sommes pas incités à faire autre chose. L’Essence n’est pas aussi
autoritaire que l’ego. L’Essence révèle plus subtilement ses intentions que nous
pourrions bien louper, si nous sommes occupés à écouter le mental égoïque ou si
nous sommes juste franchement occupés.
Si nous prêtons attention aux communications plus subtiles qui émanent de
l’Essence, alors nous nous trouverons en train de faire plus de choses qui nous
apportent de la joie. Nous pourrions davantage danser, chanter, créer, jouer, nous
balader dans la nature, bouger, nous reposer, être, écouter, explorer, observer,
apprendre, nous développer, nous interroger, nous tourner vers l’intérieur et
méditer. L’ego n’estime pas particulièrement beaucoup de ces activités, aussi nous
avons tendance à ne pas prendre du temps pour elles ou à tout le moins, pas
autant que l’Essence pourrait prendre.
S’il y a bien une activité que nous faisons de trop au détriment de l’Essence, c’est
penser à nous. L’ego interfère avec la joie en nous impliquant de trop dans des
ruminations nous concernant nous et la façon dont se déroule notre vie. S’enferrer
dans le moi nous fait sortir du moment présent et perdre la saveur de la vie. Qu’en
est-il si certaines de ces autres activités, comme créer, danser, chanter, se balader
dans la nature, explorer, simplement être et méditer remplaçaient un peu vos
ruminations ? Cela changerait radicalement votre monde, car vous vivriez plus
dans l’Essence et moins dans l’ego. Alors, quelle vie différente ce serait ! Serait-ce
si pénible de faire plus de ce qu’aime l’Essence ? Que perdriez-vous réellement en
échange d’un peu de joie ?
145
ÈME
5
PARTIE :
AVOIR CONFIANCE EN LA VIE
146
AVOIR CONFIANCE EN DIEU
Le Dieu de beaucoup de nos religions n’est pas un Dieu en qui on a facilement
confiance. Il est vengeur et punitif. Ce n’est pas que nous ne méritons pas d’être
parfois punis, mais pouvons-nous réellement avoir confiance en un Dieu qui
expédie ses créatures en enfer pour toute l’éternité ? En tant que parent, feriezvous cela à l’un de vos enfants ? Serait-il possible que nous soyons plus
compatissants que notre Créateur ?
Une question plus vaste encore, c’est comment pourrions-nous avoir confiance en
un Dieu qui crée un monde rempli de souffrances sans fournir d’explications ni
aucun soulagement, hormis la promesse du Paradis, si nous obéissons ? Faut-il
s’étonner que tellement de gens soient désillusionnés par rapport à la religion,
alors qu’elle ne paraît pas avoir les réponses sur la manière d’être en paix avec la
vie et quand tout au long des siècles, via les persécutions et les guerres, les
croyances religieuses ont pu infliger plus de souffrances qu’elles n’ont soulagé ?
Nous serions bien sots de faire confiance au Dieu tel qu’Il est décrit dans la plupart
de nos religions. Le craindre et Le redouter, certes, mais Lui faire confiance, non !
Nos religions parlent de l’importance de l’amour, mais de nombreux chefs
religieux n’exemplifient pas l’amour, mais bien l’intolérance et la haine. Alors,
comment s’attendre à ce que ceux qui les suivent soient meilleurs ? Le message de
Jésus, c’est d’aimer son prochain comme soi-même, mais nous n’avons pas
constaté beaucoup de progrès dans cette direction au cours des deux derniers
millénaires. Si les religions prônent l’amour plutôt que la violence, cela ne paraît
pas fonctionner ? Alors, que se passe-t-il ?
Il y a bien une Intelligence aimante derrière toute vie, mais l’ego a récupéré la
pensée religieuse, en grande partie. Il a tordu et il a déformé la Vérité et la rendue
méconnaissable en laissant beaucoup de gens dans la confusion, sans le sentiment
d’être connectés à quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes. Il est judicieux de
ne pas faire confiance au Dieu de la plupart de nos religions, parce que ce Dieu
n’est pas digne de notre confiance. Nous sommes trop évolués pour avoir
confiance en un tel Dieu. Ceux qui le font ont été endoctrinés dès le début de leur
vie et sont paralysés par la peur d’aller en enfer ou de quelque autre châtiment,
s’ils rejettent la doctrine. La peur est l’instrument de l’ego et la peur est utilisée par
de nombreuses religions pour empêcher que leurs adeptes ne les abandonnent.
Le mot que j’aime utiliser pour Dieu, c’est Bonté. Dieu est Bonté. Si nous ne
pouvons pas faire confiance au Dieu de nos religions, pouvons-nous avoir
confiance en la bonté ? La bonté existe-t-elle ? La bonté et l’amour sont-ils au
cœur de la vie, ou le mal ? La bonté et le mal coexistent dans le monde. La bonté,
c’est s’aligner sur l’amour et le mal, c’est le manque d’amour et le résultat de
147
s’identifier à l’ego. Deux forces opèrent dans le monde : l’ego et l’Essence. Ce qui
prévaut nous dira quelque chose sur ce qui nous a créés et qui est derrière toute
vie. Ceci est-il un monde où l’amour et la bonté prévalent sur le mal ? Les preuves
sont-elles suffisantes pour conclure que l’amour et la bonté sont plus puissants et
par conséquent plus vrais que le mal ? L’ego est-il Dieu ou la Bonté est-elle Dieu ?
Nous savons naturellement ce qui est juste et bon. Nous n’avons besoin d’aucune
religion pour nous le définir, car la bonté et l’amour nous laissent une bonne
impression, tandis que la haine et la peur nous laissent une mauvaise impression.
Nous avons un système de navigation interne qui nous indique la voie de ce qui
est juste et bon, si nous voulons bien lui prêter attention. Nous avons également
un ego qui cherche à obtenir ce qu’il veut et qui est prêt à court-circuiter ce
système de navigation, si cela sert ses objectifs. Le mal est l’action dissociée de
l’amour, l’action qui ne reconnaît pas notre connexion à la Totalité, tandis que
l’amour est l’action connectée, sensible et attentive à la Totalité. Nous avons la
capacité de participer à tout type d’action. A tout moment, nous pouvons choisir
de suivre l’ego ou de suivre l’Essence.
Nous ne sommes jamais seuls au moment d’opérer ce choix. A tout moment, nous
recevons des encouragements de la part de l’Essence, de notre système de
navigation interne pour choisir l’amour, plutôt que la peur et l’égoïsme. La bonté
rivalise toujours pour capter notre attention et l’ego fait de même. Une bataille se
joue pour conquérir notre âme, pour ainsi dire. La question est : qui gagne ? Si le
monde appartient à l’ego, l’ego gagne. Si le monde appartient à l’Essence, la bonté
gagne. Que voit-on arriver ? Notre espèce évolue-t-elle vers l’amour ou dans la
direction opposée ?
Si l’on se base sur la violence dans les nouvelles, il n’est peut-être pas évident que
nous évoluions en direction de l’amour. Néanmoins, en dépit du mal dans le
monde, en tant qu’espèce, nous croyons en la valeur de la bonté et de l’amour.
Nous n’estimons pas l’oppression, ni la haine, même si nous pouvons parfois mal
nous conduire. Nos valeurs nous disent de quoi nous sommes faits, d’où nous
provenons et vers quoi nous nous dirigeons.
Dans votre propre vie, avez-vous évolué vers l’amour ou la haine ? La sagesse que
vous avez acquise n’a-t-elle pas fait en sorte que vous soyez plus aimant et plus
compatissant, plutôt que l’inverse ? Et n’essayez-vous pas d’être plus aimant et
plus compatissant ?
C’est notre destin d’évoluer dans le sens de l’amour, et non dans le sens de la
haine ou de la peur. Connaissez-vous des gens qui deviennent plus mauvais, plutôt
que plus aimants ? Cela arrive, surtout quand quelqu’un a été la victime d’abus,
torturé ou s’il a subi une perte dévastatrice. Quand nous avons été touchés par le
148
mal, nous pouvons perdre notre connexion avec l’amour et devenir haineux,
amers, vengeurs et méchants, mais ce n’est pas une preuve que notre espèce
évolue dans ce sens.
Le mal est une impasse. On ne peut aller que dans une certaine limite dans cette
direction avant que la souffrance ne devienne tellement grande qu’on réalise la
nécessité de changer de direction. La vie se corrige d’elle-même. Si nous
développons la peur, la négativité, l’égoïsme et la haine, nous souffrons et si nous
développons l’amour et la bonté, nous cessons de souffrir. C’est la preuve de la
bonté et de la divinité qu’il y a derrière toute vie. La bonté est un Dieu auquel nous
pouvons nous fier.
149
LA BONTÉ EST QUI L’ON EST
En dépit de la force de l’ego, la bonté est plus forte et plus présente dans le monde
que le mal. Chacun a un ego, mais chacun est essentiellement bonté, bien que
cette bonté puisse être obscurcie par l’ego. L’ego est la cause de toute souffrance
sur cette planète. Il nous fait souffrir à l’intérieur de nous-mêmes et il cause
également du tort aux autres, ce qui provoque encore plus de souffrance.
Nous ne souffririons pas sans l’ego. Des calamités se produiraient encore, mais
nous n’en souffririons pas. Nous sommes destinés à surmonter l’ego et notre
souffrance. Il s’agit pour nous d’un défi et en quoi consiste notre évolution
humaine. Nous apprenons à surmonter la peur, la séparation et la souffrance
causée par l’ego et à vivre en paix et en harmonie avec nous-même, les autres et la
planète. En bref, nous apprenons à aimer. Aimer, c’est ainsi que nous retournons
chez nous, à notre véritable nature.
En revenir à l’amour, en cela consiste notre périple dans cette dimension. Ce
périple a une fin heureuse et un objectif. Toutes nos luttes et toutes nos
souffrances nous servent et servent l’Unité en développant notre capacité à aimer.
A la fin de notre vie sur terre, nous réalisons que l’amour est tout ce qui compte.
Nous passons alors à d’autres dimensions, à d’autres existences basées sur le
service à l’Unité dans ses multiples manifestations.
Notre souffrance nous apprend comment ne plus souffrir. Une fois que nous
apprenons cela, nous pouvons aider à mettre un terme à la souffrance d’autrui.
Même si souffrir fait partie de cette dimension, souffrir ne fait en aucun cas partie
de chaque dimension. Au-delà de notre dimension, il n’y a pas de souffrance,
simplement servir, apprendre et se développer. La souffrance de cette dimension
développe notre compassion, notre sensibilité, notre sagesse, notre amour, notre
patience et encore d’autres vertus. Le défi d’avoir un ego nous modèle et il nous
rend plus à même de servir autrui maintenant et plus tard dans notre évolution. Ce
défi est délibérément intégré à cette dimension, car il sert à notre évolution. Avoir
un ego n’est pas une punition, c’est du grain à moudre pour notre moulin spirituel.
La preuve de la bonté de la vie est que nous avons les moyens de sortir de notre
souffrance. Nous bénéficions des ressources qui nous permettent de grandir et
d’évoluer et nous avons le potentiel de voir plus loin que notre programmation et
de nous en libérer. Nous avons également ceux qui nous indiquent le chemin, ceux
qui connaissent le moyen de sortir de la souffrance. L’Unité ne nous laisse pas nous
dépatouiller tous seuls, même si cela paraît parfois être le cas. Elle rend toujours
accessibles ou disponibles des gens, des opportunités et les ressources dont nous
avons besoin pour nous extirper de nos difficultés et pour surmonter notre
150
souffrance. Ce n’est pas chacun qui réussira à le faire facilement, mais chacun
d’entre nous reçoit ce dont il a besoin pour se développer.
Puisque nous disposons du libre arbitre, nous pouvons prendre autant de temps
que nous le désirons pour découvrir la vérité de la vie et beaucoup de gens
prennent effectivement beaucoup de temps ! Ils choisissent l’ego, sa peur et sa
négativité plutôt que la bonté pendant très longtemps avant de se rendre compte
que la bonté et l’acceptation sont le moyen de sortir de la souffrance. Une fois
qu’ils se libèrent du piège de l’ego, ils deviennent souvent les serviteurs les plus
acharnés. Parce qu’ils ont tellement souffert, leur motivation à soulager la
souffrance est très importante et ainsi, même expérimenter une telle douleur sert
l’évolution de l’ensemble.
Nous arrivons à un stade de l’évolution où tout ce qui compte, c’est servir la vie
que nous sentons intimement liée à notre propre Soi. Nous servons le Tout, parce
que servir le Tout nous fait mieux nous sentir que nous servir nous-même, comme
le fait l’ego. De nombreuses vies passées à servir notre ego nous ont appris la
vanité d’agir en ce sens. Tout ce que nous avons obtenu en nous servant nousmême fut de souffrir, parce que notre obnubilation personnelle nous a maintenu
attaché à l’ego, à son insatisfaction et à sa peur. Obtenir ce que veut l’ego a un
prix très élevé : l’amour et la paix. A un moment donné, nous préférerons l’amour à
ce que veut l’ego.
La bonté est notre véritable nature et elle finit par triompher de l’égoïsme de l’ego.
La bonté est ce qui nous réveille de l’état de conscience égoïste et qui nous
ramène chez nous. Elle nous appelle à elle, incessamment, et finalement, elle
prévaut.
151
DIEU EST BON(TÉ)
Beaucoup de gens peinent à croire que Dieu est bon, quand ils ne sentent pas que
la vie est bonne. Comment Dieu peut-Il être bon, alors que la vie est expérimentée
comme étant douloureuse ? Même si la vie est essentiellement bonne, il est
possible de l’expérimenter comme étant douloureuse, puisque nous sommes
programmés avec des croyances et des convictions qui la rendent douloureuse. Le
fait que nous souffrions ne rend pas la vie elle-même mauvaise ou pénible, même
si la vie peut laisser cette impression. Nous sommes destinés à découvrir que nous
produisons notre propre souffrance par la manière dont nous pensons la vie et que
la souffrance n’est pas inhérente à la vie.
Le changement, la naissance, la mort, la vieillesse, les maladies, les accidents, les
calamités et toutes les pertes font partie intégrante de la vie, mais ces épisodes ne
sont pas responsables d’une souffrance continue. Ils génèrent naturellement de la
peine et de la tristesse, mais la peine et la tristesse passent, comme tout le reste, et
elles sont remplacées par de nouvelles expériences. Pourtant, l’ego s’accroche aux
pensées et aux sentiments négatifs et il amplifie, intensifie et prolonge ces
émotions et dans le même temps, il néglige la joie subtile, la gratitude, l’excitation,
l’aventure, l’amour et la paix qui font aussi partie intégrante de la vie. Si nous nous
attardions sur ces sentiments positifs autant que sur les pensées négatives et sur
les émotions pénibles et douloureuses, nos vies seraient transformées. Et nous
pouvons apprendre à le faire.
Les difficultés et les défis de la vie ne sont pas la preuve que la vie n’est pas bonne.
Ils font juste partie intégrante de la vie. Les défis et les difficultés auxquels nous
sommes confrontés ne sont pas personnels. Ils ne sont pas la preuve que nous ne
sommes pas assez bons, que nous sommes punis ou que Dieu ne se soucie pas de
nous. Les défis font juste partie intégrante de cette dimension – et ils font partie
intégrante de la vie de chacun. Personne ne peut y échapper.
Si nous n’acceptons pas que les défis fassent partie intégrante de la vie de chacun,
nous souffrons. Nous prenons les défis de la vie à titre personnel, comme si ceux-ci
signifient quelque chose qui nous concerne, ce qui n’est pas le cas. Les défis de la
vie sont conçus pour nous rendre plus forts et nous indiquent la voie pour nous
extirper du piège du mental égoïque. Ils sont conçus pour nous montrer la voie de
notre Foyer. La vie est bonne, parce que son objectif est bon. Elle soutient notre
évolution qui se fait vers davantage de sagesse et d’amour. La vie est sage et elle
est aimable en ce sens qu’elle nous fournit exactement ce dont nous avons besoin
pour nous libérer du mental égoïque et pour en revenir à l’amour.
La manière dont la vie nous libère, c’est en nous pourvoyant d’un dispositif
d’autoguidage qui est l’amour de la bonté. Nous savons tous ce qu’est la bonté,
152
nous l’aimons tous et nous avons tous la capacité de la manifester. Quand nous
manifestons de la bonté, nous sommes récompensés, car nous nous sentons bien
et la bonté nous est fréquemment retournée. Nous savons que la bonté est au
cœur de la vie, car elle nous apporte ce que nous avons toujours souhaité.
Le hic, c’est que notre bonté est obscurcie par le faux moi, l’ego, la voix dans notre
tête qui se focalise constamment sur ‘’moi, ma vie et comment vont les choses
pour moi’’. Cette voix est majoritairement négative et elle génère des sentiments
négatifs. C’est la seule chose qui peut nous éloigner de l’expression de notre
bonté, la seule ! Voyez-le : l’unique chose qui peut interférer avec l’expression de
la bonté (de la divinité) dans le monde, c’est croire et suivre le mental égoïque !
On pourrait dire que l’ego est le diable dans le drame qui se produit sur la terre.
L’ego engendre la souffrance, la haine, toute forme de négativité. Quand nous
cherchons à échapper à l’ego, nous découvrons tous immanquablement notre
bonté essentielle. C’est un périple héroïque ! La vie n’est pas facile, mais cela ne
signifie pas qu’elle est mauvaise. Le cœur de la vie est bon et la preuve, c’est qu’au
fond de nos cœurs, nous sommes bons. Nous finirons tous par le découvrir, ce qui
est une preuve supplémentaire que la vie est bonne !
153
LE SAUT QUANTIQUE DE LA FOI
Il y a deux possibilités : faire confiance à l’ego ou faire confiance à l’Essence. On ne
peut se fier à rien d’autre. A tout moment, nous nous fions à l’ego ou à l’Essence.
La majorité des gens se fient à leur mental égoïque et non à l’Essence, mais même
eux répondent occasionnellement à l’Essence. On aime et on se fie à tout ce à quoi
on accorde son attention et pour la majorité, c’est au mental égoïque. Ce qui rend
si dur d’avoir confiance en la vie, c’est que l’ego n’a pas confiance en la vie et ainsi,
si on se fie au mental égoïque, on n’aura pas confiance en la vie.
L’ego trouve qu’il est compliqué de se fier à la vie, la vie étant tellement
imprévisible et changeante. Comment se fier à quelque chose comme cela ? Mais
de telles qualités rendent-elles réellement la vie indigne de confiance ?
Imprévisible, certainement, mais pas nécessairement indigne de confiance. Ignorer
ce qui va ensuite arriver signifie-t-il que l’on ne peut pas avoir confiance en la vie ?
Et si tout ce qui arrivait – et peu importe ce que c’est – servait la création, même si
nous ignorons comment ? Est-ce tellement invraisemblable ?
L’ego désire que la vie le serve ― ce que ne fait pas très bien la vie, car la vie sert
un but supérieur : l’évolution de la Totalité. Il n’y a pas lieu de s’étonner que l’ego
ne se fie pas à la vie pour qu’elle le serve, car elle ne sert pas l’ego ! Mais malgré
l’imprévisibilité et le changement de la vie, la Totalité est servie. Il se peut que
nous ne comprenions pas comment une expérience que nous vivons sert la
Totalité, mais cela ne signifie pas qu’elle ne le fait pas. Avoir confiance en la vie
veut dire avoir confiance en le fait que nos expériences ont un but et qu’elles
peuvent être utilisées pour le bien de la Totalité. Rétrospectivement, vous pouvez
sans doute constater que vos expériences les plus ardues furent très précieuses et
qu’elles vous ont changé d’une manière très positive, comme rien d’autre n’aurait
pu le faire. Lorsque nous vivons des temps difficiles, nous ne pouvons pas souvent
nous imaginer comment de telles difficultés pourraient nous servir, mais avec le
temps, cela devient souvent plus clair.
Avoir confiance en le fait que nos expériences nous servent ainsi qu’à la Totalité
nous aide à mieux en profiter et à les traverser avec d’autant plus de grâce. C’est
une meilleure option que de croire que la vie est injuste, cruelle ou indigne de
confiance, non seulement parce que nous fier à cela est plus bénéfique, mais aussi
parce que c’est vrai. Si nous soutenons des idées vraies, la vie se déroule plus
paisiblement que si nous soutenons des mauvaises idées.
Une façon dont la vie nous ramène dans notre Foyer, c’est en nous montrant ce qui
est vrai et faux. Les idées justes nous font bien nous sentir et engendrent le
bonheur, alors que les idées fausses nous font nous sentir mal et résultent en de la
souffrance. Si nous nous alignons sur la bonté et sur le positif, la vie opère mieux
154
que si nous nous alignons sur l’ego et sur sa négativité. Voilà comment la vie nous
indique la bonté et l’amour et comment elle nous éloigne de l’ego et de la
souffrance.
Se fier à la vie est pour l’ego un saut quantique au niveau de la foi, et c’est un saut
qu’il n’effectuera jamais. Ce qui finalement se résout à faire confiance à la vie, c’est
l’être ‘’qui se réveille de l’ego’’. Cet être opère un saut quantique, quand il est enfin
tellement désillusionné de l’ego qu’il est prêt à envisager une autre possibilité. Il
peut alors le faire, parce qu’il a pris suffisamment de distance par rapport à l’ego et
parce qu’il a acquis assez d’expérience de lui-même en tant qu’Essence. Il a
suffisamment goûté l’Essence pour savoir que quelque chose d’autre vit la vie audelà de l’ego.
Laisser derrière soi l’ego et sa méfiance à l’égard de la vie est plus compliqué, si
l’on n’a pas vécu des expériences de qui l’on est réellement. Si l’Essence ne nous
est pas très familière, alors nous ignorons ce qui prendra la place de l’ego.
Beaucoup de personnes voient qu’elles ne sont pas l’ego, ni le mental, mais elles
n’ont pas vu suffisamment clairement qui elles étaient réellement pour être prêtes
à sortir de l’identification avec l’ego pendant très longtemps. Où iraient-elles ?
Leur ego leur dit qu’il n’y a rien d’autre et quand elles regardent, ce qui se situe
au-delà de l’ego ressemble à un vide, à un néant. Qui nous sommes réellement
peut avoir l’air joliment vide et insubstantiel et donc terrifiant, si nous n’en avons
pas eu une expérience plus pleine et complète. Une telle vacuité peut rendre
effrayante la désidentification d’avec l’ego jusqu’à ce que nous parvenions à voir
que quelque chose de tout à fait digne de confiance vit notre vie.
Ainsi, pour la majorité des personnes, quitter l’ego pour l’Essence est un processus
graduel : elles trempent un doigt de pied dans l’Essence, pour ainsi dire, avant de
s’en retourner en courant à leur ego, puis de revenir à l’Essence. Au bout du
compte, elles demeurent plus longtemps dans l’Essence ― assez longtemps que
pour commencer à lui faire confiance. A un moment donné, on est prêt à effectuer
le saut quantique et à laisser l’ego derrière, mais uniquement si on a suffisamment
vécu d’expériences de l’Essence pour voir que l’Essence existe et qu’elle est digne
de confiance.
155
L’IMPORTANCE D’EXPÉRIMENTER L’ESSENCE
Nous expérimentons constamment l’Essence, puisque l’Essence est qui nous
sommes, mais il est possible que nous ne soyons pas toujours conscients d’être
l’Essence, car nous nous prenons pour le personnage que nous paraissons être et
pour toutes les idées que nous avons de nous-mêmes. L’Essence est le substrat ou
l’espace dans lequel vit ce personnage. Qui nous sommes réellement n’est ni une
entité, ni un être, mais toutes choses, ce compris l’espace dans lequel tout
apparaît. Qui nous sommes est également la Conscience de l’ensemble. Nous ne
pourrions pas être continuellement conscients de l’Unité que nous sommes,
puisque cela ne serait pas fonctionnel, mais nous pouvons être conscients de la
dimension spirituelle.
L’ego ne reconnaît pas la dimension spirituelle, car l’ego n’en fait pas l’expérience
ou si l’ego fait l’expérience de la dimension spirituelle, il rejette cette expérience :
‘’Oh, cela ? Ce n’est rien ! A quoi ça sert ?’’ L’ego ne s’intéresse qu’aux choses qui
peuvent promouvoir ses objectifs. Quand l’ego commence à croire que la
spiritualité a quelque chose à lui offrir, un nouveau moyen d’améliorer sa situation,
alors l’ego s’intéresse à la spiritualité. L’ego se lance parfois dans la recherche
spirituelle, mais pour ses propres raisons et non à cause d’une désillusion par
rapport à ses objectifs.
Celui qui se lance dans la recherche spirituelle pour d’autres raisons, c’est l’être qui
est prêt à s’éveiller. C’est possible, car il a acquis du détachement par rapport à
l’ego et car il s’est désillusionné des objectifs de l’ego. Parfois, cet être s’identifie à
l’ego, mais souvent, ce n’est pas le cas. Quand il ne s’identifie pas à l’ego, il
expérimente l’Essence – simplement l’Être – et il en arrive à aimer cet état d’être et
il veut davantage expérimenter cet état.
Les expériences de l’Essence le poussent plus loin sur la voie spirituelle vers de
nouveaux aperçus de l’Essence. Ces expériences sont très importantes dans le
voyage spirituel. Quand on s’identifie à l’ego, on n’a pas le sentiment qu’un autre
mode de vie est possible avant d’avoir une certaine familiarité avec l’Essence. Les
rencontres avec l’Essence nous montrent que nous sommes quelque chose qui se
situe au-delà de l’ego et elles nous motivent à nous désidentifier de l’ego.
En cours de route, on peut vivre des expériences profondes de la dimension
spirituelle qui peuvent changer la vie et qui renforcent l’engagement à découvrir la
vérité sur soi et la vie. Les expériences spirituelles alimentent le dynamisme
spirituel et elles favorisent le voyage de retour au Soi. Elles offrent des aperçus de
la vérité qui montrent le chemin de la vérité et qui motivent sa recherche.
156
Les expériences de l’Essence sont accessibles chaque fois que nous nous fondons
dans l’instant présent, mais elles ne deviendront pas plus courantes, à moins de les
accueillir et de leur faire de la place dans notre vie. Sans les reconnaître, ni
valoriser de telles rencontres avec l’Essence, nous n’en ferons pas l’expérience
autant qu’il est possible de le faire. Sans un choix conscient de notre part, le
voyage spirituel se déroulera plus lentement, mais si nous choisissons
consciemment de nous fondre dans l’Essence, le voyage peut se dérouler plus
rapidement.
A un certain stade, la majorité des chercheurs spirituels éprouvent la profonde
nostalgie du retour chez Soi et cette aspiration renforce leur volonté de préférer
l’Essence à l’ego. La méditation constitue peut-être le moyen le plus efficace et le
plus puissant pour inviter l’Essence dans votre vie et apprendre comment passer de
l’ego à l’Essence. Par l’entremise de la méditation, nous découvrons à quoi
ressemble l’Essence, ce qui est important parce que cette expérience nous indique
où nous allons. La méditation nous offre aussi une pratique pour nous y rendre et
elle nous aide à triompher de l’habitude d’écouter le mental.
La plupart des personnes qui s’éveillent et qui se stabilisent dans cet Eveil ont
régulièrement pratiqué la méditation, même si ceci n’est pas universellement vrai.
La méditation est habituellement nécessaire pour préparer le terreau de l’Eveil et
pour pouvoir maintenir une connexion avec l’Essence au milieu de la vie.
Expérimenter l’Essence au cours de la méditation est une chose, mais pouvoir
l’incarner et la vivre comme telle, c’est encore autre chose. Avec suffisamment
d’expériences de l’Essence pendant la méditation, l’Essence devient si familière
qu’elle devient votre état ordinaire.
Il y a d’autres chemins pour parvenir à connaître l’Essence et ceux-ci passent par
d’autres moyens qui modifient la conscience, comme la danse, le chant, le
ressourcement dans la nature, jouer et écouter de la musique et l’art créatif. Ce
sont des méthodes traditionnelles et consacrées par l’usage qui permettent de
modifier le niveau de conscience, de se désidentifier de l’ego et de se familiariser
avec l’Essence. Des sports exigeant une attention indivise peuvent aussi induire
l’Essence. Tout ce qui entraîne la concentration de l’esprit et qui vous aide à
transcender le commentaire mental de l’ego peut induire l’Essence.
Plus vous avez des expériences de l’Essence et plus de telles rencontres durent et
plus votre programmation qui consiste à vous identifier au mental égoïque est
neutralisée. Au bout du compte, cette programmation s’affaiblit tellement qu’elle
perd sa capacité à capter votre attention et alors, il est réellement possible de vivre
en tant qu’Essence.
157
PAR RAPPORT À LA FIABILITÉ DE LA VIE
Nous pouvons nous fier à la vie, comme elle est. Ce à quoi nous ne pouvons pas
nous fier, c’est que la vie soit différente de ce qu’elle est. En d’autres termes, nous
ne pouvons pas nous fier à ce que la vie soit comme l’ego veut qu’elle soit. Nous
pouvons nous fier à ce que la vie soit imprévisible, toujours changeante et à ce
qu’elle constitue un défi. Nous ne pouvons pas nous fier à ce que la vie soit
prévisible, la même et facile, comme le voudrait l’ego. Parce que la vie n’est pas
comme l’ego voudrait qu’elle soit, l’ego prétend que la vie n’est pas fiable, mais la
vie est juste comme elle est et nous pouvons nous fier à cela.
Il y a encore beaucoup d’autres choses auxquelles nous pouvons nous fier par
rapport à la vie et contre lesquelles l’ego peste : ainsi, par exemple, nous pouvons
nous fier au fait que nous vieillirons et que nous mourrons. Nous ignorons à quoi
ressemblera la mort, mais nous pouvons nous fier au fait que la mort se produira.
L’ego n’apprécie pas que nous vieillissons ni que nous mourrons ou que nous
ignorons à quoi ressemblera la mort ou quand celle-ci se produira. L’ego veut
savoir.
Le besoin de savoir de l’ego est à la base de beaucoup de souffrance. Il veut savoir
dans un univers où l’on connaît réellement peu de choses. Ainsi, le fait de vouloir
savoir ne manquera pas de provoquer beaucoup de souffrance. Un tel désir n’est
pas réellement un désir, puisqu’il est tellement irréaliste. Il s’agit plutôt d’une
complainte : ‘’Mais je veux savoir !’’, crie l’enfant colérique.
Nous avons tous un ego qui prend la forme d’un enfant colérique et qui pique des
crises chaque fois que la vie ne se conforme pas à ses attentes. Cet enfant n’est
jamais content, parce qu’il veut que la vie soit autrement qu’elle est. L’ego est
notre part irrationnelle qui a ses exigences impossibles à l’égard de la vie, plutôt
que d’accepter la manière dont sont les choses. Tranquilliser cet enfant colérique
est possible, mais il faut lui parler gentiment et avec compassion et ne pas
polémiquer avec lui. Cet enfant a peur de la vie et cette peur ressort sous la forme
de frustration, de colère et d’exigences. Ce dont il a besoin, c’est d’être réconforté
et de la certitude que lui, l’enfant, sera OK. Lui procurer cette assurance l’aide à le
tranquilliser. Ceci peut sembler être un exercice ridicule, mais l’enfant réside dans
l’inconscient et nos parties inconscientes peuvent se guérir en les reconnaissant et
en nous adressant à elles. Expliquer à cet enfant qu’il est OK et sûr que la vie soit
comme elle est peut nous aider à accepter la vie et à nous fier à la vie à un niveau
plus conscient.
Cette part primitive de nous-mêmes – l’enfant colérique – a besoin d’être rassurée
sur le fait que la vie est bonne et sûre et sur le fait que lui, l’enfant, peut sortir et
aller y jouer, dans un certain sens. Sans cette assurance, l’enfant colérique pourra
158
nous saboter d’une manière ou d’une autre, dont nous n’avons pas conscience. Il
s’irrite pour de petites choses ou il nous empêche de suivre notre cœur. L’enfant
colérique est la voix de la méfiance et pour ceux qui ont été blessés pendant leur
enfance, cette voix est forte et sa peur est réelle. ‘’La vie n’est pas bien. Le monde
n’est pas un endroit sûr !’’
Approuver cette voix colérique nous garde identifié à l’ego qui tente de contrôler
la vie et de la rendre sûre par le biais de ses stratégies. Suivre les stratégies de
l’ego pour davantage de sécurité et de garanties peut accaparer beaucoup de
notre énergie et faire en sorte que nous placions notre énergie dans des directions
insatisfaisantes. L’enfant a peur et pour étouffer sa voix, nous pouvons faire
beaucoup de choses qui sont inutiles et il est inutile de les faire, parce que la vie
est en réalité plus sûre que nous le supposons.
Qu’y a-t-il de si sûr dans la vie ? Si l’assurance signifie la prévisibilité, alors la vie
n’est pas sûre, parce que la vie est imprévisible, mais si l’assurance signifie que des
ressources seront disponibles au moment où nous en aurons besoin, alors la vie est
sûre. Examinons ceci ! Quand vous avez eu des soucis, quand vous avez eu un
accident de voiture ou quand vous êtes tombé malade, par exemple, des
ressources étaient-elles disponibles pour vous aider ? L’accident, la maladie ou
toute autre difficulté était peut-être inévitable, car ils font partie intégrante de la
vie – et on peut leur faire confiance pour qu’ils fassent partie de la vie – mais des
ressources intérieures et extérieures sont-elles apparues pour vous aider à vous
sortir de cette difficulté ?
Même quand nous sommes totalement seuls, nous avons des ressources
intérieures pour faire face à n’importe quelle difficulté. Même si notre ego peut
aussi nous causer de sérieux problèmes en période de stress et de tension, une
voix plus positive et plus sage est toujours accessible. Certaines personnes sont
plus conscientes de cette voix, mais chacun y a accès. Lors de périodes
éprouvantes, nous découvrons souvent la présence et le pouvoir de cette voix et la
force intérieure qui est en nous.
En période de crise ou en période difficile, l’Essence nous fournit également aussi
généralement des gens qui sont prêts à nous aider. Une telle assistance est la
fonction de la société. Une société ou une communauté aide ses membres à
survivre. Les sociétés et les communautés existent, parce que la bonté divine qui
est en nous les a créées pour que celles-ci apportent leur soutien à ses nombreuses
manifestations. Quand la majorité des gens voient une autre personne qui souffre
ou qui a des problèmes, ils répondent naturellement à la situation et proposent
leur aide. En période de crise, on peut observer beaucoup d’actes héroïques qui le
prouvent. Peu importe ceux qui ne font rien, l’ego sera toujours fort chez certains.
159
Les personnes relativement peu nombreuses qui ne sont ni prêtes à aider ni à se
montrer généreuses ne nient pas la réalité de la bonté en chacun.
Une autre chose pour laquelle on peut se fier à la vie, c’est la capacité d’évoluer et
d’apprendre de la vie. Même si certains semblent très peu évoluer ou apprendre
très peu de la vie, ne pas évoluer et ne pas apprendre est en réalité très difficile.
Ne pas évoluer exige beaucoup de résistance et d’entêtement, mais même les
individus les plus bornés finissent par évoluer et peuvent le faire brusquement au
terme de leur vie, au moment où ils font le bilan de leur vie. Ou une évolution peut
survenir, quand ils ont quitté leur corps et quand ils font le bilan de leur vie avec
l’aide de guides spirituels. Si vous faites confiance à la vie pour vous apprendre
quelque chose, vous n’aurez pas tort. Nous pouvons compter sur la vie pour que
celle-ci nous enseigne et nous pouvons compter sur le fait que la vie nous
enseigne via des défis. Ce sur quoi nous ne devons pas compter, c’est sur le fait
que nous n’aurons aucun défi à relever et que nous ne connaîtrons ni la douleur, ni
la peine d’évoluer.
Quand nous nous attendons à ce que la vie soit comme elle est – imprévisible,
changeante, ardue, stimulante et pleine d’évolutions – alors, la vie est absolument
fiable. La vie est parfaitement fiable dans cette optique. L’Essence a conçu la vie
pour qu’elle soit ainsi et donc elle n’a aucun problème par rapport au fait que la
vie soit ainsi.
Nous expérimentons la paix et l’acceptation, si nous nous fondons dans l’Essence
et quittons le mental égoïque qui est la seule chose qui se méfie de la vie. L’ego se
méfie de la vie, simplement parce qu’il n’accepte pas que la vie ne consiste pas à
combler ses désirs et ses rêves, mais en quelque chose de beaucoup plus profond
et de beaucoup plus merveilleux. La vie consiste en une évolution, et plus
particulièrement en notre évolution vers l’amour en laissant toute peur, et pour
pourvoir à cette évolution, la vie est parfaitement fiable.
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VOIR LA VIE COMME ELLE EST
Si nous ne voyons pas la vie comme elle, alors nous fier à elle est compliqué. La vie
ne semble pas fiable, parce qu’elle ne cadre pas avec notre image de ce à quoi elle
devrait ressembler. L’ego voit la vie en noir et blanc, en bon et mauvais. Il ne voit
pas la vie comme elle est – ce qui est toujours un mélange de ce que l’ego
considère comme bon et mauvais. L’Essence ne catégorise pas la vie, bien entendu.
La vie est juste comme elle est. Quand nous voyons la vie comme elle est et quand
nous l’acceptons comme elle est, nous sommes heureux et en paix.
Une fois que nous réalisons que la vie ne va jamais parfaitement satisfaire le moi
(ou déplaire) au moi que nous pensons être, nous pouvons nous détendre. L’ego
dit : ‘’Cela ne me plaît pas !’’ – tout en omettant ce qui lui plaît. Ou il dit l’inverse :
‘’Cela me plaît !’’ – tout en omettant ce qui lui déplaît. Dans l’un ou l’autre cas,
l’ego omet la moitié de la vérité. L’ego opère de la sorte pour développer son
argumentation pour changer quelque chose, puisque c’est pour cela que les ego
ont été créés – pour répudier la vie et pour ensuite tenter de l’arranger. Si nous
prêtons attention à l’ego, nous expérimenterons la version de la vie de l’ego, qui
est unilatérale.
La vérité à propos de la vie est qu’elle a de nombreuses facettes. La vie ne rentre
pas dans une simple description ou dans une simple histoire. Aucune histoire ne
relate entièrement le récit d’une expérience. Chaque histoire omet tellement de
choses : d’autres éléments de l’expérience et d’autres perspectives possibles. L’ego
considère une expérience à partir d’un angle particulier et il considère cela comme
étant la vérité par rapport à elle, mais une seule version d’une expérience n’est pas
la vérité totale – même si beaucoup d’autres personnes (ego) adhèrent à cette
version.
La vérité est que toute expérience peut être à la fois éprouvante et merveilleuse. Il
n’y a aucune expérience qui n’ait pas quelque chose d’éprouvant ou de
merveilleux, que cela soit apparent ou non. Le mariage en est un parfait exemple.
On espère que cela soit une expérience merveilleuse, mais la réalité est qu’un
mariage peut être très éprouvant. Ou prenez l’exemple d’une intervention
chirurgicale. On s’attend à ce que l’opération soit éprouvante, mais tout l’amour et
toute l’attention que nous recevons de la part des autres, à quoi s’ajoutent la
gratitude que nous ressentons pour le fait d’être toujours vivant et pour toute
l’aide reçue peuvent rendre l’expérience merveilleuse.
La vie peut osciller très vite entre la joie et la gageure, l’amour et la peur, la tension
et la détente, le plaisir et la douleur. De telles expériences peuvent même être
présentes simultanément dans le même instant. Notre expérience ne reste jamais
la même pendant longtemps et chaque moment constitue un mix.
161
Lorsque nous sommes en mesure d’appréhender la riche complexité présente dans
chaque instant et dans chaque expérience, il est possible de nous réjouir dans la
vie, d’éprouver de la gratitude à son égard et d’aimer le mystère d’ignorer ce qui
va ensuite se passer. Comment la vie va-t-elle se manifester dans l’instant d’après ?
Quels seront les ingrédients du moment ? Quelle sera la suite ? Quand nous nous
situons dans l’instant présent, c’est ce que nous ressentons par rapport à la vie et
ce que ressent l’Essence qui vit par notre intermédiaire.
Voir la vie comme elle est réellement – c’est-à-dire un mix – nous permet de nous
fier à la vie, parce que la vie est inévitablement un mix. On peut s’attendre et se
fier au fait que chaque moment sera un mélange de choses qui plaisent à l’ego et
de choses qui ne lui plaisent pas.
Chaque moment constitue une expérience unique et aux multiples facettes.
L’Essence apprécie ce caractère unique et cette inclassabilité de chaque moment
qui le rendent riche et précieux. L’Essence savoure la fragrance unique de chaque
instant, tandis que l’ego lutte pour prendre position, pour le définir et pour le
circonscrire. L’Essence se détend à tout moment, tandis que l’ego se prépare au
combat, mais même la querelle de l’ego avec la vie est matière à réjouissance pour
l’Essence.
Voir la vie, telle qu’elle est réellement nous permet de nous détendre. Quel
soulagement ! Nous pouvons enfin renoncer à nous battre contre la vie, parce que
ce n’est pas une bataille qui vaut la peine d’être menée et parce que nous ne
remporterons jamais cette bataille. La vie est comme elle est et l’acceptation est
l’unique voie qui conduit à la paix et au bonheur. Une fois que nous acceptons la
vie, nous commençons à mieux nous laisser porter par elle et nous remarquons à
quel point elle est vraiment fiable. La vie est fiable, non seulement parce que nous
pouvons nous fier au fait qu’elle soit comme elle est, mais aussi, parce que sa
manière d’être est bonne et parce qu’elle nous conduit vers davantage de bonté,
d’amour et de liberté. C’est notre destinée d’exprimer notre bonté, d’aimer et de
nous libérer de la souffrance. C’est la fin(alité) heureuse de cette histoire
d’évolution, aussi la vie doit-elle être très fiable, après tout, puisque là où elle nous
conduit est là où nous avons toujours voulu nous rendre.
162
OBTENIR ET DONNER
L’ego est toujours en train d’essayer d’obtenir quelque chose pour lui-même de la
part des autres et de son environnement, parce qu’il a peur et parce qu’il est
malheureux. Il croit qu’il n’a pas assez pour être heureux, aussi sa stratégie est-elle
de conserver ce qu’il a et d’obtenir davantage de ce dont il pense avoir besoin
pour être heureux. Cette stratégie peut paraître sensée – et pour l’ego, elle l’est.
Cependant, la solution réelle à la perception de ne pas avoir assez, c’est de se
rendre compte que cette perception est fausse et que nous avons toujours eu
assez pour être heureux. Actuellement, nous existons et nous sommes soutenus
dans cette existence, ce qui a toujours été vrai et ce qui sera toujours vrai jusqu’à
ce que nous quittions le plan physique. Du lieu de la réalisation, nous avons ce
dont nous avons besoin pour être heureux et ce n’est qu’à partir de ce lieu de
plénitude que le don peut s’effectuer, parce que si nous croyons ne pas avoir
suffisamment pour être heureux, pourquoi donnerions-nous ?
La conviction de l’ego de ne pas avoir suffisamment bloque l’amour, qui est
essentiellement un flux sortant d’attention, d’énergie ou de dons pour autrui. Si la
plupart des gens croient ne pas avoir suffisamment pour être heureux, la
circulation globale d’amour et d’énergie est lente et poussive, mais si la majorité
des gens pensent le contraire, l’amour et l’énergie circulent, prouvant par-là
l’abondance et le soutien qui est disponible dans la vie. L’Unité pourvoit pour ellemême et prend soin d’elle-même dans ses manifestations multiples en donnant.
Nous sommes libres de choisir le mode égoïste et de garder ce que nous avons à
donner ou de donner plus librement et libéralement. Le résultat de ces deux choix
est très différent : si nous donnons librement et libéralement, nous nous sentons
entiers et accomplis, alors que si nous thésaurisons, nous nous sentons petits,
mesquins, impuissants et insuffisants. Nous sommes destinés à apprendre que
c’est donner qui nous comble, tandis que thésauriser et tenter de grappiller nous
fait nous sentir vides et encore plus dans le besoin. Une telle compréhension
s’oppose à notre programmation qui nous pousse fortement à essayer d’obtenir
quelque chose des autres pour combler notre état de manque ― seulement pour
finir encore plus dans le besoin, en manque, avides et insatisfaits.
La valeur du don est l’un des grands secrets de la vie. Donner requiert un acte de
foi : avoir la foi et la confiance que donner en vaut la peine. Une fois que nous
commençons à nous fier à cela et que nous voyons les résultats du don, alors
donner devient nettement plus facile, même quand nous avons l’impression de ne
pas avoir assez. Pour avoir cette foi, nous devons juste voir que le sentiment de ne
pas avoir assez n’est pas authentique, mais simplement la manière dont l’ego
considère la vie. Ces impressions ne disent pas la vérité à propos de la vie, ce sont
des émanations de la programmation du faux moi.
163
Permettre à la perception d’un manque d’interférer avec le don produit ce
sentiment de manque auquel croit l’ego. La conviction de l’ego de ne pas avoir
assez est une prédiction qui se réalise, une prophétie qui s’accomplit. Aussi
longtemps que nous croirons ne pas avoir assez pour être heureux, nous ne
donnerons pas et nous ne découvrirons pas la vérité qui est que la Vie pourvoit
abondamment pour nous dans la mesure où nous participons au flux global
d’émission du don, mais si nous nous dissocions du Tout, alors nous ne profiterons
pas aussi pleinement que possible des flux de la Vie. La Vie nous appelle à sauter à
pieds joints dans l’écoulement de l’abondance et à y apporter notre contribution et
plus nous le ferons et plus nous pourrons tous vivre dans la profusion.
164
6ÈME PARTIE :
PROFITER AU MIEUX DU MOMENT PRÉSENT
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PROFITER AU MIEUX DE LA VIE
Nous sommes tous tellement puissants ! Nous avons le pouvoir de profiter un
maximum de la vie, du moment présent, ou de rendre la vie désagréable. L’instant
est ce qu’il est et ce que l’on y introduit le rend soit appréciable ou bien stressant
et déplaisant. Nous sommes destinés à découvrir que nous sommes les puissants
créateurs, si pas de l’entièreté de notre réalité, à tout le moins de notre expérience
de la réalité. Nous ne sommes pas responsables de ce que recèle chaque instant,
mais nous sommes responsables de notre expérience de chaque instant, puisque
nous avons le pouvoir de transformer chaque instant en paradis ou en enfer. Nous
ne créons pas notre réalité globale, puisque d’autres forces sont à l’œuvre, mais la
manière dont nous pensons à la réalité et dont nous interagissons avec elle (ce qui
se manifeste dans l’instant) l’affecte dans une certaine mesure et elle affecte
certainement notre expérience de celle-ci.
Jusqu’à quel point pouvez-vous profiter du moment présent ? Et si c’était là votre
travail, votre objectif, votre unique but ou celui de votre âme ? Et si vous
approchiez chaque instant dans cette optique ? Si vous étiez bien décidé à profiter
de chaque instant, alors vous feriez le nécessaire, et ce qu’il faut, c’est ne pas
écouter les pensées négatives – que ce soient les vôtres ou celle des autres.
Faire abstraction des pensées négatives, ce n’est pas se mettre la tête dans le sable,
mais simplement ne pas permettre à la négativité de polluer, ni d’influencer notre
expérience du moment présent. Même si nous sommes programmés à croire que
nos pensées négatives, nos inquiétudes et nos craintes servent une fonction,
l’instant n’est jamais aidé, ni amélioré par de la négativité. Se focaliser sur de la
négativité et sur des craintes ne rend pas quelqu’un meilleur et ne l’aide pas à
mieux fonctionner. C’est l’inverse qui est vrai.
Comment profiter au maximum de l’instant ? Accordez-lui d’abord toute votre
attention. Observez ce que vous expérimentez intérieurement, intuitivement et par
l’entremise de vos sens. Observez l’expérience que vous vivez sans la juger ni y
penser. La voix mentale qui fait ses commentaires sur la vie et sur l’expérience
n’est ni utile, ni sage. Il s’agit d’un imposteur, d’un faux soi, et cette voix n’a rien à
vous apporter. Ne l’écoutez pas ! Si vous le faites, le jus et la joie seront sucés en
dehors de la vie.
Jouir de la vie, c’est une question de reconnaître Cela qui est dans la joie et qui est
l’Etre que nous sommes, l’Essence. L’Etre qui vit notre vie est enjoué et Il profite de
chaque instant. Il se réjouit de l’expérience qu’Il est en train de vivre, quelle que
soit cette expérience, parce que cet Etre n’a ni jugement, ni histoire à raconter sur
aucune expérience ou sur n’importe quoi. Il est simplement dans la joie, en
permanence.
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Nous avons le pouvoir d’expérimenter cette joie ou de l’ignorer, et à la place,
d’expérimenter les histoires et les jugements du mental sur le moment, les
commentaires interminables du mental. Nous sommes assez forts pour reconnaître
quel choix apporte le plus de joie et pour décider. Si nous voyons que nous faisons
des choix qui n’utilisent pas l’instant au mieux, nous pouvons choisir différemment.
Si nous choisissons d’expérimenter le moment présent plutôt que les
commentaires du mental à son sujet, notre expérience de la vie change.
Donc, que votre question-guide soit : ‘’Comment puis-je profiter au maximum de
cet instant ?’’ Même si chercher à profiter de l’instant peut paraître égoïste et
sembler servir ses propres intérêts, rechercher la joie du Cœur est en réalité la
chose la plus désintéressée et généreuse que vous puissiez faire, parce que pour
pouvoir profiter un maximum, le faux soi égoïste doit disparaître ! Et le Soi qui
demeure se sert supérieurement – et la totalité de la vie – par votre entremise…
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JE PRÉFÉRERAIS ALLER PÊCHER
Une résistance à ce que nous sommes en train de faire est souvent provoquée par
le sentiment subtil que faire autre chose est plus important. Subtilement et
inconsciemment, nous diminuons dans notre esprit l’importance de certaines
activités, comme ramasser tout ce qui traîne dans la maison, sortir le chien,
prendre une douche ou aller faire nos courses, comme si ces activités ne faisaient
pas partie intégrante de la vie ou ne devraient pas en faire partie. Nous avançons
inconsciemment dans beaucoup d’activités routinières sans être présents et
souvent avec du ressentiment, comme si elles nous faisaient rater quelque chose
qui en vaudrait plus la peine ou de plus important ou de plus amusant. Ce que
nous ne saisissons pas, c’est que le fait de ne pas accorder notre attention totale à
l’activité qui est en cours ou de ne pas lui être présent est la cause de notre
mécontentement ou de notre ennui par rapport à celle-ci, et pas l’activité ellemême.
Etant donné que nous n’avons généralement pas beaucoup d’excitation ni le
sentiment d’être spécial en accomplissant des activités routinières, l’ego les rejette
et pense à elles, comme à des choses qu’il est contraint de faire et donc, l’ego a
tendance à opposer de la résistance aux tâches ordinaires ou à les faire à la va-vite.
Mais la vie n’est pas conçue pour le divertissement, le plaisir et la stimulation de
l’ego. La vie est comme elle est et la valeur de la vie et de ce que nous faisons ne se
mesure pas adéquatement avec les standards de l’ego.
L’Essence apprécie tout dans la vie. Elle embrasse pareillement chaque instant, sans
juger si une activité en vaut la peine ou pas. Nous ne pouvons réellement rien rater
dans la vie, dans la mesure où nous lui sommes présents, peu importe comment
elle se manifeste. Nous passons seulement à côté de la vie, quand l’ego nous
empêche d’être présents à ce que nous sommes en train de faire, parce qu’il le
juge indigne de notre engagement et de notre attention totale.
Penser que certaines activités sont intéressantes et d’autres pas nous rend
insatisfaits par rapport à beaucoup de choses que nous expérimentons et qui
doivent être faites. La majorité de notre temps est accaparé par des activités et des
devoirs terre-à-terre ordinaires et peu de moments fournissent à l’ego l’excitation
et le boost pour son estime personnelle qu’il réclame. Si nous attendons le genre
de moments que l’ego désire pour être heureux, nous attendrons longtemps. C’est
l’impression que la vie laisse, quand nous nous identifions à l’ego. Ces rares
moments d’excitation que l’ego espère fileront tout aussi vite que n’importe quel
autre moment, ce qui nous laissera de nouveau dans des moments ordinaires peu
glamour, mais ayant leur propre beauté.
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Chaque instant recèle la beauté à laquelle nous aspirons, si nous sommes prêts à la
voir. L’Essence voit la beauté en toutes choses, tandis que l’ego survole tout ce
qu’il a déjà vu auparavant, comme si ces choses n’existaient pas. L’ego ignore ce
qu’il voit, tandis que l’Essence voit réellement ce qu’Elle voit. Lorsque nous nous
situons dans l’Essence et lorsque nous voyons réellement quelque chose, notre
Cœur s’ouvre et nous aimons ce que nous voyons, peu importe l’apparence, et
lorsque nous nous situons dans l’Essence et lorsque nous nous engageons
réellement à faire quelque chose, tout ce que nous faisons est étonnamment
plaisant ! L’ego a ses idées sur le plaisir, mais la vie ne s’y conforme
qu’occasionnellement et pendant ce temps-là, l’ego manque le plaisir et la beauté
qui sont présents dans tout ce que nous faisons, si seulement nous accordons à
cela toute notre attention.
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FAIRE CE QUI SE PRÉSENTE À VOUS
Vivre à partir de l’Essence est souvent une question de faire ce qui se présente à
vous : si quelque chose a besoin d’être ramassé, vous le ramassez, naturellement ;
si une personne se présente à vous et si elle a besoin de votre aide, vous la lui
offrez ; si la vaisselle a besoin d’être faite, vous la faites ; si un travail doit être
effectué, vous le faites, une étape après l’autre. Ou si vous avez besoin de repos,
vous vous reposez. Ou si vous avez besoin de manger, vous mangez. Le mental
complique la vie avec moult pensées concernant la manière, le moment, le
pourquoi et l’opportunité de faire plein de choses. Il prévoit et pense à faire des
choses, alors que la vie est plus simple que cela.
La plupart du temps, vivre est juste une question de faire ce qui demande à être
fait. La vie nous appelle à agir. Le téléphone sonne, les enfants réclament quelque
chose, le chien nous regarde avec insistance, un courriel arrive, des papiers
s’entassent sur notre bureau, le réfrigérateur est vide, le panier à linge est rempli,
des idées ou une inspiration surgissent…Nous pouvons penser que notre ego et
que notre conditionnement sont responsables de l’accomplissement de ce que
nous faisons dans une journée, mais l’ego ne fait réellement rien du tout !
(Comment le pourrait-il, alors qu’il n’existe même pas ?) L’ego ne fait que penser à
faire des choses. Il délibère, il plaide, il résiste, se plaint et se tracasse par rapport à
ce qui demande à être fait et pendant ce temps-là, nous agissons en choisissant si
notre action est une réponse au mental égoïque ou si elle émane naturellement de
l’Essence.
Ce qui doit être fait à chaque instant est compliqué par la résistance, par les
inquiétudes et par les plaintes du mental, ainsi que par ses plans concernant
l’avenir et son passage en revue des événements du passé. Toutes ces réflexions
consomment pas mal d’énergie. Ce qui doit être fait à chaque instant est
également compliqué par des émotions, dont l’ego est aussi responsable. Les
émotions prennent aussi du temps et de l’énergie plutôt que d’avancer
simplement dans la vie. Quand des émotions surgissent, elles apparaissent comme
un problème à résoudre et la manière dont le mental égoïque pense aux choses
crée encore plus de problèmes apparents à régler et de choses à faire, dont
beaucoup sont inutiles.
Une raison pour laquelle les gens se sentent submergés par la vie, c’est qu’ils
s’attendent à pouvoir faire tout ce qu’ils pensent faire, mais penser est beaucoup
plus facile que faire ! Faire prend du temps, alors que penser n’en nécessite pas,
par comparaison. Nous avons tendance à comparer comment nous voulons que les
choses aillent et la durée que prend réellement une chose et nous avons donc
l’impression de ne pas avoir suffisamment de temps, mais nous avons toujours
assez de temps pour ce que nous sommes en train de faire – puisque nous sommes
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en train de le faire. Il est possible que nous n’ayons pas le temps pour ce que nous
songeons à faire, parce que nous pouvons penser à faire tellement de choses. Le
mental est toujours en train d’aller de l’avant vers d’autres choses, alors que nous
sommes en train de faire ce que nous sommes en train de faire et ceci nous laisse
l’impression que le temps manque. Nous nous sentons pressés et stressés, alors
que tout ce qui nous est demandé se trouve juste devant nous. C’est tout ce que
nous pouvons faire, de toute façon.
Si nous prenons le moment présent simplement pour ce qu’il est, la vie est
parfaitement gérable. La seule chose qui la rende ingérable, ce sont les pensées ―
qui sont une tentative pour gérer la vie, ironiquement ! La tentative du mental
pour gérer la vie nous fait quitter le moment présent et nous fait nous sentir
malheureux, tendus et moins efficaces. Nous n’avons pas besoin de cette voix dans
notre tête qui s’efforce tellement d’orchestrer tous nos mouvements et de remplir
notre temps avec des activités et avec des occupations.
Avec ses pensées concernant le passé et l’avenir, le mental égoïque crée le
sentiment du temps, et puis nous fait sentir qu’il n’y en a pas suffisamment. L’ego
est un tyran qui étire le temps. D’un autre côté, être dans le présent, sans la
tyrannie du mental, est un lieu intemporel où l’on se réjouit de tout ce que l’on est
en train de faire, et peu importe ce que c’est. Puisque nous ne pouvons accomplir
qu’une certaine quantité à chaque instant, nous pourrions tout aussi bien profiter
de ce que nous sommes en train de faire. Ecouter le mental ne nous aide pas à
faire plus, mais nous fait seulement nous sentir inadéquats, stressés et mécontents
par rapport à ce que nous sommes en train de faire.
Lorsque vous constatez qu’écouter le mental égoïque est dysfonctionnel plutôt
que fonctionnel, il devient plus facile d’ignorer la tyrannie du mental et sa
pression, ses jugements, sa liste de choses à faire et ses inquiétudes. De telles
pensées ne vous sont d’aucune utilité et ne vous ont jamais servi. Vous pouvez en
terminer avec elles et vous pourrez accomplir tout autant ou vous découvrirez que
ce vous pensiez devoir faire n’était pas nécessaire. Vous découvrirez également
qu’il y a de la place dans le moment présent pour simplement se reposer et être.
Une fois que le mental égoïque cesse de nous diriger, nous avons enfin ce que
nous cherchions depuis toujours : le sentiment d’être arrivé ! Et là où nous arrivons,
c’est la paix et la satisfaction. Nous ne ressentirons jamais ni la paix, ni le
contentement en écoutant le mental et nous n’arriverons jamais là où l’ego nous
pousse, car cela n’a pas de fin.
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TROUVER DU PLAISIR
L’ego est complètement focalisé sur la recherche du plaisir et l’ego trouve
certainement du plaisir, mais quelle quantité et à quel prix, au fait ? Dans le monde
de l’ego, la recherche du plaisir se transforme trop souvent en regrets, car nous
continuons à poursuivre quelque chose qui nous procure du plaisir longtemps
après sa fin. Manger illustre parfaitement à quel point trop rechercher le plaisir
peut être insatisfaisant, car beaucoup d’entre nous mangent pour le plaisir jusqu’à
en être malades. Où y a-t-il du plaisir là-dedans ? L’ego ne sait pas quand il doit
s’arrêter.
Si vous vous identifiez à l’ego et à la recherche du plaisir, profitez-vous réellement
du plaisir qu’il y a là ? Profitez-vous réellement des aliments que vous mangez ?
Quelle conscience avez-vous des saveurs de l’expérience réelle ? Si nous nous
identifions à l’ego en mangeant, nous remarquons à peine la nourriture qui
descend. L’ego est orienté vers ses objectifs, même par rapport à la nourriture, et
son objectif est de se dépêcher de manger afin de pouvoir manger davantage
encore. Y a-t-il vraiment tant de plaisir là-dedans ? Lorsqu’une chose est faite à
l’excès et sans y être présent – ce qui est en général la manière dont l’ego poursuit
le plaisir – cette expérience n’est pas aussi plaisante qu’elle pourrait l’être.
Il est drôle que nous pensions généralement que le plaisir est antispirituel, mauvais
ou immoral ou coupable (conformément à un certain conditionnement religieux),
alors que le plaisir s’inscrit dans la vie. Nous ne pouvons pas être vivants sans faire
l’expérience du plaisir. Nous sommes manifestement destinés à en faire
l’expérience. Se pourrait-il que le plaisir soit l’une des intentions du Créateur en
manifestant cette dimension ? Un des intérêts de la création, c’est que le Créateur
expérimente le plaisir et tout le reste, par notre entremise. Le plaisir est bon !
Plus nous suivons la direction de l’Essence et plus nous nous écartons de l’ego et
plus nous faisons l’expérience du plaisir, car le plaisir dépend largement du degré
de présence à ce que nous sommes en train de faire. Tout peut être plaisant, à
condition d’être présent à cela sans l’interférence du mental égoïque. Les choses
les plus simples sont plaisantes, à condition d’être présent, même des choses que
nous n’apprécions pas généralement. La Présence est l’un des secrets du bonheur.
Plus nous délaissons notre mental égoïque pour être plus près de nos sens et plus
de plaisir ils nous apportent.
Il est ironique que l’ego poursuive le plaisir sensuel, alors que dans le même
temps, il nous maintient en dehors de nos sens, impliqué dans nos pensées. Penser
interfère avec n’importe quelle expérience sensorielle. Essayez seulement de lire et
de manger en même temps ! Nous ne pouvons pas penser et être présents dans
nos sens, simultanément. Nous faisons l’un ou l’autre. Cela signifie que si vous
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pensez, vous ne serez pas pleinement présents à tout ce que vous pourriez être en
train d’expérimenter. S’identifier à l’ego, c’est s’identifier à la pensée et souvent à
des pensées négatives, et donc, s’identifier à l’ego interfère en fait avec le plaisir.
Apprendre à quitter le mental égoïque pour entrer dans l’expérience de l’instant
est une étape importante de notre évolution spirituelle, parce que cet acte tout
simple est un passage de l’ego à l’Essence. Un réel plaisir est accessible à tout
moment en étant simplement présents à tout ce que nous expérimentons. La vie
nous récompense avec du plaisir, si nous sommes présents à ce que nous
expérimentons, et c’est ainsi que la vie nous ramène dans notre Foyer.
Le plaisir que l’ego nous offre est maigre, si on le compare avec le plaisir de la
Présence, mais on ne s’en rend pas compte avant d’avoir réellement essayé d’être
présent. Il faut de la pratique avant qu’être présent devienne aussi plaisant que
possible. Plus vous apprenez à être présent à l’expérience que vous vivez et plus
vous êtes heureux, non seulement parce que vous vous libérez de la négativité et
des problèmes du mental égoïque, mais aussi parce que la Présence est en soi
intrinsèquement plaisante et donc, si vous voulez trouver du plaisir (et pourquoi ne
le voudriez-vous pas ?), cherchez là où vous pouvez réellement le trouver ― c’està-dire dans ce que vous expérimentez maintenant.
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L’ATTENTE
L’ego est toujours en train d’attendre quelque chose : une relation, des nouvelles à
propos d’une chose qu’il désire, des vacances, une promotion, une réunion, une
décision ou quelque autre évolution anticipée. Il y a toujours quelque chose qu’il
guette ou qu’il espère expérimenter et qui devrait rendre sa vie meilleure. Une telle
attente perpétuelle nous laisse avec le sentiment que quelque chose manque,
maintenant, mais certaines des choses que vous attendiez dans le passé et même
beaucoup d’autres ne sont-elles pas ici maintenant ?
Ce qui est ici n’a pas d’importance pour l’ego, parce que l’ego se focalise sur ce qui
n’est pas ici ― ce pourquoi il est précisément programmé. Il est programmé pour
être orienté vers le futur, et non vers le présent. Le problème, quand on s’identifie
à l’ego, c’est qu’être orienté vers le futur n’engendre pas une bonne impression.
Nous imaginons que nous nous sentirons bien dans le futur en obtenant ce que
nous désirons, mais en fait, l’expérience d’attendre et de désirer autre chose que ce
qui est ici est un état de contraction et d’insatisfaction. Observez simplement
quelle impression laissent l’attente et le désir dans votre corps. Les désirs nous
rendent tendus et à cran, insatisfaits et mécontents.
En plus de la tension et de l’insatisfaction, attendre quelque chose donne
l’impression d’un vide, d’un manque qu’il faut combler. Ce sentiment de manque
n’est pas non plus un sentiment très plaisant et donc, nous tentons souvent de
combler ce vide par de la nourriture ou d’autres formes de plaisir. Si nous nous
sentons malheureux et en manque, la solution de l’ego est de tenter de se sentir
bien en compensant, ce qui conduit à rechercher le plaisir et des activités qui
permettent de s’évader et de fuir la réalité aboutissant à se sentir encore plus mal,
au bout du compte. Le manque ne peut jamais être comblé ainsi. La seule chose
qui puisse combler le sentiment du manque, c’est quitter le mental égoïque pour
se glisser dans l’Essence où la succulence du moment réel peut être expérimentée.
Quand on songe on futur, le problème, c’est qu’il n’est pas réel. Il n’existe pas,
hormis en tant qu’idée. Si nous prêtons notre attention au futur, nous la prêtons à
une idée. Nous prêtons notre attention et notre énergie à quelque chose qui n’a
aucune valeur et qui ne nous est d’aucune utilité. Cependant, l’ego ne sera pas
convaincu que songer au futur n’en vaut pas la peine. Il est d’avis que de telles
pensées peuvent créer l’avenir ou qu’elles l’aident au moins à faire face au présent,
et aucun des deux n’est vrai.
Penser à l’avenir nous maintient en dehors du présent, où la vie a lieu. Quand nous
pensons à l’avenir, nous passons à côté de ce que la vie nous montre maintenant
et qui pourrait avoir de la valeur pour le futur. Il se pourrait qu’une intuition ou
qu’un éclair de lucidité jaillisse, inspirant alors une action dans une direction
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profitable ou épanouissante. Si nous prêtons attention à nos pensées, nous
pourrions manquer cette indication ou cette sagesse qui pourrait émaner du
présent. L’ego a beaucoup d’avis et de conseils à donner, mais ils sont influencés
par son conditionnement, pas toujours pertinent. Ce qui est vrai et ce qui est sage
ne peut émaner que de nos profondeurs, de l’Essence, et non du mental égoïque
qui prétend seulement savoir.
Une fois que vous commencez à remarquer comment l’ego provoque de
l’insatisfaction et un manque en créant un sentiment d’attente que quelque chose
d’autre se produise, soyez juste présent à ce sentiment d’attente. Agir ainsi peut
vous libérer de la souffrance causée par l’attente et par le désir que quelque chose
se produise. Le sentiment d’attendre quelque chose de mieux sera toujours
présent, étant donné que l’ego produit constamment ce sentiment. Observez
simplement ce sentiment et reconnaissez-le pour ce qu’il est. C’est juste la manière
de l’ego de traiter la vie. Ne vous identifiez pas à ce sentiment d’attente, c’est-àdire, ne croyez pas que vous serez heureux, lorsque quelque chose d’autre se
produira. Vous pouvez être heureux directement maintenant, et tout ce qu’il faut,
c’est voir que le bonheur ne dépend pas de quelque chose qui se produira dans le
futur.
Le bonheur ne dépend de rien. C’est notre état naturel. Lorsque nous sommes
tranquilles, silencieux et réceptifs, le bonheur pétille à l’intérieur de notre
conscience. Il est toujours là, mais nous n’en sommes pas conscients, si nous
accordons toute notre attention à des pensées qui concernent l’avenir, à la place.
Tournez votre attention vers ce qui se passe maintenant et vous n’aurez pas besoin
que les choses soient différentes pour être heureux.
Le moment présent suffit. Rien ne manque, si nous sommes réellement présents à
ce qui est, plutôt que dans nos pensées. Nos pensées sont l’unique chose qui
insiste sur le fait que ce qui est ici et maintenant ne suffit pas. Détournez-vous de
ces pensées et alors, rien ne manque. Tout est simplement comme cela est censé
être – et c’est la vérité. Reposez-vous simplement dans cette réalisation. Tout va
bien et se déroule exactement comme il faut. Le savoir est source de paix.
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QU’EST-CE QUI VOUS EMPÊCHE D’ÊTRE HEUREUX ?
La pensée est la seule chose qui puisse nous empêcher d’être heureux. Voilà une
vérité révolutionnaire ! La pensée qui interfère le plus avec notre bonheur est une
pensée de manque, pensée qui est à la base de tout désir. Si nous ne pensions pas
que quelque chose nous manquât ou fit défaut par rapport à nous-mêmes,
quelqu’un d’autre, notre situation ou notre vie, nous ne serions pas malheureux.
L’insatisfaction est provoquée par la croyance ou par la conviction que quelque
chose dont nous pensons avoir besoin pour être heureux nous manque. C’est cette
croyance ou cette conviction qui nous rend malheureux, et non le fait que quelque
chose soit là ou non maintenant.
L’ego génère des pensées de manque. Le sentiment de manque créé par cette
croyance ou par cette conviction que quelque chose manque produit un désir qui
est simplement la pensée ‘’je veux’’ et ce désir est alimenté par de nouvelles
pensées par rapport à ce que signifierait obtenir ou non ce que nous voulons. Puis,
des sentiments comme la peur se manifestent, liés au fait que nous n’obtiendrions
pas ce que nous voulons et nous agissons pour essayer de combler notre désir et
de dissiper toute peur.
Lorsque les désirs sont ainsi gonflés, ils paraissent très réels et importants. Nous
croyons réellement que nous avons besoin de ce que nous désirons pour être
heureux ou en sécurité. C’est ce sentiment de manque qui fait tourner le monde, et
pas souvent de manière très heureuse, mais le désir et les actions qui émanent du
désir nous apportent les leçons et les expériences dont nous avons besoin pour
évoluer. Le sentiment de manque est également à la base de la souffrance humaine
et cette souffrance est inutile.
Que croyez-vous qu’il manque, maintenant ? Prenez un moment pour répondre à
cette question. La réponse à cette question est la source de toute souffrance que
vous pourriez éprouver. Qu’en serait-il, si vous ne croyiez pas avoir besoin de cela
pour être heureux, en sûreté ou en sécurité ? Sans cette croyance ou sans cette
conviction, vous glisseriez dans l’Essence qui expérimente la vie comme une
bénédiction – et comme étant digne de confiance. La vie nous apporte ce dont
nous avons besoin, même si ce qu’elle nous apporte n’est peut-être pas toujours
ce que veut l’ego. Fournir à chacun ce que son ego désire serait impossible. A quoi
ressemblerait un tel monde ? L’Intelligence que nous sommes fournit à chacun
d’entre nous ce qui est nécessaire pour que la Totalité évolue et se développe.
Si nous regardions avec le regard de l’Essence, nous pourrions voir comment la vie
a magnifiquement pourvu pour nous, même si elle nous a apporté des défis. Avec
chaque défi, la vie fournit des opportunités, des ressources et des aidants.
Remarquez-vous la grâce, la bonté et le soutien que la vie offre et qu’elle a
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fournis ? L’ego ne remarque pas l’amour généreux qui est présent. Il ne remarque
que le manque, parce que le rôle de l’ego est de créer des problèmes et de
l’insatisfaction pour que nous continuions à nous investir dans notre mental. Le
mental égoïque est le défi principal de la vie que nous sommes destinés à
surmonter. Nous sommes destinés à voir que le mental égoïque auquel nous
sommes programmés à nous fier n’est pas fiable et qu’il est la source de
l’insatisfaction.
Nous n’obtenons pas le bonheur en luttant pour ce que l’ego désire. Lutter est
pénible et obtenir ce que nous désirons ne nous apporte qu’un bonheur éphémère
avant que l’insatisfaction ne se réinstalle. Nul ne doit acquérir le bonheur, car le
bonheur est un état, notre état naturel. On le dé-couvre – et on le l’acquiert pas –
en transcendant le mental égoïque, en percevant au-delà du mental égoïque la
Vérité que l’on est.
Ce que vous êtes vraiment est vivant, ici et maintenant. Cela vit votre vie ― l’ego
ne fait que prétendre être vous. Quand vous quittez le mental égoïque ou quand
vous prenez vos distances par rapport à lui, vous découvrez que l’unique chose qui
vous ait fait vous sentir malheureux est une pensée et cette découverte est une
véritable bénédiction, puisque les pensées peuvent être ignorées. Nous avons le
pouvoir de le faire. Nous sommes puissants ! Nous ne sommes pas les victimes de
la vie, mais créateurs ou cocréateurs avec l’Intelligence unique que nous sommes.
Lorsque nous cessons de prêter attention à nos pensées, nous découvrons le
bonheur qui est ici et qui a toujours été ici !
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ACCOMPAGNER LE COURS DE LA VIE
Comment guérir le monde (et vous guérir vous-même) ? Accompagnez le cours de
la vie ! Faites ce que la vie vous pousse à faire. Alignez-vous sur la manière dont
elle opère déjà à travers vous. C’est cela, son cours, comment elle opère déjà. Cette
force vitale, cette Conscience que nous sommes opère en chacun. Elle nous incite à
agir, parler, créer, apprendre, à utiliser notre intelligence, à découvrir et à
simplement être. Comment vous meut-elle actuellement ? Apparemment, vous
êtes incité à lire ceci ! Et puis quoi, ensuite ? Vous n’en savez rien jusqu’à ce que
vous le fassiez. C’est l’une des choses qui est amusante et gaie, lorsqu’on suit le
cours de la vie. C’est spontané et étonnant – ce qui est amusant et excitant – à
moins que vous ne préfériez écouter le mental égoïque qui est une véritable
machine à fabriquer des craintes et des doutes, machine dont nous sommes
équipés en tant qu’humains. Cet aspect de l’esprit – la voix dans notre tête –
constitue pour nous un défi. C’est le dragon que nous sommes destinés à
pourfendre ou à transpercer pour pouvoir être libre et heureux.
Il y a une qualité naturelle et spontanée dans l’Essence que l’on expérimente en
répondant à la vie d’une manière qui n’est pas compliquée par la pensée. Lorsque
nous nous alignons sur l’Essence et le cours de la vie, l’intellect est utilisé, si c’est
nécessaire, mais le mental égoïque – la voix qui jacasse dans notre tête – est vue
pour ce qu’elle est : une voix inefficace et creuse et une voix sans sagesse. Entretemps, nous évoluons naturellement et sagement dans le monde. Ce qui interfère
le plus avec l’expérience de notre état naturel et le mouvement naturel
d’accompagnement du flux de la vie, ce sont les pensées concernant ce que je
devrais faire, ce que les autres pensent ou penseront de moi, ce que j’ai fait dans le
passé et ce que je crois avoir besoin de faire dans le futur. Chacun de nous a
perpétuellement une histoire à raconter sur lui-même et cette histoire se révèle par
l’entremise de nos pensées personnelles et par les choses que nous racontons aux
autres nous concernant. L’histoire est fabriquée par ces pensées personnelles, mais
cette histoire n’est qu’une superposition mentale sur la vie, alors que la vie se
déroule simplement et naturellement à travers nous et à travers tout le monde.
Cette histoire personnelle façonne le cours de la vie dans la mesure où nous le
permettons. Qu’est-ce qui s’identifie ou non avec le ‘’je’’, avec l’histoire ? C’est le
grand mystère ! Vous êtes Cela qui se situe en dehors de l’histoire et qui s’identifie,
dans une certaine mesure, avec elle. Dans la mesure où vous vous identifiez avec
l’histoire de votre vie et la manière dont celle-ci se déroule, vous souffrez et dans
la mesure où vous ne le faites pas, vous ne souffrez pas. La souffrance est créée par
l’histoire du moi, par les efforts pour gérer cette histoire et pour la faire aboutir et
réussir, et par les efforts pour arranger l’histoire, ce qui est impossible, puisqu’il est
trop tard pour arranger le passé. Vous dépensez tellement d’énergie mentale et
vous vous activez tellement pour tenter d’arranger votre image personnelle ou
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pour en obtenir une meilleure – pour mieux vous sentir par rapport à l’histoire que
vous vous racontez dans votre tête !
Entre-temps, la vie se déroule, comme elle est censée devoir se dérouler et elle
nous pousse à agir, à parler, à penser, à créer, à découvrir, à aimer et à faire toutes
les autres choses qui nous réjouissent en tant qu’êtres humains. La vie nous incite
encore à prendre soin de nous-mêmes et des autres et à travailler, à être
productifs, à servir et à subvenir à nos besoins. Elle nous fournit des opportunités
ainsi que la motivation pour tirer parti de ces opportunités. La vie nous apporte la
vie et elle nous pousse à répondre à la vie. Nous pouvons avancer avec bonheur,
aisément et joyeusement dans la vie. Dans la mesure où nous laissons tomber nos
pensées nous concernant, nous et notre vie, ainsi que nos opinions et nos
jugements sur les autres (qui entretiennent et font partie de l’histoire du moi),
nous découvrons la vie qui se déploie et tout ce que nous avons à faire, c’est
observer comment la vie se déroule précisément maintenant et répondre à cela.
Tout ce qu’il y a, c’est maintenant, c’est cet instant. De quoi êtes-vous conscient,
maintenant ? De quels sons, de quelles visions, de quelles intuitions, de quels
élans, de quelles inspirations et de quelles motivations êtes-vous conscient,
maintenant ? Accorder votre attention à votre expérience sensorielle vous ancre
dans votre corps et dans l’instant et améliore la probabilité que vous puissiez
capter les intuitions, les élans et le bonheur subtils de votre véritable Nature. Si
votre mental égoïque interfère par son bavardage, constatez-le, mais tournez votre
attention ailleurs, vers votre expérience sensorielle et vers ce qui se manifeste en
vous plus subtilement, au-delà de la pensée. Il y a beaucoup plus de choses qui se
passent que des pensées me concernant, moi et ma vie. S’investir dans l’histoire du
moi est naturel, étant donné que nous sommes programmés pour avoir et croire
cette voix dans notre tête, mais cette voix est la source de la souffrance et elle ne
fait qu’interférer avec notre ajustement avec ce qui est réel, ici et maintenant.
Alors, qu’y a-t-il de neuf maintenant, dans la fraîcheur de ce nouveau moment ?
179
LES ÉVÉNEMENTS NE MODIFIENT PAS L’EXPÉRIENCE
Si quelque chose de bon ou de mauvais s’est produit, cet événement ne modifie
pas l’expérience du moment présent, à moins que nous n’en introduisions le
souvenir dans l’instant sous la forme d’une histoire. Par exemple, si vous
remportez une médaille d’or, ce moment de triomphe s’estompe et est remplacé
par un autre moment. A moins d’introduire le souvenir d’avoir remporté une
médaille d’or dans le moment présent, le moment présent est simplement ce qu’il
est. Même si vous introduisez ce souvenir ou tout autre souvenir dans l’instant
présent, ce souvenir ne peut pas fondamentalement modifier l’instant, même si
l’introduire dans l’instant modifiera votre expérience de l’instant en vous faisant
quitter celui-ci pour entrer dans votre rêverie concernant ce moment de triomphe.
Même un formidable souvenir comme celui d’avoir remporté une médaille d’or est
seulement plaisant dans une certaine mesure, mais en réalité, il lui manque la
saveur et la vitalité que possède l’expérience actuelle. Les souvenirs ne sont tout
simplement pas une bonne alternative à la vie réelle qui est ce qui arrive
maintenant, et pas ce qui est arrivé dans le passé ou ce qui pourrait arriver dans le
futur.
Si quelque chose que nous n’aimons pas se produit, cet événement ne modifie pas
non plus l’expérience du moment présent, à moins d’introduire des pensées le
concernant dans le moment présent. Par exemple, si on vous diagnostique un
cancer, ce moment sera probablement très choquant et pénible, mais ensuite la vie
continue et passe au moment suivant, etc., et à moins d’introduire cette histoire
d’avoir le cancer dans le moment présent, vous êtes, dans un certain sens, libre du
cancer et le moment présent est juste ce qu’il est. Il se peut qu’il y ait ou non de la
douleur physique dans le moment présent, mais celui-ci peut être sans douleur
émotionnelle causée par l’histoire d’avoir le cancer et toute autre histoire
malheureuse que vous pourriez vous raconter à la suite de ce diagnostic. Le
moment est juste ce qu’il est, que nous ayons remporté une médaille d’or hier ou
que nous ayons découvert que nous avons le cancer. Nous sommes toujours
simplement ici au milieu de tout ce qui survient maintenant.
L’expérience de n’importe quel moment est fondamentalement une expérience
sensorielle, si nous ne nous identifions pas aux histoires que le mental introduit
dans l’instant et qui créent de la souffrance. Il est inutile que la souffrance
émotionnelle fasse partie de n’importe quel moment. La souffrance est produite
par le mental égoïque, par des pensées concernant la vie, et non par la vie. Si nous
sommes simplement dans le moment présent, les hauts et les bas de la vie ne nous
affectent pas, puisque nous n’introduisons pas l’histoire du ‘’haut’’ ou du ‘’bas’’
dans le moment présent. Tout ce que nous avons, c’est le moment présent et ce
qui arrive maintenant.
180
Vous pouvez être la plus riche personne du monde ou la plus pauvre, mais sans
l’histoire ‘’je suis la personne la plus riche ou la plus pauvre du monde’’, qui êtesvous ? Vous êtes simplement ici et maintenant et vous faites ce qui a besoin d’être
fait. La personne la plus riche du monde et la personne la plus pauvre disposent du
même potentiel pour expérimenter le moment présent et du même potentiel pour
en retirer de la joie, si elles n’y introduisent pas leurs images et leurs histoires
personnelles (‘’je suis riche’’, ‘’je suis pauvre’’…). Rien n’est fondamentalement
différent entre ces deux personnes, hormis leurs histoires et leurs images
personnelles. Ces histoires et ces images personnelles composent le faux soi et
sont la seule chose qui peut causer de la souffrance. En outre, ‘’je suis riche’’ peut
causer autant de souffrance que ‘’je suis pauvre’’, de par la crainte de perdre sa
richesse et de par la séparation avec autrui et avec la vie que le fait d’être riche
peut provoquer. Les circonstances de ces deux individus sont différentes (elles le
sont pour chacun), mais ces circonstances ne sont pas ce qui affecte leur
expérience du moment, mais plutôt leurs pensées et leurs émotions par rapport à
ces circonstances.
En ce moment, sans toutes vos histoires, ni toutes vos images personnelles, qui
êtes-vous ou qu’êtes-vous ? Vous êtes juste Cela qui vit une expérience du
moment présent et le miracle, c’est que ce Cela est le même dans chaque
personne. Ce que vous êtes réellement est aussi ce que tous les autres sont. Nos
idées et nos images personnelles fabriquent une fausse identité et un costume que
nous portons dans l’instant et qui colorent notre expérience, mais si nous nous
dépouillons de toutes nos pensées, tout ce qui reste, c’est la Vie qui se vit ellemême, maintenant, et c’est tout ce qui s’est jamais passé.
181
À QUELLE HISTOIRE VOUS RATTACHEZ-VOUS ?
Nous introduisons une histoire dans quasiment tous les moments et agir en ce
sens affecte comment nous expérimentons ces moments et comment nous
réagissons à la vie. Si l’histoire est ‘’je déteste faire la vaisselle !’’, alors que nous
sommes en train de la faire, notre expérience de faire la vaisselle est affectée par
cette histoire et nous pourrions bien dire ou faire quelque chose en réaction à
notre répulsion à faire la vaisselle, comme par exemple nous mettre en colère
contre quelqu’un qui ne nous aide pas à la faire et nous pourrions même lui lancer
une assiette, si l’émotion est suffisamment forte.
Nous nous répétons aussi des histoires concernant des personnes que nous
aimons, comme ‘’tu ne te soucies pas de moi !’’, ‘’tu n’es plus assez séduisant(e)
pour moi !’’, ‘’je ne peux pas vivre sans toi !’’, ‘’j’ai besoin de quelqu’un de plus
stimulant !’’…Nous savons tous quelles sont ces histoires, puisqu’elles sont le genre
d’idées ou de ressenti que nous pourrions partager avec un(e) ami(e) ou avec
quelqu’un dont nous sommes proches. Plus de telles histoires sont répétées et
renforcées et plus elles interfèrent avec le fait d’être présent aux personnes que
nous aimons et elles ne sont jamais l’entière vérité. Plutôt que de répondre
purement aux personnes que nous aimons, nous permettons à la vision que nous
avons d’elles ou à notre vision de la relation, à notre histoire, d’affecter la façon
dont nous réagissons à leur égard. Nous raconter des histoires, puis réagir à nos
histoires se poursuit la plupart du temps inconsciemment. Nous ne sommes
naturellement pas conscients de nos histoires ou nous ne les examinons pas,
jusqu’à ce que celles-ci nous causent tellement de problèmes que nous nous y
voyons peut-être contraints.
Nos histoires qui concernent ceux que nous aimons sont fabriquées par l’ego dans
l’optique de se renforcer, de faire en sorte de donner le change ou de préserver ses
convictions sur lui-même. En conséquence, elles portent presque toujours
préjudice aux relations. L’ego a tendance à inventer des histoires négatives sur les
autres, pas des histoires positives. Remplacer vos histoires négatives par des
histoires positives – ou par aucune histoire du tout – peut transformer votre
relation. Par exemple, qu’en serait-il si l’histoire que vous vous racontiez au sujet
de votre partenaire était qu’il ou elle est pour vous le ou la partenaire idéal(e) ?
Nous nous racontons souvent cette histoire au commencement d’une relation,
mais l’ego se met vite à deviser ses histoires négatives. Les histoires de l’ego sont
principalement des plaintes concernant l’autre pour ne pas se plier à nos
conditions, à nos fantasmes et à nos désirs. Nous tirons le portrait de l’autre sous
une lumière négative, pas nécessairement parce que cette personne n’est pas
bonne pour nous, mais parce qu’elle ne comble pas les rêves ou les désirs de notre
ego.
182
Il y a une grande différence entre le fait d’être avec la bonne personne et avec la
personne que notre ego considère comme étant la bonne personne. Beaucoup
d’entre nous sont précisément avec la bonne personne, mais notre ego ne partage
pas cet avis ! L’ego a-t-il raison ? Ce qui prouve que l’ego est un juge inapte par
rapport à ce qui est bon pour nous, c’est qu’il trouve à critiquer tout le monde, une
fois que ses idéalisations se sont envolées. Votre ego ne sera jamais satisfait, vis-àvis de la personne avec laquelle vous vous trouvez et donc, établir votre point de
vue concernant votre partenaire sur un jugement de l’ego n’est pas sage, puisque
l’ego s’occupe de juger et non d’aimer.
Même si nous nous trouvons dans une relation très compliquée, cette relation est
l’expérience que nous sommes destinés à avoir, pour l’instant, en tous cas. Même
une expérience abusive peut être l’expérience dont nous avons besoin pour nous
aider à voir que nous ne méritons pas un traitement aussi peu aimable et à faire en
sorte que nous ne nous mettions plus jamais dans une telle situation. Chaque
relation que nous avons nous pousse à évoluer. Nous sommes positivement
changés par chacune de nos relations. Nous apprenons sur nous-mêmes et nous
ne commettons plus les mêmes erreurs, ce qui fait en sorte que la prochaine
relation a des chances de mieux réussir.
Pour bénéficier au mieux de la relation dans laquelle vous êtes, il serait vain
d’écouter les histoires de l’ego concernant votre partenaire ou votre relation. Elles
ne feraient qu’éloigner l’amour. Les histoires de l’ego provoquent la séparation et
le conflit. L’Essence racontera une histoire très différente de celle de l’ego et que
pourrait-elle être ? Probablement quelque chose comme : ‘’Cette personne est
dans ma vie pour que je l’aime au meilleur de mes capacités. Voyons donc ce qui
arrive, si j’essaye d’agir en ce sens.’’ En tant qu’Essence, nous sommes censés servir
autrui et servir la Vie, tandis que l’ego se préoccupe principalement de se servir luimême.
Si nous introduisons les exigences et les conditions de l’ego dans notre relation,
l’amour est saboté, car il ne peut pas survivre dans un environnement de
jugements et d’exigences. L’amour prospère, si nous acceptons les autres, comme
ils sont, en leur permettant de grandir, de se développer et d’être, comme ils sont
censés être. C’est le type d’environnement qu’en tant que parents, nous
espérerions pouvoir offrir à nos enfants. Etre là pour les autres, soutenir leur
croissance et leur développement, les soutenir dans leurs épreuves et célébrer avec
eux la vie est un grand service que l’on rend à autrui.
Les autres sont les compagnons que nous (l’Unité), nous nous sommes donnés
pour ce périple. Si nous écoutons notre ego, les autres donneront plus l’impression
d’être nos adversaires qu’un autre aspect de notre propre Soi authentique. Qu’en
serait-il si vous saviez réellement que chaque autre personne est un aspect de
183
vous-même qui vous est donné pour vous stimuler et soutenir votre évolution et
qui vous est donné à aimer ou à apprécier ? Il revient à chacun de saisir
l’opportunité d’aimer les autres et de ne pas écouter les histoires que raconte
l’ego.
184
LES PENSÉES INUTILES
Il est évident que certaines pensées sont inutiles. Beaucoup de nos pensées
jaillissent de nulle part. Elles n’ont rien à voir avec ce que nous sommes en train de
faire ou d’expérimenter. Nous sommes comme des radios qui réceptionnent des
signaux qui émanent de Dieu sait où et certaines pensées sont ainsi : elles
jaillissent de nulle part et elles ne semblent avoir que peu de pertinence pour nous,
personnellement. Mais même des pensées qui concernent notre passé et notre
avenir n’apportent rien à ce que nous sommes en train de faire. Même les pensées
qui commentent ce que nous sommes en train de faire sont parfaitement inutiles !
Parmi toutes les pensées que vous avez maintenant ou en tout autre moment,
combien contribuent vraiment à ce que vous êtes en train de faire ou
d’expérimenter ? Si vous examinez cela, vous trouverez que la plupart des pensées
n’apportent aucune contribution à votre vie et qu’elles ne servent pas votre bon
fonctionnement. Essayez de trouver l’exemple d’une pensée qui est nécessaire. Les
pensées nécessaires ne se bousculent pas !
N’est-il pas drôle à quel point nous pensons que penser est important et
nécessaire ? Ceci fait partie intégrante de la grande illusion. Nous pensons qu’il est
nécessaire de penser pour que la vie déroule et avance comme sur des roulettes,
mais si nous examinons la contribution que nos pensées apportent à tout moment
à notre expérience et ce que nous sommes en train de faire, nous découvrons que
non seulement les pensées sont inutiles, mais qu’elles encombrent le moment
présent avec de la confusion, de la négativité et du stress et qu’elles interfèrent de
la sorte avec ce que nous sommes en train d’expérimenter et de faire – ainsi
qu’avec notre bonheur. Nos pensées interfèrent avec notre bonheur, parce qu’elles
sont bien souvent exigeantes, pressantes ou critiques. De telles pensées génèrent
du stress et nous pouvons facilement nous sentir accablés par la vie.
La vie n’est jamais réellement accablante, puisque nous ne pouvons accomplir
qu’une certaine quantité dans l’instant, mais le mental introduit dans l’instant des
idées sur ce que nous ‘’devons’’, voulons ou pouvons faire, sur ce que nous avons
fait, sur ce que les autres veulent que nous fassions et sur un tas d’autres choses
qui n’ont aucun rapport avec ce que nous sommes en train de faire ou avec ce qu’il
y a à faire. Ces pensées nous rendent confus et nous stressent. Elles sont non
seulement inutiles, mais contreproductives. Le stress nous rend moins efficaces,
moins efficients, revêches et malheureux – et il est malsain. Ce sont les résultats
réels, si nous prêtons attention aux pensées et si nous leur permettons de guider
notre vie.
La bonne nouvelle, c’est que quasiment toutes nos pensées sont inutiles, et pas
seulement quelques-unes d’entre elles, ce qui facilite grandement le discernement.
185
Vous ne devez pas entreprendre de trier vos pensées pour trouver lesquelles sont
bonnes. Vous devez simplement reconnaître que la pensée égoïque relève du faux
moi, qu’elle est donc fausse et qu’elle ne mérite pas votre attention. Vous pouvez
ignorer toutes les pensées me concernant, moi et ma vie, de même que tous les
autres bavardages, jugements, avis, opinions, souvenirs, fantasmes, rêves, désirs,
goûts, aversions, doutes, phobies, jérémiades et toute autre négativité de l’ego.
Ce qui vous restera, c’est un esprit fonctionnel qui sait encore comment lire,
calculer, utiliser un ordinateur, conduire une voiture, suivre une carte ou des
instructions et faire toutes les autres choses pour lesquelles l’esprit a été conçu.
L’esprit fonctionnel est quelque chose que nous utilisons, quand nous en avons
besoin. Il ne nous parle pas, comme le mental égoïque. Quel soulagement de
réaliser que la voix dans notre tête peut être ignorée ! Pouvez-vous vous fier à
ceci ? Commencez simplement à voir comment vous n’avez pas besoin de la
moindre de vos pensées pour faire l’expérience de l’instant présent et pour faire ce
qu’il y a à faire. Voyez-le par vous-même.
186
CONSTATER L’IMPACT DE VOS PENSÉES
Sans les pensées qui interviennent, le monde a un impact neutre ou positif sur
nous. Quand nous contemplons le ciel, nous nous dilatons, à moins que le mental
ne s’interpose avec une récrimination ou un jugement sur le ciel ou sur autre chose
et si nous sentons la brise, nous expérimentons cela, à moins que le mental ne
s’interpose avec une récrimination ou un jugement sur la brise ou sur autre chose.
La négativité ne surgit qu’avec le mental égoïque ou avec celui d’autrui. Quand le
mental égoïque s’interpose entre nous et l’expérience, généralement nous
souffrons, parce que l’ego a tendance à tourner négativement notre expérience ou
à nous sortir totalement de l’expérience.
Une fois que nous constatons l’impact que le mental égoïque a sur notre
expérience de la vie, nous pouvons apprendre à ignorer nos pensées et à observer
l’impact réel de la vie. Nous pouvons éluder cet intermédiaire (le mental égoïque)
et choisir d’expérimenter la vie, telle qu’elle est réellement. Si vous rencontriez un
étranger déplaisant, vous éviteriez vraisemblablement cet étranger. C’est ce que
nous pouvons faire avec notre propre mental et avec celui d’autrui. Nous pouvons
éviter ou nous situer au-delà de cette interférence dans un lieu de paix et sans
tension.
La façon dont vous savez que vous prêtez attention au mental égoïque ou à celui
d’autrui, c’est par la tension ou par le stress que cela provoque. Si vous éprouvez
de la tension, il est temps de contourner cet intrus désagréable et d’entrer dans la
réalité. La vie elle-même est bénigne, mais l’ego la rend menaçante ou, au mieux,
terne. Soit l’ego élude les difficultés et les problèmes qu’il perçoit, soit il tente de
susciter de l’excitation, de vives émotions et quelque chose de spécial. Il ne désire
pas jouer simplement le jeu de la vie, mais opte pour les troubles et pour le drame.
Néanmoins, les vives émotions ne sont pas le bonheur et la simplicité et la paix ne
sont pas l’ennui. L’ego fait tout à l’envers. Il s’efforce de créer une vie heureuse et
tout ce qu’il fait, c’est nous éloigner du bonheur.
Pour nous libérer du mental égoïque, tout ce qui est requis, c’est constater l’impact
qu’ont nos pensées sur notre expérience de la vie. L’expérience que vous êtes en
train de vivre vous contracte-t-elle, vous fait-elle mal vous sentir, ou bien est-ce
penser à cette expérience qui provoque une telle contraction ? La différence est de
taille. Une fois que nous constatons que ce sont uniquement nos pensées qui nous
contractent et qui nous tendent, nous pouvons nous libérer de leur intrusion dans
notre vie. La seule chose qui nous garde attachés à nos pensées ou prisonniers
d’elles, c’est la croyance ou la conviction que nos pensées nous appartiennent et
qu’elles sont donc pertinentes et nécessaires, mais ce ne sont pas vos pensées et
elles ne sont ni pertinentes, ni nécessaires. Lorsque nous le voyons enfin, c’est une
véritable révélation et c’est tellement évident !
187
Chaque pensée, hormis les pensées les plus neutres et les plus fonctionnelles
(comme ‘’voici un crayon’’ ou ‘’passez-moi le beurre, s’il vous plaît’’) a un impact
sur notre conscience ou sur notre énergie. A l’exception des pensées
fonctionnelles, toute pensée nous contracte ou bien nous dilate. La majorité de nos
pensées nous font nous contracter. Le mieux que l’ego puisse faire pour nous faire
bien nous sentir, c’est suggérer une fantaisie ou quelque chose que nous aimons,
mais cela ne marche pas longtemps. Chaque fois que l’ego entre en jeu, cela
provoque de la contraction.
Les pensées qui nous élèvent sont des reflets de l’Essence. Elles nous dilatent, nous
épanouissent et nous apaisent. Nous générons souvent nous-mêmes des pensées
positives, des encouragements pour contrer les pensées négatives de notre ego.
C’est que la vérité nous fait nous sentir bien ! C’est une indication par rapport à
notre vraie nature. Quand nous sommes en contact avec ce que nous sommes
réellement, nous nous sentons bien, paisibles, satisfaits et aimants. C’est pourquoi
la vie sans l’intervention du mental égoïque nous fait bien nous sentir – parce que
la vie est bonne et parce que notre vraie nature est bonté. Si nous remarquons
l’impact qu’a la vie sur nous à chaque instant, sans l’intervention du mental, nous
ressentons l’enthousiasme et la joie de l’Essence. Ce que nous sommes réellement
est heureux d’être en vie et reconnaissant à l’égard de tout ce qu’il expérimente via
le personnage que nous jouons. C’est la vérité ! Si nous apprenons à contourner le
mental égoïque qui essaye d’intervenir entre nous et la vie, nous pouvons enfin
être heureux.
188
LE PRÉSENT GUÉRIT
Qu’est-ce qui guérit le passé ? Un vieil adage prétend que c’est le temps. S’il en est
ainsi, pourquoi guérit-il et est-ce réellement le temps qui guérit ? Au fil du temps,
nos souvenirs s’estompent et notre capacité et notre désir d’introduire le passé
dans le présent par l’intermédiaire de la pensée diminuent. La vie se met dans le
chemin, car tout ce qui est perdu est remplacé par la nouveauté de la vie et cette
nouveauté de la vie commence à capter plus notre attention que ce qui est arrivé
dans le passé. Le temps guérit, parce que la vie passe à autre chose de neuf. La vie
nous apporte de nouvelles expériences, de nouvelles opportunités, de nouveaux
défis et de nouvelles relations. Etant donné que nous ne pouvons accorder notre
attention qu’à une seule pensée à la fois, au bout d’un certain temps, nos souvenirs
reçoivent naturellement moins d’attention, s’estompent et d’autres pensées
prennent leur place.
Si c’est ainsi que le temps guérit, alors c’est une très bonne nouvelle, parce que
cela signifie que nous pouvons accélérer le processus de guérison de nos peines
passées, simplement en déplaçant notre attention des pensées qui concernent le
passé vers le moment présent. Etre dans le moment présent est en fait ce qui
guérit les vieilles blessures émotionnelles, et non le temps. Déplacer notre
attention vers le moment présent n’est pas nier, ni refouler le passé, mais
simplement ne pas créer de peine inutile pour nous-mêmes. C’est un choix sage.
Nous pouvons continuer à recréer ou à ranimer la peine du passé, ou nous
pouvons choisir de laisser le passé au passé, une fois que nous nous rendons
compte qu’introduire des souvenirs dans le moment présent ne nous sert à rien,
mais prolonge seulement la peine et nous éloigne de la vie.
Fixer notre attention sur n’importe quoi d’autre que nos souvenirs pénibles guérit
le passé. Tout ce à quoi nous accordons notre attention devient notre expérience.
Si nous fixons notre attention sur le passé, nous revivrons la peine du passé et
nous nous créerons probablement plus de peine encore en nous racontant des
histoires contrariantes, comme ‘’cela n’aurait jamais dû arriver !’’, ‘’si seulement
j’avais agi différemment !’’, ‘’pourquoi cela m’arrive-t-il toujours à moi ?’’… En
agissant de la sorte, nous nous créons davantage de peine, en plus de toute perte
que nous avons dû subir. Cette souffrance est inutile. Ressortir des souvenirs et
nous raconter des histoires négatives à propos du passé n’est pas une manière
saine de faire notre deuil, mais une façon d’intensifier inconsciemment notre
souffrance et de nous éloigner de l’instant présent où la paix et le bonheur sont
accessibles.
Le passé est un souvenir édulcoré et le futur est le produit de l’imagination de
l’ego. Le passé et le futur n’existent qu’en tant que pensées. L’ego crée le
sentiment du temps avec des pensées concernant le passé et l’avenir. Quand nous
189
croyons que de telles pensées sont le passé et l’avenir, nous pouvons être
hypnotisés par le monde de l’ego. Ce que nous imaginons peut paraître très réel,
particulièrement quand de telles imaginations provoquent des émotions qui
peuvent faire en sorte que nos pensées paraissent encore plus réelles. Les
sentiments pénibles qui sont liés à une perte proviennent plus fréquemment de ce
que nous nous racontons concernant la perte que de la perte elle-même, et c’est
d’autant plus vrai que nous nous éloignons de cette perte dans le temps.
Il y a une différence entre faire son deuil et souffrir inutilement par rapport au
passé. Le deuil est un épanchement normal d’émotions vis-à-vis d’une perte à
laquelle il faut le temps de s’adapter, mais beaucoup de personnes s’affligent bien
au-delà du temps qui est requis pour s’adapter à une perte, parce qu’elles
continuent de renforcer leur peine en ressassant mentalement le passé et en se
racontant des histoires douloureuses. Agir ainsi n’aide pas et ne fait que prolonger
le processus de la guérison.
Arrêter cette nouvelle stimulation de la peine et de la douleur en n’accordant pas
notre attention à des souvenirs ou à des histoires du passé guérit le passé et nous
aide à passer à ce que la Vie veut pour nous maintenant. Après chaque perte, de
nouvelles possibilités apparaissent. Si nous sommes présents à la vie plutôt que
d’être accaparés par nos pensées et par nos émotions, il est probable que nous
captions quelle sont les intentions de la Vie à notre égard et que nous
comprenions où la vie nous mène. De plus, en étant présents à la vie, comme elle
est maintenant, nous pouvons découvrir l’acceptation, la joie et l’enthousiasme
que l’Essence a d’être vivante, même quand la vie apporte ses défis.
La Vie est toujours bonne et nous vivons toujours l’expérience dont nous avons
besoin. Si cela ne vous semble pas être le cas, c’est que vous êtes en train
d’écouter les histoires malheureuses ou les histoires négatives du mental. Ce type
de souffrance est tout à fait inutile. En quittant le mental égoïque pour entrer dans
la simplicité du moment présent, nous découvrons la vérité de la Vie. On peut très
bien vivre la vie à partir de ce lieu de Présence ou se situer dans l’instant présent,
parce que la Présence est ce qui est réel et parce que l’ego et ses pensées sont
irréels. La bonne nouvelle, c’est que nous n’avons jamais eu besoin des pensées de
l’ego pour vivre notre vie et par conséquent, nous libérer de la souffrance est
possible.
190
L’ESSENCE EST UN SENTIMENT D’ÊTRE CHEZ SOI
‘’Chez soi’’ est une expression forte. Chacun a des associations avec cette
expression qui vont très loin. Vous connaissez le sentiment d’être chez vous, quand
vous l’expérimentez. Etre chez soi n’a rien à voir avec une maison, ni aucune autre
chose, mais bien avec notre état intérieur. Lorsque nous nous retrouvons en ce
lieu, nous le reconnaissons et ne voulons pas le quitter et pourtant, nous le faisons.
Ce sentiment d’être chez nous est tout ce que nous avons jamais voulu, mais nous
n’y restons pas souvent longtemps. Quelque chose nous appelle ailleurs, et c’est le
mental – des pensées qui concernent quelque chose, n’importe quoi. A la place de
nous ramener chez nous, nos pensées nous éloignent de chez nous. Nos pensées
nous paraissent si importantes et nécessaires et elles sont si captivantes. Pourquoi
doit-il y avoir une dichotomie entre ce qui est bon et approprié et ce qui ne fait
qu’apparaître comme nécessaire ? La question est : nécessaire pour qui ? Qu’est-ce
qui nous appelle en dehors de chez nous et pourquoi ?
L’ego est ce qui nous appelle en dehors de chez nous, puisqu’il ne se fie pas à ce
lieu tranquille, paisible, sûr et absolu. Il ne s’y fie pas, car il ne comprend pas ce
lieu. Il fuit l’incompréhensible, l’inexplicable et ce qui nous nourrit, non pas parce
qu’il ne veut pas être nourri, mais parce qu’il ne croit pas que ce lieu apporte
réellement ce qu’il apporte. Le croyez-vous ? Lorsque vous vous reposez enfin,
lorsque vous laissez tomber tous vos efforts et lorsque vous rentrez chez vous,
vous fiez-vous à ce lieu ? Le reconnaissez-vous ? L’estimez-vous ? Voulez-vous y
passer davantage de temps ? Jusqu’à ce que vous vous fiiez à ce lieu, que vous le
reconnaissiez, que vous l’estimiez et que vous vouliez l’expérimenter davantage,
vous n’y resterez pas.
Nous sommes programmés à ne pas croire en notre chez nous. Le moi
conditionné, l’ego nous dit que ce lieu n’est ni fiable, ni profitable et intéressant et
que nous devrions passer à autre chose. L’ego nous invite à voyager ailleurs
mentalement et à nous occuper, à faire quelque chose – n’importe quoi ! L’ego
nous offre des tentations à l’écart de chez nous et tente de nous convaincre qu’il y
a un endroit ou quelque chose à faire qui est encore meilleur que demeurer chez
soi (dans la Présence).
Ce n’est pas qu’il y ait lieu de ne rien faire ou qu’une action n’émane pas parfois
naturellement de ce lieu, mais nous avons tous besoin de laisser tomber les efforts,
les planifications, les tracasseries et tout le cinéma que nous nous faisons pour être
parfois simplement chez nous pour nous nous nourrir, recharger nos batteries,
nous renforcer et modeler nos actions. Chez nous, c’est là où se situe le Cœur et le
Cœur est bon et Dieu sait à quel point nous avons tous besoin de nous sentir bien.
191
Nous avons besoin de ce Foyer, comme nous avons besoin d’eau et de nourriture
pour nous soutenir dans ce monde difficile.
Nous recherchons le sentiment d’être chez nous dans une demeure physique,
auprès d’une famille ou d’un amoureux ou d’une amoureuse, mais à moins de
pouvoir expérimenter ce sentiment dans les moments de Silence de notre vie,
aucune maison, aucune famille, aucun amoureux/amoureuse, ni rien d’autre ne
comblera jamais la nostalgie de notre Foyer. Le sentiment d’être chez nous ne se
trouve jamais dans l’action, ni quelque part ailleurs, en possédant ceci ou cela, ni
dans l’imagination, mais en nous arrêtant simplement et en nous contentant
simplement d’être suffisamment longtemps que pour nous permettre de sentir
que nous sommes chez nous. La nostalgie de notre Foyer peut l’évoquer.
Connaissez votre Foyer, estimez-Le et désirez-Le, et vous L’aurez !
L’accomplissement le plus précieux et la réalisation la plus précieuse se situent
précisément ici dans le Silence et dans le seul fait d’être, tout simplement…
192
7ÈME PARTIE :
CULTIVER UNE NOUVELLE PERSPECTIVE
193
LA FAUSSE COMPTABILITÉ DE L’EGO
L’ego apprécie les chiffres qu’il utilise pour mesurer combien il parvient à atteindre
ses objectifs, comme si les chiffres pouvaient réellement mesurer ou prévoir le
succès qui par ailleurs est un concept nébuleux. Prenez par exemple l’argent qui se
trouve sur votre compte en banque. Nous prenons souvent ceci pour mesurer le
taux de notre réussite et si nous atteignons ou si nous atteindrons nos objectifs. Le
problème, c’est que la somme d’argent dont nous disposons ou quoi que ce soit
d’autre que nous utilisons pour procéder à notre estimation ne peut en fait rien
mesurer, ni prévoir. Ces chiffres ne sont pas significatifs, mais l’ego leur attribue un
sens. Se racontant une histoire ou l’autre, l’ego prétend que ces chiffres sont
significatifs.
La réalité, c’est que vous n’êtes pas le seul responsable par rapport au montant
d’argent qui se trouve sur votre compte bancaire, votre degré de popularité ou la
somme de tout ce dont vous pouvez bien disposer. Vous êtes juste un pion dans
l’ordre des choses, tout bien considéré et au bout du compte ! A tout moment, cet
argent, cette popularité ou quoi que ce soit d’autre pourraient bien disparaître et
vous ne seriez pas le seul responsable à cet égard non plus…
L’ego apprécie les chiffres, puisque les chiffres procurent à l’ego un faux sentiment
de sécurité et de contrôle. L’ego assume que les chiffres sont sous son contrôle.
Quand la vie lui prouve le contraire – ce qu’elle fait souvent ! – l’ego est contrarié,
non seulement parce qu’il n’apprécie guère des chiffres modestes (sauf quand il
s’agit de mesurer son poids, bien sûr !), mais aussi parce que la vie vient lui faire la
démonstration d’une vérité essentielle que l’ego ne souhaite pas voir, à savoir que
nous ne contrôlons pas ce qui entre dans notre vie, ni ce qui en sort. Nous n’avons
que peu d’influence par rapport à ce qui nous arrive.
Appelez cela le destin, la destinée, le sort, les étoiles, le plan divin ou tout ce que
vous voulez, mais celui-ci procèdera comme il l’entendra avec nous, et notre plus
grand pouvoir et notre responsabilité se situent dans la manière dont nous
répondons à la vie. Si nous sommes convaincus que nous en sommes l’unique
artisan, alors, lorsque la vie ne nous suivra pas, nous serons très affectés, ce qui
n’est pas une réponse particulièrement fonctionnelle à la vie. Par ailleurs, si nous
acceptons la vérité – c’est-à-dire que nous ne sommes qu’un simple acteur dans le
déroulement de la vie – alors, nous ne prendrons pas ce qui nous arrive si
personnellement et cette attitude nous permet de répondre d’une manière
beaucoup plus fonctionnelle à ce qui advient.
Nos croyances et nos convictions comptent. Croire que nous devrions être en
mesure d’obtenir tout ce que nous voulons et que nous sommes les seuls
responsables de notre réalité est incorrect et inapproprié et si nous croyons
194
quelque chose qui n’est pas juste, nous souffrons et nous ne fonctionnons pas non
plus de manière optimale. D’un autre côté, si nos croyances et si nos convictions
coïncident avec la réalité, si nous voyons et si nous acceptons la vérité au sujet de
la vie et si nous lui permettons de nous faire avancer (sans faire des pieds et des
mains, ni protester), nous ne souffrirons pas et nous pourrons lui répondre d’une
manière beaucoup plus fonctionnelle. Nous faire des idées et nous leurrer au sujet
de la vie nous fait souffrir et interfère avec notre capacité à lui répondre d’une
manière sage et avisée.
La comptabilité de l’ego nous attache à l’ego et à ses fausses perceptions vis-à-vis
de la vie. Les chiffres ne nous disent pas non plus ce qui va ensuite arriver, comme
ils semblent le promettre. Nous ignorons toujours ce qui pourrait advenir ensuite
dans ce mystère merveilleux. Nous investir dans les chiffres nous investit dans
l’ego et nous pourrions bien alors manquer ce qu’il y a de plus important dans la
vie, c’est-à-dire nous situer ici et maintenant et profiter pleinement de ce
mystérieux voyage…
195
LA VIE S’ACCOMPLIT
Chaque vie a son orientation. Chaque vie avance dans une direction spécifique,
avec son intention particulière derrière cette direction. Nous ne sommes pas
souvent conscients de cette direction, ni de cette intention, mais cela ne signifie
pas qu’il n’y ait aucune direction, ni que la direction que nous supposons que notre
vie doit prendre soit la bonne. Bien que nous puissions ne pas être conscients de la
direction et des intentions de la vie à notre égard, nous accompagnons pourtant
souvent son cours. Nous sommes emportés par le fleuve de la vie – parfois
involontairement – mais que nous avancions en nous débattant et en hurlant ou
tranquillement et dans la gratitude, la vie fera comme elle l’entendra avec nous.
L’ego n’expérimente pas la directionnalité de la vie, son intentionnalité. L’ego n’est
pas en phase avec le déroulement de la vie, avec son cours. L’ego est ce qui râle
contre la vie, qui pense que la vie doit être gérée et qui se débat en vitupérant.
L’ego a l’impression qu’il doit faire en sorte que la vie se produise, se manifeste,
mais la vie se produit et se manifeste déjà et le bonheur consiste à être en phase
avec ce qui se passe déjà et à être cocréateur avec cela, à pagayer avec le courant
et non à contre-courant, à suivre son cours et à laisser la rivière nous conduire là
où elle veut aller. Ceci n’est ardu que quand l’ego veut que la vie aille dans une
autre direction qu’elle ne va ou s’il pense que la vie devrait aller dans une autre
direction qu’elle ne va.
Pour découvrir où va la vie, tout ce qu’il y a lieu de faire, c’est observer ce qui se
passe : qu’êtes-vous inspiré à faire, maintenant ? Quelle sont les opportunités qui
se présentent à vous, maintenant ? Que vous est-il demandé, maintenant ? Que
vous permet la vie et que vous donne-t-elle la latitude de faire ou de créer,
maintenant ? Quelles directions bloque-t-elle et quelles directions soutient-elle,
maintenant ? Qu’est-ce qui est aisé dans votre vie et qu’est-ce qui fonctionne,
maintenant ? Généralement, suivre le courant veut dire aller vers ce qui fonctionne
et qui est soutenu et s’écarter de ce qui ne l’est pas ― même s’il peut y avoir des
défis quand nous suivons son cours, comme des tourbillons, des rapides et des
obstacles. L’ego rend la vie plus compliquée qu’il ne faut en s’opposant à son
cours. Il est aisé de suivre la rivière, même quand elle engendre des rapides. Ce qui
est ardu, c’est de ne pas suivre son cours ou de tenter de remonter le cours de la
rivière.
Il y a une Intelligence supérieure derrière toute vie et derrière chaque vie
individuelle et en réalité, nous sommes cette même Intelligence. Cette Intelligence
sait ce qu’Elle fait et Elle a à l’esprit notre meilleur intérêt qui n’est peut-être pas
ceux de l’ego. Cette Intelligence s’intéresse à l’évolution, à l’amour, à
l’apprentissage – à développer nos talents, nos ressources, notre compassion et
notre sagesse. A n’en pas douter, la rivière de la vie accomplira tout cela, que nous
196
la descendions en nous débattant et en protestant ou avec grâce et gratitude.
Nous ne choisissons pas ce que la descente de la rivière nous apporte, mais bien
comment nous la descendons. Notre expérience de la vie est entre nos mains,
même si les évènements de notre vie ne le sont pas.
La vie s’accomplit. Une bonne partie de celle-ci nous arrive, tout simplement, et
nous en façonnons une partie, mais quoiqu’il advienne, nous avons toujours la
faculté de pouvoir décider quelle est notre réponse à son égard et par conséquent,
notre expérience de celle-ci. C’est vraiment ce que la vie nous enseigne en nous
ramenant dans notre Foyer. Elle nous enseigne que la manière dont nous
répondons à la vie est ce qui importe – pas ce que la vie nous apporte. Certaines
réponses (par exemple la bonté, l’acceptation, l’amour, le pardon et la
reconnaissance) nous permettent de nous détendre et d’accompagner le cours de
la vie, alors que d’autres nous font souffrir, nous et les autres. En fin de compte,
notre réponse à chaque instant est ce qui importe et pas ce qui arrive. Quand nous
disons oui à la manière dont la vie se manifeste, des miracles se produisent –
l’amour, la paix, le contentement et le bonheur surviennent. Chacun de nous peut
faire de celui-ci un meilleur monde en accueillant, en acceptant et en étant
reconnaissant envers la façon dont la vie se manifeste, car en le faisant, nous
glissons dans l’Essence et devenons une expression de la paix et de l’amour sur la
terre et c’est en cela que consiste la descente de la rivière de la vie. Répondre ainsi
à la vie nous ramène rapidement et gracieusement chez nous.
197
LES PETITES CHOSES COMPTENT
La majorité des tournants de notre vie se sont produits en résultat de quelque
chose qui paraissait anodin sur le moment : une soirée au cours de laquelle nous
avons rencontré notre bien-aimé(e), un séminaire qui nous a initié à une nouvelle
manière de penser, un job de vacances qui a lancé notre carrière, un voyage qui a
modifié nos habitudes, un livre qui nous a orienté vers une voie spécifique…Des
expériences capitales résultent de ce qui paraît être de simples occurrences
anodines.
La plupart des choses qui nous apportent la plus grande satisfaction arrivent à la
suite d’une petite chose comme un coup de téléphone, une rencontre, une
recherche, un simple coup d’œil… La vie déroule et les moments qui sont
apparemment anodins et ordinaires en font partie intégrante. Si nous ne prêtons
pas attention à ces petites choses et si nous ne suivons pas notre intuition en ce
qui les concerne – comme participer à cette soirée, accepter ce job de vacances,
nous inscrire pour ce voyage, entretenir cet intérêt naissant, poursuivre nos
recherches par rapport à une chose – nous pourrions bien manquer des
expériences que nous considérerions comme importantes et probantes.
Les petites choses ont de l’importance pour une autre raison. Souvent, la seule
chose qui se passe, c’est quelque chose d’ ‘’anecdotique’’ et si nous acceptons ce
que raconte notre mental à ce propos et considérons les moments ordinaires de la
vie comme sans importance, superflus, ennuyeux ou même inappropriés, nous
manquerons l’opportunité de la joie qu’ils offrent. Si nous accordons une attention
totale aux choses ordinaires de la vie, comme se sécher les cheveux, sortir le chien,
faires les courses ou nous rendre en voiture quelque part, nous y découvrons
l’extraordinaire. Nous découvrons que les moments ordinaires ont le même
potentiel de bonheur que les moments extraordinaires.
Les moments extraordinaires – celui de la naissance de notre enfant, de la
signature pour le travail de nos rêves, celui où nous sommes tombés amoureux ou
quand nous nous sommes mariés – sont exceptionnels et s’estompent rapidement.
L’allégresse de tels instants ne peut pas durer, mais précisément ici et maintenant,
il est possible d’être heureux avec tout ce qui se passe, rien qu’en accordant à cela
votre attention totale. Si vous vous fondez dans tout ce que vous êtes en train de
faire, vous vous sentez content et en paix et tout ce que vous faites devient source
de beauté et de gratitude.
Le réel miracle de la vie, c’est que chaque instant est juste aussi précieux et recèle
autant de potentiel de bonheur que tout autre moment et faire l’expérience de ce
bonheur est surtout une question de reconnaitre cette grande vérité. Le mental
rejette la plupart des moments et un tel rejet nous empêche de découvrir le
198
bonheur potentiel de chaque petite action ou de chaque petite expérience. La
conviction que quelque chose ne compte pas et ne peut pas nous rendre heureux
est une prévision qui se réalise. Si vous croyez qu’il n’y a que certains moments qui
sont bons et qui sont précieux, alors cela devient votre expérience, mais si vous
connaissez la vérité que les instants ordinaires sont tout aussi précieux, alors la
reconnaissance et la réalisation du caractère précieux de la vie deviennent votre
expérience.
La vérité, c’est que chaque moment de la vie est précieux et sacré. Quand nous
nous alignons sur cette vérité, nous sommes heureux et en paix avec la vie et
quand ce n’est pas le cas, nous sommes en guerre contre elle, ce qui est l’état
d’identification avec l’ego, l’identification avec la voix dans notre tête. La
différence entre être heureux et en paix avec la vie et ne pas l’être n’est souvent
qu’une question de voir comment nous considérons cet instant. Cet instant paraîtil sans importance – quelque chose que vous ne faites que traverser simplement
pour parvenir à autre chose ? Ou bien est-ce quelque chose à savourer, comme la
plus délicieuse des glaces au chocolat, un dimanche après-midi ensoleillé au bord
d’une mer qui scintille et qui miroite ? Qu’en serait-il si vous accordiez aux
moments de la vie les plus ordinaires cette même attention que vous accordez aux
moments extraordinaires ?
La différence entre être heureux et ne pas l’être ne se situe pas dans ce que vous
expérimentez, mais bien dans le degré d’attention et dans la valeur que vous
accordez à chaque instant. Il apparaît seulement que ce que vous êtes en train
d’expérimenter soit bien la cause du bonheur, mais le bonheur est notre état
naturel et il n’est pas causé par quoi que ce soit. Ce bonheur n’est qu’obscurci par
la croyance ou la conviction que quelque chose n’est pas digne de notre attention
et de notre gratitude. Si nous accordons notre attention et notre reconnaissance à
quelque chose, nous expérimentons le bonheur dans l’instant.
Essayez ceci par vous-même : la prochaine fois que vous nourrirez votre chien, que
vous arroserez vos plantes, que vous mettrez du linge dans la machine à laver, que
vous irez chercher le courrier ou que vous accomplirez n’importe laquelle des
multiples tâches que vous accomplissez régulièrement, impliquez-vous totalement,
considérez cela comme un acte sacré, remarquez ce qu’il pourrait y avoir de beau
là-dedans, reconnaissez le miracle de la vie qui est capable de faire de telles choses
et témoignez votre gratitude pour pouvoir vivre l’expérience que vous vivez.
199
PAS SI IMPORTANT
Songez à toutes ces choses qui furent jadis si importantes pour vous et qui à
présent ne le sont plus du tout : bien performer et gagner quelque chose, posséder
quelque chose, vous faire remarquer par quelqu’un, obtenir un job spécifique,
avoir quelqu’un qui vous ressemble, sortir avec quelqu’un, avoir un look
particulier…Plus on remonte dans le temps et plus il est facile de voir le peu
d’importance des choses que l’ego désire. Ce qui nous préoccupe change de
manière significative en parcourant les différents stades de la vie. Adolescent, vous
pensiez mourir, si tel garçon ou telle fille ne vous aimait pas. Dans votre jeunesse,
vous pensiez qu’il vous fallait posséder telle voiture et telles fringues ou
autrement, personne ne voudrait sortir avec vous. Et la même chose vaut par
rapport à ce que vous pensez être si important maintenant. Cela n’aura plus
aucune importance, au bout d’un temps. Les rides qui peuvent vous causer du
souci à la quarantaine ou à la cinquantaine ne vous gêneront plus du tout, quand
vous aurez 70 ans.
L’ego n’a aucune perspective. Si ce que l’ego veut n’arrive pas ou si ce qu’il ne veut
pas se produit, cela paraît tellement important. Nous avons l’impression de ne pas
pouvoir être heureux, lorsque certaines choses arrivent ou lorsqu’elles n’arrivent
pas, uniquement parce que l’ego nous fait ressentir cela. Il nous donne
l’impression que certaines choses ― comme réussir quelque chose, avoir un certain
look ou posséder quelque chose… ― sont plus importantes qu’il en est, mais ce
n’est pas le cas. Elles ne déterminent ni votre valeur, ni votre vie, ni votre bonheur.
A tout bout de champ, l’ego a une liste de choses qui paraissent très importantes à
effectuer ou à posséder, mais le temps continue à avancer, nos centres d’intérêt
changent et d’autres choses qui n’étaient pas importantes le deviennent et des
choses que nous considérions autrefois comme importantes peuvent même nous
sembler sottes par rapport à notre point de vue actuel.
L’ego est comme une loupe et tout ce sur quoi il se focalise paraît important pour
notre bonheur, voire même notre survie, parce que l’ego voit le monde à travers le
prisme de la peur et du désir. L’ego est sûr que la vie ne peut pas être bonne, si la
vie ne lui fournit pas ce qu’il veut, mais ce n’est pas le cas, même s’il n’est guère
aisé de ne pas se laisser abuser par ce mensonge. Nous croyons réellement qu’une
chose revêt de l’importance, mais c’est l’artifice, le leurre et l’illusion : nous croyons
qu’une chose est importante, non pas parce qu’elle est réellement importante,
mais parce que nous croyons qu’elle est importante. L’ego fabrique un sentiment
d’importance autour de choses qui n’existent pas réellement, ce qui est très
crédule.
Pour contrer ceci, il nous faut nous arrêter un moment, voir plus loin et nous
rappeler comment les choses passent, défilent et sont oubliées, toutes ces choses
200
qu’autrefois vous pensiez si importantes et qui vous ont causé de la peine. Agir
ainsi peut aider à remettre les choses en perspective. Ensuite, voyez quand l’ego
crée des sentiments d’urgence ou des pensées et des désirs qui vous font souffrir
ou qui vous poussent compulsivement dans une certaine direction. Si vous le
voyez, vous devenez conscient et vous ne pouvez plus être dirigé aussi
inconsciemment par l’ego.
Détendez-vous, arrêtez-vous, respirez et profitez de ce que la vie vous apporte
maintenant, parce que cela ne sera pas toujours là et ne vous laissez pas tromper
par l’idée que réaliser vos objectifs et satisfaire vos désirs est si importante. C’est
important pour l’ego, mais la pulsion de l’ego et son sentiment de devoir posséder
quelque chose sabotent notre bonheur et notre capacité à nous accorder sur
l’Essence et découvrir comment l’Essence nous meut maintenant. L’Essence
pourrait vous inciter à poursuivre un objectif ou Elle pourrait vous inciter à
simplement vous reposer et simplement être pour une fois, à admirer le paysage et
à profiter de la vie, comme elle est.
De quoi croyez-vous avoir besoin pour être heureux et en paix, maintenant ? Peu
importe de quoi il s’agit, c’est le mensonge même qui vous empêche d’être
heureux et en paix.
201
LES BONNES ET LES MAUVAISES NOUVELLES
La bonne nouvelle, c’est que tout ce que vous n’appréciez guère comporte de
bonnes choses et la mauvaise, c’est que tout ce que vous appréciez comprend des
choses que vous n’aimez pas. Ce sont là des faits incontestables de la vie. Tout –
sans exception – comprend des choses que nous aimons et que nous n’aimons pas,
des avantages et des inconvénients, du bon et du mauvais.
Bien entendu, ce qui expérimente et qui étiquette tout comme ‘’bon’’ ou
‘’mauvais’’, c’est l’ego, puisque l’Essence embrasse tout dans ce magnifique drame
de la vie. L’Essence est ce qui est consciente de l’ego, qui a ses préférences et ses
aversions, mais l’Essence n’a pas de préférences. Si nous nous alignons sur
l’Essence, notre véritable nature, nous apprécions la complexité et la richesse de la
vie. L’Essence ne recherche pas simplement son confort, comme l’ego. L’Essence
apprécie les défis et l’évolution qui proviennent de la vie. Elle apprécie toute
expérience.
Peu importe à quel point il est évident que tout dans la vie est un mix où il y a à
boire et à manger, l’ego ne l’accepte pas. L’ego est toujours à la recherche de
l’expérience ultime via laquelle il obtient ou il obtiendra tout ce qu’il désire et les
sensations qu’il veut ressentir, continuellement. L’ego croit que c’est possible et
c’est pourquoi l’ego s’irrite contre la vie, car la vie ne fournit et ne fournira jamais
la perfection, comme la conçoit l’ego. Cette croyance ou cette conviction erronée
et abusive est une source de grande souffrance, car l’ego gâche subtilement et
insidieusement notre expérience en espérant et en attendant quelque chose de
meilleur de la vie, quelque chose qui soit plus au goût de l’ego, plus parfait et
dénué du défaut fatal de comporter et d’inclure quelque chose que nous
n’apprécions pas. Bien entendu, c’est ce que nous aimons dans nos fantasmes : ils
sont parfaits, sans aucun aspect, ni côté négatif.
Permettez réellement à cette vérité qui concerne la vie de pénétrer en profondeur
et d’être digérée et comprise. Avez-vous déjà connu une expérience ou vous êtesvous déjà trouvé dans une situation qui ne comportait pas des choses que vous
n’aimiez pas ? Plus vous serez en mesure et capable de voir cette vérité et moins
vous vous sentirez trompé par la vie, comme c’est le cas pour l’ego. S’attendre à ce
que la vie soit plus au goût de l’ego qu’elle ne le pourra jamais, c’est se préparer à
être déçu. Dans ce monde mystérieux et phénoménal, l’ego ne connaîtra jamais le
bonheur, mais seulement l’insatisfaction.
Néanmoins, la bonne nouvelle, c‘est que quand nous nous trouvons dans une
situation que nous considérons comme étant indésirable, nous pouvons partir du
principe qu’elle comporte quelque chose de bon et il est probable qu’il y ait
également quelque chose de bien qui se passe dans notre vie. L’ego ne remarque
202
pas toujours le positif, puisqu’il aime réellement polémiquer contre la vie qu’il
qualifie d’horrible et terrible. L’ego aime ses peines et son drame. L’ego balance
souvent vers le négatif en voyant la vie comme étant plus difficile qu’elle n’est
réellement ― et cette perception crée cette expérience même.
La vie est comme elle est. Dans votre vie, il y a des choses que vous aimez et
d’autres que vous n’aimez pas. Dans votre couple, il y a des choses que vous aimez,
d’autres que vous n’aimez pas. Chez vos enfants, il y a des choses que vous aimez,
d’autres que vous n’aimez pas. Dans toute expérience, il y a des choses que vous
aimez et d’autres que vous n’aimez pas et cela ne changera jamais. C’est intégré
dans la vie et la manière dont l’ego voit la vie. Nous devons travailler avec cela et
on ne peut rien y changer.
Ainsi donc, si vous rêvez d’atteindre tel objectif ou de rencontrer l’homme parfait
ou la femme parfaite, réalisez que ces expériences ressembleront beaucoup à
toutes celles que vous avez déjà connues. Il n’y a que dans vos fantasmes que de
telles expériences diffèrent. Votre futur sera toujours mitigé, même si tous les
rêves que vous avez jamais eus se réalisent. Alors, comme il s’agit d’un assortiment
maintenant, comme dans le futur, vous pourriez tout aussi bien trouver le moyen
d’être heureux avec la vie, comme elle est maintenant, sans attendre quelque
chose de meilleur, parce que la vie parfaite n’arrivera jamais. Vous avez le pouvoir
de choisir d’être heureux par rapport à la manière dont la vie se manifeste
maintenant. Tout cela n’est qu’une question de perspective. Adhérerez-vous aux
perceptions de l’ego ou pouvez-vous trouver ce qui en vous aime la totalité ?
203
LA VIE EST INTÉRESSANTE
Depuis la perspective de l’Essence, la vie n’est ni bonne, ni mauvaise, mais
intéressante. Même si vous êtes pris dans une situation difficile, il est possible de
trouver ce qui est en vous et qui trouve intéressant tout ce qui se passe. Chaque
fois que nous entrons dans une expérience, nous entrons dans l’inconnu. Vous ne
savez jamais exactement ce qui va se passer, même si l’expérience ressemble à une
expérience que vous avez déjà connue auparavant. Ne pas savoir ce qui va se
passer est l’une des choses qui rend la vie intéressante.
Prenez un rendez-vous chez le dentiste, par exemple. Vous avez déjà été chez le
dentiste à maintes reprises auparavant, mais qu’en sera-t-il cette fois ? En réalité,
votre attitude est ce qui détermine votre expérience. Ainsi, si votre attitude
change, votre expérience change, mais même ainsi, chaque expérience diffère. Il
n’y en n’a pas deux qui soient pareilles. Avoir un rendez-vous chez le dentiste n’est
pas qu’une question d’avoir quelqu’un qui opère dans votre bouche. Cela
comprend aussi l’expérience du dentiste, de toute autre personne que vous
rencontrez et de beaucoup d’autres choses. Comment allez-vous expérimenter ces
personnes ? Comment pourraient-elles vous être utiles ? Que pourriez-vous
apprendre ? Comment pourriez-vous partager avec elles de l’amour et de l’amitié ?
Comment pourriez-vous leur rendre service ou faire en sorte qu’elles se sentent
bien ?
Toute expérience – même un rendez-vous chez le dentiste – est une opportunité
de partager de l’amour ou quelque chose de nous-mêmes, de multiples façons. Les
gens se rendent tout le temps mutuellement service dans toutes sortes de
situations différentes en partageant de l’amour, des informations et leur aide sous
d’autres formes, aussi un rendez-vous chez le dentiste ne concerne-t-il pas que vos
dents, mais également potentiellement beaucoup d’autres choses, si vous les
remarquez. Et il peut s’agir d’un don, si telle est votre intention. Vous avez le
pouvoir de rendre votre entourage heureux, peu importe ce qui se passe, et ceci
change l’expérience de chacun.
La vie est intéressante, parce que la vie est une opportunité de créer notre réalité
par l’entremise de nos choix et de créer notre expérience via ce que nous
choisissons de penser par rapport à une expérience. Nous créons dans le monde
réel et créons notre expérience intérieure avec nos pensées concernant le monde
réel. Cette capacité de modeler l’expérience est très intéressante pour l’Essence, et
c’est une raison pour laquelle nous sommes ici : pour apprendre à être des
créateurs dans cette réalité et pour apprendre quel impact ont nos pensées, nos
attitudes et nos sentiments sur la réalité et notre expérience de la réalité.
204
La vie n’est pas qu’affaire d’aller chez le dentiste ou de faire toute autre chose que
l’on fait, puisque chaque fois que l’on fait quelque chose, on introduit sa
conscience, son esprit, sa compréhension et son conditionnement dans tout ce que
l’on fait. Tant de choses influent sur chaque instant et nous contrôlons bon
nombre d’entre elles. C’est très intéressant ! Qu’en est-il, si j’agis ainsi dans telle
situation ou si j’agis autrement à la place ? Qu’en est-il si je pense ceci plutôt que
cela ? La vie ressemble à un laboratoire pour expérimenter avec la création. On
expérimente continuellement avec la vie, qu’on le réalise ou pas. Pourquoi ne pas
devenir plus conscient de votre rôle en créant la réalité et votre expérience de la
réalité et pourquoi ne pas œuvrer plus consciemment par rapport à ce qui
fonctionne et à ce qui ne fonctionne pas ? Qu’est-ce qui favorise les résultats que
vous voudriez et qu’est-ce qui ne les favorise pas ? Et pourquoi ne pas apprendre à
faire les choses qui favorisent les résultats que vous voudriez, comme l’amour et la
paix ?
La vie n’est pas intéressante, si nous nous sentons à sa merci, si nous sentons que
nous devons faire des choses que nous ne voulons pas faire ou expérimenter des
choses que nous ne souhaitons pas expérimenter, mais la vie est intéressante, si
nous voyons que nous contrôlons notre expérience de tout ce à quoi nous
sommes confrontés, même si nous n’avons aucun contrôle par rapport à ce à quoi
nous sommes confrontés. Nous apprenons qu’avec la bonne attitude et la volonté
d’introduire de l’amour et de l’agrément dans toute expérience, nous pouvons
faire face à tout. Nous sommes les créateurs puissants de notre expérience de la
réalité, même si nous ne créons pas tous seuls la réalité. Nous découvrons que ce
que la vie nous nous apporte importe peu et que ce qui importe, c’est ce que nous
apportons à la vie. C’est la liberté.
205
COMMENT NOUS CRÉONS DES PROBLÈMES
Tous les problèmes commencent avec un désir – le désir que quelque chose soit
différent, ce qui est l’état chronique de l’ego. L’ego veut souvent que quelque
chose soit différent. Il pourrait s’agir d’un désir de longue date, comme vouloir
ressembler à autre chose ou à quelqu’un d’autre ; d’un désir ponctuel, comme
vouloir que votre voisin cesse de jouer de la musique aussi bruyante ; ou d’un désir
temporaire, comme vouloir manger quelque chose qui n’est pas disponible.
Les désirs de longue date créent le sentiment d’un problème qui peut être très
profond et qui peut même affecter notre estime personnelle et la manière dont
nous approchons la vie. Lorsqu’un problème de longue date fait partie intégrante
de notre image personnelle, nous pouvons en arriver à nous considérer comme
déficients ou inférieurs. Il semble alors vraiment que nous ayons un problème qui a
besoin d’être réglé, et même les désirs ponctuels et éphémères peuvent créer le
sentiment qu’il y a un problème et saper la joie de vivre.
La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a en réalité rien de tel qu’un problème, mais
uniquement des problèmes perçus. C’est une distinction très importante, car si un
problème est créé par nos perceptions, alors peu importe ce que c’est, nous
pouvons l’annihiler via un simple ajustement de notre perception en voyant la
vérité.
Le désir que quelque chose soit différent est naturel, puisque les désirs se
manifestent constamment en chacun. Il est bon de le réaliser et de l’accepter. Les
désirs vont et viennent. Ils font partie intégrante de notre empreinte/imprégnation
humaine. Ils surgissent spontanément dans l’esprit. Les désirs eux-mêmes ne
constituent pas le problème et vous ne pouvez pas les supprimer, de toute façon.
Par ailleurs, ils servent à notre évolution en nous apportant toute une gamme
d’expériences que nous sommes destinés à connaître en tant qu’humains. Le
problème, c’est que l’identification avec le désir vous fait beaucoup souffrir. C’est
vous identifier avec le désir – fortement ressentir que vous voulez quelque chose
que vous n’avez pas – qui crée de la souffrance et le sentiment d’avoir un
problème. Ou vous voulez quelque chose que vous n’avez pas actuellement, mais
que vous pourriez avoir plus tard ou vous voulez quelque chose que vous sentez
bien que vous ne pourrez jamais avoir.
Il y a beaucoup d’autres choses qui entrent en ligne de compte dans la création
d’un problème causé par un désir et parmi les plus importantes, il y a les émotions.
Lorsque nous désirons autre chose que la façon dont sont les choses, des émotions
surgissent. Nous pourrions nous sentir peinés, fâchés, coupables ou inférieurs pour
ne pas avoir ce que nous désirons, craindre de ne jamais l’avoir ou être jaloux,
envieux ou amers à l’égard de ceux qui l’ont. Alors, nous avons non seulement le
206
problème d’obtenir ce que nous désirons, mais en plus le problème de nous
débarrasser de ces émotions négatives. Le problème est juste devenu plus
important, avec ces émotions qui se sont surajoutées au désir.
Un autre élément majeur dans la création d’un problème, c’est que nous nous
racontons des histoires. Nous brossons un tableau négatif de la manière dont sont
les choses, parce qu’il y manque ce que nous voulons : ‘’Cela ne devrait pas être
ainsi…Je dois changer cela…Je ne serai jamais satisfaite tant que cela n’est pas
différent !...C’est toujours à moi que cela arrive !...Je n’arriverai jamais à tourner la
page…C’est trop compliqué à gérer…J’ai horreur de cela !...Que la vie me
pompe !’’…Ces histoires renforcent les émotions existantes et en génèrent d’autres.
Elles augmentent également l’importance de tout ce dont on s’imagine manquer
en lui donnant du sens et en fournissant des arguments qui soutiennent pourquoi
ne pas avoir ce que nous voulons constitue un problème. Nous considérons que ne
pas avoir ce que nous voulons signifie que nous ne serons pas heureux, que nous
sommes déficients ou ratés, que la vie est horrible, que nous sommes indignes
d’êtres aimés ou du bonheur, etc., etc. Ces histoires peuvent même faire paraître
réellement importants des désirs éphémères et passagers.
Provoquer des problèmes est ce que fait l’ego et il le fait ainsi : premièrement, il
désire que quelque chose soit différent et puis il amplifie l’importance de ceci avec
des histoires. Les émotions qui résultent du désir et des histoires nous persuadent
qu’en fait, le désir est important et nécessaire à notre bonheur. Il est intéressant de
constater que ces histoires ne font pas seulement souvent référence à l’importance
du désir, mais encore à la probabilité minime d’obtenir ce que nous voulons ou à la
très grande difficulté de l’obtenir. Agir ainsi produit de la souffrance, de la peine,
de la tristesse et de la colère que beaucoup de personnes éprouvent
continuellement. Elles veulent que les choses soient différentes, mais elles se
sentent incapables d’obtenir ce qu’elles désirent ou elles sentent qu’il est fort
improbable qu’elles obtiendront ce qu’elles désirent.
Certaines personnes ont appris à combattre cette négativité, se disent que c’est
possible et qu’elles en sont capables et alors, leurs désirs alimentent des actions
pour obtenir ce qu’elles désirent. Elles deviennent des battantes, des gagneuses,
des gens qui réussissent. Les problèmes créés par l’ego génèrent beaucoup
d’activités sur la Terre, mais une bonne partie de toute cette activité n’est pas
particulièrement satisfaisante, ni épanouissante, et elle ne nous apportera pas
nécessairement le bonheur auquel nous aspirons tous, et une bonne partie de
toute cette activité s’avère particulièrement pénible pour la Terre et pour ses
ressources. Ceci nous a investis dans les valeurs matérielles et superficielles de
l’ego et nous a éloignés des valeurs de l’Essence, c’est-à-dire l’amour, la paix, le
lien, l’évolution, l’épanouissement et le bonheur véritable et authentique. Lorsque
nous nous situons dans l’Essence, nous accomplissons encore des choses, mais nos
207
actions ne sont plus alimentées par les émotions négatives de l’ego, par des désirs
et par des craintes, mais par une motivation plus propre et plus vraie. Les choses
qui ont besoin d’être accomplies le sont toujours, et cela coule de source.
Le mensonge qui est à la base de chaque désir, c’est que vous serez heureux,
quand ce désir sera comblé. Cette conviction alimente l’action, mais les choses que
l’ego désire ne confèrent pas le bonheur, partiellement parce que les choses que
veut l’ego viennent, puis s’en vont toutes – la beauté, la jeunesse, le succès, le
statut, le confort, la sécurité, l’argent, le pouvoir – et aussi parce qu’une fois que
l’ego obtient ce qu’il désire, ou cela n’est pas suffisant ou l’ego veut quelque chose
de différent. Vous ne pouvez pas gagner en écoutant l’ego. A un moment donné, si
vous voulez être heureux et si vous ne voulez pas être obsédé par la résolution de
problèmes, vous devez voir que l’ego est un menteur. Il vous raconte que quelque
chose manque et qu’il vous faut cela pour être heureux et cela n’est simplement
pas vrai.
Alors, que percevez-vous comme étant vos problèmes ? Que vous racontez-vous à
leur sujet ? Quels désirs y a-t-il derrière et ces désirs sont-ils si importants ? Ils sont
importants pour votre ego, mais qu’en est-il de vous ? Que voulez-vous
réellement ? La vie vous permettra d’avoir l’expérience des problèmes et elle vous
permettra de poursuivre ce que veut votre ego, mais il y a ici autre chose qui vous
pousse vers le bonheur authentique et l’accomplissement authentique, et c’est ce
que vous êtes réellement. C’est ce qui lit ceci et qui voit la vérité par rapport à ceci.
Les problèmes sont créés en les cherchant, en définissant quelque chose comme
étant un problème et il n’y a qu’une seul chose ici qui agit en ce sens – et c’est
l’ego. Lorsque vous renoncez au mental égoïque, il n’y a plus de problèmes. Les
mêmes choses doivent être faites, mais elles sont juste simplement faites. Vous et
tout le reste, vous êtes toujours pareils et c’est très bien ainsi. Ce simple décalage
de l’ego vers l’Essence constitue la différence entre le paradis et l’enfer sur la terre.
Une fois que vous voyez la vérité par rapport à cela, vous avez le choix : remarquez
comment le mental égoïque crée des problèmes avec les histoires qu’il raconte,
remarquez comment ce qu’il désire n’est pas nécessairement vrai, ni judicieux et
remarquez surtout ce qui est capable de remarquer tout cela, parce que c’est ce
que vous êtes réellement.
208
COMMENT VOUS RENDRE MALHEUREUX
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Pensez à toutes les choses que d’autres personnes possèdent et que vous
n’avez pas (par exemple une relation amoureuse, une belle maison, une
nouvelle voiture, un travail formidable, des enfants, un corps élancé, une
santé parfaite, beaucoup d’argent, du succès, de la popularité, la beauté, des
loisirs intéressants et du sexe) et imaginez combien elles sont heureuses et
combien vous le seriez, si vous aviez ce qu’elles possèdent. Rêvassez à ce à
quoi votre vie devrait ressembler.
Ruminez la liste mentale de vos ‘’problèmes’’, de vos lacunes et de la
manière dont vous et votre vie n’êtes pas à la hauteur et tout ce que vous
devriez faire par rapport à cela, puis faites de ceci votre sujet de
conversation principal avec autrui.
Pensez à tout ce qui vous a contrarié dans le passé et parlez-en.
Repassez-vous d’anciennes conversations auxquelles vous avez pris part et
tirez des conclusions par rapport à la manière dont on vous considère ou
dont vous considérez ces personnes.
Pensez à tout ce que vous êtes contraint de faire.
Entretenez des avis et des opinions sur tout et n’importe quoi.
Remarquez tout ce que vous n’aimez pas ou que vous n’appréciez pas.
Pensez à d’autres personnes et parlez d’elles.
Pensez à vous-même et à la façon dont avance votre vie.
Pensez à toutes les choses qui pourraient aller mal, puis à toutes les choses
terribles qui sont arrivées à d’autres.
Consacrez beaucoup de temps à vous regarder dans le miroir.
Fixez-vous des buts et des objectifs pour vous-même et pour votre vie et
attendez de les avoir accomplis et réalisés pour être heureux.
Affairez-vous et occupez-vous de manière à ne plus pouvoir ni jouer, ni faire
ce que vous aimez faire ou ne rien faire – sinon peut-être regarder la télé.
Pouvez-vous encore trouver autre chose à ajouter à cette liste ? Comment vous
rendez-vous malheureux ?
A présent, comment pouvons-nous nous rendre heureux ? En cessant de faire tout
ce qui est mentionné sur cette liste, car le bonheur est notre état naturel et lorsque
nous cessons de faire tout ce qui nous rend malheureux, nous sommes
naturellement heureux !
209
CHANGEMENTS DE CAP ET DÉFIS
Le changement, c’est comme lancer une pièce en l’air et vous ne savez pas
comment celle-ci va retomber : bien ou mal pour l’ego ? L’ego se tracasse
beaucoup par rapport au fait qu’elle puisse mal retomber. Quand les choses
bougent, il considère les pires scénarios possibles et redoute le pire. Il colle une
histoire au changement : ‘’Ma vie part en vrille….’’
Si nous nous situons dans l’instant présent au cœur du changement ou d’un défi
(comme par exemple un divorce, un déménagement, une période de chômage, un
problème de santé, etc.), nous voyons que l’expérience réelle de la vie évolue
constamment, à chaque instant. Et même durant les pires périodes, les mauvais
sentiments vont et viennent et nous avons toute latitude de rire, d’être heureux et
certainement d’aimer.
L’histoire que nous introduisons sur le moment même concernant un changement
ou un défi rend souvent cet instant plus difficile ou plus stressant qu’il ne l’est
réellement. A quel point les changements et les défis de la vie sont problématiques
est surtout une question de pouvoir nous situer simplement dans la vie sans notre
histoire concernant ce changement ou ce défi et à quel point nous ne sommes pas
dans la vie réelle, mais dans notre histoire. Nous véhiculons mentalement avec
nous et tout autour de nous le sentiment d’avoir un problème et nous
l’introduisons dans le moment présent en le gâchant. Un changement ou un
problème n’a pas d’existence objective, mais n’existe que sous la forme d’une idée
d’un changement ou d’un problème. Nous définissons quelque chose comme étant
un problème et nous créons l’expérience d’avoir un problème.
Aucune situation, ni aucune circonstance ne sont ingérables, mais nous les rendons
telles en pensant à ‘’notre problème’’, en nous lamentant à son propos, en tentant
de comprendre l’incompréhensible, en nous sentant mal par rapport à cela, en
nous mettant en colère, en nous angoissant, en ressassant le passé et en voulant
que les choses soient différentes. Ces pensées rendent ce que nous sommes en
train d’expérimenter plus complexe, plus ardu et plus éprouvant que n’importe
quelle situation particulière ou spécifique ne l’est réellement. Si une période ou si
une situation complexe ou délicate est dépouillée de telles pensées, tout ce qui
reste, c’est ce qu’il y a à faire ou à ne pas faire dans l’instant même par rapport à
cela ou n’importe quoi d’autre. Souvent, ce qui est requis de nous dans un moment
particulier n’a rien à voir avec notre ‘’problème’’, mais nous pouvons introduire
l’idée de ce problème dans ces moments ordinaires qui sont potentiellement
plaisants.
Je vous mets au défi de rester continuellement déprimé ou malheureux. C’est
impossible ! Comme un poing serré pendant trop longtemps, la contraction doit
210
cesser à un moment donné. Nous sommes finalement soulagés et ce soulagement
se produit généralement, parce que nous tournons notre esprit et notre attention
vers autre chose que notre problème en nous perdant dans l’expérience que nous
vivons, en nous perdant dans le réel plutôt que dans l’irréel (notre problème).
Le problème est que notre ego aime vraiment l’idée d’un problème et tous les
soucis et toutes les stratégies qui l’accompagnent. L’ego est en outre ce qui
déteste le problème et paradoxalement, apprécie le détester ! Vous pouvez le
ressentir, si vous observez l’expérience globale de votre souffrance. A l’intérieur de
cette souffrance, il y a une certaine appréciation de la souffrance, et c’est l’ego.
Souffrir maintient l’ego en vie et lui procure une identité. ‘’Je suis quelqu’un qui
souffre. J‘ai un problème qui nécessite une solution.’’ Un problème nous procure
non seulement une identité, mais il nous donne aussi quelque chose à faire.
L’ego définit quelque chose comme un problème, génère des émotions
désagréables autour de ceci, puis il recherche des solutions. La création d’un
problème et la recherche d’une solution sont un moyen pour se maintenir pour
l’ego. Sans un ‘’problème’’ et sans la souffrance qu’il engendre, il n’y aurait à se
préoccuper de rien et sans pensées, nous glisserions dans l’Essence et nous serions
heureux et l’ego serait au chômage. L’ego a ses combines qui le maintiennent au
pouvoir et il ne veut pas que vous compreniez cela.
La beauté, c’est que l’évolution ne ressemble pas à une pièce d’argent qu’on lance
en l’air. Ce n’est que l’impression de l’ego. L’évolution ne ressemble pas à une
pièce d’argent qu’on lance en l’air, parce qu’une pièce d’argent n’a que deux côtés
– un côté que l’on considère comme bon et l’autre comme mauvais. Du point de
vue de l’Essence, toute évolution qui se produit est simplement ce qui est censé se
produire. En d’autres termes, le lancement de la pièce d’argent retombe toujours
en votre faveur. C’est en fin de compte la vérité de la vie. La vie ne ressemble pas à
une pièce d’argent, parce qu’elle n’a pas deux faces. Elle n’est ni ‘’bonne’’, ni
‘’mauvaise’’. Chaque chose recèle ses bénédictions déguisées et ses coûts cachés.
Mais la vie est souvent comme une pièce d’argent qu’on lance en matière
d’imprévisibilité. Nous n’avons simplement pas à craindre la manière dont elle
retombera.
Il y a quelque chose de très sage derrière toute expérience qui ressemble à un jet
de pièce. Nous pouvons bien ne pas être conscients de cette Intelligence, mais
nous pouvons nous fier au fait qu’elle apportera les expériences dont nous avons
besoin. Et si nous n’introduisons pas d’inquiétudes, de craintes, de jugements, de
résistance, de victimisation, de colère, de confusion, ou toute autre négativité dans
une expérience, nous découvrirons que celle-ci est utile à notre croissance et à
notre évolution pour devenir un être humain plus aimant et plus sage. La vie est
sage et nous ramène chez nous. Les changements et les défis constituent une part
211
naturelle et nécessaire de la vie. Si nous nous fions à la sagesse que nous sommes
et si nous l’écoutons plutôt que de nous fier au moi et d’écouter ce faux moi que
nous ne sommes pas, nous découvrons que nous pouvons nous frayer un chemin
gracieusement et sans trop de souffrance à travers n’importe quel changement ou
n’importe quel défi.
212
ON NE RÉSOUT PAS LES PROBLÈMES EN LES RESSASSANT
Quand nous avons un problème, il a tendance à resurgir dans notre esprit à
maintes reprises au cours de la journée. Nous nous tracassons et nous tentons de
décider quoi faire, mais penser à nos problèmes, c’est surtout penser à ce qui
pourrait arriver dans le futur. ‘’Que va-t-il se passer et comment cela va-t-il
m’affecter ?’’, nous demandons-nous. Le problème est qu’il n’y a pas de réponses à
ces questions – avant qu’il n’y en ait ! – peu importe combien nous nous triturons
les méninges à leur propos. Les réponses et la solution à tout problème que nous
pensons avoir seront révélées en temps voulu, au fur et à mesure que la vie se
déploie et ceci ne peut être précipité. Nous n’avons que peu d’influence sur le
timing et sur le déroulement de la vie.
Le mental n’apprécie guère que nous ne pouvons pas toujours savoir quoi faire
immédiatement ni comment les choses vont se résoudre et il insiste pour savoir
quoi faire et ce qui va arriver avant qu’il ne soit possible de le savoir. Parfois, le
mental invente des réponses juste pour savoir, puis il prétend savoir quoi faire et
ce qui va arriver. Le mental va souvent de l’avant avec sa solution fondée sur ses
conjectures.
Les problèmes se résolvent naturellement avec le temps. Nous faisons ce qui a
besoin d’être fait, quand cela se présente. Les solutions sont souvent découvertes
intuitivement, lorsqu’elles jaillissent dans notre esprit. Nous savons soudainement
ce que nous devons faire par rapport à une situation. Nous pouvons bien nous
demander pourquoi nous n’avons pas vu plus tôt la réponse, mais la vie est ainsi
faite et toutes nos récriminations par rapport à ceci et tous nos efforts pour savoir
ne peuvent rien y changer. Il y a l’exemple courant du problème de santé. Nous
pourrions vivre avec celui-ci depuis des années, et puis nous tombons
soudainement sur une information qui nous procure la solution ou les explications
que nous recherchions.
Parfois, nous ne sommes pas censés trouver des réponses à un problème. Un
problème peut servir à catalyser notre évolution ou nous orienter dans une
nouvelle direction et il faut parfois des années avant que la bénédiction d’avoir
vécu cette expérience ne devienne claire, mais même si ceci ne devient jamais clair,
nous pouvons nous fier au fait que ce que nous qualifions de ‘’problèmes’’ nous
sert d’une façon ou d’une autre ― si pas seulement pour produire la souffrance qui
nous montre que nous étions le créateur de cette souffrance depuis toujours et
que nous n’avions pas réellement un problème, hormis celui que nous créions en
pensant à quelque chose, d’une certaine manière. Un exemple est que nous
pourrions avoir l’impression que notre relation de couple est problématique. Nous
sommes malheureux et nous ignorons quoi faire par rapport à cela, puis nous
découvrons que nous créons notre propre souffrance et le sentiment qu’il y a un
213
problème à cause des exigences que nous entretenons à l’égard de notre
partenaire d’être différent plutôt que de simplement l’accepter et de permettre à
cette personne et à la relation d’être comme elle est.
Le mental égoïque trouve toutes sortes de choses qu’il n’aime pas et qui
deviennent des problèmes, mais est-ce réellement un problème, si vous n’aimez
pas quelque chose ? Qu’en serait-il si vous décidiez qu’il n’était pas problématique
de ne pas aimer quelque chose ou que vous n’avez pas besoin de changer quelque
chose, juste parce que vous n’aimez pas cela ? Ceci s’appelle de l’acceptation : vous
acceptez quelque chose que vous n’aimez pas, simplement parce que vous décidez
de l’accepter plutôt que de vous focaliser sur le fait de ne pas l’aimer et d’en faire
un problème. Ou qu’en serait-il, si vous décidiez de l’aimer plutôt que l’inverse ?
Ressasser nos problèmes n’aide pas. Cela rend juste impossible de pouvoir profiter
de la vie, comme elle se manifeste. Et si vous examinez les choses attentivement,
vous réaliserez aussi que sans vos pensées par rapport à une situation, il n’y a pas
de problème. Tous les problèmes sont simplement définis comme tels par le
mental. Qu’en serait-il, si vous n’écoutiez pas les inquiétudes, les craintes et les
points de vue du mental concernant la vie ? Vivre dans l’instant présent est un lieu
de liberté par rapport à de telles pensées. La vie est toujours gérée, les problèmes
sont toujours résolus, mais avec beaucoup plus de paix et de joie. La vie ne doit
pas être aussi dure !
214
CELA PRENDRA LE TEMPS QU’IL FAUDRA
Le mental égoïque polémique avec la vie. Il est généralement très pressé. Il produit
le sentiment du temps et le sentiment qu’il n’y en a pas assez. Une de ses façons
de faire, c’est de prétendre qu’une chose pourrait ou devrait prendre moins de
temps, ce qui est bien entendu un mensonge. Les choses prendront le temps qu’il
faudra et il n’y a généralement rien du tout que nous puissions faire à cet égard ―
et elles prendront parfois encore plus de temps que nécessaire : des personnes
sont en retard, le trafic routier est lent, il nous manque des ingrédients alors que
nous cuisinons, quelqu’un nous interrompt avec un coup de téléphone
intempestif…Le mental égoïque n’accepte même pas le temps que prennent
normalement les choses et donc, le moindre retard constitue particulièrement un
motif de se plaindre. Le mental compare tout ce qui se passe à un idéal ou avec
quelque chose du passé et il s’imagine que la vie devrait se conformer à cet idéal
ou à ce souvenir, mais la vie n’opère pas ainsi. Le mental n’accepte simplement pas
comment la vie opère et cela crée beaucoup de tensions, si nous écoutons et
croyons nos pensées.
Pourquoi ne pas permettre à chaque petite chose et à chaque chose importante de
prendre le temps qu’il faut ? Cela prendra le temps qu’il faudra, de toute manière.
Ne pas accepter combien de temps nécessite une chose est une source de
souffrance subtile et constante avec laquelle la plupart d’entre nous vivent sans la
remettre en question, mais il est inutile de vivre avec le sentiment d’être bousculé,
pressé, frustré, fâché, mécontent ou insatisfait, si nous voyons que nous créons
nous-mêmes cette expérience déplaisante avec la perception qu’une chose ne
devrait pas prendre autant de temps qu’elle n’en prend. Remarquez ceci, quand
vous vaquez tout au long de votre journée. Remarquez à quel point le mental
égoïque peut être mécontent à l’égard des tâches quotidiennes et pourtant, ces
tâches doivent être accomplies. Il faut prendre la route pour aller quelque part, il
faut se brosser les dents, il faut payer ses factures et il faut bien faire toutes les
choses qui font en sorte que nos vies fonctionnent et opèrent harmonieusement.
Résister et nous plaindre par rapport à de telles tâches est dysfonctionnel et
désagréable, alors pourquoi écouter et adhérer à la résistance, aux plaintes et à la
négativité du mental ? La clé est de simplement voir que toute résistance ou toute
négativité par rapport à ce que vous êtes en train de faire est la résistance et la
négativité de votre mental, et non la vôtre, car vous êtes Cela qui est capable
d’observer vos pensées et tout ce que fabrique le mental – comment il produit et
génère de la négativité et de l’insatisfaction. Notre position par défaut, en tant
qu’humains, c’est d’adhérer à nos pensées et de sentir qu’elles sont nos pensées,
mais elles sont juste le programme reçu. Si ces pensées surgissaient dans l’esprit
de quelqu’un d’autre plutôt que dans le nôtre, nous ne les considérerions pas
comme étant les nôtres, mais puisqu’elles surgissent dans notre propre tête, nous
215
y adhérons. Nous croyons que c’est ce que nous croyons et ressentons et qu’il est
juste et approprié de se sentir ainsi.
Quelle bénédiction, quand vous découvrez Cela qui est en vous et qui peut
désapprouver la négativité, qui peut désapprouver vos propres pensées ! Qu’est-ce
que Cela ? C’est qui vous êtes réellement. Vous êtes Cela qui est heureux de la vie
et qui peut permettre à toute chose de prendre autant de temps qu’il le faut. Ce
basculement très simple entre bousculer les choses et leur permettre de prendre
tout le temps nécessaire modifiera radicalement votre expérience de la vie. Vivre
ainsi est beaucoup plus paisible, fonctionnel et amusant. Les mêmes tâches sont
accomplies dans un temps similaire, mais dans la facilité et la paix plutôt que dans
la tension, le stress et la frustration.
Se libérer de la colère, de la frustration et de l’insatisfaction est possible,
simplement en observant comment le mental est capable de créer ces sentiments
en vous, si vous le laissez faire. Et soyez reconnaissant envers la vie que vous avez
reçue et envers toutes les choses que vous ‘’devez’’ faire. Depuis ce lieu, si quelque
chose qui concerne votre vie ou la manière dont vous faites les choses doit être
modifié pour le mieux, vous trouverez plus facilement le moyen de le faire. Le
mental adore réellement se sentir victime, martyr et bien-pensant et donc, il ne
vous aidera pas à trouver le moyen d’être plus fonctionnel et plus heureux. Il
préférerait plutôt se complaire et se vautrer dans sa propre souffrance. Vous
trouverez la voie en n’écoutant pas vos pensées négatives et en laissant toute
chose prendre le temps nécessaire. Détendez-vous et profitez bien du voyage !
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ÊTES-VOUS BIEN DISPOSÉ ?
Etes-vous bien disposé à jouer le rôle que la Totalité a à l’esprit pour vous, peu
importe sa grandeur ou sa petitesse ? Etes-vous bien disposé à vivre l’expérience
que vous vivez ? Etes-vous bien disposé à voir que l’expérience que vous êtes en
train de vivre sert votre évolution, de même que l’évolution de la Totalité ?
Pourquoi ne pas abandonner la lutte, le combat de faire en sorte que votre vie
‘’tourne’’ d’une certaine manière, afin d’expérimenter réellement la vie qui est la
vôtre maintenant – non pas l’histoire que vous vous racontez au sujet de votre vie,
mais l’instant présent, libre de cette histoire ?
Etes-vous bien disposé à vieillir, comme vous vieillissez ? Etes-vous bien disposé à
avoir le montant que vous avez sur votre compte bancaire ? Etes-vous bien disposé
à déménager, si vous devez déménager, ou à rester, si vous devez rester ? Etesvous bien disposé à être en couple, si vous êtes en couple ou à ne pas être en
couple, si vous n’êtes pas en couple ? Etes-vous bien disposé à ressembler à ce à
quoi vous ressemblez maintenant ? Etes-vous bien disposé à expérimenter la
douleur, si c’est cela que vous expérimentez ? Etes-vous bien disposé à vous sentir
perdu ou mal ou confus ou peu importe la façon dont vous vous sentez ? Tout ce
que nous avons jamais à faire maintenant, c’est d’être bien disposés à vivre toute
expérience que nous sommes en train de vivre. Si c’est le cas, les choses qui ont
l’air d’être un problème cessent d’avoir l’air d’être un problème et nous pouvons
expérimenter la beauté et la bonté de la vie.
Qu’en serait-il, si toutes les choses qui se produisaient et que vous n’aimiez pas
étaient OK pour vous ? Que faudrait-il pour qu’elles le soient ? N’est-ce pas
quelque chose à l’intérieur de vous qui décide qu’elles ne sont pas OK ? Quelles
sont les convictions qui vous empêchent de permettre à ces choses d’être OK ?
Cela vous fait-il du bien de décider que ces choses ne sont pas OK ?
Le fait est que si quelque chose n’est pas OK pour nous, nous nous sentons
malheureux, alors non seulement nous avons la situation que nous n’aimons pas,
mais nous sommes malheureux, en plus. Nous pouvons simplement avoir la
situation que nous n’aimons pas et néanmoins être heureux ! L’acceptation ne veut
pas dire que vous devez aimer la situation. Cela veut simplement dire que vous
êtes bien disposé à la laisser être comme elle est pour l’instant, si seulement parce
que vous ne voulez pas gâcher ce moment précieux en étant malheureux.
Etre malheureux n’est pas nécessaire. Nous pouvons ne pas aimer quelque chose
et néanmoins être heureux ! La volonté de laisser les choses être telles qu’elles
sont nous permet de nous détendre et d’être simplement ici dans l’instant sans
combattre ou craindre quelque chose, sans nous plaindre de quelque chose ou
bidouiller quelque chose, tout ceci finissant par définir notre expérience de la vie,
217
si nous le permettons. La volonté de laisser les choses être comme elles sont nous
permet de nous situer dans le moment présent sans le sentiment d’avoir un
problème. Etre bien disposé à laisser une chose que nous n’aimons pas être
comme elle est nous permet d’expérimenter tout ce qui se passe d’autre dans
l’instant à côté de ce que nous n’aimons pas dans notre vie. A ce moment-là, nous
pouvons découvrir qu’il y a plein de choses dans l’instant et dans la vie que nous
aimons, qui sont merveilleuses et magnifiques et envers lesquelles nous pouvons
être reconnaissants. Curieusement, cet état de détente et de gratitude est l’état
d’où les solutions et l’inspiration jaillissent pour changer tout ce qui est destiné à
être changé.
Etes-vous bien disposé à permettre à votre vie d’être comme elle est
actuellement ? Il n’y a vraiment pas beaucoup d’autres alternatives…L’unique
alternative étant de vous plaindre ou de vous fâcher ou d’être malheureux par
rapport à cela, ce qui ne la changera pas. Si vous ne pouvez rien y changer
actuellement, alors laissez un autre moment s’en charger. Etes-vous bien disposé à
expérimenter tout ce qui se passe dans l’instant ― et pas seulement vos idées, vos
souhaits, vos rêves, vos peurs, vos doutes et vos désirs ? Expérimenter de telles
pensées plutôt que la vie réelle est ce qui nous rend malheureux. Il y a toujours
assez pour être heureux, si votre attention ne se focalise pas sur de telles pensées.
Le désir que quelque chose soit différent nous éloigne de la vie réelle et nous rend
mécontents de la vie. Nous pensons que ces désirs nous servent, mais ils ne font
que créer et entretenir le faux moi. L’Essence a des élans et des intentions plus
profondes qui n’aboutissent pas à l’insatisfaction à laquelle conduisent les désirs
de l’ego. Suivre ces élans plus profonds n’est possible que si nous ne souffrons pas
des désirs de l’ego. Glissez-vous dans le moment présent et découvrez ce que
l’Essence vous destine dans l’instant. Etes-vous bien disposé à vivre l’expérience de
l’Essence dans l’instant ? A tout moment, nous pouvons ou bien avoir l’expérience
de l’ego ou bien celle de l’Essence. Voulez-vous la paix ?
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À PROPOS DE L’AUTEURE
Gina Lake est une enseignante spirituelle, auteure de nombreux livres concernant
l’éveil à notre véritable nature, dont Trusting Life, Embracing the Now, Radical
Happiness, Living in the Now, Return to Essence, Loving in the Moment, What
About Now ?, Anatomy of Desire et Getting Free.
Dotée d’une solide intuition, elle possède une maîtrise en psychologie de
l’orientation et dispose d’une expérience de plus de vingt ans dans le domaine de
l’aide aux personnes et leur croissance spirituelle.
Son site Web fournit des informations sur ses livres (dont plusieurs sont
téléchargeables gratuitement) et offre encore d’autres extraits de ses livres, un
bulletin mensuel, un blog ainsi que des enregistrements audio et vidéo.
(www.radicalhappiness.com)
Partage-pdf.webnode.fr
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