GINA LAKE EMBRASSER L’INSTANT PRÉSENT Gina Lake, Embracing the Now – Finding Peace and Happiness in What is SOMMAIRE INTRODUCTION 5 1ÈRE PARTIE : DÉCOUVRIR QUI VOUS ÊTES 8 La Conscience est qui vous êtes Devenir conscient de la Conscience La vitalité L’attention, porte d’entrée du moment présent Etre personne et tout le monde L’acceptation Simplement être ! Méditation consciencieuse Qui crée votre réalité ? Deux types de désirs Suivre son Cœur La méditation la plus simple Méditer sur ce qui est S’aligner sur l’Essence Approfondir l’Essence 2ÈME PARTIE : L’EGO 9 11 13 15 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40 Voir au-delà de la pensée ‘’je’’ L’ego est un fauteur de troubles Se déconnecter de l’histoire du moi La fin de la lutte L’ego est irrationnel La vie jaillit de l’instant présent Comment le mental égoïque vous fait sortir de l’instant présent Arranger les choses par la pensée Le désir de connaître l’avenir La peur, l’arme la plus puissante de l’ego Le doute ou l’instrument le plus insidieux de l’ego Le jugement, l’arme favorite de l’ego Comment les jugements minent les relations L’ego est confus Faire la paix avec la vie 2 41 44 46 48 51 54 56 58 60 62 65 67 69 72 74 3ÈME PARTIE : SE LIBÉRER DU CONDITIONNEMENT Voir la vérité à propos des désirs Les sentiments ne sont pas ce que vous pensez Les émotions indiquent le conditionnement Que faire avec les émotions Guérir les problèmes émotionnels Se libérer de la voix de l’ego Une pensée à la fois Une investigation radicale L’acceptation de la mort et de la perte Lâcher prise, c’est lâcher prise par rapport à une pensée Le renoncement Vivre sans miroirs Vivre sans référence à des croyances Qu’introduisez-vous dans l’instant présent ? Demeurer dans l’Essentiel dans un monde motivé par l’ego Un mode de vie pour l’Eveil 4ÈME PARTIE : LES SECRETS DU BONHEUR 77 80 84 86 89 91 93 95 97 100 103 105 107 109 111 113 116 Le bonheur, c’est ici et maintenant Etre satisfait A quoi prêtez-vous attention ? Suffisamment bon La bénédiction cachée de la limite Aimer ce qui est Accueillir l’instant Dieu est dans les détails Il y a toujours quelque chose à aimer ! Aimer ce que vous faites Faire ce que vous aimez Faire ce qu’aime l’Essence 117 120 122 124 127 130 133 135 137 139 142 144 5ÈME PARTIE : AVOIR CONFIANCE EN LA VIE 146 Avoir confiance en Dieu La bonté est qui l’on est Dieu est bon(té) Le saut quantique de la foi L’importance d’expérimenter l’Essence Par rapport à la fiabilité de la vie Voir la vie comme elle est 147 150 152 154 156 158 161 3 Obtenir et donner 163 6ÈME PARTIE : PROFITER AU MIEUX DU MOMENT PRÉSENT 165 Profiter au mieux de la vie Je préférerais aller pêcher Faire ce qui se présente à vous Trouver du plaisir L’attente Qu’est-ce qui vous empêche d’être heureux ? Accompagner le cours de la vie Les événements ne modifient pas l’expérience A quelle histoire vous rattachez-vous ? Les pensées inutiles Constater l’impact de vos pensées Le présent guérit L’Essence est un sentiment d’être chez soi 166 168 170 172 174 176 178 180 182 185 187 189 191 7ÈME PARTIE : CULTIVER UNE NOUVELLE PERSPECTIVE 193 La fausse comptabilité de l’ego La vie s’accomplit Les petites choses comptent Pas si important Les bonnes et les mauvaises nouvelles La vie est intéressante Comment nous créons des problèmes Comment vous rendre malheureux Changements de cap et défis On ne résout pas les problèmes en les ressassant Cela prendra le temps qu’il faudra Êtes-vous bien disposé ? 194 196 198 200 202 204 206 209 210 213 215 217 À PROPOS DE L’AUTEURE 219 4 INTRODUCTION Ce livre est une collection d’essais qui relèvent de mon travail en individuel avec d’autres personnes, pour la plupart. En travaillant avec les gens sur leurs problèmes émotionnels et spirituels, j’ai découvert la nécessité d’aborder certaines questions communes aux chercheurs spirituels et à ceux qui sont en train de s’éveiller à leur véritable nature. Etant donné que ce livre se compose d’essais, il est organisé en sections plutôt qu’en chapitres et se prête bien à l’étude d’un essai à la fois et il n’y a pas besoin de le lire dans un ordre spécifique, même s’il possède un ordre intentionnel. Evoquer un peu la terminologie pourrait s’avérer utile au cas où ceci serait le premier de mes livres que vous lisiez. La terminologie utilisée ici et dans mes autres livres est fort similaire à celle qu’Eckhart Tolle, l’auteur à succès et maître spirituel utilise dans ‘’Le Pouvoir du Moment Présent’’ et ‘’Une Nouvelle Terre’’. Dans ses livres, il parle du moment présent et du mental égoïque qui est l’aspect du mental qui sert l’ego, le faux moi. L’ego est l’impression d’être un ‘’moi’’ avec toutes les idées, toutes les convictions et tous les autres conditionnements que comporte ce sentiment d’exister en tant qu’individu. On appelle l’ego ‘’faux moi’’, puisque l’ego n’est pas qui nous sommes vraiment, contrairement aux apparences. Le mental égoïque, qui est un reflet de l’ego et de son conditionnement, est le mental jacasseur, le moulin à paroles qui génère un flux quasi permanent de commentaires qui concernent la vie, sur base de notre conditionnement. On l’expérimente comme ‘’la voix dans sa tête’’, comme dit Eckhart Tolle. Par souci de simplicité, je fais parfois référence au mental égoïque comme au mental. Néanmoins, le mental égoïque se distingue de l’esprit fonctionnel, qui lui est l’aspect de l’esprit que nous utilisons pour lire, calculer, analyser, concevoir, suivre des instructions, etc. On a besoin de l’esprit fonctionnel, mais on n’a vraiment pas besoin du mental égoïque pour fonctionner. Le mental égoïque est l’aspect de l’esprit qui nous parle, tandis que l’esprit fonctionnel est un outil que nous utilisons lorsque nous en avons besoin. En écrivant sur l’ego, je l’ai parfois situé comme un ennemi dans l’optique d’aider les gens à s’en détacher, car si les gens s’identifient à l’ego, ils sont dans un certain sens amoureux de leur mental égoïque et j’espère pouvoir les aider à s’en désamouracher, puisque l’ego, les pensées et les émotions qu’il génère sont la source de la souffrance humaine. Mais bien entendu, même l’ego fait partie intégrante de l’Unité et l’ego sert précisément la fonction voulue par l’Unité. L’ego n’est pas réellement une entité. C’est plutôt le sentiment d’être un individu distinct et séparé qui nous est naturel. Nous nous ressentons comme des individus, alors que nous sommes en vérité des manifestations ou des expressions de l’Etre unique. C’est cette Unité que des mystiques de toutes les époques ont réalisée 5 comme étant sous-jacente à toute la vie et que le terme de ‘’non-dualité’’, qui veut dire ‘’pas deux’’, évoque. Enveloppés dans un corps humain, nous avons perdu conscience de notre véritable nature et nous sommes destinés à redécouvrir la Vérité. Cette découverte est le but de toutes les voies spirituelles et ce que les pratiques spirituelles sont censées révéler. Ce sentiment d’être un individu distinct et séparé est produit par le mental. Nous sommes programmés à nous penser comme étant distincts et séparés et comme possédant des caractéristiques particulières. ‘’Je suis un homme’’, ‘’je suis intelligent’’, ‘’je suis mère de famille’’, ‘’j’ai 47 ans’’…Tout ce qui suit ce ‘’je suis…’’ nous définit et nous prenons toutes ces définitions pour qui nous sommes. Et pourtant, si vous examinez ces postulats, vous constatez que ce ne sont que des idées, car il n’y a aucun ‘’vous’’ derrière les pensées qui ‘’vous’’ concernent. Ce ‘’vous’’ que ‘’vous’’ pensez être est constitué par des pensées ! C’est une fameuse révélation ! Alors, qui êtes-vous ? C’est l’éternelle question ! Tenter d’y répondre résulte dans la découverte que vous n’êtes pas quelque chose, plutôt un Etre qui expérimente l’Existence. Si vous détachez toutes les étiquettes, si vous vous dépouillez de tous les concepts, tout ce qui vous reste, c’est simplement JE SUIS, l’Existence pure et simple. Nous sommes Cela qui existe ici et maintenant et qui est conscient de cette existence. Les maîtres spirituels appellent souvent le vrai Soi, Conscience, parce que l’expérience du vrai Soi, c’est d’être conscient. Au-delà, on ne peut pas définir qui ou ce que nous sommes réellement. Il y a des qualités que l’on peut ressentir, telles que la paix, l’acceptation, l’amour, la compassion, la gratitude, la bonté, la patience, la sagesse et la force, même si ces mots sont loin de définir le mystère de notre nature authentique. Qui nous sommes réellement est indescriptible, puisque cela se situe bien au-delà de ce que le mental peut comprendre ou saisir, mais pour évoquer qui nous sommes réellement, nous devons lui donner un nom et on lui a attribué de nombreux noms, tels que la Source, l’Esprit, l’Unité, l’Etre, la Conscience, Dieu, le divin, l’Absolu, la Présence, le Silence, la vacuité, le moment présent, l’Essence, le Soi, le Soi supérieur et le vrai Soi, pour en citer juste quelques-uns. J’y fais généralement référence comme à l’Essence, à l’Unité, au Soi ou à la Conscience. Ces termes signifient fondamentalement la même chose. J’utilise généralement le terme ‘’Essence’’ pour faire référence à l’aspect de l’Unité qui s’exprime et qui vit par l’entremise de chacun d’entre nous. Les mots et les définitions n’ont guère d’importance. Vous connaissez l’Essence, quand vous L’expérimentez, tout comme vous connaissez l’ego, quand vous l’expérimentez. L’Essence et l’ego procurent des sensations très différentes et sont très différents. 6 L’éveil est un autre terme qui peut nécessiter un peu de définition. Globalement, l’humanité se réveille de l’état égoïque de la conscience pour s’éveiller à la conscience de sa vraie nature. Beaucoup d’entre vous passent par là. L’éveil fait référence au passage de l’identification à l’ego ou faux moi à la reconnaissance de vous-même comme l’Etre spirituel que vous êtes. Ce passage a lieu chaque fois que nous nous situons simplement dans l’instant présent sans toutes nos pensées et donc, l’éveil est possible à chaque instant, mais l’éveil requiert généralement un passage plus définitif où l’on vit dans un espace désidentifié de l’ego en parfait alignement avec sa véritable nature. 7 1ÈRE PARTIE : DÉCOUVRIR QUI VOUS ÊTES 8 LA CONSCIENCE EST QUI VOUS ÊTES La Conscience est toujours. Il n’y a jamais aucun moment où nous ne sommes pas présents. Ainsi, même quand nous dormons et quand nous rêvons, nous sommes conscients d’avoir dormi et rêvé. La Conscience est la seule constante dans la vie et même après la vie, puisque la Conscience se prolonge même après la mort du corps, même si après la mort, la Conscience n’est plus connectée au corps. Nous sommes ce qui est conscient de la vie et conscient de tout ce qui arrive et qui s’en va. Si nous dirigeons notre attention sur la Conscience plutôt que sur ce qui arrive et s’en va dans la vie, nous nous sentons en paix avec tout ce qui arrive et s’en va. La Conscience est heureuse de la vie, comme elle se manifeste. Celle que nous sommes réellement se réjouit même de connaître l’expérience d’un ego qui critique toute la manifestation ! La Conscience participe à la vie en étant consciente de la vie, mais contrairement à l’ego, elle ne tente pas de contrôler ni de changer la vie. La Conscience est, simplement, et permet à tout ce qui est d’être tel quel, pour l’instant, puisque la vie évolue toujours vers autre chose. Si nous sommes conscients de nous-mêmes en tant que Conscience, nous avons un sentiment de nous-mêmes très différent que si nous sommes conscients de nous-mêmes en tant qu’ego. Si qui nous sommes semble être l’ego, nous avons une définition particulière de nous-mêmes : ‘’Je suis ceci, pas cela’’ ; ‘’Je suis un homme, pas une femme’’ ; ‘’Je suis malin, pas stupide’’ ; ‘’Je suis petit, pas grand’’. Nous nous inscrivons dans des catégories et pas dans d’autres, parce que le mental nous définit d’une façon particulière. En faisant de telles distinctions, le mental nous sépare des autres. Il nous distingue par rapport aux autres. C’est le job du mental égoïque et il fait cela très bien ! D’un autre côté, la Conscience que nous sommes ne peut pas être définie. Elle n’a pas de genre, de dimension physique, elle n’est ni ceci, ni cela. Elle n’est pas distincte de ce qui est observé. Même si on peut expérimenter la Conscience comme un témoin de la vie, parce que c’est ainsi que l’esprit la conçoit, la Conscience n’est pas un témoin, mais plus ‘’être témoin’’. Quand, au départ, on apprend à se distinguer du mental, conceptualiser un témoin qui observe le mental peut être utile, mais ce témoin n’est pas la Conscience. Le témoin est juste une idée qui représente la Conscience. Pour être témoin du mental, la Conscience est requise, mais faire de la Conscience un témoin, c’est la transformer en une chose, ce qu’Elle n’est pas. Il s’agit plus de l’expérience d’être témoin. Apprendre à observer notre propre esprit est la première étape pour nous libérer de l’ego et de son conditionnement, mais nous libérer de l’identification au mental égoïque requiert plus que la simple observation du mental. Si nous observons notre mental tout en le croyant toujours, alors nous ne sommes pas plus libres que 9 lorsque nous nous identifiions à lui ! Pour nous libérer de notre conditionnement, nous devons aussi voir son mensonge et même ainsi, il y a encore une étape importante supplémentaire. Beaucoup de personnes sont conscientes de leur mental égoïque et de son mensonge, mais elles n’en sont pas pour autant libres, car elles continuent de lui accorder leur attention. L’expérience est analogue à regarder un mauvais programme de télévision, tout en reconnaissant qu’il est mauvais, mais en restant scotché au téléviseur ! A moins que nous ne dirigions notre attention vers ce qui est vrai plutôt que vers ce qui est mensonger, nous ne serons pas libres. Nous expérimenterons toujours plus notre ego que notre vrai Soi. S’affranchir de l’ego exige de détourner notre attention de nos pensées conditionnées et de la tourner vers la vérité de qui nous sommes. Cela nécessite de nous connaître en tant que Conscience, de voir et de répondre à la vie en tant que Conscience. Si nous nous connaissons en tant que Conscience, alors nous n’expérimentons plus nos pensées que comme une petite partie de ce qui se passe à chaque instant et pas comme le spectacle principal. La Conscience capte l’entièreté de la vie et pas juste ce qui passe sur l’écran de notre mental. La vraie liberté vient de pouvoir prendre de la distance par rapport à l’écran de notre mental jusqu’à un lieu où nous pouvons capter le restant de la pièce et ce qui se passe dans le restant de la pièce. En prenant conscience de tout ce qui se passe dans l’instant, nous pouvons réellement commencer à vivre dans l’instant et à y répondre naturellement, dégagé des commentaires du mental et des désirs de l’ego. Nous nous situons dans l’instant présent, sans que le mental égoïque n’influence notre expérience de celui-ci. Quand la voix de l’ego ne domine plus et ne colore plus le paysage de la vie, c’est la liberté spirituelle ou la Libération. Cette voix ext expérimentée comme un aspect minime du paysage, une des choses qui vont et qui viennent dans le paysage. La voix de l’ego devient impersonnelle, un élément du paysage qui n’a pas plus d’intérêt personnel que le chant d’un oiseau ou que la température de la pièce. Nous l’expérimentons encore, mais plus comme notre voix et nous ne sommes plus contraints de la suivre ni de l’exprimer. Une fois que nous détachons quelque peu de la voix de l’ego, il est possible d’expérimenter l’Expérimentateur, le vrai Soi, la Conscience sous-jacente à toute vie et à notre vie, particulièrement. L’Expérimentateur est amoureux de la vie et si nous Lui permettons de nous vivre, alors nous sommes amoureux de la vie et nos actions et nos paroles exprimeront cet amour. S’affranchir de l’ego génère une détente absolue dans le vrai Soi et la possibilité d’être Cela dans le monde plutôt que l’ego. Quel soulagement ! 10 DEVENIR CONSCIENT DE LA CONSCIENCE Devenir conscients de nous-mêmes en tant que Conscience est aussi simple que remarquer que nous sommes conscients. La Conscience est si évidente qu’on la prend comme allant de soi et qu’on la néglige. Cependant, si nous dirigeons notre attention vers Cela qui est conscient, nous entrevoyons alors le mystère de qui nous sommes réellement. Qu’est-ce qui contemple via vos yeux et qui capte le monde ? Cela qui contemple, ce ne sont pas vos yeux. Nos yeux ne sont que des instruments de la Conscience, mais la Conscience ne se situe pas dans notre tête ni dans notre corps, même si cela semble être le cas. C’est plus comme si la Conscience passait par le corps-mental. Au moment de la mort, la conscience se retire et seul demeure le corps. Il devient alors évident que Celui ou Cela qui était vivant n’était pas le corps. Sans l’animation du corps que la Conscience ou que l’Âme lui confère, le corps n’est qu’un simple amas de cellules, de la matière inerte. Quand on dit que quelque chose n’a pas d’âme, nous savons tous ce que cela signifie. L’âme, même si elle n’est pas reconnue par la science, est évidente pour de nombreuses personnes qui ont accompagné un mourant. Au moment où l’âme s’incarne et où la Conscience pénètre dans le corps, le corps devient à même d’être un véhicule pour Celui que nous sommes réellement. La faculté de la conscience est l’Esprit qui vit dans ce que nous appelons notre corps. En réalité, nous ne sommes pas notre corps, mais la Conscience qui opère via notre corps, même si nous nous méprenons pour le corps et pour toutes les étiquettes que l’on donne au corps et à la personnalité. Le processus de l’évolution humaine est un processus de désidentification par rapport au corps, au mental et à la personnalité et de réidentification ou de réalisation de notre vraie nature. Cette réalisation ou ce changement d’identification s’appelle l’Eveil. L’Eveil est ce à quoi chaque être humain est destiné. L’Eveil commence en devenant conscient de la Conscience, en remarquant, et par conséquent, en expérimentant plus complètement ce qui vit réellement dans votre corps. Qu’estce qui donne vie à votre corps ? C’est Cela que vous êtes réellement ! Vous êtes Cela qui confère la vie à votre corps et qui le soutient par la respiration et qui vitalise chaque système et lorsque la Conscience que vous êtes décide de partir, le corps cesse de vivre. Qui nous sommes, c’est la Conscience qui permet au corps d’être vivant et conscient. Et plus nous prenons conscience de la Conscience, et plus l’expérience énergétique qui l’accompagne s’intensifie. Cette expérience énergétique est une 11 expérience de vitalité. Ainsi, même si Cela que nous sommes réellement n’est pas physique, il peut être ressenti physiquement et on le ressent sous la forme d’énergie, de vitalité vibrante. Le sentiment énergétique de vitalité est ce qui se rapproche le plus de l’expérience physique de Cela que nous sommes réellement et le fait de devenir plus conscient de cette vibration subtile ou de cette vitalité nous aide à nous aligner sur notre vraie nature. 12 LA VITALITÉ Quand nous nous situons dans notre corps et dans nos sens et non dans notre tête, nous expérimentons un sentiment de vitalité ressenti comme une vibration énergétique subtile et le sentiment d’être vivant, clair et conscient. Ces sensations sont comment qui nous sommes réellement est expérimenté par le corps-mental. Cette vitalité est le sentiment ressenti de qui nous sommes réellement et ce que nous expérimentons quand nous sommes dans l’instant présent. Quand nous nous alignons sur qui nous sommes réellement et quand nous ne nous identifions pas à l’ego, nous ressentons énergétiquement cette vitalité, cette Présence, ce qui est très agréable. Le fait que l’on puisse ressentir énergétiquement qui nous sommes réellement – c’est-à-dire l’Essence – est très pratique car alors, il est plus simple de nous rendre compte quand nous sommes alignés sur l’Essence et quand nous ne le sommes pas. Ce sentiment de vitalité peut également nous aider à nous réaligner sur l’Essence, quand nous nous identifions à l’ego. Si vous vous rendez compte que vous êtes contracté et que vous en souffrez, vous pouvez rechercher ce sentiment de vitalité qui est toujours là et vous focaliser dessus. Quelle que soit la faiblesse du sentiment de vitalité, il augmentera si vous lui prêtez attention. Se concentrer sur la vitalité est une manière d’accéder à l’Essence à chaque instant. Plus vous prêtez attention à la vitalité, plus elle devient manifeste. Elle peut devenir très intense et lorsque c’est le cas, elle opère comme une ancre et nous ancre dans l’instant présent en nous aidant à y rester. Ce sentiment de vitalité peut noyer le bavardage mental de l’ego et le reléguer à l’arrière-plan. Si nous nous focalisons suffisamment sur la vitalité tout en vaquant à nos occupations quotidiennes, elle deviendra l’avant-plan et le bavardage mental retombera à l’arrière-plan. Quand nous nous ancrons dans la vitalité, nous expérimentons un calme et une quiétude profonde qui nous permettent d’avancer dans notre journée avec équanimité. Cette tranquillité est imperturbable, sauf si notre corps émotionnel est provoqué par quelque croyance ou conviction ou celle d’un autre auxquelles nous nous identifions. Si cela se produit, la vitalité est toujours présente et peut nous ramener dans l’instant présent si nous lui accordons notre attention, plutôt qu’aux pensées et aux émotions que nous avons provoquées. Ne pas adhérer à nos pensées et à nos émotions ne nous rend pas moins humains, comme certains pourraient le penser. C’est juste une manière d’être différente dans le monde, même si ce n’est pas la plus courante. Nous aligner sur notre vitalité plutôt que sur nos pensées et sur nos émotions nous rend en réalité plus 13 efficaces et plus fonctionnels – et aussi meilleurs – qu’en restant identifiés à nos pensées et à nos émotions. S’aligner sur l’Essence plutôt que sur le mental égoïque est l’étape suivante dans l’évolution de l’humanité. Nous finirons par nous éveiller hors du mental égoîque et à vivre à partir de l’Essence. Les émotions existeront toujours potentiellement, mais elles n’en feront plus voir de toutes les couleurs au corps-mental. Ce sont l’équanimité, l’acceptation et l’amour qui prévaudront plutôt que le mécontentement, la lutte, la contraction et l’appréhension. Certains individus préfigurent cette évolution de la conscience et aident à l’instaurer. Le potentiel de vivre à partir de l’Essence existe en chacun, mais seulement certaines personnes en feront une priorité. Plus il y aura de gens qui le feront et plus facile ce sera pour le restant de l’humanité de procéder à cette évolution de la conscience. Vous êtes probablement motivé pour suivre une telle évolution et pour vivre à partir de l’Essence et prêter attention au sentiment de vitalité est l’un des outils d’éveil les plus utiles. Bien entendu, le moi égoïque n’est pas celui qui décide. Celle qui choisit de prêter attention à la vitalité, c’est l’Essence, puisque ceci vous éveille et l’ego luttera en permanence contre ce choix. L’Essence est la Conscience de tout le drame entre l’ego et celui qui s’éveille. 14 L’OBSERVATION EST LA PORTE D’ENTRÉE DANS L’INSTANT PRÉSENT L’instant présent, c’est là où nous rencontrons notre vrai Soi. Qui nous sommes réellement n’est pas qui nous pensons être. Qui nous sommes réellement n’a rien à voir avec penser et tout à voir avec l’absence de pensées. Lorsque nous ne nous investissons pas dans le mental égoïque, nous entrons dans l’instant présent et nous faisons l’expérience de qui nous sommes réellement. L’ego, le sentiment du moi disparaît dès qu’il rencontre l’instant présent, aussi fuitil l’instant présent, car il ne peut pas survivre dans l’instant présent. Il se réactive et survit par le biais de la pensée, particulièrement les pensées qui concernent le passé et l’avenir, mais aussi le présent. L’ego se raconte des histoires sur le passé, le présent et l’avenir et prêter attention à ces histoires nous éloigne de l’instant présent et nous plonge dans la réalité imaginaire du mental égoïque. Quand nous nous identifions au mental égoïque, nous vivons dans l’interprétation de l’ego de la réalité et non dans la réalité. Nous vivons dans ses explications sur ce qui est, sur ce qui était et sur ce qui sera et ces histoires nous éloignent de la réalité vivante de l’instant présent. Pour faire l’expérience de l’instant présent, nous devons simplement voir ce qui se passe dans l’instant présent, sans nos interprétations, nos opinions, nos jugements, nos convictions ou nos idées. Ceci pourrait paraître difficile, mais tout ce qu’il faut, c’est passer de l’état d’absorption dans nos pensées à celui de témoin de nos pensées. Constater tout ce qui est présent, en plus de nos pensées, sans interpréter, juger ni raconter une histoire à ce propos nous ramène dans l’instant présent et nous y maintient aussi longtemps que nous continuons d’observer sans interpréter ni nous raconter d’histoires à propos de ce que nous observons. Mais si nous nous attardons sur un jugement, une opinion ou une conviction plutôt que de simplement les observer, nous retournons dans le mental et nous nous réidentifions à l’ego plutôt qu’à l’Essence. Chaque fois que nous observons et que nous nous intéressons pleinement à ce qui est sans nous impliquer dans l’activité mentale, l’Essence devient évidente. L’observation est une porte qui mène à l’expérience de l’Essence, parce que le Témoin est une qualité de ce que nous sommes réellement. Il est fréquemment fait allusion à l’Essence comme à la Conscience parce que, qui nous sommes, c’est la Présence attentive consciente de tout. L’Essence participe joyeusement à sa création tout en étant consciente de ce qu’Elle a créé, y compris d’Elle-même qui se manifeste en tant qu’individu. Si nous nous arrêtons et si nous nous demandons ‘’Qui suis-je ?’’, nous ne trouvons rien. Nous ne trouvons que la Présence, que la Conscience qui est consciente des 15 pensées, des émotions, des sensations et des expériences de l’individu que nous prétendons être. Cette Conscience qui est témoin de tout est ce que nous sommes réellement ! Lorsque nous réalisons que nous sommes la Conscience ou le Témoin, cela a du sens que l’observation est une voie qui nous ramène à l’Essence. Une fois que nous avons réalisé l’Essence par l’entremise de l’observation, alors il faut de la réceptivité pour rester en contact avec l’Essence. Notre observation doit s’imprégner de réceptivité et se faire sans activité mentale ou s’il y a de l’activité mentale, celle-ci doit être constatée. Par ailleurs, l’ego s’oppose à cette réceptivité : quand il remarque une chose, il l’étiquette, il la juge et il la ramène à la façon dont elle l’affecte. Dès que nous nous laissons happer par le mental, la réceptivité cesse et la résistance prend sa place. Nous nous réidentifions une fois encore au moi, au faux moi qui s’oppose à la vie, plutôt que de nous identifier à ce que nous sommes réellement. La Conscience qui est notre véritable nature est consciente de tout ce qui peut faire partie intégrante de n’importe quel moment, à savoir, pensées, sentiments, désirs, sensations, énergie, visions, sons, expériences internes, intuitions, pulsions, inspirations et beaucoup plus. Quand nous sommes témoins et réceptifs, nous sommes conscients de tout ceci. Et comme nous en sommes bien conscients, nous pouvons alors savoir quoi faire et une action émane naturellement d’être conscient de ce qui est à chaque instant. L’ego a aussi sa propre expérience de chaque moment et il ne s’occupe que d’une petite partie de ce qui peut être expérimenté à chaque instant. L’ego agit conformément à ses perceptions limitées et à son sentiment de séparation et ses actions sont souvent très différentes de celles que l’Essence accomplirait. L’Essence nous permet de suivre les idées et les sentiments générés par l’ego s’ils n’interfèrent pas avec ses intentions, parce qu’une partie de ce que veut l’Essence, c’est que nous explorions le monde et que nous créions selon nos idées et selon nos sentiments. Cela intéresse l’Essence de voir ce que nous allons créer, mais elle a aussi ses propres objectifs et dispose de nombreux moyens pour nous orienter vers eux. Et elle participe aussi à l’action en inspirant l’action spontanée – l’action qui jaillit sans réflexion préalable. Ainsi pourrait-on dire qu’il y a deux types d’activité : l’activité dont l’ego est l’instigateur et l’activité qui est inspirée par la Conscience. Les deux vont souvent de pair, mais au fur et à mesure que nous évoluons, l’Essence commence à vivre de plus en plus à travers nous et l’activité qui est motivée par l’ego détermine moins nos vies. 16 L’observation est une pratique spirituelle importante pour contacter l’Essence et la manière dont celle-ci nous meut. L’Essence est très active dans nos vies et elle pourra être encore plus active, plus nous la reconnaitrons comme force motrice. Moins nous accordons d’attention au mental égoïque et à ses suggestions sur la manière de vivre et plus nous accordons d’attention à l’Essence, à ses énergies et à son inspiration, et plus nous avancerons tranquillement et heureux dans la vie. Observer et être réceptif sont deux pratiques spirituelles clés qui nous alignent sur notre véritable nature et qui soutiennent pour nous les intentions de l’Essence. 17 ÊTRE PERSONNE ET TOUT LE MONDE Lorsque nous nous identifions à l’ego, nous avons l’impression d’être quelqu’un. Quelqu’un qui aime ceci et pas cela, qui veut ceci et pas cela, qui ressemble à ceci et pas à cela, qui a telle histoire et non celle-là, qui a certains rêves, certains désirs et pas d’autres. Tout cela s’amalgame dans un concept et une histoire au sujet de qui nous sommes et qui nous donne l’impression d’être quelqu’un. Nous possédons une image, une histoire, des buts et un avenir imaginaire. Tout cela a l’air d’être qui nous sommes, mais, comme on dit, les choses ne sont pas toujours telles qu’elles semblent. Les idées concernant ce que nous aimons, ce que nous avons fait, ce que nous voulons, ce à quoi nous ressemblons et tant d’autres idées constituent notre image personnelle, mais notre image personnelle n’est toujours qu’une image, une imagination, un tableau, une idée de qui nous sommes. Ce n’est pas ce que nous sommes réellement. Chacun a son image personnelle, mais ceci ne rend pas réelles les images personnelles qui ne sont que des idées. Nous prétendons être nos images personnelles et que les autres sont nos images d’eux-mêmes, mais personne n’est une image. Chacun est autre chose qu’une image, parce qu’une image n’est pas ce qui circule et qui vit la vie. Et nous ne sommes pas non plus le corps dans lequel nous nous déplaçons. Ce que nous sommes réellement utilise le corps, mais n’est pas le corps. Le problème est que ce que nous sommes réellement n’est pas une image ni même une chose. Ce n’est pas une chose que le mental peut comprendre, puisque cela se situe au-delà du mental et que c’est inexprimable au moyen du langage. Ce que nous sommes réellement n’est ni une image ni une chose, mais plus une expérience de ‘’non-choséité’’ et le mental ne peut pas la reconnaître, car il n’est pas à l’aise avec la ‘’non-choséité’’, puisqu’il a été conçu pour gérer les choses. Et comme le mental ne peut pas expérimenter ce que nous sommes réellement, l’ego considère que ce que nous sommes réellement est une vacuité, ce qui est bien le cas, mais pas une vacuité qui soit sans conséquence, comme l’ego l’assume. Quand nous lâchons notre mental et quand nous entrons dans l’instant présent et dans notre Cœur, nous faisons l’expérience de ce que nous sommes réellement, et ce n’est pas une image. Quand nous nous situons dans le Cœur ou dans l’Essence, les images et les idées nous quittent et ce qui reste, c’est simplement une expérience de l’Etre ou de n’être personne en particulier – ni homme, ni femme, ni jeune, ni vieux, ni beau, ni laid, ni intelligent, ni stupide, ni quoi que ce soit que nous pouvons nommer. L’expérience de notre véritable nature est une expérience de vacance. Notre véritable nature est vide de toute définition et cependant, elle est pleine et complète, il ne lui manque rien. Cette expérience de n’être personne et de non-choséité est également une expérience d’être tout un chacun et le tout, 18 car cette vacance est sans limite et par conséquent, elle inclut tout, rien n’est laissé en dehors. Il n’y a ni vous ni moi, mais juste la vaste dimension de l’Etre. Cette dimension infinie est ce que nous sommes. Il est possible de faire l’expérience de n’être personne ou d’être le tout à tout moment, puisque notre vrai Soi est toujours là – c’est ce qui vit la vie ! La raison pour laquelle cette dimension de vacance n’est pas expérimentée plus souvent ou plus constamment, c’est que l’ego n’est pas à l’aise avec elle. L’ego fuit l’expérience de ce que nous sommes réellement et il nous attire dans son arène – les pensées – où nous perdons conscience de notre véritable nature. Chaque fois que vous faites l’expérience de ce que vous êtes réellement, remarquez comment l’ego s’interpose avec une pensée pour vous ramener dans son monde des idées concernant la vie et pour vous sortir de l’expérience de la vie. Ce que vous êtes – que ce soit personne ou le tout – fait l’expérience de la vie, tandis que l’ego pense seulement la vie et concocte des histoires à son propos. Quelle réalité différente est celle de l’ego par rapport à la vie réelle ! Quand nous prêtons attention aux pensées, ces idées et ces croyances deviennent notre réalité et quand nous prêtons attention à l’expérience de l’instant présent, notre véritable nature devient notre réalité. Plus vous constaterez l’impact que le fait de considérer vos pensées a sur vous – la contraction, le stress, la tension, le malaise ainsi que des sentiments négatifs – et plus vous choisirez de détourner votre attention du monde des pensées pour la simplicité de l’instant présent. L’instant présent est plein et riche, et il recèle toute la paix que vous avez jamais voulue. Ce que l’instant présent n’a pas, ce sont les problèmes et les drames créés par l’ego, ce que désire l’ego car les problèmes et les drames nous maintiennent attachés à nos pensées. Etes-vous prêt à échanger tous vos problèmes et les drames de l’ego contre la paix, le contentement et l’expérience de n’être ‘’personne’’ ? C’est réellement un bon deal ! 19 L’ACCEPTATION L’acceptation est une qualité de notre véritable nature. La Conscience que nous sommes, l’Essence, accepte tout, naturellement. Elle accepte, parce qu’elle aime la vie – toute la vie et chaque expérience possible qu’elle pourrait faire par notre entremise. Elle est si amoureuse de la vie et des possibilités que la vie apporte qu’elle embrasse même les expériences pénibles. Elle est curieuse, impatiente d’expérimenter tout ce que la vie (sa création) offre et se lance dans la création avec enthousiasme et joie. Nous pouvons éprouver cette joie, si nous le souhaitons. Bien souvent, nous sommes trop pris par le rejet de la vie de la part de l’ego pour prendre conscience de l’acceptation et de l’amour de la vie qui est l’expérience constante de qui nous sommes réellement. La résistance de l’ego à l’égard de la vie éclipse l’amour de l’Essence et l’acceptation de la vie jusqu’à un certain point de notre évolution où cela change. Ce changement s’appelle l’Eveil, et avec l’Eveil vient la possibilité d’aimer et d’accepter tout ce que la vie apporte. La liberté résultant de l’Eveil spirituel n’est pas le fait d’être exempté de toutes les expériences difficiles – car les mêmes défis existent après l’Eveil comme avant l’Eveil – mais plutôt celle de ne plus considérer toute expérience difficile comme indésirable. L’Essence apprécie autant les expériences ‘’indésirables’’ que les désirables, parfois même davantage en raison de leur potentiel de croissance. L’acceptation n’est pas une chose dont nous pouvons nous convaincre, quand nous nous identifions à l’ego. L’ego a beaucoup de raisons de ne pas aimer ni d’accepter une expérience difficile. Les expériences difficiles sont compliquées, après tout. L’acceptation est plutôt une chose que nous remarquons comme étant déjà ici, bien que subtilement. L’acceptation n’est pas une chose qui est générée par la mentalisation, bien que le mental puisse l’obscurcir. L’acceptation est, simplement, et elle est invariablement là maintenant, à chaque instant. Le fait d’accepter tout ce que nous expérimentons est toujours possible, puisque ce que nous sommes réellement l’accepte déjà. Tout ce qu’il faut pour accepter quelque chose qui est difficile à accepter, c’est s’aligner sur ce que nous sommes réellement plutôt que de s’identifier à l’ego qui résiste à cette expérience. Une manière de s’aligner sur l’Essence est d’être prêt à accepter quelque chose, même si vous ne l’appréciez pas. Etre prêt à accepter quelque chose crée un environnement où l’alignement sur l’Essence est possible. Tant que nous sommes bien déterminés à ne pas accepter quelque chose, ce qui est la position coutumière de l’ego, nous demeurerons bloqués dans l’ego et dans la souffrance qu’il génère. Cependant, une simple affirmation de bonne volonté à accepter ce que nous ne voulons pas accepter peut nous délivrer du blocage de la résistance de l’ego à l’égard de la vie et ouvrir la porte du mouvement vers l’Essence et l’acceptation. 20 Pour accepter ce qui se passe, nous ne devons ni l’approuver, ni l’apprécier ; nous devons simplement consentir à faire l’expérience de ce que nous vivons maintenant. Consentir à faire l’expérience de ce que nous vivons maintenant est juste un choix sensé, puisque les choses ne peuvent pas être autrement qu’elles ne le sont – pour le moment. Accepter les choses comme elles sont ne signifie pas qu’elles ne changeront pas, ce qui est le point de vue de l’ego sur l’acceptation. Accepter les choses telles qu’elles sont est simplement plus fonctionnel que de ne pas les accepter. L’acceptation nous aide à gérer plus efficacement tout ce que nous expérimentons. Plutôt que de nous perdre dans l’appréhension et des histoires négatives concernant tout ce que nous expérimentons, nous pouvons être présents à la situation et quand nous le sommes, nous découvrons alors que nous y répondons naturellement et sagement. L’ego lutte pour changer tout ce qu’il n’aime pas, car pour l’ego, la vie consiste à obtenir ce qu’il veut et à éviter ce qu’il ne veut pas. L’ego ne voit pas que la vie possède une sagesse innée et une raison d’être au-delà d’éviter la souffrance et d’avoir plus de plaisir et ce qu’il veut. Il ne voit pas non plus la vie comme un processus d’évolution. Derrière tout ce que nous expérimentons, il y a une sagesse et un dessein. L’acceptation de tout ce que nous expérimentons nous permet de découvrir la finalité et d’y trouver satisfaction. Chaque expérience est une opportunité de grandir, d’apprendre, d’évoluer, de devenir plus sage et plus aimant ; c’est ainsi que l’Essence voit la vie. L’acceptation nous permet d’exploiter le potentiel bénéfique d’une expérience. Elle nous permet de tirer profit d’une expérience et de la traverser aussi gracieusement que possible et elle nous permet de ressentir la joie que l’Essence ressent d’avoir cette expérience et toute autre expérience. L’acceptation nous aligne sur le plan de l’Essence et sur le rôle qu’une expérience joue dans notre projet pour que nous puissions évoluer à partir de là, selon le dessein de l’Essence. Si vous avez des problèmes à accepter quelque chose, reconnaissez la résistance et la confusion que vous pourriez connaître et affirmez que vous voulez vivre cette expérience exigeante. Puis, demandez de l’aide pour accepter l’expérience, pour apprendre d’elle et la traverser gracieusement. Puis, si vous le pouvez, essayez de vous aligner sur la perspective de l’Essence concernant ce défi en étant très présent à l’instant. La paix, la joie, l’acceptation et la sagesse de l’Essence sont toujours disponibles, quand nous sommes prêts à nous accorder sur l’Essence, plutôt que d’être obnubilés par les résistances et par les plaintes de l’ego. L’acceptation, c’est l’antidote contre la résistance de l’ego à la vie et c’est le chemin de la sortie de la souffrance causée par cette résistance. 21 SIMPLEMENT ÊTRE ! Simplement être ! Ceci semble plutôt simple. Comment pouvons-nous faire autre chose qu’être ? Etre n’est pas quelque chose que l’on fait – ce qui fait que simplement être est un défi dans notre culture du faire. Etre n’est pas particulièrement respecté chez les egos. Vous devez être quelqu’un et c’est en fabriquant ou en agissant que l’on devient quelqu’un. Vous êtes quelqu’un qui a accompli ceci ou cela. La personne et la personnalité sont créées par l’action, pas par l’être. Mais quand toutes les réalisations, toutes les étiquettes sont enlevées, tout ce qui reste, c’est le sentiment d’être, d’exister dans la simplicité de l’instant. Cette expérience de l’Etre pur est le cadeau qui vient tout juste avant la mort pour certaines personnes, mais elle peut être notre expérience continue. Dans cet état d’être pur, le sentiment du moi, l’ego tombe et c’est la raison pour laquelle l’ego évite la simplicité de l’être. L’ego s’efforce d’être spécial, pas d’être anéanti. Cet effort préserve l’ego, mais ironiquement, si nous cessons de nous efforcer, pour une fois, et si nous nous permettons de simplement être, c’est alors que nous obtenons ce que nous recherchions depuis toujours, c’est-à-dire la paix et le contentement ! La paix et le contentement n’ont-ils pas toujours été la cible de nos efforts ? Si vos efforts ne concernaient pas la paix et le contentement, à quoi étaient-ils destinés ? Ils étaient produits pour tout ce que l’ego veut : le fait d’être spécial, le confort, les commodités, l’argent, les biens matériels, les plaisirs et la sécurité. Nous voulons tout cela parce que nous espérons que tout cela nous soulagera des efforts stressants de l’ego et de ses craintes. Nous travaillons tellement durement au service des désirs de l’ego et malgré tout, nous ne trouvons ni la paix ni le contentement et cela même quand nous finissons par obtenir ce que nous désirons. Alors quelle surprise de découvrir que nous n’avions jamais eu besoin de lutter pour survivre et pour être heureux, après tout ! Comme Dorothée dans le Magicien d’Oz qui découvrit qu’elle avait toujours disposé des moyens pour retourner chez elle, nous avons déjà ce qu’il nous faut pour être heureux et en sécurité. Nous n’avons jamais réellement quitté notre chez nous, mais si nous ne croyons pas que nous avons déjà ce qu’il nous faut pour être heureux et en sécurité, c’est comme si cela n’était pas vrai ! Si nous ignorons que les escarpins de rubis nous ramènerons chez nous, c’est comme si nous ne les possédions pas et notre ego nous empêche de voir la vérité des escarpins de rubis – il nous empêche de voir la vérité de la vie. Notre foyer est ici et maintenant, mais il est possible que nous ne le réalisions pas et par conséquent, que nous n’en fassions pas l’expérience ou l’expérience de l’Essence dans toute la mesure où nous le pourrions. 22 La bonne nouvelle, c’est que, peu importe à quel point nous pourrions nous égarer dans nos luttes et dans nos efforts, il y a tout de même des moments où nous connaissons la paix et le bonheur au fond de nous. Cette expérience peut être éphémère et il se peut que nous n’en pensions pas grand-chose, puisque ce n’est pas ce que veut l’ego qui est quelque chose de plus mirobolant. Pourtant, des instants ou des moments paisibles apparaissent de manière impromptue, même dans nos journées les plus occupées. Nous contactons alors brièvement la Vérité radieuse et exquise de notre Etre avant que cet aperçu ou que cet avant-goût de la Vérité ne disparaisse, tel un rêve, et de retourner dans les illusions et dans les fantasmagories du faux moi et de ce qu’il faut pour être heureux. Nous pouvons faire de la place pour que plus d’expériences de clarté, de paix et de beauté se produisent et quand nous le faisons, elles surviennent. Si nous voulons faire l’expérience de la paix, si nous estimons suffisamment la paix pour lui faire de la place et si nous l’invitons dans nos vies si occupées, elle arrive en apportant ses dons. Et nous faisons de la place pour cet invité, non pas en faisant quelque chose, mais en étant, tout simplement, en nous permettant simplement de reposer une fois pour toutes dans ces doux moments sans aucun planning, sans aucun objectif et sans aucune autre raison qu’expérimenter simplement le moment présent, comme il est. Nous faisons de la place pour la paix et le bonheur juste en les remarquant. Nous remarquons que la paix et le bonheur sont déjà ici et les remarquer les met mieux en lumière. La paix et le bonheur sont toujours ici, mais ils passent souvent inaperçus. Pour expérimenter la paix et le bonheur, tout ce qu’il faut, c’est en prendre conscience et en prendre conscience, c’est facile, puisque c’est notre nature d’être conscient. C’est juste que la plupart du temps, ce dont nous sommes conscients, c’est de nos pensées, mais prendre conscience de ce qui se passe en dehors de notre tête ne nécessite pas plus que se détourner des pensées du moi pour le réel. Ce qui est réel, c’est la vie, telle qu’elle existe au-delà des pensées du moi, au-delà des jugements et des commentaires de l’ego. Quand nous sommes conscients de la vie réelle, quand nous entrons dans la plénitude du moment présent sans pensées, nous découvrons la paix, le contentement et le bonheur, une simplicité ordinaire belle et joyeuse. L’expérience de paix et de bonheur est l’expérience du vous réel qui vit cette vie. 23 MÉDITATION CONSCIENCIEUSE La méditation est une pratique très importante, puisqu’elle nous familiarise avec l’Essence et qu’elle nous entraîne à sortir de notre mental. L’état d’identification de l’ego se renforce chaque fois que nous croyons le mental égoïque et les sentiments qu’il génère. Quand nous adhérons aux perceptions de l’ego, l’ego se renforce. Pour découvrir que d’autres perceptions et qu’un autre mode de vie existent, nous devons nous détourner du mental qui se renforce par l’attention qu’on lui donne. Rompre avec la tendance à prêter attention au mental égoïque requiert de l’engagement et l’ego luttera pied à pied. Il résistera en renâclant contre la méditation, en prétendant que la méditation ne nous aidera pas ou bien qu’elle ne nous aide pas, que c’est trop difficile, que c’est détestable ou que nous n’avons pas le temps. L’ego cherchera toutes sortes d’excuses pour ne pas méditer. Quand nous méditons, l’ego bavarde sans cesse et remue toutes sortes de peurs par rapport à ce que nous pourrions expérimenter au cours de la méditation et comment ceci pourrait perturber notre vie. La dissolution de l’ego qui se produit pendant la méditation peut paraître effrayante, mais cette peur est naturelle. La peur, c’est ce que l’ego utilise et ce qu’il a toujours utilisé pour nous contrôler. L’ego n’est ouvert à la méditation qu’en raison de la possibilité de connaître une expérience spirituelle qui pourrait lui procurer de bonnes sensations et le faire se sentir spécial. Si aucune expérience spéciale ne se produit, la méditation n’intéressera plus l’ego. Il n’y a pas une seule bonne raison pour ne pas méditer et toutes les raisons de méditer. La méditation est la chose la plus importante que vous puissiez faire pour favoriser l’éveil. Pour la majorité des gens, la pratique de la méditation ou de quelque chose de similaire est nécessaire pour s’éveiller et incarner cet éveil dans la vie quotidienne. La méditation ne doit pas être compliquée. Ce qui est difficile par rapport à la méditation, c’est de lui consacrer du temps quotidiennement. La régularité de la méditation est importante afin d’empêcher le renforcement habituel du mental égoïque en nous investissant tellement en lui. Il y a autre chose de très important qui arrive si nous nous engageons dans la pratique de la méditation : des forces spirituelles qui aident notre évolution sont rassemblées. Le fait d’affirmer le désir de nous éveiller et de le soutenir par la pratique de la méditation envoie à des forces spirituelles le signal clair que nous sommes prêts à nous éveiller et elles le prennent comme une indication pour nous aider à nous éveiller. 24 La méditation, c’est aussi simple que s’asseoir et remarquer ou prendre conscience de ce qui se passe – ce qui touche nos sens, les sensations énergétiques expérimentées, les pensées, les sentiments, les intuitions, les pulsions et les désirs qui se manifestent… – sans s’impliquer dans des commentaires mentaux à propos de tout cela. C’est en nous impliquant dans des commentaires que le mental égoïque nous soustrait à l’instant présent. Si nous suivons son train de pensées, nous ne pouvons plus faire l’expérience de la plénitude de l’instant. L’objectif de la méditation, c’est de connaître notre vraie nature, notre Essence. L’Essence est la Présence consciente que nous imitons quand nous nous asseyons pour méditer. En imitant la Conscience en étant conscient de tout ce que nous expérimentons dans l’instant (mais sans nous identifier à cela), nous ‘’devenons’’ cette Conscience, nous y plongeons. Observer sans nous impliquer dans des pensées à l’égard de ce que nous observons nous aligne sur l’Essence. Quand nous nous alignons sur l’Essence, notre expérience de l’instant présent change. Nos limites s’atténuent, nous pouvons ressentir un sentiment d’expansion et le sentiment d’un moi passe à l’arrière-plan ou disparaît totalement. La paix, le contentement, l’acceptation, la gratitude, la compassion, l’amour et des quantités d’autres qualités positives peuvent alors se manifester. Ces qualités sont des indicateurs de l’Essence. Si nous accordons notre attention à ces qualités, alors l’expérience de celles-ci s’intensifie. On peut atteindre un état assez béatifique en méditant, même si ce n’est pas le but. Le but n’est pas d’atteindre quelque bon sentiment spécial, mais d’expérimenter l’Essence et ce qu’elle a comme but. L’Essence est ici et elle vit par notre entremise. Elle s’incarne et elle entend avoir certaines expériences et réaliser des choses par notre entremise. Elle ne nous bouscule pas, comme l’ego, mais elle nous inspire joyeusement à nous engager dans certaines activités. Pendant la méditation, nous ressentons la joie de l’Essence qui vit par notre intermédiaire et nous pouvons recevoir intuitivement la guidance de l’Essence. Nous trouvons la paix et le contentement dans la méditation, ainsi qu’un répit bienvenu par rapport au monde de luttes de l’ego. Nous trouvons aussi une motivation authentique. La méditation nous ramène dans l’instant présent où nous pouvons découvrir comment l’Essence nous motive. Si le mental ne constitue pas un obstacle, l’Essence peut nous guider plus facilement. La méditation est loin d’être un échappatoire par rapport à la vie – ce que pense l’ego. Elle nous permet plutôt de nous aligner plus authentiquement par rapport à la vie que nous sommes censés vivre. 25 QUI CRÉE VOTRE RÉALITÉ ? Nous sommes une expression de l’Unité ou de l’Essence qui crée de deux manières par notre entremise : elle nous inspire et nous pousse à créer la réalité qu’elle veut pour nous et elle permet aussi à notre ego de créer la réalité que l’ego choisit. Ainsi, deux choses peuvent se passer à tout moment : l’Essence essaye de nous mouvoir conformément à ses intentions et l’ego tente de nous bouger conformément à ses désirs, à ses convictions et à d’autres conditionnements. A tout moment, nous avons la liberté de suivre l’ego ou bien de suivre l’Essence. L’ego possède un sérieux avantage, puisque nous sommes programmés à croire que nous sommes le faux moi. Qui plus est, nous sommes programmés à croire que les convictions et les désirs de l’ego sont nôtres et qu’ils sont des guides authentiques et fiables pour vivre notre vie. Cette configuration entraîne beaucoup d’apprentissages et de développements pour le personnage que nous jouons, et l’ego et sa programmation furent créés pour opérer précisément de cette manière. Notre programmation ou notre conditionnement a été conçu pour apporter une expérience unique à l’Unité, parce que chacun de nous a une programmation différente et donc, forcément, nous devons avoir des expériences différentes. L’Unité vit cette expérience par notre entremise, parce que la création de la vie est sa manière de jouer, d’explorer et de s’étendre. Elle fait l’expérience de la vie par notre entremise et impacte également la vie par notre entremise. Elle façonne la vie en créant l’expérience qu’elle veut en nous inspirant à agir et en communiquant intuitivement avec nous. Lorsque nous ne suivons pas nos pensées, nous nous apercevons que nous parlons et que nous agissons quand même dans le monde. Nos pensées ne déterminent pas toutes nos paroles et toutes nos actions, même si elles déterminent la plupart d’entre elles, quand nous nous identifions à l’ego. Lorsque nous nous situons dans l’Essence, nos paroles et nos actions émanent de l’Essence et pas de l’ego, ce qui crée une vie et une expérience très différentes que quand nous suivons nos pensées. Les pensées sont de puissants créateurs de réalité. Ce que nous croyons devient souvent une prophétie qui s’accomplit. Par exemple, si vous pensez que vous êtes compétent, vous vous sentez confiant et cela vous aidera à vous conduire de manière compétente face à une tâche. Vous serez déterminé à prouver que vous êtes compétent, parce qu’il s’agit de votre image personnelle. D’un autre côté, si vous croyez que vous êtes incompétent, vous ne vous sentirez pas confiant et l’insécurité qui touche vos capacités minera sans doute votre volonté d’être compétent. Nous n’aimons pas que l’on prouve que nos convictions sont fausses, même si elles sont négatives. A un niveau inconscient, nous préférerions prouver que nos convictions négatives sont exactes plutôt que de les changer. 26 Ainsi, nos pensées sont puissantes, mais elles ne sont qu’un aspect de notre réalité et de ce qui crée notre réalité. Les pensées et les actions d’autres personnes affectent également notre réalité et nous n’avons qu’une certaine influence sur elles. Le plus important, c’est que l’Essence oriente notre vie et qu’elle affecte notre réalité d’une kyrielle de manières, principalement par l’entremise de notre intuition et en nous inspirant à agir. L’Essence influe aussi sur les actions et sur les choix d’autres personnes similairement. Il y a beaucoup de forces qui opèrent dans la création de notre réalité : notre volonté, la volonté d’autres personnes et la volonté de l’Essence. L’Unité participe activement à la vie par l’intermédiaire de son ambassadeur : l’Essence. L’unité ne nous a pas créés – pour nous laisser ensuite faire tout ce que nous voulons. Elle coexiste à l’intérieur de nous, en tant qu’Essence, avec l’ego qui est simplement le sentiment d’être un individu distinct des autres créations et de l’Unité. En fait, il n’y a aucune séparation entre nous et les autres et l’Unité, parce que l’Unité a manifesté toutes choses et qu’elle vit par l’intermédiaire de toutes ces choses. Elle joue dans ce monde matériel en créant le personnage que nous pensons être, et en inspirant et en incitant ce personnage à agir suivant certaines modalités. Via l’Essence, l’Unité est toujours présente et active dans nos vies. Nous sommes les cocréateurs de notre réalité avec l’Essence. Nous sommes les cocréateurs en choisissant de suivre nos désirs et nos pensées ou en suivant notre intuition et le mouvement spontané de l’Essence vivant par notre entremise. Simultanément, tout le monde jouit de la même liberté de choix, ce qui crée un ensemble de circonstances parfaitement imprévisible et délicieusement chaotique pour la plus grande joie de l’Essence (et la nôtre) ! 27 DEUX TYPES DE DÉSIRS Les désirs font tourner le monde. Nous désirons une chose et puis, nous agissons par rapport à cela. Chacun s’occupe à agir par rapport à ses désirs. Chacun tente d’obtenir ce qu’il désire. Mais d’où proviennent nos désirs ? Et sont-ils dignes de notre temps et de notre énergie ? Il y a deux types de désirs et l’un n’est pas aussi digne de notre temps et de notre énergie que l’autre. Le premier provient de l’ego et l’autre de l’Essence. Les désirs de l’ego peuvent servir l’Essence, en ce sens que l’Essence veut l’expérience et l’évolution. Poursuivre ce que veut notre ego nous amène des expériences et des défis qui nous font évoluer. Mais les désirs de l’ego peuvent interférer avec certaines intentions de l’Essence. Par exemple, l’ego fait souvent des choix qui mènent à l’argent et au pouvoir et de tels choix peuvent interférer avec les intentions de l’Essence. Il est possible que l’Essence nous incite à poursuivre quelque chose qui ne conduise ni à la richesse, ni au pouvoir, mais à une chose qu’elle estime plus. Les intentions de l’Essence ne sont pas toujours différentes de celles de l’ego et quand elles ne sont pas en désaccord, nous ressentons peu de conflits internes. Une partie de la confusion et du conflit que nous ressentons par rapport aux décisions provient de l’ego qui veut autre chose que l’Essence, même si l’ego a aussi souvent des désirs contradictoires. Des désirs ou des élans contradictoires surgissent parfois simultanément et alors, nous devons choisir entre les deux. Chercher à satisfaire les désirs de l’ego plutôt que ceux de l’Essence sera moins satisfaisant, mais il se peut que nous ne nous en apercevions qu’après avoir déjà fait un choix. La vie est souvent une succession de corrections. Nous choisissons quelque chose, et puis nous changeons de trajectoire après avoir expérimenté le résultat de ce choix. Ce que l‘Essence veut finit généralement par triompher, puisque nous ressentons si fort et si profondément ses intentions. Ce qui interfère le plus avec le fait de suivre notre Cœur, c’est notre conditionnement et celui d’autres personnes. Quand nous sommes très attachés à notre conditionnement, y compris nos peurs, nous faisons souvent des choix que nous regrettons ultérieurement, parce qu’ils ne s’alignent pas sur l’Essence. Même alors, si notre conditionnement est puissant, nous pourrions ne pas choisir autrement. Ne pas suivre notre Cœur provoque beaucoup de souffrance et de malheur. Les peurs sont ce qui empêche la plupart des gens de suivre leur Cœur. Les peurs vont de pair avec les désirs. Par exemple, vous voulez la sécurité et le confort, mais vous avez peur de suivre votre Cœur, parce que le faire pourrait ne pas vous assurer la sécurité et le confort que vous voulez. Nous pouvons également rester 28 avec ce qui nous est familier, parce qu’essayer quelque chose de nouveau semble effrayant. C’est malheureusement l’histoire de la vie de beaucoup de gens, mais même ainsi, aucune vie n’est jamais perdue, parce qu’on apprend toujours quelque chose de chaque choix. Néanmoins, on peut retirer beaucoup plus de bonheur et de satisfaction des choix qui s’alignent sur l’Essence, par rapport à ceux qui se fondent sur la peur. L’Essence nous permet de préférer les désirs de l’ego plutôt que ceux du Cœur aussi longtemps que nous le souhaitons. La majorité des gens vivront beaucoup de vies avant d’avoir suffisamment confiance en la vie (dans l’Essence) et suffisamment de détachement par rapport à leur ego pour suivre leur Cœur. En fin de compte, chacun apprendra à être fidèle à lui-même. Quand nous nous apercevons qu’il y a un choix à faire entre l’Essence et l’ego, nous sommes alors très proches de vivre en fonction de l’Essence. Dans tous les cas, dans la vie de chacun, il y aura des carrefours ou des périodes de transition qui nécessitent du changement et l’inconnu semble effrayant, peu importe dans quelle mesure nous avons suivi notre Cœur jusqu’alors. Au cours de ces périodes de changement, l’ego est très agité et certaines peurs peuvent devenir un réel obstacle qui empêche de passer à quelque chose de neuf. Une fois que nous réalisons que toutes les peurs sont produites par l’ego, il devient plus facile de les écarter et de ne pas leur permettre de façonner nos choix. Que veut l’Essence ? La réponse réside dans le sentiment de joie. Tout ce que l’Essence veut paraît joyeux, comme un grand ‘’OUI’’ ! La discrimination entre les désirs de l’ego et ceux de l’Essence n’est pas aussi compliquée que vous pourriez le croire, parce que les intentions de l’Essence apparaissent comme de la joie plutôt que comme une pensée. On les connaît intuitivement ou elles peuvent surgir dans notre esprit comme une évidence et le ressenti est fort différent par rapport à nos pensées habituelles. Les idées qu’inspire l’Essence s’accompagnent de joie et d’enthousiasme, alors que les désirs de l’ego nous contractent souvent, parce qu’ils proviennent d’un sentiment de manque. Nous sommes destinés à co-créer avec l’Essence, mais nous sommes libres de cocréer avec l’ego. La majorité des gens font la navette entre les deux. Néanmoins, à un stade de notre évolution, nous désirons plus que tout en finir avec les désirs de l’ego et suivre notre Cœur. Ce désir jaillit du Cœur, lorsqu’il est temps de ‘’s’éveiller’’. Alors, on peut vivre beaucoup plus joyeusement et sereinement. 29 SUIVRE SON CŒUR Chacun paraît savoir ce que signifie ‘’suivre son Cœur’’. Même si le Cœur est si subtil et différent du mental, les gens sont conscients de lui et beaucoup l‘honorent. Les bénéfices que l’on retire en suivant son Cœur sont sans nul doute assez évidents pour vous dans votre vie et celle d’autrui. Néanmoins, faire confiance au Cœur peut parfois être ardu, car le mental peut être si bruyant et distiller tellement de craintes que voir au-delà pour considérer ce que dit le Cœur et lui faire confiance peut constituer un défi. La voix de l’ego est celle de la peur et de la méfiance. Il ne fait pas confiance à la vie. Il s’attend à des difficultés à chaque virage et s’efforce de les éviter en planifiant et en songeant à l’avenir qu’il ressasse et qu’il programme mentalement. Mais la vérité, c’est que de telles pensées sont inopérantes. Elles ne nous protègent pas de la vie et elles sont certainement dans l’incapacité de prévoir l’avenir. Elles nous maintiennent occupés dans notre tête et il n’en résulte rien de valeur. Malgré l’inefficacité du mental égoïque, nous lui faisons confiance. C’est un vieil ‘’ami’’ familier. Mais si nous y regardons d’un peu plus près, nous nous apercevons que le mental égoïque n’est pas un ami authentique. Souvent, il nous effraye ou nous dénigre jusqu’à ce que nous nous sentions contraints de l’écouter. Il nous assure que nous ne pouvons pas avoir confiance en la vie et que nous serions vraiment sots de le faire et que lui seul détient les réponses à la vie. Nous faisons confiance au mental égoïque par habitude sans examiner s’il est digne de confiance ou non. En observant le mental égoïque, nous découvrons à quel point il est indigne de confiance, même si la majorité des gens n’examinent pas ou ne remettent pas en cause leurs pensées. Le mental égoïque nous pousse à faire de mauvais choix et à avoir un sentiment négatif en ce qui nous concerne, nous, les autres et la vie – et nous ne remarquons pas que notre propre mental a fait cela. Telle est la force de la programmation à croire le mental. Nous lui faisons réellement confiance sans la remettre en cause. Mais une fois que nous commençons à remettre en cause nos pensées, tout le château de cartes s’écroule. Comment ne nous étions-nous pas aperçus de cela auparavant ? Effectivement ! La programmation est astucieuse. C’est sa raison d’être – nous ne sommes pas censés voir au travers. Le problème n’est pas juste de faire si totalement confiance au mental égoïque, mais que l’ego se méfie totalement de tout le reste, et spécialement de l’Essence. Nous sommes programmés à nous tourner vers le mental égoïque pour les réponses et à ne pas faire confiance aux réponses qui proviennent d’ailleurs. En fin de compte, cela n’est pas problématique, parce que l’Essence passera à l’avantplan et parce que nous lui permettrons de mieux guider notre vie. L’ego ne peut 30 pas perpétuer indéfiniment ses manigances. Pour finir, les carottes seront cuites et nous verrons enfin la vérité en ce qui concerne le mental égoïque. Même ceux qui s’empêtrent toujours profondément dans l’identification à l’ego se situent dans l’Essence plusieurs fois par jour, car l’Essence s’infiltre même dans les états les plus contractés. Elle nous sort de la prison du mental égoïque plusieurs fois par jour. Parce que l’Essence est présente en chacun, même ceux qui s’identifient à l’ego peuvent vivre une vie bien remplie, même s’ils souffriront, forcément. Chacun suit son Cœur dans une certaine mesure. Nous ne pouvons pas nous en empêcher, parce que nous sommes le Cœur. Notre programmation ne le peut que dans une certaine mesure. C’est une très bonne nouvelle ! Suivre son Cœur est réellement le seul choix fiable. Faire confiance au Cœur peut sembler difficile, mais une fois que vous constatez à quel point ce à quoi vous vous êtes fié est indigne de confiance, alors faire confiance au Cœur devient beaucoup plus simple. Suivre votre Cœur vous-a-t-il jamais déçu ? Chacun a fait des expériences où il a suivi son Cœur. Que s’est-il passé alors ? Oui, c’était peut-être flippant (et exaltant) et le faire n’a pas signifié que tout s’est déroulé sans anicroche et précisément comme le voulait votre ego (est-ce jamais le cas, d’ailleurs ?). Mais ce que nous découvrons, si nous suivons notre Cœur, c’est que les challenges auxquels nous sommes confrontés sont intéressants et que les ressources dont nous avons besoin pour les affronter arrivent. Et le fait de suivre les désirs et les plans de l’ego ne garantit nullement que l’ego obtiendra ce qu’il veut. Ce n’est que la conviction que les plans de l’ego nous apporteront ce que nous désirons qui rend plus facile de faire confiance à l’ego. Pourquoi ne pas croire autant en votre Cœur qu’en votre ego ? 31 LA MÉDITATION LA PLUS SIMPLE Voici la méditation la plus simple que vous pouvez faire partout et à tout moment. Elle est destinée à devenir un mode de vie, et pas simplement une méditation. Observez, sans vous impliquer dans aucune pensée concernant ce que vous observez. Ignorez tous les commentaires du mental. Observez non seulement ce qui est manifeste et évident, comme ce que vous voyez, mais aussi ce qui est plus subtil, comme votre expérience et votre état intérieurs, votre énergie et la sensation que vous avez de vous-même (détendu ou contracté ?), toute connaissance ou intuition, vos pulsions et vos motivations, vos pensées ou vos sentiments éventuels…Observez tout ce qui vous arrive par l’entremise de vos sens, mais également l’impact que cela a sur vous, subtilement ou moins subtilement… Observez tout ce qui survient dans l’instant et qui est expérimenté. Et si vous êtes engagé dans une action ou une activité, observez cela attentivement. Il y a beaucoup à observer à chaque instant ! La raison de méditer est de développer votre capacité à rester présent aux pensées et aux sentiments qui sont des produits de l’ego, plutôt que de vous identifier à eux. Nous nous identifions habituellement au mental égoïque – nous croyons nos pensées et nos sentiments, ce qui engendre beaucoup de souffrance. L’ego n’est pas sage et nous empêche d’accéder à la guidance authentique et de reconnaître ce qui vit réellement notre vie. Par l’attention, la conscience du Témoin se renforce. Un autre nom du Témoin, c’est l’Essence. Le Témoin est qui nous sommes réellement. Nous sommes cela qui observe ou qui est conscient de la vie. Cette méditation simple nous aide à entrer en relation avec ce que nous faisons tout le temps, en réalité : observer. Mais quand nous nous identifions aux pensées et aux sentiments, nous perdons conscience du Témoin qui est toujours là, bien entendu. En arriver à nous connaître comme le Témoin, au lieu du mental égoïque, c’est cela l’enjeu des pratiques spirituelles et de la méditation, en particulier. Les pratiques spirituelles sont destinées à nous apporter une expérience de l’Essence. Ce que nous sommes n’est pas quelque chose qui est dans une autre dimension, ni séparé de nous ; ce que nous sommes est précisément ici et observe les lettres sur cette page. Qui est en train de lire ceci, croyez-vous ? Cela qui est vivant et conscient est en train de lire ceci et c’est ce que vous êtes réellement. Celui que vous êtes réellement n’est ni caché ni séparé de la vie, mais engagé et incarné dedans. Nous sommes programmés avec le sentiment d’être un moi, avec certains désirs, certaines pensées et modalités d’être dans le monde. Mais qui nous sommes réellement, c’est cela qui peut observer nos désirs, nos pensées et nos tendances. Nous sommes programmés à penser que nous sommes le moi, mais nous sommes en réalité cela qui est conscient et capable de contempler le moi. De plus, nous 32 sommes cela qui peut choisir de faire ce que le moi veut, ou non. Une fois que nous ne sommes plus identifiés au moi, nous pouvons choisir comment le moi se manifestera dans le monde. Il n’est pas nécessaire que le moi soit géré par l’ego qui a tendance à faire des choix négatifs et égoïstes. Une fois que l’Essence prend les commandes et que vos choix émanent d’elle plutôt que de l’ego, la vie va beaucoup mieux. Simplement prendre conscience est l’une des choses les plus puissantes que vous puissiez faire pour transformer votre vie, parce que prendre conscience vous fait sortir de l’identification à l’ego et vous plonge dans l’Essence. 33 MÉDITER SUR CE QUI EST La méditation, c’est la pratique de garder notre attention concentrée sur quelque chose qui arrive par l’entremise de nos sens : l’air qui entre et qui sort quand vous respirez ; la circulation de l’énergie dans votre corps ; un mantra, de la musique ou d’autres sons ; la flamme d’une bougie, un mandala, quelque chose de beau ou la photo d’un Maître… Pratiquer, c’est ramener votre attention à ces expériences sensorielles, chaque fois que vous vous retrouvez pris à penser. Quand vous remarquez que vous êtes en train de penser, vous ramenez doucement votre attention sur ce sur quoi vous vous concentriez. L’objectif de cette pratique est de non seulement ressentir la paix, mais de nous entraîner à être plus durablement dans nos sens et l’expérience de l’instant présent plutôt que dans le mental et dans sa version de la réalité. Chez la majorité des gens, la méditation offre un soulagement et un répit temporaires par rapport à la vie et à leur mental, mais avec une pratique régulière et zélée de la méditation (une heure ou plus par jour), ses effets débordent alors sur la vie quotidienne et influencent la manière dont nous expérimentons la vie et notre manière d’être. Ce sont d’excellentes nouvelles et de très bonnes raisons pour méditer. Mais la méditation peut être beaucoup plus qu’une chose que nous pratiquons une ou deux fois par jour. Chaque instant peut être une méditation si nous apprenons à être présents à tout ce que nous faisons ou à tout ce qui se passe. Etre présent, c’est une question de prêter attention à notre expérience sensorielle sans être accaparé par les commentaires du mental à ce sujet ou à propos d’autre chose. Comme pour la méditation, être présent à la vie, c’est une question de vous intéresser pleinement à tout ce que vous expérimentez et de vous ramener à cette expérience chaque fois que vous vous surprenez à penser. La pensée fonctionnelle a une place dans notre journée, bien sûr. Nous avons besoin de notre esprit pour lire, calculer, étudier, planifier, écrire, conduire, concevoir et faire toutes les autres choses que nous faisons dans nos vies occupées. Les pensées dont nous n’avons pas besoin et celles que la méditation et la présence nous entraînent à ignorer sont celles qui concernent le moi et la façon dont les choses vont pour ce moi. Ces pensées relèvent du mental égoïque (mû par l’ego et réel moulin à paroles), et non de l’esprit fonctionnel. Le mental égoïque, qui nous fait quitter l’instant présent avec ses critiques, ses jugements, ses histoires, ses craintes, ses doutes et ses idées sur le passé et l’avenir n’est pas fonctionnel, mais dysfonctionnel. Il nous fait sortir de l’expérience de la vie pour entrer dans son interprétation de la vie qui est un lieu stérile de contraction, d’insatisfaction et de mécontentement. L’ego est un moi malheureux et négatif. Fort heureusement, il n’est pas qui nous sommes vraiment. 34 Apprendre à être présent à ce qui est et à rester présent à cela requiert beaucoup de pratique. Pendant toute notre vie, nous avons prêté attention au mental égoïque et donc, il faudra un certain effort et même un effort certain pour neutraliser cette habitude. Se détacher du mental n’est pas une chose aisée et requiert beaucoup d’application, mais l’alternative est très fâcheuse. Les gens ne comprennent pas souvent qu’il y a une autre option qu’écouter leur moulin à paroles, mais elle existe. C’est quelque chose d’autre qui vit la vie et le mental égoïque ne cesse de jacasser en prétendant contrôler les opérations. L’ego n’est pas qui nous sommes réellement, même s’il le prétend, et il ne contrôle pas les opérations, même si l’Essence nous permet de suivre le mental égoïque, si tel est notre choix. Plus nous nous accoutumons à être présents et plus nous nous mettons à vivre en tant qu’Essence. Le moment présent n’est pas qu’un lieu d’expérience sensorielle, même si cela est suffisamment riche, mais aussi d’où jaillit la vie. Si nous ne prêtons pas attention à l’instant présent, nous pourrions manquer ce que la vie tente d’apporter par notre intermédiaire. Nous pouvons suivre les projets et les idées du mental égoïque pour notre vie, si tel est notre désir, mais ici et maintenant, ‘’quelque chose d’autre’’ a un plan qui sera beaucoup plus satisfaisant que tout ce que l’ego peut offrir. 35 S’ALIGNER SUR L’ESSENCE En fait, nous sommes déjà alignés sur l’Essence, car nous sommes l’Essence ! Nous ne pouvons être rien d’autre que l’Essence, mais nous entretenons l’illusion d’être les rôles que nous jouons et les idées que nous avons sur nous-mêmes. Le ‘’je’’ que nous pensons être est juste l’idée ‘’je’’. Comme tout autre concept, le ‘’je’’ n’a pas de réalité objective. L’idée ‘’je’’ nous procure le sentiment d’exister séparément des autres et du restant de la vie, mais le ‘’je’’ est juste la pensée ‘’je’’. Réfléchissez un instant à cette révélation. Votre sentiment d’un moi émane d’un ensemble d’idées vous concernant qui sont venues d’autres personnes et de conclusions que vous avez tirées sur vous-même à cause de vos expériences. Le ‘’je’’ est tellement revêtu d’images, de croyances, d’opinions, de désirs, de peurs et de sentiments qu’il peut être difficile de voir que ceux-ci aussi sont simplement des idées ou proviennent d’idées. Nous entretenons toute une image de nousmêmes dans nos esprits et les gens renforcent mutuellement l’image qu’ils ont d’eux-mêmes. L’expérience du corps en tant que limite entre nous et les autres complète le tableau de qui nous pensons être. Nous croyons exister dans les limites du corps, ce qui semble être le cas, mais nous n’existons pas réellement dans cette limite, ni dans aucune location particulière. Disons plutôt que notre âme se voit attribué un corps-mental et que nous prenons ce corps-mental pour qui nous sommes. S’aligner sur l’Essence est l’affaire de réaliser que nous ne sommes pas le corpsmental via lequel nous fonctionnons, mais l’Essence de la vie elle-même qui se déverse, si vous voulez, dans un corps-mental spécifique. L’Essence de la vie que nous sommes est bien trop vaste pour un seul corps-mental et donc, notre corpsmental peut difficilement être la représentation complète de qui nous sommes. Nous sommes comprimés dans ce réceptacle qui façonne et qui limite notre expression. Le réceptacle est un ‘’être humain’’ (à tout le moins, cette fois-ci !) Nous jouons juste à être un être humain et nous avons joué à ce jeu pendant beaucoup d’autres vies. Nous apprenons des leçons qui relèvent de cette forme de vie particulière et nous continuerons à expérimenter d’autres formes, y compris des formes non physiques. Le mental n’est pas conçu pour comprendre la vérité que nous sommes réellement, ni pour croire la vérité, mais une partie de nous connaît la vérité et résonne avec ce sentiment d’être beaucoup plus vaste que ce que nous paraissons être. L’expérience de notre vraie nature est toujours accessible, puisque l’Essence a toujours été présente. Pour s’aligner sur l’Essence, il n’y a rien à atteindre. S’aligner sur l’Essence n’est pas quelque chose que nous faisons, mais qui survient plus 36 comme la conséquence d’autoriser et remarquer ce que nous sommes déjà et de mettre un terme à la croyance que nous sommes qui nous pensons être. Si nos pensées cessent ou si nous ne leur prêtons plus attention, l’Essence resplendit. Les pensées obscurcissent provisoirement l’expérience de l’Essence, mais l’Essence est toujours là, consciente du personnage qu’elle joue et de toutes les pensées que ce personnage entretient. L’Essence est consciente des croyances, des opinions, des craintes, des rêves, des sentiments, des désirs et des jugements du personnage et l’Essence lui permet d’avoir ces pensées et de faire ce qu’il en fera. Quand l’acteur commence à s’éveiller du rôle qu’il joue et quand il entrevoit la vérité, la vérité le pousse sur le sentier spirituel. S’aligner sur l’Essence est une question de tourner notre attention à tout moment vers notre véritable nature plutôt que vers le faux moi illusoire. Nous nous éveillons du rêve du faux moi à la réalité de notre véritable nature. Quel rêve ce fût ! 37 APPROFONDIR L’ESSENCE Etre dans nos sens nous ramène à l’instant présent. Lorsque nous accueillons réellement ce que nous voyons, ce que nous entendons, ce que nous sentons et ce que nous goûtons sans nous investir dans les commentaires de notre mental à ce propos, nous sommes dans l’instant présent. Mais pour ce qui est d’être dans l’instant présent, il y a beaucoup plus que l’expérience sensorielle. Nos sens ne sont qu’une porte qui donne sur l’instant présent. La joie d’être dans l’instant présent dépasse le plaisir des sens. Pour approfondir l’Essence, il y a une autre étape très importante, une fois que nous utilisons pleinement nos sens sans les interférences des commentaires du mental et c’est expérimenter pleinement l’impact que l’expérience sensorielle a sur notre Etre. Lorsque vous observez une belle fleur ou lorsque vous entendez un oiseau chanter, quel impact cela a-t-il sur votre expérience énergétique intérieure ? Qu’est-ce que votre Etre expérimente ? Quelle est l’expérience de l’Essence ? Prenez juste un moment pour découvrir ce que l’Essence expérimente par vous-même. Contemplez quelque chose de beau. Absorbez-la réellement et observez comment la beauté vous fait vous ressentir, non pas émotionnellement, mais énergétiquement à l’intérieur de votre être. Lorsque nous accueillons réellement la beauté ou quoi que ce soit d’autre que nous expérimentons par l’intermédiaire de nos sens, nous sentons notre Etre qui célèbre et qui apprécie dans l’instant et nous expérimentons cela énergétiquement. Cette expérience énergétique subtile est l’expérience du Cœur ou de l’Essence. Cette joie subtile, cette expansion, cette détente, ce oui à la vie est le bonheur radical qui émane d’expérimenter la vie comme l’Essence l’expérimente. Cette expérience subtile est continue et omniprésente, mais nous ne remarquons pas souvent notre Etre qui célèbre la vie, comme penser est plus évident et plus fascinant, même si penser est en réalité moins satisfaisant. Comme penser est notre posture habituelle en tant qu’humains, nous devons apprendre à remarquer ce qui est là à côté des pensées, nous devons apprendre à remarquer ce qui est réel et vrai, nous devons nous entraîner à prêter attention à la joie subtile, à l’expansion, à la détente et au oui de l’Essence qui apprécie la vie par notre intermédiaire. Cette expérience subtile devient moins subtile et plus facile à remarquer, plus nous lui prêtons attention, plutôt qu’à nos pensées. Alors, le mental devient plus calme, plus tranquille et passe plus à l’arrière-plan. Puisque le mental égoïque est le générateur de toute souffrance, il est vraiment bon de savoir qu’il ne doit pas être envahissant et que quelque chose de beaucoup plus authentique et agréable peut prendre sa place. Notre Etre, notre Essence est heureux à tout moment. Prenez-en juste conscience. Remarquez comment votre 38 Cœur se dilate en voyant la beauté, en entendant un son ou en expérimentant ce qui se manifeste autrement dans l’instant. Remarquez combien vous aimez réellement vivre. Votre amour de la vie est toujours accessible simplement en le remarquant. 39 2 ÈME PARTIE : L’EGO 40 VOIR AU-DELÀ DE LA PENSÉE ‘’JE’’ La plupart du bavardage qui provient du mental égoïque porte majoritairement sur ‘’moi’’. Si vous voulez bien le noter, vous verrez que presque chaque pensée commence par ‘’je’’. Ces pensées définissent le ‘’je’’ : ‘’Je suis’’, ‘’J’aime’’, ‘’Je veux’’, ‘’Je crois’’, ‘’J’étais’’, ‘’Je serai’’…Qui seriez-vous sans ces pensées qui vous définissent ? Et d’où proviennent ces définitions ? Sont-elles constantes ou changent-elles de jour en jour ? Certaines des définitions qui vous concernent sont le produit d’autrui. Enfants, nous adoptons les définitions d’autrui, spécialement celles de nos parents ou que d’autres figures autoritaires nous refilent. Nous tirons aussi des conclusions sur nous-mêmes à partir de nos expériences. Par exemple, si nous avons échoué dans quelque chose qui était important pour nous, nous pourrions nous considérer comme des ratés. L’origine de ces définitions ou de ces identités et ce qu’elles sont est bien loin d’être aussi important que de voir leur manque de complétude et par conséquent, leur fausseté. Nous ne pouvons pas penser de pensée authentique sur nousmêmes (ou sur n’importe qui d’autre), parce que rien de ce que nous pensons ou de ce que nous disons sur nous-mêmes n’est la vérité totale, pas même la vérité totale de notre ego ou de notre personnalité, et encore moins celle de notre vrai Soi. Si vous dites, ‘’je suis intelligent’’, ceci n’est vrai que par rapport à certaines personnes. Si vous dites, ‘’je suis loquace’’, c’est parfois vrai, mais pas toujours. Si vous dites, ‘’j’aime materner’’ ou ‘’j’aime la crème glacée’’, ceci peut paraître absolument vrai, mais ces déclarations impliquent que vous ayez toujours ce sentiment. Ne pouvez-vous pas songer à un moment où une telle déclaration n’était pas juste ou imaginer un moment où elle pourrait ne pas l’être ? Nous croyons que beaucoup de choses sont vraies, en ce qui nous concerne, mais le sont-elles réellement ? Qui nous sommes réellement et même, qui nous pensons être est un mystère qui ne peut pas être capté par des mots. Comment l’ego se définit lui-même – ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas, ce qu’il croit et ce qu’il désire – change constamment. Qui êtes-vous si vous ne pouvez pas être clairement défini ? Nous avons des idées concernant qui nous sommes, mais ces idées changent et certaines ne sont simplement pas vraies. Elles ne sont que des présomptions d’identité, une croyance ou une conviction que nous sommes ainsi. Elles ne sont qu’une image personnelle, une image de nous-mêmes, une image qui fluctue. Plutôt qu’être quelque chose de constant et de stable, qui nous pensons être est plutôt inconsistant et pas nécessairement vrai. Nous nous efforçons beaucoup de nous définir, mais sans jamais y parvenir. L’ego s’est constitué à partir de croyances 41 et de convictions qui nous concernent et qui changent constamment. Ces idées n’ont pas de substance – ce ne sont que des pensées, après tout – elles possèdent très peu de vérité. Elles sont tout à fait subjectives. Quelle valeur peuvent bien avoir les pensées qui nous concernent, alors ? Même si elles sont positives, elles sont vaines et si elles sont négatives, elles peuvent colorer dramatiquement notre expérience de la vie. Si vous vous percevez comme un taré ou un inadapté, la vie est pénible. Mais même si votre image personnelle est positive, elle ne le restera sans doute pas longtemps. Notre image personnelle a le don d’osciller entre le positif et le négatif. Ces polarités sont les deux côtés de la même pièce, et aucune des deux n’est vraie. Les choses positives que nous nous disons sur nous-mêmes sont aussi relatives et inadaptées pour nous définir que les choses négatives. Ceci rend inutiles toutes les pensées ‘’je’’. Leur unique finalité, c’est de créer une fausse identité et qui a besoin de cela ? Seulement l’ego ! Avez-vous besoin de ces définitions et de ces images personnelles pour fonctionner ? Vous fonctionnez depuis le début et les identités qui sont fabriquées par vos pensées ont juste été rajoutées. Elles ne sont pas la raison pour laquelle nous sommes en mesure de fonctionner et en fait, elles interfèrent souvent avec notre fonctionnement. Elles colorent la façon dont nous nous voyons et génèrent un faux sentiment du moi qui s’interpose entre le vrai Soi et le monde. Le faux moi interfère avec une existence plus pure, plus innocente dans le monde. Il impacte notre expérience du monde et influe sur la manière dont nous interagissons avec celui-ci. L’Essence, qui agit spontanément dans le monde, n’a pas besoin du faux moi. Elle permet au faux moi de nous influencer, parce que c’est Elle qui a créé l’ego pour agir comme il agit, mais elle n’a pas besoin de l’ego pour expérimenter la vie. Le faux moi crée le drame de la vie et le sentiment d’avoir un problème. Il sert en apportant du grain à moudre au moulin de notre évolution. Mais une fois arrivé à un certain stade, vous êtes prêt à le dépasser, vous n’avez plus besoin d’expérimenter la vie dans sa perspective. Vous vous rendez compte que vous n’avez jamais eu besoin du faux moi, ni de vos pensées ‘’personnelles’’. Ils ne représentent pas qui vous êtes vraiment et ne vous ont jamais vraiment servi. Ces pensées ont seulement servi à créer l’illusion d’un moi séparé. Une fois que vous voyez que ce moi n’est qu’une illusion – juste des pensées, réellement – alors vous pouvez commencer à vivre davantage à partir de l’Essence. Le ‘’je’’ nous maintient à l’écart de l’instant présent en nous impliquant mentalement avec lui et ces pensées nous empêchent de découvrir qui nous sommes réellement. Une fois que vous voyez que vous n’êtes pas le ‘’je’’, alors ignorer vos pensées ‘’personnelles’’ et tourner votre attention vers la vie devient beaucoup plus simple. Lorsque vous croyiez que vos pensées ‘’personnelles’’ 42 étaient vraies, importantes et qui vous étiez, celles-ci vous intéressaient, naturellement, et vous éprouviez le besoin de les suivre. Une fois que vous voyez qu’elles ne sont pas vraies, il devient possible de réaliser ce qu’il y a d’autre ici et de vivre la vie. Vous découvrez que ce qui vit la vie n’a absolument rien à voir avec la pensée et tout à voir avec le fait de purement faire l’expérience de l’instant présent, sans penser. 43 L’EGO EST UN FAUTEUR DE TROUBLES L’état permanent de l’ego est l’insatisfaction. Tout ce qui arrive est soit insuffisant ou ‘’too much’’ : pas assez de plaisir, pas assez de détente, pas assez de beauté, pas assez de liberté, pas assez de confort, pas assez d’argent, pas assez de pouvoir, pas assez de succès, pas assez de sécurité. Ou trop de stress, trop de calme, trop de bruit, trop de solitude, trop d’interactions sociales…Comme dans l’histoire des trois ours, tout ce qui arrive est rarement ‘’tip top’’ et même si ça l’est, l’ego stresse par rapport à l’avenir ou bien regrette le passé et ainsi, il arrive même à gâcher une expérience qui est juste ‘’pile poil’’. L’ego soutient et alimente son propre mécontentement avec une histoire qui explique ce qui ne va pas avec la manière dont vont les choses et pourquoi elles devraient être différentes. Il se plaint et critique tout ce que nous expérimentons, ce qui rend la vie assez désagréable. Un moment tout à fait satisfaisant devient insatisfaisant, parce que l’ego prétend qu’il n’est pas satisfaisant et nous dit pourquoi. L’ego peut même gâcher les meilleurs instants avec ses opinions négatives, ses plaintes et ses critiques. Il décide qu’il n’aime pas quelque chose, échafaude toute une argumentation et devient malheureux, parce qu’il croit sa propre histoire ! L’ego ne réalise pas que son histoire constitue le problème, et non ce qui se passe. Et quand nous nous identifions à l’histoire de l’ego, nous ne le réalisons pas non plus. L’opinion de l’ego est souvent une opinion négative. L’ego est un fauteur de troubles, un dramaturge, pas un conciliateur. Si nous nous accordons avec le mental égoïque, nous avons l’impression d’être une victime ou d’avoir un problème à régler. Si ce n’est pas le cas, nous faisons juste l’expérience de l’instant, tel quel, sans l’influence négative de l’ego. Les commentaires négatifs de l’ego peuvent continuer, mais si nous n’acceptons pas son point de vue, nous surfons simplement d’un instant à l’autre facilement et paisiblement sans nous raconter d’histoires sur ce qui arrive. La vie continue et nous accompagnons son flux. Accompagner le mouvement est une expérience non égoïque. Vous ne vous focalisez pas sur les commentaires de l’ego – ‘’j’aime’’, ‘’je n’aime pas’’, ‘’je veux’’, ‘’je ne veux pas…’’ – mais sur ce que vous faites ou sur ce qui se passe. Vous vous absorbez dans la vie, comme elle se déroule, plutôt que d’être absorbé par l’histoire de l’ego concernant ce qui se passe, ce qui s’est passé ou ce qui va se passer. L’ego raconte une histoire sur ce qui se passe qui le met au centre de l’univers. Il classe chaque instant comme étant bon pour ‘’moi’’ ou bien mauvais pour ‘’moi’’. Il juge chaque moment conformément à ses préférences et à ses aversions et selon que celui-ci rencontre ou non ses désirs. L’histoire de l’ego est le commencement de la souffrance. Si nous écoutons son histoire, nous nous identifions à sa voix malheureuse qui devient notre réalité. Mais si nous l’ignorons, 44 nous restons dans le flux de l’instant où nous pouvons simplement apprécier la vie, comme elle se déploie. Là, il n’y a aucun problème. L’ego crée des problèmes en définissant quelque chose comme un problème. Si vous n’écoutez pas ses opinions et ses craintes, vous ne faites pas l’expérience d’avoir un problème. Vous pourriez toujours avoir des expériences que vous n’aimez pas, mais ne pas aimer quelque chose ne doit pas être un problème, à moins que vous ne décidiez que ce que vous expérimentez est la mauvaise expérience. Toute expérience est la bonne expérience. Il n’y a rien de tel qu’une mauvaise expérience. Chaque histoire que l’ego raconte est une histoire parmi de nombreuses histoires possibles, mais aucune d’entre elles ne contient la vérité totale. D’habitude, l’ego raconte une histoire négative qui reflète ses valeurs, ses convictions et ses opinions. De telles pensées ne méritent pas notre attention, parce qu’elles s’opposent à la vie et à l’amour. Elles nous séparent de la vie et des autres et conduisent au mécontentement. La seule opinion sur la vie qui vaut la peine d’être gardée, c’est qu’elle est bonne juste comme elle est. C’est l’ ‘’opinion’’ de l’Essence, notre vrai Soi, qui aime la vie et qui apprécie chaque expérience qu’elle a par notre entremise. Toute autre opinion nous sort de l’instant présent. Si cela arrive, nous sommes attirés dans le monde de l’ego, un monde de mécontentement, de plaintes, de jugements et de tentatives d’arranger tout ce qu’il n’apprécie pas – c’est-à-dire beaucoup de choses. Vous pouvez passer votre temps à essayer de concevoir un meilleur ‘’moi’’ et à créer une meilleure expérience pour le ‘’moi’’, comme le voudrait l’ego ou vous pouvez vous engager pleinement dans l’expérience que vous vivez. Si vous vous permettez de vous détendre dans l’instant présent, vous vous rendez compte que vous n’avez jamais eu besoin de l’ego pour vivre votre vie. L’ego n’est pas qui nous sommes, mais le produit de notre imagination, juste un conglomérat d’idées qui ‘’me’’ concernent. L’Essence a toujours été celle qui vivait votre vie. 45 SE DÉCONNECTER DE L’HISTOIRE DU ‘’MOI’’ A chaque instant, l’ego se demande : ‘’Comment vont les choses pour moi ?’’, ‘’Estce que je fais l’histoire ?, ‘’Est-ce que j’obtiens ce que je veux ?’’, ‘’Quand est-ce que j’aurai ce que je veux ?’’…L’ego est toujours en train de s’assurer qu’il est assez bon, que le moment est assez bon et que les autres sont assez bons, et ce n’est généralement pas le cas ! L’ego a des normes très élevées et le moment et la vie sont rarement à la hauteur, ce qui engendre beaucoup de souffrance. Moi et ma vie sont rarement suffisamment bons pour l’ego. Le moi s’efforce toujours d’être le meilleur, d’avoir plus et que sa vie reflète une certaine image. Nous souffrons tellement de l’histoire du moi et de son déroulement. Quel soulagement quand nous entrons dans l’instant présent où il n’y a plus ni moi, ni histoire du moi ! Le point de vue de l’ego, c’est que la vie sera bonne et satisfaisante, lorsqu’il obtiendra ce qu’il veut et donc, il travaille très dur pour que la vie se conforme à sa façon de voir. Malheureusement pour l’ego, la vie suit son propre cheminement et l’ego a très peu à dire par rapport à cela. Dans les cercles spirituels, nous entendons beaucoup parler de détachement, de renoncement, de lâcher-prise, parce qu’un tel lâcher-prise est indispensable pour que nous fassions l’expérience de notre véritable nature. Ce à quoi vous renoncez, c’est au programme de l’ego et à ses projets égoïstes, à toutes les idées que l’ego entretient sur la manière dont vous devriez être, ce que vous devriez accomplir et ce à quoi votre vie devrait ressembler. Nous sommes prêts à renoncer à de telles idées, lorsque nous voyons enfin l’inutilité, la futilité et l’absurdité de nous efforcer de faire en sorte de les réaliser ou que la vie les réalise. Cette volonté d’agir en ce sens ne se manifeste généralement qu’au bout de multiples déceptions dans la vie et c’est la raison pour laquelle la recherche spirituelle ne commence généralement que plus tardivement, après que nous nous soyons efforcés de faire en sorte que la vie se déroule conformément à nos idées et à nos plans, pour découvrir in fine qu’elle suivait son propre plan. La souffrance générée par une telle déception en pousse beaucoup sur le chemin spirituel, beaucoup de personnes qui se demandent en quoi consiste la vie, si ce n’est tenter d’obtenir ce que nous voulons ou ce que veut notre ego. La souffrance engendrée par le moi et que provoque nos efforts pour que notre histoire se déroule ‘’bien’’ nous met finalement à genoux. Lorsque nous sommes prêts à renoncer aux idées de l’ego – y compris à ses désirs – alors nous pouvons faire l’expérience pure de l’instant présent. A ce moment-là, nous nous sentons en paix, paix qui provient du soulagement de ne plus avoir le sentiment d’être un ‘’moi’’ avec son programme. Quel soulagement c’est de laisser tomber ce moi, ne fût-ce que pendant un moment ! En réalité, nous faisons tous l’expérience de ce lâcher-prise par rapport au moi à plusieurs reprises pendant une journée. Chaque 46 fois que nous ressentons un contentement tranquille et une facilité d’être, cela signifie que nous sommes entrés dans l’instant présent et que nous avons perdu le sentiment du moi et de son histoire de ce qu’il veut et a besoin pour être heureux. Nous croyons avoir besoin de nos histoires ; si nous ne les avions pas, nous craignons de ne rien accomplir du tout, nous avons peur de ne pas avoir de vie, mais ces craintes ne sont pas fondées. Au lieu d’avantager nos vies, toutes nos histoires (‘’J’aimerais’’, ‘’je voudrais’’, ‘’il faudrait que…’’) nous font souffrir par rapport à la vie. Sans nos histoires que nous ressassons, la Vie est toujours là, mais la souffrance a disparu. Nous sommes destinés à découvrir que nous pouvons vivre sans nos histoires et que nous n’avons pas besoin de souffrir. La souffrance est un choix ! Vous pouvez entretenir votre histoire d’un ‘’moi’’ ou vous pouvez simplement vivre dans l’instant présent et voir ce qui arrive ensuite et ce que l’Essence vous pousse à faire. La vie jaillit de l’instant présent. Nous pouvons lui faire confiance. La vie n’a pas besoin du programme de l’ego ni de ses désirs pour que la vie s’accomplisse. Quand vous entrez dans l’instant présent, vous faites l’expérience de la vie que vous vivez sans vous efforcer de faire en sorte qu’elle soit différente. Quand vous vous situez dans l’instant présent, vous obtenez tout ce que vous recherchiez : la paix, la satisfaction, le bonheur et l’amour. Dans l’instant présent, la vie prend soin d’elle-même parce que vous êtes la Vie… 47 LA FIN DE LA LUTTE Un des dons de la maladie terminale peut être la cessation de la lutte. Quand nous savons que notre vie sera bientôt terminée – quand le film où nous étions la star est sur le point de se terminer – alors nous cessons de nous efforcer d’être quelqu’un, d’obtenir quelque chose et d’aller quelque part. L’histoire de l’ego se focalise sur le fait d’être quelqu’un de spécial en réalisant ou en accomplissant quelque chose. L’ego a un scénario à l’esprit. Il sait comment il veut que l’histoire se déroule et sait comment il veut que l’histoire se termine et se demande comment c’est possible. Lorsque tous ces efforts, ces rêves et ces désirs n’ont plus aucun sens parce que nous sommes sur le point de mourir, nous pouvons nous affranchir de l’ego. La cessation de la lutte qui accompagne fréquemment une maladie terminale ouvre la porte à la découverte et à l’expérience plus pleine et plus complète de ce qui est réellement ici et l’a toujours été sous ce costume. Quand nos fonctions et quand nos activités nous sont enlevées, quand notre beauté s’est fanée et quand nos biens ne signifient plus rien, qu’est-ce qui reste ? Quelle bénédiction c’est de découvrir la vérité concernant qui nous sommes ! Cette découverte est l’un des buts spirituels d’une maladie terminale. La majorité de nos pensées sont au service de l’ego, du ‘’je’’ que nous pensons être. Elles font la promotion d’une histoire qui nous concerne et qui est motivée par des désirs et d’autres conditionnements. ‘’Je dois ou je devrais faire cela, je ne peux pas faire cela, je veux cela, j’ai besoin de cela…’’ Cette histoire semble vraie et réelle. Nous croyons avoir besoin que notre histoire se déroule d’une certaine manière, même quand la vie a d’autres projets et donc, nous luttons et nous nous opposons à la vie en tentant de faire en sorte que cette histoire se produise et qu’elle se produise en suivant notre propre programme et notre propre horaire. C’est naturel, mais tous ces efforts et toute cette souffrance par rapport au déroulement de notre histoire sont vains et inutiles, parce que la vie s’accomplit de toute manière et parce qu’elle s’accomplit, comme elle est censée s’accomplir en suivant son horaire propre. Les idées que nous entretenons sur nous-mêmes et sur la façon dont notre vie se déroule ou sur la façon dont elle devrait se dérouler génèrent tellement de souffrance inutile. La vie a un plan et elle agira à sa guise avec nous. Elle nous apporte les leçons dont nous avons besoin, leçons qui nous modèlent comme nous avons besoin d’être modelés et elle nous apporte les opportunités qu’elle nous destine. Nos egos opèrent dans un cadre plus vaste ou dans un projet plus vaste, dont l’ego n’a pas conscience. Si ce plan plus vaste diffère du plan de l’ego ou du scénario de l’ego, nous pouvons beaucoup en souffrir et si ce plan plus vaste ne s’oppose pas au projet de l’ego, nous sommes en paix avec la vie. Nous pouvons argumenter par rapport à ce que la vie nous apporte et parce que la vie ne se déroule pas comme notre scénario est supposé devoir se dérouler ou nous 48 pouvons nous rendre compte que même cette expérience est la ‘’bonne’’ expérience. Quand nous sommes en mesure de voir les efforts de l’ego pour ce qu’ils sont – une tentative frénétique et égocentrique pour être quelqu’un de spécial, obtenir la sécurité, être admiré, etc. – nous pouvons commencer à lâcher prise par rapport à tous nos efforts. Seul l’ego a besoin des choses qu’il veut. L’ego veut ce qu’il veut pour lui-même, pas par amour, ni pour un idéal supérieur. Ce (Celui) que nous sommes réellement n’a pas besoin de quoi que ce soit, mais a déjà tout ce dont Il a besoin pour être heureux. Nos poursuites nous font réellement nous sentir en manque, comme si nous n’avions pas ce dont nous avons besoin pour être heureux. Nous luttons, parce que nous croyons avoir besoin de quelque chose pour être heureux, alors que nous n’avons jamais eu besoin de quoi que ce soit et alors que rien en dehors de nousmêmes ne nous comblera jamais d’ailleurs. L’ego nous emmène dans une course effrénée à la poursuite d’une chimère. Il nous persuade qu’il nous faut être ‘’quelqu’un’’ et que notre vie doit produire une certaine apparence pour être heureux et que ce n’est pas le cas. Nous ne souffrons pas parce que nous n’avons pas ce que nous désirons, mais parce que nous croyons avoir besoin d’autre chose que ce que nous avons déjà pour être heureux. Au moment de mourir, tout ce que l’ego a jamais pu vouloir lui est refusé et supprimé, c’est pourquoi certaines personnes découvrent le bonheur suprême juste avant de mourir. Quel soulagement c’est de pouvoir enfin se dépouiller et se débarrasser de cet ego tyrannique ! L’ego est un dictateur qui nous éloigne du bonheur, il ne nous en rapproche pas. Beaucoup de personnes s’en aperçoivent juste avant de mourir, mais quelle bénédiction c’est de pouvoir le découvrir avant cela ! Simplement en voyant que nous n’avons pas besoin de ce que notre mental égoïque dit que nous avons besoin pour être heureux, nous pouvons nous affranchir de la domination de l’ego. Une fois que nous cessons de suivre les idées de l’ego concernant quoi faire, nous commençons à découvrir Ce qui vit ici notre vie et qui attend silencieusement qu’on Le remarque. Ce que nous sommes réellement est très patient, très aimant et très accueillant. Il attend patiemment jusqu’à ce que nous soyons prêts à Le découvrir et à découvrir la paix et le bonheur qu’Il a à nous offrir quand nous cessons de nous efforcer d’être ‘’quelqu’un’’ et de faire en sorte que la vie tourne en notre faveur. Alors, Celui ou Ce que nous sommes réellement peut commencer à vivre plus pleinement par notre entremise, ce qui engendre le bonheur que nous poursuivions et que nous cherchions au mauvais endroit. 49 Une fois que vous vous mettrez à vivre, tel que vous êtes vraiment, vous ne serez plus en lutte. Vous parcourrez la vie avec fluidité et grâce, dans l’acceptation et l’amour. Vous agirez, mais l’action opérera à travers vous. Quel paradoxe d’obtenir ce pour quoi nous luttions seulement et seulement quand nous arrêtons toutes nos poursuites ! 50 L’EGO EST IRRATIONNEL L’ego est irrationnel. Ses stratégies pour modifier la réalité n’affectent pas celle-ci, mais ne font que nous rendre malheureux. Une fois que nous voyons à quel point l’ego est irrationnel et combien ses stratégies sont inefficaces, nous pouvons commencer à nous en affranchir, ainsi que de la souffrance qu’il provoque. L’ego prétend savoir comment nous rendre heureux, mais ses stratégies entraînent le contraire et obscurcissent en fait le bonheur authentique. Une des stratégies favorites de l’ego pour tenter d’altérer la réalité, c’est de la juger. Quand nous n’apprécions pas quelque chose (c’est-à-dire, quand nous nous identifions à l’ego qui rejette comment sont les choses), nous jugeons tout ce que nous n’aimons pas. Juger fournit les raisons pour lesquelles ne pas aimer quelque chose : trop ceci ou trop cela, pas assez ceci ou pas assez cela… Les jugements font paraître raisonnable l’insatisfaction de l’ego à l’égard de tout. Ils fournissent les raisons qui justifient nos plaintes et la colère que provoquent ces plaintes. La colère part du principe que le point de vue de l’ego est le bon et que les désirs de l’ego devraient être satisfaits. Ce postulat est bien sûr celui de l’ego et nous n’avons pas y souscrire. Une telle supposition est totalement irrationnelle. La vie ne tourne pas autour des désirs de l’ego. Les perspectives sont infinies et chaque ego a les siennes, alors pourquoi le point de vue de notre ego devrait-il être le bon ? Le point de vue de l’ego est coloré par ses valeurs : celui-ci veut la sécurité, la supériorité, la renommée, le pouvoir, l’argent, des garanties, le confort et le plaisir par rapport à d’autres valeurs comme l’amour, la paix et l’unité. Par conséquent, l’ego considère le monde de ce point de vue : dans quelle mesure le monde m’apporte-t-il ce que je veux ? Le moment présent est jugé comme ‘’bon’’ ou ‘’mauvais’’, si ce qui arrive maintenant fait en sorte que l’ego se sente bien, en sécurité, fort, superbe, à son aise, riche, populaire, satisfait ou tout ce qu’il voudra. Si l’instant présent ne lui apporte pas tout cela, l’ego se sent grugé et mécontent. Il juge et se plaint en établissant le bien-fondé de sa colère pour se sentir justifié de se sentir en colère et pour éventuellement prendre des mesures à caractère destructeur. Si la colère de l’ego se produisait en vase clos, il serait clair et évident à quel point la colère est inutile et impuissante, mais la colère est voulue pour que les autres la voient, puisque l’ego utilise la colère pour tenter de parvenir à ses fins dans le monde. L’ego essaye de manipuler les autres avec la colère et il y réussit souvent, mais à quel prix ? L’ego ne se souciera guère du prix de céder à la colère : une diminution de l’amour, de l’harmonie et du bonheur. Il se soucie plus d’obtenir ce qu’il veut. Il veut ce qu’il veut, plus qu’il ne veut l’amour ou même le bonheur, car en fin de compte, ses 51 choix ne conduisent pas au bonheur. L’ego préfèrera son point de vue plutôt qu’être heureux. Et s’il parvient à obtenir ce qu’il veut, il en retirera très peu de chose. Sa victoire est insignifiante. L’insignifiance des succès de l’ego ne l’empêche nullement de continuer à appliquer à la vie sa formule préférée, qui est de rejeter une chose, de la juger, de s’en plaindre, de s’en irriter ou de s’en chagriner. En fait, l’ego apprécie se sentir en colère et malheureux. Si nous nous identifions à eux, nous ‘’jouissons’’ de ces sentiments à un certain degré et choisissons souvent inconsciemment de rester avec eux un certain temps plutôt que de les dépasser. Si d’habitude, nous préférons la colère ou le chagrin au bonheur, la colère et le chagrin deviennent naturels et familiers, comme de vieux amis, et ces sentiments deviennent automatiques, chaque fois que la vie ne va pas dans notre sens. Heureusement, nous pouvons apprendre à répondre autrement, si les choses ne vont pas dans notre sens, et avec un peu de pratique, la colère et la désolation ne seront plus automatiques et inconscientes. La colère est une tentative pour manipuler la vie, qui est particulièrement irrationnelle, quand ce qui nous fâche est quelque chose qui s’est produit dans le passé et être en colère contre quelque chose qui d’après nous se produira dans le futur est tout autant irrationnel, le futur n’étant qu’un concept. Etre en colère à l’encontre d’une chose du passé ou du futur est irrationnel, puisqu’être en colère ne change rien du tout, mais ne fait que nous rendre malheureux, nous et les autres. Etre en colère à cause d’une chose qui se passe actuellement n’est guère plus rationnel, car la colère ne nous aide pas non plus à faire face au présent. La colère n’est tout simplement pas pratique. Quand nous nous sentons en colère, nous sommes réellement en colère à cause d’une perception que nous avons. Nous nous racontons quelque chose qui nous met en colère. L’histoire que nous nous racontons nous met en colère. Si nous ne voulons pas nous sentir en colère, nous devons cesser de nous raconter cette histoire, à nous et à autrui. La solution ne consiste pas à changer quelque chose à l’extérieur de nous-mêmes, mais à l’intérieur de nous-mêmes. La tristesse est une posture de défaite ou de victimisation par rapport à la vie, et qui ne nous apporte également que de l’insatisfaction et qui, à l’instar de la colère, n’a pas le pouvoir de changer la réalité. A l’instar de la colère, la tristesse est souvent une tentative pour manipuler la vie et les autres. Nous espérons que les autres viendront nous assister et nous donneront ce que nous voulons, si nous sommes vraiment malheureux à ce sujet. La tristesse peut aussi être une tentative inconsciente visant à manipuler Dieu pour que Celui-ci nous donne ce que nous voulons. Nous piquons une grosse colère ou une crise dans l’espoir que Papa/Maman nous donnera finalement ce que nous voulons. Nous nous rendons 52 malheureux en nous opposant à la manière dont la vie se manifeste et nous espérons que la vie fera preuve de clémence à notre égard. Ces deux stratégies – colère et tristesse – sont deux moyens inefficaces pour faire face à la vie. Elles ne changeront pas tout ce que nous n’aimons pas et nous causent du tort à nous-mêmes et à nos relations. Ces sentiments sont le résultat du point de vue irrationnel de l’ego qui présume à tort que la vie devrait se conformer à ses désirs et qu’il est en mesure de faire en sorte que la vie s’y conforme ou alors, qu’il devrait l’être. L’ego croit être le centre de l’univers, ce qui est un point de vue immature et incorrect. La maturité spirituelle voit la vérité concernant la vie. L’ego est immature, irrationnel, égocentrique et inconsidéré, mais la bonne nouvelle, c’est que nous ne sommes pas l’ego ! Une autre bonne nouvelle, c’est que la maturité spirituelle ne dépend pas du changement de notre ego, mais de simplement reconnaître la vérité en ce qui le concerne. Si vous vous surprenez en train de vous plaindre ou de juger, cela veut dire que vous vous identifiez au point de vue de l’ego. Si vous vous en rendez compte et si vous cessez de vous plaindre ou de juger, vous cesserez de souffrir. Néanmoins, vous arrêtez au beau milieu de vos plaintes et de vos jugements n’est pas toujours aisé, parce que l’ego adore se plaindre et juger. Mais moins nous nous laissons happé par ce plaisir négatif et plus l’ego s’affaiblit. A la place de vous plaindre ou de juger, tournez votre attention vers autre chose : quelque chose de beau, quelque chose que vous aimez ou une chose envers laquelle vous éprouvez de la reconnaissance, une chose que vous expérimentez par l’entremise de vos sens, ou encore, votre respiration. Prêtez attention à tout sauf à vos pensées négatives. Si vous vous apercevez que vous êtes en colère ou triste, demandez-vous ce que vous vous êtes dit et qui a fait en sorte que vous vous sentiez ainsi. Le fait de voir que vous avez-vous-même créé ces sentiments en croyant vos pensées vous procure la faculté de dépasser ces sentiments. Nos sentiments résultent du fait que nous croyons nos pensées négatives. Quand bien même il peut y avoir une petite part de vérité dans de telles pensées, et c’est la raison pour laquelle nous les croyons, c’est une histoire que nous nous racontons et qui oublie une grande part de vérité. Si nous nous sentons mal, ces sentiments veulent dire que nous adhérons à l’histoire de l’ego qui nous concerne, notre vie ou les autres, et l’histoire de l’ego est une histoire négative, mesquine, sans vision à long terme et ignorante. Quelle histoire raconterait l’Essence ? L’Essence voit tout le tableau selon la perspective la plus juste. Elle a toujours une histoire inspirante à raconter. Si vous devez vous raconter une histoire, alors découvrez celle de l’Essence. Mieux encore, demeurez dans l’instant présent sans aucune histoire pour vous distraire. 53 LA VIE JAILLIT DE L’INSTANT PRÉSENT Tout jaillit de l’instant présent. Le présent est tout ce qui existe, tout ce que nous avons. Le passé s’introduit dans le présent sous la forme d’un souvenir ou d’une histoire et l’avenir s’introduit dans le présent sous la forme d’un désir ou d’un fantasme, mais ni le passé, ni l’avenir ne sont réels. Ce sont juste des pensées. Il n’y a que l’expérience que nous avons maintenant qui est réelle et l’expérience de l’instant présent change continuellement. C’est la vérité, mais l’ego ne l’accepte pas. L’ego rejette l’instant présent et veut quelque chose de différent, aussi nous éjecte-t-il de l’instant présent avec des pensées qui concernent le passé et l’avenir et des jugements qui concernent le présent. L’ego ne s’intéresse pas à l’expérience de l’instant présent, parce que l’ego n’a jamais assez de ce qu’il veut. L’ego veut du glamour, du fun, de l’excitation, du succès, de l’attention, du pouvoir, des louanges, de l’argent, la célébrité et la supériorité et il n’y a que peu de moments qui offrent ce que l’ego prise tant. La plupart sont assez simples et ordinaires, sans fanfare ni caractère spécial pour l’ego. Si l’instant ne propose rien de spécial pour lui, l’ego ne s’intéresse pas à ce qu’il peut offrir et même si l’instant recèle quelque chose que veut l’ego, il sera prompt à trouver quelque chose à redire ou il en voudra encore plus. La vérité, c’est que l’ego est rarement satisfait, même quand il obtient ce qu’il veut. La vie n’a pas pour objectif de satisfaire l’ego, c’est pourquoi l’ego est si malheureux. La vie, c’est expérimenter, grandir, évoluer, créer, servir et s’exprimer et se manifester dans le monde d’une manière appropriée qui s’aligne sur la Totalité. L’ego n’a aucune considération pour la Totalité. Il s’expérimente comme étant séparé et seul. Mais ce qui vit la vie, en réalité, l’Essence, opère et agit pour soutenir la Totalité. Les actions que l’Essence accomplit dans le monde sont sensées et satisfaisantes, parce qu’elles s’alignent sur la Totalité, tandis que celles que l’ego accomplit sont insatisfaisantes, parce qu’elles s’alignent rarement sur elle. Il n’y a aucun vrai bonheur à poursuivre les objectifs de l’ego, même si l’ego tente de nous convaincre du contraire. Nous en arrivons à voir qu’il y a autre chose de bien vivant qui vit notre vie, et permettre à Cela de s’exprimer et de se manifester par notre entremise est beaucoup plus profitable que d’exprimer les pensées de l’ego et de poursuivre ses désirs.1 Nous pouvons trouver ce que l’Essence envisage pour nous, mais pour cela, nous devons nous situer dans l’instant présent, et pas dans notre tête. L’ego utilise le mental pour orienter notre vie conformément à ses valeurs, tandis que l’Essence modèle notre vie en utilisant l’intuition et en nous inspirant à agir. Avec l’Essence qui dirige notre vie, nous nous sentons inspirés à agir ou à dire quelque chose. 1 ‘’Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi’’, disait Saint Paul, NDT. 54 L’Essence nous incite à être le créateur d’une vie qui sera satisfaisante, si nous le lui permettons, c’est-à-dire, si nous n’écoutons pas notre mental, à la place. Nous disposons du libre arbitre : à tout moment, nous pouvons décider de prêter attention au mental et de suivre ses valeurs ou bien de prêter attention à l’Essence et de suivre ses valeurs qui sont l’amour, la compassion, la paix, l’acceptation, l’évolution, la sagesse et la compréhension. En plaçant les valeurs de l’Essence audessus de celles de l’ego, on découvre le bonheur que l’on recherche. S’aligner sur l’Essence n’est guère compliqué. Il faut simplement vouloir prêter attention à autre chose qu’au mental égoïque. Si vous le faites, vous découvrirez que vous n’aviez pas du tout besoin du mental égoïque. Vous découvrirez que la vie s’accomplit depuis toujours en jaillissant de l’instant présent et que tout ce que l’ego a jamais fait, c’est vous éloigner du contentement qui est accessible ici et maintenant. 55 COMMENT LE MENTAL ÉGOÏQUE VOUS FAIT SORTIR DE L’INSTANT PRÉSENT Dès que nous nous posons dans l’instant, le mental égoïque a quelque chose à raconter. C’est parfois enjoué – ‘’Pas mal !’’ – parfois critique – ‘’Pas terrible !’’ Parfois, il nous dit quoi faire : ‘’Tu dois te mettre au travail, maintenant’’ ou encore ‘’Tu n’oublies pas de faire cela !’’ Le mental est également plein de conseils et d’aphorismes : ‘’Prudence, prudence !’’, ‘’Il vaut mieux prévenir que guérir !’’, ‘’Tu gagnes peu à vouloir faire des économies de bouts de chandelles !’’. Les commentaires du mental accompagnent virtuellement chaque instant et l’absence de ces commentaires peut être une expérience assez déconcertante, car tellement rare pour la plupart des gens. La voix du mental égoïque peut se montrer amicale, désagréable, autoritaire, sage ou aimable, puisque le mental imitera tous les types de communication que vous avez jamais pu connaître. Si dans votre enfance, vous avez surtout connu la gentillesse et la générosité, il est probable que vos pensées le reflèteront, mais si vous avez connu la critique et la cruauté, il est probable que vos pensées seront critiques et peu aimables à l’égard de vous-même et d’autrui. La plupart d’entre nous connaissent un mélange de voix mentales qui varient selon notre humeur. Si nous nous sentons heureux, la voix de notre mental se montrera amicale, bavarde et plaisante, mais si nous nous sentons fatigués ou stressés, sa voix se montrera plus négative et critique. Cette voix peut également nous faire nous sentir malheureux, fâché, triste ou tout autre sentiment en nous disant quelque chose qui nous fait nous sentir ainsi. Cette voix reflète les humeurs et les sentiments et les provoque. La voix dans notre tête change aussi suivant notre rapport avec elle. Si nous ne l’écoutons pas lorsqu’elle essaye de bavarder avec nous, elle pourrait nous sermonner ou tenter de nous alarmer pour que nous lui prêtions attention. Le mental égoïque n’aime pas être ignoré et trouvera le moyen de nous impliquer avec lui. Si nous mettons le doigt sur sa négativité et si nous cessons de lui prêter attention quand il est négatif, alors il tentera d’être notre ami et il essayera d’être utile, intéressant ou divertissant. Peu importe ce qui marche, il réessayera. Une certaine relation s’établit avec notre mental, qui se répète fréquemment jusqu’à ce que nous changions la relation en ignorant cette voix. Le mental égoïque n’a rien d’utile à dire, mais nous l’ignorons jusqu’à ce que nous finissions par le voir par nous-mêmes. Même si nous réalisons combien le mental égoïque est sans valeur, il est possible que nous lui prêtions tout de même encore attention, juste au cas où il suggérerait quelque chose d’utile. A l’occasion, quelque chose d’utile nous passe par la tête, comme ‘’N’oublie pas tes clés !’’ ou peut-être 56 nous rappelons-nous brusquement où nous avons laissé nos clés. Nous attribuons généralement un tel brio au mental égoïque, mais ce sont des exemples où l’Essence utilise le mental pour nous aider. Le mental égoïque ressemble à un ordinateur qui crache ses informations, ses règles, ses convictions et d’autres idées qu’il a acquises et qui n’ont pas nécessairement beaucoup de rapport avec le moment présent. Ces idées ont peutêtre été vraies et utiles par le passé, mais ne le sont plus nécessairement maintenant. D’autre part, l’Essence nous délivre des renseignements utiles ou une sagesse utile par le biais de notre intuition, même s’ils nous viennent parfois à l’esprit via un mot ou une phrase, mais jamais via un long monologue. Lorsqu’une information ou une certaine sagacité nous vient à l’esprit, l’impression est très différente par rapport aux commentaires habituels du mental, mais comme cette information ou cette sagacité sont apparues avec le mental, nous pourrions présumer qu’elle provient du mental, plutôt que de l’Essence. Une fois que vous aurez compris combien le mental égoïque est inutile, l’Essence pourra fonctionner plus efficacement par l’entremise de votre esprit. Elle utilisera davantage votre esprit et l’ego l’utilisera moins. L’esprit peut servir les deux. Vous ne devez pas craindre de perdre votre faculté de penser ou de fonctionner, si vous cessez de prêter attention à la voix dans votre tête. Vous fonctionnerez beaucoup plus efficacement et beaucoup plus facilement et harmonieusement, si vous ne lui prêtez plus attention et les messages qui proviennent de l’Essence ne se perdront plus dans les bavardages du mental, comme c’est souvent le cas maintenant. La seule chose qui peut vous faire sortir de l’instant présent, c’est écouter la voix dans votre tête. Si vous lui prêtez attention, votre attention passe de l’expérience réelle de l’instant présent au monde de la pensée. Une fois que vous êtes pris dans le royaume du mental, il est facile de se laisser happer par une pensée après l’autre, puis par n’importe quels sentiments que ces pensées déclenchent ou suscitent. Prêter attention au mental égoïque vous met sur une pente glissante. Fort heureusement, une fois que vous voyez les manigances du mental et que vous êtes maintenant convaincu qu’il n’a rien d’utile à dire, vous pouvez demeurer dans l’expérience présente. Vous découvrirez alors comment la vie jaillit merveilleusement de l’instant présent, comme elle l’a toujours fait. 57 ARRANGER LES CHOSES PAR LA PENSÉE Beaucoup de nos pensées tentent d’arranger des choses qui ne peuvent pas l’être. Nous pourrions par exemple tenter d’arranger le passé en imaginant d’autres manières par lesquelles il aurait pu ou il aurait dû se dérouler ou en essayant de défendre ce que nous avons fait, en y pensant. Nous rejouons le passé, comme si le rejouer pouvait le changer. Le mental essaye d’arranger ce qui est impossible à arranger. Et nous faisons pareil avec le futur. Nous pourrions essayer de planifier quelque chose dans les moindres détails, comme si cela pouvait faire en sorte que l’avenir se déroule comme nous l’imaginons ! Même si planifier un peu peut avoir une certaine valeur, le mental exagère, car ses plans sont souvent motivés par des soucis et des craintes inutiles. Le mental entretient ses scénarios (‘’et si…’’) et tente par la pensée d’éviter le désordre et l’imprévisibilité de la vie malgré cette impossibilité. Le mental passe aussi beaucoup de temps à essayer d’arranger des choses qui n’ont pas besoin de l’être. Il imagine ou prévoit des problèmes là où il n’y en a pas et il en résulte qu’il dépense une énergie précieuse à essayer d’arranger mentalement quelque chose qui n’est même pas réel. Par exemple, vous pouvez imaginer vous planter lamentablement en vous adressant à un groupe, alors que ceci n’était jamais arrivé auparavant, mais même si vous aviez eu difficile à vous exprimer en groupe auparavant, y penser ne peut pas changer ce qui s’est passé ni ce qui arrivera. Y penser, c’est juste se tracasser inutilement. Le problème, quand on tente d’arranger quelque chose en y pensant, c’est que cela ne fonctionne pas. On ne peut pas changer le passé en y pensant. Même pour apprendre du passé, on n’a pas besoin d’y penser. Ce que l’on a appris, on le sait déjà au plus profond de soi-même. La vérité, c’est qu’on ne peut ‘’arranger’’ la vie réelle ou agir sur la vie réelle – sur ce qui se passe actuellement – qu’en faisant quelque chose dans le présent. On ne touche pas la vie réelle en y pensant. On peut bien penser ou imaginer tout ce qu’on veut, mais penser ne changera pas le passé et n’affectera pas le futur et ne changera même pas ce qui se passe actuellement, étant donné qu’il est déjà trop tard pour changer ce qui se passe actuellement. L’autre problème, quand on tente d’arranger quelque chose en y pensant, en plus du fait que cela ne fonctionne pas, c’est que cela affecte notre expérience de l’instant présent, parce que cela nous sort de la vie réelle et nous replace dans notre propre mental imaginaire qui pour beaucoup de gens est rempli de soucis, de craintes et d’autres négativités. Nous tentons de gérer et de contrôler la vie par l’intermédiaire de la pensée et nous sommes programmés à croire que c’est 58 possible, mais la vérité est que nous ne le pouvons pas. Le voir nous propulse endehors de l’enfer et nous fait réaliser que la vie est déjà bien, telle quelle, et que rien ne doit jamais être ‘’arrangé’’. Le mental égoïque imagine un problème, puis une solution, et quand nous sommes accaparés par de telles pensées, nous avons l’impression d’avoir un problème qui doit être résolu avant de pouvoir être heureux. Mais le problème est simplement imaginaire ! Quand nous nous dégageons de telles pensées pour entrer dans l’expérience simple de l’instant présent, nous découvrons que tout est OK, tel quel. La vie ne devait jamais être autrement qu’elle est et nous non plus. Nous pouvons être les humains ‘’imparfaits’’ que nous sommes. En fait, nous n’avons pas été conçus pour être autre chose que les humains que nous sommes et nous remplissons parfaitement ces rôles humains ! La beauté, c’est que nous évoluons tous vers plus d’amour, plus d’alignement sur l’Etre spirituel que nous sommes, que nous le réalisions ou non et donc, vous pouvez simplement vous détendre et profiter de la balade où vous emmène la Vie. Tout ce que la Vie demande, c’est de choisir l’amour plutôt que la peur et la haine. Fort heureusement, nous apprenons tous que faire preuve d’amour est le seul choix sensé, puisque l’opposé ne conduit qu’à la souffrance. Nous ne pouvons pas réellement commettre d’erreur et donc rien ne doit être arrangé, puisque nous sommes tous entraînés à voir la vérité – c’est-à-dire que nous sommes tous Un et que la Vie est bonne ! 59 LE DÉSIR DE CONNAÎTRE L’AVENIR Un des désirs les plus forts de l’ego, c’est celui de connaître l’avenir. Il veut absolument connaître l’avenir, à tel point qu’il se résout fréquemment à l’inventer, sinon dans un fantasme de grande envergure, au moins à l’aide de pensées et de croyances à propos de l’avenir qui évoluent constamment. Parfois ces idées fantasques sont négatives et décrivent les peurs de l’ego concernant l’avenir. La probabilité que les événements se déroulent réellement de la manière souvent dramatique que l’ego imagine est infime et néanmoins, nos pensées concernant l’avenir accaparent notre attention, remuent nos émotions et peuvent même nous contraindre à agir d’une façon ou d’une autre. L’ego fabrique un avenir problématique, puis prend des mesures afin de l’éviter. Pour le mental, penser à l’avenir paraît raisonnable, prudent, sage et pratique, mais rien ne peut être moins pratique que de se détacher de l’instant présent pour se perdre dans des peurs et des plans imaginaires, puis des actions pour éviter ces peurs. Il est naturel que l’ego agisse ainsi, puisqu’il ne fait pas confiance à la vie. Il ne reconnaît pas l’Intelligence derrière la vie qui est sage et aimante et qui nous aide à évoluer pour devenir plus sages et plus aimants. L’ego ne voit pas que la vie est bonne et digne de confiance, occupé qu’il est à raconter des histoires négatives sur la vie et combien elle est injuste et périlleuse. Bien entendu, l’ego a peur. Il s’effraye lui-même avec des histoires négatives. Il ne voit ni l’amour, ni la bonté, ni le soutien présent, et n’apprécie pas le fait que les défis et les difficultés nous font évoluer, comme rien d’autre ne peut le faire. L’Essence connaît la vérité à propos de la vie, mais quand nous nous identifions à l’ego, ses croyances et ses convictions et aux histoires qu’il fabrique, nous ne voyons pas les choses comme l’Essence les voit. Nous voulons connaître l’avenir, parce que nous voulons la confirmation de la croyance, de la conviction de l’ego que le présent sera racheté par quelque chose de meilleur qui surviendra dans le futur. Nous voulons que quelqu’un nous dise : ‘’Oui, ton prince (ou ta princesse) viendra et vous vivrez toujours heureux par la suite…’’ La position de l’ego, c’est que, quoi qu’il arrive, ce n’est jamais assez bon, mais un jour, la vie sera merveilleuse et alors, ce bonheur durera à tout jamais. Ce conte de fée est tellement enraciné dans notre constitution qu’il se peut que nous ne réalisions même pas que nous nous racontons cette histoire. Cette croyance interfère avec l’expérience de cet instant précieux. Qui plus est, elle interfère avec la vision de la vérité concernant la vie : celle-ci change constamment, nous avons peu de contrôle sur elle et elle est remplie de choses plaisantes et déplaisantes. L’ego ne voit pas tout le tableau, quand il rejette le moment présent. Il rejette l’instant présent, parce qu’il se focalise sur ce qui n’est pas présent et qu’il voudrait présent. Si le moment présent n’apporte pas suffisamment de plaisir, de pouvoir, 60 de sécurité, de confort, de fantaisie, de supériorité ou de garanties, il le rejette, mais la vie n’existe pas pour le plaisir de l’ego, ni pour conforter son sentiment personnel. La vie existe pour l’ensemble de la vie et elle contient tout ce dont nous avons besoin pour être heureux, si nous voulons bien nous situer dans l’instant présent sans nos opinions, nos croyances et nos jugements. Débarrassé de la pensée, le moment présent est vivant et il évolue toujours vers quelque chose de neuf et d’inattendu. Le moment présent change et il est rempli de toutes sortes de choses qui éblouissent les sens, inspirent l’amour et nous étonnent. Le moment présent est tout ce dont nous avons besoin et tout ce que nous possédons réellement. Qu’il puisse être différent de la façon dont il se manifeste est une illusion. L’ego a très peu de pouvoir pour changer ce qui se passe, car il est déjà trop tard – la vie est déjà passée à l’instant suivant. Tout ce que l’ego peut faire, c’est interférer, par son insatisfaction, avec le vécu d’une expérience riche et pleine du moment. L’insatisfaction de l’ego sape la joie de la vie et il n’est dès lors guère étonnant que nous aspirions à de meilleurs moments. L’ego gâche le moment présent et il en promet de meilleurs, mais ceux-ci ne viendront jamais, à moins que le mental ne devienne silencieux ou qu’il soit ignoré et alors, chaque instant est bon. Si vous vous retrouvez en train de désirer autre chose que ce qui se présente actuellement, il pourrait être utile de vous demander ce que vous imaginez que l’obtention de ce que vous désirez vous apportera. Nous pensons que nous serons enfin heureux, quand nous obtiendrons ce que nous voulons. Néanmoins, ce que nous découvrons si nous obtenons enfin ce que nous voulons, c’est que même ces quelques moments merveilleux disparaissent pour être remplacés par le moment suivant, puis par le moment suivant, etc. La vie ne cesse d’évoluer et nous apporte un mélange de ce que nous aimons et de ce que nous n’aimons pas. Pourquoi alors ne pas apprécier, voire aimer tout ce que la vie vous apporte puisque, quoi que cela puisse être, cela n’est pas là pour bien longtemps, cela ne sera plus jamais pareil et parce que c’est tout ce dont vous disposez… 61 LA PEUR, L’ARME LA PLUS PUISSANTE DE L’EGO La peur est puissante. Elle peut nous inciter à mal nous conduire et à faire des choses que nous ne voulons pas faire. Elle engendre la guerre et tous les types de conflits paraissent justifiés. Nous sommes prêts à nous battre et à faire la guerre, parce que nous avons peur de ne pas pouvoir obtenir ou garder ce que nous voulons et parce que nous redoutons ce que cela peut signifier. Quand nous avons l’impression que notre survie est en jeu, la peur est derrière et une telle peur est à la base de toutes les guerres et autres atrocités. La plupart des gens feront n’importe quoi pour survivre. Les questions que nous devons nous poser concernant la peur sont : ‘’Ce dont j’ai peur est-il réel ? Ma survie est-elle réellement en jeu ? En suis-je sûr et certain ?’’ Les réponses à ces questions sont rarement positives. Les peurs ne sont pas réelles, n’étant que des idées concernant une future possibilité. Quelle réalité peuvent avoir ces idées ? Le futur n’existe qu’en tant qu’idée. D’où cette idée est-elle venue ? C’est là une question essentielle. Les peurs émanent toujours de l’ego, parce que c’est lui qui pense à l’avenir et quelle est la fiabilité d’une source comme l’ego ? Il nous faut examiner non seulement à quel point une peur est réelle, mais également la fonctionnalité de la peur en général. Les peurs nous préservent-elles ou nous protègent-elles de ce que nous redoutons ? Elles semblent nous inciter à nous occuper de nos besoins essentiels en matière de survie. Par exemple, nous avons peur d’être sans abri et de mourir de faim et donc, nous travaillons pour gagner de l’argent pour survivre. Néanmoins, si nous avions besoin de la peur pour nous aider à survivre, alors, sitôt que nous avons assez d’argent pour survivre, n’arrêterions-nous pas de travailler ? Il y a beaucoup plus que la peur derrière notre motivation à travailler et à faire les choses que nous faisons. Nous n’avons pas besoin de la peur pour nous motiver à vivre. Nous sommes naturellement motivés pour vivre : pour travailler, jouer, créer, explorer, grandir, apprendre, s’amuser, etc. L’Essence nous motive à vivre et la peur n’est que la ‘’contribution’’ de l’ego à la vie, une contribution que l’on doit examiner. L’ego fabrique ses peurs, puis tente de nous amener à agir, par rapport à elles. Nous croyons nos peurs, étant programmés à les croire. Nous croyons que si nous ne faisons rien par rapport à nos peurs, elles pourraient devenir la réalité. La peur est le moyen par lequel l’ego reste au pouvoir, parce qu’elle accapare notre attention. Elle nous attache au mental égoïque, parce que le mental promet une solution à la peur. Si l’ego n’a aucun plan pour éviter ce qu’il prétend que nous devrions craindre, alors il nous en donne un pour nous en occuper : manger, regarder la télé, boire, prendre de la drogue, faire les magasins…Nous présumons que la peur est constructive en nous motivant à nous occuper de nous, mais la 62 peur se cache derrière nos addictions et nos actions autodestructrices, ainsi que derrière la dépression et d’autres maladies mentales. La vérité, c’est que la peur n’est guère constructive. Elle nous pousse à faire des choses que nous n’avons réellement pas besoin de faire et elle nous fait donc perdre notre temps. En outre, la peur nous empêche souvent de suivre notre cœur, ce qui est la chose la plus sûre que l’on peut faire. En réalité, la sécurité est une inquiétude erronée, puisque la vie a le chic pour nous apporter exactement ce dont nous avons besoin, indépendamment du fait que nous le reconnaissions ou non ou que nous aimions ou non ce qu’elle apporte. On peut faire confiance à la vie. La peur est l’expérience de l’ego, parce qu’il ne fait pas confiance à la vie, mais la perception selon laquelle la vie n’est pas digne de confiance est erronée. Les peurs sont le produit de l’imagination de l’ego. Elles sont générées et entretenues par l’ego. L’ego fabrique des peurs et comme ces peurs se transmettent de personne à personne et de génération en génération, elles paraissent crédibles. Puisque chacun appréhende les mêmes choses, nos peurs semblent dignes d’attention. Par conséquent, les remettre en question ne semble pas naturel. Les peurs sont tellement basiques par rapport à la vie – à la vie de l’ego, s’entend. La majorité des gens s’identifient à l’ego la plupart du temps et s’identifient ainsi aux perceptions et aux peurs de l’ego. Les peurs nous maintiennent en dehors du moment présent et dans les griffes de l’ego qui essaye alors de structurer et de planifier notre vie pour nous. Pendant ce temps-là, l’Essence continue de nous mouvoir et de veiller à structurer notre vie conformément à ses intentions. Nous devons choisir ce qui va structurer notre vie. Nos vies sont modelées et par l’ego et par l’Essence. L’Essence opère dans la vie que nous nous créons en suivant notre ego. La situation évolue dramatiquement si nous nous réveillons hors de l’emprise de l’ego, parce que l’ego devient moins dominant et l’Essence plus prééminente. La peur nous force à prêter attention au mental égoïque. Elle nous fait sortir de l’instant présent en faisant retentir une alarme qui ramène notre attention à nos pensées. Une pensée inquiète est plus puissante que les autres à cause du sentiment d’alarme qui lui est associé. D’autres pensées tenteront de nous réattirer dans le mental égoïque, mais les pensées chargées d’inquiétude peuvent produire des sensations physiques inconfortables qui les rendent d’autant plus convaincantes. Si nous avons besoin de faire quelque chose pour prendre soin de nous-mêmes, comme mieux manger, contracter une assurance-maladie ou trouver un travail, l’Essence nous inspirera à le faire ou elle peut amener des personnes dans notre vie qui nous inspireront ou qui nous aideront à le faire. Quand l’Essence utilise 63 d’autres personnes comme intermédiaires pour nous inspirer, elles le font sans àpriori. Celles qui tentent de nous faire faire des choses en nous jugeant ou en nous effrayant agissent à partir de l’ego et non à partir de l’Essence. L’Essence nous pousse naturellement et joyeusement à prendre soin de nousmêmes et la seule chose qui puisse interférer avec ce mouvement naturel, c’est notre conditionnement. L’ego est responsable de la peur d’une mauvaise santé et du conditionnement qui nous pousse à faire des choses qui nuisent à notre santé. Notre conditionnement est ce qui s’oppose le plus à être bien disposé à travailler, à nous reposer, à nous alimenter correctement et à prendre soin de nous-mêmes d’autres manières. Plutôt que d’assurer notre sécurité, comme il le promet, l’ego nous éloigne en fait de notre sagesse innée qui sait exactement comment vivre la vie sûrement, sainement et joyeusement. 64 LE DOUTE OU L’INSTRUMENT LE PLUS INSIDIEUX DE L’EGO Alors que la peur accroche notre attention et nous arrache au présent, le doute opère plus subtilement, mais avec le même effet ; alors que la peur est une voix alarmiste, le doute est un tout autre genre de voix. Le doute paraît raisonnable et rationnel, comme un avis éclairé, alors qu’il est réellement imprégné par la peur : ‘’Tu pourrais ne pas en sortir indemne…C’est très risqué ! Çà pourrait très bien ne pas marcher !’’ La voix du doute est une voix que nous avons tous entendue à maintes reprises chez nos parents et chez d’autres personnes qui paraissent avoir nos meilleurs intérêts à cœur ou à l’esprit, mais qui agissent en réalité par peur. Le doute nous empêche de suivre notre cœur aussi efficacement que la peur. Il entrouvre la porte au possible inconnu négatif. C’est le ‘’oui mais’’ qui nous coupe les ailes et qui éteint notre feu sacré. Il prend souvent la forme du doute de soi : ‘’Je n’obtiendrai probablement pas ce poste, de toute façon, alors à quoi bon postuler ?’’ Mais un doute d’ordre plus général, une méfiance à l’égard de la vie peut aussi être paralysant(e) : ‘’Rien de ce que je peux bien faire ne compte, de toute manière, alors à quoi bon essayer ?’’ Le doute est en réalité de la peur déguisée : la peur que les choses ne tournent pas bien, que le jeu n’en vaille pas la chandelle, que la vie ne soit pas bonne, qu’elle ne vaille pas la peine d’être vécue ou que nous ne soyons pas assez bons. C’est croire le négatif. Alors que la peur est une foi en une issue négative bien spécifique, le doute est une foi en la possibilité d’une issue négative. La peur est un doute qui s’est cristallisé en une image mentale plus spécifique, alors que le doute est plus vague, ce qui rend le doute plus insidieux que la peur, parce que le doute est plus difficile à contredire. Avec le doute, vous n’êtes pas sûr de ce qui pourrait mal tourner, mais vous croyez que quelque chose va mal tourner. Et vous avez probablement raison ! Vous allez probablement rencontrer des difficultés et il y aura des choses que vous n’apprécierez pas – parce que c’est la vie ! La question est : cela vous empêchera-t-il de suivre votre cœur ? Les doutes sont des obstacles. Ils nous empêchent de faire ce que nous nous sentons poussés à faire, ce que notre cœur nous appelle à faire. Puisque les doutes émanent de l’ego et non du cœur, ce ne sont pas des avertissements sérieux qui doivent être pris en compte. Les doutes sont la réponse programmée, automatique de l’ego à la vie : ‘’Tu ferais mieux de faire gaffe ! La vie est dangereuse, tu sais. Cela ne marchera pas et tu finiras sans abri !’’ Notre ego et celui des autres éructent et crachent les mêmes réponses à l’égard du changement ou bien essayer quelque chose de neuf. De tels doutes sont tout à fait prévisibles. Ils sont programmés dans chaque esprit. Face à l’inconnu, tous les doutes ressortent. 65 Comme les doutes nous viennent de l’intérieur et de l’extérieur, ils paraissent crédibles. Si chacun entretient des doutes similaires, nous supposons qu’ils doivent avoir une certaine valeur. Nous supposons qu’il doit bien y avoir quelque chose qui doive nous préoccuper. Les craintes sont contagieuses, elles activent les craintes d’autrui. Un état de conscience égoïque fera ressortir un état de conscience égoïque chez autrui. Et tous les egos sont d’accord : le monde est un endroit flippant et qui n’est pas sûr. Les egos sont ravis de raconter des histoires de toutes les choses terribles qui leur sont arrivées, ainsi qu’aux autres. Adhérer à de telles craintes quelconques en aura empêché beaucoup de suivre leur cœur et de vivre la vie qu’ils étaient censés vivre. La vie peut être flippante et des défis surviennent parfois, mais cela arrivera, que nous suivions notre cœur ou non et donc, nous pouvons tout aussi bien suivre notre cœur. Le fait de croire à nos doutes et à nos peurs ne nous protège pas de la vie. Néanmoins, nous croyons réellement que leur prêter attention nous garantira la sécurité. Nous présumons aussi que l’illusion de la sécurité vaut le prix de ne pas suivre notre cœur. Nous sommes prêts à échanger la promesse de sécurité de l’ego – qui est une fausse promesse – contre le bonheur et la plénitude de suivre notre cœur. Ce n’est certainement pas une bonne transaction. De toute façon, la vie est une affaire risquée. Alors, pourquoi ne pas la vivre dans la joie plutôt que dans la peur et dans le doute ? 66 LE JUGEMENT, L’ARME FAVORITE DE L’EGO Le jugement est l’arme favorite de l’ego. Les jugements sont les moyens par lesquels l’ego protège ses convictions, lutte pour elles et le moyen d’établir sa supériorité et son droit. Le fait d’avoir raison et d’être supérieur est très important pour lui, plus important que l’amour ou quoi que ce soit d’autre. Au service de son droit et de sa supériorité, l’ego juge autrui pour le rabaisser. Juger les autres nous fait d’abord mal nous sentir par rapport à nous-mêmes et nous nous jugeons pour cela. Tandis que l’ego tente de se sentir bien et supérieur en jugeant autrui, il en résulte que cette supériorité ne nous procure pas un bon sentiment. Rabaisser autrui ne nous procure pas un bon sentiment. La division ne nous procure pas un bon sentiment – puisque c’est cela que le jugement entraîne. Il entraîne la séparation et la séparation est quelque chose de douloureux. Se prêter au jugement conduit à la haine de soi, ce qui alimente le besoin d’être supérieur et d’avoir raison. Ainsi débute un cercle vicieux. Le fait de mal nous sentir par rapport à nous-mêmes pour être désobligeants et toujours prompts à critiquer autrui aboutit souvent à critiquer davantage encore pour essayer de nous sentir à nouveau bien. Il n’y a aucun moyen de sortir de ce cercle vicieux sinon en voyant la vérité concernant nos jugements. L’ego nous pousse à croire que nos jugements sont bien avisés. Les jugements sont les versions de la sagesse de l’ego. L’ego croit que ses jugements ont de la valeur et qu’ils sont bien fondés avec pour résultat qu’ils peuvent se draper et se parer de suffisance, ce qui pousse les gens à commettre beaucoup de mal dans le monde. Par exemple, il y a le terrorisme qui provient du fondamentalisme. Les terroristes se sentent justifiés pour commettre n’importe quel acte de violence, même des meurtres, parce qu’ils ont l’impression que leurs croyances et que leurs convictions sont si importantes à soutenir et si justes. Quand le jugement est porté à l’extrême, la violence en est souvent le résultat et la conséquence. L’amour s’oppose au jugement. L’amour est acceptation. Il accepte nos propres jugements sans y répondre et il accepte les jugements, les croyances et les convictions d’autrui sans réagir par rapport à eux. La conséquence de l’acceptation, c’est la paix. Donc, l’antidote à la guerre, c’est l’acceptation. Si chacun permettait à l’autre d’avoir ses opinions, les gens pourraient vivre en harmonie. Si les gens avaient simplement des convictions sans les jugements qui alimentent la suffisance qui conduit aux querelles et à l’affrontement, les opinions ne seraient pas si dangereuses. Nous ne réalisons pas que les jugements sont aussi nocifs qu’ils le sont, parce que du point de vue de l’ego, les jugements paraissent avoir de la valeur et semblent 67 être utiles, mais les jugements sont extrêmement préjudiciables. Ils nuisent aux relations et ils sapent la coopération, cela même qui nous permet en réalité de survivre et de prospérer dans le monde. Nos chances de survie augmentent, si nous nous unissons aux autres et non si nous nous battons avec eux ou si nous essayons d’avoir le pouvoir sur eux. L’ego est fâcheux. Si nous nous identifions à l’ego, nous laissons une bien fâcheuse impression et nous avons une impression désagréable par rapport à nous-mêmes, le ressenti n’est pas bon du tout. D’un autre côté, en nous alignant sur l’Essence, nous ne ressentons ni une mauvaise estime personnelle ni d’autres sentiments négatifs qui proviennent d’entretenir des jugements négatifs sur autrui. Il n’y a pas d’individus méchants, seul l’ego est réellement fâcheux. Ce que nous sommes réellement n’est pas méchant, même si, lorsque nous nous identifions à l’ego, nous nous comportons souvent mal. Fort heureusement, l’ego n’est pas du tout ce que nous sommes. Les gens veulent savoir comment s’aimer. Si nous nous identifions à l’ego, nous aimer ne sera pas simple, parce que l’ego n’est pas très aimable ! Nous en arrivons à nous aimer nous-mêmes en découvrant qui nous sommes réellement et en faisant l’expérience de notre véritable nature qui est l’amour. Mais si tout ce que nous expérimentons, c’est l’ego, alors bien sûr, nous n’arriverons pas à nous aimer nous-mêmes. Aimer le divin en nous et autrui est facile, une fois que nous sommes capables d’expérimenter qui nous sommes réellement et que nous comprenons que les pensées désobligeantes, les croyances séparatrices et les jugements relèvent du faux moi et non de qui nous sommes réellement. Les jugements font partie de notre programme qui se débobine continuellement. Nous n’avons rien à voir avec le programme qui nous a été attribué. Nous ne l’avons pas fabriqué, ni logé là. Notre conditionnement ne reflète pas qui nous sommes réellement. Si nous le voyons, alors nous aimer est naturel. 68 COMMENT LES JUGEMENTS MINENT LES RELATIONS L’ego s’occupe de juger. Juger les autres est la façon dont l’ego se distingue des autres, gagne une identité et se rend supérieur aux autres, ce qui l’aide à se sentir en sécurité. Les jugements sont la principale stratégie de l’ego pour s’occuper des autres. Remarquez qu’à chaque fois que vous vous trouvez avec eux, les estimations et les jugements qui les concernent et la manière dont vous faites le poids ou non par rapport à eux dominent vos pensées. Les pensées qui se fondent sur le jugement sont normales. Tout qui possède un ego (c’est-à-dire tout le monde !) expérimente son ego qui rassemble ses forces chaque fois que quelqu’un d’autre entre en scène ou chaque fois que nous pensons même simplement à quelqu’un d’autre ou que nous parlons de quelqu’un d’autre. Vous ne pouvez pas vous empêcher de juger et vous ne devez pas le faire. Vous devez juste voir vos jugements pour ce qu’ils sont : une réponse automatique de l’ego aux autres. Si vous voyez que l’ego est en train de juger, vous pouvez vous dégager de ces jugements. Vous pouvez ignorer les réactions réflexes et critiques de l’ego à l’égard d’autrui et ne pas exprimer à voix haute de tels jugements. Le problème avec les jugements, c’est qu’ils nous éloignent de l’amour et nous empêchent de nous relier aux autres. Ils entretiennent le sentiment de séparation, parce que ce que nous jugeons, c’est la façon dont quelqu’un diffère de nous ou d’une idée ou d’un idéal auquel nous tenons. L’ego se méfie des différences et il se dissocie de ceux qui sont différents de lui – c’est-à-dire de tout le monde ! Par l’entremise du jugement, l’ego rejette ceux qui sont différents ou qui ne se montrent pas à la hauteur de ses idéaux et de ses standards – indépendamment du fait que l’ego se montre lui-même ou non à la hauteur de tels standards… A cette époque où nous rencontrons quotidiennement des gens qui proviennent du monde entier, que ce soit en personne ou via les médias, l’intolérance à l’égard des différences constitue un obstacle majeur qui s’érige contre une plus grande paix dans le monde et en nous-mêmes. Prendre conscience de notre réaction instinctive à juger les autres simplement parce qu’ils sont différents et de l’impact négatif que cela entraîne pourra nous rapprocher un peu de la paix intérieure et de la paix mondiale. Au sein des relations plus intimes, les jugements minent les relations et tuent l’amour. Ils empoisonnent petit à petit nos relations jusqu’à ce qu’il ne reste plus que de la colère et du ressentiment. Nous sommes persuadés que nos jugements ont de la valeur et qu’ils ont donc une place dans nos relations. Ce que nous ne voyons pas, c’est qu’ils recèlent juste assez de vérité pour nous convaincre d’avoir raison, puis l’ego les utilise pour tenter de manipuler les autres et pour qu’ils se soumettent à notre programme. 69 Nos jugements sont les moyens par lesquels l’ego tente de forcer les autres à être ce qu’il veut qu’ils soient. Par exemple, le jugement, ‘’tu es vraiment débraillé !’’ est une tentative pour que quelqu’un cesse d’être débraillé, conformément à notre définition, qui elle est déterminée par notre conditionnement. La stratégie de l’ego est simple : s’il peut rendre l’autre suffisamment honteux, alors il cessera peut-être de faire ce qu’il fait pour commencer à faire ce que celui-ci veut qu’il fasse. Quand nous nous identifions à l’ego, nous ne réalisons pas que le manque de tenue ou que toute autre étiquette est subjective. Les étiquettes ou les jugements ne sont pas la vérité objective, mais notre perception personnelle, notre conditionnement. Nous prenons notre conditionnement comme étant la véritable perspective plutôt que de voir que ce n’est qu’une perspective, alors que d’autres ont leur propre perspective, leur propre conditionnement. Nous sommes tellement persuadés que notre conditionnement est juste que nous présumons avoir le droit de l’imposer aux autres. Malheureusement, les autres ont la même impression par rapport à leur conditionnement ! La plupart des conflits relationnels sont générés par des disputes qui concernent la justesse des conditionnements respectifs. Ce qui arrive, quand nous jugeons quelqu’un d’autre, c’est que nous recherchons des preuves qui soutiennent notre jugement. Nous cherchons comment cette personne se conforme à notre jugement et nous ignorons comment elle ne s’y conforme pas. Nous construisons toute une argumentation qui étaye notre perception et nous fabriquons une histoire sur cette personne qui s’oppose à ce que nous réagissions purement et simplement à elle dans l’instant. Nos idées et nos histoires s’opposent à ce que nous percevions toute la vérité qui concerne quelqu’un et spécialement comment il est maintenant, précisément. Nos réactions à l’égard de quelqu’un que nous jugeons vont forcément être plutôt négatives, que nous soyons conscients de ces réactions ou non. Que se passe-t-il, quand vous avez une impression négative ou quand vous réagissez négativement par rapport à une personne ? Généralement, vous obtiendrez une réponse négative de la personne, ce qui renforcera vos sentiments négatifs. Souvent, nous ne réalisons pas le rôle que nous jouons dans la formation de la négativité dans nos relations. Si vous êtes jugé par quelqu’un ou si vous sentez qu’une personne vous juge, même, alors est-il vraisemblable que vous ayez une bonne impression par rapport à cette personne et que vous agissiez en conséquence ? Le jugement entraîne le jugement, alors que l’amour engendre l’amour… En matière de relations, nous voyons rarement clairement et purement l’autre…Nous introduisons nos projections, nos convictions et nos histoires dans l’instant présent et elles font en sorte que nous percevions les autres et que nous réagissions par rapport à eux, comme nous le faisons. Nous voyons comment les 70 autres cadrent avec nos projections, mais pas comment ils ne cadrent pas avec. Nous subodorons des choses à leur propos qui peuvent être vraies ou qui ne sont que partiellement vraies. Nous agissons même ainsi avec des gens que nous n’avons jamais rencontrés. Si quelqu’un vous rappelle quelqu’un d’autre, vous réagissez vis-à-vis de cette personne, comme si cette personne était quelqu’un d’autre. Ou si une personne suscite en vous des sentiments, vous postulez que cette personne ressent des sentiments à votre égard…La vérité est que les autres sont un mystère. Nous ne pouvons jamais réellement les connaître. Nous pensons seulement que nous le pouvons. ‘’Nous voyons dans un miroir, d’une façon confuse.’’2 Les jugements colorient nos interactions avec les autres et ils produisent une négativité qui condamne les relations aux complications. La bonne nouvelle, c’est que les jugements ne doivent pas nécessairement poser problème. Ils peuvent surgir dans votre esprit – et ils le feront – mais vous ne devez pas les valider en leur accordant votre attention ou en les exprimant. En lieu et place, vous pouvez demeurer dans l’espace d’une conscience ouverte, innocente et dégagée autant que possible de vos histoires, de vos avis, de vos opinions et de vos arrièrepensées. Si vous le faites, alors quelque chose de miraculeux se produira : l’amour ! Au-delà du flux continu des jugements et de la négativité de l’ego, il y a l’Essence qui respecte la beauté et l’unicité de chaque instant et de chaque personne. L’Essence sait comment rencontrer l’autre dans l’acceptation, la curiosité et l’amour et par bonheur, l’Essence est qui nous sommes vraiment et qui l’autre est également ! 2 1 Co 13.12 71 L’EGO EST CONFUS Même si la plupart du temps, l’ego prétend savoir, il est souvent dans un état de confusion qui est généré par des voix disparates en lui-même. L’ego ne sait réellement rien du tout. Il n’a aucune sagesse innée qui lui est propre, mais rien que des informations qu’il a glanées auprès de différentes sources. Bien qu’il ait accumulé beaucoup d’informations, une bonne part de celles-ci sont contradictoires et inexactes. L’ego ne sait pas évaluer, ni peser l’information dont il dispose, discerner le vrai du faux, appliquer l’information à la réalité. L’ego est une machine et non un sage, même s’il prétend être un sage ! L’ego prétend savoir, vu que c’est ainsi qu’il affronte l’imprévisibilité et la complexité de la vie. S’il ne connaît pas ou s’il ne peut pas connaître quelque chose, il fait souvent semblant, et voilà ! Le fait de prétendre savoir ou de connaître procure à l’ego un faux sentiment de confiance et de sécurité, ce qui pour lui vaut mieux qu’aucun sentiment de sécurité. L’ego affirme que ses idées et que ses convictions sont justes et si elles diffèrent de celles des autres, il aime se chamailler avec eux ou se sentir supérieur à eux. L’ego remet rarement en cause ses propres convictions. Il est très satisfait de croire ce qu’il croit, sans y regarder de trop près. Au fur et à mesure que notre ego évolue – ce qu’il fait – nous devenons plus objectifs par rapport à nos convictions et plus tolérants par rapport aux convictions d’autrui. Néanmoins, quand nous nous identifions à l’ego, nous sommes solidement attachés à nos convictions que nous utilisons comme guides pour vivre. Ce n’est qu’après l’Eveil que nous voyons que nos convictions étaient un programme inapproprié et inefficace. L’ego n’aime guère la confusion. Quand il est confus, il tente de sortir de cet état le plus rapidement possible en prenant une décision. Quand il faut prendre une décision, il y a généralement de la confusion, parce que tout ce que dans quoi l’esprit peut puiser pour prendre sa décision, c’est dans sa banque d’informations qui sont souvent contradictoires. Les autres sont fréquemment tout aussi confus que notre propre ego et ils peuvent aussi nous filer des conseils qui prêtent à confusion et ambivalents. Il y a quasiment autant d’avis concernant une chose qu’il n’y a de gens et si quelqu’un n’est pas confus, il n’y a aucune garantie que son avis soit le bon ! Le fait d’avoir la foi en ses convictions n’est pas une indication de leur justesse. La réponse par rapport à ce qu’il faut faire concernant une chose doit provenir d’une autre source que du mental égoïque, parce que l’ego n’est pas un guide fiable. Il ne sait pas quoi faire, même s’il peut prétendre le contraire et le mental 72 des autres ne sait pas non plus, même s’ils peuvent également prétendre le contraire. Il y a une autre source à laquelle nous pouvons puiser pour être guidés et qui est claire et limpide – la source du Cœur. Néanmoins, le Cœur nous parle rarement par l’intermédiaire du mental – via des pensées – et il ne divulgue pas toujours la réponse au moment où nous le voulons. Pour suivre le Cœur, nous devons être prêts à vivre dans l’incertitude jusqu’à ce que nous recevions une réponse par l’entremise de notre intuition. Etant donné que l’ego n’aime pas être désorienté et ne pas savoir, il prend souvent une décision avant qu’il ne soit temps pour que la réponse n’arrive. L’ego pourra changer souvent sa décision, mais il aura au moins pris position, ce qui lui donne le sentiment de savoir, au moins pendant un moment. Le fait de fréquemment changer d’avis est une indication que vous écoutez l’ego, parce que changer d’avis est la façon dont l’ego gère sa confusion et son ignorance. Si vous trouvez que vous êtes confus, cela signifie que vous écoutez le mental égoïque qui est confus. Fort heureusement, il y a une autre option, celle de trouver en nous l’espace d’acceptation de l’inconnaissance – confiant que la clarté se fera jour en son temps. Lorsque la clarté se fait effectivement jour, elle possède un sentiment distinctif qui ne ressemble aucunement à une conclusion à laquelle l’ego pourrait parvenir. Quand la clarté émane du Cœur, elle s’accompagne d’un merveilleux sentiment d’acceptation, de détente, de solidité et de certitude – vous savez, simplement. A un moment donné, le mental pourrait remettre en question ce sentiment de savoir ou argumenter et vous confondre à nouveau. Ce sont là les vicissitudes liées au fait d’avoir un mental égoïque. Vivre dans l’instant présent nécessite une vigilance et la conscience constante de ce que le mental égoïque fabrique en demeurant dans l’instant présent où même l’ego est embrassé. 73 FAIRE LA PAIX AVEC LA VIE L’ego est en guerre contre la vie. Il redoute la vie et il est en colère contre la vie, il ne fait pas confiance à la vie et il n’aime pas la vie. Nous avons aussi cette impression, lorsque nous nous identifions au faux moi. Chacun a cette impression, au moins une partie du temps, parce que chacun a un ego et l’ego est pareil d’une personne à l’autre. Voir qu’un point de vue craintif et négatif par rapport à la vie est seulement le point de vue de l’ego peut nous libérer de cette perspective. Que la vie n’est pas digne de confiance ou qu’elle devrait être différente de ce qu’elle est est un mensonge. L’ego n’aime pas la vie et il a l’impression que la vie n’est pas digne de confiance, parce que la vie ne répond pas aux plans et aux désirs de l’ego. Bien sûr que la vie ne répond pas aux plans et aux désirs de l’ego. Elle répond à la Totalité, pas à des égos individuels. S’attendre à ce que la vie agisse autrement, c’est entretenir des attentes déraisonnables par rapport à la réalité. De temps à autre, l’ego obtient certes ce qu’il veut, mais la vie ne tourne pas autour des désirs de l’ego. Aussitôt que nous voyons la vérité concernant la vie et l’ego, il est possible de ressentir de la compassion à l’égard de la part de nous-mêmes qui est si malheureuse et qui a tellement d’exigences et de désirs irréalistes. L’ego ressemble à un enfant, parce que c’est une part primitive de nous-mêmes, un vestige irrationnel et dépassé de nous-mêmes. Faire la paix avec la vie, c’est juste une question de voir que la seule chose qui est en guerre avec la vie, c’est l’ego, et puis de faire la paix avec l’ego. Une fois que nous réalisons que l’ego est la cause de notre malheur, nous avons tendance à le rejeter et à le détester, mais on ne peut pas avoir la paix en rejetant ou en s’opposant à quoi que ce soit – fût-ce même l’ego. Rejeter l’ego, c’est rejeter notre humanité. Si nous rejetons notre propre ego, alors nous rejetterons aussi l’ego des autres et nous nous opposerons aussi à l’ego des autres, ce qui engendrera encore davantage de souffrance. Nous devons trouver la paix avec notre propre ego, de manière à pouvoir trouver la paix avec l’ego des autres et avec la souffrance que leur ego provoque. S’opposer à la souffrance, c’est simplement davantage de souffrance. Tout le mal du monde est causé par des gens qui s’identifient à leur côté malheureux, inquiet, contrarié et haineux, leur faux moi. Il faut comprendre que la souffrance que les gens s’infligent à eux-mêmes ainsi qu’aux autres provient de cet aspect primitif de la nature humaine et qui ne reflète pas leur véritable nature, ni leur valeur en tant qu’êtres humains. La seule chose qui nous permet de blesser les autres ou de leur faire la guerre, c’est croire qu’ils sont mauvais plutôt que croire qu’ils sont comme nous, poussés par un aspect primitif d’eux-mêmes qui agit mal. 74 On ne peut pas éradiquer le mal avec davantage de violence, ce qui est la réponse de l’ego au mal, mais en se connectant avec ce qui est vrai, réel et bon chez les autres et cette connexion ne peut se faire que par ce qui est vrai, réel et bon chez nous. Ceci peut avoir l’air tout à fait idéaliste, mais quel choix avons-nous ? L’alternative ne fera que perpétuer davantage de souffrance et de mal sur la planète et nous en avons assez de tout cela. Faire la paix avec la vie requiert de faire la paix avec d’autres égos afin qu’ils puissent se détendre et que leur vrai Soi puisse transparaître. Quand nous acceptons la vie telle qu’elle est, nous glissons dans l’Essence et si nous acceptons que d’autres ont un ego, mais qu’ils ne sont pas leur ego, ceci les aide à expérimenter l’Essence. Les seuls moyens de sortir de l’identification à l’ego et à la souffrance que cela provoque, ce sont l’amour et l’acceptation, pas l’opposition et la guerre. C’est la transformation qui doit avoir lieu maintenant sur la planète. 75 3ÈME PARTIE : SE LIBÉRER DU CONDITIONNEMENT 76 VOIR LA VÉRITÉ À PROPOS DES DÉSIRS Le désir est un mouvement de l’ego vers quelque chose qui n’est pas ici maintenant. Si ce que nous désirons était ici maintenant, nous ne le désirerions pas. Et si aimer ce qui est est le secret du bonheur (et c’est la réalité), alors désirer ce qui n’est pas ici est la recette du malheur. Les désirs paraissent toujours raisonnables, parce qu’ils sont le fruit d’un manque perçu de la part de l’ego. Il désire quelque chose, parce que quelque chose ne suffit pas par rapport à l’expérience actuelle qui n’est pas assez amusante, confortable, excitante, spéciale, tranquille, facile, rapide, tendre, agréable, sexy, etc. Les jugements de l’ego nous laissent avec le sentiment que quelque chose ne va pas ou manque et que notre expérience peut ou devrait être améliorée. Les jugements donnent une raison pour désirer quelque chose et ils créent une insatisfaction qui alimente l’action. Nous présumons que notre insatisfaction est la conséquence d’une chose qui manque ou qui ne va pas dans notre vie, sans réaliser que notre malheur provient de l’adoption du point de vue de l’ego. La vie est simplement comme elle est, ni réellement bonne ou mauvaise. Une expérience ou une situation est comme elle est et changera vite. Pourquoi la rendre mauvaise ? Néanmoins, l’insatisfaction est l’état permanent de l’ego et quand nous nous identifions à lui, nous nous sentons malheureux. Chaque instant devient une occasion de se plaindre et ces plaintes alimentent des actions dont beaucoup sont une perte de temps et d’énergie, sauf du point de vue de l’ego. Sans insatisfaction, l’ego n’aurait rien à faire, ni but, ni aucune raison d’être. L’insatisfaction alimente l’activité qui soutient les buts et les valeurs de l’ego. Elle nous incite à poursuivre ce que l’ego veut : davantage de quelque chose ou quelque chose de mieux. Quand l’ego l’obtient, il veut toujours plus ou mieux ou il recherche autre chose. L’ego suscite sans cesse des désirs qui le maintiennent occupé et qui nous lient à ses buts et à son agenda. Si nous approuvons les désirs de l’ego, notre vie sera structurée en conséquence. Peu de gens comprennent que leurs désirs sont la raison de leur malheur plutôt que le remède et qu’ils ne doivent pas les poursuivre. Comme toutes les pensées, les désirs surgissent de nulle part. D’où proviennentils ? Pourquoi voulez-vous une chose et pas une autre ? Les désirs sont assez personnels, puisque chacun d’entre nous est unique, mais tous les égos veulent généralement la même chose : le pouvoir, la sécurité, le plaisir, l’originalité, la supériorité, l’attention, les éloges, le succès, l’argent et les biens matériels. Nos désirs spécifiques sont influencés par ce que désire notre entourage et par ce que 77 nous avons apprécié dans le passé : ainsi, si nous avons apprécié conduire une BMW, nous pourrions désirer une nouvelle BMW. Nous désirons souvent davantage ou le meilleur des choses avec lesquelles nous avons eu des associations positives. C’est naturel. Nous sommes programmés à désirer davantage et le meilleur de tout. Le problème, quand on désire davantage et le meilleur de ce que désire l’ego, c’est que le fait d’avoir davantage et le meilleur n’apportera pas nécessairement le bonheur. En fait, davantage et le meilleur de certaines choses peut certainement devenir un problème. Nous pouvons manger trop de gâteaux, avoir trop de liaisons amoureuses, trop de biens matériels et trop d’activités. Et même si c’est le cas, l’ego en veut souvent davantage encore et mieux ! Il ignore quand s’arrêter de poursuivre ce sur quoi il jette son dévolu. Nous nous laissons prendre par nos désirs, car ils semblent être plus que de simples pensées. Les désirs sont très persuasifs. La pensée ‘’Je veux !’’ nous semble importante, vraie, réelle, impérieuse. Nous nous sentons poussés à faire quelque chose par rapport à elle – si ce n’est que mettre un terme à l’état inconfortable du désir. Ne pas avoir quelque chose que nous désirons nous rend mal à l’aise, comme si la vie manquait de quelque chose, mais aussi, comme si nous manquions de quelque chose et comme si nous ne serions pas heureux avant de pouvoir l’obtenir. Les sentiments de manque accompagnent tous les désirs ; ils se combinent avec la pensée ‘’Je veux !’’ Si ce n’était pas le cas, ignorer nos désirs serait beaucoup plus facile. La majorité des gens ne veulent pas se détacher de leurs désirs. Ils aiment leurs désirs. Ils aiment désirer ou du moins, c’est ce qu’ils pensent et ils ne peuvent pas imaginer la vie sans leurs désirs et ils ne le veulent pas. Ils n’ont pas encore réalisé que leurs désirs étaient la cause de leur souffrance. Jusque-là, ils continueront de les poursuivre. Nous détacher de nos désirs est impossible, sans voir que les désirs ne sont pas la voie du bonheur que nous supposons. Alors, êtes-vous convaincu que les désirs sont la cause de la souffrance et qu’il y a une autre façon de vivre que poursuivre ce que veut l’ego ? Le désir nous sort de l’instant présent où il est possible d’être content avec la vie, telle qu’elle est. L’ego ne veut pas le contentement (il a besoin de l’insatisfaction pour exister), aussi se détourne-t-il de l’instant présent dès qu’il expérimente le contentement qu’il considère ennuyeux et inintéressant. L’ego veut ses fantasmes et l’intensité qui survient quand on tente de les réaliser. Nous voulons donc cette intensité jusqu’à ce que cela ne soit plus le cas. A un certain stade de notre évolution, nous nous lassons du théâtre de l’ego et nous aspirons à la paix et au 78 contentement que seule notre nature divine peut nous apporter. Cette paix et ce contentement ne sont disponibles que dans l’instant présent, et pas dans un moment passé ou à venir, mais maintenant, en ce moment. Lorsque nous nous lassons enfin de poursuivre les désirs de l’ego, nous sommes prêts à voir ce qui se passe actuellement. Ce que nous découvrons, c’est que les désirs de l’ego sont des tromperies possédant peu d’intérêt pour notre vie et peu de sagesse pour la guider. En réalité, les poursuivre nous fait souvent perdre notre temps et notre énergie, tout en ne produisant qu’une maigre satisfaction. Toute cette activité égocentrique et l’insatisfaction qui en résulte sont destinées à nous indiquer notre foyer dans l’instant présent où quelque chose d’autre est bien vivant et nous fait évoluer selon ses intentions. Nous ressentons les intentions de l’Essence profondément en nous sous forme de motivations, d’aspirations, d’élans et d’inspirations. Ceux-ci ne se manifestent pas dans notre esprit par la pensée ‘’Je veux !’’, même si à un moment donné, il est possible que nous verbalisions les intentions de l’Essence. Ces désirs plus profonds ne nous égarent pas et ne nous éloignent pas de notre accomplissement, que du contraire. Ce sont les désirs que nous sommes censés suivre. Mais si nous sommes accaparés par les idées et par les objectifs de l’ego, nous pourrions ne pas remarquer ces dynamismes plus significatifs et importants. Au fur et à mesure que nous évoluons, la différence entre les désirs de l’ego et les impulsions qui émanent de l’Essence devient de plus en plus évidente et ignorer les appels de l’Essence devient de plus en plus difficile. Suivre l’Essence génère de la joie et le sentiment d’être fidèle à l’égard de soi-même. Cette joie est très différente du stress et de l’insatisfaction que nous ressentons lorsque nous sommes poussés à obtenir davantage de quelque chose ou quelque chose de meilleur par l’ego tyrannique. Se détacher des désirs de l’ego n’est pas difficile, quand nous voyons leur fausseté et quand nous prenons conscience des désirs plus profonds et plus importants qui nous guident. Comment l’Essence vous meut-elle, maintenant ? La réponse à cela vous donnera une idée sur les intentions de l’Essence pour vous. Nous découvrons ces intentions, non pas en cherchant dans notre mental, mais en constatant ce qui émerge de l’instant présent. Des pensées ‘’je veux…’’ pourraient surgir, mais qu’y a-t-il d’autre ici dans l’instant présent ? Qu’y a-t-il ici de plus vrai et de plus réel que n’importe quelle pensée ? 79 LES SENTIMENTS NE SONT PAS CE QUE VOUS PENSEZ Comme les désirs, les sentiments ne sont pas de bons guides dans la vie. Ils n’ont pas la réponse pour ce qu’il faut faire dans l’instant présent ou dans notre vie en général et pourtant, pour la majorité d’entre nous, ce sont les sentiments qui poussent à agir et qui structurent notre vie dans une large mesure. Quand nous sommes pris par l’émotion, nous nous sentons souvent contraints d’agir sous le coup de l’émotion, de dire ou de faire quelque chose en réaction à celle-ci. Nous disons ou nous faisons souvent des choses que nous n’aurions pas dites ou faites, si nous n’avions pas été pris par l’émotion. Lorsque nous éprouvons une émotion, ce sentiment a l’air important, réel et véritable et il donne l’impression d’être un problème que nous devons résoudre. La plupart des actions qui découlent des émotions sont une tentative pour régler ou pour supprimer un sentiment déplaisant ou désagréable : ‘’Je m’ennuie et je vais aller faire du shopping !’’ ‘’Je suis fâché avec mon patron et je vais quitter ce job !’’ ‘’Je me sens seul, alors pourquoi pas une petite aventure ?’’ ‘’Je me sens malheureuse et je vais avaler tout le pot de crème glacée !’’ ‘’Je me sens frustrée et je te tiens pour responsable !’’ ‘’Je me sens misérable et je ferai en sorte que tu te sentes pareillement misérable !’’ Les émotions provoquent beaucoup d’activités vaines, inutiles et destructrices qui dilapident l’instant présent. Si de telles ‘’solutions’’ par rapport à nos sentiments fonctionnaient et si c’était de bonnes solutions, ces actions auraient du sens, mais beaucoup de réactions par rapport à nos sentiments sont vindicatives, désobligeantes, destructrices, inappropriées et injustifiées. Elles sont vindicatives et désobligeantes, parce qu’elles émanent de l’ego qui est vindicatif et désobligeant. Elles sont destructrices (voire autodestructrices), inappropriées et injustifiées, parce que l’ego manque de sagesse et de lucidité. Les émotions proviennent de conclusions et de convictions erronées. Certaines de celles-ci ont été forgées il y a tellement longtemps qu’elles sont inconscientes. Ces conclusions et ces convictions inconscientes se cachent derrière beaucoup de dépressions, d’angoisses et de colères. Cependant, la plupart de nos émotions négatives proviennent de ce que nous nous sommes dits juste avant que l’émotion ne surgisse. Nous avons cru, espéré, désiré quelque chose et quelqu’un ou la vie ne s’y est pas conformé, aussi ressentons-nous de la colère, de la tristesse, de la trahison, etc. L’erreur, ce fut de croire que la vie devrait se conformer à nos croyances, à nos espoirs et à nos désirs, alors que la plupart du temps, elle ne le fait pas. Qui dit que la vie devrait se conformer à nos désirs ? L’ego, bien entendu qui argumente continuellement avec la réalité. C’est ce désaccord avec la réalité qui est la source du malheur – et pas les circonstances. 80 Quand nous sommes sous l’emprise de l’ego, nous réagissons diversement vis-àvis de nos sentiments négatifs : nous pouvons les extérioriser d’une manière destructive ou blessante ; nous pouvons critiquer, juger ou rabaisser les autres ; ou nous pouvons agir d’une façon autodestructrice. De telles réactions propagent la négativité et consument notre énergie et in fine, celles-ci ne nous permettent pas d’obtenir ce que nous voulons réellement. Elles ne récoltent ni l’amour, ni l’estime, ni le respect, mais la discorde et davantage de sentiments négatifs, même si nous pouvons provisoirement mieux nous sentir. Nous dépensons tellement d’énergie et de temps, accaparés par des sentiments négatifs et par des activités et par des drames inutiles et malavisés, alors que nous aurions pu vivre une expérience très différente. Les résultats malheureux qui proviennent de la réaction à l’émotion sont plutôt évidents quand nous ne sommes pas sous le coup de l’émotion, mais si nous sommes obnubilés par nos émotions, nous ne voyons pas très clairement. Les émotions nous plongent dans un état modifié de conscience, pour ainsi dire. Elles nous dominent et nous transforment en créatures irrationnelles qui sont prêtes à quasiment tout sur le moment pour avoir raison ou pour avoir gain de cause. Les émotions ne sont pas seulement un mauvais guide pour agir, elles sont une force destructrice. Si une personne vous demandait de houspiller quelqu’un, de quitter votre travail, de vous préparer à faire la guerre, de manger un gros gâteau en entier ou de pleurer et de crier jusqu’à ce que vous obteniez ce que vous voulez, vous ne l’écouteriez probablement pas, mais si vos émotions ou si votre mental vous disent d’agir ainsi, il est tout à fait possible que vous le fassiez. Nous sommes programmés à nous identifier avec nos émotions, à croire qu’elles sont importantes et pertinentes, et à agir sur la base de celles-ci. On ne nous apprend pas qu’il existe une autre manière d’avoir rapport avec nos émotions plutôt que de les réprimer, de les supprimer et de les exprimer. L’autre manière, c’est de simplement les observer, de les accepter et de ne pas agir sur la base de celles-ci. Quand nous savons comment gérer nos émotions, alors elles cessent de constituer un tel problème. Les émotions font partie de notre conditionnement, elles sont un produit de l’ego. Elles n’émanent pas de l’Essence. Si vous observez attentivement vos pensées, vous verrez qu’elles sont majoritairement négatives et conçues pour soutenir les convictions, les opinions et les identités auxquelles le faux moi ou le moi conditionné tient tant et dont beaucoup ne méritent pas d’être entretenues. Ces convictions, ces opinions et ces identités étroites et négatives nous divisent par rapport aux autres, nous font nous sentir déconnectés par rapport à la vie et à notre propre force vitale, la même force vitale qui circule à travers chacun et qui anime tout le monde. 81 Nous écoutons notre mental et nous suivons nos émotions, parce que nous pensons qu’il n’y a rien d’autre à écouter ou pour nous guider. L’ego ne remarque pas qu’autre chose nous guide et nous a toujours guidés, et c’est l’Essence. L’ignorance de l’ego ou le déni du Réel ne change toutefois pas les faits : nous sommes la force vitale qui vit par notre entremise et nous ne sommes pas l’ego qui tente de contrôler notre vie. Quand nous lâchons le mental pour entrer dans l’instant présent – même brièvement – alors nous savons la vérité en ce qui nous concerne. Il est alors possible d’expérimenter la guidance et la sagesse de l’Essence. L’Essence ne génère pas les émotions, elle est expérimentée sous la forme de sentiments positifs, comme la joie, l’allégresse, la paix, le contentement, l’acceptation, l’amour, la patience, la sagesse et la compassion. L’Essence nous oriente vers ses intentions à l’aide de ces sentiments positifs et nous détourne de ce qui est incompatible avec notre projet de vie, avec le sentiment d’un ‘’non’’ ou un sentiment de peine. La guidance de l’Essence se manifeste rarement par des mots dans l’esprit, mais si elle le fait, ces mots sonnent vrai et nous nous sentons dilatés et joyeux, ce qui change beaucoup par rapport à la manière dont la majorité de nos pensées nous font nous sentir. La plupart des pensées sont négatives. Elles nous dénigrent, la vie ou les autres et représentent trop étroitement la réalité. La plupart des pensées ne sont qu’une petite histoire sur une période de temps qui ne peut commencer à comprendre toute la vérité qui nous concerne ou quelqu’un d’autre. Nos pensées sont l’interprétation dont notre conditionnement pare la réalité. La plupart d’entre elles génèrent des sentiments négatifs qui nous causent des problèmes et qui blessent les autres. Par exemple, même une simple pensée, comme ‘’je suis bloqué !’’ peut vous chagriner et influencer votre perspective pendant toute la journée ou même pendant plus longtemps et si vous vous sentez peiné, l’ego tentera de justifier ce sentiment en construisant un argumentaire. L’ego fabriquera une histoire autour : ‘’Cela me chagrine d’être bloqué. Rien ne fonctionne jamais correctement pour moi. Tout ce que je tente échoue. Rien de ce que je fais ne compte…’’ Plus vous accordez de l’attention à de tels sentiments et à ce flot de pensées, plus l’histoire prend de l’ampleur et vos sentiments s’intensifient au fur et à mesure qu’elle prend de l’ampleur. A présent, vous avez réellement un problème ! Maintenant, vos émotions interfèrent avec votre accomplissement, votre bonheur et vos relations. Comment pouvez-vous être présent, alors que vous vous êtes englouti dans votre propre histoire d’échec ? Se raconter des histoires aussi pénibles et inachevées est un gâchis terrible de temps et d’énergie, mais le mental égoïque est conçu pour cela. Il raconte des 82 histoires que nous croyons et auxquelles nous réagissons par des émotions et par des actions et ceci devient notre expérience de la vie, alors qu’une expérience beaucoup plus agréable et paisible est possible. Si nous cessons d’écouter le mental, nous arrêtons de produire des émotions négatives et nous découvrons que nous disposons de tellement plus d’énergie pour vivre et pour l’expérience réelle qui est accessible dans l’instant présent. Fort heureusement, les histoires que le mental égoïque raconte ne sont pas toute l’histoire de la vie qui est potentiellement beaucoup plus joyeuse que l’expérience de l’ego. Dès que vous cessez d’écouter la version de la vie du mental, vous pouvez commencer à expérimenter la vie comme elle est réellement et vous découvrez que la vie est bonne ! Derrière toute cette vie, il y a la bonté et la divinité et vous êtes cela ! 83 LES ÉMOTIONS INDIQUENT LE CONDITIONNEMENT Les émotions peuvent être les alliées de notre développement spirituel, plutôt qu’une force destructrice. Les émotions déplaisantes indiquent le conditionnement – idées, convictions, opinions, jugements, désirs – qui est faux. La preuve que ce conditionnement est faux, est qu’il aboutit à des sentiments négatifs et la négativité s’oppose à la vie et à l’amour. Toute idée que vous entretenez et qui résulte en un sentiment négatif est fausse. Cette idée n’est pas toute l’histoire, mais une vérité partielle et les vérités partielles sont des mensonges. Toute émotion négative que vous entretenez peut donc être utilisée pour découvrir des convictions erronées et des incompréhensions qui relèvent de votre conditionnement. La plupart du temps, nos convictions demeurent méconnues et indiscutées. Nous supposons généralement que nos pensées sont vraies : ‘’C’est ce que je pense, donc, cela doit être vrai !’’ Nous sommes programmés à croire ce que nous pensons. C’est finalement la souffrance causée par nos pensées et par les émotions qui en émanent qui nous fait remettre en cause nos pensées. Au bout du compte, la souffrance est ce qui nous amène à cesser de suivre la même voie qui devient trop pénible à parcourir et alors, nous nous mettons à chercher comment sortir de notre souffrance. Cette sortie se fait dans la pratique en utilisant nos émotions. En étant très attentifs à nos émotions quand celles-ci apparaissent, nous pouvons découvrir comment nos convictions – y compris peutêtre des convictions inconscientes – ont suscité nos émotions. C’est dans cette découverte que réside notre liberté. Une fois que nous réalisons que nos convictions sont la cause de nos émotions, nous pouvons en devenir libres et ne plus être ballottés par celles-ci. Néanmoins, nous devons tous éclaircir un grand nombre de convictions. Derrière chaque émotion se cache un certain nombre d’idées que vous croyez, certaines d’entre elles inconscientes, ou vous n’auriez pas une telle émotion. Vous devez découvrir ces convictions et voir par vous-même qu’elles sont fausses. En ce qui concerne chaque article de foi que vous découvrez, demandez-vous si c’est vrai. La réponse est toujours non, car aucune conviction n’est tout à fait vraie. Chaque conviction possède une certaine vérité, juste assez pour nous amener à y adhérer. Néanmoins, ce qui sous-tend les émotions, ce ne sont pas des faits, mais des histoires, des perceptions et des points de vue. Ces histoires sont subjectives et non objectives. Si elles ne fonctionnent pas pour vous (et elles ne fonctionnent pas, si elles impliquent que vous vous sentiez mal), changez-les ou ignorez-les. Elles ne doivent pas être vos histoires. Elles ne vous appartiennent pas. 84 Votre histoire authentique, c’est l’histoire de l’Essence. Que vous dirait un parent affectueux et sage ? C’est cela que l’Essence dirait. La vérité, c’est que l’amour est au cœur de l’univers, même dans cette dimension où il y a tant de souffrance. Toutes nos expériences ne sont pas destinées à nous punir, mais à nous faire évoluer et à nous ramener dans notre Foyer. Par ailleurs, vous les avez vous-même créées et conçues. Vous pouvez vous raconter une histoire malheureuse sur la vie, si vous voulez, mais ce ne sera pas la vérité. La vie nous autorise à être tristes aussi longtemps que nous voulons, mais nous finissons par découvrir qu’il y a une autre possibilité, celle d’embrasser la vie, telle qu’elle est, avec toutes ses difficultés et d’aimer la vie pour l’expérience qu’elle nous apporte. Vous aimez votre expérience simplement parce que c’est ce qui arrive et parce que l’alternative – la haïr, être en colère, être triste ou la rejeter – n’est simplement pas une alternative acceptable. Il n’y a pas à souffrir, si vous faites le bon choix. 85 QUE FAIRE AVEC LES ÉMOTIONS Lorsque nous ressentons quelque chose, nous avons tendance à l’exprimer d’une façon ou d’une autre, que ce soit émotionnellement, en pleurant ou en criant, physiquement, en frappant ou en donnant des coups de pied ou verbalement, en en parlant. Ces manifestations des émotions ne sont guère constructives, même si parler des émotions peut l’être dans un cadre thérapeutique. Ce que la majorité des gens expriment, lorsqu’ils sont sous le coup d’une émotion, ne fait qu’alimenter l’émotion et peut être destructeur pour eux et pour leurs relations. Quand les émotions s’expriment, ce qui en ressort n’est pas joli. Laisser libre cours aux émotions est très différent d’une psychothérapie où l’on peut parler d’une expérience émotionnelle, à posteriori, dans un cadre où l’on peut lui apporter de la lucidité et une perspective plus rationnelle. Revenir sur une expérience émotionnelle peut être utile, spécialement si l’objectif est de découvrir les convictions et les conclusions erronées qui ont provoqué et alimenté l’émotion. On peut introduire la même objectivité et cette attention quand on expérimente l’émotion plutôt que de l’exprimer ou d’agir sur la base de celle-ci, comme nous avons coutume de le faire. Si rien n’intervient pour les arrêter, on a tendance à exprimer les émotions automatiquement, inconsciemment et répétitivement. Elles ressemblent à des tempêtes qui nous balayent et qui peuvent durer. Tous les blocages et toutes les inhibitions disparaissent. Lorsqu’ils sont contrariés, beaucoup de gens disent des choses qu’ils regretteront profondément et pourtant, quand la tempête frappe à nouveau, les mêmes réactions inconscientes se reproduisent. Une façon plus fructueuse de travailler avec les émotions que les exprimer, réagir sur la base de celles-ci, les supprimer ou les réprimer, c’est rechercher la cause de l’émotion, quand on l’expérimente. En faisant cela, on assume la responsabilité de la création de l’émotion plutôt que de blâmer quelqu’un d’autre pour cela. Assumer la responsabilité de nos émotions nous offre la possibilité de découvrir ce que cache telle émotion spécifique. Si nous prenons le temps d’examiner nos émotions, elles seront moins susceptibles de se reproduire. C’est ainsi que l’on peut faire évoluer les émotions et casser les vieux schémas émotionnels. Découvrir la raison d’une émotion n’implique pas d’examiner les causes externes – ce que quelqu’un nous a dit ou nous a fait – mais les causes internes – ce que nous nous sommes dit pour créer l’émotion. La majorité de nos émotions sont provoquées par des pensées qui font partie de notre conditionnement, tandis que d’autres viennent de convictions et de conclusions inconscientes que nous nous sommes faites ou que nous avons tirées il y a longtemps et qui font également partie de notre conditionnement. Quand quelque chose se passe, certaines 86 pensées surgissent et ces pensées façonnent notre expérience de cet événement. Nous voyons notre expérience d’une certaine façon en raison de la manière dont nous y pensons. Et la façon dont nous percevons une expérience détermine comment nous nous sentons par rapport à elle et comment nous réagissons par rapport à elle. Nous avons tellement l’habitude de blâmer les autres et les circonstances, par rapport à la façon dont nous nous sentons et notre langage reflète même ceci : ‘’Tu m’as blessée et cela m’a mise tellement en colère !’’ La plupart des gens ne réalisent pas que les circonstances ne génèrent pas les sentiments. C’est plutôt l’histoire que nous nous racontons par rapport à une expérience ou à des circonstances qui nous fait nous sentir d’une certaine façon. Si nous changeons l’histoire que nous nous racontons par rapport à quelque chose, notre expérience change par rapport à cela et il est probable que nos réactions et que nos réponses changent également par rapport à cela. L’ego est tellement prompt à blâmer les autres, par rapport à la façon dont il se sent et pourtant, l’ego est l’unique créateur des émotions. Le problème, c’est que la majorité des gens n’ont pas acquis l’objectivité nécessaire pour prendre du recul par rapport à leurs émotions et les investiguer plutôt que de réagir par rapport à elles. Il est possible que même ceux qui peuvent être objectifs à l’égard de leurs émotions ignorent comment les investiguer convenablement, puisque cela ne fait généralement pas partie de notre éducation émotionnelle. Nous commençons seulement maintenant à voir ce qui est en fait tellement évident : les pensées, et particulièrement les convictions, génèrent des émotions. Parfois, nous ne sommes pas conscients des pensées derrière nos émotions, mais il n’empêche qu’elles sont là. La façon de traiter les émotions que vous expérimentez, c’est de leur permettre d’être là et de tenter de découvrir quelles pensées se cachent derrière. Qu’est-ce que vous venez juste de vous dire et qui a fait que vous vous sentez ainsi ? Est-ce ainsi que vous voulez vous sentir ? Si ce n’est pas le cas, n’adhérez pas à ces pensées. Si vos pensées ne vous servent pas, reportez votre attention sur autre chose et si ce qui a provoqué les émotions sont des convictions ou des complexes inconscients, alors une investigation plus profonde sera peut-être nécessaire pour les mettre en lumière, éventuellement avec l’aide d’un thérapeute ou d’un énergéticien. Faire preuve d’objectivité à l’égard de nos émotions n’est possible que si nous avons pris quelque distance par rapport à l’ego et si nous avons une certaine expérience de l’Essence. Ceux qui sont profondément identifiés à leur ego trouveront difficile de prendre du recul par rapport à leurs émotions. Mais l’alternative est assez désagréable : entretenir des émotions est épuisant, 87 improductif et dommageable pour nos relations et pour notre corps. Les émotions négatives sapent notre énergie, nous font perdre notre temps et nous rendent inefficaces. Quand elles nous tiennent sous leur coupe, nous ne pouvons ni penser, ni agir clairement, nous prenons de mauvaises décisions et nous fonctionnons mal. Il y a beaucoup de bonnes raisons pour maîtriser vos émotions. Si une émotion est présente, plutôt que de faire ce que vous feriez habituellement, soyez simplement avec elle, dans une attitude légère et curieuse. Regardez et voyez l’histoire que vous venez juste de vous raconter et que vous avez crue. Cette histoire est généralement quelque chose comme ‘’Ceci n’aurait jamais dû arriver ! C’est injuste…terrible…insupportable !’’ Tout cet emportement contre la vie ne vous aidera pas à gérer la situation. Le fait de croire ces pensées et de les exprimer suscite simplement des émotions qui vous rendent moins apte à gérer tout ce qui se passe. L’ego se sent justifié dans le fait d’entretenir de telles émotions qu’il justifie par de nouvelles pensées, mais voulez-vous vraiment suivre cette voie ? Ce n’est pas obligatoire. Il y a une autre possibilité : celle de réaliser qu’il n’est pas obligatoire d’entretenir des émotions déplaisantes. Vous pouvez parfaitement bien vivre sans toutes ces émotions négatives. Si vous ne vous identifiez pas aux pensées qui provoquent ces émotions, vous n’expérimenterez pas ces émotions. Et si de telles émotions surgissent tout de même, elles ne doivent pas vous emporter, quand vous voyez qu’elles se fondent sur la perspective étroite et négative de l’ego. La perspective de l’ego ne doit pas obligatoirement être la vôtre et vous n’êtes pas obligé de lui donner la parole. Vous avez la faculté de choisir comment vous voyez vos expériences et votre situation, l’histoire que vous racontez. Tous, nous finissons par apprendre à raconter des histoires plus sages, plus positives, celles que raconterait l’Essence, si elle racontait des histoires. Quand vous cessez de croire aux histoires du mental, vous découvrez que la vie peut se vivre harmonieusement et avec très peu d’émotions négatives, indépendamment de ce qui arrive. 88 GUÉRIR LES PROBLÈMES ÉMOTIONNELS On ne guérit pas les problèmes émotionnels en agissant sous le coup des émotions ou en les laissant s’exprimer. Agir de la sorte ne fait que renforcer les convictions conditionnées qu’il y a derrière et notre tendance à réagir ainsi aux émotions. Si nous réagissons émotionnellement aux événements – que cette réaction soit de la colère, de la tristesse, de l’agressivité, du désespoir, de la critique, de la culpabilité, de la honte ou quoi que ce soit – cette réponse devient partie intégrante de notre répertoire émotionnel et si cette réponse se répète assez souvent, entrer dans cette émotion devient automatique, inconscient et impérieux. Nous avons tous certaines réactions émotionnelles qui sont devenues coutumières et elles sont devenues si familières que nous pouvons avoir l’impression de ne pas avoir le choix par rapport à la manière dont nous réagissons, même si nous l’avons toujours. Ces émotions nous emportent et nous nous perdons en elles pendant un certain temps. Comme schémas émotionnels, nous pouvons par exemple sortir de nos gonds, si nous n’obtenons pas ce que nous voulons, nous racrapoter avec le sentiment d’être nuls, chaque fois que l’on nous critique ou nous apitoyer sur nous-mêmes, chaque fois que quelque chose va mal. La première étape pour transformer un schéma émotionnel, c’est prendre conscience du schéma réactif, lorsqu’il se produit, La deuxième, c’est acquérir la volonté de se comporter différemment. Et la troisième, c’est être attentif à l’émotion. Guérir un schéma émotionnel nécessite de ne pas réagir à une émotion selon notre habitude et ne pas non plus la réprimer, ni la supprimer, mais simplement être avec elle, devenir son ami, lui permettre d’être là et être attentif à son expérience énergétique. Etre avec elle ainsi est très différent de s’identifier à elle. Plutôt que de nous expérimenter comme étant en colère, triste ou quoi que ce soit, nous expérimentons l’énergie de l’émotion, comme un observateur curieux et comme si nous nous situions à l’extérieur de l’émotion. Le fait d’être capable d’être conscient d’une émotion nous place en dehors de celle-ci. Nous observons l’émotion, plutôt que d’y réagir inconsciemment. Nous expérimentons l’émotion à partir de la perspective de l’Essence, plutôt que de nous identifier à elle. Conscientiser une chose nous permet de la connaître, d’une manière où elle ne l’était pas avant. Quand nous nous identifions à une émotion, nous n’en n’avons pas conscience, nous ne faisons que réagir par rapport à elle. S’identifier à une émotion et lui accorder notre attention sont deux choses très différentes. S’identifier à une émotion la renforce et lui accorder notre attention la guérit. 89 Si nous devenons attentifs à une émotion, nous pouvons découvrir d’où cette émotion est venue et comment les convictions qu’il y a derrière ne nous servent pas. Par exemple, vous pourriez vous apercevoir que chaque fois que vous vous surchargez de travail, vous éprouvez de la colère et derrière cette colère, vous découvrez une histoire : ‘’Personne ne s’occupe jamais de moi (et quelqu’un devrait) et donc, je dois travailler dur pour prendre soin de moi, c’est une question de survie.’’ Si vous investiguez un peu plus, vous réalisez que vous avez tiré cette conclusion pendant votre enfance, parce que vous aviez l’impression que l’on ne s’occupait pas de vous. Une fois que vous avez découvert cette histoire, vous pouvez cesser de vous la raconter et tenter de pardonner à vos parents pour ne pas vous avoir donné tout le soutien dont vous aviez besoin durant votre enfance. Quand vous réalisez que vous accrocher à cette histoire et ne pas pardonner ce qui s’est passé il y a si longtemps ne vous sert pas, vous pouvez commencer à lâcher prise par rapport à cette histoire. Si vous réalisez que c’est cette histoire qui vous a poussé à vous surcharger de travail, il est moins probable que travailler dur vous mette en colère. Vous pourriez aussi commencer à vous traiter plus affectueusement, comme vous auriez aimé que l’on vous traite pendant votre enfance, et traiter les autres plus aimablement devient également plus facile. Vous finissez par mieux vous sentir par rapport à vous-même, aux autres et à la vie, tout cela parce que vous n’êtes plus mû par la conclusion erronée à laquelle vous aviez abouti pendant votre enfance. De tels éclairs de lucidité nous libèrent du moi conditionné et de toute la peine qui provient de croire en de fausses histoires. Les blessures émotionnelles qui proviennent de notre enfance et les conclusions que nous avons tirées suite à ces blessures modèlent nos perceptions par rapport à nous-mêmes, aux autres, à la vie et à Dieu. Si nous ne voyons jamais la fausseté de ces conclusions, elles peuvent interférer avec notre bon fonctionnement ou nous rendre dépressifs. Investiguer nos émotions démasque ces conclusions et nous en libère. Voir la vérité nous libère, effectivement. Investiguer vos émotions nécessite un peu de foi, de volonté et de persévérance, mais quelle alternative y a-t-il ? Lorsque vous réalisez qu’il existe un moyen de sortir de la peine causée par vos émotions, vous pouvez difficilement revenir en arrière. 90 SE LIBÉRER DE LA VOIX DE L’EGO Pour la majorité des gens, la voix de l’ego est un compagnon permanent, même s’il n’est pas souvent le bienvenu. Le mental égoïque nous parle quasiment toujours et tout le temps de quelque chose : il nous réprimande, il nous juge (nous et les autres), il nous fait peur, il nous pousse, il nous chaperonne, il nous explique des choses, il nous fournit des informations, il nous dit en quoi il faut croire, il nous dit ce qui est juste ou pas, il nous rappelle de faire certaines choses et comment les faire, il procède à l’évaluation de ce que nous faisons, il spécule sur notre avenir, il rabâche notre passé et il nous prend sous son aile. Généralement, la voix de l’ego est négative, mais elle peut très bien avoir l’air positive : elle nous rehausse, elle nous congratule et elle imagine pour nous des possibilités fantastiques. Néanmoins, cette démesure est généralement suivie par une démolition en règle, à un moment donné. Les commentaires positifs de l’ego nous font sortir de l’instant présent et ils nous éloignent de l’Essence autant que ses commentaires négatifs. L’ego nous raconte que nous sommes vraiment ‘’terribles’’ ou ‘’merveilleux’’ et tous les deux sont des mensonges. Quelles que soient les histoires qu’il nous raconte, elles sont incomplètes et simplistes. A tout bout de champ, l’ego nous susurre ce que nous sommes, conformément à ses convictions et à ses évaluations : ‘’Comme tu es stupide !…brillant !…bon à rien !…vraiment spécial !…tu ne seras jamais quelqu’un !…tu vas devenir célèbre !…Ce type d’évaluations crée une image personnelle qui sert d’intermédiaire entre nous et le monde et qui interfère avec l’expérience de la vie réelle, telle qu’elle se manifeste à chaque instant. Les commentaires négatifs et positifs de l’ego nous accaparent. Nous pensons réellement que celui-ci a quelque chose d’important à nous dire et nous l’écoutons avec beaucoup de curiosité. Nous estimons l’opinion de l’ego – jusqu’à un certain point. Lorsque nous nous identifions à l’ego, nous croyons tellement ce qu’il croit que nous serions prêts à nous battre, voire même à tuer pour nos convictions. L’identification à l’ego est la racine de tous les maux du monde et la cause de toute la souffrance. Le mental égoïque n’a rien à nous offrir, mais le découvrir nécessite une responsabilité réelle avant de pouvoir nous libérer de l’ego. Nous devons continuellement démasquer l’ego avant qu’il ne cesse d’exercer son pouvoir sur nous. Ce qui rend l’ego si rusé, c’est qu’il change fréquemment de déguisements. Si nous le suspectons d’être un râleur et si nous refusons d’écouter ses jérémiades, il pourra prétendre être aimable et sage dans l’espoir que nous écouterons son opinion. Et si nous cessons de l’écouter, quand il nous démolit, il pourra tenter de nous amener à l’écouter en nous complimentant. Il prétendra même être notre 91 mentor spirituel et tentera de conseiller les autres en imitant un ton docte et en répétant la sagesse qu’il aura entendue. Lorsque nous nous rendons finalement compte que l’ego n’a rien de valable à dire, il tentera d’être copain avec nous, de converser avec nous, comme s’il était notre meilleur ami. L’ego est rusé, mais une fois que nous connaissons ses ruses, nous ne pouvons plus être dupes. La vérité, c’est que le mental égoïque n’a pour nous aucune valeur, même en tant qu’ami ou compagnon. Si nous continuons à converser amicalement avec lui dans notre tête, nous continuerons à vivre dans notre tête plutôt que dans le moment présent où nous pouvons recevoir des communications de l’Essence. Papoter avec le mental égoïque peut sembler inoffensif, mais renforce le mental égoïque, ce qui nous aliène de la vie et de l’Essence qui requiert notre coopération pour déployer notre vie conformément à son plan et à ses intentions. Deviser avec le mental fait passer le temps, comme discuter avec n’importe quel ami, mais le fait de s’impliquer ainsi avec lui ne nous apportera pas la plénitude et ne nous conduira pas au bonheur. Cet ami n’est pas un ami très avisé et deviser avec lui est une perte de temps et d’énergie. Quand nous nous en rendons vraiment compte, nous pouvons commencer à vivre à partir d’un lieu plus profond et plus riche, un lieu où la joie, le contentement et la paix sont possibles. 92 UNE PENSÉE À LA FOIS Seulement une seule pensée peut survenir à la fois. Les gens se sentent souvent submergés par leurs pensées négatives ; ils se sentent victimes de celles-ci et contrôlés par elles. Ils éprouvent des difficultés à se détacher d’elles. Pour eux, leurs pensées – ou à tout le moins certaines d’entre elles – sont trop contraignantes pour être ignorées, et certaines sont très impérieuses. Cependant, beaucoup de nos pensées sont assez faciles à ignorer et le fait de pouvoir ignorer celles qui sont le plus faciles à ignorer renforce notre capacité à pouvoir ignorer celles qui sont les plus difficiles à ignorer. Apprendre à se détacher du mental constitue une habileté, une expertise et comme pour toute aptitude, le fait de commencer par le plus simple avant de passer au plus complexe ou au plus compliqué est la manière de développer sa confiance et sa compétence. Le plus important est de ne pas se décourager, ni de renoncer à essayer de se détacher du mental égoïque, parce que l’ego tentera de vous décourager, quand vous essayerez de vous en libérer. Une fois que vous voyez que vous pouvez vous détacher de certaines de vos pensées ou ignorer certaines de vos pensées, il sera plus aisé pour vous de croire que vous pouvez vous détacher de toutes vos pensées et même de celles qui ont des sentiments négatifs liés à elles. Si vous apprenez à le faire, soyez aimable avec vous. Ignorer le mental n’est pas chose simple. Vous lui avez accordé votre attention et l’avez cru quasiment toute votre vie et donc, il s’est presque constamment renforcé. En outre, nous sommes programmés pour prêter attention au mental et le croire et une telle programmation n’est pas facile à surmonter et donc, briser l’habitude d’écouter le mental peut être un processus lent et il n’y a rien de mal à ce que cela prenne du temps. Tous les efforts que vous faites pour vous détacher du mental comptent. Chaque fois que vous réussissez à ignorer une pensée négative ou superflue, c’est-à-dire la majorité des pensées, cela devient plus simple. Les pensées dénuées de pertinence ou inutiles sont beaucoup plus faciles à ignorer que les pensées négatives, parce que les pensées négatives sont mêlées à notre identité. Les pensées dénuées de pertinence ou inutiles sont toutes les pensées qui ne servent pas à notre fonctionnement dans le moment présent. Remarquez avec quelle fréquence votre mental égoïque bavarde à tout bout de champ concernant des choses totalement hors de propos, y compris le passé ou l’avenir. Vous pouvez facilement vous rendre compte que vous n’avez pas besoin de pensées qui concernent le passé ou l’avenir pour fonctionner dans l’instant et donc, essayez d’ignorer toutes ces pensées pour commencer. Agir de la sorte vous habituera également à observer tout ce que votre mental fabrique. Vous 93 découvrirez à quel point presque tout ce que vous pensez est inutile ou négatif et cela peut être très éclairant ! La majorité des gens n’évaluent pas ce qu’ils pensent, parce qu’ils sont complètement absorbés par leurs pensées. Une fois que vous apprenez à observer vos pensées, vous êtes sur la bonne voie pour vous libérer du mental égoïque, de sa négativité et de la souffrance qu’il engendre. Si vous êtes plus conscient de vos pensées, vous pouvez les évaluer. Vous pouvez vous demander : ‘’Est-ce vrai ? Ce qui peut avoir conscience des pensées et qui peut les évaluer, c’est l’Essence. Un moyen par lequel l’Essence nous libère de la tyrannie du mental égoïque, c’est par cette capacité d’observer et d’évaluer nos pensées, qui est une capacité de l’Essence. Ignorer nos pensées devient beaucoup plus facile si nous apprenons à les observer et si nous voyons à quel point elles sont inexactes, dénuées de pertinence et négatives. Si vos pensées sont inexactes, dénuées de pertinence et négatives, alors pourquoi leur accorder votre attention ? Voir à quel point nos pensées sont inexactes et inutiles nous libère d’elles naturellement. Néanmoins, certaines pensées sont profondément liées à notre identité et chargées d’émotions. Ce sont des pensées auxquelles nous nous identifions et que nous croyons automatiquement et inconditionnellement. Il se peut que nous n’ayons même pas conscience que ces pensées nous affectent. Ce sont les plus difficiles à ignorer, puisqu’elles paraissent vraies. Nous les croyons et il est possible que nous les ayons crues durant la majorité de notre vie. Les pensées avec de la peur ou d’autres sentiments négatifs attachés à elles paraissent particulièrement réelles et vraies, même si elles ne le sont pas. Si nous sommes prêts à les examiner, à les investiguer en nous demandant si c’est le cas, alors nous pouvons nous rendre compte que même celles-là sont inexactes. Pour certaines personnes, un travail émotionnel plus approfondi avec un thérapeute ou avec un guérisseur alternatif peut être nécessaire pour démasquer et explorer toutes les croyances et toutes les convictions qui opèrent derrière leurs sentiments. 94 UNE INVESTIGATION RADICALE Voici une question qui peut avoir un impact radical sur votre vie si vous l’utilisez pour une investigation sérieuse : ‘’Quels sont les mensonges que je me raconte ?’’ Cette question peut démasquer les manières dont nous prétendons connaître quelque chose, quand ce n’est pas le cas, par exemple : ‘’Je vais faire cela pendant le restant de mes jours !’’ ‘’Elle ne changera jamais !’’ ‘’Je ne tomberai plus jamais amoureuse !’’ Cette question peut également mettre en évidence les nombreuses histoires négatives que nous nous racontons et qui ne sont pas entièrement vraies, par exemple : ‘’Je ne peux rien faire de bien !’’ ‘’Personne ne se soucie de moi !’’ ‘’Elle me traite toujours ainsi !’’ ‘’Je ne peux avoir confiance en personne !’’ ‘’Rien ne tourne jamais bien pour moi !’’ Cette question peut aussi nous aider à réaliser à quel point nous pouvons fréquemment argumenter à propos de quelque chose qui s’est déjà passé, par exemple : ‘’Il n’aurait pas dû faire cela !’’ ‘’La vie ne devrait pas être aussi dure !’’ ‘’Je n’aurais pas dû commettre une telle erreur !’’ Ces genres de déclarations sont des mensonges, parce qu’elles prétendent que le passé aurait pu être différent de ce qu’il a été. En résumé, il y a trois genres de mensonges que nous pouvons nous raconter : 1. Prétendre connaître quelque chose, quand ce n’est pas le cas. Si vous vous surprenez en train de prétendre connaître quelque chose, demandez-vous : ‘’Est-ce que je sais réellement si c’est vrai ?’’ Vous pourriez être étonné de découvrir à quel point vous prétendez souvent connaître quelque chose. C’est l’ego qui prétend connaître, puisque connaître – et même prétendre ou faire semblant de connaître – procure un sentiment de sécurité à l’ego. 2. Des histoires négatives : si vous vous surprenez en train de vous raconter une histoire négative, remarquez la contraction et la tension que génère le fait de vous raconter cette histoire et décidez alors que vous ne voulez plus agir de la sorte à votre égard. Décidez que la négativité n’est plus pour vous une chose tolérable. Pourquoi voudriez-vous croire des histoires qui vous font vous sentir mal ? Pourquoi voudriez-vous vous punir de la sorte ? De telles histoires proviennent de l’ego et lui donnent un sentiment d’identité et un problème à résoudre, ce qui rend l’ego vivant. 3. Le gros mensonge : ‘’La vie devrait se conformer à mes désirs !’’ Si vous vous surprenez en train de vous laisser séduire par cela, voyez simplement que le but de la vie et plus spécifiquement le but de notre vie n’est pas de satisfaire les désirs de l’ego. Le but de la vie et celui de notre vie sont beaucoup plus vastes que les désirs de notre ego. Au départ, il peut être difficile de voir que nos pensées sont des mensonges. Elles peuvent être très convaincantes et nous sommes habitués à les croire. Même si nos pensées nous font nous sentir mal, nous pouvons nous accrocher à elles, parce 95 qu’elles sont familières et par conséquent confortables, d’une certaine manière. Elles nous procurent un sentiment d’identité, le seul sentiment d’identité que nous avons, si nous ne connaissons pas bien notre identité authentique – l’Essence. Il y a une autre identité qui attend d’être découverte par chacun et qui est notre véritable identité. Le moyen de savoir que vous êtes aligné sur l’Essence plutôt que sur l’ego, c’est que vous vous sentez bien. Vous vous sentez accueillant, content, à l’aise avec la vie, dilaté et ouvert. Au lieu de dire non à la vie, comme l’ego, l’Essence est l’expérience de dire oui à la vie. Chacun connaît l’impression que l’on ressent en disant oui à la vie. En vérité, la seule chose qui fait obstacle à l’expérience de la paix et de l’aisance de l’Essence, c’est croire aux mensonges de l’ego, aux pensées en apparence inoffensives et vraies qui nous traversent l’esprit en permanence et qui semblent être nos pensées. Mais ces pensées ne sont pas les nôtres, elles relèvent du faux moi. Elles ne reflètent nullement l’expérience de la vie de l’Essence. Si nous sommes capables de rompre le charme projeté par ces pensées et par le sentiment d’un moi limité qu’elles trament autour d’elles, alors nous expérimentons la vérité et la vérité est bonne ! Si vous vous sentez bien, c’est que vous êtes aligné sur votre nature authentique et si vous vous sentez mal, c’est que vous ne l’êtes pas. Quel merveilleux dispositif de guidage nous avons reçu ! Essayez de lâcher prise par rapport à toutes les pensées qui vous font vous sentir mal ou même seulement par rapport à quelques-unes et voyez comment agir ainsi change votre vie. Vous n’avez pas besoin de pensées négatives. Tout ce que celles-ci vous ont apporté, c’est un faux moi qui souffre. Toutes sont des mensonges. 96 L’ACCEPTATION DE LA MORT ET DE LA PERTE La mort et la perte sont parmi les choses les plus difficiles que nous expérimentons en tant qu’humains. Nous nous attachons à la manière dont les choses sont et par conséquent, nous résistons au changement. Nous prenons nos aises avec la vie, en quelque sorte. En partie, nous aimons simplement l’uniformité, la prévisibilité et la familiarité d’avoir les choses comme elles ont toujours été. Nous aimons tant l’uniformité que nous pouvons même nous sentir chagrinés si une situation que nous n’avons pas aimée se termine, simplement parce que nous nous y étions accoutumés ! La majorité de la résistance par rapport à la mort et à la perte est une résistance à l’égard de l’inconnu et même une peur de celui-ci. Nous aimons le connu. Même si une situation n’est pas si formidable, au moins nous savons à quoi nous attendre ou du moins nous le pensons. L’inconnu nous effraye, parce que nous projetons nos peurs dessus. Ignorer ce qui nous attend donne l’impression d’être en bordure d’un précipice et nous imaginons le pire. La majorité de la souffrance qui tourne autour de la mort et de la perte est générée par notre peur d’un avenir inconnu, la peur de ce qui va nous arriver ensuite, mais la vérité, c’est que nous n’avons jamais su ce qui allait nous arriver et même maintenant, nous l’ignorons. C’est particulièrement évident, lorsque nous perdons quelque chose qui faisait partie de notre univers familier. Ce que nous ne voyons pas souvent, quand nous perdons quelque chose, c’est qu’autre chose prend sa place. La naissance et la mort opèrent toujours, et même d’instant en instant. L’instant présent se transforme déjà en l’instant suivant et l’instant neuf n’est pas identique au précédent. Quelque chose de neuf prend toujours la place de ce qui a disparu. Le problème, c’est que nous ignorons généralement ce que ce sera. Il faut toujours un petit moment pour que ce qui est en train de naître apparaisse. Ou, au milieu de notre peine, nous pouvons ne pas être conscients de ce qui est déjà né. En temps de perte, la conviction que la vie est bonne et la volonté d’accepter la perte comme faisant partie intégrante de la vie sont très utiles, puisque le mental nous dit le contraire – c’est-à-dire que la mort et la perte sont mauvaises et qu’elles ne devraient pas arriver. Le mental concocte des scénarios négatifs concernant l’avenir sans la personne, l’animal ou l’objet aimé. Il imagine que nous ne surmonterons jamais notre perte et que nous ne serons jamais plus heureux. Le mental égoïque transforme quelque chose de tout à fait naturel – la mort et la perte – en une catastrophe. La mort et la perte sont naturelles. Ce sont des parties de la vie que nous devons accepter. Pester contre ce qui est naturel est absurde. Etre en colère contre la vie, 97 parce qu’elle permet la mort et la perte, c’est comme être en colère contre le ciel, parce qu’il est bleu. La naissance se produit et la mort survient. Voir, accepter que toutes les deux sont vraies et font partie de la vie importe tellement. La naissance introduit une nouvelle vie dans cette dimension et la mort emporte quelque chose dont le temps était compté. Ce qui va ensuite se passer, personne ne le sait. Ce peut être une naissance ou une mort, qui surviennent tout autant. Lorsque nous voyons toute la vérité à propos de la vie – c’est-à-dire que la naissance et que la mort surviennent d’une manière équilibrée – alors la mort devient plus facile à accepter. Le mental rend la vie difficile à accepter en nous racontant des mensonges : ‘’Ceci n’aurait jamais dû arriver ! Tu ne seras plus jamais heureux ! C’est trop pénible à supporter ! La vie est cruelle !’’ Ce sont des histoires très malheureuses et inexactes et nous souffrirons si nous nous racontons de telles histoires. Nous pouvons tout aussi aisément nous raconter une histoire vraie au sujet de la mort et de la perte : ‘’C’était sans doute le temps pour que cela arrive. La vie continue. Je trouverai bien le moyen d’être à nouveau heureux. La vie est une bénédiction et je la chérirai d’autant plus à cause de cela.’’ Ce qui rend difficile de voir que le mental égoïque est la cause de notre souffrance, c’est que la plupart des gens sont pris dans leur mental négatif, aussi notre propre négativité est-elle soutenue et supportée par d’autres gens et même renforcée par eux. Si vous ne souffrez pas par rapport à quelque chose dont d’autres souffriraient, ils pourraient en déduire que vous n’aimiez pas la personne perdue ou bien tout ce que vous avez pu perdre. Faire son deuil est destiné à démontrer notre amour pour quelqu’un d’autre, aussi inconscient que cela puisse être, mais un tel chagrin est inutile. Les êtres aimés décédés ne tirent aucun bénéfice de notre souffrance. En fait, ceux qui sont passés de l’autre côté disent souvent à ceux qu’ils aiment de cesser de s’affliger et d’être heureux pour eux, puisqu’ils existent et qu’ils vont bien dans une autre dimension. La peine et la tristesse ne nous servent pas, ni à personne d’autre. Bien sûr, la personne ou bien tout ce qui n’est plus ici pourrait vous manquer. Si vous avez cette impression, alors observez qui vit cette expérience du manque. C’est le ‘’je’’. Le manque se manifeste dans vos pensées sous la forme de ‘’…me manque.’’ Comment fabriquez-vous cette expérience du manque ? Le manque est un sentiment et donc, vous devez vous raconter quelque chose, consciemment ou inconsciemment, qui fait en sorte que vous éprouviez ce manque. Il n’est pas nécessaire que quelqu’un ou que quelque chose nous manque. Une raison pour laquelle nous fabriquons et perpétuons le sentiment du manque, c’est parce que c’est une manière pour nous d’honorer et d’exprimer notre amour pour la personne, la situation ou la chose perdue. Sous l’apparence et le couvert de 98 l’amour, l’ego nous attire dans la souffrance. Le manque a-t-il quelque chose à voir avec l’amour ? Si vous explorez ce sentiment du manque, vous découvrirez qu’il est créé par des images idéalisées du passé et de l’avenir. De telles images vous servent-elles ? Vous rendent-elles heureux ou malheureux ? Vous pouvez être malheureux tant que vous voulez, mais la tristesse est inutile. Le manque n’est qu’un moyen de l’ego pour nous garder attaché au passé et à lui-même. Nous pouvons traverser une perte avec grâce ou bien avec beaucoup de souffrance. Trouver le moyen de le faire avec grâce, c’est notre travail spirituel. Perdre quelque chose ou quelqu’un que nous aimons nous apporte une grande opportunité de croissance spirituelle. Nous pouvons nous complaire dans la douleur – comme notre ego voudrait que nous le fassions – ou trouver une autre manière d’être. L’autre moyen, c’est de nous investir, ici et maintenant, et non dans nos pensées qui concernent le passé. La vie jaillit de l’instant présent, quelque chose de neuf se manifeste toujours. Prêtez attention à ce qui survient maintenant. Le passé n’est qu’un souvenir et nous ne nous contenterons jamais d’un souvenir, parce que ce n’est qu’une pensée. Pourquoi introduire un souvenir dans l’instant tout neuf ? Cela ne sert à rien. Vous pouvez choisir la paix et le bonheur plutôt que la souffrance – si vous le voulez. 99 LÂCHER PRISE, C’EST LÂCHER PRISE PAR RAPPORT À UNE PENSÉE Lâcher prise nous paraît parfois difficile, mais quel que soit cela par rapport à quoi nous nous efforçons de lâcher prise, c’est déjà parti. C’est du passé, la vie a avancé et elle nous apporte autre chose. Tout ce qui reste réellement et par rapport à quoi nous devons lâcher prise, ce sont nos pensées qui concernent quelque chose du passé. Lâcher prise se fait naturellement, lorsque nous sommes simplement ici et maintenant, dans l’instant présent. L’instant présent est libre du passé, à moins que nous n’introduisions le passé dans l’instant présent au moyen de la pensée. La pensée est la seule chose qui peut troubler la paix et le contentement de l’instant présent. Même un événement choquant n’est là que brièvement, et puis c’en est terminé. Le seul moyen pour qu’un terrible événement perdure, c’est par l’entremise de pensées à son sujet. Il se peut que nous ayons affaire aux effets d’un tel événement pendant un certain temps, mais la perte elle-même est terminée. Chaque instant fournit des tas de ressources pour faire face aux effets d’une perte, et ces ressources seront beaucoup plus accessibles, si nous ne sommes pas pris dans des pensées et des sentiments négatifs qui concernent le passé. Nous ne pouvons pas contrôler quelles pensées surgissent dans notre esprit, et s’il y a eu perte, des pensées ne manqueront pas de surgir à ce propos. Cependant, nous pouvons contrôler combien de temps nous consacrons à de telles pensées. La différence entre le paradis et l’enfer est largement question de combien de temps nous passons à ressasser des pensées du passé. Nous ruminons de telles pensées, parce que nous pensons que cela nous sert, quelque part. A l’aide de la pensée, nous tentons de réparer ou de réécrire le passé (‘’si seulement…’’), nous fabriquons une histoire concernant le passé pour nous défendre ou bien nous punir ou nous analysons le passé pour essayer d’empêcher certains événements de se reproduire, mais aucune de ces stratégies ne changera le passé, ni ne nous aidera à faire face à ce qui s’est passé. Ce sont des stratégies de l’ego conçues pour lui donner le beau rôle, donner aux autres le mauvais rôle, assurer sa sécurité ou justifier son existence, mais les buts de l’ego n’ont aucune valeur et ne servent pas bien notre énergie. Les pensées qui concernent le passé et qui tentent de le réparer ou de le garder vivant ne sont tout simplement pas utiles et nous empêchent de remarquer ce que la vie nous apporte dans l’instant présent. La vie donne et elle reprend pareillement. Le cycle des naissances et des morts est naturel et n’est pas mauvais, comme le suppose l’ego. Ce qui passe est destiné à passer. C’est du passé et la situation ne peut être différente. Rien ne peut plus changer le passé, y compris la pensée. Cependant, ressasser des pensées qui concernent le passé modifie certainement notre expérience de l’instant présent. Si 100 nous emportons le passé dans le présent, alors tout le reste, qui relève du moment présent est marginalisé et négligé. Tout ce que nous voyons, c’est le passé ou plus précisément notre histoire à son sujet. Tout ce que nous pourrons jamais avoir du passé, c’est notre histoire à son sujet et cette histoire n’est pas très satisfaisante. Nos histoires du passé ne nourrissent pas notre âme, comme le fait le moment présent. Pire, chaque histoire est généralement une triste histoire qui nous garde prisonnier de sentiments négatifs et alors, ces sentiments deviennent notre expérience de vie. De tels sentiments négatifs sont tellement inutiles. Si nous tournons notre attention vers ce qui est ici et maintenant et si nous la détournons du passé, les sentiments négatifs ne peuvent se maintenir et disparaissent. Personne ne peut garder indéfiniment des sentiments négatifs. Peu importe combien nous sommes déprimés, en colère ou blessés, nous finissons par glisser dans l’Essence et nous cessons de ressentir de tels sentiments. Entretenir des sentiments négatifs est épuisant. Souvent, de guerre lasse, nous glissons dans l’Essence et nous trouvons l’apaisement par rapport à nos sentiments. Lâcher prise est difficile, puisque cela semble requérir de lâcher prise par rapport à ce que nous aimons, mais lâcher prise ne consiste pas à renoncer à notre amour pour celui, celle ou ce que nous avons perdu. L’amour est éternel et notre amour continue. Notre amour est ce qui nous reste par rapport à ce que nous avons perdu. Se détacher de la personne, de l’expérience ou de la chose s’est en réalité déjà produit, car elle est déjà partie. Il n’y avait pas d’autre choix, ni d’autre alternative que celui ou celle de la laisser partir. En fait, tout ce à quoi nous devons encore renoncer, c’est à notre désir que la situation soit différente. Renoncer au désir que les choses soient différentes n’est pas si difficile, si nous voyons que la vie ne peut simplement pas être différente de ce qu’elle est. Voir la vérité rend le désir que les choses soient différentes inutile. Tout ce à quoi nous devons renoncer, c’est à notre croyance que les choses peuvent ou devraient être différentes de ce qu’elles sont. Ceci est impossible. L’accepter permet de renoncer au désir que les choses soient différentes. Le détachement suivra naturellement de permettre à la vie d’être comme elle est, d’accepter la vie telle qu’elle est. L’acceptation est en réalité l’unique choix sain et sensé, parce qu’agir autrement, c’est créer pour nous et les autres une immense souffrance, ce que la vie nous permet de faire, bien entendu, mais cette souffrance ne sert personne. La bonne nouvelle est que le désir que la vie soit différente de ce qu’elle est n’est qu’une pensée. Peu importe combien un désir peut paraître fort, un désir n’est qu’une pensée et les pensées peuvent être ignorées. Nous sommes nettement plus forts que n’importe quelle pensée ou que n’importe quel désir. Nous avons le 101 pouvoir de choisir de nourrir un désir avec davantage de pensées, ce qui génère des émotions, ou bien de tourner notre attention vers autre chose, vers ce qui se passe dans l’instant présent. Le fait de tourner notre attention vers n’importe quoi d’autre que le désir que les choses soient différentes transforme notre expérience de l’instant et la souffrance disparaît. Le moment présent a tout ce dont nous avons besoin pour être heureux, si nous n’y introduisons pas d’exigence pour qu’il soit différent. Agir ainsi n’est pas nécessairement facile, mais la souffrance ne l’est pas non plus ! Dieu du ciel, merci qu’il y ait le choix, moyen de sortir de la souffrance. C’est bien la preuve que la bonté se situe en-deçà de toute vie et que la vie nous mène vers une plus grande paix, un plus grand amour et un plus grand bonheur, quoi qu’il advienne. 102 LE RENONCEMENT Le renoncement n’est réellement que l’acceptation. Nous nous en remettons à la manière dont sont les choses, nous acceptons la manière dont sont les choses, la manière dont la vie se manifeste. Le renoncement et l’acceptation paraissent si difficiles à l’ego. C’est parce que l’ego ne veut pas accepter la vie et cela ne changera jamais. Nous ne parviendrons jamais à amener l’ego à s’abandonner à la vie, à suivre le courant de la vie. La résistance est son état naturel. Lorsque nous nous identifions à l’ego, nous sentons la résistance de l’ego. Cependant, lorsque nous ne nous identifions pas à lui, mais lorsque nous sommes en contact avec qui nous sommes réellement, l’acceptation de la vie a simplement lieu. En cours de journée, vous avez beaucoup d’expériences où vous vous abandonnez à la vie, comme elle est. Il est possible que vous ne remarquiez pas ces moments, parce que vous les traversez sans heurt, paisiblement. Les moments où nous résistons sont ceux que nous avons tendance à remarquer, car ils nous font penser que nous avons un problème. Nous nous éloignons de plus en plus du moment présent en tentant d’arranger le problème que nous estimons avoir ou bien nous essayons de mieux nous sentir, par exemple en mangeant, en fantasmant, en faisant du shopping ou en regardant la télévision. Les activités d’évasion ou de fuite de la réalité sont les activités qui nous aident à devenir inconscients de nos sentiments, ce qui inclut le sentiment de résistance à la vie. Nous faisons fréquemment face aux sentiments et aux autres aspects de la vie auxquels nous résistons en éludant l’expérience que nous avons et en faisant quelque chose qui nous distraira de ce à quoi nous résistons et qui nous donnera, avec un peu de chance, un peu de plaisir. Nous tentons souvent de nous soulager de la douleur de résister à la vie à l’aide du plaisir. Poursuivre le plaisir est une manière dont l’ego affronte la vie. L’ironie, c’est que c’est l’ego qui crée la résistance et par conséquent la souffrance, et non la vie. La solution de l’ego à sa propre résistance, c’est la recherche du plaisir. Si nous nous identifions à l’ego, nous nous laissons piéger dans ce cycle de fuite de la douleur et de recherche du plaisir. Le renoncement est le moyen de sortir de ce cercle vicieux. Si nous nous en remettons à la vie telle qu’elle est, nous faisons l’expérience d’une joie et d’une plénitude simples qui sont beaucoup plus satisfaisantes que n’importe quel plaisir que nous pourrions expérimenter. La joie simple de la simplicité de l’Etre est suffisamment complète. Il n’y a rien à lui ajouter ni à lui enlever. L’instant s’écoule simplement dans l’instant suivant sans aucun besoin de changer ni d’arranger quoi que ce soit. 103 Le renoncement nous permet d’expérimenter la vie, comme elle se déploie, au lieu d’expérimenter notre résistance à son encontre. Si nous nous identifions à l’ego, nous ne faisons pas l’expérience de la vie, mais de notre résistance à son encontre. Nous manquons en fait l’expérience de l’instant présent, parce que nous ne sommes pas dans l’instant présent, mais impliqués dans nos pensées concernant ce qui se passe ou autre chose, et c’est une expérience fort différente. Nos pensées concernant tout ce qui est en train de se passer ne sont jamais comme nous situer dans l’instant présent, même si elles sont plaisantes. Les pensées font juste partie de ce qui se passe à n’importe quel moment et si nous ignorons quasiment tout, hormis nos pensées, nous aurons une expérience très étroite et très aride de la vie. La vie ne peut être remplacée par des pensées sur la vie. Le seul moyen d’expérimenter la vie, c’est de lui dire oui, de nous en remettre à ce qui se passe maintenant et d’en faire réellement l’expérience plutôt que d’y penser. Dire non à ce qui se passe nous empêtre dans l’histoire du mental et la résistance à l’encontre de ce qui se passe et nous souffrons. Le moyen de sortir de la souffrance, c’est de constater la résistance de l’ego à l’encontre de la vie et de l’ignorer. Chaque fois qu’une telle résistance se manifeste, notez-la et revenez à ce que vous expérimentez ici et maintenant : comment votre corps se sent, ce que vous percevez, ce que vous êtes motivé à faire et quelles intuitions jaillissent. Restez simplement ici dans l’instant présent. Ce que vous découvrez lorsque vous demeurez dans le moment présent suffisamment longtemps, c’est que vous vous sentez bien dans le moment présent et qu’il est riche et en constante évolution. Dans l’instant présent, la vie n’est pas expérimentée comme un problème. Le mental égoïque est la seule chose qui transforme la vie en problème. Une fois que vous réalisez que pouvez reléguer le mental égoïque à l’arrière-plan et profiter simplement de l’instant présent, vous choisirez de le faire de plus en plus souvent. S’en remettre à la vie n’est pas du tout compliqué. Cela se passe simplement et naturellement chaque fois que nous cessons de prêter attention à notre version mentale de la vie et que nous nous mettons à prêter attention à la vie elle-même, comme elle jaillit du moment présent. Il y a autre chose à faire que penser – observer et être conscient de ce qui se passe maintenant. Observez, contemplez, sentez, écoutez, percevez et donnez-vous pleinement à l’expérience que vous vivez et vous glisserez dans l’instant présent. 104 VIVRE SANS MIROIRS A quoi nous ressemblons importe tellement dans cette culture et notre apparence devient comment nous nous percevons. L’image du miroir ressemble à qui nous sommes. Nous véhiculons partout cette image avec nous à l’intérieur de notre tête et quand nous songeons à nous, nous songeons à cette image. Nous avons beaucoup d’images personnelles et l’image intériorisée de ce à quoi nous ressemblons est peut-être la plus forte. Nous nous identifions particulièrement à cette image personnelle, parce que l’identification au corps est tellement forte et parce qu’il faut quelque chose au mental pour qu’il épingle dessus l’idée du moi. L’image intériorisée de nous-mêmes renforce et maintient en place l’idée du moi. Sans cette image intérieure, l’idée du moi s’affaiblit et ne peut se maintenir si facilement. Vous en avez peut-être fait l’expérience en vous éloignant des miroirs pendant tout un temps, par exemple en partant camper ou bien dans un cadre de vie plus primitif. Dans de telles circonstances, vous commencez à vous expérimenter plus comme vous êtes vraiment plutôt que comme une image que vous gardez de vous dans votre esprit. Il y a une grosse différence entre l’expérience de nous-mêmes et l’expérience d’une image de nous-mêmes. L’image est une idée. L’image de nous-mêmes est sans relief, elle est sans vie et nous devons travailler dur pour l’entretenir (spécialement sans miroirs), tandis que l’expérience de nous-mêmes est mystérieuse et elle est toujours présente. L’expérience de qui nous sommes réellement est juste là. Nous ne devons pas travailler à la fabriquer, nous devons simplement la remarquer. Qui nous sommes réellement s’expérimente comme ce qui contemple par l’entremise de nos yeux. C’est très mystérieux. Qu’est-ce qui contemple par l’entremise de vos yeux ? Prenez le temps de voir à quoi cela ressemble de contempler par l’entremise de vos yeux et de vous expérimenter ainsi. Quelle expérience différente, comparativement à vous imaginer à quoi vous ressemblez dans l’œil de votre esprit ! En nous expérimentant en train de contempler par l’entremise de nos yeux, nous expérimentons notre corps très différemment qu’en nous imaginant notre corps ou qu’en le voyant dans un miroir. Arrêtez-vous un instant et regardez simplement le miracle qu’est votre corps, sans commentaires ni pensées à son sujet. Quelle est votre expérience ? Il est probable que vous expérimentiez le corps comme quelque chose de distinct de vous-même, quelque chose que vous considérez avec étonnement. A qui est cette main ? A qui est cette jambe ? Le corps paraît plus être un véhicule pour qui vous êtes que qui vous êtes. Et il en est ainsi. Le corps est un véhicule pour qui nous sommes réellement. Le mental prétend que ce véhicule est 105 qui nous sommes, mais le corps n’est qu’un véhicule temporaire pour la Conscience qui contemple par l’intermédiaire de nos yeux. Par la formation d’une image intériorisée, le mental nous éloigne de la réalité que nous ne sommes pas le corps. Cette image intérieure est rendue possible par les miroirs et par d’autres surfaces réfléchissantes. Sans elles, nous ignorerions à quoi ressemble notre corps. Nous ferions l’expérience de nous-mêmes, sans avoir une image intérieure de nous-mêmes. Le mental concevrait encore d’autres images personnelles, peut-être une image fabriquée à partir de la manière dont les gens réagissent à notre égard, mais nous identifier avec une image de nous-mêmes est beaucoup plus ardu si cette image n’est pas constamment renforcée par des miroirs. Pour entreprendre de vivre davantage à partir de l’expérience réelle de nousmêmes plutôt que d’une image de nous-mêmes, pas besoin de nous débarrasser des miroirs, même si vivre sans ceux-ci pendant tout un temps peut être utile. Nous pouvons simplement réaliser que nous ne sommes pas le corps et choisir consciemment de prêter attention à Cela qui contemple par l’entremise de nos yeux plutôt qu’à ce que nous pensons que d’autres personnes voient, quand elles nous regardent. Prêter attention à Cela qui contemple par l’intermédiaire de nos yeux génère une expérience de nous-mêmes radicalement différente et nous permet d’être beaucoup plus présents à la vie. Entretenir une image personnelle est un labeur compliqué et interfère par rapport à être présent à tout ce qui se passe. Si nous nous focalisons sur notre image personnelle et sur nos pensées, nous loupons tant d’autres choses qui sont en train de se passer. L’ego néglige et ne tient pas compte de beaucoup de choses qui sont en train de se passer et il considère que rien ne se passe. Il s’efforce de nous attirer en dehors de l’instant présent dans la pensée. Il ne donne pas une chance à la vie de révéler sa richesse. Si nous accordons notre attention totale à la vie plutôt qu’à nos pensées, nous découvrons le bonheur et le contentement que nous avons toujours voulus mais que nous n’avons pas pu trouver dans le monde de l’ego. Les idées ne peuvent simplement pas se substituer à la vie réelle. 106 VIVRE SANS RÉFÉRENCE À DES CROYANCES Comme nos images personnelles, les croyances sont des idées qui finissent par façonner notre réalité – si nous les croyons. Chacun a plus de croyances qu’il n’en n’a conscience, beaucoup de croyances étant inconscientes. Nous avons acquis nos croyances à partir d’expériences de cette vie et même d’autres vies. Nous les avons acquises à partir de ce que nous avons lu et à partir de ce que d’autres nous ont dit et appris. Nous raffinons et nous reformulons constamment nos croyances et ces croyances importent – si nous les croyons. Vivre sans se référer à des croyances est inimaginable pour la majorité des gens et pourtant, la vie de l’Eveil est une vie qui ne se tourne pas vers des croyances par rapport à la manière de se situer dans le monde ou pour quoi faire. En réalité, nous n’avons pas besoin de nos croyances (des croyances de notre ego) pour vivre notre vie. Etre éveillé, c’est un ‘’endroit’’ où l’on est très présent à ce qui sort du flux de l’instant présent et où l’on répond sans réfléchir. Vivre ainsi semblera dangereux pour l’ego et pourtant, nous le faisons tout le temps. A maintes reprises, tout au long de la journée, nous disons ou nous faisons spontanément des choses sans y avoir préalablement réfléchi. Etre éveillé veut dire être éveillé dans l’instant présent, être conscient et attentif à ce qu’il y a à faire et à dire dans l’instant. Une telle sagesse découle de votre Soi réel. Elle sait précisément comment être et quoi faire à chaque instant. Nos croyances sont inutiles pour évaluer ce qui est en cours ou pour nous dire comment vivre notre vie. Si nous nous tournons vers nos croyances pour comment vivre, elles ne font que nous confondre, parce que nous en avons tellement qui sont contradictoires. Il n’y a aucune formule pour vivre sa vie, même si nos croyances prétendent le contraire. Elles sont ce sur quoi l’ego s’appuie pour se diriger, mais les croyances de l’ego ne sont pas de bons guides. L’ego ne sait pas ce qui nous rendra réellement heureux, ni en quoi consiste notre vie ou la vie en général. L’ego fera feu de tout bois de toute croyance qu’il plaque sur la réalité. ‘’Il pleut et donc, je ferais mieux de rentrer maintenant !’’ Qu’en serait-il, si vous ne suiviez pas cette formule ? L’Essence pourrait avoir envie de chanter sous la pluie, qui sait ? On ne connaît rien du tout avant de l’avoir fait. L’ego prend des décisions concernant quoi faire sur la base de ce que nous avons fait ou de ce que d’autres ont fait dans le passé, et pas sur ce qu’il est possible de faire ou non dans le moment présent. L’ego compare chaque instant avec des moments similaires du passé et il répond sur base de ce qu’il en a conclu à l’époque dans le passé. L’ego utilise le passé comme modèle pour répondre au présent, mais les résultats du passé ne sont pas suffisants pour modeler nos 107 actions actuelles. Qui plus est, suivre une formule sur la manière d’agir supprime la joie de vivre. Aucun instant n’est identique à un autre. L’ego n’aime pas ça et donc, il ignore ce fait. Il introduit son modèle et son agenda ou son programme dans le moment présent et réagit en conséquence. Il ne répond pas purement à l’instant présent, mais via le prisme de ses propres croyances et de ses intérêts personnels. Sa question prioritaire est : ‘’Vais-je en retirer ce que je désire, maintenant ?’’ La réponse est souvent non. Ce que l’ego veut est très coloré par ses croyances. Par exemple, s’il croit que le bonheur réside dans le confort, il voudra le confort et il est probable que ce désir ou un autre façonnera comment il répond à l’instant présent. L’ego pourra se braquer sur le confort ou sur le manque de confort et ne pas remarquer d’autres choses qui sont en train de se passer. L’ego a ses croyances particulières et donc, des désirs particuliers pour chaque instant que le moment présent satisfait rarement. Par conséquent, l’ego entreprend d’essayer de changer ce qui se passe pour combler ses désirs. Rechercher de meilleures expériences peut nous garder très occupé. Si c’est ce que nous faisons, non seulement nous ne voyons pas ce qui est en cours, mais nous nous en excluons en étant tellement occupés à faire des projets pour des moments meilleurs. C’est l’état dans lequel se trouvent la plupart des gens. Vivre en se référant à nos croyances est un lieu aride et inintéressant. Pas étonnant que l’ego en veule plus ou mieux ! Vivre dans le mental est abrutissant et mortel. Pour pimenter les choses, l’ego recherchera autre chose, de meilleures expériences, plus d’émotion et plus d’excitation, plus de fun et plus de plaisir par rapport à ce qu’il peut y avoir ici et maintenant. Il arrive de temps à autre que le fun et l’excitation que l’ego recherche surviennent. Jusqu’à ce que ce soit le cas, l’ego se tournera vers ses fantasmes et ses projets d’avenir pour se satisfaire – ce qui est intrinsèquement insatisfaisant. L’ego rend l’expérience de l’instant présent aride et terne, et puis il tente d’améliorer cette platitude avec des fantasmes et des actions qui s’efforceront de satisfaire ces fantasmes. Quand vous commencerez à passer plus de temps dans le moment présent, vous ne voudrez plus le quitter. Une fois que vous voyez la vérité concernant vos croyances, elles perdent leur pouvoir de vous détourner de l’instant présent. Vous réalisez que ce sont de simples pensées qui vont et viennent et qu’elles ne sont pas vos croyances. 108 QU’INTRODUISEZ-VOUS DANS L’INSTANT PRÉSENT ? La seule chose qui existe, c’est l’instant présent, mais en tant qu’êtres humains, nous entretenons des relations particulières avec nos pensées qui nous font sortir de l’expérience de l’instant présent. Les pensées créent une réalité alternative, une intrigue secondaire par rapport à l’instant présent et nous nous égarons dans cette intrigue secondaire imaginaire sans remarquer d’autres choses qui concernent l’instant présent. Quand nous introduisons cette réalité alternative dans l’instant présent, notre expérience de l’instant présent se modifie. Nous n’expérimentons plus le moment présent purement, mais via le prisme de l’ego qui génère nos pensées et nos émotions. Nos pensées et nos émotions vont et viennent dans l’instant, mais contrairement aux visions, aux sons et à d’autres choses qui fluctuent dans l’instant, les pensées et les émotions modifient notre expérience de l’instant présent, si nous nous identifions à elles. Rien d’autre qui fluctue dans l’instant ne produit le même effet sur notre expérience de l’instant. Le moment présent est juste ce qu’il est, mais notre expérience du moment présent change, si nous nous identifions à des pensées ou à des émotions. Si nous ne nous identifions pas à des pensées ni à des émotions, nous ressentirons la paix de l’instant ; si nous nous identifions à des pensées ou à des émotions, nous nous sentirons inquiets, agités, insatisfaits ou nous éprouverons peut-être tout autre sentiment négatif. Si nous pensons au passé, nous introduisons dans l’instant un souvenir du passé, puis nous faisons alors l’expérience de la version de la mémoire du passé plutôt que de faire l’expérience de l’instant présent. Nous faisons très souvent cela avec des épisodes dérangeants du passé, ce qui ranime l’expérience désagréable et obscurcit la paix et le contentement de l’instant présent. Même un souvenir heureux peut nous faire quitter la paix et le contentement du moment présent et nous faire souffrir, parce que songer à des moments heureux du passé nous fait désirer l’expérience réelle que ce souvenir n’est pas capable de produire. Chaque fois que nous nous identifions à nos pensées – n’importe quelle pensée – nous perdons le contact avec la paix et le contentement de l’instant. Nous pouvons présumer que ce qui se passe nous rend malheureux, mais c’est ce que nous introduisons dans l’instant par la pensée. Lorsque vous vous rendez compte du résultat qu’entraîne l’introduction de pensées dans l’instant présent, vous pouvez choisir de ne pas prêter attention à vos pensées. Remarquez comment vous vous détendez immédiatement, lorsque vous prêtez attention à ce qui est présent ici et maintenant plutôt qu’à vos pensées et à vos sentiments. Nous pensons avoir besoin de nos pensées et de nos sentiments pour fonctionner. Nous pensons qu’ils font qui nous sommes, mais nous n’avons pas besoin de 109 pensées ni d’émotions pour fonctionner. Elles ne sont pas qui nous sommes. Elles relèvent du faux moi que nous croyons être, mais elles ne sont pas ce qui vit en nous, ce qui vit la vie et ce qui expérimente l’instant présent. Ce qui expérimente l’instant présent, y compris ce qui est conscient de la contraction produite par l’identification avec la pensée, est qui nous sommes. Ce qui fait l’expérience de l’instant présent est très silencieux, contrairement au mental égoïque qui bavarde constamment. Celui que nous sommes réellement, c’est l’expérimentateur silencieux qui est vibrant et qui a l’expérience créée par le faux moi. Vous pouvez prendre conscience du faux moi et commencer à créer plus consciemment à partir de l’Essence. Vous n’avez aucunement besoin du faux moi pour expérimenter la vie. Il n’a jamais été ce qui expérimente la vie, mais ce qui vous a empêché de faire l’expérience joyeuse de la vie. 110 DEMEURER DANS L’ESSENTIEL DANS UN MONDE MOTIVÉ PAR L’EGO Demeurer dans l’Essentiel dans un monde motivé par l’ego n’est pas facile. Nous trouver dans l’entourage d’egos peut nous attirer dans l’ego. Etre dans le monde signifie non seulement être dans l’entourage d’egos, mais aussi dans l’entourage de la pub, de la télévision et d’autres médias qui renforcent les valeurs de l’ego. ‘’Sois beau/belle, riche, puissant(e), sexy et jeune’’ nous susurrent les médias. Les médias nous répètent cela à l’envi, à longueur de journée par l’entremise d’images et de mots. Les images sont un moyen particulièrement puissant pour nous conditionner. Elles vont directement dans l’inconscient et le programment. Même si nous n’apprécions pas ou n’approuvons pas les messages que nous recevons des médias, ces messages peuvent quand même nous affecter. Le conditionnement continue tous les jours. Ce n’est pas quelque chose qui s’est simplement produit, quand nous étions jeunes. Les images – et la télévision, en particulier – sont un moyen particulièrement puissant pour programmer les enfants parce que, contrairement aux adultes qui peuvent éteindre la télévision ou ignorer la pub, les enfants restent assis devant la télé et absorbent tout ce qu’ils voient. Les enfants ne possèdent pas assez de discernement pour savoir ce qui n’est pas vrai et ce qui n’est pas bon pour eux. Comme des éponges, ils absorbent tout ce qui leur est présenté. Aujourd’hui, les adultes et les enfants sont programmés de manière pernicieuse et préjudiciable par les médias. Nous sommes programmés à vouloir des choses dont nous n’avons nullement besoin et à manger des choses qui ne sont pas bonnes pour nous. Et le pire, c’est que nous voyons régulièrement de la violence, ce qui nous envoie le message que la violence est un moyen normal pour faire face à la vie et qu’elle est une réponse acceptable aux difficultés. Penser que des images violentes n’affectent pas les enfants, les ados et les adultes, c’est ignorer l’évidence tout autour de nous et la prédominance de la violence dans notre culture, même entre enfants, ce qui normalement n’arrive pas. Naturellement, les enfants se bagarrent, mais ils ne s’entretuent pas. Aujourd’hui, même ceci arrive. S’attendre à pouvoir demeurer dans l’Essence (l’Essentiel) pendant que nous sommes bombardés par les médias qui véhiculent et propagent les valeurs de l’ego, par l’ego d’autres personnes et alors que nous sommes soumis au stress et à la tension d’un mode de vie motivé par l’ego, c’est par trop espérer ! 111 Alors, que pouvez-vous faire ? Si vous voulez l’Essentiel (l’Essence) plus que n’importe quoi d’autre, vous créez un style de vie qui la soutient, un mode de vie qui offre de la place à l’Essence pour qu’elle puisse s’épanouir. Un tel style de vie générera beaucoup moins de stress, de tensions et d’occupations, nettement moins de luttes et d’efforts, et aura un rythme plus lent, plus paisible. C’est ce dont le monde a besoin, de toute façon. Il n’a aucunement besoin de plus de gens qui courent comme des dératés après tout ce que veut l‘ego. Ecologiquement, le consumérisme nous a plongés jusqu’au cou dans les problèmes. En cherchant notre bonheur dans les objets, nous détruisons l’environnement et nous gaspillons nos ressources naturelles. Consommer ne nous rendra jamais heureux. C’est maintenant évident ! Aujourd’hui plus que jamais, on doit choisir plus consciemment à quoi on consacre son argent et son énergie. Si nous consacrons notre énergie et notre attention à ce que veut l’ego, nous perpétuons un mode de vie motivé par l’ego, mais si nous consacrons notre énergie et notre attention à ce qui est réellement en mesure de nous apporter un bonheur authentique (par exemple, certaines relations, notre créativité, notre développement personnel, le bénévolat, le volontariat, la méditation et l’amour), alors nous découvrons que nous n’avons nullement besoin de tant de choses et nous avons enfin le temps de simplement ÊTRE, et c’est ce que nous avons toujours voulu, au bout du compte. Si nous commençons, chacune et chacun, à nous créer un mode de vie qui soutient l’Essentiel, le ton et la tonalité de notre société pourront se transformer et devenir plus paisibles, plus humains et plus profondément satisfaisants. Dans notre culture, une grande partie de la consommation et du consumérisme ne sont qu’une malheureuse tentative pour combler un vide qui ne pourra jamais être comblé, un gouffre égoïste qui n’est jamais satisfait. Et pendant ce temps-là, la nourriture authentique est accessible et disponible, ici et maintenant, dans la simplicité de l’instant… 112 UN MODE DE VIE POUR L’ÉVEIL Le mode de vie de la majorité des Américains3 ne favorise pas l’Eveil. Il est conçu pour atteindre les buts de l’ego : l’argent, le pouvoir, le statut, le confort, le plaisir, la beauté, les biens matériels et la sécurité. La culture américaine ne manifeste qu’un intérêt de pure forme pour les autres valeurs, comme l’amour, la bonté et l’unité, mais les valeurs de l’ego priment. Dans notre culture, nous voyons ce que veut l’ego comme indispensable. Nous ne croyons pas que nous survivrons ou que nous serons heureux, si nous n’atteignons pas un certain niveau de pouvoir, de confort, de sécurité et de bien-être matériel. Le sentiment d’avoir besoin de ces choses est très profondément ancré, à un point tel que souvent, nous ne remettons pas en cause notre dévotion à l’égard de ces objectifs. Si nous remettons en cause ces valeurs, alors nous faisons face à l’opposition et aux peurs des autres qui s’imaginent sincèrement que nous ne serons pas heureux ou que nous ne survivrons pas sans privilégier d’abord les valeurs de l’ego. Fort heureusement, il y a beaucoup d’exemples qui prouvent le contraire de personnes qui ont placé les désirs du cœur ou de l’Essence au-dessus des désirs de l’ego et qui sont heureuses, comblées et qui survivent très bien. Nous supposons devoir choisir entre les buts de l’ego ou suivre notre cœur, mais ces deux possibilités ne s’excluent pas nécessairement mutuellement. Suivre notre cœur peut aboutir à obtenir ce que désire l’ego, mais même si ce n’est pas le cas, la plénitude qui est le fruit de suivre notre cœur est plus que suffisante et les choses matérielles que nous aurions pu avoir ne nous paraîtront pas importantes. Comme notre culture est tellement focalisée sur l’amusement et sur l’acquisition de biens, les gens sont particulièrement occupés à travailler, à faire du sport, à se déplacer et à faire du shopping. Leurs vies sont un tourbillon d’activités avec rarement un instant pour simplement s’arrêter et voir ce qui se passe à un niveau plus profond ou simplement expérimenter la plénitude de l’instant présent. Les gens sont très fiers de pouvoir dire qu’ils travaillent très dur, qu’ils sont très occupés et qu’ils n’ont pas le temps de se reposer. Dans une culture qui est motivée par l’ego, on trouve peu de temps pour méditer, se promener dans les bois (il en reste ?), être créatif, contempler le ciel, jouer avec les enfants ou simplement…ÊTRE. Le temps libre dont les gens disposent est souvent passé devant la télévision à regarder la vie trépidante et embrouillée des autres. La publicité et la plupart des programmes de télévision renforcent les valeurs de l’ego. Regarder la télévision 3 Et des Occidentaux, en général, NDT 113 nous fait vouloir être plus riches, plus beaux/plus belles, plus puissant(e)s, et désirer plus de succès que nous n’en n’avons déjà et cela nous rend insatisfait(e)s de nos vies. La télévision nous persuade que le bonheur réside dans les valeurs superficielles de l’ego. Vers où que nous nous tournions, nous sommes confrontés aux valeurs de l’ego et à des gens qui s’efforcent d’avoir un meilleur look et de mieux paraître, d’être le meilleur et d’obtenir plus et de meilleures choses. Pour nous réveiller de ce cauchemar narcissique, nous devons préalablement voir que le monde que crée l’ego est un cauchemar. Puis, nous devons être prêts à faire d’autres choix et à structurer nos vies de manière à privilégier ce qui pour nous importe le plus. Qu’est-ce qui importe le plus pour vous ? Que voulez-vous réellement ? C’est une question très importante ! C’est très bien, si ce qui importe le plus pour vous, c’est d’avoir ce que veut l’ego. En temps voulu, dans cette vie ou une autre, cela changera. Comprenez seulement que l’Eveil n’est pas un moyen plus spirituel d’obtenir ce que veut l’ego. L’Eveil, c’est réaliser que ce que veut l’ego est sans rapport avec la vie, ni avec notre bonheur. Et que veut l’Essence ? C’est la question ! Quel est le désir le plus profond de votre âme pour cette vie et cet instant ? Si votre désir le plus profond, c’est l’Eveil, vous le ressentirez et vous serez attiré par un travail, des activités, des personnes et un mode de vie qui soutiendront cela. Les gens commettent souvent l’erreur de croire qu’être spirituel ou éveillé veut dire qu’ils devraient pouvoir faire n’importe quel type de travail, se trouver dans n’importe quelles conditions de vie et être toujours heureux, peu importe à quel point cette situation pourrait être inadaptée ou stressante. Quand bien même il est possible d’être heureux à chaque instant, certains types de travail et certaines conditions de vie nous conviennent mieux que d’autres4. Si vous êtes éveillé, vous vous retrouvez naturellement dans des situations qui cadrent avec les intentions de l’Essence à votre égard et vous évitez des situations qui ne cadrent pas. Si ce n’est pas le cas, demeurer dans l’Essentiel et être heureux constituera un défi.5 S’impliquer dans du travail, dans des activités et avec des relations qui ne s’alignent pas sur les intentions de l’Essence et qui ne soutiennent pas l’Eveil rend l’Eveil plus difficile. Cela peut sembler évident. Néanmoins, les gens veulent souvent s’éveiller, parce qu’ils se sentent coincés et malheureux dans la vie qu’ils ont créée et présument que l’Eveil fera en sorte qu’il deviendra possible pour eux d’être heureux dans de telles circonstances sans devoir changer quoi que ce soit. Il 4 A ce propos, le lecteur avisé pourra étudier avec intérêt l’article intitulé ‘’Le swadharma ou devoir personnel de l’homme dans la Bhagavad Gita’’, de Swami Abhayananda, NDT 5 Idem pour cette épineuse question, NDT 114 est toutefois plus probable que l’Eveil nous fasse quitter des conditions inadaptées plutôt que de nous permettre de demeurer dans de telles conditions. Si votre vie s’aligne déjà sur les intentions de l’Essence, il sera infiniment plus simple de trouver l’Eveil, spécialement si vous prenez le temps de méditer, de rester tranquille et d’être, tout simplement. La méditation, la tranquillité, simplement être sont importants avant et après l’Eveil, puisque cela nous aide à nous aligner et à rester alignés sur l’Essence. Pour découvrir quelles sont les intentions de l’Essence, nous devons nous situer dans l’instant présent. Une vie remplie de stress, de tensions et d’investissement dans le mental égoïque nous fait sortir de l’instant présent et nous fait perdre le contact avec l’Essence. L’Essence peut toujours vous contacter, mais si vous vous consacrez au monde de l’ego, écouterez-vous ? L’Essence requiert une certaine quiétude quotidienne et la volonté d’écouter l’Essence et d’être guidé par l’Essence, plutôt que par l’ego. L’ego tentera de nous maintenir attaché à lui avec ses craintes de ne pas être assez riche, beau ou puissant, de ne pas avoir assez, de ne pas être aimé, etc. Le mental égoïque nous dira que suivre notre cœur est périlleux et que nous ne survivrons pas ou que nous ne serons pas heureux, si nous ne l’écoutons pas. Ignorer de telles craintes nécessite du courage et de la confiance. Alors, à qui ferez-vous confiance ? A l’ego ou à l’Essence ? Qui est le plus fiable ? Qui est le plus digne de confiance ? 115 ÈME 4 PARTIE : LES SECRETS DU BONHEUR 116 LE BONHEUR, C’EST ICI ET MAINTENANT D’aucuns définiraient une vie réussie, comme une vie heureuse, aussi nous essayons d’être heureux de multiples façons. Certains tentent d’arriver au bonheur par des accomplissements et des choses matérielles, alors que d’autres utilisent des moyens spirituels. Le problème, c’est que le bonheur n’est pas une chose à atteindre ou à obtenir, mais bien quelque chose qui est déjà ici et qu’il faut simplement remarquer. Si tenter d’obtenir le bonheur vous occupe, vous passez sans doute à côté. L’ego s’efforce d’obtenir le bonheur en agissant, en possédant, en étant quelqu’un, alors que l’ego spirituel essaye de l’obtenir en transcendant tout cela. Pour l’ego, la liberté spirituelle ou l’Illumination n’est qu’une chose supplémentaire à acquérir. Vouloir le bonheur et la délivrance par rapport à la souffrance de l’ego sont des désirs valables. Le problème, c’est que vouloir une chose implique que vous ne l’ayez pas déjà ! Vous croyez que vous n’êtes pas libre, alors que vous l’êtes déjà. Vous croyez avoir besoin de faire quelque chose pour être heureux, et ce n’est pas le cas. Cette vérité est très difficile à saisir pour l’ego. L’ego ne remarque pas le bonheur qui est déjà ici, car ce bonheur ne ressemble pas à ce que l’ego imagine, ni à ce que l’ego veut qu’il ressemble. Quand le vrai bonheur apparaît, cela embête l’ego. Il est trop simple et trop ordinaire et avec lui, nous ne nous sentons ni spéciaux, ni au-dessus de la mêlée. Il n’enlève pas nos problèmes, et c’est l’idée du bonheur de l’ego. L’ego ne veut plus de difficultés, de maladies, de besoin d’argent, de travail, de mauvais sentiments, rien qu’un plaisir, une béatitude interminable. Une telle perfection est l’idée de l’ego d’une vie réussie, mais personne n’obtiendra jamais ce bonheur dont rêve l’ego. L’ego nie la réalité de cette dimension, où des challenges sont nécessaires pour évoluer et où les états béatifiques et les plaisirs vont et viennent. Le bonheur sous-jacent à toute vie est le bonheur qui émane de simplement exister. Le bonheur est en réalité une qualité de notre véritable nature, l’Essence, qui aime les défis, parce que l’Essence aime la croissance qui en résulte. Elle intègre toute la vie, pas seulement les moments agréables et les moments fun, mais aussi les moments plus difficiles. Alors, pour qui la vie est-elle difficile ? Le seul qui expérimente la vie comme étant difficile, c’est l’ego qui s’est constitué à partir d’idées nous concernant et d’idées que le moi conditionné entretient par rapport à la vie. De telles idées sont tout ce qui interfère avec le vrai bonheur. Les idées – de simples pensées – nous empêchent d’expérimenter la vie et le bonheur que l’Essence, qui vit à travers nous, expérimente. 117 A tout moment, vous pouvez expérimenter le vrai bonheur, si vous remarquez simplement que le vrai bonheur est ici et maintenant. Le vrai bonheur est nettement plus subtil que l’élévation grisante que nous ressentons, quand nous obtenons enfin ce que nous voulons, et qui ne dure jamais longtemps. L’ego désire que le bonheur ressemble à une extase interminable, ce qui est aussi la raison pour laquelle beaucoup veulent obtenir l’Illumination. Ils s’imaginent que l’Illumination sera un état de béatitude sans fin, ce qui n’est pas le cas. En bref, l’ego voudrait que chaque instant soit exaltant, mais la vie ne sera jamais ainsi. Personne n’a jamais connu l’expérience d’une exaltation sans fin, ni d’une béatitude interminable dans cette dimension et personne ne la connaîtra jamais. Le vrai bonheur – le bonheur accessible et continu dans cette dimension – est un contentement tranquille avec la vie et une ouverture et une disponibilité à la vie. Le vrai bonheur est stable et constant, quoiqu’il semble aller et venir, car notre attention fluctue. Généralement, nos pensées nous éloignent de la quiétude heureuse de l’instant, parce que l’ego préfère le drame et les émotions à la paix. En demeurant dans l’instant présent suffisamment longtemps, nous faisons l’expérience de l’Essence qui se réjouit de la vie, qui se délecte de l’expérience d’être vivante dans l’instant toujours changeant et mystérieux. Un tel contentement et un tel amour de la vie sont le vrai bonheur. Il n’a pas l’exaltation d’une expérience spirituelle, ni l’excitation de gagner à la loterie, mais à l’inverse de ces expériences grisantes, le vrai bonheur ne fluctue pas. En étant conscients de tout ce qui arrive dans l’instant, pas seulement de nos pensées, nous constatons que la vie se déroule parfaitement, indépendamment des tentatives de l’ego pour la manipuler. L’ego tente d’intervenir à tout moment, comme si c’était lui le responsable pour modeler la vie, mais l’ego n’est pas aussi puissant. Les interventions de l’ego nous éloignent de la vie pour nous emmener dans son monde mental, où il crée une vie imaginaire remplie de rêves, d’espoirs et de fantasmes – la vie qu’il veut. Toutefois, la vie que l’ego veut ne se concrétisera jamais. Ce que veut l’ego est irréaliste et est souvent déconnecté du flux de la vie, d’où naît la réalité. La vie ne suit pas les désirs de l’ego. La vie a son propre dynamisme et sa propre raison mystérieuse que l’on ne peut connaître à l’avance. L’ego n’aime pas ne pas savoir et ne pas avoir le contrôle, aussi prétend-il pouvoir être le créateur de la vie et il l’est via le mental, mais le monde mental que crée l’ego n’affecte pas la vie, sinon en nous éloignant d’elle. Le monde mental de l’ego est une illusion qui ne deviendra jamais réelle. Cependant, l’ego croit réellement en ses illusions. Il croit que ses rêves et que ses fantasmes pourront se concrétiser, s’il pense les pensées appropriées et s’il fait les 118 choses correctement. L’ego ne reconnaît pas que quelque chose d’autre est à l’œuvre, engendrant la vie. Si nous sommes en contact avec ce qui engendre réellement la vie plutôt qu’avec les idées de l’ego concernant la vie, nous avons une chance d’être réellement heureux, non pas en raison de quelque chose qui se passe, mais simplement parce que nous existons dans cet instant temporel qui change toujours miraculeusement et parce que ce que nous sommes aime la vie. Le moment présent est complet et satisfaisant, tel qu’il est. Il ne faut rien lui ajouter. Le moment présent ne peut pas être amélioré, parce que le moment présent est déjà aussi bon que possible. L’ego vous dira le contraire et vous promettra sa version du bonheur, mais les promesses de l’ego sont vaines. Pourchasserez-vous les rêves de l’ego ou bien êtes-vous prêt à voir que le bonheur – le bonheur véritable et inébranlable – est déjà ici et que ce qui est ici est suffisant ? 119 ÊTRE SATISFAIT L’ego jette un coup d’œil à l’entour et dit : ‘’OK, il y a ceci…Quoi de neuf, maintenant ? Il ne remarque pas ce qu’il y a ici, mais seulement ce qu’il n’y a pas. Il néglige le potentiel de pouvoir profiter de ce qu’il y a ici et à la place, il imagine la joie qu’il pourrait avoir dans le futur avec quelque chose d’autre. Il fantasme sur des choses meilleures et de meilleures expériences, parce que l’ego est ainsi conçu. Il est conçu pour se focaliser sur le futur et sur un but et non pour apprécier la manière dont sont les choses. C’est une bonne chose que Ce que nous sommes apprécie réellement la vie juste comme elle est ou il y aurait peu de chance de bonheur. Le bonheur que nous expérimentons émane de l’Essence qui aime la vie. Nous expérimentons aussi de brèves explosions de bonheur, lorsque nous obtenons ce que nous voulons, mais ce genre de bonheur ne dure pas, car l’ego en veut vite plus ou bien autre chose. Il n’est jamais satisfait longtemps. L’Essence est toujours satisfaite, puisqu’il y a toujours plein de choses qui peuvent nous satisfaire – le ciel bleu, l’expérience en cours, et chaque instant est neuf et différent. L’Essence aime expérimenter, par amour de l’expérimentation. Elle aime voir ce qui va ensuite se produire. Lorsque l’ego n’obtient pas ce qu’il veut, lui se plaint : ‘’Il ne se passe absolument rien ! Je m’ennuie ! Rien ne se passe !’’, raconte l’ego – ce qui n’est jamais vrai, car il se passe toujours quelque chose. Ce que vous voyez maintenant est différent de ce que vous avez pu voir il y a un moment. L’ego prétend savoir ce qui va se passer et cette prétention le fait se lasser de la vie, mais l’ego ne sait jamais réellement. Néanmoins, il n’aime pas ne pas savoir, aussi prétend-il savoir. Si nous nous autorisons à ne pas savoir, la vie devient beaucoup plus intéressante. A ce moment-là, nous pouvons expérimenter l’excitation, la curiosité et l’amour que l’Essence éprouve à l’égard de la vie. Mais si nous croyons les jérémiades de l’ego – ‘’Comme la vie est ennuyeuse ! Je m’ennuie ! Il ne se passe absolument rien ! J’ai besoin d’autre chose !’’ – à ce moment-là, l’ennui devient notre expérience. Quand nous approchons l’instant présent comme le mystère qu’il est, la vie est savoureuse et intéressante. Nous ne savons pas ce qui va arriver ensuite et nous ne connaîtrons jamais l’avenir. C’est la vérité. Le mystère de la vie rend la vie amusante. L’ego supprime le fun de la vie en exigeant que la vie soit à sa mode et en déclarant ne pas aimer la vie, telle qu’elle est. Accepter le point de vue de l’ego nous donne l’impression qu’il nous faut quelque chose en plus pour être heureux que ce que nous avons déjà ici et maintenant. 120 Le gros mensonge est que nous ayons besoin de quoi que ce soit pour être heureux. Le bonheur ou la joie de l’Essence qui expérimente la vie par notre intermédiaire est accessible ici et maintenant. L’Essence apprécie tout du moment présent et de l’instant suivant, quoi qu’il arrive. Elle apprécie le contact de votre chaise, l’expérience communiquée par vos sens, la sensation du souffle qui entre et qui sort de votre corps, le miracle qu’est votre corps, le fonctionnement de l’univers, qu’il constitue un ensemble homogène qui soutient la vie, que les gens soient bons et se soutiennent mutuellement, qu’ils apprennent de leurs erreurs, que le mal évolue et qu’il se transforme finalement en bien. L’Essence apprécie tout ! La vie est un tel don. Nous n’avons besoin de rien de plus pour apprécier l’expérience de la vie comme un don et c’est le plus grand don de tous ! Quelle bonté et quelle intelligence il doit y avoir derrière la vie pour qu’elle puisse apporter tout ce qu’elle apporte. La vie est un miracle et une bénédiction. 121 À QUOI PRÊTEZ-VOUS ATTENTION ? Lorsque nous nous situons dans le moment présent sans accorder toute notre attention à nos pensées, comme nous le faisons généralement, nous découvrons que beaucoup de choses font partie intégrante de l’instant présent, à côté de nos pensées. L’ego ignore ces autres choses, estimant qu’elles ne sont ni importantes, ni intéressantes. Si nous écoutons l’ego, nous n’aurons aucune chance de découvrir ces autres choses par nous-mêmes. Il y a un certain nombre de choses à chaque instant dont nous pourrions prendre conscience et celles-ci changent très vite. Plutôt que de ne rien se passer, ce que pense l’ego, il se passe beaucoup de choses, à chaque instant. A tout moment, nous pouvons expérimenter : 1. Une contribution de la part de nos sens (sensations énergétiques, sensations corporelles, visions, sons, odeurs, saveurs…) ; 2. Des émotions qui émanent de l’ego (colère, dégoût, frustration, tristesse, bonheur, peur, honte, jalousie, envie, culpabilité, haine, avidité, concupiscence, excitation…) ; 3. Des pensées (désirs, souvenirs, fantasmes, jugements, critiques, opinions, croyances, doutes, espoirs, souhaits, projets, répétitions pour l’avenir, réminiscences du passé, d’autres idées et conditionnements) ; 4. Des communications qui émanent de l’Essence (intuitions, impressions psychiques, inspirations, éclairs de lucidité, idées, créativité, connaissance, clarté, sagesse, motivation, exhortations à agir et à s’exprimer…) ; 5. Des états ressentis qui émanent de l’Essence (amour, paix, joie, émerveillement, félicité, acceptation, allégresse, gratitude, bonheur, compassion, contentement). A chaque instant, beaucoup de ces choses arrivent en même temps, aussi faut-il prêter attention à beaucoup de choses. Prêter attention aux communications et aux sentiments qui émanent de l’Essence est très important, puisqu’ils sont destinés à guider notre vie. Prêter attention aux sensations est également important, puisqu’elles nous gardent dans notre corps et non dans notre tête. Lorsque nous nous apercevons que nous nous sommes identifiés au mental égoïque, prêter attention aux sensations nous ramène dans l’instant présent et l’Essence. D’un autre côté, prêter attention aux pensées et aux émotions qui en résultent nous fait quitter l’Essence et nous plonge dans l’identification avec l’ego, si nous croyons ces pensées et ces émotions. Sans les pensées, les seuls ‘’sentiments’’ qui apparaîtraient émaneraient de l’Essence : amour, joie, allégresse, bonheur, contentement, gratitude, acceptation, émerveillement et paix. Ce ne sont pas des émotions, mais plutôt des états ressentis positifs. 122 A tout moment, notre attention se balade. Elle peut passer d’une pensée à un sentiment, à une sensation corporelle, à une intuition, à une vision, à un son, à une autre sensation corporelle, à une autre pensée, à une sensation du corps énergétique, à un émerveillement, à la paix, au contentement et puis, à une autre pensée, chaque instant étant unique dans l’expérience qu’il propose et chaque instant se métamorphosant continuellement en l’instant suivant. Nous n’avons aucun contrôle sur ce qui apparaît à chaque instant, mais nous pouvons contrôler où va notre attention et c’est cela qui détermine notre expérience. Chaque moment peut être une expérience de paix et de contentement ou de contrariété et d’insatisfaction, en fonction de ce sur quoi se porte notre attention. Si celle-ci se porte sur des pensées et sur des émotions et si nous nous identifions à elles, nous n’expérimenterons pas la paix, ni le contentement, mais si elle se porte sur notre expérience sensorielle ou des sentiments, intuitions, incitations et inspirations positives qui émanent de l’Essence, nous serons satisfaits et heureux. L’attention est le secret du bonheur ! 123 SUFFISAMMENT BON Pour l’ego, rien n’est suffisamment bon et si nous adoptons son attitude, nous ne serons jamais heureux. Pour contrebalancer cette voix mentale qui est rarement satisfaite et qui pousse toujours à plus et mieux, se dire que c’est suffisamment bon peut être très utile. Cela peut neutraliser l’impact négatif de la conviction de l’ego qu’une chose n’est pas suffisamment bonne. Remarquez comment vous pouvez juste vous détendre, si votre attitude est ‘’suffisamment bonne’’ plutôt que pas assez. Le mental vous dira que c’est là une conclusion dangereuse, parce que vous ne réussirez pas – vous ne serez pas suffisamment bon en vous contentant de quelque chose d’assez bon. Si nous n’avions pas l’impression que tout ce qui n’est pas assez bon ne donnait une mauvaise image de nous-mêmes, de notre image personnelle, alors quelque chose qui n’est pas suffisamment bon n’aurait pas autant d’importance. Nous décidons qu’une chose n’est pas suffisamment bonne (suffisamment bonne pour qui ?), et puis nous tentons de l’améliorer. Celui pour qui la chose n’est pas suffisamment bonne, c’est le moi, celui que nous pensons être. N’est-ce pas intéressant qu’une image personnelle puisse avoir autant de pouvoir ? Notre image personnelle nous incite à nous conduire selon certain(e)s modes. Nous sommes poussés par l’ego à entretenir une idée de nous-mêmes qui est plus parfaite que nous le sommes peut-être. Après tout, nous ne sommes pas vraiment parfaits, n’est-ce pas ? Personne ne l’est, mais nous luttons contre cette réalité en travaillant très fort à être meilleurs que nous l’avons été dans le passé ou meilleurs que quelqu’un d’autre. Nous nous fixons des standards irréalistes et quand nous ne nous montrons pas à leur hauteur, nous en concluons que nous ne sommes pas assez bons ou pas encore, en tout cas. Alors, ne pas être assez bon devient notre image personnelle et nous devenons fort (pré)occupés à essayer d’être meilleurs. Tous ces efforts gâchent la joie de vivre et la joie de nos accomplissements qui en fin de compte ne seront toujours pas assez bons. Il n’y a pas de fin à la perfection et aux accomplissements qu’exige l’ego. Nous n’en n’aurons jamais terminé de tenter d’obtenir ce que veut l’ego. L’antidote à la lutte et à la souffrance, c’est de voir que tout ce qui est, est suffisamment bon. Le voir nous permet de respirer et de pouvoir répondre à l’instant plus purement à partir de l’Essence. Comment et où l’Essence nous meutelle, si tel est le cas ? Nous découvrons la réponse à cette question en observant ce qui se manifeste maintenant. Y –a-t-il une inspiration ou une incitation à agir d’une manière spécifique ? L’Essence nous pousse à accomplir notre vie par l’inspiration et par des incitations et pas par des sentiments honteux d’inadéquation, comme le 124 fait l’ego et l’Essence ne poursuit pas les mêmes choses que l’ego. Elle poursuit ce qui a du sens pour notre projet de vie, ce qui ne peut être connu qu’en prêtant attention au moment présent et pas aux règles, aux désirs et aux exigences de l’ego. L’ego est un mentor exigeant. Cela ne serait pas si mauvais, si ce que l’ego nous poussait à accomplir était probant en fin de compte et nous conduisait au véritable bonheur, mais ce n’est pas le cas. L’ego est un faux mentor qui nous éloigne souvent de ce qui est le plus important dans la vie. Il nous pousse implacablement et sans aucune compassion vers ses objectifs qui s’opposent à notre véritable bonheur. A un moment donné, nous devons dire non à l’ego et oui au Cœur, en lieu et place. Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas des moments où accomplir quelque chose le plus parfaitement possible ne soit pas requis. L’Essence sait quand la perfection est requise, par exemple, pendant une opération, si vous êtes chirurgien. Par ailleurs, l’ego exige la perfection pour quasiment tout et plus on l’écoute, plus il devient dictatorial. Ceux qui ont appris à ignorer l’ego sont tout de même performants, quand c’est nécessaire. L’ego et son exigence de perfection ne nous amènent pas à être plus performants, en fait. Si nous nous identifions à lui, il est probable que nous nous absorbions dans nos pensées. Le fait d’être inattentif à l’instant présent nous rend inefficients et malhabiles et interfère avec l’action juste et spontanée qui émane de l’Essence naturellement. Nous pensons que le mental égoïque nous assiste dans nos tâches, mais en réalité, il est inutile et même contreproductif. Nous nous en rendons compte si nous sommes simplement présents à tout ce que nous faisons, sans penser, et si nous permettons à l’Essence d’agir par notre intermédiaire. Agir spontanément à partir de l’Essence peut paraître mystérieux, mais vous le faites tout le temps, en réalité. Lorsque vous commencerez à remarquer toutes les manières par lesquelles vous répondez déjà naturellement à la vie, vous vous fierez davantage à ce mode de vie et vous vivrez plus à partir de l’Essence et moins à partir de l’ego. Mais pour vivre à partir de l’Essence, vous devez être prêt à transférer votre attention de vos pensées à tout ce qui survient dans l’instant. Quelles actions êtes-vous poussé à accomplir ? Quelles paroles êtes-vous incité à dire ? Quelles sont les opportunités qui se présentent ? Quelles sont les informations ou les idées qui émergent ? L’Essence ne gaspille pas son temps à perfectionner ce qui n’a pas besoin de l’être, ni à agir inutilement (par exemple en ramassant la dernière particule de poussière), mais si une chose requiert son attention, l’Essence est assez sage que pour lui accorder son attention. La sagesse est inhérente en nous et elle opère 125 principalement par le biais de notre intuition. Nous n’avons pas besoin du mental égoïque pour nous guider. La sagesse ne se situe pas dans le mental égoïque. Tout ce que le mental égoïque a pour nous, ce sont des platitudes et des règles et aucune sagesse réelle par rapport à ce que nous devons savoir maintenant. Pour une véritable sagesse, vous devez vous situez dans l’instant présent, puisque c’est de là qu’émane la sagesse. Si vous êtes occupé à écouter les suppositions, les opinions et les convictions programmées du mental, vous manquerez la sagesse accessible depuis l’Essence. 126 LA BÉNÉDICTION CACHÉE DE LA LIMITE Avec tous les discours actuels sur l’abondance, j’aimerais placer quelques bons mots en faveur de la limite. L’expérience de la limite – qu’elle entoure l’argent, les relations, le succès, la beauté, la santé ou n’importe quoi d’autre – n’est pas une erreur. Si nous faisons l’expérience de la limite, c’est que c’est la bonne expérience pour l’instant. La limite est un fait dans la vie et elle fera partie de notre expérience, de multiples façons, jusqu’à ce que nous quittions ce monde. La limite a toute son utilité et cette utilité, c’est généralement de nous faire évoluer d’une manière ou d’une autre. Une fois que cette évolution est terminée, il est vraisemblable que cette limite disparaisse ou alors, ce qui était perçu comme un facteur limitant ne sera plus perçu ainsi. Nous avons tendance à faire de l’expérience de la limite une affaire personnelle. Ou nous nous sentons persécutés par certaines limites ou nous nous blâmons à cause d’elles. Nous pensons que nous ne devrions pas vivre une telle expérience et nous imaginons combien la vie serait meilleure sans elle. C’est le point de vue ou la perspective de l’ego et il n’apporte que de la souffrance, puisqu’il n’est pas vrai. Si nous vivons une expérience, c’est que nous devrions vivre une telle expérience. Pour l’Essence, la vie ne serait pas meilleure sans cette expérience. Il est beaucoup plus juste de voir une limite comme nous étant utile, d’une façon ou d’une autre, comme nous étant profitable. Voir ainsi nous libère de la souffrance de l’ego et nous aide à apprendre ce que l’Essence veut que nous apprenions de cette expérience. La limite est particulièrement difficile pour l’ego, parce que l’ego a l’illusion de pouvoir rendre la vie meilleure. Lorsqu’il est confronté au sentiment d’impuissance généré par une limite, l’ego souffre beaucoup. Il est gêné et contrarié de ne pas pouvoir faire apparaître ce qu’il désire. Aussi la souffrance de l’ego est-elle double : il souffre de ne pas avoir ce qu’il veut et son identité en subit un coup, lorsqu’il découvre qu’il ne peut pas obtenir ce qu’il désire. C’est en réalité une bonne chose. L’incapacité de faire apparaître ce que nous voulons est une chance pour réaliser qu’il y a quelque chose de plus que les objectifs, les besoins, les perceptions, les convictions et les désirs de l’ego. Quelque chose d’autre a aussi le pouvoir de façonner la vie – l’Essence qui peut avoir des intentions qui s’opposent aux projets de l’ego. Contrairement à celles de l’ego, les intentions de l’Essence n’ont pas trait à la satisfaction du désir, mais à la croissance émotionnelle et spirituelle, à la créativité, au développement des talents, de l’amour et d’autres qualités et à l’expérience par amour de l’expérience. L’Un veut expérimenter la vie par notre intermédiaire et parfois, ce dont il veut faire l’expérience et ce qu’il veut que nous apprenions requiert des circonstances difficiles, des défis ou des limites. 127 L’Essence utilise parfois la limite pour apporter des leçons, pour opérer un développement ou pour nous encourager à changer de trajectoire ou modifier notre façon de penser. Les limites possèdent une grande valeur, parce qu’elles développent la patience, la retenue, la modération, l’autonomie et d’autres qualités positives. Elles nous façonnent et nous modèlent comme rien d’autre n’est en mesure de le faire. Elles nous motivent aussi à développer des talents et des aptitudes que nous n’aurions pas pu développer autrement. Et les limites nous poussent également plus profondément à l’intérieur de nous-mêmes et alimentent la recherche spirituelle ou notre auto-investigation. Nous explorons les questions émotionnelles, psychologiques et spirituelles pour essayer d’arranger nos problèmes. Et lorsqu’on ne peut plus s’offrir les distractions de l’ego en raison d’un manque de ressources, on découvre d’autres moyens pour être heureux. Avec un peu de chance, nous apprendrons à être heureux dans la simplicité avec ces moments très simples et sans complications. Les limites et la souffrance qu’elles génèrent nous réveillent de l’état égoïque de la conscience. La souffrance met l’ego à genoux et c’est une bonne chose. Les limites sont parfois créées par la pensée négative plutôt que par l’Essence. Dans ce cas, c’est aussi la bonne expérience. La souffrance que nous provoquons en nous limitant nous-mêmes peut nous inciter à nous libérer des croyances qui nous limitent. Une telle évolution pourra prendre plus d’une vie et c’est souvent le cas, mais à l’heure actuelle, avec toutes les ressources qui existent pour comprendre la psychologie et les émotions, on peut dépasser ses problèmes émotionnels et ses pensées négatives beaucoup plus vite. L’évolution est maintenant fortement accélérée de par toute l’information et de par toutes les nouvelles techniques de guérison qui sont disponibles. C’est lorsque nous renonçons face à ce qui nous limite que nous découvrons les dons qu’il y a dans cette limite. S’opposer à ce qui nous limite est ce qui provoque la souffrance, et non la limite elle-même. Si la limite est acceptée, il n’y a aucune souffrance, mais l’acceptation ne vient pas facilement, parce que la plupart d’entre nous entretiennent la conviction profondément ancrée que le facteur limitant persistera, si nous l’acceptons. Mais c’est tout l’inverse. Si nous acceptons une limite, nous pouvons apprendre de cette limite et une fois que nous aurons appris de cette limite, nous en serons libres ou bien nous serons au moins libérés de la souffrance par rapport à elle. Une fois que nous cessons de résister à une expérience, nous trouvons qu’aucune expérience n’est entièrement mauvaise, comme le pense l’ego. Chaque expérience a ses avantages et on peut aussi trouver des avantages à la limite – bien que l’ego ne soit pas celui qui découvrira cela. L’acceptation nous aligne sur l’Essence et à ce moment-là, il est possible d’expérimenter la limite, comme l’Essence l’expérimente et d’expérimenter la paix, le contentement et la joie de l’Essence. Alors apprendre 128 ce que l’Essence tente de nous apprendre par cette limite devient beaucoup plus facile. L’Essence nous guidera par le biais de notre intuition pour apprendre ce que nous sommes censés apprendre et pour faire ce que nous sommes censés faire au milieu de ces limites. Nous pouvons même trouver le bonheur dans des circonstances restrictives en étant très présents dans l’instant plutôt qu’à nos pensées qui nous empêchent de découvrir le don qu’il y a dans la limite et dans toute autre expérience. L’ego veut que les choses soient à sa mode et puisque ceci arrive rarement, il est toujours malheureux. Mais en nous en remettant à la manière dont sont les choses, nous découvrons que la vie se dirige miraculeusement vers davantage de bonté, davantage d’harmonie, davantage de croissance et davantage d’amour – ce que nous voulons vraiment. Pour être heureux – peu importe ce qu’il se passe – nous devons vouloir grandir et expérimenter, plutôt que vouloir ce que nous voulons. Une fois que ce sera le cas, nous n’aurons plus besoin de limites pour nous apprendre, puisque nous accepterons ce que la vie tente de nous enseigner à chaque instant. Lorsque nous prêtons attention à l’instant présent plutôt qu’au mental égoïque, la vie se déroule plutôt merveilleusement, sans les luttes ni la souffrance que crée l’ego. 129 AIMER CE QUI EST Aimer et accueillir tout ce qui se passe est le seul choix qui est sensé. L’alternative est de rejeter la manière dont se manifeste la vie et d’en souffrir. Si rejeter la réalité et argumenter contre elle pouvait changer la manière dont sont les choses, alors agir ainsi pourrait être compréhensible, mais pester contre la manière dont sont les choses nous rend seulement malheureux. Tout au long de la majorité de notre évolution, nous ne réalisons pas que nous avons le choix entre souffrir et ne pas souffrir. Nous sommes programmés à écouter le mental égoïque qui rejette la vie. Quand bien même des tas de choses peuvent être juste bien et très agréables à un moment donné, le mental trouve fréquemment quelque chose qui pourrait ou devrait être mieux et se focalise dessus. L’ego est conçu pour agir ainsi. Nous ne réalisons pas que la voix de l’ego – la voix dans notre tête – n’est pas la voix de la vérité ou de la sagesse. Elle paraît vraie, nous la croyons et nous présumons que ce qu’elle dit est notre conviction personnelle. Nous nous identifions à son point de vue et nous y accrochons, comme s’il était vrai. Quelle bénédiction lorsque nous voyons enfin que nous n’avons pas besoin d’adhérer aux perceptions du mental égoïque, lorsque nous voyons que ces perceptions nous ont seulement fait souffrir. Le point de vue de l’ego est un point de vue négatif et étroit. Il y a tant de choses qui sont omises dans les histoires qu’il raconte. L’ego rejette et apprécie peu de choses concernant la vie. Quand nous adhérons ou quand nous nous identifions au mental égoïque, nous nous sentons négatifs et petits, étroits et contractés. Pourquoi l’ego rejette-t-il la vie et résiste-t-il à la vie ? Rejeter quelque chose procure au faux moi le sentiment d’exister comme quelqu’un qui a son avis, un problème à résoudre et quelque chose à faire. Alors, la vie devient une amélioration de nous-mêmes et des choses pour que la vie soit meilleure, de manière à ce que l’ego soit finalement heureux et en paix. Mais peu importe à quel point nous travaillons dur à nous améliorer, ainsi que les choses qui nous entourent, nous et la vie ne serons toujours pas suffisamment bons pour l’ego. Jamais il ne se reposera, puisque cesser de rejeter la vie signifierait sa mort. Si le moi était bien, comme tel, il perdrait toute définition et il n’y aurait plus le sentiment d’un moi distinctif. L’ego n’aurait plus le pouvoir et ce qui demeurerait pour diriger le corps-mental serait ce qui est là depuis toujours, insufflant et vitalisant le corps – l’Essence. La dissolution de l’ego est l’objectif de la voie spirituelle, mais ce n’est pas l’objectif de l’ego qui, sans surprise, s’oppose à sa propre fin, aussi l’ego continue- 130 t-il à critiquer tout ce qui est expérimenté. L’ego ne meurt pas réellement, bien qu’il puisse passer tellement à l’arrière-plan qu’il est à peine apparent. Quand nous retirons notre attention du mental égoïque, l’ego devient faible et impuissant. Il est toujours là, mais il a perdu sa capacité à nous diriger. Si l’ego est faible, il est beaucoup plus facile à ignorer. Si nous ignorons le mental égoïque, nous nous retrouvons dans l’instant et en paix, nous ne luttons plus contre la vie, mais nous surfons sur elle. Quand nous glissons dans l’Essence, nous expérimentons l’acceptation naturelle de la vie, comme elle est, du sentiment du oui à tout ce qui se passe. Quand nous adhérons enfin à la vie, quel soulagement ! Une telle paix, un tel contentement, c’est ce que chacun veut réellement. Généralement, nous expérimentons ces sentiments, quand la vie va enfin dans notre sens (celui de l’ego). Alors, nous nous détendons – jusqu’à ce qu’arrive la prochaine chose que nous n’aimons pas. Nous ne devons pas attendre que les choses aillent dans notre sens (celui de l’ego) pour être heureux. Nous pouvons constater que les choses vont toujours dans notre sens (en tant qu’Essence), quoi qu’il arrive. La perspective de l’ego est que la vie ne va pas dans son sens et la perspective de l’Essence est que tout va bien. Quand nous expérimentons la vie en tant qu’Essence, nous sommes en paix. Quand nous expérimentons la vie en tant qu’ego, nous sommes malheureux. C’est aussi simple que cela ! Pourquoi devrions-nous choisir une perspective qui génère l’insatisfaction plutôt que l’autre ? C’est une bonne question ! La majorité des gens ne réalisent pas qu’ils ont le choix. Réaliser que nous avons le pouvoir de choisir notre perspective est le commencement de la liberté. Nous pouvons choisir comment nous percevons la vie. Nous pouvons choisir l’histoire que nous racontons sur la vie. L’histoire peut être une histoire triste ou fâcheuse, ou ce peut être une histoire qui nous permet d’être heureux et en paix avec la vie. L’Essence aime tout ce qui se passe, tout ce qui arrive, puisque soit Elle l’a créé, soit Elle nous a permis (à l’ego) de le créer pour notre croissance ou pour notre évolution. Ce que nous apprenons à aimer, par rapport à tout ce dont nous faisons l’expérience, c’est comment c’est parfaitement adapté pour soutenir notre évolution vers plus d’amour, de paix, de sagesse, de compassion, de courage, de patience et de compréhension. La vie est parfaitement conçue pour nous faire évoluer et c’est ce qu’il y a d’appréciable, à chaque instant. Que l’ego aime ce qui se passe ou non est hors de propos. Il appréciera ou non, il se réjouira ou il se chagrinera, il rejettera ou il acceptera conformément à ses perceptions. L’ego crée des sentiments de bonheur ou de tristesse avec ses perceptions. Ces sentiments vont et viennent, comme les conditions météo, ils 131 reflètent simplement les préférences de l’ego. Un bonheur qui va et vient aussi facilement n’est pas le bonheur que nous recherchons, parce qu’un bonheur aussi éphémère ne nous comblera jamais. Le bonheur auquel aspire notre âme, c’est le bonheur qui émane de la connaissance de la vérité concernant la vie et qui nous sommes réellement. Le vrai bonheur vient de découvrir par nous-mêmes la bonté qui est au cœur de la vie et que l’on peut faire confiance à la vie. Une fois que nous réalisons que la vie est bonne, accueillir tout ce qui se passe est facile, puisque nous savons que, quelle que soit l’expérience, c’est précisément la bonne expérience, au moins pour l’instant. 132 ACCUEILLIR L’INSTANT Le moment présent est le seul moment que nous avons. Le passé est révolu et le futur doit encore être. Et quand le futur adviendra, il sera expérimenté comme un simple moment, comme celui-ci. Même un événement spectaculaire, comme un gros gain ou une grosse perte, n’est que brièvement expérimenté avant de passer et d’être remplacé par une autre expérience. Les gains et les pertes du passé sont introduits dans le moment présent par le mental qui tente de s’accrocher à ce qui s’est passé ou de le modifier. Tenter de réexpérimenter ou de modifier quelque chose du passé engendre de la souffrance, parce que cela nous fait sortir du moment présent et parce que cela nous implique avec le désir de quelque chose qui ne peut pas être. Le passé et même le moment présent ne peuvent pas être différents de ce qu’ils sont, puisqu’il est déjà trop tard pour cela. Désirer quelque chose d’autre que ce qui est réel et vrai maintenant engendre de la souffrance. Nous souffrons, soit parce que notre mental refuse d’accepter quelque chose du passé ou bien tente de s’y accrocher, soit parce qu’il soupire après quelque chose qui n’est pas là. Quand nous nous situons dans le moment présent et quand nous l’expérimentons pleinement sans vouloir qu’il soit différent, il n’y a aucune souffrance. Les circonstances du moment sont ce qu’elles sont, quelles qu’elles soient, jusqu’à ce que cela ne soit plus le cas, ce qui sera bientôt le cas, car ce qui se manifeste dans le moment présent change perpétuellement. S’efforcer de garder l’extase ou tout autre sentiment ou expérience nécessite beaucoup d’effort mental et ne réussit jamais. La vie continue à avancer. Le chagrin peut perdurer pendant très longtemps, parce que le mental égoïque réactive la douleur du passé en ressassant le passé et en racontant de pénibles histoires à son sujet qui entretiennent la douleur. Sans ces histoires, les expériences éphémères de chagrin passeraient rapidement comme des orages. Le mental égoïque crée des émotions qu’il alimente via la répétition d’histoires. Le chagrin est une réponse naturelle à une perte, mais une perte ne peut être expérimentée répétitivement que par la pensée. La perte a déjà eu lieu et ne pas l’accepter maintient vivaces la peine et la douleur. Accepter la perte nous permet d’avancer et d’expérimenter l’instant présent et ce qui prend la place de ce qui a été perdu. Avec chaque fin, il y a un nouveau début. S’accrocher au passé rend difficile de voir ce qui tente de prendre la place de ce qui est parti. L’acceptation n’est pas difficile, lorsque vous voyez que l’alternative, c’est souffrir. Nous finissons par accepter la vie, parce que l’alternative est trop douloureuse. La vie nous apprend à accepter ce qu’elle nous apporte, parce qu’autrement, nous souffrons. Nous en arrivons à voir que vouloir discuter avec la réalité ne nous cause que de la peine à nous et à notre entourage. Cela ne change pas la réalité. Ceci peut paraître évident, mais pas pour l’ego qui est pareil à un enfant qui n’en 133 fait qu’à sa tête. Fort heureusement, nous ne sommes pas l’ego, mais ce qui est en mesure d’observer l’ego et de voir que nous créons notre propre souffrance en adoptant le point de vue de l’ego. Lorsque nous nous détachons suffisamment de l’ego pour le voir, nous nous libérons de sa souffrance. Alors, il nous est possible de nous en remettre au moment présent et même d’en profiter juste pour ce qu’il est. Nous pouvons apprendre à devenir des aventuriers dans notre attitude à l’égard de la vie. Nous pouvons apprendre la joie de voir ce qui va ensuite se passer. Nous pouvons apprendre à devenir quelqu’un qui embrasse tout ce qu’apporte la vie. La vie change tout le temps et peut devenir une fameuse surprise. Lorsque nous faisons l’expérience du moment présent sans les jugements ni les désirs de l’ego, la vie devient intéressante et curieuse. Sans préférer que notre expérience soit autre que ce qu’elle est, nous découvrons que le moment présent est plus que correct, il est juste bien ! 134 DIEU EST DANS LES DÉTAILS Une des raisons pour lesquelles nous refusons de nous situer dans le moment présent, c’est que nous négligeons les détails que nous expérimentons. Il y a beaucoup de moments ordinaires qui semblent identiques à d’autres moments que nous avons vécus. Nous nous levons et nous faisons la même chose chaque matin, nous promenons le chien sur la même voirie, nous cuisinons la même nourriture et nous conduisons sur les mêmes routes. Pour l’ego, les routines de la vie paraissent ennuyeuses. Il présume que ces moments routiniers sont pareils à d’autres moments similaires et donc, il ignore ce qui se passe réellement. L’ego nous attire dans des pensées relatives à autre chose qu’il estime plus intéressantes et plus excitantes. Il tente de nous faire sortir du moment présent pour nous faire entrer dans son monde imaginaire et nous sommes particulièrement prêts à nous identifier à lui, quand nous faisons quelque chose que nous avons déjà fait à maintes reprises auparavant. Mais la vérité, c’est qu’aucun moment n’est pareil et on ne peut pas expérimenter la joie réelle en vivant dans le monde mental de l’ego où toutes les pensées se rapportent à moi et comment va ma vie. Pour expérimenter la joie, nous devons être présents à ce qui est réel, à ce qui se passe maintenant. Si nous présumons que le moment présent n’est pas intéressant ou ne vaut pas la peine qu’on lui prête attention, comme le fait l’ego, alors nous ne découvrirons ni la joie inhérente, ni la qualité vivante, ni le contentement, ni la valeur de nous situer dans l’instant présent. Si nous sommes présents à tout ce qui se passe, nous découvrons la joie qu’expérimente l’Essence dans la vie, y compris dans les détails de la vie. Il y a de la joie à observer la lumière qui se reflète sur l’argenterie, les particules de poussière qui dansent dans un rayon de lumière, la satisfaction sur le visage d’un chien, la manière dont tombent les plis d’une tenture, les ombres projetées par les rochers, les nuages qui changent de formes, l’odeur des feuilles tombées ou le goût du beurre sur le pain, par exemple. Si nous sommes attentifs, nous saurons profiter d’une variété infinie de choses dans l’instant présent, mais nous devons être prêts à remarquer les petites choses, les détails, parce que les détails sont ce qui distinguent un moment de tous les autres. L’ego voit quelque chose qu’il a vu des centaines de fois et il présume qu’il connaît cette chose. L’esprit pourrait y penser, l’analyser, la juger ou simplement la négliger. Il ignore une chose ou une expérience et il substitue des pensées à l’expérience. En considérant qu’il a déjà vu cette chose ou qu’il a déjà eu cette expérience, l’ego manque ce qu’a à offrir l’instant où se trouvent le jus et la vitalité de la vie. Le monde mental de l’ego est sec. Son monde manque de connexion avec l’expérience sensorielle réelle. La richesse d’être en vie passe par nos sens. 135 Quand nous expérimentons ce qui passe par nos sens, nous nous sentons vivants et nous ressentons la joie que ressent l’Essence en étant vivante. Quand nous cessons de considérer le jugement des choses du mental égoïque comme vrai et quand nous nous permettons de vivre pleinement et dans tous ses détails l’expérience que nous avons, nous expérimentons enfin le bonheur et la paix que promet l’ego, mais qu’il ne peut pas offrir. L’ego nous offre son monde conceptuel, mais le monde de l’ego a un prix élevé, le prix de l’expérience. Si nous accordons notre attention à nos pensées concernant une expérience, nous perdons le contact avec l’expérience réelle. Nous ne pouvons pas réellement avoir l’expérience et les pensées qui la concernent, simultanément. Notre attention se focalise sur l’un ou l’autre, même si elle peut osciller très rapidement entre les deux. Quand nous sommes présents à ce que nous expérimentons, nous remarquons toutes sortes de détails sensoriels qui sont habituellement négligés. Ce qui est surprenant, c’est le degré de joie que l’on peut ressentir en expérimentant pleinement les choses les plus simples : la chaleur du soleil, la douceur du tissu contre le corps, l’éclat du ciel bleu, la spongiosité de la terre sous nos pieds, l’odeur d’un pin ou un bourdonnement au loin. L’ego ne se satisfait pas de telles expériences, car rien ne le satisfait. Nous ne nous satisfaisons pas de telles choses, quand nous nous identifions à l’ego, puisque l’identification au mental nous empêche de les expérimenter pleinement. Mais qu’est-ce que la vie, sinon l’expérience de ces choses simples ? Le mental égoïque fait de la vie un drame. Au centre du drame de la vie, il y a le moi, alors que la vie n’est réellement que l’expérience d’un simple moment après l’autre. Ce qui expérimente la vie, c’est ‘’rien, ni personne’’ – c’est la vacuité spacieuse qui est notre véritable nature. Sans les interprétations, les jugements, les peurs, les doutes et d’autres superpositions du mental sur l’instant présent, la vie est une simple expérience sensorielle dépourvue de problèmes. Cette expérience sensorielle réelle est plus que suffisante pour être heureux. En réalité, ressentir pleinement la vie est le secret du bonheur. 136 IL Y A TOUJOURS QUELQUE CHOSE À AIMER ! L’alternative au rejet de quelque chose par rapport à la manière dont sont les choses – ce que fait l’ego – c’est trouver quelque chose à aimer par rapport à elle. Il y a toujours quelque chose à aimer, à chaque instant. Pouvez-vous trouver une sensation, quelque chose de beau ou encore un son agréable ? Y a-t-il un soupçon de tranquillité, d’amour ou de contentement ? La planète est-elle toujours entière ? Etre heureux ou pas est largement fonction de ce sur quoi on se focalise. L’ego peut être misérable, mais on peut tout de même être heureux, si on trouve quelque chose d’appréciable dans ce qui arrive. Trouver quelque chose à aimer est compliqué pour l’ego, mais c’est facile, en réalité, parce qu’il y a plein de choses appréciables dans la vie. Du point de vue de l’Essence, tout est appréciable dans la vie, parce que l’Essence expérimente la vie autrement que l’ego. L’Essence lui dit oui, alors que l’ego lui dit non. Accorder son attention au rejet de la vie de l’ego nous rend misérable, alors que remarquer ce qu’il y a d’appréciable nous remplit d’amour. Le secret du bonheur, c’est aimer – pas être aimé, mais aimer. Aimer, c’est essentiellement dire oui à la vie, l’accepter. Aimer vous fait bien vous sentir, mieux même qu’être aimé. Rien ne vous fait mieux vous sentir qu’aimer. Néanmoins, l’ego ne veut pas tant aimer qu’il ne veut d’autres choses, comme le pouvoir et la sécurité. Il préférerait se sentir en colère ou chagriné ou éprouver toute autre émotion plutôt qu’être aimant. Les émotions procurent à l’ego une identité, une raison d’exister. Elles lui donnent un problème à régler. L’ego ne veut pas aimer, parce qu’aimer le rend vulnérable. Il ne fait pas confiance à l’amour, parce que l’ego n’est pas ce qui engendre, ni ce qui expérimente l’amour. L’amour relève du domaine de l’Essence et lorsque nous expérimentons l’amour, nous expérimentons l’Essence. Ainsi, pour passer de l’ego à l’Essence, tout ce qu’il faut faire, c’est trouver quelque chose à aimer. C’est facile, mais le hic, c’est qu’il faut le vouloir ! Le vous voulant passer de l’identification à l’ego à l’Essence, c’est le vous qui n’est déjà pas identifié à l’ego. C’est la subtilité. L’ego ne veut pas que vous sortiez de l’identification à l’ego, mais quelque chose d’autre le veut, et c’est l’Essence. Dans notre évolution spirituelle vient un moment où nous prenons conscience d’un vous qui peut choisir de sortir de l’identification à l’ego. A ce moment-là, nous commençons à nous éveiller, à sortir de l’identification à l’ego, à vivre plus en tant qu’Essence dans le monde. L’Essence est ce qui préfère l’amour aux valeurs de l’ego. L’Essence est ce qui aime, pas l’ego. Lorsque nous choisissons de trouver quelque chose d’appréciable dans le moment présent, nous trouvons beaucoup de choses. Une chose toujours appréciable, c’est simplement notre volonté d’aimer. Quel miracle ! Au milieu d’un monde aussi 137 pénible et compliqué, nous avons en nous la volonté d’aimer. Cette bonté en nous est tout à fait appréciable. Cette même bonté se retrouve également en chacun, même si cette bonté, cette divinité est souvent masquée par l’ego. Néanmoins, il y a beaucoup d’indices de la bonté en chacun, si nous la cherchons. Une des façons les plus faciles d’expérimenter l’amour, c’est d’accorder notre attention à quelque chose que nous aimons. Le simple fait de regarder nos animaux familiers, par exemple, ouvre notre cœur et c’est la raison pour laquelle les animaux familiers sont pour nous de tels cadeaux. Bien entendu, nos enfants et d’autres personnes aimées ouvrent également notre cœur, même si leur ego et le nôtre compliquent souvent l’amour. L’absence d’ego chez nos animaux familiers permet à notre ego de se détendre et de rester à l’arrière-plan. Tout ce qui est beau suscite aussi notre amour : la nature, les couleurs, l’art et la musique. Comme la beauté est toujours disponible, l’amour est toujours disponible. Nous pouvons aussi ressentir de l’amour pour le don d’être en vie et de pouvoir expérimenter le moment présent. C’est l’amour qu’expérimente l’Essence qui vit la vie par notre entremise. Quelle merveille que le corps physique ! Ce sentiment d’émerveillement et de gratitude à l’égard de la vie, du corps et d’autres choses vivantes, c’est l’amour. L’Etre que nous sommes est en admiration devant la vie. Si nous déplaçons notre attention vers ce qui aime la vie, nous nous sentons complets. Rien d’autre n’est nécessaire dans l’instant. Quel étonnement que la vie puisse être aussi simple et aussi complète ! Trouver quelque chose à aimer à tout moment constitue l’antidote au rejet de l’ego du moment. Si vous trouvez que vous êtes en lutte contre la vie, arrêtez-vous et remarquez ce qu’il y a de beau et d’appréciable et ne vous arrêtez pas sur une seule chose, trouvez-en une autre et puis encore une autre. La vie peut se vivre à partir de la célébration et de la gratitude plutôt qu’à partir du rejet. C’est votre choix ! 138 AIMER CE QUE VOUS FAITES Un pas de plus qu’accepter ce qui arrive, c’est l’aimer ! Si nous acceptons ce qui arrive, alors nous pourrions tout aussi bien l’aimer. Aimer tout ce qui nous arrive signifie simplement nous y impliquer, nous y absorber, sauter dedans à pieds joints, en avoir une expérience totale. Penser dilue l’expérience et nous empêche de plonger totalement dans tout ce que nous faisons. Les pensées accompagnent la plupart de nos expériences et empêchent notre attention de se focaliser entièrement sur l’expérience que nous vivons. Quoi que vous fassiez, faites le réellement, sautez dedans à pieds joints. Si vous avez l’intention de manger ce morceau de tarte, faites-en réellement l’expérience, sans aucune pensée de culpabilité et sans réfléchir à des stratégies visant à compenser l’accumulation des calories. Très souvent, nous nous engageons à faire quelque chose sans vraiment nous engager. Nous avons un pied dans l’expérience et un pied en dehors. Pendant que nous sommes en train de faire quelque chose, nous nous demandons si nous voulons le faire, nous nous plaignons par rapport à cela ou nous pensons à autre chose. Nous impliquer dans nos pensées dilue l’expérience que nous avons. Cela nous éloigne de l’expérience et rend difficile de profiter de l’expérience. Si vous ne pouvez pas vous engager à être complètement dans une expérience, alors une option pourrait être de ne pas la faire du tout. Avez-vous réellement besoin de la faire ou de la faire précisément maintenant ? L’ego nous pousse à faire des choses conformément à son programme et à faire des choses qui s’alignent sur ses objectifs. Il nous pousse à faire quelque chose, puis il se plaint de faire ce qu’il nous pousse à faire ! Si vous allez faire quelque chose, alors engagezvous à le faire joyeusement. Si vous ne pouvez pas faire quelque chose joyeusement, alors envisagez de ne pas le faire du tout ou simplement de ne pas le faire maintenant, si possible. Toute expérience peut être appréciable, si notre attention est totalement engagée. Le secret pour apprécier la vie, c’est d’engager toute notre attention dans tout ce que nous faisons. Si nous le faisons, nous nous retrouvons dans l’instant présent et dans l’Essence et l’Essence aime la vie. Aussi longtemps que nous continuons d’accorder notre attention à ce que nous expérimentons, nous ressentirons de l’amour pour la vie, peu importe comment la vie se manifeste. Prêter attention à ce que nous faisons est beaucoup plus difficile, si nous faisons quelque chose que nous n’aimons pas. Si nous n’avons pas apprécié faire quelque chose dans le passé, alors nous présumons souvent que nous n’aimerons pas le refaire, mais savez-vous réellement quoi ? La raison pour laquelle nous n’aimons pas faire quelque chose, c’est parce que le mental nous donne des raisons de ne 139 pas aimer cela : le faire n’est pas commode, salissant, dur, fatigant, flippant, etc. De telles plaintes paraissent raisonnables, du point de vue de l’ego, mais nous pouvons aimer faire quelque chose, même si cela n’est pas commode ou si c’est salissant, dur, fatigant, flippant ou quoi que ce soit. En outre, aucune expérience ne peut se résumer en quelques mots. Ce sont les histoires de l’ego qui ne captent pas toute l’expérience réelle. Le mental insiste sur les points négatifs et ignore les points positifs. Si nous nous focalisons sur le négatif, il est amplifié et le reste passe à l’arrière-plan. Le résultat, c’est que nous avons une expérience négative. L’Essence apprécie les expériences que l’ego considère comme déplaisantes, autant qu’Elle apprécie les expériences plaisantes. Elle ne catalogue pas la vie comme ‘’bonne’’ ou ‘’mauvaise’’, ‘’plaisante’’ ou ‘’déplaisante’’, comme le fait l’ego. Elle ne suppute, ni ne juge, comme le fait l’ego. ‘’Plaisant’’ et ‘’déplaisant’’ ne font pas partie de son vocabulaire. Quoi qu’il en soit, c’est juste comme cela est, sans définition particulière. Accéder à la partie de nous-mêmes – l’Essence – qui apprécie l’expérience que nous avons est toujours possible, mais pour cela, nous devons ignorer le point de vue de l’ego. Se plaindre de quelque chose en l’accomplissant rend impossible de l’apprécier. Vérifiez-le par vous-même. Vous plaindre a-t-il déjà amélioré une expérience ? Que se passe-t-il, si vous renoncez à vous plaindre et si vous vous absorbez dans l’expérience plutôt que dans la souffrance, l’inconfort ou la résistance à son égard ? Sans les plaintes, ni les craintes de l’ego, même la douleur physique peut être acceptée et plus facilement endurée. Sans les plaintes du mental, tout apprécier ou à tout le moins, tout accepter est possible. L’ego adore se plaindre, car se plaindre lui donne de quoi discuter. Le moulin à paroles du mental doit tourner ! Ainsi le mental trouve-t-il quelque chose qu’il n’apprécie guère et il s’affaire à faire son procès. Le problème, c’est que si nous nous plaignons de quelque chose, tout en faisant cette chose, alors nous plaindre devient notre expérience et nous n’avons plus l’expérience totale de l’instant présent. Pour aimer ce que l’on expérimente, tout ce qui est requis, c’est l’attention. Si nous accordons notre attention à quelque chose, l’amour s’écoule vers cela. Ainsi, si vous voulez aimer ce que vous expérimentez, plutôt que lui résister, accordez-lui votre attention. C’est l’antidote à la résistance de l’ego. Si nous accordons notre attention à notre résistance, nous aimons résister. Alors la résistance est amplifiée et elle devient notre expérience. Parce que l’ego ne veut pas aimer, nous devons trouver en nous-mêmes ce qui veut aimer la vie, juste comme elle est. Nous devons invoquer Cela pour qu’Il s’oppose aux plaintes et à la résistance de l’ego à l’encontre de la vie. Nous faisons 140 appel à l’Essence ou nous nous alignons sur l’Essence en accordant notre attention totale à l’instant présent. 141 FAIRE CE QUE VOUS AIMEZ Voici le secret du bonheur : faire ce que vous aimez ! C’est assez évident, ditesvous. Oui, mais si c’est tellement évident, alors pourquoi tout le monde n’est-il pas heureux ? Nous ne sommes pas heureux, parce que la plupart d’entre nous font trop de choses que l’ego aime faire. Nous nous offrons toutes sortes de plaisirs, nous faisons les magasins et d’autres choses amusantes. L’ego aime également travailler, l’avez-vous remarqué ? Il travaille très fort pour obtenir ce qu’il veut. Il aime également recevoir de l’attention et être spécial. L’ego apprécie faire des choses différentes par rapport au Soi authentique, par rapport à l’Essence, et là est le hic. Ce n’est pas que le Soi réel n’aime pas le plaisir, ni s’amuser, penser, travailler et d’autres choses que l’ego apprécie faire ; c’est plutôt que l’Essence ne les aime simplement pas à l’exclusion des autres choses qu’Elle aime faire et qui se situent bien plus bas sur la liste de l’ego. L’ego et l’Essence ont des priorités différentes et leurs priorités se font parfois mutuellement obstacle. Si nous nous identifions à l’ego, nous faisons trop de ce que l’ego aime faire et pas assez de ce que l’Essence aime faire. Ainsi, trop manger, trop boire, trop faire la fête, trop faire les magasins, trop penser, trop travailler, trop jouer des coudes et trop en faire peut conduire à la dépression et au malheur. Donc, la prescription pour trouver le bonheur, ce n’est pas de faire ce qu’aime l’ego (même si l’ego ne sera pas d’accord !), mais de faire ce qu’aime le Soi réel, parce que le Soi réel fera également suffisamment des choses que l’ego apprécie, mais pas trop, et le Soi réel n’ignorera pas d’autres activités plus importantes et plus significatives. Qu’aimez-vous faire ? Identifier cela peut être délicat, car nous confondons souvent les désirs de l’ego avec ceux de l’Essence, mais il y a réellement un bon moyen de dire ce que le Soi réel aime faire : quand vous pensez à cela, votre cœur bondit de joie ! L’Essence s’exprime par l’entremise du cœur et l’ego mentalement : je veux, je désire… Ce que nous voulons faire émerge naturellement en nous et peut s’exprimer si nous ne permettons pas à notre ego de bloquer cette impulsion par peur ou à l’aide d’une croyance ou d’une objection. Un tel blocage se produit tout le temps, si les buts de l’ego entrent en conflit avec ce qui émane de l’Essence. L’ego essaye de nous dissuader de suivre notre cœur. Pour tenter de nous convaincre de son point de vue, il emploie la peur, le doute, le découragement et des ‘’tu devrais’’, des ‘’il faudrait’’, des ‘’si’’, etc. : ‘’Il faudrait que tu trouves un job qui paye plus !’’, ‘’Tes parents ne te pardonneront jamais, si tu fais cela !’’, ‘’Tu ne pourras pas payer tes factures !’’, ‘’Tu n’es pas assez intelligent !’’… 142 Il se peut même que les peurs de l’ego se concrétisent, mais est-ce une raison pour ne pas suivre votre cœur ? Quelque chose est-il digne de s’opposer à votre propre cœur ? Si nous suivons notre cœur, la vie s’arrange. Ll se pourrait juste qu’elle ne s’arrange pas comme l’ego le veut, même si cela pourrait être le cas. Nous ne savons pas ce qui va arriver. La vérité, c’est que, même en suivant l’ego, nous ignorons ce qui va se passer, mais si nous suivons notre cœur, nous serons heureux et nous ne regretterons pas notre décision, quoi qu’il advienne. Ce que nous aimons et ce que nous voulons le plus profondément faire se manifeste dans l’instant présent sous la forme d’une impulsion, d’une inspiration ou d’un élan. Nous pouvons réfléchir à cette impulsion, à cette inspiration ou à cet élan, ou bien encore l’exprimer oralement, mais ce qui fait chanter notre cœur ne se présente pas initialement sous la forme d’une pensée. Ce qu’il est le plus significatif pour nous de faire se manifeste sous la forme d’un sentiment de vouloir faire quelque chose et non comme une pensée, ‘’je veux…’’ C’est la différence. Suivre son cœur signifie suivre ses sentiments. Néanmoins, ces sentiments ne sont pas les émotions qui proviennent de l’ego, mais les élans plus profonds de l’Essence. Nous sentons si quelque chose est juste ou vrai et ce sentiment est une intuition, pas une émotion. Suivre nos émotions peut nous plonger dans beaucoup de problèmes, mais suivre nos sentiments intuitifs nous apporte le bonheur et la complétude. L’Essence aime créer, jouer, apprendre, explorer, œuvrer, s’exprimer et grandir. Elle a aussi des choses plus spécifiques qu’Elle aime faire par l’entremise de chacun d’entre nous, en fonction de nos talents et du but de notre existence. Par exemple si le but de votre vie est lié à l’écriture, vous aimerez écrire, peu importe si ceci vous apporte la renommée ou la fortune. Ou si le but de votre vie à trait à la famille, vous aimerez les enfants et vous aspirerez à en avoir. Vous aimerez aussi toutes les activités qui s’apparentent au but de votre vie. Vous aimerez même des activités qui ne sont pas associées au but de votre vie, si elles vous aident à accomplir ce but. Nous sommes programmés à aimer les choses qu’il nous faut faire pour accomplir notre projet de vie. N’est-ce pas magnifique et extraordinaire ? Si vous faites ce que vous aimez, ce que désire votre cœur, vous accomplirez le but de votre vie et vous serez heureux. Faire ce que l’on aime est la prescription pour trouver le bonheur et la preuve que l’amour est la force derrière toute vie. 143 FAIRE CE QU’AIME L’ESSENCE Le Créateur a une inclination pour certaines choses. Il aime créer. Il a créé tout ce qui existe et Il aime aussi créer par notre intermédiaire. De nombreux objectifs de vie sont apparentés à la création et donc, beaucoup de gens se sentent poussés à créer. Que l’objectif de notre vie se rapporte spécifiquement à la créativité ou pas, chacun aime créer et chacun est créatif dans une certaine mesure. Nous ne pouvons pas nous empêcher de créer ! Créer nous vient naturellement, puisque nous sommes à l’image de ce qui nous a créés. Pourquoi cette création incroyable qu’est la vie se produit-elle ? Elle est apparue en raison d’une volonté de créer, qui se trouve également en nous, et cet élan est très puissant. C’est un élan vital pour découvrir ce qui va arriver et ce que nous pouvons faire advenir. Les Français appellent ceci la joie de vivre. La joie de vivre, c’est la joie que l’Essence ressent en vivant par notre entremise. Quel sens y aurait-il à être vivant et à ne pas pouvoir s’exprimer ? L’expression nous est naturelle, parce qu’elle est naturelle pour ce qui nous a créés. Le Créateur – l’Unique – s’exprime en créant et s’exprime à travers nous en tant qu’Essence. Le Créateur – l’Unique – nous a créés pour être uniques et dans l’optique d’avoir une kyrielle de véhicules divers via lesquels expérimenter la vie. S’exprimer à travers nous procure une grande joie à l’Unique et lorsque nous Lui permettons de le faire, nous ressentons cette joie. Le Créateur aime également apprendre. Il aime se déployer et se dépasser. Pour ce faire, Il aime se constituer des défis pour apprendre lui-même en manifestant un monde qui nécessite une adaptation et une évolution intelligente pour survivre. Ceux qui survivent le mieux apprennent de la vie et transmettent leurs connaissances. Cette capacité d’apprentissage et d’adaptation fait évoluer notre espèce. Nous évoluons en tant qu’individus, et l’espèce évolue. Tout cet apprentissage et toute cette évolution intéressent beaucoup le Créateur. Il ne sait pas exactement ce qui va arriver à ses créations, après les avoir créées. Il participe de la création via ses créations, mais dans la création, il y a l’élément du libre-arbitre qui apporte un joker, une variable inconnue. Apparemment, le Créateur aime aussi l’inconnu ! Le Créateur aime l’inconnu, parce qu’Il aime la découverte et parce qu’Il aime solutionner des problèmes. Il aime se développer et triompher des problèmes et des difficultés. L’ego, lui, n’aime pas les défis, mais si nous nous alignons sur l’Essence plutôt que sur l’ego, nous apprécions les défis. Peut-être est-ce la raison pour laquelle l’ego a été créé. En effet, il nous propose le plus grand des challenges : celui de s’être égaré dans l’illusion que nous sommes séparés et 144 distincts de ce qui nous a créés. Nous sommes programmés à croire cette illusion et notre challenge est de voir au-delà de cette illusion. Quel casse-tête ! Le Créateur doit adorer les mystères et les énigmes ! Si nous tombons amoureux de la vie – ce qui est le cas du Créateur – nous trouvons le bonheur, la joie et la paix. Pour expérimenter cette joie, il se pourrait que nous ayons besoin de faire certaines des choses que le Créateur ou l’Essence aime tant faire. Il nous faut prendre le temps de faire ce que l’Essence nous incite à faire, plutôt que d’être accaparés par les buts et par les objectifs de l’ego. L’ego peut nous garder très occupés, tellement occupés que nous oublions de voir si nous ne sommes pas incités à faire autre chose. L’Essence n’est pas aussi autoritaire que l’ego. L’Essence révèle plus subtilement ses intentions que nous pourrions bien louper, si nous sommes occupés à écouter le mental égoïque ou si nous sommes juste franchement occupés. Si nous prêtons attention aux communications plus subtiles qui émanent de l’Essence, alors nous nous trouverons en train de faire plus de choses qui nous apportent de la joie. Nous pourrions davantage danser, chanter, créer, jouer, nous balader dans la nature, bouger, nous reposer, être, écouter, explorer, observer, apprendre, nous développer, nous interroger, nous tourner vers l’intérieur et méditer. L’ego n’estime pas particulièrement beaucoup de ces activités, aussi nous avons tendance à ne pas prendre du temps pour elles ou à tout le moins, pas autant que l’Essence pourrait prendre. S’il y a bien une activité que nous faisons de trop au détriment de l’Essence, c’est penser à nous. L’ego interfère avec la joie en nous impliquant de trop dans des ruminations nous concernant nous et la façon dont se déroule notre vie. S’enferrer dans le moi nous fait sortir du moment présent et perdre la saveur de la vie. Qu’en est-il si certaines de ces autres activités, comme créer, danser, chanter, se balader dans la nature, explorer, simplement être et méditer remplaçaient un peu vos ruminations ? Cela changerait radicalement votre monde, car vous vivriez plus dans l’Essence et moins dans l’ego. Alors, quelle vie différente ce serait ! Serait-ce si pénible de faire plus de ce qu’aime l’Essence ? Que perdriez-vous réellement en échange d’un peu de joie ? 145 ÈME 5 PARTIE : AVOIR CONFIANCE EN LA VIE 146 AVOIR CONFIANCE EN DIEU Le Dieu de beaucoup de nos religions n’est pas un Dieu en qui on a facilement confiance. Il est vengeur et punitif. Ce n’est pas que nous ne méritons pas d’être parfois punis, mais pouvons-nous réellement avoir confiance en un Dieu qui expédie ses créatures en enfer pour toute l’éternité ? En tant que parent, feriezvous cela à l’un de vos enfants ? Serait-il possible que nous soyons plus compatissants que notre Créateur ? Une question plus vaste encore, c’est comment pourrions-nous avoir confiance en un Dieu qui crée un monde rempli de souffrances sans fournir d’explications ni aucun soulagement, hormis la promesse du Paradis, si nous obéissons ? Faut-il s’étonner que tellement de gens soient désillusionnés par rapport à la religion, alors qu’elle ne paraît pas avoir les réponses sur la manière d’être en paix avec la vie et quand tout au long des siècles, via les persécutions et les guerres, les croyances religieuses ont pu infliger plus de souffrances qu’elles n’ont soulagé ? Nous serions bien sots de faire confiance au Dieu tel qu’Il est décrit dans la plupart de nos religions. Le craindre et Le redouter, certes, mais Lui faire confiance, non ! Nos religions parlent de l’importance de l’amour, mais de nombreux chefs religieux n’exemplifient pas l’amour, mais bien l’intolérance et la haine. Alors, comment s’attendre à ce que ceux qui les suivent soient meilleurs ? Le message de Jésus, c’est d’aimer son prochain comme soi-même, mais nous n’avons pas constaté beaucoup de progrès dans cette direction au cours des deux derniers millénaires. Si les religions prônent l’amour plutôt que la violence, cela ne paraît pas fonctionner ? Alors, que se passe-t-il ? Il y a bien une Intelligence aimante derrière toute vie, mais l’ego a récupéré la pensée religieuse, en grande partie. Il a tordu et il a déformé la Vérité et la rendue méconnaissable en laissant beaucoup de gens dans la confusion, sans le sentiment d’être connectés à quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes. Il est judicieux de ne pas faire confiance au Dieu de la plupart de nos religions, parce que ce Dieu n’est pas digne de notre confiance. Nous sommes trop évolués pour avoir confiance en un tel Dieu. Ceux qui le font ont été endoctrinés dès le début de leur vie et sont paralysés par la peur d’aller en enfer ou de quelque autre châtiment, s’ils rejettent la doctrine. La peur est l’instrument de l’ego et la peur est utilisée par de nombreuses religions pour empêcher que leurs adeptes ne les abandonnent. Le mot que j’aime utiliser pour Dieu, c’est Bonté. Dieu est Bonté. Si nous ne pouvons pas faire confiance au Dieu de nos religions, pouvons-nous avoir confiance en la bonté ? La bonté existe-t-elle ? La bonté et l’amour sont-ils au cœur de la vie, ou le mal ? La bonté et le mal coexistent dans le monde. La bonté, c’est s’aligner sur l’amour et le mal, c’est le manque d’amour et le résultat de 147 s’identifier à l’ego. Deux forces opèrent dans le monde : l’ego et l’Essence. Ce qui prévaut nous dira quelque chose sur ce qui nous a créés et qui est derrière toute vie. Ceci est-il un monde où l’amour et la bonté prévalent sur le mal ? Les preuves sont-elles suffisantes pour conclure que l’amour et la bonté sont plus puissants et par conséquent plus vrais que le mal ? L’ego est-il Dieu ou la Bonté est-elle Dieu ? Nous savons naturellement ce qui est juste et bon. Nous n’avons besoin d’aucune religion pour nous le définir, car la bonté et l’amour nous laissent une bonne impression, tandis que la haine et la peur nous laissent une mauvaise impression. Nous avons un système de navigation interne qui nous indique la voie de ce qui est juste et bon, si nous voulons bien lui prêter attention. Nous avons également un ego qui cherche à obtenir ce qu’il veut et qui est prêt à court-circuiter ce système de navigation, si cela sert ses objectifs. Le mal est l’action dissociée de l’amour, l’action qui ne reconnaît pas notre connexion à la Totalité, tandis que l’amour est l’action connectée, sensible et attentive à la Totalité. Nous avons la capacité de participer à tout type d’action. A tout moment, nous pouvons choisir de suivre l’ego ou de suivre l’Essence. Nous ne sommes jamais seuls au moment d’opérer ce choix. A tout moment, nous recevons des encouragements de la part de l’Essence, de notre système de navigation interne pour choisir l’amour, plutôt que la peur et l’égoïsme. La bonté rivalise toujours pour capter notre attention et l’ego fait de même. Une bataille se joue pour conquérir notre âme, pour ainsi dire. La question est : qui gagne ? Si le monde appartient à l’ego, l’ego gagne. Si le monde appartient à l’Essence, la bonté gagne. Que voit-on arriver ? Notre espèce évolue-t-elle vers l’amour ou dans la direction opposée ? Si l’on se base sur la violence dans les nouvelles, il n’est peut-être pas évident que nous évoluions en direction de l’amour. Néanmoins, en dépit du mal dans le monde, en tant qu’espèce, nous croyons en la valeur de la bonté et de l’amour. Nous n’estimons pas l’oppression, ni la haine, même si nous pouvons parfois mal nous conduire. Nos valeurs nous disent de quoi nous sommes faits, d’où nous provenons et vers quoi nous nous dirigeons. Dans votre propre vie, avez-vous évolué vers l’amour ou la haine ? La sagesse que vous avez acquise n’a-t-elle pas fait en sorte que vous soyez plus aimant et plus compatissant, plutôt que l’inverse ? Et n’essayez-vous pas d’être plus aimant et plus compatissant ? C’est notre destin d’évoluer dans le sens de l’amour, et non dans le sens de la haine ou de la peur. Connaissez-vous des gens qui deviennent plus mauvais, plutôt que plus aimants ? Cela arrive, surtout quand quelqu’un a été la victime d’abus, torturé ou s’il a subi une perte dévastatrice. Quand nous avons été touchés par le 148 mal, nous pouvons perdre notre connexion avec l’amour et devenir haineux, amers, vengeurs et méchants, mais ce n’est pas une preuve que notre espèce évolue dans ce sens. Le mal est une impasse. On ne peut aller que dans une certaine limite dans cette direction avant que la souffrance ne devienne tellement grande qu’on réalise la nécessité de changer de direction. La vie se corrige d’elle-même. Si nous développons la peur, la négativité, l’égoïsme et la haine, nous souffrons et si nous développons l’amour et la bonté, nous cessons de souffrir. C’est la preuve de la bonté et de la divinité qu’il y a derrière toute vie. La bonté est un Dieu auquel nous pouvons nous fier. 149 LA BONTÉ EST QUI L’ON EST En dépit de la force de l’ego, la bonté est plus forte et plus présente dans le monde que le mal. Chacun a un ego, mais chacun est essentiellement bonté, bien que cette bonté puisse être obscurcie par l’ego. L’ego est la cause de toute souffrance sur cette planète. Il nous fait souffrir à l’intérieur de nous-mêmes et il cause également du tort aux autres, ce qui provoque encore plus de souffrance. Nous ne souffririons pas sans l’ego. Des calamités se produiraient encore, mais nous n’en souffririons pas. Nous sommes destinés à surmonter l’ego et notre souffrance. Il s’agit pour nous d’un défi et en quoi consiste notre évolution humaine. Nous apprenons à surmonter la peur, la séparation et la souffrance causée par l’ego et à vivre en paix et en harmonie avec nous-même, les autres et la planète. En bref, nous apprenons à aimer. Aimer, c’est ainsi que nous retournons chez nous, à notre véritable nature. En revenir à l’amour, en cela consiste notre périple dans cette dimension. Ce périple a une fin heureuse et un objectif. Toutes nos luttes et toutes nos souffrances nous servent et servent l’Unité en développant notre capacité à aimer. A la fin de notre vie sur terre, nous réalisons que l’amour est tout ce qui compte. Nous passons alors à d’autres dimensions, à d’autres existences basées sur le service à l’Unité dans ses multiples manifestations. Notre souffrance nous apprend comment ne plus souffrir. Une fois que nous apprenons cela, nous pouvons aider à mettre un terme à la souffrance d’autrui. Même si souffrir fait partie de cette dimension, souffrir ne fait en aucun cas partie de chaque dimension. Au-delà de notre dimension, il n’y a pas de souffrance, simplement servir, apprendre et se développer. La souffrance de cette dimension développe notre compassion, notre sensibilité, notre sagesse, notre amour, notre patience et encore d’autres vertus. Le défi d’avoir un ego nous modèle et il nous rend plus à même de servir autrui maintenant et plus tard dans notre évolution. Ce défi est délibérément intégré à cette dimension, car il sert à notre évolution. Avoir un ego n’est pas une punition, c’est du grain à moudre pour notre moulin spirituel. La preuve de la bonté de la vie est que nous avons les moyens de sortir de notre souffrance. Nous bénéficions des ressources qui nous permettent de grandir et d’évoluer et nous avons le potentiel de voir plus loin que notre programmation et de nous en libérer. Nous avons également ceux qui nous indiquent le chemin, ceux qui connaissent le moyen de sortir de la souffrance. L’Unité ne nous laisse pas nous dépatouiller tous seuls, même si cela paraît parfois être le cas. Elle rend toujours accessibles ou disponibles des gens, des opportunités et les ressources dont nous avons besoin pour nous extirper de nos difficultés et pour surmonter notre 150 souffrance. Ce n’est pas chacun qui réussira à le faire facilement, mais chacun d’entre nous reçoit ce dont il a besoin pour se développer. Puisque nous disposons du libre arbitre, nous pouvons prendre autant de temps que nous le désirons pour découvrir la vérité de la vie et beaucoup de gens prennent effectivement beaucoup de temps ! Ils choisissent l’ego, sa peur et sa négativité plutôt que la bonté pendant très longtemps avant de se rendre compte que la bonté et l’acceptation sont le moyen de sortir de la souffrance. Une fois qu’ils se libèrent du piège de l’ego, ils deviennent souvent les serviteurs les plus acharnés. Parce qu’ils ont tellement souffert, leur motivation à soulager la souffrance est très importante et ainsi, même expérimenter une telle douleur sert l’évolution de l’ensemble. Nous arrivons à un stade de l’évolution où tout ce qui compte, c’est servir la vie que nous sentons intimement liée à notre propre Soi. Nous servons le Tout, parce que servir le Tout nous fait mieux nous sentir que nous servir nous-même, comme le fait l’ego. De nombreuses vies passées à servir notre ego nous ont appris la vanité d’agir en ce sens. Tout ce que nous avons obtenu en nous servant nousmême fut de souffrir, parce que notre obnubilation personnelle nous a maintenu attaché à l’ego, à son insatisfaction et à sa peur. Obtenir ce que veut l’ego a un prix très élevé : l’amour et la paix. A un moment donné, nous préférerons l’amour à ce que veut l’ego. La bonté est notre véritable nature et elle finit par triompher de l’égoïsme de l’ego. La bonté est ce qui nous réveille de l’état de conscience égoïste et qui nous ramène chez nous. Elle nous appelle à elle, incessamment, et finalement, elle prévaut. 151 DIEU EST BON(TÉ) Beaucoup de gens peinent à croire que Dieu est bon, quand ils ne sentent pas que la vie est bonne. Comment Dieu peut-Il être bon, alors que la vie est expérimentée comme étant douloureuse ? Même si la vie est essentiellement bonne, il est possible de l’expérimenter comme étant douloureuse, puisque nous sommes programmés avec des croyances et des convictions qui la rendent douloureuse. Le fait que nous souffrions ne rend pas la vie elle-même mauvaise ou pénible, même si la vie peut laisser cette impression. Nous sommes destinés à découvrir que nous produisons notre propre souffrance par la manière dont nous pensons la vie et que la souffrance n’est pas inhérente à la vie. Le changement, la naissance, la mort, la vieillesse, les maladies, les accidents, les calamités et toutes les pertes font partie intégrante de la vie, mais ces épisodes ne sont pas responsables d’une souffrance continue. Ils génèrent naturellement de la peine et de la tristesse, mais la peine et la tristesse passent, comme tout le reste, et elles sont remplacées par de nouvelles expériences. Pourtant, l’ego s’accroche aux pensées et aux sentiments négatifs et il amplifie, intensifie et prolonge ces émotions et dans le même temps, il néglige la joie subtile, la gratitude, l’excitation, l’aventure, l’amour et la paix qui font aussi partie intégrante de la vie. Si nous nous attardions sur ces sentiments positifs autant que sur les pensées négatives et sur les émotions pénibles et douloureuses, nos vies seraient transformées. Et nous pouvons apprendre à le faire. Les difficultés et les défis de la vie ne sont pas la preuve que la vie n’est pas bonne. Ils font juste partie intégrante de la vie. Les défis et les difficultés auxquels nous sommes confrontés ne sont pas personnels. Ils ne sont pas la preuve que nous ne sommes pas assez bons, que nous sommes punis ou que Dieu ne se soucie pas de nous. Les défis font juste partie intégrante de cette dimension – et ils font partie intégrante de la vie de chacun. Personne ne peut y échapper. Si nous n’acceptons pas que les défis fassent partie intégrante de la vie de chacun, nous souffrons. Nous prenons les défis de la vie à titre personnel, comme si ceux-ci signifient quelque chose qui nous concerne, ce qui n’est pas le cas. Les défis de la vie sont conçus pour nous rendre plus forts et nous indiquent la voie pour nous extirper du piège du mental égoïque. Ils sont conçus pour nous montrer la voie de notre Foyer. La vie est bonne, parce que son objectif est bon. Elle soutient notre évolution qui se fait vers davantage de sagesse et d’amour. La vie est sage et elle est aimable en ce sens qu’elle nous fournit exactement ce dont nous avons besoin pour nous libérer du mental égoïque et pour en revenir à l’amour. La manière dont la vie nous libère, c’est en nous pourvoyant d’un dispositif d’autoguidage qui est l’amour de la bonté. Nous savons tous ce qu’est la bonté, 152 nous l’aimons tous et nous avons tous la capacité de la manifester. Quand nous manifestons de la bonté, nous sommes récompensés, car nous nous sentons bien et la bonté nous est fréquemment retournée. Nous savons que la bonté est au cœur de la vie, car elle nous apporte ce que nous avons toujours souhaité. Le hic, c’est que notre bonté est obscurcie par le faux moi, l’ego, la voix dans notre tête qui se focalise constamment sur ‘’moi, ma vie et comment vont les choses pour moi’’. Cette voix est majoritairement négative et elle génère des sentiments négatifs. C’est la seule chose qui peut nous éloigner de l’expression de notre bonté, la seule ! Voyez-le : l’unique chose qui peut interférer avec l’expression de la bonté (de la divinité) dans le monde, c’est croire et suivre le mental égoïque ! On pourrait dire que l’ego est le diable dans le drame qui se produit sur la terre. L’ego engendre la souffrance, la haine, toute forme de négativité. Quand nous cherchons à échapper à l’ego, nous découvrons tous immanquablement notre bonté essentielle. C’est un périple héroïque ! La vie n’est pas facile, mais cela ne signifie pas qu’elle est mauvaise. Le cœur de la vie est bon et la preuve, c’est qu’au fond de nos cœurs, nous sommes bons. Nous finirons tous par le découvrir, ce qui est une preuve supplémentaire que la vie est bonne ! 153 LE SAUT QUANTIQUE DE LA FOI Il y a deux possibilités : faire confiance à l’ego ou faire confiance à l’Essence. On ne peut se fier à rien d’autre. A tout moment, nous nous fions à l’ego ou à l’Essence. La majorité des gens se fient à leur mental égoïque et non à l’Essence, mais même eux répondent occasionnellement à l’Essence. On aime et on se fie à tout ce à quoi on accorde son attention et pour la majorité, c’est au mental égoïque. Ce qui rend si dur d’avoir confiance en la vie, c’est que l’ego n’a pas confiance en la vie et ainsi, si on se fie au mental égoïque, on n’aura pas confiance en la vie. L’ego trouve qu’il est compliqué de se fier à la vie, la vie étant tellement imprévisible et changeante. Comment se fier à quelque chose comme cela ? Mais de telles qualités rendent-elles réellement la vie indigne de confiance ? Imprévisible, certainement, mais pas nécessairement indigne de confiance. Ignorer ce qui va ensuite arriver signifie-t-il que l’on ne peut pas avoir confiance en la vie ? Et si tout ce qui arrivait – et peu importe ce que c’est – servait la création, même si nous ignorons comment ? Est-ce tellement invraisemblable ? L’ego désire que la vie le serve ― ce que ne fait pas très bien la vie, car la vie sert un but supérieur : l’évolution de la Totalité. Il n’y a pas lieu de s’étonner que l’ego ne se fie pas à la vie pour qu’elle le serve, car elle ne sert pas l’ego ! Mais malgré l’imprévisibilité et le changement de la vie, la Totalité est servie. Il se peut que nous ne comprenions pas comment une expérience que nous vivons sert la Totalité, mais cela ne signifie pas qu’elle ne le fait pas. Avoir confiance en la vie veut dire avoir confiance en le fait que nos expériences ont un but et qu’elles peuvent être utilisées pour le bien de la Totalité. Rétrospectivement, vous pouvez sans doute constater que vos expériences les plus ardues furent très précieuses et qu’elles vous ont changé d’une manière très positive, comme rien d’autre n’aurait pu le faire. Lorsque nous vivons des temps difficiles, nous ne pouvons pas souvent nous imaginer comment de telles difficultés pourraient nous servir, mais avec le temps, cela devient souvent plus clair. Avoir confiance en le fait que nos expériences nous servent ainsi qu’à la Totalité nous aide à mieux en profiter et à les traverser avec d’autant plus de grâce. C’est une meilleure option que de croire que la vie est injuste, cruelle ou indigne de confiance, non seulement parce que nous fier à cela est plus bénéfique, mais aussi parce que c’est vrai. Si nous soutenons des idées vraies, la vie se déroule plus paisiblement que si nous soutenons des mauvaises idées. Une façon dont la vie nous ramène dans notre Foyer, c’est en nous montrant ce qui est vrai et faux. Les idées justes nous font bien nous sentir et engendrent le bonheur, alors que les idées fausses nous font nous sentir mal et résultent en de la souffrance. Si nous nous alignons sur la bonté et sur le positif, la vie opère mieux 154 que si nous nous alignons sur l’ego et sur sa négativité. Voilà comment la vie nous indique la bonté et l’amour et comment elle nous éloigne de l’ego et de la souffrance. Se fier à la vie est pour l’ego un saut quantique au niveau de la foi, et c’est un saut qu’il n’effectuera jamais. Ce qui finalement se résout à faire confiance à la vie, c’est l’être ‘’qui se réveille de l’ego’’. Cet être opère un saut quantique, quand il est enfin tellement désillusionné de l’ego qu’il est prêt à envisager une autre possibilité. Il peut alors le faire, parce qu’il a pris suffisamment de distance par rapport à l’ego et parce qu’il a acquis assez d’expérience de lui-même en tant qu’Essence. Il a suffisamment goûté l’Essence pour savoir que quelque chose d’autre vit la vie audelà de l’ego. Laisser derrière soi l’ego et sa méfiance à l’égard de la vie est plus compliqué, si l’on n’a pas vécu des expériences de qui l’on est réellement. Si l’Essence ne nous est pas très familière, alors nous ignorons ce qui prendra la place de l’ego. Beaucoup de personnes voient qu’elles ne sont pas l’ego, ni le mental, mais elles n’ont pas vu suffisamment clairement qui elles étaient réellement pour être prêtes à sortir de l’identification avec l’ego pendant très longtemps. Où iraient-elles ? Leur ego leur dit qu’il n’y a rien d’autre et quand elles regardent, ce qui se situe au-delà de l’ego ressemble à un vide, à un néant. Qui nous sommes réellement peut avoir l’air joliment vide et insubstantiel et donc terrifiant, si nous n’en avons pas eu une expérience plus pleine et complète. Une telle vacuité peut rendre effrayante la désidentification d’avec l’ego jusqu’à ce que nous parvenions à voir que quelque chose de tout à fait digne de confiance vit notre vie. Ainsi, pour la majorité des personnes, quitter l’ego pour l’Essence est un processus graduel : elles trempent un doigt de pied dans l’Essence, pour ainsi dire, avant de s’en retourner en courant à leur ego, puis de revenir à l’Essence. Au bout du compte, elles demeurent plus longtemps dans l’Essence ― assez longtemps que pour commencer à lui faire confiance. A un moment donné, on est prêt à effectuer le saut quantique et à laisser l’ego derrière, mais uniquement si on a suffisamment vécu d’expériences de l’Essence pour voir que l’Essence existe et qu’elle est digne de confiance. 155 L’IMPORTANCE D’EXPÉRIMENTER L’ESSENCE Nous expérimentons constamment l’Essence, puisque l’Essence est qui nous sommes, mais il est possible que nous ne soyons pas toujours conscients d’être l’Essence, car nous nous prenons pour le personnage que nous paraissons être et pour toutes les idées que nous avons de nous-mêmes. L’Essence est le substrat ou l’espace dans lequel vit ce personnage. Qui nous sommes réellement n’est ni une entité, ni un être, mais toutes choses, ce compris l’espace dans lequel tout apparaît. Qui nous sommes est également la Conscience de l’ensemble. Nous ne pourrions pas être continuellement conscients de l’Unité que nous sommes, puisque cela ne serait pas fonctionnel, mais nous pouvons être conscients de la dimension spirituelle. L’ego ne reconnaît pas la dimension spirituelle, car l’ego n’en fait pas l’expérience ou si l’ego fait l’expérience de la dimension spirituelle, il rejette cette expérience : ‘’Oh, cela ? Ce n’est rien ! A quoi ça sert ?’’ L’ego ne s’intéresse qu’aux choses qui peuvent promouvoir ses objectifs. Quand l’ego commence à croire que la spiritualité a quelque chose à lui offrir, un nouveau moyen d’améliorer sa situation, alors l’ego s’intéresse à la spiritualité. L’ego se lance parfois dans la recherche spirituelle, mais pour ses propres raisons et non à cause d’une désillusion par rapport à ses objectifs. Celui qui se lance dans la recherche spirituelle pour d’autres raisons, c’est l’être qui est prêt à s’éveiller. C’est possible, car il a acquis du détachement par rapport à l’ego et car il s’est désillusionné des objectifs de l’ego. Parfois, cet être s’identifie à l’ego, mais souvent, ce n’est pas le cas. Quand il ne s’identifie pas à l’ego, il expérimente l’Essence – simplement l’Être – et il en arrive à aimer cet état d’être et il veut davantage expérimenter cet état. Les expériences de l’Essence le poussent plus loin sur la voie spirituelle vers de nouveaux aperçus de l’Essence. Ces expériences sont très importantes dans le voyage spirituel. Quand on s’identifie à l’ego, on n’a pas le sentiment qu’un autre mode de vie est possible avant d’avoir une certaine familiarité avec l’Essence. Les rencontres avec l’Essence nous montrent que nous sommes quelque chose qui se situe au-delà de l’ego et elles nous motivent à nous désidentifier de l’ego. En cours de route, on peut vivre des expériences profondes de la dimension spirituelle qui peuvent changer la vie et qui renforcent l’engagement à découvrir la vérité sur soi et la vie. Les expériences spirituelles alimentent le dynamisme spirituel et elles favorisent le voyage de retour au Soi. Elles offrent des aperçus de la vérité qui montrent le chemin de la vérité et qui motivent sa recherche. 156 Les expériences de l’Essence sont accessibles chaque fois que nous nous fondons dans l’instant présent, mais elles ne deviendront pas plus courantes, à moins de les accueillir et de leur faire de la place dans notre vie. Sans les reconnaître, ni valoriser de telles rencontres avec l’Essence, nous n’en ferons pas l’expérience autant qu’il est possible de le faire. Sans un choix conscient de notre part, le voyage spirituel se déroulera plus lentement, mais si nous choisissons consciemment de nous fondre dans l’Essence, le voyage peut se dérouler plus rapidement. A un certain stade, la majorité des chercheurs spirituels éprouvent la profonde nostalgie du retour chez Soi et cette aspiration renforce leur volonté de préférer l’Essence à l’ego. La méditation constitue peut-être le moyen le plus efficace et le plus puissant pour inviter l’Essence dans votre vie et apprendre comment passer de l’ego à l’Essence. Par l’entremise de la méditation, nous découvrons à quoi ressemble l’Essence, ce qui est important parce que cette expérience nous indique où nous allons. La méditation nous offre aussi une pratique pour nous y rendre et elle nous aide à triompher de l’habitude d’écouter le mental. La plupart des personnes qui s’éveillent et qui se stabilisent dans cet Eveil ont régulièrement pratiqué la méditation, même si ceci n’est pas universellement vrai. La méditation est habituellement nécessaire pour préparer le terreau de l’Eveil et pour pouvoir maintenir une connexion avec l’Essence au milieu de la vie. Expérimenter l’Essence au cours de la méditation est une chose, mais pouvoir l’incarner et la vivre comme telle, c’est encore autre chose. Avec suffisamment d’expériences de l’Essence pendant la méditation, l’Essence devient si familière qu’elle devient votre état ordinaire. Il y a d’autres chemins pour parvenir à connaître l’Essence et ceux-ci passent par d’autres moyens qui modifient la conscience, comme la danse, le chant, le ressourcement dans la nature, jouer et écouter de la musique et l’art créatif. Ce sont des méthodes traditionnelles et consacrées par l’usage qui permettent de modifier le niveau de conscience, de se désidentifier de l’ego et de se familiariser avec l’Essence. Des sports exigeant une attention indivise peuvent aussi induire l’Essence. Tout ce qui entraîne la concentration de l’esprit et qui vous aide à transcender le commentaire mental de l’ego peut induire l’Essence. Plus vous avez des expériences de l’Essence et plus de telles rencontres durent et plus votre programmation qui consiste à vous identifier au mental égoïque est neutralisée. Au bout du compte, cette programmation s’affaiblit tellement qu’elle perd sa capacité à capter votre attention et alors, il est réellement possible de vivre en tant qu’Essence. 157 PAR RAPPORT À LA FIABILITÉ DE LA VIE Nous pouvons nous fier à la vie, comme elle est. Ce à quoi nous ne pouvons pas nous fier, c’est que la vie soit différente de ce qu’elle est. En d’autres termes, nous ne pouvons pas nous fier à ce que la vie soit comme l’ego veut qu’elle soit. Nous pouvons nous fier à ce que la vie soit imprévisible, toujours changeante et à ce qu’elle constitue un défi. Nous ne pouvons pas nous fier à ce que la vie soit prévisible, la même et facile, comme le voudrait l’ego. Parce que la vie n’est pas comme l’ego voudrait qu’elle soit, l’ego prétend que la vie n’est pas fiable, mais la vie est juste comme elle est et nous pouvons nous fier à cela. Il y a encore beaucoup d’autres choses auxquelles nous pouvons nous fier par rapport à la vie et contre lesquelles l’ego peste : ainsi, par exemple, nous pouvons nous fier au fait que nous vieillirons et que nous mourrons. Nous ignorons à quoi ressemblera la mort, mais nous pouvons nous fier au fait que la mort se produira. L’ego n’apprécie pas que nous vieillissons ni que nous mourrons ou que nous ignorons à quoi ressemblera la mort ou quand celle-ci se produira. L’ego veut savoir. Le besoin de savoir de l’ego est à la base de beaucoup de souffrance. Il veut savoir dans un univers où l’on connaît réellement peu de choses. Ainsi, le fait de vouloir savoir ne manquera pas de provoquer beaucoup de souffrance. Un tel désir n’est pas réellement un désir, puisqu’il est tellement irréaliste. Il s’agit plutôt d’une complainte : ‘’Mais je veux savoir !’’, crie l’enfant colérique. Nous avons tous un ego qui prend la forme d’un enfant colérique et qui pique des crises chaque fois que la vie ne se conforme pas à ses attentes. Cet enfant n’est jamais content, parce qu’il veut que la vie soit autrement qu’elle est. L’ego est notre part irrationnelle qui a ses exigences impossibles à l’égard de la vie, plutôt que d’accepter la manière dont sont les choses. Tranquilliser cet enfant colérique est possible, mais il faut lui parler gentiment et avec compassion et ne pas polémiquer avec lui. Cet enfant a peur de la vie et cette peur ressort sous la forme de frustration, de colère et d’exigences. Ce dont il a besoin, c’est d’être réconforté et de la certitude que lui, l’enfant, sera OK. Lui procurer cette assurance l’aide à le tranquilliser. Ceci peut sembler être un exercice ridicule, mais l’enfant réside dans l’inconscient et nos parties inconscientes peuvent se guérir en les reconnaissant et en nous adressant à elles. Expliquer à cet enfant qu’il est OK et sûr que la vie soit comme elle est peut nous aider à accepter la vie et à nous fier à la vie à un niveau plus conscient. Cette part primitive de nous-mêmes – l’enfant colérique – a besoin d’être rassurée sur le fait que la vie est bonne et sûre et sur le fait que lui, l’enfant, peut sortir et aller y jouer, dans un certain sens. Sans cette assurance, l’enfant colérique pourra 158 nous saboter d’une manière ou d’une autre, dont nous n’avons pas conscience. Il s’irrite pour de petites choses ou il nous empêche de suivre notre cœur. L’enfant colérique est la voix de la méfiance et pour ceux qui ont été blessés pendant leur enfance, cette voix est forte et sa peur est réelle. ‘’La vie n’est pas bien. Le monde n’est pas un endroit sûr !’’ Approuver cette voix colérique nous garde identifié à l’ego qui tente de contrôler la vie et de la rendre sûre par le biais de ses stratégies. Suivre les stratégies de l’ego pour davantage de sécurité et de garanties peut accaparer beaucoup de notre énergie et faire en sorte que nous placions notre énergie dans des directions insatisfaisantes. L’enfant a peur et pour étouffer sa voix, nous pouvons faire beaucoup de choses qui sont inutiles et il est inutile de les faire, parce que la vie est en réalité plus sûre que nous le supposons. Qu’y a-t-il de si sûr dans la vie ? Si l’assurance signifie la prévisibilité, alors la vie n’est pas sûre, parce que la vie est imprévisible, mais si l’assurance signifie que des ressources seront disponibles au moment où nous en aurons besoin, alors la vie est sûre. Examinons ceci ! Quand vous avez eu des soucis, quand vous avez eu un accident de voiture ou quand vous êtes tombé malade, par exemple, des ressources étaient-elles disponibles pour vous aider ? L’accident, la maladie ou toute autre difficulté était peut-être inévitable, car ils font partie intégrante de la vie – et on peut leur faire confiance pour qu’ils fassent partie de la vie – mais des ressources intérieures et extérieures sont-elles apparues pour vous aider à vous sortir de cette difficulté ? Même quand nous sommes totalement seuls, nous avons des ressources intérieures pour faire face à n’importe quelle difficulté. Même si notre ego peut aussi nous causer de sérieux problèmes en période de stress et de tension, une voix plus positive et plus sage est toujours accessible. Certaines personnes sont plus conscientes de cette voix, mais chacun y a accès. Lors de périodes éprouvantes, nous découvrons souvent la présence et le pouvoir de cette voix et la force intérieure qui est en nous. En période de crise ou en période difficile, l’Essence nous fournit également aussi généralement des gens qui sont prêts à nous aider. Une telle assistance est la fonction de la société. Une société ou une communauté aide ses membres à survivre. Les sociétés et les communautés existent, parce que la bonté divine qui est en nous les a créées pour que celles-ci apportent leur soutien à ses nombreuses manifestations. Quand la majorité des gens voient une autre personne qui souffre ou qui a des problèmes, ils répondent naturellement à la situation et proposent leur aide. En période de crise, on peut observer beaucoup d’actes héroïques qui le prouvent. Peu importe ceux qui ne font rien, l’ego sera toujours fort chez certains. 159 Les personnes relativement peu nombreuses qui ne sont ni prêtes à aider ni à se montrer généreuses ne nient pas la réalité de la bonté en chacun. Une autre chose pour laquelle on peut se fier à la vie, c’est la capacité d’évoluer et d’apprendre de la vie. Même si certains semblent très peu évoluer ou apprendre très peu de la vie, ne pas évoluer et ne pas apprendre est en réalité très difficile. Ne pas évoluer exige beaucoup de résistance et d’entêtement, mais même les individus les plus bornés finissent par évoluer et peuvent le faire brusquement au terme de leur vie, au moment où ils font le bilan de leur vie. Ou une évolution peut survenir, quand ils ont quitté leur corps et quand ils font le bilan de leur vie avec l’aide de guides spirituels. Si vous faites confiance à la vie pour vous apprendre quelque chose, vous n’aurez pas tort. Nous pouvons compter sur la vie pour que celle-ci nous enseigne et nous pouvons compter sur le fait que la vie nous enseigne via des défis. Ce sur quoi nous ne devons pas compter, c’est sur le fait que nous n’aurons aucun défi à relever et que nous ne connaîtrons ni la douleur, ni la peine d’évoluer. Quand nous nous attendons à ce que la vie soit comme elle est – imprévisible, changeante, ardue, stimulante et pleine d’évolutions – alors, la vie est absolument fiable. La vie est parfaitement fiable dans cette optique. L’Essence a conçu la vie pour qu’elle soit ainsi et donc elle n’a aucun problème par rapport au fait que la vie soit ainsi. Nous expérimentons la paix et l’acceptation, si nous nous fondons dans l’Essence et quittons le mental égoïque qui est la seule chose qui se méfie de la vie. L’ego se méfie de la vie, simplement parce qu’il n’accepte pas que la vie ne consiste pas à combler ses désirs et ses rêves, mais en quelque chose de beaucoup plus profond et de beaucoup plus merveilleux. La vie consiste en une évolution, et plus particulièrement en notre évolution vers l’amour en laissant toute peur, et pour pourvoir à cette évolution, la vie est parfaitement fiable. 160 VOIR LA VIE COMME ELLE EST Si nous ne voyons pas la vie comme elle, alors nous fier à elle est compliqué. La vie ne semble pas fiable, parce qu’elle ne cadre pas avec notre image de ce à quoi elle devrait ressembler. L’ego voit la vie en noir et blanc, en bon et mauvais. Il ne voit pas la vie comme elle est – ce qui est toujours un mélange de ce que l’ego considère comme bon et mauvais. L’Essence ne catégorise pas la vie, bien entendu. La vie est juste comme elle est. Quand nous voyons la vie comme elle est et quand nous l’acceptons comme elle est, nous sommes heureux et en paix. Une fois que nous réalisons que la vie ne va jamais parfaitement satisfaire le moi (ou déplaire) au moi que nous pensons être, nous pouvons nous détendre. L’ego dit : ‘’Cela ne me plaît pas !’’ – tout en omettant ce qui lui plaît. Ou il dit l’inverse : ‘’Cela me plaît !’’ – tout en omettant ce qui lui déplaît. Dans l’un ou l’autre cas, l’ego omet la moitié de la vérité. L’ego opère de la sorte pour développer son argumentation pour changer quelque chose, puisque c’est pour cela que les ego ont été créés – pour répudier la vie et pour ensuite tenter de l’arranger. Si nous prêtons attention à l’ego, nous expérimenterons la version de la vie de l’ego, qui est unilatérale. La vérité à propos de la vie est qu’elle a de nombreuses facettes. La vie ne rentre pas dans une simple description ou dans une simple histoire. Aucune histoire ne relate entièrement le récit d’une expérience. Chaque histoire omet tellement de choses : d’autres éléments de l’expérience et d’autres perspectives possibles. L’ego considère une expérience à partir d’un angle particulier et il considère cela comme étant la vérité par rapport à elle, mais une seule version d’une expérience n’est pas la vérité totale – même si beaucoup d’autres personnes (ego) adhèrent à cette version. La vérité est que toute expérience peut être à la fois éprouvante et merveilleuse. Il n’y a aucune expérience qui n’ait pas quelque chose d’éprouvant ou de merveilleux, que cela soit apparent ou non. Le mariage en est un parfait exemple. On espère que cela soit une expérience merveilleuse, mais la réalité est qu’un mariage peut être très éprouvant. Ou prenez l’exemple d’une intervention chirurgicale. On s’attend à ce que l’opération soit éprouvante, mais tout l’amour et toute l’attention que nous recevons de la part des autres, à quoi s’ajoutent la gratitude que nous ressentons pour le fait d’être toujours vivant et pour toute l’aide reçue peuvent rendre l’expérience merveilleuse. La vie peut osciller très vite entre la joie et la gageure, l’amour et la peur, la tension et la détente, le plaisir et la douleur. De telles expériences peuvent même être présentes simultanément dans le même instant. Notre expérience ne reste jamais la même pendant longtemps et chaque moment constitue un mix. 161 Lorsque nous sommes en mesure d’appréhender la riche complexité présente dans chaque instant et dans chaque expérience, il est possible de nous réjouir dans la vie, d’éprouver de la gratitude à son égard et d’aimer le mystère d’ignorer ce qui va ensuite se passer. Comment la vie va-t-elle se manifester dans l’instant d’après ? Quels seront les ingrédients du moment ? Quelle sera la suite ? Quand nous nous situons dans l’instant présent, c’est ce que nous ressentons par rapport à la vie et ce que ressent l’Essence qui vit par notre intermédiaire. Voir la vie comme elle est réellement – c’est-à-dire un mix – nous permet de nous fier à la vie, parce que la vie est inévitablement un mix. On peut s’attendre et se fier au fait que chaque moment sera un mélange de choses qui plaisent à l’ego et de choses qui ne lui plaisent pas. Chaque moment constitue une expérience unique et aux multiples facettes. L’Essence apprécie ce caractère unique et cette inclassabilité de chaque moment qui le rendent riche et précieux. L’Essence savoure la fragrance unique de chaque instant, tandis que l’ego lutte pour prendre position, pour le définir et pour le circonscrire. L’Essence se détend à tout moment, tandis que l’ego se prépare au combat, mais même la querelle de l’ego avec la vie est matière à réjouissance pour l’Essence. Voir la vie, telle qu’elle est réellement nous permet de nous détendre. Quel soulagement ! Nous pouvons enfin renoncer à nous battre contre la vie, parce que ce n’est pas une bataille qui vaut la peine d’être menée et parce que nous ne remporterons jamais cette bataille. La vie est comme elle est et l’acceptation est l’unique voie qui conduit à la paix et au bonheur. Une fois que nous acceptons la vie, nous commençons à mieux nous laisser porter par elle et nous remarquons à quel point elle est vraiment fiable. La vie est fiable, non seulement parce que nous pouvons nous fier au fait qu’elle soit comme elle est, mais aussi, parce que sa manière d’être est bonne et parce qu’elle nous conduit vers davantage de bonté, d’amour et de liberté. C’est notre destinée d’exprimer notre bonté, d’aimer et de nous libérer de la souffrance. C’est la fin(alité) heureuse de cette histoire d’évolution, aussi la vie doit-elle être très fiable, après tout, puisque là où elle nous conduit est là où nous avons toujours voulu nous rendre. 162 OBTENIR ET DONNER L’ego est toujours en train d’essayer d’obtenir quelque chose pour lui-même de la part des autres et de son environnement, parce qu’il a peur et parce qu’il est malheureux. Il croit qu’il n’a pas assez pour être heureux, aussi sa stratégie est-elle de conserver ce qu’il a et d’obtenir davantage de ce dont il pense avoir besoin pour être heureux. Cette stratégie peut paraître sensée – et pour l’ego, elle l’est. Cependant, la solution réelle à la perception de ne pas avoir assez, c’est de se rendre compte que cette perception est fausse et que nous avons toujours eu assez pour être heureux. Actuellement, nous existons et nous sommes soutenus dans cette existence, ce qui a toujours été vrai et ce qui sera toujours vrai jusqu’à ce que nous quittions le plan physique. Du lieu de la réalisation, nous avons ce dont nous avons besoin pour être heureux et ce n’est qu’à partir de ce lieu de plénitude que le don peut s’effectuer, parce que si nous croyons ne pas avoir suffisamment pour être heureux, pourquoi donnerions-nous ? La conviction de l’ego de ne pas avoir suffisamment bloque l’amour, qui est essentiellement un flux sortant d’attention, d’énergie ou de dons pour autrui. Si la plupart des gens croient ne pas avoir suffisamment pour être heureux, la circulation globale d’amour et d’énergie est lente et poussive, mais si la majorité des gens pensent le contraire, l’amour et l’énergie circulent, prouvant par-là l’abondance et le soutien qui est disponible dans la vie. L’Unité pourvoit pour ellemême et prend soin d’elle-même dans ses manifestations multiples en donnant. Nous sommes libres de choisir le mode égoïste et de garder ce que nous avons à donner ou de donner plus librement et libéralement. Le résultat de ces deux choix est très différent : si nous donnons librement et libéralement, nous nous sentons entiers et accomplis, alors que si nous thésaurisons, nous nous sentons petits, mesquins, impuissants et insuffisants. Nous sommes destinés à apprendre que c’est donner qui nous comble, tandis que thésauriser et tenter de grappiller nous fait nous sentir vides et encore plus dans le besoin. Une telle compréhension s’oppose à notre programmation qui nous pousse fortement à essayer d’obtenir quelque chose des autres pour combler notre état de manque ― seulement pour finir encore plus dans le besoin, en manque, avides et insatisfaits. La valeur du don est l’un des grands secrets de la vie. Donner requiert un acte de foi : avoir la foi et la confiance que donner en vaut la peine. Une fois que nous commençons à nous fier à cela et que nous voyons les résultats du don, alors donner devient nettement plus facile, même quand nous avons l’impression de ne pas avoir assez. Pour avoir cette foi, nous devons juste voir que le sentiment de ne pas avoir assez n’est pas authentique, mais simplement la manière dont l’ego considère la vie. Ces impressions ne disent pas la vérité à propos de la vie, ce sont des émanations de la programmation du faux moi. 163 Permettre à la perception d’un manque d’interférer avec le don produit ce sentiment de manque auquel croit l’ego. La conviction de l’ego de ne pas avoir assez est une prédiction qui se réalise, une prophétie qui s’accomplit. Aussi longtemps que nous croirons ne pas avoir assez pour être heureux, nous ne donnerons pas et nous ne découvrirons pas la vérité qui est que la Vie pourvoit abondamment pour nous dans la mesure où nous participons au flux global d’émission du don, mais si nous nous dissocions du Tout, alors nous ne profiterons pas aussi pleinement que possible des flux de la Vie. La Vie nous appelle à sauter à pieds joints dans l’écoulement de l’abondance et à y apporter notre contribution et plus nous le ferons et plus nous pourrons tous vivre dans la profusion. 164 6ÈME PARTIE : PROFITER AU MIEUX DU MOMENT PRÉSENT 165 PROFITER AU MIEUX DE LA VIE Nous sommes tous tellement puissants ! Nous avons le pouvoir de profiter un maximum de la vie, du moment présent, ou de rendre la vie désagréable. L’instant est ce qu’il est et ce que l’on y introduit le rend soit appréciable ou bien stressant et déplaisant. Nous sommes destinés à découvrir que nous sommes les puissants créateurs, si pas de l’entièreté de notre réalité, à tout le moins de notre expérience de la réalité. Nous ne sommes pas responsables de ce que recèle chaque instant, mais nous sommes responsables de notre expérience de chaque instant, puisque nous avons le pouvoir de transformer chaque instant en paradis ou en enfer. Nous ne créons pas notre réalité globale, puisque d’autres forces sont à l’œuvre, mais la manière dont nous pensons à la réalité et dont nous interagissons avec elle (ce qui se manifeste dans l’instant) l’affecte dans une certaine mesure et elle affecte certainement notre expérience de celle-ci. Jusqu’à quel point pouvez-vous profiter du moment présent ? Et si c’était là votre travail, votre objectif, votre unique but ou celui de votre âme ? Et si vous approchiez chaque instant dans cette optique ? Si vous étiez bien décidé à profiter de chaque instant, alors vous feriez le nécessaire, et ce qu’il faut, c’est ne pas écouter les pensées négatives – que ce soient les vôtres ou celle des autres. Faire abstraction des pensées négatives, ce n’est pas se mettre la tête dans le sable, mais simplement ne pas permettre à la négativité de polluer, ni d’influencer notre expérience du moment présent. Même si nous sommes programmés à croire que nos pensées négatives, nos inquiétudes et nos craintes servent une fonction, l’instant n’est jamais aidé, ni amélioré par de la négativité. Se focaliser sur de la négativité et sur des craintes ne rend pas quelqu’un meilleur et ne l’aide pas à mieux fonctionner. C’est l’inverse qui est vrai. Comment profiter au maximum de l’instant ? Accordez-lui d’abord toute votre attention. Observez ce que vous expérimentez intérieurement, intuitivement et par l’entremise de vos sens. Observez l’expérience que vous vivez sans la juger ni y penser. La voix mentale qui fait ses commentaires sur la vie et sur l’expérience n’est ni utile, ni sage. Il s’agit d’un imposteur, d’un faux soi, et cette voix n’a rien à vous apporter. Ne l’écoutez pas ! Si vous le faites, le jus et la joie seront sucés en dehors de la vie. Jouir de la vie, c’est une question de reconnaître Cela qui est dans la joie et qui est l’Etre que nous sommes, l’Essence. L’Etre qui vit notre vie est enjoué et Il profite de chaque instant. Il se réjouit de l’expérience qu’Il est en train de vivre, quelle que soit cette expérience, parce que cet Etre n’a ni jugement, ni histoire à raconter sur aucune expérience ou sur n’importe quoi. Il est simplement dans la joie, en permanence. 166 Nous avons le pouvoir d’expérimenter cette joie ou de l’ignorer, et à la place, d’expérimenter les histoires et les jugements du mental sur le moment, les commentaires interminables du mental. Nous sommes assez forts pour reconnaître quel choix apporte le plus de joie et pour décider. Si nous voyons que nous faisons des choix qui n’utilisent pas l’instant au mieux, nous pouvons choisir différemment. Si nous choisissons d’expérimenter le moment présent plutôt que les commentaires du mental à son sujet, notre expérience de la vie change. Donc, que votre question-guide soit : ‘’Comment puis-je profiter au maximum de cet instant ?’’ Même si chercher à profiter de l’instant peut paraître égoïste et sembler servir ses propres intérêts, rechercher la joie du Cœur est en réalité la chose la plus désintéressée et généreuse que vous puissiez faire, parce que pour pouvoir profiter un maximum, le faux soi égoïste doit disparaître ! Et le Soi qui demeure se sert supérieurement – et la totalité de la vie – par votre entremise… 167 JE PRÉFÉRERAIS ALLER PÊCHER Une résistance à ce que nous sommes en train de faire est souvent provoquée par le sentiment subtil que faire autre chose est plus important. Subtilement et inconsciemment, nous diminuons dans notre esprit l’importance de certaines activités, comme ramasser tout ce qui traîne dans la maison, sortir le chien, prendre une douche ou aller faire nos courses, comme si ces activités ne faisaient pas partie intégrante de la vie ou ne devraient pas en faire partie. Nous avançons inconsciemment dans beaucoup d’activités routinières sans être présents et souvent avec du ressentiment, comme si elles nous faisaient rater quelque chose qui en vaudrait plus la peine ou de plus important ou de plus amusant. Ce que nous ne saisissons pas, c’est que le fait de ne pas accorder notre attention totale à l’activité qui est en cours ou de ne pas lui être présent est la cause de notre mécontentement ou de notre ennui par rapport à celle-ci, et pas l’activité ellemême. Etant donné que nous n’avons généralement pas beaucoup d’excitation ni le sentiment d’être spécial en accomplissant des activités routinières, l’ego les rejette et pense à elles, comme à des choses qu’il est contraint de faire et donc, l’ego a tendance à opposer de la résistance aux tâches ordinaires ou à les faire à la va-vite. Mais la vie n’est pas conçue pour le divertissement, le plaisir et la stimulation de l’ego. La vie est comme elle est et la valeur de la vie et de ce que nous faisons ne se mesure pas adéquatement avec les standards de l’ego. L’Essence apprécie tout dans la vie. Elle embrasse pareillement chaque instant, sans juger si une activité en vaut la peine ou pas. Nous ne pouvons réellement rien rater dans la vie, dans la mesure où nous lui sommes présents, peu importe comment elle se manifeste. Nous passons seulement à côté de la vie, quand l’ego nous empêche d’être présents à ce que nous sommes en train de faire, parce qu’il le juge indigne de notre engagement et de notre attention totale. Penser que certaines activités sont intéressantes et d’autres pas nous rend insatisfaits par rapport à beaucoup de choses que nous expérimentons et qui doivent être faites. La majorité de notre temps est accaparé par des activités et des devoirs terre-à-terre ordinaires et peu de moments fournissent à l’ego l’excitation et le boost pour son estime personnelle qu’il réclame. Si nous attendons le genre de moments que l’ego désire pour être heureux, nous attendrons longtemps. C’est l’impression que la vie laisse, quand nous nous identifions à l’ego. Ces rares moments d’excitation que l’ego espère fileront tout aussi vite que n’importe quel autre moment, ce qui nous laissera de nouveau dans des moments ordinaires peu glamour, mais ayant leur propre beauté. 168 Chaque instant recèle la beauté à laquelle nous aspirons, si nous sommes prêts à la voir. L’Essence voit la beauté en toutes choses, tandis que l’ego survole tout ce qu’il a déjà vu auparavant, comme si ces choses n’existaient pas. L’ego ignore ce qu’il voit, tandis que l’Essence voit réellement ce qu’Elle voit. Lorsque nous nous situons dans l’Essence et lorsque nous voyons réellement quelque chose, notre Cœur s’ouvre et nous aimons ce que nous voyons, peu importe l’apparence, et lorsque nous nous situons dans l’Essence et lorsque nous nous engageons réellement à faire quelque chose, tout ce que nous faisons est étonnamment plaisant ! L’ego a ses idées sur le plaisir, mais la vie ne s’y conforme qu’occasionnellement et pendant ce temps-là, l’ego manque le plaisir et la beauté qui sont présents dans tout ce que nous faisons, si seulement nous accordons à cela toute notre attention. 169 FAIRE CE QUI SE PRÉSENTE À VOUS Vivre à partir de l’Essence est souvent une question de faire ce qui se présente à vous : si quelque chose a besoin d’être ramassé, vous le ramassez, naturellement ; si une personne se présente à vous et si elle a besoin de votre aide, vous la lui offrez ; si la vaisselle a besoin d’être faite, vous la faites ; si un travail doit être effectué, vous le faites, une étape après l’autre. Ou si vous avez besoin de repos, vous vous reposez. Ou si vous avez besoin de manger, vous mangez. Le mental complique la vie avec moult pensées concernant la manière, le moment, le pourquoi et l’opportunité de faire plein de choses. Il prévoit et pense à faire des choses, alors que la vie est plus simple que cela. La plupart du temps, vivre est juste une question de faire ce qui demande à être fait. La vie nous appelle à agir. Le téléphone sonne, les enfants réclament quelque chose, le chien nous regarde avec insistance, un courriel arrive, des papiers s’entassent sur notre bureau, le réfrigérateur est vide, le panier à linge est rempli, des idées ou une inspiration surgissent…Nous pouvons penser que notre ego et que notre conditionnement sont responsables de l’accomplissement de ce que nous faisons dans une journée, mais l’ego ne fait réellement rien du tout ! (Comment le pourrait-il, alors qu’il n’existe même pas ?) L’ego ne fait que penser à faire des choses. Il délibère, il plaide, il résiste, se plaint et se tracasse par rapport à ce qui demande à être fait et pendant ce temps-là, nous agissons en choisissant si notre action est une réponse au mental égoïque ou si elle émane naturellement de l’Essence. Ce qui doit être fait à chaque instant est compliqué par la résistance, par les inquiétudes et par les plaintes du mental, ainsi que par ses plans concernant l’avenir et son passage en revue des événements du passé. Toutes ces réflexions consomment pas mal d’énergie. Ce qui doit être fait à chaque instant est également compliqué par des émotions, dont l’ego est aussi responsable. Les émotions prennent aussi du temps et de l’énergie plutôt que d’avancer simplement dans la vie. Quand des émotions surgissent, elles apparaissent comme un problème à résoudre et la manière dont le mental égoïque pense aux choses crée encore plus de problèmes apparents à régler et de choses à faire, dont beaucoup sont inutiles. Une raison pour laquelle les gens se sentent submergés par la vie, c’est qu’ils s’attendent à pouvoir faire tout ce qu’ils pensent faire, mais penser est beaucoup plus facile que faire ! Faire prend du temps, alors que penser n’en nécessite pas, par comparaison. Nous avons tendance à comparer comment nous voulons que les choses aillent et la durée que prend réellement une chose et nous avons donc l’impression de ne pas avoir suffisamment de temps, mais nous avons toujours assez de temps pour ce que nous sommes en train de faire – puisque nous sommes 170 en train de le faire. Il est possible que nous n’ayons pas le temps pour ce que nous songeons à faire, parce que nous pouvons penser à faire tellement de choses. Le mental est toujours en train d’aller de l’avant vers d’autres choses, alors que nous sommes en train de faire ce que nous sommes en train de faire et ceci nous laisse l’impression que le temps manque. Nous nous sentons pressés et stressés, alors que tout ce qui nous est demandé se trouve juste devant nous. C’est tout ce que nous pouvons faire, de toute façon. Si nous prenons le moment présent simplement pour ce qu’il est, la vie est parfaitement gérable. La seule chose qui la rende ingérable, ce sont les pensées ― qui sont une tentative pour gérer la vie, ironiquement ! La tentative du mental pour gérer la vie nous fait quitter le moment présent et nous fait nous sentir malheureux, tendus et moins efficaces. Nous n’avons pas besoin de cette voix dans notre tête qui s’efforce tellement d’orchestrer tous nos mouvements et de remplir notre temps avec des activités et avec des occupations. Avec ses pensées concernant le passé et l’avenir, le mental égoïque crée le sentiment du temps, et puis nous fait sentir qu’il n’y en a pas suffisamment. L’ego est un tyran qui étire le temps. D’un autre côté, être dans le présent, sans la tyrannie du mental, est un lieu intemporel où l’on se réjouit de tout ce que l’on est en train de faire, et peu importe ce que c’est. Puisque nous ne pouvons accomplir qu’une certaine quantité à chaque instant, nous pourrions tout aussi bien profiter de ce que nous sommes en train de faire. Ecouter le mental ne nous aide pas à faire plus, mais nous fait seulement nous sentir inadéquats, stressés et mécontents par rapport à ce que nous sommes en train de faire. Lorsque vous constatez qu’écouter le mental égoïque est dysfonctionnel plutôt que fonctionnel, il devient plus facile d’ignorer la tyrannie du mental et sa pression, ses jugements, sa liste de choses à faire et ses inquiétudes. De telles pensées ne vous sont d’aucune utilité et ne vous ont jamais servi. Vous pouvez en terminer avec elles et vous pourrez accomplir tout autant ou vous découvrirez que ce vous pensiez devoir faire n’était pas nécessaire. Vous découvrirez également qu’il y a de la place dans le moment présent pour simplement se reposer et être. Une fois que le mental égoïque cesse de nous diriger, nous avons enfin ce que nous cherchions depuis toujours : le sentiment d’être arrivé ! Et là où nous arrivons, c’est la paix et la satisfaction. Nous ne ressentirons jamais ni la paix, ni le contentement en écoutant le mental et nous n’arriverons jamais là où l’ego nous pousse, car cela n’a pas de fin. 171 TROUVER DU PLAISIR L’ego est complètement focalisé sur la recherche du plaisir et l’ego trouve certainement du plaisir, mais quelle quantité et à quel prix, au fait ? Dans le monde de l’ego, la recherche du plaisir se transforme trop souvent en regrets, car nous continuons à poursuivre quelque chose qui nous procure du plaisir longtemps après sa fin. Manger illustre parfaitement à quel point trop rechercher le plaisir peut être insatisfaisant, car beaucoup d’entre nous mangent pour le plaisir jusqu’à en être malades. Où y a-t-il du plaisir là-dedans ? L’ego ne sait pas quand il doit s’arrêter. Si vous vous identifiez à l’ego et à la recherche du plaisir, profitez-vous réellement du plaisir qu’il y a là ? Profitez-vous réellement des aliments que vous mangez ? Quelle conscience avez-vous des saveurs de l’expérience réelle ? Si nous nous identifions à l’ego en mangeant, nous remarquons à peine la nourriture qui descend. L’ego est orienté vers ses objectifs, même par rapport à la nourriture, et son objectif est de se dépêcher de manger afin de pouvoir manger davantage encore. Y a-t-il vraiment tant de plaisir là-dedans ? Lorsqu’une chose est faite à l’excès et sans y être présent – ce qui est en général la manière dont l’ego poursuit le plaisir – cette expérience n’est pas aussi plaisante qu’elle pourrait l’être. Il est drôle que nous pensions généralement que le plaisir est antispirituel, mauvais ou immoral ou coupable (conformément à un certain conditionnement religieux), alors que le plaisir s’inscrit dans la vie. Nous ne pouvons pas être vivants sans faire l’expérience du plaisir. Nous sommes manifestement destinés à en faire l’expérience. Se pourrait-il que le plaisir soit l’une des intentions du Créateur en manifestant cette dimension ? Un des intérêts de la création, c’est que le Créateur expérimente le plaisir et tout le reste, par notre entremise. Le plaisir est bon ! Plus nous suivons la direction de l’Essence et plus nous nous écartons de l’ego et plus nous faisons l’expérience du plaisir, car le plaisir dépend largement du degré de présence à ce que nous sommes en train de faire. Tout peut être plaisant, à condition d’être présent à cela sans l’interférence du mental égoïque. Les choses les plus simples sont plaisantes, à condition d’être présent, même des choses que nous n’apprécions pas généralement. La Présence est l’un des secrets du bonheur. Plus nous délaissons notre mental égoïque pour être plus près de nos sens et plus de plaisir ils nous apportent. Il est ironique que l’ego poursuive le plaisir sensuel, alors que dans le même temps, il nous maintient en dehors de nos sens, impliqué dans nos pensées. Penser interfère avec n’importe quelle expérience sensorielle. Essayez seulement de lire et de manger en même temps ! Nous ne pouvons pas penser et être présents dans nos sens, simultanément. Nous faisons l’un ou l’autre. Cela signifie que si vous 172 pensez, vous ne serez pas pleinement présents à tout ce que vous pourriez être en train d’expérimenter. S’identifier à l’ego, c’est s’identifier à la pensée et souvent à des pensées négatives, et donc, s’identifier à l’ego interfère en fait avec le plaisir. Apprendre à quitter le mental égoïque pour entrer dans l’expérience de l’instant est une étape importante de notre évolution spirituelle, parce que cet acte tout simple est un passage de l’ego à l’Essence. Un réel plaisir est accessible à tout moment en étant simplement présents à tout ce que nous expérimentons. La vie nous récompense avec du plaisir, si nous sommes présents à ce que nous expérimentons, et c’est ainsi que la vie nous ramène dans notre Foyer. Le plaisir que l’ego nous offre est maigre, si on le compare avec le plaisir de la Présence, mais on ne s’en rend pas compte avant d’avoir réellement essayé d’être présent. Il faut de la pratique avant qu’être présent devienne aussi plaisant que possible. Plus vous apprenez à être présent à l’expérience que vous vivez et plus vous êtes heureux, non seulement parce que vous vous libérez de la négativité et des problèmes du mental égoïque, mais aussi parce que la Présence est en soi intrinsèquement plaisante et donc, si vous voulez trouver du plaisir (et pourquoi ne le voudriez-vous pas ?), cherchez là où vous pouvez réellement le trouver ― c’està-dire dans ce que vous expérimentez maintenant. 173 L’ATTENTE L’ego est toujours en train d’attendre quelque chose : une relation, des nouvelles à propos d’une chose qu’il désire, des vacances, une promotion, une réunion, une décision ou quelque autre évolution anticipée. Il y a toujours quelque chose qu’il guette ou qu’il espère expérimenter et qui devrait rendre sa vie meilleure. Une telle attente perpétuelle nous laisse avec le sentiment que quelque chose manque, maintenant, mais certaines des choses que vous attendiez dans le passé et même beaucoup d’autres ne sont-elles pas ici maintenant ? Ce qui est ici n’a pas d’importance pour l’ego, parce que l’ego se focalise sur ce qui n’est pas ici ― ce pourquoi il est précisément programmé. Il est programmé pour être orienté vers le futur, et non vers le présent. Le problème, quand on s’identifie à l’ego, c’est qu’être orienté vers le futur n’engendre pas une bonne impression. Nous imaginons que nous nous sentirons bien dans le futur en obtenant ce que nous désirons, mais en fait, l’expérience d’attendre et de désirer autre chose que ce qui est ici est un état de contraction et d’insatisfaction. Observez simplement quelle impression laissent l’attente et le désir dans votre corps. Les désirs nous rendent tendus et à cran, insatisfaits et mécontents. En plus de la tension et de l’insatisfaction, attendre quelque chose donne l’impression d’un vide, d’un manque qu’il faut combler. Ce sentiment de manque n’est pas non plus un sentiment très plaisant et donc, nous tentons souvent de combler ce vide par de la nourriture ou d’autres formes de plaisir. Si nous nous sentons malheureux et en manque, la solution de l’ego est de tenter de se sentir bien en compensant, ce qui conduit à rechercher le plaisir et des activités qui permettent de s’évader et de fuir la réalité aboutissant à se sentir encore plus mal, au bout du compte. Le manque ne peut jamais être comblé ainsi. La seule chose qui puisse combler le sentiment du manque, c’est quitter le mental égoïque pour se glisser dans l’Essence où la succulence du moment réel peut être expérimentée. Quand on songe on futur, le problème, c’est qu’il n’est pas réel. Il n’existe pas, hormis en tant qu’idée. Si nous prêtons notre attention au futur, nous la prêtons à une idée. Nous prêtons notre attention et notre énergie à quelque chose qui n’a aucune valeur et qui ne nous est d’aucune utilité. Cependant, l’ego ne sera pas convaincu que songer au futur n’en vaut pas la peine. Il est d’avis que de telles pensées peuvent créer l’avenir ou qu’elles l’aident au moins à faire face au présent, et aucun des deux n’est vrai. Penser à l’avenir nous maintient en dehors du présent, où la vie a lieu. Quand nous pensons à l’avenir, nous passons à côté de ce que la vie nous montre maintenant et qui pourrait avoir de la valeur pour le futur. Il se pourrait qu’une intuition ou qu’un éclair de lucidité jaillisse, inspirant alors une action dans une direction 174 profitable ou épanouissante. Si nous prêtons attention à nos pensées, nous pourrions manquer cette indication ou cette sagesse qui pourrait émaner du présent. L’ego a beaucoup d’avis et de conseils à donner, mais ils sont influencés par son conditionnement, pas toujours pertinent. Ce qui est vrai et ce qui est sage ne peut émaner que de nos profondeurs, de l’Essence, et non du mental égoïque qui prétend seulement savoir. Une fois que vous commencez à remarquer comment l’ego provoque de l’insatisfaction et un manque en créant un sentiment d’attente que quelque chose d’autre se produise, soyez juste présent à ce sentiment d’attente. Agir ainsi peut vous libérer de la souffrance causée par l’attente et par le désir que quelque chose se produise. Le sentiment d’attendre quelque chose de mieux sera toujours présent, étant donné que l’ego produit constamment ce sentiment. Observez simplement ce sentiment et reconnaissez-le pour ce qu’il est. C’est juste la manière de l’ego de traiter la vie. Ne vous identifiez pas à ce sentiment d’attente, c’est-àdire, ne croyez pas que vous serez heureux, lorsque quelque chose d’autre se produira. Vous pouvez être heureux directement maintenant, et tout ce qu’il faut, c’est voir que le bonheur ne dépend pas de quelque chose qui se produira dans le futur. Le bonheur ne dépend de rien. C’est notre état naturel. Lorsque nous sommes tranquilles, silencieux et réceptifs, le bonheur pétille à l’intérieur de notre conscience. Il est toujours là, mais nous n’en sommes pas conscients, si nous accordons toute notre attention à des pensées qui concernent l’avenir, à la place. Tournez votre attention vers ce qui se passe maintenant et vous n’aurez pas besoin que les choses soient différentes pour être heureux. Le moment présent suffit. Rien ne manque, si nous sommes réellement présents à ce qui est, plutôt que dans nos pensées. Nos pensées sont l’unique chose qui insiste sur le fait que ce qui est ici et maintenant ne suffit pas. Détournez-vous de ces pensées et alors, rien ne manque. Tout est simplement comme cela est censé être – et c’est la vérité. Reposez-vous simplement dans cette réalisation. Tout va bien et se déroule exactement comme il faut. Le savoir est source de paix. 175 QU’EST-CE QUI VOUS EMPÊCHE D’ÊTRE HEUREUX ? La pensée est la seule chose qui puisse nous empêcher d’être heureux. Voilà une vérité révolutionnaire ! La pensée qui interfère le plus avec notre bonheur est une pensée de manque, pensée qui est à la base de tout désir. Si nous ne pensions pas que quelque chose nous manquât ou fit défaut par rapport à nous-mêmes, quelqu’un d’autre, notre situation ou notre vie, nous ne serions pas malheureux. L’insatisfaction est provoquée par la croyance ou par la conviction que quelque chose dont nous pensons avoir besoin pour être heureux nous manque. C’est cette croyance ou cette conviction qui nous rend malheureux, et non le fait que quelque chose soit là ou non maintenant. L’ego génère des pensées de manque. Le sentiment de manque créé par cette croyance ou par cette conviction que quelque chose manque produit un désir qui est simplement la pensée ‘’je veux’’ et ce désir est alimenté par de nouvelles pensées par rapport à ce que signifierait obtenir ou non ce que nous voulons. Puis, des sentiments comme la peur se manifestent, liés au fait que nous n’obtiendrions pas ce que nous voulons et nous agissons pour essayer de combler notre désir et de dissiper toute peur. Lorsque les désirs sont ainsi gonflés, ils paraissent très réels et importants. Nous croyons réellement que nous avons besoin de ce que nous désirons pour être heureux ou en sécurité. C’est ce sentiment de manque qui fait tourner le monde, et pas souvent de manière très heureuse, mais le désir et les actions qui émanent du désir nous apportent les leçons et les expériences dont nous avons besoin pour évoluer. Le sentiment de manque est également à la base de la souffrance humaine et cette souffrance est inutile. Que croyez-vous qu’il manque, maintenant ? Prenez un moment pour répondre à cette question. La réponse à cette question est la source de toute souffrance que vous pourriez éprouver. Qu’en serait-il, si vous ne croyiez pas avoir besoin de cela pour être heureux, en sûreté ou en sécurité ? Sans cette croyance ou sans cette conviction, vous glisseriez dans l’Essence qui expérimente la vie comme une bénédiction – et comme étant digne de confiance. La vie nous apporte ce dont nous avons besoin, même si ce qu’elle nous apporte n’est peut-être pas toujours ce que veut l’ego. Fournir à chacun ce que son ego désire serait impossible. A quoi ressemblerait un tel monde ? L’Intelligence que nous sommes fournit à chacun d’entre nous ce qui est nécessaire pour que la Totalité évolue et se développe. Si nous regardions avec le regard de l’Essence, nous pourrions voir comment la vie a magnifiquement pourvu pour nous, même si elle nous a apporté des défis. Avec chaque défi, la vie fournit des opportunités, des ressources et des aidants. Remarquez-vous la grâce, la bonté et le soutien que la vie offre et qu’elle a 176 fournis ? L’ego ne remarque pas l’amour généreux qui est présent. Il ne remarque que le manque, parce que le rôle de l’ego est de créer des problèmes et de l’insatisfaction pour que nous continuions à nous investir dans notre mental. Le mental égoïque est le défi principal de la vie que nous sommes destinés à surmonter. Nous sommes destinés à voir que le mental égoïque auquel nous sommes programmés à nous fier n’est pas fiable et qu’il est la source de l’insatisfaction. Nous n’obtenons pas le bonheur en luttant pour ce que l’ego désire. Lutter est pénible et obtenir ce que nous désirons ne nous apporte qu’un bonheur éphémère avant que l’insatisfaction ne se réinstalle. Nul ne doit acquérir le bonheur, car le bonheur est un état, notre état naturel. On le dé-couvre – et on le l’acquiert pas – en transcendant le mental égoïque, en percevant au-delà du mental égoïque la Vérité que l’on est. Ce que vous êtes vraiment est vivant, ici et maintenant. Cela vit votre vie ― l’ego ne fait que prétendre être vous. Quand vous quittez le mental égoïque ou quand vous prenez vos distances par rapport à lui, vous découvrez que l’unique chose qui vous ait fait vous sentir malheureux est une pensée et cette découverte est une véritable bénédiction, puisque les pensées peuvent être ignorées. Nous avons le pouvoir de le faire. Nous sommes puissants ! Nous ne sommes pas les victimes de la vie, mais créateurs ou cocréateurs avec l’Intelligence unique que nous sommes. Lorsque nous cessons de prêter attention à nos pensées, nous découvrons le bonheur qui est ici et qui a toujours été ici ! 177 ACCOMPAGNER LE COURS DE LA VIE Comment guérir le monde (et vous guérir vous-même) ? Accompagnez le cours de la vie ! Faites ce que la vie vous pousse à faire. Alignez-vous sur la manière dont elle opère déjà à travers vous. C’est cela, son cours, comment elle opère déjà. Cette force vitale, cette Conscience que nous sommes opère en chacun. Elle nous incite à agir, parler, créer, apprendre, à utiliser notre intelligence, à découvrir et à simplement être. Comment vous meut-elle actuellement ? Apparemment, vous êtes incité à lire ceci ! Et puis quoi, ensuite ? Vous n’en savez rien jusqu’à ce que vous le fassiez. C’est l’une des choses qui est amusante et gaie, lorsqu’on suit le cours de la vie. C’est spontané et étonnant – ce qui est amusant et excitant – à moins que vous ne préfériez écouter le mental égoïque qui est une véritable machine à fabriquer des craintes et des doutes, machine dont nous sommes équipés en tant qu’humains. Cet aspect de l’esprit – la voix dans notre tête – constitue pour nous un défi. C’est le dragon que nous sommes destinés à pourfendre ou à transpercer pour pouvoir être libre et heureux. Il y a une qualité naturelle et spontanée dans l’Essence que l’on expérimente en répondant à la vie d’une manière qui n’est pas compliquée par la pensée. Lorsque nous nous alignons sur l’Essence et le cours de la vie, l’intellect est utilisé, si c’est nécessaire, mais le mental égoïque – la voix qui jacasse dans notre tête – est vue pour ce qu’elle est : une voix inefficace et creuse et une voix sans sagesse. Entretemps, nous évoluons naturellement et sagement dans le monde. Ce qui interfère le plus avec l’expérience de notre état naturel et le mouvement naturel d’accompagnement du flux de la vie, ce sont les pensées concernant ce que je devrais faire, ce que les autres pensent ou penseront de moi, ce que j’ai fait dans le passé et ce que je crois avoir besoin de faire dans le futur. Chacun de nous a perpétuellement une histoire à raconter sur lui-même et cette histoire se révèle par l’entremise de nos pensées personnelles et par les choses que nous racontons aux autres nous concernant. L’histoire est fabriquée par ces pensées personnelles, mais cette histoire n’est qu’une superposition mentale sur la vie, alors que la vie se déroule simplement et naturellement à travers nous et à travers tout le monde. Cette histoire personnelle façonne le cours de la vie dans la mesure où nous le permettons. Qu’est-ce qui s’identifie ou non avec le ‘’je’’, avec l’histoire ? C’est le grand mystère ! Vous êtes Cela qui se situe en dehors de l’histoire et qui s’identifie, dans une certaine mesure, avec elle. Dans la mesure où vous vous identifiez avec l’histoire de votre vie et la manière dont celle-ci se déroule, vous souffrez et dans la mesure où vous ne le faites pas, vous ne souffrez pas. La souffrance est créée par l’histoire du moi, par les efforts pour gérer cette histoire et pour la faire aboutir et réussir, et par les efforts pour arranger l’histoire, ce qui est impossible, puisqu’il est trop tard pour arranger le passé. Vous dépensez tellement d’énergie mentale et vous vous activez tellement pour tenter d’arranger votre image personnelle ou 178 pour en obtenir une meilleure – pour mieux vous sentir par rapport à l’histoire que vous vous racontez dans votre tête ! Entre-temps, la vie se déroule, comme elle est censée devoir se dérouler et elle nous pousse à agir, à parler, à penser, à créer, à découvrir, à aimer et à faire toutes les autres choses qui nous réjouissent en tant qu’êtres humains. La vie nous incite encore à prendre soin de nous-mêmes et des autres et à travailler, à être productifs, à servir et à subvenir à nos besoins. Elle nous fournit des opportunités ainsi que la motivation pour tirer parti de ces opportunités. La vie nous apporte la vie et elle nous pousse à répondre à la vie. Nous pouvons avancer avec bonheur, aisément et joyeusement dans la vie. Dans la mesure où nous laissons tomber nos pensées nous concernant, nous et notre vie, ainsi que nos opinions et nos jugements sur les autres (qui entretiennent et font partie de l’histoire du moi), nous découvrons la vie qui se déploie et tout ce que nous avons à faire, c’est observer comment la vie se déroule précisément maintenant et répondre à cela. Tout ce qu’il y a, c’est maintenant, c’est cet instant. De quoi êtes-vous conscient, maintenant ? De quels sons, de quelles visions, de quelles intuitions, de quels élans, de quelles inspirations et de quelles motivations êtes-vous conscient, maintenant ? Accorder votre attention à votre expérience sensorielle vous ancre dans votre corps et dans l’instant et améliore la probabilité que vous puissiez capter les intuitions, les élans et le bonheur subtils de votre véritable Nature. Si votre mental égoïque interfère par son bavardage, constatez-le, mais tournez votre attention ailleurs, vers votre expérience sensorielle et vers ce qui se manifeste en vous plus subtilement, au-delà de la pensée. Il y a beaucoup plus de choses qui se passent que des pensées me concernant, moi et ma vie. S’investir dans l’histoire du moi est naturel, étant donné que nous sommes programmés pour avoir et croire cette voix dans notre tête, mais cette voix est la source de la souffrance et elle ne fait qu’interférer avec notre ajustement avec ce qui est réel, ici et maintenant. Alors, qu’y a-t-il de neuf maintenant, dans la fraîcheur de ce nouveau moment ? 179 LES ÉVÉNEMENTS NE MODIFIENT PAS L’EXPÉRIENCE Si quelque chose de bon ou de mauvais s’est produit, cet événement ne modifie pas l’expérience du moment présent, à moins que nous n’en introduisions le souvenir dans l’instant sous la forme d’une histoire. Par exemple, si vous remportez une médaille d’or, ce moment de triomphe s’estompe et est remplacé par un autre moment. A moins d’introduire le souvenir d’avoir remporté une médaille d’or dans le moment présent, le moment présent est simplement ce qu’il est. Même si vous introduisez ce souvenir ou tout autre souvenir dans l’instant présent, ce souvenir ne peut pas fondamentalement modifier l’instant, même si l’introduire dans l’instant modifiera votre expérience de l’instant en vous faisant quitter celui-ci pour entrer dans votre rêverie concernant ce moment de triomphe. Même un formidable souvenir comme celui d’avoir remporté une médaille d’or est seulement plaisant dans une certaine mesure, mais en réalité, il lui manque la saveur et la vitalité que possède l’expérience actuelle. Les souvenirs ne sont tout simplement pas une bonne alternative à la vie réelle qui est ce qui arrive maintenant, et pas ce qui est arrivé dans le passé ou ce qui pourrait arriver dans le futur. Si quelque chose que nous n’aimons pas se produit, cet événement ne modifie pas non plus l’expérience du moment présent, à moins d’introduire des pensées le concernant dans le moment présent. Par exemple, si on vous diagnostique un cancer, ce moment sera probablement très choquant et pénible, mais ensuite la vie continue et passe au moment suivant, etc., et à moins d’introduire cette histoire d’avoir le cancer dans le moment présent, vous êtes, dans un certain sens, libre du cancer et le moment présent est juste ce qu’il est. Il se peut qu’il y ait ou non de la douleur physique dans le moment présent, mais celui-ci peut être sans douleur émotionnelle causée par l’histoire d’avoir le cancer et toute autre histoire malheureuse que vous pourriez vous raconter à la suite de ce diagnostic. Le moment est juste ce qu’il est, que nous ayons remporté une médaille d’or hier ou que nous ayons découvert que nous avons le cancer. Nous sommes toujours simplement ici au milieu de tout ce qui survient maintenant. L’expérience de n’importe quel moment est fondamentalement une expérience sensorielle, si nous ne nous identifions pas aux histoires que le mental introduit dans l’instant et qui créent de la souffrance. Il est inutile que la souffrance émotionnelle fasse partie de n’importe quel moment. La souffrance est produite par le mental égoïque, par des pensées concernant la vie, et non par la vie. Si nous sommes simplement dans le moment présent, les hauts et les bas de la vie ne nous affectent pas, puisque nous n’introduisons pas l’histoire du ‘’haut’’ ou du ‘’bas’’ dans le moment présent. Tout ce que nous avons, c’est le moment présent et ce qui arrive maintenant. 180 Vous pouvez être la plus riche personne du monde ou la plus pauvre, mais sans l’histoire ‘’je suis la personne la plus riche ou la plus pauvre du monde’’, qui êtesvous ? Vous êtes simplement ici et maintenant et vous faites ce qui a besoin d’être fait. La personne la plus riche du monde et la personne la plus pauvre disposent du même potentiel pour expérimenter le moment présent et du même potentiel pour en retirer de la joie, si elles n’y introduisent pas leurs images et leurs histoires personnelles (‘’je suis riche’’, ‘’je suis pauvre’’…). Rien n’est fondamentalement différent entre ces deux personnes, hormis leurs histoires et leurs images personnelles. Ces histoires et ces images personnelles composent le faux soi et sont la seule chose qui peut causer de la souffrance. En outre, ‘’je suis riche’’ peut causer autant de souffrance que ‘’je suis pauvre’’, de par la crainte de perdre sa richesse et de par la séparation avec autrui et avec la vie que le fait d’être riche peut provoquer. Les circonstances de ces deux individus sont différentes (elles le sont pour chacun), mais ces circonstances ne sont pas ce qui affecte leur expérience du moment, mais plutôt leurs pensées et leurs émotions par rapport à ces circonstances. En ce moment, sans toutes vos histoires, ni toutes vos images personnelles, qui êtes-vous ou qu’êtes-vous ? Vous êtes juste Cela qui vit une expérience du moment présent et le miracle, c’est que ce Cela est le même dans chaque personne. Ce que vous êtes réellement est aussi ce que tous les autres sont. Nos idées et nos images personnelles fabriquent une fausse identité et un costume que nous portons dans l’instant et qui colorent notre expérience, mais si nous nous dépouillons de toutes nos pensées, tout ce qui reste, c’est la Vie qui se vit ellemême, maintenant, et c’est tout ce qui s’est jamais passé. 181 À QUELLE HISTOIRE VOUS RATTACHEZ-VOUS ? Nous introduisons une histoire dans quasiment tous les moments et agir en ce sens affecte comment nous expérimentons ces moments et comment nous réagissons à la vie. Si l’histoire est ‘’je déteste faire la vaisselle !’’, alors que nous sommes en train de la faire, notre expérience de faire la vaisselle est affectée par cette histoire et nous pourrions bien dire ou faire quelque chose en réaction à notre répulsion à faire la vaisselle, comme par exemple nous mettre en colère contre quelqu’un qui ne nous aide pas à la faire et nous pourrions même lui lancer une assiette, si l’émotion est suffisamment forte. Nous nous répétons aussi des histoires concernant des personnes que nous aimons, comme ‘’tu ne te soucies pas de moi !’’, ‘’tu n’es plus assez séduisant(e) pour moi !’’, ‘’je ne peux pas vivre sans toi !’’, ‘’j’ai besoin de quelqu’un de plus stimulant !’’…Nous savons tous quelles sont ces histoires, puisqu’elles sont le genre d’idées ou de ressenti que nous pourrions partager avec un(e) ami(e) ou avec quelqu’un dont nous sommes proches. Plus de telles histoires sont répétées et renforcées et plus elles interfèrent avec le fait d’être présent aux personnes que nous aimons et elles ne sont jamais l’entière vérité. Plutôt que de répondre purement aux personnes que nous aimons, nous permettons à la vision que nous avons d’elles ou à notre vision de la relation, à notre histoire, d’affecter la façon dont nous réagissons à leur égard. Nous raconter des histoires, puis réagir à nos histoires se poursuit la plupart du temps inconsciemment. Nous ne sommes naturellement pas conscients de nos histoires ou nous ne les examinons pas, jusqu’à ce que celles-ci nous causent tellement de problèmes que nous nous y voyons peut-être contraints. Nos histoires qui concernent ceux que nous aimons sont fabriquées par l’ego dans l’optique de se renforcer, de faire en sorte de donner le change ou de préserver ses convictions sur lui-même. En conséquence, elles portent presque toujours préjudice aux relations. L’ego a tendance à inventer des histoires négatives sur les autres, pas des histoires positives. Remplacer vos histoires négatives par des histoires positives – ou par aucune histoire du tout – peut transformer votre relation. Par exemple, qu’en serait-il si l’histoire que vous vous racontiez au sujet de votre partenaire était qu’il ou elle est pour vous le ou la partenaire idéal(e) ? Nous nous racontons souvent cette histoire au commencement d’une relation, mais l’ego se met vite à deviser ses histoires négatives. Les histoires de l’ego sont principalement des plaintes concernant l’autre pour ne pas se plier à nos conditions, à nos fantasmes et à nos désirs. Nous tirons le portrait de l’autre sous une lumière négative, pas nécessairement parce que cette personne n’est pas bonne pour nous, mais parce qu’elle ne comble pas les rêves ou les désirs de notre ego. 182 Il y a une grande différence entre le fait d’être avec la bonne personne et avec la personne que notre ego considère comme étant la bonne personne. Beaucoup d’entre nous sont précisément avec la bonne personne, mais notre ego ne partage pas cet avis ! L’ego a-t-il raison ? Ce qui prouve que l’ego est un juge inapte par rapport à ce qui est bon pour nous, c’est qu’il trouve à critiquer tout le monde, une fois que ses idéalisations se sont envolées. Votre ego ne sera jamais satisfait, vis-àvis de la personne avec laquelle vous vous trouvez et donc, établir votre point de vue concernant votre partenaire sur un jugement de l’ego n’est pas sage, puisque l’ego s’occupe de juger et non d’aimer. Même si nous nous trouvons dans une relation très compliquée, cette relation est l’expérience que nous sommes destinés à avoir, pour l’instant, en tous cas. Même une expérience abusive peut être l’expérience dont nous avons besoin pour nous aider à voir que nous ne méritons pas un traitement aussi peu aimable et à faire en sorte que nous ne nous mettions plus jamais dans une telle situation. Chaque relation que nous avons nous pousse à évoluer. Nous sommes positivement changés par chacune de nos relations. Nous apprenons sur nous-mêmes et nous ne commettons plus les mêmes erreurs, ce qui fait en sorte que la prochaine relation a des chances de mieux réussir. Pour bénéficier au mieux de la relation dans laquelle vous êtes, il serait vain d’écouter les histoires de l’ego concernant votre partenaire ou votre relation. Elles ne feraient qu’éloigner l’amour. Les histoires de l’ego provoquent la séparation et le conflit. L’Essence racontera une histoire très différente de celle de l’ego et que pourrait-elle être ? Probablement quelque chose comme : ‘’Cette personne est dans ma vie pour que je l’aime au meilleur de mes capacités. Voyons donc ce qui arrive, si j’essaye d’agir en ce sens.’’ En tant qu’Essence, nous sommes censés servir autrui et servir la Vie, tandis que l’ego se préoccupe principalement de se servir luimême. Si nous introduisons les exigences et les conditions de l’ego dans notre relation, l’amour est saboté, car il ne peut pas survivre dans un environnement de jugements et d’exigences. L’amour prospère, si nous acceptons les autres, comme ils sont, en leur permettant de grandir, de se développer et d’être, comme ils sont censés être. C’est le type d’environnement qu’en tant que parents, nous espérerions pouvoir offrir à nos enfants. Etre là pour les autres, soutenir leur croissance et leur développement, les soutenir dans leurs épreuves et célébrer avec eux la vie est un grand service que l’on rend à autrui. Les autres sont les compagnons que nous (l’Unité), nous nous sommes donnés pour ce périple. Si nous écoutons notre ego, les autres donneront plus l’impression d’être nos adversaires qu’un autre aspect de notre propre Soi authentique. Qu’en serait-il si vous saviez réellement que chaque autre personne est un aspect de 183 vous-même qui vous est donné pour vous stimuler et soutenir votre évolution et qui vous est donné à aimer ou à apprécier ? Il revient à chacun de saisir l’opportunité d’aimer les autres et de ne pas écouter les histoires que raconte l’ego. 184 LES PENSÉES INUTILES Il est évident que certaines pensées sont inutiles. Beaucoup de nos pensées jaillissent de nulle part. Elles n’ont rien à voir avec ce que nous sommes en train de faire ou d’expérimenter. Nous sommes comme des radios qui réceptionnent des signaux qui émanent de Dieu sait où et certaines pensées sont ainsi : elles jaillissent de nulle part et elles ne semblent avoir que peu de pertinence pour nous, personnellement. Mais même des pensées qui concernent notre passé et notre avenir n’apportent rien à ce que nous sommes en train de faire. Même les pensées qui commentent ce que nous sommes en train de faire sont parfaitement inutiles ! Parmi toutes les pensées que vous avez maintenant ou en tout autre moment, combien contribuent vraiment à ce que vous êtes en train de faire ou d’expérimenter ? Si vous examinez cela, vous trouverez que la plupart des pensées n’apportent aucune contribution à votre vie et qu’elles ne servent pas votre bon fonctionnement. Essayez de trouver l’exemple d’une pensée qui est nécessaire. Les pensées nécessaires ne se bousculent pas ! N’est-il pas drôle à quel point nous pensons que penser est important et nécessaire ? Ceci fait partie intégrante de la grande illusion. Nous pensons qu’il est nécessaire de penser pour que la vie déroule et avance comme sur des roulettes, mais si nous examinons la contribution que nos pensées apportent à tout moment à notre expérience et ce que nous sommes en train de faire, nous découvrons que non seulement les pensées sont inutiles, mais qu’elles encombrent le moment présent avec de la confusion, de la négativité et du stress et qu’elles interfèrent de la sorte avec ce que nous sommes en train d’expérimenter et de faire – ainsi qu’avec notre bonheur. Nos pensées interfèrent avec notre bonheur, parce qu’elles sont bien souvent exigeantes, pressantes ou critiques. De telles pensées génèrent du stress et nous pouvons facilement nous sentir accablés par la vie. La vie n’est jamais réellement accablante, puisque nous ne pouvons accomplir qu’une certaine quantité dans l’instant, mais le mental introduit dans l’instant des idées sur ce que nous ‘’devons’’, voulons ou pouvons faire, sur ce que nous avons fait, sur ce que les autres veulent que nous fassions et sur un tas d’autres choses qui n’ont aucun rapport avec ce que nous sommes en train de faire ou avec ce qu’il y a à faire. Ces pensées nous rendent confus et nous stressent. Elles sont non seulement inutiles, mais contreproductives. Le stress nous rend moins efficaces, moins efficients, revêches et malheureux – et il est malsain. Ce sont les résultats réels, si nous prêtons attention aux pensées et si nous leur permettons de guider notre vie. La bonne nouvelle, c’est que quasiment toutes nos pensées sont inutiles, et pas seulement quelques-unes d’entre elles, ce qui facilite grandement le discernement. 185 Vous ne devez pas entreprendre de trier vos pensées pour trouver lesquelles sont bonnes. Vous devez simplement reconnaître que la pensée égoïque relève du faux moi, qu’elle est donc fausse et qu’elle ne mérite pas votre attention. Vous pouvez ignorer toutes les pensées me concernant, moi et ma vie, de même que tous les autres bavardages, jugements, avis, opinions, souvenirs, fantasmes, rêves, désirs, goûts, aversions, doutes, phobies, jérémiades et toute autre négativité de l’ego. Ce qui vous restera, c’est un esprit fonctionnel qui sait encore comment lire, calculer, utiliser un ordinateur, conduire une voiture, suivre une carte ou des instructions et faire toutes les autres choses pour lesquelles l’esprit a été conçu. L’esprit fonctionnel est quelque chose que nous utilisons, quand nous en avons besoin. Il ne nous parle pas, comme le mental égoïque. Quel soulagement de réaliser que la voix dans notre tête peut être ignorée ! Pouvez-vous vous fier à ceci ? Commencez simplement à voir comment vous n’avez pas besoin de la moindre de vos pensées pour faire l’expérience de l’instant présent et pour faire ce qu’il y a à faire. Voyez-le par vous-même. 186 CONSTATER L’IMPACT DE VOS PENSÉES Sans les pensées qui interviennent, le monde a un impact neutre ou positif sur nous. Quand nous contemplons le ciel, nous nous dilatons, à moins que le mental ne s’interpose avec une récrimination ou un jugement sur le ciel ou sur autre chose et si nous sentons la brise, nous expérimentons cela, à moins que le mental ne s’interpose avec une récrimination ou un jugement sur la brise ou sur autre chose. La négativité ne surgit qu’avec le mental égoïque ou avec celui d’autrui. Quand le mental égoïque s’interpose entre nous et l’expérience, généralement nous souffrons, parce que l’ego a tendance à tourner négativement notre expérience ou à nous sortir totalement de l’expérience. Une fois que nous constatons l’impact que le mental égoïque a sur notre expérience de la vie, nous pouvons apprendre à ignorer nos pensées et à observer l’impact réel de la vie. Nous pouvons éluder cet intermédiaire (le mental égoïque) et choisir d’expérimenter la vie, telle qu’elle est réellement. Si vous rencontriez un étranger déplaisant, vous éviteriez vraisemblablement cet étranger. C’est ce que nous pouvons faire avec notre propre mental et avec celui d’autrui. Nous pouvons éviter ou nous situer au-delà de cette interférence dans un lieu de paix et sans tension. La façon dont vous savez que vous prêtez attention au mental égoïque ou à celui d’autrui, c’est par la tension ou par le stress que cela provoque. Si vous éprouvez de la tension, il est temps de contourner cet intrus désagréable et d’entrer dans la réalité. La vie elle-même est bénigne, mais l’ego la rend menaçante ou, au mieux, terne. Soit l’ego élude les difficultés et les problèmes qu’il perçoit, soit il tente de susciter de l’excitation, de vives émotions et quelque chose de spécial. Il ne désire pas jouer simplement le jeu de la vie, mais opte pour les troubles et pour le drame. Néanmoins, les vives émotions ne sont pas le bonheur et la simplicité et la paix ne sont pas l’ennui. L’ego fait tout à l’envers. Il s’efforce de créer une vie heureuse et tout ce qu’il fait, c’est nous éloigner du bonheur. Pour nous libérer du mental égoïque, tout ce qui est requis, c’est constater l’impact qu’ont nos pensées sur notre expérience de la vie. L’expérience que vous êtes en train de vivre vous contracte-t-elle, vous fait-elle mal vous sentir, ou bien est-ce penser à cette expérience qui provoque une telle contraction ? La différence est de taille. Une fois que nous constatons que ce sont uniquement nos pensées qui nous contractent et qui nous tendent, nous pouvons nous libérer de leur intrusion dans notre vie. La seule chose qui nous garde attachés à nos pensées ou prisonniers d’elles, c’est la croyance ou la conviction que nos pensées nous appartiennent et qu’elles sont donc pertinentes et nécessaires, mais ce ne sont pas vos pensées et elles ne sont ni pertinentes, ni nécessaires. Lorsque nous le voyons enfin, c’est une véritable révélation et c’est tellement évident ! 187 Chaque pensée, hormis les pensées les plus neutres et les plus fonctionnelles (comme ‘’voici un crayon’’ ou ‘’passez-moi le beurre, s’il vous plaît’’) a un impact sur notre conscience ou sur notre énergie. A l’exception des pensées fonctionnelles, toute pensée nous contracte ou bien nous dilate. La majorité de nos pensées nous font nous contracter. Le mieux que l’ego puisse faire pour nous faire bien nous sentir, c’est suggérer une fantaisie ou quelque chose que nous aimons, mais cela ne marche pas longtemps. Chaque fois que l’ego entre en jeu, cela provoque de la contraction. Les pensées qui nous élèvent sont des reflets de l’Essence. Elles nous dilatent, nous épanouissent et nous apaisent. Nous générons souvent nous-mêmes des pensées positives, des encouragements pour contrer les pensées négatives de notre ego. C’est que la vérité nous fait nous sentir bien ! C’est une indication par rapport à notre vraie nature. Quand nous sommes en contact avec ce que nous sommes réellement, nous nous sentons bien, paisibles, satisfaits et aimants. C’est pourquoi la vie sans l’intervention du mental égoïque nous fait bien nous sentir – parce que la vie est bonne et parce que notre vraie nature est bonté. Si nous remarquons l’impact qu’a la vie sur nous à chaque instant, sans l’intervention du mental, nous ressentons l’enthousiasme et la joie de l’Essence. Ce que nous sommes réellement est heureux d’être en vie et reconnaissant à l’égard de tout ce qu’il expérimente via le personnage que nous jouons. C’est la vérité ! Si nous apprenons à contourner le mental égoïque qui essaye d’intervenir entre nous et la vie, nous pouvons enfin être heureux. 188 LE PRÉSENT GUÉRIT Qu’est-ce qui guérit le passé ? Un vieil adage prétend que c’est le temps. S’il en est ainsi, pourquoi guérit-il et est-ce réellement le temps qui guérit ? Au fil du temps, nos souvenirs s’estompent et notre capacité et notre désir d’introduire le passé dans le présent par l’intermédiaire de la pensée diminuent. La vie se met dans le chemin, car tout ce qui est perdu est remplacé par la nouveauté de la vie et cette nouveauté de la vie commence à capter plus notre attention que ce qui est arrivé dans le passé. Le temps guérit, parce que la vie passe à autre chose de neuf. La vie nous apporte de nouvelles expériences, de nouvelles opportunités, de nouveaux défis et de nouvelles relations. Etant donné que nous ne pouvons accorder notre attention qu’à une seule pensée à la fois, au bout d’un certain temps, nos souvenirs reçoivent naturellement moins d’attention, s’estompent et d’autres pensées prennent leur place. Si c’est ainsi que le temps guérit, alors c’est une très bonne nouvelle, parce que cela signifie que nous pouvons accélérer le processus de guérison de nos peines passées, simplement en déplaçant notre attention des pensées qui concernent le passé vers le moment présent. Etre dans le moment présent est en fait ce qui guérit les vieilles blessures émotionnelles, et non le temps. Déplacer notre attention vers le moment présent n’est pas nier, ni refouler le passé, mais simplement ne pas créer de peine inutile pour nous-mêmes. C’est un choix sage. Nous pouvons continuer à recréer ou à ranimer la peine du passé, ou nous pouvons choisir de laisser le passé au passé, une fois que nous nous rendons compte qu’introduire des souvenirs dans le moment présent ne nous sert à rien, mais prolonge seulement la peine et nous éloigne de la vie. Fixer notre attention sur n’importe quoi d’autre que nos souvenirs pénibles guérit le passé. Tout ce à quoi nous accordons notre attention devient notre expérience. Si nous fixons notre attention sur le passé, nous revivrons la peine du passé et nous nous créerons probablement plus de peine encore en nous racontant des histoires contrariantes, comme ‘’cela n’aurait jamais dû arriver !’’, ‘’si seulement j’avais agi différemment !’’, ‘’pourquoi cela m’arrive-t-il toujours à moi ?’’… En agissant de la sorte, nous nous créons davantage de peine, en plus de toute perte que nous avons dû subir. Cette souffrance est inutile. Ressortir des souvenirs et nous raconter des histoires négatives à propos du passé n’est pas une manière saine de faire notre deuil, mais une façon d’intensifier inconsciemment notre souffrance et de nous éloigner de l’instant présent où la paix et le bonheur sont accessibles. Le passé est un souvenir édulcoré et le futur est le produit de l’imagination de l’ego. Le passé et le futur n’existent qu’en tant que pensées. L’ego crée le sentiment du temps avec des pensées concernant le passé et l’avenir. Quand nous 189 croyons que de telles pensées sont le passé et l’avenir, nous pouvons être hypnotisés par le monde de l’ego. Ce que nous imaginons peut paraître très réel, particulièrement quand de telles imaginations provoquent des émotions qui peuvent faire en sorte que nos pensées paraissent encore plus réelles. Les sentiments pénibles qui sont liés à une perte proviennent plus fréquemment de ce que nous nous racontons concernant la perte que de la perte elle-même, et c’est d’autant plus vrai que nous nous éloignons de cette perte dans le temps. Il y a une différence entre faire son deuil et souffrir inutilement par rapport au passé. Le deuil est un épanchement normal d’émotions vis-à-vis d’une perte à laquelle il faut le temps de s’adapter, mais beaucoup de personnes s’affligent bien au-delà du temps qui est requis pour s’adapter à une perte, parce qu’elles continuent de renforcer leur peine en ressassant mentalement le passé et en se racontant des histoires douloureuses. Agir ainsi n’aide pas et ne fait que prolonger le processus de la guérison. Arrêter cette nouvelle stimulation de la peine et de la douleur en n’accordant pas notre attention à des souvenirs ou à des histoires du passé guérit le passé et nous aide à passer à ce que la Vie veut pour nous maintenant. Après chaque perte, de nouvelles possibilités apparaissent. Si nous sommes présents à la vie plutôt que d’être accaparés par nos pensées et par nos émotions, il est probable que nous captions quelle sont les intentions de la Vie à notre égard et que nous comprenions où la vie nous mène. De plus, en étant présents à la vie, comme elle est maintenant, nous pouvons découvrir l’acceptation, la joie et l’enthousiasme que l’Essence a d’être vivante, même quand la vie apporte ses défis. La Vie est toujours bonne et nous vivons toujours l’expérience dont nous avons besoin. Si cela ne vous semble pas être le cas, c’est que vous êtes en train d’écouter les histoires malheureuses ou les histoires négatives du mental. Ce type de souffrance est tout à fait inutile. En quittant le mental égoïque pour entrer dans la simplicité du moment présent, nous découvrons la vérité de la Vie. On peut très bien vivre la vie à partir de ce lieu de Présence ou se situer dans l’instant présent, parce que la Présence est ce qui est réel et parce que l’ego et ses pensées sont irréels. La bonne nouvelle, c’est que nous n’avons jamais eu besoin des pensées de l’ego pour vivre notre vie et par conséquent, nous libérer de la souffrance est possible. 190 L’ESSENCE EST UN SENTIMENT D’ÊTRE CHEZ SOI ‘’Chez soi’’ est une expression forte. Chacun a des associations avec cette expression qui vont très loin. Vous connaissez le sentiment d’être chez vous, quand vous l’expérimentez. Etre chez soi n’a rien à voir avec une maison, ni aucune autre chose, mais bien avec notre état intérieur. Lorsque nous nous retrouvons en ce lieu, nous le reconnaissons et ne voulons pas le quitter et pourtant, nous le faisons. Ce sentiment d’être chez nous est tout ce que nous avons jamais voulu, mais nous n’y restons pas souvent longtemps. Quelque chose nous appelle ailleurs, et c’est le mental – des pensées qui concernent quelque chose, n’importe quoi. A la place de nous ramener chez nous, nos pensées nous éloignent de chez nous. Nos pensées nous paraissent si importantes et nécessaires et elles sont si captivantes. Pourquoi doit-il y avoir une dichotomie entre ce qui est bon et approprié et ce qui ne fait qu’apparaître comme nécessaire ? La question est : nécessaire pour qui ? Qu’est-ce qui nous appelle en dehors de chez nous et pourquoi ? L’ego est ce qui nous appelle en dehors de chez nous, puisqu’il ne se fie pas à ce lieu tranquille, paisible, sûr et absolu. Il ne s’y fie pas, car il ne comprend pas ce lieu. Il fuit l’incompréhensible, l’inexplicable et ce qui nous nourrit, non pas parce qu’il ne veut pas être nourri, mais parce qu’il ne croit pas que ce lieu apporte réellement ce qu’il apporte. Le croyez-vous ? Lorsque vous vous reposez enfin, lorsque vous laissez tomber tous vos efforts et lorsque vous rentrez chez vous, vous fiez-vous à ce lieu ? Le reconnaissez-vous ? L’estimez-vous ? Voulez-vous y passer davantage de temps ? Jusqu’à ce que vous vous fiiez à ce lieu, que vous le reconnaissiez, que vous l’estimiez et que vous vouliez l’expérimenter davantage, vous n’y resterez pas. Nous sommes programmés à ne pas croire en notre chez nous. Le moi conditionné, l’ego nous dit que ce lieu n’est ni fiable, ni profitable et intéressant et que nous devrions passer à autre chose. L’ego nous invite à voyager ailleurs mentalement et à nous occuper, à faire quelque chose – n’importe quoi ! L’ego nous offre des tentations à l’écart de chez nous et tente de nous convaincre qu’il y a un endroit ou quelque chose à faire qui est encore meilleur que demeurer chez soi (dans la Présence). Ce n’est pas qu’il y ait lieu de ne rien faire ou qu’une action n’émane pas parfois naturellement de ce lieu, mais nous avons tous besoin de laisser tomber les efforts, les planifications, les tracasseries et tout le cinéma que nous nous faisons pour être parfois simplement chez nous pour nous nous nourrir, recharger nos batteries, nous renforcer et modeler nos actions. Chez nous, c’est là où se situe le Cœur et le Cœur est bon et Dieu sait à quel point nous avons tous besoin de nous sentir bien. 191 Nous avons besoin de ce Foyer, comme nous avons besoin d’eau et de nourriture pour nous soutenir dans ce monde difficile. Nous recherchons le sentiment d’être chez nous dans une demeure physique, auprès d’une famille ou d’un amoureux ou d’une amoureuse, mais à moins de pouvoir expérimenter ce sentiment dans les moments de Silence de notre vie, aucune maison, aucune famille, aucun amoureux/amoureuse, ni rien d’autre ne comblera jamais la nostalgie de notre Foyer. Le sentiment d’être chez nous ne se trouve jamais dans l’action, ni quelque part ailleurs, en possédant ceci ou cela, ni dans l’imagination, mais en nous arrêtant simplement et en nous contentant simplement d’être suffisamment longtemps que pour nous permettre de sentir que nous sommes chez nous. La nostalgie de notre Foyer peut l’évoquer. Connaissez votre Foyer, estimez-Le et désirez-Le, et vous L’aurez ! L’accomplissement le plus précieux et la réalisation la plus précieuse se situent précisément ici dans le Silence et dans le seul fait d’être, tout simplement… 192 7ÈME PARTIE : CULTIVER UNE NOUVELLE PERSPECTIVE 193 LA FAUSSE COMPTABILITÉ DE L’EGO L’ego apprécie les chiffres qu’il utilise pour mesurer combien il parvient à atteindre ses objectifs, comme si les chiffres pouvaient réellement mesurer ou prévoir le succès qui par ailleurs est un concept nébuleux. Prenez par exemple l’argent qui se trouve sur votre compte en banque. Nous prenons souvent ceci pour mesurer le taux de notre réussite et si nous atteignons ou si nous atteindrons nos objectifs. Le problème, c’est que la somme d’argent dont nous disposons ou quoi que ce soit d’autre que nous utilisons pour procéder à notre estimation ne peut en fait rien mesurer, ni prévoir. Ces chiffres ne sont pas significatifs, mais l’ego leur attribue un sens. Se racontant une histoire ou l’autre, l’ego prétend que ces chiffres sont significatifs. La réalité, c’est que vous n’êtes pas le seul responsable par rapport au montant d’argent qui se trouve sur votre compte bancaire, votre degré de popularité ou la somme de tout ce dont vous pouvez bien disposer. Vous êtes juste un pion dans l’ordre des choses, tout bien considéré et au bout du compte ! A tout moment, cet argent, cette popularité ou quoi que ce soit d’autre pourraient bien disparaître et vous ne seriez pas le seul responsable à cet égard non plus… L’ego apprécie les chiffres, puisque les chiffres procurent à l’ego un faux sentiment de sécurité et de contrôle. L’ego assume que les chiffres sont sous son contrôle. Quand la vie lui prouve le contraire – ce qu’elle fait souvent ! – l’ego est contrarié, non seulement parce qu’il n’apprécie guère des chiffres modestes (sauf quand il s’agit de mesurer son poids, bien sûr !), mais aussi parce que la vie vient lui faire la démonstration d’une vérité essentielle que l’ego ne souhaite pas voir, à savoir que nous ne contrôlons pas ce qui entre dans notre vie, ni ce qui en sort. Nous n’avons que peu d’influence par rapport à ce qui nous arrive. Appelez cela le destin, la destinée, le sort, les étoiles, le plan divin ou tout ce que vous voulez, mais celui-ci procèdera comme il l’entendra avec nous, et notre plus grand pouvoir et notre responsabilité se situent dans la manière dont nous répondons à la vie. Si nous sommes convaincus que nous en sommes l’unique artisan, alors, lorsque la vie ne nous suivra pas, nous serons très affectés, ce qui n’est pas une réponse particulièrement fonctionnelle à la vie. Par ailleurs, si nous acceptons la vérité – c’est-à-dire que nous ne sommes qu’un simple acteur dans le déroulement de la vie – alors, nous ne prendrons pas ce qui nous arrive si personnellement et cette attitude nous permet de répondre d’une manière beaucoup plus fonctionnelle à ce qui advient. Nos croyances et nos convictions comptent. Croire que nous devrions être en mesure d’obtenir tout ce que nous voulons et que nous sommes les seuls responsables de notre réalité est incorrect et inapproprié et si nous croyons 194 quelque chose qui n’est pas juste, nous souffrons et nous ne fonctionnons pas non plus de manière optimale. D’un autre côté, si nos croyances et si nos convictions coïncident avec la réalité, si nous voyons et si nous acceptons la vérité au sujet de la vie et si nous lui permettons de nous faire avancer (sans faire des pieds et des mains, ni protester), nous ne souffrirons pas et nous pourrons lui répondre d’une manière beaucoup plus fonctionnelle. Nous faire des idées et nous leurrer au sujet de la vie nous fait souffrir et interfère avec notre capacité à lui répondre d’une manière sage et avisée. La comptabilité de l’ego nous attache à l’ego et à ses fausses perceptions vis-à-vis de la vie. Les chiffres ne nous disent pas non plus ce qui va ensuite arriver, comme ils semblent le promettre. Nous ignorons toujours ce qui pourrait advenir ensuite dans ce mystère merveilleux. Nous investir dans les chiffres nous investit dans l’ego et nous pourrions bien alors manquer ce qu’il y a de plus important dans la vie, c’est-à-dire nous situer ici et maintenant et profiter pleinement de ce mystérieux voyage… 195 LA VIE S’ACCOMPLIT Chaque vie a son orientation. Chaque vie avance dans une direction spécifique, avec son intention particulière derrière cette direction. Nous ne sommes pas souvent conscients de cette direction, ni de cette intention, mais cela ne signifie pas qu’il n’y ait aucune direction, ni que la direction que nous supposons que notre vie doit prendre soit la bonne. Bien que nous puissions ne pas être conscients de la direction et des intentions de la vie à notre égard, nous accompagnons pourtant souvent son cours. Nous sommes emportés par le fleuve de la vie – parfois involontairement – mais que nous avancions en nous débattant et en hurlant ou tranquillement et dans la gratitude, la vie fera comme elle l’entendra avec nous. L’ego n’expérimente pas la directionnalité de la vie, son intentionnalité. L’ego n’est pas en phase avec le déroulement de la vie, avec son cours. L’ego est ce qui râle contre la vie, qui pense que la vie doit être gérée et qui se débat en vitupérant. L’ego a l’impression qu’il doit faire en sorte que la vie se produise, se manifeste, mais la vie se produit et se manifeste déjà et le bonheur consiste à être en phase avec ce qui se passe déjà et à être cocréateur avec cela, à pagayer avec le courant et non à contre-courant, à suivre son cours et à laisser la rivière nous conduire là où elle veut aller. Ceci n’est ardu que quand l’ego veut que la vie aille dans une autre direction qu’elle ne va ou s’il pense que la vie devrait aller dans une autre direction qu’elle ne va. Pour découvrir où va la vie, tout ce qu’il y a lieu de faire, c’est observer ce qui se passe : qu’êtes-vous inspiré à faire, maintenant ? Quelle sont les opportunités qui se présentent à vous, maintenant ? Que vous est-il demandé, maintenant ? Que vous permet la vie et que vous donne-t-elle la latitude de faire ou de créer, maintenant ? Quelles directions bloque-t-elle et quelles directions soutient-elle, maintenant ? Qu’est-ce qui est aisé dans votre vie et qu’est-ce qui fonctionne, maintenant ? Généralement, suivre le courant veut dire aller vers ce qui fonctionne et qui est soutenu et s’écarter de ce qui ne l’est pas ― même s’il peut y avoir des défis quand nous suivons son cours, comme des tourbillons, des rapides et des obstacles. L’ego rend la vie plus compliquée qu’il ne faut en s’opposant à son cours. Il est aisé de suivre la rivière, même quand elle engendre des rapides. Ce qui est ardu, c’est de ne pas suivre son cours ou de tenter de remonter le cours de la rivière. Il y a une Intelligence supérieure derrière toute vie et derrière chaque vie individuelle et en réalité, nous sommes cette même Intelligence. Cette Intelligence sait ce qu’Elle fait et Elle a à l’esprit notre meilleur intérêt qui n’est peut-être pas ceux de l’ego. Cette Intelligence s’intéresse à l’évolution, à l’amour, à l’apprentissage – à développer nos talents, nos ressources, notre compassion et notre sagesse. A n’en pas douter, la rivière de la vie accomplira tout cela, que nous 196 la descendions en nous débattant et en protestant ou avec grâce et gratitude. Nous ne choisissons pas ce que la descente de la rivière nous apporte, mais bien comment nous la descendons. Notre expérience de la vie est entre nos mains, même si les évènements de notre vie ne le sont pas. La vie s’accomplit. Une bonne partie de celle-ci nous arrive, tout simplement, et nous en façonnons une partie, mais quoiqu’il advienne, nous avons toujours la faculté de pouvoir décider quelle est notre réponse à son égard et par conséquent, notre expérience de celle-ci. C’est vraiment ce que la vie nous enseigne en nous ramenant dans notre Foyer. Elle nous enseigne que la manière dont nous répondons à la vie est ce qui importe – pas ce que la vie nous apporte. Certaines réponses (par exemple la bonté, l’acceptation, l’amour, le pardon et la reconnaissance) nous permettent de nous détendre et d’accompagner le cours de la vie, alors que d’autres nous font souffrir, nous et les autres. En fin de compte, notre réponse à chaque instant est ce qui importe et pas ce qui arrive. Quand nous disons oui à la manière dont la vie se manifeste, des miracles se produisent – l’amour, la paix, le contentement et le bonheur surviennent. Chacun de nous peut faire de celui-ci un meilleur monde en accueillant, en acceptant et en étant reconnaissant envers la façon dont la vie se manifeste, car en le faisant, nous glissons dans l’Essence et devenons une expression de la paix et de l’amour sur la terre et c’est en cela que consiste la descente de la rivière de la vie. Répondre ainsi à la vie nous ramène rapidement et gracieusement chez nous. 197 LES PETITES CHOSES COMPTENT La majorité des tournants de notre vie se sont produits en résultat de quelque chose qui paraissait anodin sur le moment : une soirée au cours de laquelle nous avons rencontré notre bien-aimé(e), un séminaire qui nous a initié à une nouvelle manière de penser, un job de vacances qui a lancé notre carrière, un voyage qui a modifié nos habitudes, un livre qui nous a orienté vers une voie spécifique…Des expériences capitales résultent de ce qui paraît être de simples occurrences anodines. La plupart des choses qui nous apportent la plus grande satisfaction arrivent à la suite d’une petite chose comme un coup de téléphone, une rencontre, une recherche, un simple coup d’œil… La vie déroule et les moments qui sont apparemment anodins et ordinaires en font partie intégrante. Si nous ne prêtons pas attention à ces petites choses et si nous ne suivons pas notre intuition en ce qui les concerne – comme participer à cette soirée, accepter ce job de vacances, nous inscrire pour ce voyage, entretenir cet intérêt naissant, poursuivre nos recherches par rapport à une chose – nous pourrions bien manquer des expériences que nous considérerions comme importantes et probantes. Les petites choses ont de l’importance pour une autre raison. Souvent, la seule chose qui se passe, c’est quelque chose d’ ‘’anecdotique’’ et si nous acceptons ce que raconte notre mental à ce propos et considérons les moments ordinaires de la vie comme sans importance, superflus, ennuyeux ou même inappropriés, nous manquerons l’opportunité de la joie qu’ils offrent. Si nous accordons une attention totale aux choses ordinaires de la vie, comme se sécher les cheveux, sortir le chien, faires les courses ou nous rendre en voiture quelque part, nous y découvrons l’extraordinaire. Nous découvrons que les moments ordinaires ont le même potentiel de bonheur que les moments extraordinaires. Les moments extraordinaires – celui de la naissance de notre enfant, de la signature pour le travail de nos rêves, celui où nous sommes tombés amoureux ou quand nous nous sommes mariés – sont exceptionnels et s’estompent rapidement. L’allégresse de tels instants ne peut pas durer, mais précisément ici et maintenant, il est possible d’être heureux avec tout ce qui se passe, rien qu’en accordant à cela votre attention totale. Si vous vous fondez dans tout ce que vous êtes en train de faire, vous vous sentez content et en paix et tout ce que vous faites devient source de beauté et de gratitude. Le réel miracle de la vie, c’est que chaque instant est juste aussi précieux et recèle autant de potentiel de bonheur que tout autre moment et faire l’expérience de ce bonheur est surtout une question de reconnaitre cette grande vérité. Le mental rejette la plupart des moments et un tel rejet nous empêche de découvrir le 198 bonheur potentiel de chaque petite action ou de chaque petite expérience. La conviction que quelque chose ne compte pas et ne peut pas nous rendre heureux est une prévision qui se réalise. Si vous croyez qu’il n’y a que certains moments qui sont bons et qui sont précieux, alors cela devient votre expérience, mais si vous connaissez la vérité que les instants ordinaires sont tout aussi précieux, alors la reconnaissance et la réalisation du caractère précieux de la vie deviennent votre expérience. La vérité, c’est que chaque moment de la vie est précieux et sacré. Quand nous nous alignons sur cette vérité, nous sommes heureux et en paix avec la vie et quand ce n’est pas le cas, nous sommes en guerre contre elle, ce qui est l’état d’identification avec l’ego, l’identification avec la voix dans notre tête. La différence entre être heureux et en paix avec la vie et ne pas l’être n’est souvent qu’une question de voir comment nous considérons cet instant. Cet instant paraîtil sans importance – quelque chose que vous ne faites que traverser simplement pour parvenir à autre chose ? Ou bien est-ce quelque chose à savourer, comme la plus délicieuse des glaces au chocolat, un dimanche après-midi ensoleillé au bord d’une mer qui scintille et qui miroite ? Qu’en serait-il si vous accordiez aux moments de la vie les plus ordinaires cette même attention que vous accordez aux moments extraordinaires ? La différence entre être heureux et ne pas l’être ne se situe pas dans ce que vous expérimentez, mais bien dans le degré d’attention et dans la valeur que vous accordez à chaque instant. Il apparaît seulement que ce que vous êtes en train d’expérimenter soit bien la cause du bonheur, mais le bonheur est notre état naturel et il n’est pas causé par quoi que ce soit. Ce bonheur n’est qu’obscurci par la croyance ou la conviction que quelque chose n’est pas digne de notre attention et de notre gratitude. Si nous accordons notre attention et notre reconnaissance à quelque chose, nous expérimentons le bonheur dans l’instant. Essayez ceci par vous-même : la prochaine fois que vous nourrirez votre chien, que vous arroserez vos plantes, que vous mettrez du linge dans la machine à laver, que vous irez chercher le courrier ou que vous accomplirez n’importe laquelle des multiples tâches que vous accomplissez régulièrement, impliquez-vous totalement, considérez cela comme un acte sacré, remarquez ce qu’il pourrait y avoir de beau là-dedans, reconnaissez le miracle de la vie qui est capable de faire de telles choses et témoignez votre gratitude pour pouvoir vivre l’expérience que vous vivez. 199 PAS SI IMPORTANT Songez à toutes ces choses qui furent jadis si importantes pour vous et qui à présent ne le sont plus du tout : bien performer et gagner quelque chose, posséder quelque chose, vous faire remarquer par quelqu’un, obtenir un job spécifique, avoir quelqu’un qui vous ressemble, sortir avec quelqu’un, avoir un look particulier…Plus on remonte dans le temps et plus il est facile de voir le peu d’importance des choses que l’ego désire. Ce qui nous préoccupe change de manière significative en parcourant les différents stades de la vie. Adolescent, vous pensiez mourir, si tel garçon ou telle fille ne vous aimait pas. Dans votre jeunesse, vous pensiez qu’il vous fallait posséder telle voiture et telles fringues ou autrement, personne ne voudrait sortir avec vous. Et la même chose vaut par rapport à ce que vous pensez être si important maintenant. Cela n’aura plus aucune importance, au bout d’un temps. Les rides qui peuvent vous causer du souci à la quarantaine ou à la cinquantaine ne vous gêneront plus du tout, quand vous aurez 70 ans. L’ego n’a aucune perspective. Si ce que l’ego veut n’arrive pas ou si ce qu’il ne veut pas se produit, cela paraît tellement important. Nous avons l’impression de ne pas pouvoir être heureux, lorsque certaines choses arrivent ou lorsqu’elles n’arrivent pas, uniquement parce que l’ego nous fait ressentir cela. Il nous donne l’impression que certaines choses ― comme réussir quelque chose, avoir un certain look ou posséder quelque chose… ― sont plus importantes qu’il en est, mais ce n’est pas le cas. Elles ne déterminent ni votre valeur, ni votre vie, ni votre bonheur. A tout bout de champ, l’ego a une liste de choses qui paraissent très importantes à effectuer ou à posséder, mais le temps continue à avancer, nos centres d’intérêt changent et d’autres choses qui n’étaient pas importantes le deviennent et des choses que nous considérions autrefois comme importantes peuvent même nous sembler sottes par rapport à notre point de vue actuel. L’ego est comme une loupe et tout ce sur quoi il se focalise paraît important pour notre bonheur, voire même notre survie, parce que l’ego voit le monde à travers le prisme de la peur et du désir. L’ego est sûr que la vie ne peut pas être bonne, si la vie ne lui fournit pas ce qu’il veut, mais ce n’est pas le cas, même s’il n’est guère aisé de ne pas se laisser abuser par ce mensonge. Nous croyons réellement qu’une chose revêt de l’importance, mais c’est l’artifice, le leurre et l’illusion : nous croyons qu’une chose est importante, non pas parce qu’elle est réellement importante, mais parce que nous croyons qu’elle est importante. L’ego fabrique un sentiment d’importance autour de choses qui n’existent pas réellement, ce qui est très crédule. Pour contrer ceci, il nous faut nous arrêter un moment, voir plus loin et nous rappeler comment les choses passent, défilent et sont oubliées, toutes ces choses 200 qu’autrefois vous pensiez si importantes et qui vous ont causé de la peine. Agir ainsi peut aider à remettre les choses en perspective. Ensuite, voyez quand l’ego crée des sentiments d’urgence ou des pensées et des désirs qui vous font souffrir ou qui vous poussent compulsivement dans une certaine direction. Si vous le voyez, vous devenez conscient et vous ne pouvez plus être dirigé aussi inconsciemment par l’ego. Détendez-vous, arrêtez-vous, respirez et profitez de ce que la vie vous apporte maintenant, parce que cela ne sera pas toujours là et ne vous laissez pas tromper par l’idée que réaliser vos objectifs et satisfaire vos désirs est si importante. C’est important pour l’ego, mais la pulsion de l’ego et son sentiment de devoir posséder quelque chose sabotent notre bonheur et notre capacité à nous accorder sur l’Essence et découvrir comment l’Essence nous meut maintenant. L’Essence pourrait vous inciter à poursuivre un objectif ou Elle pourrait vous inciter à simplement vous reposer et simplement être pour une fois, à admirer le paysage et à profiter de la vie, comme elle est. De quoi croyez-vous avoir besoin pour être heureux et en paix, maintenant ? Peu importe de quoi il s’agit, c’est le mensonge même qui vous empêche d’être heureux et en paix. 201 LES BONNES ET LES MAUVAISES NOUVELLES La bonne nouvelle, c’est que tout ce que vous n’appréciez guère comporte de bonnes choses et la mauvaise, c’est que tout ce que vous appréciez comprend des choses que vous n’aimez pas. Ce sont là des faits incontestables de la vie. Tout – sans exception – comprend des choses que nous aimons et que nous n’aimons pas, des avantages et des inconvénients, du bon et du mauvais. Bien entendu, ce qui expérimente et qui étiquette tout comme ‘’bon’’ ou ‘’mauvais’’, c’est l’ego, puisque l’Essence embrasse tout dans ce magnifique drame de la vie. L’Essence est ce qui est consciente de l’ego, qui a ses préférences et ses aversions, mais l’Essence n’a pas de préférences. Si nous nous alignons sur l’Essence, notre véritable nature, nous apprécions la complexité et la richesse de la vie. L’Essence ne recherche pas simplement son confort, comme l’ego. L’Essence apprécie les défis et l’évolution qui proviennent de la vie. Elle apprécie toute expérience. Peu importe à quel point il est évident que tout dans la vie est un mix où il y a à boire et à manger, l’ego ne l’accepte pas. L’ego est toujours à la recherche de l’expérience ultime via laquelle il obtient ou il obtiendra tout ce qu’il désire et les sensations qu’il veut ressentir, continuellement. L’ego croit que c’est possible et c’est pourquoi l’ego s’irrite contre la vie, car la vie ne fournit et ne fournira jamais la perfection, comme la conçoit l’ego. Cette croyance ou cette conviction erronée et abusive est une source de grande souffrance, car l’ego gâche subtilement et insidieusement notre expérience en espérant et en attendant quelque chose de meilleur de la vie, quelque chose qui soit plus au goût de l’ego, plus parfait et dénué du défaut fatal de comporter et d’inclure quelque chose que nous n’apprécions pas. Bien entendu, c’est ce que nous aimons dans nos fantasmes : ils sont parfaits, sans aucun aspect, ni côté négatif. Permettez réellement à cette vérité qui concerne la vie de pénétrer en profondeur et d’être digérée et comprise. Avez-vous déjà connu une expérience ou vous êtesvous déjà trouvé dans une situation qui ne comportait pas des choses que vous n’aimiez pas ? Plus vous serez en mesure et capable de voir cette vérité et moins vous vous sentirez trompé par la vie, comme c’est le cas pour l’ego. S’attendre à ce que la vie soit plus au goût de l’ego qu’elle ne le pourra jamais, c’est se préparer à être déçu. Dans ce monde mystérieux et phénoménal, l’ego ne connaîtra jamais le bonheur, mais seulement l’insatisfaction. Néanmoins, la bonne nouvelle, c‘est que quand nous nous trouvons dans une situation que nous considérons comme étant indésirable, nous pouvons partir du principe qu’elle comporte quelque chose de bon et il est probable qu’il y ait également quelque chose de bien qui se passe dans notre vie. L’ego ne remarque 202 pas toujours le positif, puisqu’il aime réellement polémiquer contre la vie qu’il qualifie d’horrible et terrible. L’ego aime ses peines et son drame. L’ego balance souvent vers le négatif en voyant la vie comme étant plus difficile qu’elle n’est réellement ― et cette perception crée cette expérience même. La vie est comme elle est. Dans votre vie, il y a des choses que vous aimez et d’autres que vous n’aimez pas. Dans votre couple, il y a des choses que vous aimez, d’autres que vous n’aimez pas. Chez vos enfants, il y a des choses que vous aimez, d’autres que vous n’aimez pas. Dans toute expérience, il y a des choses que vous aimez et d’autres que vous n’aimez pas et cela ne changera jamais. C’est intégré dans la vie et la manière dont l’ego voit la vie. Nous devons travailler avec cela et on ne peut rien y changer. Ainsi donc, si vous rêvez d’atteindre tel objectif ou de rencontrer l’homme parfait ou la femme parfaite, réalisez que ces expériences ressembleront beaucoup à toutes celles que vous avez déjà connues. Il n’y a que dans vos fantasmes que de telles expériences diffèrent. Votre futur sera toujours mitigé, même si tous les rêves que vous avez jamais eus se réalisent. Alors, comme il s’agit d’un assortiment maintenant, comme dans le futur, vous pourriez tout aussi bien trouver le moyen d’être heureux avec la vie, comme elle est maintenant, sans attendre quelque chose de meilleur, parce que la vie parfaite n’arrivera jamais. Vous avez le pouvoir de choisir d’être heureux par rapport à la manière dont la vie se manifeste maintenant. Tout cela n’est qu’une question de perspective. Adhérerez-vous aux perceptions de l’ego ou pouvez-vous trouver ce qui en vous aime la totalité ? 203 LA VIE EST INTÉRESSANTE Depuis la perspective de l’Essence, la vie n’est ni bonne, ni mauvaise, mais intéressante. Même si vous êtes pris dans une situation difficile, il est possible de trouver ce qui est en vous et qui trouve intéressant tout ce qui se passe. Chaque fois que nous entrons dans une expérience, nous entrons dans l’inconnu. Vous ne savez jamais exactement ce qui va se passer, même si l’expérience ressemble à une expérience que vous avez déjà connue auparavant. Ne pas savoir ce qui va se passer est l’une des choses qui rend la vie intéressante. Prenez un rendez-vous chez le dentiste, par exemple. Vous avez déjà été chez le dentiste à maintes reprises auparavant, mais qu’en sera-t-il cette fois ? En réalité, votre attitude est ce qui détermine votre expérience. Ainsi, si votre attitude change, votre expérience change, mais même ainsi, chaque expérience diffère. Il n’y en n’a pas deux qui soient pareilles. Avoir un rendez-vous chez le dentiste n’est pas qu’une question d’avoir quelqu’un qui opère dans votre bouche. Cela comprend aussi l’expérience du dentiste, de toute autre personne que vous rencontrez et de beaucoup d’autres choses. Comment allez-vous expérimenter ces personnes ? Comment pourraient-elles vous être utiles ? Que pourriez-vous apprendre ? Comment pourriez-vous partager avec elles de l’amour et de l’amitié ? Comment pourriez-vous leur rendre service ou faire en sorte qu’elles se sentent bien ? Toute expérience – même un rendez-vous chez le dentiste – est une opportunité de partager de l’amour ou quelque chose de nous-mêmes, de multiples façons. Les gens se rendent tout le temps mutuellement service dans toutes sortes de situations différentes en partageant de l’amour, des informations et leur aide sous d’autres formes, aussi un rendez-vous chez le dentiste ne concerne-t-il pas que vos dents, mais également potentiellement beaucoup d’autres choses, si vous les remarquez. Et il peut s’agir d’un don, si telle est votre intention. Vous avez le pouvoir de rendre votre entourage heureux, peu importe ce qui se passe, et ceci change l’expérience de chacun. La vie est intéressante, parce que la vie est une opportunité de créer notre réalité par l’entremise de nos choix et de créer notre expérience via ce que nous choisissons de penser par rapport à une expérience. Nous créons dans le monde réel et créons notre expérience intérieure avec nos pensées concernant le monde réel. Cette capacité de modeler l’expérience est très intéressante pour l’Essence, et c’est une raison pour laquelle nous sommes ici : pour apprendre à être des créateurs dans cette réalité et pour apprendre quel impact ont nos pensées, nos attitudes et nos sentiments sur la réalité et notre expérience de la réalité. 204 La vie n’est pas qu’affaire d’aller chez le dentiste ou de faire toute autre chose que l’on fait, puisque chaque fois que l’on fait quelque chose, on introduit sa conscience, son esprit, sa compréhension et son conditionnement dans tout ce que l’on fait. Tant de choses influent sur chaque instant et nous contrôlons bon nombre d’entre elles. C’est très intéressant ! Qu’en est-il, si j’agis ainsi dans telle situation ou si j’agis autrement à la place ? Qu’en est-il si je pense ceci plutôt que cela ? La vie ressemble à un laboratoire pour expérimenter avec la création. On expérimente continuellement avec la vie, qu’on le réalise ou pas. Pourquoi ne pas devenir plus conscient de votre rôle en créant la réalité et votre expérience de la réalité et pourquoi ne pas œuvrer plus consciemment par rapport à ce qui fonctionne et à ce qui ne fonctionne pas ? Qu’est-ce qui favorise les résultats que vous voudriez et qu’est-ce qui ne les favorise pas ? Et pourquoi ne pas apprendre à faire les choses qui favorisent les résultats que vous voudriez, comme l’amour et la paix ? La vie n’est pas intéressante, si nous nous sentons à sa merci, si nous sentons que nous devons faire des choses que nous ne voulons pas faire ou expérimenter des choses que nous ne souhaitons pas expérimenter, mais la vie est intéressante, si nous voyons que nous contrôlons notre expérience de tout ce à quoi nous sommes confrontés, même si nous n’avons aucun contrôle par rapport à ce à quoi nous sommes confrontés. Nous apprenons qu’avec la bonne attitude et la volonté d’introduire de l’amour et de l’agrément dans toute expérience, nous pouvons faire face à tout. Nous sommes les créateurs puissants de notre expérience de la réalité, même si nous ne créons pas tous seuls la réalité. Nous découvrons que ce que la vie nous nous apporte importe peu et que ce qui importe, c’est ce que nous apportons à la vie. C’est la liberté. 205 COMMENT NOUS CRÉONS DES PROBLÈMES Tous les problèmes commencent avec un désir – le désir que quelque chose soit différent, ce qui est l’état chronique de l’ego. L’ego veut souvent que quelque chose soit différent. Il pourrait s’agir d’un désir de longue date, comme vouloir ressembler à autre chose ou à quelqu’un d’autre ; d’un désir ponctuel, comme vouloir que votre voisin cesse de jouer de la musique aussi bruyante ; ou d’un désir temporaire, comme vouloir manger quelque chose qui n’est pas disponible. Les désirs de longue date créent le sentiment d’un problème qui peut être très profond et qui peut même affecter notre estime personnelle et la manière dont nous approchons la vie. Lorsqu’un problème de longue date fait partie intégrante de notre image personnelle, nous pouvons en arriver à nous considérer comme déficients ou inférieurs. Il semble alors vraiment que nous ayons un problème qui a besoin d’être réglé, et même les désirs ponctuels et éphémères peuvent créer le sentiment qu’il y a un problème et saper la joie de vivre. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a en réalité rien de tel qu’un problème, mais uniquement des problèmes perçus. C’est une distinction très importante, car si un problème est créé par nos perceptions, alors peu importe ce que c’est, nous pouvons l’annihiler via un simple ajustement de notre perception en voyant la vérité. Le désir que quelque chose soit différent est naturel, puisque les désirs se manifestent constamment en chacun. Il est bon de le réaliser et de l’accepter. Les désirs vont et viennent. Ils font partie intégrante de notre empreinte/imprégnation humaine. Ils surgissent spontanément dans l’esprit. Les désirs eux-mêmes ne constituent pas le problème et vous ne pouvez pas les supprimer, de toute façon. Par ailleurs, ils servent à notre évolution en nous apportant toute une gamme d’expériences que nous sommes destinés à connaître en tant qu’humains. Le problème, c’est que l’identification avec le désir vous fait beaucoup souffrir. C’est vous identifier avec le désir – fortement ressentir que vous voulez quelque chose que vous n’avez pas – qui crée de la souffrance et le sentiment d’avoir un problème. Ou vous voulez quelque chose que vous n’avez pas actuellement, mais que vous pourriez avoir plus tard ou vous voulez quelque chose que vous sentez bien que vous ne pourrez jamais avoir. Il y a beaucoup d’autres choses qui entrent en ligne de compte dans la création d’un problème causé par un désir et parmi les plus importantes, il y a les émotions. Lorsque nous désirons autre chose que la façon dont sont les choses, des émotions surgissent. Nous pourrions nous sentir peinés, fâchés, coupables ou inférieurs pour ne pas avoir ce que nous désirons, craindre de ne jamais l’avoir ou être jaloux, envieux ou amers à l’égard de ceux qui l’ont. Alors, nous avons non seulement le 206 problème d’obtenir ce que nous désirons, mais en plus le problème de nous débarrasser de ces émotions négatives. Le problème est juste devenu plus important, avec ces émotions qui se sont surajoutées au désir. Un autre élément majeur dans la création d’un problème, c’est que nous nous racontons des histoires. Nous brossons un tableau négatif de la manière dont sont les choses, parce qu’il y manque ce que nous voulons : ‘’Cela ne devrait pas être ainsi…Je dois changer cela…Je ne serai jamais satisfaite tant que cela n’est pas différent !...C’est toujours à moi que cela arrive !...Je n’arriverai jamais à tourner la page…C’est trop compliqué à gérer…J’ai horreur de cela !...Que la vie me pompe !’’…Ces histoires renforcent les émotions existantes et en génèrent d’autres. Elles augmentent également l’importance de tout ce dont on s’imagine manquer en lui donnant du sens et en fournissant des arguments qui soutiennent pourquoi ne pas avoir ce que nous voulons constitue un problème. Nous considérons que ne pas avoir ce que nous voulons signifie que nous ne serons pas heureux, que nous sommes déficients ou ratés, que la vie est horrible, que nous sommes indignes d’êtres aimés ou du bonheur, etc., etc. Ces histoires peuvent même faire paraître réellement importants des désirs éphémères et passagers. Provoquer des problèmes est ce que fait l’ego et il le fait ainsi : premièrement, il désire que quelque chose soit différent et puis il amplifie l’importance de ceci avec des histoires. Les émotions qui résultent du désir et des histoires nous persuadent qu’en fait, le désir est important et nécessaire à notre bonheur. Il est intéressant de constater que ces histoires ne font pas seulement souvent référence à l’importance du désir, mais encore à la probabilité minime d’obtenir ce que nous voulons ou à la très grande difficulté de l’obtenir. Agir ainsi produit de la souffrance, de la peine, de la tristesse et de la colère que beaucoup de personnes éprouvent continuellement. Elles veulent que les choses soient différentes, mais elles se sentent incapables d’obtenir ce qu’elles désirent ou elles sentent qu’il est fort improbable qu’elles obtiendront ce qu’elles désirent. Certaines personnes ont appris à combattre cette négativité, se disent que c’est possible et qu’elles en sont capables et alors, leurs désirs alimentent des actions pour obtenir ce qu’elles désirent. Elles deviennent des battantes, des gagneuses, des gens qui réussissent. Les problèmes créés par l’ego génèrent beaucoup d’activités sur la Terre, mais une bonne partie de toute cette activité n’est pas particulièrement satisfaisante, ni épanouissante, et elle ne nous apportera pas nécessairement le bonheur auquel nous aspirons tous, et une bonne partie de toute cette activité s’avère particulièrement pénible pour la Terre et pour ses ressources. Ceci nous a investis dans les valeurs matérielles et superficielles de l’ego et nous a éloignés des valeurs de l’Essence, c’est-à-dire l’amour, la paix, le lien, l’évolution, l’épanouissement et le bonheur véritable et authentique. Lorsque nous nous situons dans l’Essence, nous accomplissons encore des choses, mais nos 207 actions ne sont plus alimentées par les émotions négatives de l’ego, par des désirs et par des craintes, mais par une motivation plus propre et plus vraie. Les choses qui ont besoin d’être accomplies le sont toujours, et cela coule de source. Le mensonge qui est à la base de chaque désir, c’est que vous serez heureux, quand ce désir sera comblé. Cette conviction alimente l’action, mais les choses que l’ego désire ne confèrent pas le bonheur, partiellement parce que les choses que veut l’ego viennent, puis s’en vont toutes – la beauté, la jeunesse, le succès, le statut, le confort, la sécurité, l’argent, le pouvoir – et aussi parce qu’une fois que l’ego obtient ce qu’il désire, ou cela n’est pas suffisant ou l’ego veut quelque chose de différent. Vous ne pouvez pas gagner en écoutant l’ego. A un moment donné, si vous voulez être heureux et si vous ne voulez pas être obsédé par la résolution de problèmes, vous devez voir que l’ego est un menteur. Il vous raconte que quelque chose manque et qu’il vous faut cela pour être heureux et cela n’est simplement pas vrai. Alors, que percevez-vous comme étant vos problèmes ? Que vous racontez-vous à leur sujet ? Quels désirs y a-t-il derrière et ces désirs sont-ils si importants ? Ils sont importants pour votre ego, mais qu’en est-il de vous ? Que voulez-vous réellement ? La vie vous permettra d’avoir l’expérience des problèmes et elle vous permettra de poursuivre ce que veut votre ego, mais il y a ici autre chose qui vous pousse vers le bonheur authentique et l’accomplissement authentique, et c’est ce que vous êtes réellement. C’est ce qui lit ceci et qui voit la vérité par rapport à ceci. Les problèmes sont créés en les cherchant, en définissant quelque chose comme étant un problème et il n’y a qu’une seul chose ici qui agit en ce sens – et c’est l’ego. Lorsque vous renoncez au mental égoïque, il n’y a plus de problèmes. Les mêmes choses doivent être faites, mais elles sont juste simplement faites. Vous et tout le reste, vous êtes toujours pareils et c’est très bien ainsi. Ce simple décalage de l’ego vers l’Essence constitue la différence entre le paradis et l’enfer sur la terre. Une fois que vous voyez la vérité par rapport à cela, vous avez le choix : remarquez comment le mental égoïque crée des problèmes avec les histoires qu’il raconte, remarquez comment ce qu’il désire n’est pas nécessairement vrai, ni judicieux et remarquez surtout ce qui est capable de remarquer tout cela, parce que c’est ce que vous êtes réellement. 208 COMMENT VOUS RENDRE MALHEUREUX Pensez à toutes les choses que d’autres personnes possèdent et que vous n’avez pas (par exemple une relation amoureuse, une belle maison, une nouvelle voiture, un travail formidable, des enfants, un corps élancé, une santé parfaite, beaucoup d’argent, du succès, de la popularité, la beauté, des loisirs intéressants et du sexe) et imaginez combien elles sont heureuses et combien vous le seriez, si vous aviez ce qu’elles possèdent. Rêvassez à ce à quoi votre vie devrait ressembler. Ruminez la liste mentale de vos ‘’problèmes’’, de vos lacunes et de la manière dont vous et votre vie n’êtes pas à la hauteur et tout ce que vous devriez faire par rapport à cela, puis faites de ceci votre sujet de conversation principal avec autrui. Pensez à tout ce qui vous a contrarié dans le passé et parlez-en. Repassez-vous d’anciennes conversations auxquelles vous avez pris part et tirez des conclusions par rapport à la manière dont on vous considère ou dont vous considérez ces personnes. Pensez à tout ce que vous êtes contraint de faire. Entretenez des avis et des opinions sur tout et n’importe quoi. Remarquez tout ce que vous n’aimez pas ou que vous n’appréciez pas. Pensez à d’autres personnes et parlez d’elles. Pensez à vous-même et à la façon dont avance votre vie. Pensez à toutes les choses qui pourraient aller mal, puis à toutes les choses terribles qui sont arrivées à d’autres. Consacrez beaucoup de temps à vous regarder dans le miroir. Fixez-vous des buts et des objectifs pour vous-même et pour votre vie et attendez de les avoir accomplis et réalisés pour être heureux. Affairez-vous et occupez-vous de manière à ne plus pouvoir ni jouer, ni faire ce que vous aimez faire ou ne rien faire – sinon peut-être regarder la télé. Pouvez-vous encore trouver autre chose à ajouter à cette liste ? Comment vous rendez-vous malheureux ? A présent, comment pouvons-nous nous rendre heureux ? En cessant de faire tout ce qui est mentionné sur cette liste, car le bonheur est notre état naturel et lorsque nous cessons de faire tout ce qui nous rend malheureux, nous sommes naturellement heureux ! 209 CHANGEMENTS DE CAP ET DÉFIS Le changement, c’est comme lancer une pièce en l’air et vous ne savez pas comment celle-ci va retomber : bien ou mal pour l’ego ? L’ego se tracasse beaucoup par rapport au fait qu’elle puisse mal retomber. Quand les choses bougent, il considère les pires scénarios possibles et redoute le pire. Il colle une histoire au changement : ‘’Ma vie part en vrille….’’ Si nous nous situons dans l’instant présent au cœur du changement ou d’un défi (comme par exemple un divorce, un déménagement, une période de chômage, un problème de santé, etc.), nous voyons que l’expérience réelle de la vie évolue constamment, à chaque instant. Et même durant les pires périodes, les mauvais sentiments vont et viennent et nous avons toute latitude de rire, d’être heureux et certainement d’aimer. L’histoire que nous introduisons sur le moment même concernant un changement ou un défi rend souvent cet instant plus difficile ou plus stressant qu’il ne l’est réellement. A quel point les changements et les défis de la vie sont problématiques est surtout une question de pouvoir nous situer simplement dans la vie sans notre histoire concernant ce changement ou ce défi et à quel point nous ne sommes pas dans la vie réelle, mais dans notre histoire. Nous véhiculons mentalement avec nous et tout autour de nous le sentiment d’avoir un problème et nous l’introduisons dans le moment présent en le gâchant. Un changement ou un problème n’a pas d’existence objective, mais n’existe que sous la forme d’une idée d’un changement ou d’un problème. Nous définissons quelque chose comme étant un problème et nous créons l’expérience d’avoir un problème. Aucune situation, ni aucune circonstance ne sont ingérables, mais nous les rendons telles en pensant à ‘’notre problème’’, en nous lamentant à son propos, en tentant de comprendre l’incompréhensible, en nous sentant mal par rapport à cela, en nous mettant en colère, en nous angoissant, en ressassant le passé et en voulant que les choses soient différentes. Ces pensées rendent ce que nous sommes en train d’expérimenter plus complexe, plus ardu et plus éprouvant que n’importe quelle situation particulière ou spécifique ne l’est réellement. Si une période ou si une situation complexe ou délicate est dépouillée de telles pensées, tout ce qui reste, c’est ce qu’il y a à faire ou à ne pas faire dans l’instant même par rapport à cela ou n’importe quoi d’autre. Souvent, ce qui est requis de nous dans un moment particulier n’a rien à voir avec notre ‘’problème’’, mais nous pouvons introduire l’idée de ce problème dans ces moments ordinaires qui sont potentiellement plaisants. Je vous mets au défi de rester continuellement déprimé ou malheureux. C’est impossible ! Comme un poing serré pendant trop longtemps, la contraction doit 210 cesser à un moment donné. Nous sommes finalement soulagés et ce soulagement se produit généralement, parce que nous tournons notre esprit et notre attention vers autre chose que notre problème en nous perdant dans l’expérience que nous vivons, en nous perdant dans le réel plutôt que dans l’irréel (notre problème). Le problème est que notre ego aime vraiment l’idée d’un problème et tous les soucis et toutes les stratégies qui l’accompagnent. L’ego est en outre ce qui déteste le problème et paradoxalement, apprécie le détester ! Vous pouvez le ressentir, si vous observez l’expérience globale de votre souffrance. A l’intérieur de cette souffrance, il y a une certaine appréciation de la souffrance, et c’est l’ego. Souffrir maintient l’ego en vie et lui procure une identité. ‘’Je suis quelqu’un qui souffre. J‘ai un problème qui nécessite une solution.’’ Un problème nous procure non seulement une identité, mais il nous donne aussi quelque chose à faire. L’ego définit quelque chose comme un problème, génère des émotions désagréables autour de ceci, puis il recherche des solutions. La création d’un problème et la recherche d’une solution sont un moyen pour se maintenir pour l’ego. Sans un ‘’problème’’ et sans la souffrance qu’il engendre, il n’y aurait à se préoccuper de rien et sans pensées, nous glisserions dans l’Essence et nous serions heureux et l’ego serait au chômage. L’ego a ses combines qui le maintiennent au pouvoir et il ne veut pas que vous compreniez cela. La beauté, c’est que l’évolution ne ressemble pas à une pièce d’argent qu’on lance en l’air. Ce n’est que l’impression de l’ego. L’évolution ne ressemble pas à une pièce d’argent qu’on lance en l’air, parce qu’une pièce d’argent n’a que deux côtés – un côté que l’on considère comme bon et l’autre comme mauvais. Du point de vue de l’Essence, toute évolution qui se produit est simplement ce qui est censé se produire. En d’autres termes, le lancement de la pièce d’argent retombe toujours en votre faveur. C’est en fin de compte la vérité de la vie. La vie ne ressemble pas à une pièce d’argent, parce qu’elle n’a pas deux faces. Elle n’est ni ‘’bonne’’, ni ‘’mauvaise’’. Chaque chose recèle ses bénédictions déguisées et ses coûts cachés. Mais la vie est souvent comme une pièce d’argent qu’on lance en matière d’imprévisibilité. Nous n’avons simplement pas à craindre la manière dont elle retombera. Il y a quelque chose de très sage derrière toute expérience qui ressemble à un jet de pièce. Nous pouvons bien ne pas être conscients de cette Intelligence, mais nous pouvons nous fier au fait qu’elle apportera les expériences dont nous avons besoin. Et si nous n’introduisons pas d’inquiétudes, de craintes, de jugements, de résistance, de victimisation, de colère, de confusion, ou toute autre négativité dans une expérience, nous découvrirons que celle-ci est utile à notre croissance et à notre évolution pour devenir un être humain plus aimant et plus sage. La vie est sage et nous ramène chez nous. Les changements et les défis constituent une part 211 naturelle et nécessaire de la vie. Si nous nous fions à la sagesse que nous sommes et si nous l’écoutons plutôt que de nous fier au moi et d’écouter ce faux moi que nous ne sommes pas, nous découvrons que nous pouvons nous frayer un chemin gracieusement et sans trop de souffrance à travers n’importe quel changement ou n’importe quel défi. 212 ON NE RÉSOUT PAS LES PROBLÈMES EN LES RESSASSANT Quand nous avons un problème, il a tendance à resurgir dans notre esprit à maintes reprises au cours de la journée. Nous nous tracassons et nous tentons de décider quoi faire, mais penser à nos problèmes, c’est surtout penser à ce qui pourrait arriver dans le futur. ‘’Que va-t-il se passer et comment cela va-t-il m’affecter ?’’, nous demandons-nous. Le problème est qu’il n’y a pas de réponses à ces questions – avant qu’il n’y en ait ! – peu importe combien nous nous triturons les méninges à leur propos. Les réponses et la solution à tout problème que nous pensons avoir seront révélées en temps voulu, au fur et à mesure que la vie se déploie et ceci ne peut être précipité. Nous n’avons que peu d’influence sur le timing et sur le déroulement de la vie. Le mental n’apprécie guère que nous ne pouvons pas toujours savoir quoi faire immédiatement ni comment les choses vont se résoudre et il insiste pour savoir quoi faire et ce qui va arriver avant qu’il ne soit possible de le savoir. Parfois, le mental invente des réponses juste pour savoir, puis il prétend savoir quoi faire et ce qui va arriver. Le mental va souvent de l’avant avec sa solution fondée sur ses conjectures. Les problèmes se résolvent naturellement avec le temps. Nous faisons ce qui a besoin d’être fait, quand cela se présente. Les solutions sont souvent découvertes intuitivement, lorsqu’elles jaillissent dans notre esprit. Nous savons soudainement ce que nous devons faire par rapport à une situation. Nous pouvons bien nous demander pourquoi nous n’avons pas vu plus tôt la réponse, mais la vie est ainsi faite et toutes nos récriminations par rapport à ceci et tous nos efforts pour savoir ne peuvent rien y changer. Il y a l’exemple courant du problème de santé. Nous pourrions vivre avec celui-ci depuis des années, et puis nous tombons soudainement sur une information qui nous procure la solution ou les explications que nous recherchions. Parfois, nous ne sommes pas censés trouver des réponses à un problème. Un problème peut servir à catalyser notre évolution ou nous orienter dans une nouvelle direction et il faut parfois des années avant que la bénédiction d’avoir vécu cette expérience ne devienne claire, mais même si ceci ne devient jamais clair, nous pouvons nous fier au fait que ce que nous qualifions de ‘’problèmes’’ nous sert d’une façon ou d’une autre ― si pas seulement pour produire la souffrance qui nous montre que nous étions le créateur de cette souffrance depuis toujours et que nous n’avions pas réellement un problème, hormis celui que nous créions en pensant à quelque chose, d’une certaine manière. Un exemple est que nous pourrions avoir l’impression que notre relation de couple est problématique. Nous sommes malheureux et nous ignorons quoi faire par rapport à cela, puis nous découvrons que nous créons notre propre souffrance et le sentiment qu’il y a un 213 problème à cause des exigences que nous entretenons à l’égard de notre partenaire d’être différent plutôt que de simplement l’accepter et de permettre à cette personne et à la relation d’être comme elle est. Le mental égoïque trouve toutes sortes de choses qu’il n’aime pas et qui deviennent des problèmes, mais est-ce réellement un problème, si vous n’aimez pas quelque chose ? Qu’en serait-il si vous décidiez qu’il n’était pas problématique de ne pas aimer quelque chose ou que vous n’avez pas besoin de changer quelque chose, juste parce que vous n’aimez pas cela ? Ceci s’appelle de l’acceptation : vous acceptez quelque chose que vous n’aimez pas, simplement parce que vous décidez de l’accepter plutôt que de vous focaliser sur le fait de ne pas l’aimer et d’en faire un problème. Ou qu’en serait-il, si vous décidiez de l’aimer plutôt que l’inverse ? Ressasser nos problèmes n’aide pas. Cela rend juste impossible de pouvoir profiter de la vie, comme elle se manifeste. Et si vous examinez les choses attentivement, vous réaliserez aussi que sans vos pensées par rapport à une situation, il n’y a pas de problème. Tous les problèmes sont simplement définis comme tels par le mental. Qu’en serait-il, si vous n’écoutiez pas les inquiétudes, les craintes et les points de vue du mental concernant la vie ? Vivre dans l’instant présent est un lieu de liberté par rapport à de telles pensées. La vie est toujours gérée, les problèmes sont toujours résolus, mais avec beaucoup plus de paix et de joie. La vie ne doit pas être aussi dure ! 214 CELA PRENDRA LE TEMPS QU’IL FAUDRA Le mental égoïque polémique avec la vie. Il est généralement très pressé. Il produit le sentiment du temps et le sentiment qu’il n’y en a pas assez. Une de ses façons de faire, c’est de prétendre qu’une chose pourrait ou devrait prendre moins de temps, ce qui est bien entendu un mensonge. Les choses prendront le temps qu’il faudra et il n’y a généralement rien du tout que nous puissions faire à cet égard ― et elles prendront parfois encore plus de temps que nécessaire : des personnes sont en retard, le trafic routier est lent, il nous manque des ingrédients alors que nous cuisinons, quelqu’un nous interrompt avec un coup de téléphone intempestif…Le mental égoïque n’accepte même pas le temps que prennent normalement les choses et donc, le moindre retard constitue particulièrement un motif de se plaindre. Le mental compare tout ce qui se passe à un idéal ou avec quelque chose du passé et il s’imagine que la vie devrait se conformer à cet idéal ou à ce souvenir, mais la vie n’opère pas ainsi. Le mental n’accepte simplement pas comment la vie opère et cela crée beaucoup de tensions, si nous écoutons et croyons nos pensées. Pourquoi ne pas permettre à chaque petite chose et à chaque chose importante de prendre le temps qu’il faut ? Cela prendra le temps qu’il faudra, de toute manière. Ne pas accepter combien de temps nécessite une chose est une source de souffrance subtile et constante avec laquelle la plupart d’entre nous vivent sans la remettre en question, mais il est inutile de vivre avec le sentiment d’être bousculé, pressé, frustré, fâché, mécontent ou insatisfait, si nous voyons que nous créons nous-mêmes cette expérience déplaisante avec la perception qu’une chose ne devrait pas prendre autant de temps qu’elle n’en prend. Remarquez ceci, quand vous vaquez tout au long de votre journée. Remarquez à quel point le mental égoïque peut être mécontent à l’égard des tâches quotidiennes et pourtant, ces tâches doivent être accomplies. Il faut prendre la route pour aller quelque part, il faut se brosser les dents, il faut payer ses factures et il faut bien faire toutes les choses qui font en sorte que nos vies fonctionnent et opèrent harmonieusement. Résister et nous plaindre par rapport à de telles tâches est dysfonctionnel et désagréable, alors pourquoi écouter et adhérer à la résistance, aux plaintes et à la négativité du mental ? La clé est de simplement voir que toute résistance ou toute négativité par rapport à ce que vous êtes en train de faire est la résistance et la négativité de votre mental, et non la vôtre, car vous êtes Cela qui est capable d’observer vos pensées et tout ce que fabrique le mental – comment il produit et génère de la négativité et de l’insatisfaction. Notre position par défaut, en tant qu’humains, c’est d’adhérer à nos pensées et de sentir qu’elles sont nos pensées, mais elles sont juste le programme reçu. Si ces pensées surgissaient dans l’esprit de quelqu’un d’autre plutôt que dans le nôtre, nous ne les considérerions pas comme étant les nôtres, mais puisqu’elles surgissent dans notre propre tête, nous 215 y adhérons. Nous croyons que c’est ce que nous croyons et ressentons et qu’il est juste et approprié de se sentir ainsi. Quelle bénédiction, quand vous découvrez Cela qui est en vous et qui peut désapprouver la négativité, qui peut désapprouver vos propres pensées ! Qu’est-ce que Cela ? C’est qui vous êtes réellement. Vous êtes Cela qui est heureux de la vie et qui peut permettre à toute chose de prendre autant de temps qu’il le faut. Ce basculement très simple entre bousculer les choses et leur permettre de prendre tout le temps nécessaire modifiera radicalement votre expérience de la vie. Vivre ainsi est beaucoup plus paisible, fonctionnel et amusant. Les mêmes tâches sont accomplies dans un temps similaire, mais dans la facilité et la paix plutôt que dans la tension, le stress et la frustration. Se libérer de la colère, de la frustration et de l’insatisfaction est possible, simplement en observant comment le mental est capable de créer ces sentiments en vous, si vous le laissez faire. Et soyez reconnaissant envers la vie que vous avez reçue et envers toutes les choses que vous ‘’devez’’ faire. Depuis ce lieu, si quelque chose qui concerne votre vie ou la manière dont vous faites les choses doit être modifié pour le mieux, vous trouverez plus facilement le moyen de le faire. Le mental adore réellement se sentir victime, martyr et bien-pensant et donc, il ne vous aidera pas à trouver le moyen d’être plus fonctionnel et plus heureux. Il préférerait plutôt se complaire et se vautrer dans sa propre souffrance. Vous trouverez la voie en n’écoutant pas vos pensées négatives et en laissant toute chose prendre le temps nécessaire. Détendez-vous et profitez bien du voyage ! 216 ÊTES-VOUS BIEN DISPOSÉ ? Etes-vous bien disposé à jouer le rôle que la Totalité a à l’esprit pour vous, peu importe sa grandeur ou sa petitesse ? Etes-vous bien disposé à vivre l’expérience que vous vivez ? Etes-vous bien disposé à voir que l’expérience que vous êtes en train de vivre sert votre évolution, de même que l’évolution de la Totalité ? Pourquoi ne pas abandonner la lutte, le combat de faire en sorte que votre vie ‘’tourne’’ d’une certaine manière, afin d’expérimenter réellement la vie qui est la vôtre maintenant – non pas l’histoire que vous vous racontez au sujet de votre vie, mais l’instant présent, libre de cette histoire ? Etes-vous bien disposé à vieillir, comme vous vieillissez ? Etes-vous bien disposé à avoir le montant que vous avez sur votre compte bancaire ? Etes-vous bien disposé à déménager, si vous devez déménager, ou à rester, si vous devez rester ? Etesvous bien disposé à être en couple, si vous êtes en couple ou à ne pas être en couple, si vous n’êtes pas en couple ? Etes-vous bien disposé à ressembler à ce à quoi vous ressemblez maintenant ? Etes-vous bien disposé à expérimenter la douleur, si c’est cela que vous expérimentez ? Etes-vous bien disposé à vous sentir perdu ou mal ou confus ou peu importe la façon dont vous vous sentez ? Tout ce que nous avons jamais à faire maintenant, c’est d’être bien disposés à vivre toute expérience que nous sommes en train de vivre. Si c’est le cas, les choses qui ont l’air d’être un problème cessent d’avoir l’air d’être un problème et nous pouvons expérimenter la beauté et la bonté de la vie. Qu’en serait-il, si toutes les choses qui se produisaient et que vous n’aimiez pas étaient OK pour vous ? Que faudrait-il pour qu’elles le soient ? N’est-ce pas quelque chose à l’intérieur de vous qui décide qu’elles ne sont pas OK ? Quelles sont les convictions qui vous empêchent de permettre à ces choses d’être OK ? Cela vous fait-il du bien de décider que ces choses ne sont pas OK ? Le fait est que si quelque chose n’est pas OK pour nous, nous nous sentons malheureux, alors non seulement nous avons la situation que nous n’aimons pas, mais nous sommes malheureux, en plus. Nous pouvons simplement avoir la situation que nous n’aimons pas et néanmoins être heureux ! L’acceptation ne veut pas dire que vous devez aimer la situation. Cela veut simplement dire que vous êtes bien disposé à la laisser être comme elle est pour l’instant, si seulement parce que vous ne voulez pas gâcher ce moment précieux en étant malheureux. Etre malheureux n’est pas nécessaire. Nous pouvons ne pas aimer quelque chose et néanmoins être heureux ! La volonté de laisser les choses être telles qu’elles sont nous permet de nous détendre et d’être simplement ici dans l’instant sans combattre ou craindre quelque chose, sans nous plaindre de quelque chose ou bidouiller quelque chose, tout ceci finissant par définir notre expérience de la vie, 217 si nous le permettons. La volonté de laisser les choses être comme elles sont nous permet de nous situer dans le moment présent sans le sentiment d’avoir un problème. Etre bien disposé à laisser une chose que nous n’aimons pas être comme elle est nous permet d’expérimenter tout ce qui se passe d’autre dans l’instant à côté de ce que nous n’aimons pas dans notre vie. A ce moment-là, nous pouvons découvrir qu’il y a plein de choses dans l’instant et dans la vie que nous aimons, qui sont merveilleuses et magnifiques et envers lesquelles nous pouvons être reconnaissants. Curieusement, cet état de détente et de gratitude est l’état d’où les solutions et l’inspiration jaillissent pour changer tout ce qui est destiné à être changé. Etes-vous bien disposé à permettre à votre vie d’être comme elle est actuellement ? Il n’y a vraiment pas beaucoup d’autres alternatives…L’unique alternative étant de vous plaindre ou de vous fâcher ou d’être malheureux par rapport à cela, ce qui ne la changera pas. Si vous ne pouvez rien y changer actuellement, alors laissez un autre moment s’en charger. Etes-vous bien disposé à expérimenter tout ce qui se passe dans l’instant ― et pas seulement vos idées, vos souhaits, vos rêves, vos peurs, vos doutes et vos désirs ? Expérimenter de telles pensées plutôt que la vie réelle est ce qui nous rend malheureux. Il y a toujours assez pour être heureux, si votre attention ne se focalise pas sur de telles pensées. Le désir que quelque chose soit différent nous éloigne de la vie réelle et nous rend mécontents de la vie. Nous pensons que ces désirs nous servent, mais ils ne font que créer et entretenir le faux moi. L’Essence a des élans et des intentions plus profondes qui n’aboutissent pas à l’insatisfaction à laquelle conduisent les désirs de l’ego. Suivre ces élans plus profonds n’est possible que si nous ne souffrons pas des désirs de l’ego. Glissez-vous dans le moment présent et découvrez ce que l’Essence vous destine dans l’instant. Etes-vous bien disposé à vivre l’expérience de l’Essence dans l’instant ? A tout moment, nous pouvons ou bien avoir l’expérience de l’ego ou bien celle de l’Essence. Voulez-vous la paix ? 218 À PROPOS DE L’AUTEURE Gina Lake est une enseignante spirituelle, auteure de nombreux livres concernant l’éveil à notre véritable nature, dont Trusting Life, Embracing the Now, Radical Happiness, Living in the Now, Return to Essence, Loving in the Moment, What About Now ?, Anatomy of Desire et Getting Free. Dotée d’une solide intuition, elle possède une maîtrise en psychologie de l’orientation et dispose d’une expérience de plus de vingt ans dans le domaine de l’aide aux personnes et leur croissance spirituelle. Son site Web fournit des informations sur ses livres (dont plusieurs sont téléchargeables gratuitement) et offre encore d’autres extraits de ses livres, un bulletin mensuel, un blog ainsi que des enregistrements audio et vidéo. (www.radicalhappiness.com) Partage-pdf.webnode.fr 219