RAYONNER AU GRAND JOUR - JOHN WHEELER

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RAYONNER AU GRAND JOUR
JOHN WHEELER
Entretien extrait de
‘’Right here, right now’'
Question : J'aimerais partager quelques réflexions et peut-être entendre vos
commentaires. Souvent, lorsque l'on observe la souffrance, on reconnaît qu'elle est
illusoire. Il n'y a donc pas de questions. Il semble que vous ayez dit tout ce qui peut
être dit par rapport à qui je suis. Non seulement cela, mais l'expérience directe a eu
lieu. Ainsi, le pendule de l'expérience continue de se déplacer et "je" ne m'en soucie
plus tellement. Je supporte les mauvais moments et je profite des bons moments. Et
je me demande toujours qui est là pour souffrir ou se réjouir.
Malgré tout, des concepts sans issue ressurgissent, l'un d'eux étant que l'expérience
de la vision de ma nature véritable, il y a un mois, fut très intense et chargée en
émotion. C’était comme si j'étais une étoile rayonnante dans un cœur infini, aimant et
tranquille, le tout accompagné de la vision claire de l'absence d'un "moi". Il n'y a pas
d'expérience de cet ordre en ce moment. Et il y a la recherche d’une telle expérience
qui piège l'esprit dans la recherche d'un moment imaginaire basé sur la mémoire. J'ai
l'impression d'être piégé, comme si je ne pourrai être heureux que si de telles
expériences se produisent, et en même temps, lorsque ma vraie nature de Félicité ou
de Conscience se révèle, même pour une fraction de seconde, le sentiment d'amour
et de certitude est là.
Un autre souci concerne les moments où l'esprit est soit absorbé par une activité,
comme jouer du violoncelle, au tennis ou à l'ordinateur, soit complètement perdu
dans une séquence d'événements imaginaires agréables ou désagréables. Il n'y a
aucune possibilité d'auto-examen dans ces moments-là. Il semble évident qu’on ne
peut rien y faire, mais la frustration découlant de la perception d'une telle quantité de
"temps perdu" revient sans cesse. Je n'arrive pas à définir le rapport entre ces
expériences et la croyance d'être une entité distincte.
À part ça, il y a parfois une fluidité, une absence d'effort, une informalité dans la vie
qui sont inédites. Et la liberté et la gratitude semblent affleurer sans effort. Souvent,
cette pensée et ce sentiment montent : " Regarde, tout est calme et parfait ! Où es-
tu, toi et toute ta souffrance ?
John : Continuez à revenir à la reconnaissance de votre vraie nature. Il ne s'agit pas
d'une expérience ou d'un moment de clarté qui varie. Nous recherchons quelque
chose qui est constant et toujours accessible. Cela ne dépend pas de moments
visionnaires ou de choses qui se détachent. Car même pendant ces états
changeants, vous ne pouvez pas nier votre Présence, qui existe et qui est
consciente. En y revenant, vous vous installez dans la compréhension qu'il y a
quelque chose de clair, de lumineux et de stable en vous en permanence. Pouvez-
vous vraiment dire que ce que vous êtes fluctue ou n'est pas présent maintenant ou
à chaque instant ?
Ce fleurissement est constant et toujours présent dans le cœur. C'est réellement ce
que vous êtes. Il peut sembler y avoir des fluctuations entre la reconnaissance de
cette Présence claire et l'intérêt résiduel ou la croyance en des pensées et des
sentiments égocentriques dus à de vieilles habitudes mentales, ce qui donne
l'impression que la clarté varie. C'est un genre d'illusion, comme ce sentiment que le
train est immobile et que le monde extérieur est en mouvement. En explorant un peu
la question, on s'aperçoit que ce n'est pas réellement vrai.
La souffrance et les doutes ne sont que des pensées. La simplicité de ceci est
époustouflante et les implications sont immenses. Ces pensées tournent
généralement autour d'une vision ou d'une notion de nous-mêmes comme étant
limités et séparés de la vérité profonde. Mais est-ce réellement vrai ? Sommes-nous
vraiment en marge de ce qui est indiqué comme étant la réalité ? En creusant un peu
cette question avec curiosité et intérêt, on démonte les croyances et on continue à
découvrir l’accessibilité immédiate de la clarté.
Ce ne sont là que quelques réflexions qui me sont venues à l'esprit et que je
souhaite partager sur base de mon expérience. J'ai vécu exactement la même
expérience que celle que vous partagez, et je sais donc qu'il est possible d’éclaircir
de tels doutes.
Q : Je vous remercie pour votre message. La profondeur et la clarté de vos paroles
sont admirables. Si vous le permettez, je voudrais discuter davantage de ces
questions et d'autres encore, même si d'une certaine manière, elles ne me semblent
plus vraiment sérieuses. Il y a une compréhension sous-jacente du fait que tout cela
est conceptuel. C'est comme si tout n'était qu'un film qui défile, incorporant les sens
et le monde que le mental crée à partir de leurs données. Ceci dit, il est bon et juste
de neutraliser, dans un certain sens, les questions et les doutes, en les considérant
dans le miroir de vos réponses. On éprouve de la reconnaissance d'être en mesure
de le faire en ce moment.
J : Ne doutez pas. Tout ceci se met très bien en place. C'est comme une fleur, qui
s'épanouit et se dévoile. Une fois que l'on perçoit clairement le cœur du sujet et que
l'on entre en résonance avec lui, tout le reste se déploie. Vous voyez de plus en plus
clairement la simplicité de ce qui est présent et alors, les idées conceptuelles que
l’on avait l'habitude de considérer comme allant de soi commencent à paraître
artificielles et inutiles. Il est bon d'en parler. Ce n'est qu'un rappel temporaire jusqu'à
ce que la compréhension s'installe. Alors, vous n'avez plus besoin d'indications, ni de
conseils. Ce que vous vous efforcez de connaître rayonne clairement, de toute
évidence.
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