Guide de prescription psychiatrique pendant la grossesse

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G Model
ENCEP-1591;
No.
of
Pages
14
L’Encéphale
xxx
(xxxx)
xxx–xxx
Disponible
en
ligne
sur
ScienceDirect
www.sciencedirect.com
Revue
de
la
littérature
Guide
de
prescription
psychiatrique
pendant
la
grossesse,
le
postpartum
et
l’allaitement
A
guide
to
psychiatric
prescribing
in
pregnancy,
postpartum
and
breastfeeding
H.
Bottemannea,,b,c,
L.
Jolyb,d,
H.
Javelote,
F.
Ferrerib,d,1,
P.
Fossatia,b,1
aDepartment
of
psychiatry,
Pitié-Salpêtrière
hospital,
DMU
Neuroscience,
Sorbonne
university,
Assistance
Publique–hôpitaux
de
Paris
(AP–HP),
Paris,
France
bParis
Brain
Institute
institut
du
Cerveau,
Inserm,
CNRS,
Sorbonne
university,
Paris,
France
cSorbonne
university,
department
of
philosophy,
SND
Research
Unit,
UMR
8011,
CNRS,
Paris,
France
dDepartment
of
psychiatry,
Saint-Antoine
hospital,
DMU
neuroscience,
Sorbonne
university,
Assistance
Publique–hôpitaux
de
Paris
(AP–HP),
Paris,
France
eCREPP
(Centre
de
Ressources
et
d’Expertise
en
PsychoPharmacologie),
établissement
public
de
santé
Alsace
Nord,
Brumath,
France
i
n
f
o
a
r
t
i
c
l
e
Historique
de
l’article
:
Rec¸
u
le
8
juillet
2022
Accepté
le
16
aoˆ
ut
2022
Disponible
sur
Internet
le
xxx
Mots
clés
:
Psychopharmacologie
Périnatal
Grossesse
Allaitement
Néonatologie
Post-partum
r
é
s
u
m
é
La
psychopharmacologie
périnatale
est
une
spécialité
émergente
se
développant
progressivement
aux
côtés
de
la
psychiatrie
périnatale.
La
prise
en
charge
des
troubles
psychiatriques
pendant
la
période
péri-
natale
est
un
défi
pour
les
praticiens
de
la
périnatalité
en
raison
des
multiples
changements
survenant
pendant
cette
période
cruciale.
La
méconnaissance
des
données
de
la
psychopharmacologie
périnatale
peut
favoriser
un
défaut
de
soins
psychiques
périnataux
par
crainte
d’effets
indésirables
des
traitements
psychotropes
sur
la
mère
et
le
nourrisson
pendant
la
grossesse
et
le
postpartum.
Pourtant,
les
risques
liés
à
une
prise
en
charge
insuffisante
de
la
santé
psychique
sont
majeurs,
impactant
à
la
fois
la
santé
psychique
et
physique
de
la
mère
et
du
nourrisson.
Dans
cet
article,
nous
proposons
un
guide
de
prescrip-
tion
de
psychopharmacologie
périnatale
à
l’usage
des
cliniciens
de
la
périnatalité,
fondé
sur
les
preuves
scientifiques
disponibles
et
les
recommandations
internationales
et
nationales.
Nous
y
proposons
un
processus
de
prise
de
décision
formalisé
sur
des
heuristiques
simples
afin
d’aider
le
clinicien
à
prescrire
les
psychotropes
pendant
la
période
périnatale.
©
2022
L’Enc´
ephale,
Paris.
Keywords:
Psychopharmacology
Perinatal
Pregnancy
Breastfeeding
Neonatology
Post-partum
a
b
s
t
r
a
c
t
Perinatal
psychopharmacology
is
an
emerging
specialty
that
is
gradually
developing
alongside
perinatal
psychiatry.
The
management
of
psychiatric
disorders
during
the
perinatal
period
is
a
challenge
for
per-
inatal
practitioners
due
to
the
multiple
changes
occurring
during
this
crucial
period.
This
little-known
specialty
still
suffers
from
inappropriate
considerations
on
the
impact
of
psychotropic
treatments
on
the
mother
and
the
infant
during
pregnancy
and
postpartum,
which
can
promote
a
deficiency
in
perinatal
psychic
care.
However,
the
risks
associated
with
insufficient
management
of
mental
health
are
major,
impacting
both
the
mental
and
physical
health
of
the
mother
and
the
infant.
In
this
paper,
we
propose
a
perinatal
psychopharmacology
prescription
guide
based
on
available
scientific
evidence
and
internatio-
nal
and
national
recommendations.
We
thus
propose
a
decision-making
process
formalized
on
simple
heuristics
in
order
to
help
the
clinician
to
prescribe
psychotropic
drugs
during
the
perinatal
period.
©
2022
L’Enc´
ephale,
Paris.
Auteur
correspondant.
Adresse
e-mail
:
(H.
Bottemanne).
1Co-last
authorship.
https://doi.org/10.1016/j.encep.2022.08.017
0013-7006/©
2022
L’Enc´
ephale,
Paris.
Pour
citer
cet
article
:
Bottemanne
H,
et
al,
Guide
de
prescription
psychiatrique
pendant
la
grossesse,
le
postpartum
et
l’allaitement,
Encéphale,
https://doi.org/10.1016/j.encep.2022.08.017
ARTICLE IN PRESS
G Model
ENCEP-1591;
No.
of
Pages
14
H.
Bottemanne
et
al.
L’Encéphale
xxx
(xxxx)
xxx–xxx
Introduction
La
psychopharmacologie
périnatale
est
une
spécialité
en
essor,
se
développant
progressivement
aux
cotés
de
la
psychiatrie
péri-
natale.
La
prise
en
charge
des
troubles
psychiatriques
pendant
la
période
périnatale,
définie
comme
la
période
allant
de
la
conception
à
un
an
après
l’accouchement,
constitue
un
défi
pour
les
prati-
ciens
de
la
périnatalité,
englobant
des
considérations
cliniques,
scientifiques,
et
éthiques
transversales
[1].
La
période
périnatale
constitue
une
phase
de
transition
majeure
entrainant
de
multiples
changements
morphologiques,
hormonaux,
familiaux
et
psychique
Ces
changements
participent
à
fragiliser
la
santé
mentale
pendant
cette
période
cruciale,
et
compliquent
la
prise
en
charge
phar-
macologique
des
troubles
psychiatriques
périnataux.
Par
ailleurs,
les
changements
physiologiques
et
pharmacocinétiques
pendant
la
grossesse
et
le
postpartum
entrainent
des
changements
dans
le
métabolisme
des
psychotropes,
si
bien
que
les
patientes
qui
étaient
auparavant
stabilisées
présentent
un
risque
accru
de
décompensa-
tion
pendant
la
période
périnatale.
À
ces
difficultés,
s’ajoutent
des
a
priori
sur
les
psychotropes,
un
déficit
de
connaissances
et
de
formation
des
professionnels
de
la
périnatalité
en
psychopharmacologie
périnatale.
Certains
cli-
niciens
pensent
par
exemple
que
les
psychotropes
doivent
être
systématiquement
interrompus
pendant
la
grossesse,
ou
qu’ils
sont
contre-indiqués
avec
l’allaitement
[2].
Ces
croyances
médicales
inadaptées
peuvent
limiter
l’accès
aux
soins
et
la
bonne
conduite
d’un
traitement
psychotrope
chez
des
patientes
qui
en
nécessite-
raient.
Elles
participent
à
une
prise
en
charge
déficiente
des
troubles
psychiques
pendant
la
période
périnatale
et
provoquent
des
phéno-
mènes
ambigus
de
discrimination,
notamment
concernant
l’accès
à
l’allaitement.
On
estime
ainsi
qu’environ
85
%
des
femmes
enceintes
souffrant
de
trouble
psychique
ne
rec¸
oivent
pas
les
soins
adéquats
pour
leur
pathologie
durant
la
période
périnatale
[1,3].
La
question
de
l’allaitement
est
particulièrement
au
cœur
des
considérations
éthiques
pour
la
prise
en
charge
des
troubles
psy-
chiques
périnataux
:
l’allaitement
est
parfois
contre
indiqué
par
des
équipes,
ou
formellement
déconseillé,
chez
des
patientes
pre-
nant
des
psychotropes
compatibles
avec
l’allaitement,
malgré
des
recommandations
rassurantes
émises
par
les
institutions
scien-
tifiques
internationales
ou
nationale
franc¸
aise
comme
le
CRAT
(centre
de
référence
sur
les
agents
tératogènes)
ou
la
Société
Marcé
[4].
Dans
ces
situations,
le
risque
de
stigmatisation
peut
amener
cer-
taines
femmes
souffrant
de
troubles
psychiques
à
dissimuler
leurs
symptômes
auprès
des
professionnels
de
la
périnatalité,
au
risque
de
se
mettre
en
difficulté.
Pourtant,
la
santé
mentale
maternelle
est
une
priorité
absolue
de
santé
publique.
En
France,
le
suicide
maternel
est
la
première
cause
de
mortalité
maternelle
à
partir
du
43ejour
du
postpartum,
et
la
deuxième
cause
du
1er au
43ejour
du
postpartum
[5].
Cette
prévalence
est
à
peu
près
comparable
dans
les
nations
à
revenu
élevé,
estimé
aux
alentours
de
5
à
20
%
des
décès
maternels,
et
autour
de
1
à
5
%
dans
les
pays
à
revenu
faible
et
intermédiaire
en
raison
de
la
prévalence
plus
élevée
des
autres
causes
de
mortalité
[6].
Ces
suicides
interviennent
majoritairement
dans
des
contextes
de
dépression
du
postpartum
non
diagnostiquées
et
insuffisam-
ment
prises
en
charge,
ainsi
que
lors
de
décompensation
de
troubles
de
l’humeur
ou
de
troubles
psychotiques
déjà
connus.
En
dehors
de
ces
risques
dramatiques
pour
la
mère,
la
défi-
cience
de
prise
en
charge
des
troubles
psychiques
entraine
des
conséquences
fœtales
et
néonatales.
En
cas
de
décompensation
maternelle,
l’apparition
de
conduites
à
risque
chez
la
mère
peut
par
exemple
entrainer
une
exposition
du
fœtus
à
certains
toxiques.
Par
ailleurs,
les
troubles
psychiatriques
périnataux
modifient
signi-
ficativement
l’activité
des
principaux
axes
endocriniens
impliqués
dans
la
grossesse.
En
particulier,
l’exposition
à
des
taux
élevés
de
cortisol
pendant
la
grossesse
a
des
effets
délétères
sur
les
différents
paramètres
obstétricaux
avec
des
risques
majorés
de
prématu-
rité,
de
retard
de
croissance
intra-utérin
et
des
poids
de
naissance
inférieurs.
Une
décompensation
psychiatrique
du
postpartum
fait
courir
des
risques
considérables
de
troubles
des
interactions
pré-
coces
provoqués
par
les
troubles
du
comportement
maternel,
pouvant
aller
de
la
négligence
à
la
maltraitance
voir
au
néonati-
cide.
Les
enfants
exposés
ont
plus
de
risque
de
présenter
des
retards
de
développement
moteur
et
neurocognitif,
en
particulier
dans
la
communication
non
verbale
et
la
motricité
fine.
Malgré
ces
risques,
la
psychopharmacologie
périnatale
est
encore
un
domaine
majoritairement
inexploité.
Pourtant,
des
recommandations
de
bonne
pratique
de
prescription
existent,
fondées
sur
une
approche
rationnelle
et
appuyées
sur
des
preuves
scientifiques
et
des
considérations
éthiques,
intégrant
conjointement
le
bien-être
maternel,
fœtal
et
néonatal
[7].
Ces
recommandations
sont
encore
partielles,
et
souvent
basées
sur
des
études
avec
un
niveau
de
preuve
faible
à
modéré
en
raison
des
dif-
ficultés
méthodologiques
inhérentes
à
la
recherche
en
périnatalité.
Mais
la
recherche
liée
aux
psychotropes
pendant
la
grossesse
et
le
postpartum
évolue
constamment,
et
se
nourrit
de
travaux
issus
de
l’embryogenèse,
des
neurosciences
périnatales,
de
pharmaco-
épidémiologie,
et
de
la
psychopharmacologie.
Dans
cet
article,
nous
proposons
un
guide
de
prescription
de
psychopharmacologie
périnatale
à
l’usage
des
cliniciens
et
professionnels
de
la
périnatalité,
fondé
sur
les
recommanda-
tions
internationales
et
nationales.
Nous
proposons
également
un
processus
formalisé
de
prise
de
décision
édifié
sur
des
heuristiques
simples
afin
d’aider
le
clinicien
à
prescrire
les
psychotropes
pendant
la
période
périnatale.
Pour
ce
guide
de
prescription,
nous
n’avons
pas
intégré
la
nomenclature
NBN
(neuroscience-based
nomenclature)
fondée
sur
les
mécanismes
d’action
pharmacologique,
mais
nous
avons
conservé
une
classifi-
cation
traditionnelle
des
psychotropes
différenciant
des
molécules
antidépressives,
anxiolytiques,
antipsychotiques,
et
thymorégula-
trices.
Cet
article
ne
s’intéressera
pas
aux
traitements
du
trouble
déficitaire
d’attention
avec
hyperactivité
(TDAH),
dont
les
psy-
chostimulants,
et
aux
traitements
des
addictions.
L’ensemble
des
éléments
que
nous
proposons
constitue
une
trame
pour
améliorer
la
prise
en
charge
des
troubles
psychiques
pendant
la
période
péri-
natale.
Ils
sont
toutefois
susceptibles
d’évoluer
au
fur
et
à
mesure
des
nouvelles
connaissances
acquises
en
psychopharmacologie
périnatale,
et
devront
être
adaptés
aux
évolutions
scientifiques
futures.
Recommandations
générales
de
bonne
pratique
Prise
de
décision
en
psychopharmacologie
périnatale
L’introduction,
la
poursuite,
ou
l’arrêt
d’un
traitement
psycho-
trope
pendant
la
période
périnatale
est
une
décision
complexe.
Des
arbres
décisionnels
formalisés
peuvent
être
proposés
au
clini-
cien
afin
de
guider
son
choix,
fondé
sur
des
heuristiques
simples
de
bonne
pratique
en
psychopharmacologie
périnatale.
Chaque
décision
doit
être
individualisée
en
fonction
des
caractéristiques
cliniques
et
des
attentes
de
la
patiente.
Les
recommandations
peuvent
par
ailleurs
évoluer
au
gré
des
données
scientifiques
dis-
ponibles.
Pour
guider
la
décision
psychopharmacologique
périnatale,
le
choix
dépend
avant
tout
d’une
balance
bénéfice-risque
opposant
les
risques
associés
à
la
pathologie
psychiatrique
non
traitée
aux
effets
indésirables
du
traitement.
Cette
balance
oppose
les
:
risques
de
type
1
associés
au
trouble
psychiatrique
sur
la
mère,
le
fœtus,
et
le
nourrisson
;
2
ARTICLE IN PRESS
G Model
ENCEP-1591;
No.
of
Pages
14
H.
Bottemanne
et
al.
L’Encéphale
xxx
(xxxx)
xxx–xxx
Tableau
1
Synthèse
des
paramètres
impliqués
dans
l’algorithme
de
décision
en
psychopharmacologie
périnatale.
Paramètres
impliqués
dans
le
risque
Variables
à
évaluer
pour
la
décision
Risques
de
type
1 Maternels Décompensation
psychiatrique Étape
1
:
Évaluer
les
risques
associés
au
trouble
psychiatrique
pour
poser
l’indication
du
traitement
psychotrope.
Diagnostic
psychiatrique,
sévérité
des
symptômes
aiguë,
instabilité
du
trouble,
antécédent
d’hospitalisation,
antécédent
de
tentative
de
suicide,
psychotraumatisme,
toxicomanie,
précarité
sociale,
isolement
social,
minorité,
violence
familiale,
terme
de
la
grossesse,
grossesse
à
haut
risque
Risque
suicidaire
Complications
obstétricales
Déficience
fonctionnelle
Rupture
socioprofessionnelle
Fœtaux Prématurité
Petit
poids
de
naissance
Trouble
du
développement
Néonataux Mauvaise
adaptation
néonatale
Retard
des
acquisitions
Risque
de
négligence
maternelle
Risques
de
type
2
Maternels Mauvaise
tolérance
générale Étape
2
:
Évaluer
les
données
disponibles
sur
l’innocuité
des
traitements
psychotrope
considérés
pour
l’indication.
Base
de
données
du
CRAT,
InfantRisk
Center,
Center
for
Women’s
Mental
Health
at
Massachusetts
General
Hospital
(MGH),
LactMed,
MotherToBaby,
Motherisk,
ou
les
recommandations
de
bonnes
pratiques
NICE,
Reprotox,
PERISCOPE,
Postpartum
Support
International
Interaction
médicamenteuses
Incompatibilité
de
l’allaitement
Fœtaux Tératogénicité
Trouble
du
développement
Prématurité
Néonataux Imprégnation
néonatale
Sevrage
néonatal
Séquelles
neurocognitives
risques
de
type
2
associés
au
traitement
du
trouble
sur
la
mère,
le
fœtus,
et
le
nourrisson.
Les
risques
associés
au
trouble
psychiatrique
sont
à
évaluer
en
priorité
chez
la
mère
:
décompensation
du
trouble,
risque
auto
ou
hétéro-agressif,
rupture
sociale
et
professionnelle,
mais
également
chez
le
fœtus
:
prématurité,
retard
de
développement,
complica-
tions
de
la
grossesse,
troubles
du
neurodéveloppement.
Les
risques
associés
au
traitement
peuvent
comprendre
essentiellement
:
la
tératogénicité,
les
complications
néonatales,
les
troubles
du
neu-
rodéveloppement.
Les
recommandations
actuelles
conseillent
de
limiter
au
maxi-
mum
le
risque
de
type
1
pendant
la
période
périnatale,
notamment
lorsque
les
données
scientifiques
sont
rassurantes
pour
les
risques
de
type
2
(Voir
le
Tableau
1
pour
un
résumé
des
risques).
Lorsque
plusieurs
traitements
équivalents
sont
disponibles,
l’algorithme
pourra
faire
intervenir
des
variables
psychopharmacologiques
comme
l’antériorité
d’efficacité
de
traitement
spécifique
pour
la
patiente,
et
la
connaissance
sur
le
profil
de
tolérance
générale
du
traitement,
en
privilégiant
celui
qui
sera
présumé
le
mieux
toléré
à
la
fois
par
la
mère
et
par
le
fœtus.
L’algorithme
de
traitement
consiste
ainsi
:
étape
1
:
évaluer
les
risques
associés
au
trouble
psychiatrique
afin
de
poser
l’indication
d’un
traitement
psychotrope
;
étape
2
:
évaluer
les
données
disponibles
concernant
l’innocuité
des
différents
traitements
psychotropes
considérés
pour
l’indication
;
étape
3
:
Opter
pour
le
traitement
psychotrope
avec
le
meilleur
profil
de
tolérance
materno-fœtal
et
d’efficacité
pendant
la
période
périnatale.
Ce
processus
de
décision
thérapeutique
est
avant
tout
un
pro-
cessus
de
décision
partagée
:
la
femme
est
pleinement
actrice
de
la
décision
psychopharmacologique,
et
doit
être
impliquée
à
toutes
les
étapes
du
processus
de
décision.
Cette
nécessité
est
double
:
non
seulement
elle
participe
à
rassurer
la
patiente
sur
les
effets
indésirables
potentiels
induits
par
le
traitement,
mais
elle
renforce
l’adhésion
au
traitement,
limitant
le
risque
de
mauvaise
obser-
vance,
de
mésusage
ou
d’arrêt
inopiné.
Le
ou
la
conjoint(e)
de
la
femme
enceinte
doit
également
être
intégré
dans
ce
processus
de
décision,
et
des
consultations
de
couple
sont
recommandées.
Ce
processus
de
décision
partagée
est
aujourd’hui
au
cœur
des
recommandations
générales
en
pharmacologie
et
plus
largement
en
médecine,
avec
des
visées
d’autonomisation
et
de
responsabili-
sation
du
patient.
Un
entretien
pré-thérapeutique
est
systématique
avant
toute
administration
de
psychotrope
permettant
d’exposer
clairement
les
risques
de
type
1
et
de
type
2
motivant
la
décision
thérapeutique.
Cet
entretien
peut
explorer
les
croyances
du
patient
en
termes
de
santé
et
apporter
des
éléments
de
psychoéducation
préliminaires.
Les
principes
de
l’entretien
motivationnel
peuvent
être
mobili-
sés
lorsque
des
facteurs
émotionnels
intrinsèques
sont
détectés,
et
impactent
les
décisions
du
patient.
La
prescription
peut
par
ailleurs
être
repoussée
à
une
consultation
ultérieure
afin
de
laisser
un
temps
de
réflexion
et
d’élaboration.
La
consultation
préconceptionnelle
ou
prénatale
précoce
est
à
ce
titre
une
priorité
de
santé
publique
pour
la
psychiatrie
périna-
tale.
Les
patientes
ayant
des
troubles
psychiatriques
préexistants
à
la
grossesse
devraient
systématiquement
pouvoir
bénéficier
d’une
consultation
de
ce
type
avec
un
psychiatre
spécialiste
de
la
périnatalité
de
préférence
trois
mois
avant
le
début
d’une
gros-
sesse
programmée
(et
de
manière
obligatoire
si
un
traitement
contre-indiqué
avec
la
grossesse
est
prescrit)
ou
dès
les
pre-
mières
semaines
d’aménorrhée
afin
d’adapter
la
prise
en
charge
pharmacologique,
et
de
profiter
des
conseils
appropriés.
Cette
consultation
est
en
mesure
de
tempérer
les
arrêts
inadaptés
de
traitements
psychotropes
qui
surviennent
parfois
en
amont
d’une
grossesse,
notamment
en
raison
d’une
mauvaise
évaluation
de
la
balance
entre
les
risques
de
type
1
et
2.
Chez
ces
patientes
qui
arrêtent
les
médicaments
avant
la
grossesse
ou
au
début
de
la
grossesse,
la
recrudescence
symptomatique
est
générale-
ment
plus
difficile
à
contrôler
et
le
risque
de
décompensation
est
majoré.
Malgré
ces
recommandations
générales
de
bonne
pratique,
il
est
crucial
d’adapter
le
degré
de
décision
partagée
à
la
clinique
:
cer-
tains
symptômes
aigus
retrouvés
dans
les
troubles
psychotiques
ou
de
l’humeur
brouillent
les
capacités
maternelles
de
jugement,
et
rendent
plus
difficile
l’obtention
d’un
consentement
éclairé
pour
l’introduction
d’un
traitement.
Par
ailleurs,
les
patientes
souffrant
de
trouble
anxieux
peuvent
préférer
s’en
remettre
com-
plètement
au
clinicien
pour
la
décision
thérapeutique,
en
évitant
de
s’exposer
à
l’incertitude
épistémique
inhérente
au
concept
de
balance
bénéfice-risque.
Il
importe
ainsi
au
praticien
d’équilibrer
le
processus
de
décision
partagée
à
la
situation
clinique
à
laquelle
il
fait
face.
3
ARTICLE IN PRESS
G Model
ENCEP-1591;
No.
of
Pages
14
H.
Bottemanne
et
al.
L’Encéphale
xxx
(xxxx)
xxx–xxx
Modulation
de
la
posologie
pendant
la
période
périnatale
La
première
règle
de
la
prescription
psychopharmacologique
pendant
la
période
périnatale
consiste
à
ne
pas
sous-doser
les
traitements.
Le
biais
de
prescription
de
traitement
à
des
posolo-
gies
sous-thérapeutiques
est
particulièrement
fort
pendant
cette
période,
principalement
en
raison
de
la
crainte
d’effets
indésirables
des
traitements
sur
la
grossesse
ou
le
fœtus
associé
à
la
persistance
de
croyances
médicales
inadaptées
des
praticiens
en
périnatalité.
Mais
il
existe
aussi
pendant
la
grossesse
des
modifications
physiologiques
intrinsèques
modifiant
la
biodisponibilité
du
trai-
tement
[8].
Ces
changements
indirects
du
métabolisme
et
de
la
disponibilité
du
traitement
impacte
la
stabilité
des
troubles
psy-
chiatriques
pendant
la
grossesse,
et
pourrait
constituer
l’un
des
facteurs
de
décompensation.
Ces
modifications
périnatales
de
la
biodisponibilité
du
traitement
sont
notamment
provoquées
par
les
modifications
pharmacocinétiques
(absorption,
distribution,
méta-
bolisme,
élimination)
périnatales
:
les
modifications
de
l’absorption
avec
la
diminution
de
l’acidité
gastrique,
de
la
vidange
gastro-intestinale
;
l’augmentation
du
volume
de
distribution
provoquée
par
l’augmentation
du
volume
sanguin
circulant
;
la
diminution
de
la
concentration
plasmatique
d’albumine
à
70–80
%
des
valeurs
normales
;
l’augmentation
du
taux
de
filtration
glomérulaire
d’environ
50
%
dès
le
1er trimestre
avec
diminution
au
cours
des
3
dernières
semaines
et
retour
à
la
norme
juste
après
l’accouchement.
les
modifications
de
voies
enzymatiques
impliquées
dans
le
métabolisme
hépatique,
notamment
une
diminution
de
l’activité
du
CYP1A2
et
du
CYP2C19,
une
augmentation
de
l’activité
du
CYP2C9,
du
CYP2D6
et
du
CYP3A4
ainsi
que
de
l’UGT1A4
et
de
l’UGT2B7
;
l’augmentation
du
taux
de
filtration
glomérulaire
;
les
changements
hormonaux
périnataux
;
En
lien
notamment
avec
l’augmentation
du
volume
de
distri-
bution,
il
peut
ainsi
être
nécessaire
d’augmenter
les
posologies
pendant
la
période
périnatale,
afin
de
maintenir
une
concentra-
tion
plasmatique
dans
l’index
thérapeutique.
La
surveillance
des
taux
circulants
des
traitements
avec
une
marge
thérapeutique
étroite
comme
le
Lithium
(Téralithe®)
ou
les
thymorégulateurs
antiépileptiques
comme
la
Lamotrigine
(Lamictal®)
est
impor-
tante.
Des
dosages
réguliers,
mensuels
ou
trimestriels,
peuvent
être
proposés
pour
suivre
les
profils
pharmacocinétiques
de
ces
traite-
ments
pendant
la
grossesse.
S’il
n’existe
pas
de
recommandations
systématisées
de
dosage
(ou
Suivi
Pharmacologique
Théraptique,
STP),
une
pratique
croissante
retenue
dans
certaines
consulta-
tions
préconceptionnelles
consiste
à
proposer
un
contrôle
avant
la
grossesse,
afin
de
connaître
la/les
concentration(s)
plasmatique(s)
des
psychotropes
stabilisantes
chez
la
patiente
en
pré-partum,
et
de
réaliser
des
contrôles
une
fois
par
trimestre
et
face
à
toute
déstabilisation
thymique
durant
la
grossesse.
Ces
dosages
s’avèrent
particulièrement
indiqués
pour
les
psychotropes
bénéficiant
du
meilleur
niveau
de
preuve
sur
la
pertinence
de
leur
dosage
dans
la
littérature
[9].
Il
sera
également
préférable
d’utiliser
une
monothérapie
psy-
chotrope
en
évitant
les
combinaisons
de
stratégies
thérapeutiques,
quitte
encore
une
fois
à
augmenter
la
posologie
d’un
traitement,
en
restant
dans
les
doses
de
l’AMM
(autorisation
de
mise
sur
le
marche)
et
à
arrêter
les
autres
lorsqu’ils
appartiennent
à
la
même
classe
thérapeutique
ou
sont
prescrits
dans
la
même
indi-
cation.
Dans
la
dépression
avec
caractéristiques
anxieuses,
par
exemple,
on
privilégiera
une
posologie
adaptée
d’antidépresseurs
sérotoninergiques
à
visée
anxiolytique,
en
évitant
d’y
associer
une
benzodiazépine
d’appoint.
Intégration
de
l’allaitement
dans
le
processus
de
décision
La
question
de
l’allaitement
maternel
est
une
dimension
majeure
de
la
psychopharmacologie
périnatale,
malheureusement
souvent
délaissée
au
profit
des
dimensions
de
tératogénicité.
Contrairement
à
la
dimension
irréparable
de
la
tératogénèse,
la
dimension
facultative
de
l’allaitement
maternel
participe
à
son
rang
inférieur
dans
le
processus
médical
de
décision
psychopharmacolo-
gique.
D’autant
plus
que
la
recherche
sur
l’impact
des
psychotropes
sur
le
nourrisson
via
l’allaitement
est
encore
plus
limitée
que
celle
des
traitements
pendant
la
grossesse
[10].
Ces
phénomènes
parti-
cipent
parfois
à
réduire
injustement
les
possibilités
d’allaitement
dans
la
prise
en
charge
psychiatrique
périnatale.
Pourtant,
des
données
rassurantes
sont
aujourd’hui
disponibles
sur
plusieurs
traitements
psychotropes,
considérant
à
la
fois
la
balance
des
risques
de
type
1
et
2
que
nous
avons
détaillé
pré-
cédemment,
et
les
bénéfices
reconnus
de
l’allaitement
pour
la
parentalité
et
le
développement
néonatal.
Des
données
claires
et
accessibles
sur
la
compatibilité
d’un
traitement
avec
l’allaitement
peuvent
être
trouvées
en
France
sur
le
site
du
CRAT,
et
à
l’international
sur
les
bases
de
données
MotherToBaby,
LactMed,
ReproTox,
ou
InfantRisk
Center.
Certaines
équipes
commencent
à
proposer
un
dosage
des
psychotropes
dans
le
lait
maternel
pour
affiner
les
recommandations
sur
l’allaitement
maternel
avec
psy-
chotropes
[11].
Il
existe
ainsi
de
plus
en
plus
de
recommandations
visant
à
soutenir
l’allaitement
maternel
avec
l’utilisation
de
psychotropes
adaptés
à
l’allaitement,
chez
les
patientes
qui
souhaitent
allaiter
[10].
Ces
recommandations
doivent
être
considérées
individuel-
lement
en
fonction
de
la
situation
clinique,
et
ne
pas
mener
à
des
injonctions
normatives
sur
l’allaitement.
La
décision
de
l’allaitement
dans
les
conditions
cliniques
n’impliquant
pas
de
contre-indications
formalisées
n’est
pas
une
décision
partagée
:
c’est
une
décision
maternelle,
éclairée
par
les
conseils
des
profes-
sionnels
de
la
périnatalité.
Cette
exigence
est
importante
à
la
fois
pour
les
professionnels
tentés
par
des
injonctions
pour
ou
contre
l’allaitement
trop
appuyées.
Ces
précautions
sont
d’autant
plus
importantes
qu’il
existe
une
grande
variabilité
interindividuelle,
et
intertemporelle
chez
un
même
individu,
du
taux
d’excrétion
des
traitements
psychotropes
dans
le
lait
maternel.
La
composition
du
lait
maternel
change
progressivement
au
cours
du
postpartum,
et
les
caractéristiques
métaboliques
des
nourrissons
se
transforment
également
au
cours
de
leur
croissance.
Les
facteurs
pharmacocinétiques
qui
impactent
le
taux
d’excrétion
des
traitements
psychotropes
dans
le
lait
mater-
nel
comprennent
[12,13]
:
la
biodisponibilité
du
traitement
chez
la
mère
;
la
demi-vie
du
traitement
;
la
taille
moléculaire
du
traitement
;
la
solubilité
lipidique
du
traitement
;
le
taux
de
liaison
aux
protéines
plasmatiques.
Comme
pour
l’algorithme
de
prescription
pendant
la
grossesse,
l’allaitement
maternel
en
présence
d’un
traitement
psychotrope
doit
mettre
en
balance
les
risques
de
type
1
et
de
type
2,
avec
un
accent
particulier
sur
le
désir
maternel
d’allaitement
qui
doit
être
respecté
dès
lors
qu’il
n’existe
pas
de
contre-indications
claires.
Le
praticien
pourra
ainsi
rechercher
les
informations
validant
l’innocuité,
ou
alertant
sur
les
dangers,
liés
à
l’allaitement
sous
trai-
tement
avec
le
psychotrope
considéré.
Il
est
crucial
de
considérer
que
l’innocuité
d’un
traitement
pendant
la
grossesse
ne
garantit
par
son
innocuité
pour
l’allaitement
maternel
:
dans
les
synthèses
de
4
ARTICLE IN PRESS
G Model
ENCEP-1591;
No.
of
Pages
14
H.
Bottemanne
et
al.
L’Encéphale
xxx
(xxxx)
xxx–xxx
Tableau
2
Synthèse
des
grands
principes
de
prescription
en
psychiatrie
périnatale.
Principes
de
prescription
en
psychiatrie
périnatale
Adaptation
du
traitement
pour
toutes
les
grossesses
Privilégier
monothérapie,
posologie
minimale
efficace
Associer
la
patiente
et
le
conjoint
à
la
décision
Adapter
la
posologie
(fin
de
grossesse,
Postpartum)
Doser
les
traitements
lorsque
c’est
possible
En
cas
de
découverte
de
grossesse
sous
traitement
Ne
pas
arrêter
brutalement
le
traitement
Dater
la
grossesse
Faire
le
lien
avec
l’obstétricien
En
cas
d’arrêt
du
traitement
pendant
la
grossesse
Poursuivre
un
suivi
psychiatrique
Proposer
des
consultations
régulières
Assurer
une
prise
en
charge
pluridisciplinaire
Choix
du
traitement
en
prenant
en
compte
Réponse
antérieure
Souhait
d’allaiter
Terme
de
la
grossesse
Données
de
la
littérature
sur
l’innocuité
Risque
de
symptômes
en
néonatal
(sevrage,
demie
vie)
recommandations
de
prescription
que
nous
avons
éditées
dans
les
chapitres
suivants,
nous
distinguons
ainsi
les
différentes
périodes
(trimestres
1,
2,
3,
et
allaitement)
(Tableau
2).
Les
éléments
pré-
sentés
dans
les
chapitres
suivants,
s’appuient,
lorsqu’ils
ne
sont
pas
indexés
directement
à
une
référence,
sur
un
croisement
des
données
fournies
par
:
l’ANSM
(Agence
nationale
de
sécurité
du
médicament
et
des
produits
de
santé),
la
FDA
(Food
and
Drug
Admi-
nistration),
le
CRAT
(centre
de
reference
sur
les
agents
teratogènes)
et
la
base
LactMed,
principalement.
Ces
éléments
conduisent
à
un
classement
des
différents
psychotropes
(Figs.
1–4)
qui
prend
en
compte,
au-delà
du
risque
individuel
du
traitement,
la
possibilité
de
réorienter
vers
un
médicament
mieux
toléré
ou
mieux
évalué
dans
la
même
indication.
Ces
données
peuvent
être
considérées
comme
valides
à
la
date
de
publication
de
l’article,
mais
doivent
impérati-
vement
faire
l’objet
d’une
mise
en
perspective
avec
les
nouvelles
données
de
la
littérature
et
les
informations
réglementaires
four-
nies
par
les
agences
et
les
sites
de
références,
pour
une
utilisation
ultérieure.
Antidépresseurs
L’utilisation
des
molécules
antidépressives
sérotoninergiques
ou
monoaminergiques
pendant
la
période
périnatale
est
trans-
diagnostique,
en
partie
en
raison
de
la
large
cible
d’action
de
ces
traitements.
Chacune
des
indications
est
associée
à
des
posolo-
gies
d’administration
différentes,
qui
peuvent
également
varier
selon
les
patientes.
Parmi
les
traitements
monoaminergiques,
on
retrouve
principalement
les
inhibiteurs
sélectifs
de
la
recap-
ture
de
la
sérotonine
(ISRS),
les
inhibiteurs
de
la
recapture
de
la
sérotonine
et
de
la
noradrénaline
(IRSNa),
les
imipraminiques
(majoritairement
tricycliques),
les
inhibiteurs
de
la
monoamine
oxydase
(IMAO),
les
antidépresseurs
noradrénergiques
et
séroto-
ninergiques
spécifiques
(ANaSS
;
Mirtazapine
et
Miansérine)
et
les
modulateurs
et
stimulateurs
de
la
sérotonine
(MSS
ou
nouveaux
agents
multimodaux,
comme
la
Vortioxétine).
Des
traitements
non
monoaminergiques
de
nouvelle
génération
comme
la
Kétamine
(Spravato®)
ou
la
Brexanolone
(non
commercialisé
en
France,
mais
disponible
aux
USA
sous
le
nom
de
Zulresso®)
sont
également
dis-
ponibles,
et
souvent
qualifiés
de
«
traitements
d’action
rapide
»
[14].
Les
traitements
monoaminergiques
les
plus
classiques
sont
majoritairement
prescrit
dans
les
contextes
de
:
dépression
prénatale
ou
du
postpartum
;
troubles
anxieux
et
de
stress
post-traumatique
;
troubles
obsessionnels-compulsifs
périnataux.
L’indication
principale
est
représentée
par
la
dépression
mater-
nelle,
l’un
des
fléaux
de
la
période
périnatale
avec
une
prévalence
estimée
entre
10
à
20
%
sur
la
période
allant
de
la
grossesse
au
postpartum.
La
dépression
du
postpartum
est
la
forme
la
plus
pro-
blématique
de
dépression
maternelle,
en
partie
en
raison
de
la
déficience
du
dépistage
pendant
cette
période
les
soins
médi-
caux
s’amenuisent.
Que
ce
soit
en
prénatal
ou
en
postpartum,
les
stratégies
thérapeutiques
de
la
dépression
maternelle
sont
majo-
ritairement
équivalentes,
à
l’exception
de
l’utilisation
possible
des
traitements
antidépresseurs
d’action
rapide
comme
la
Kétamine
ou
les
neurostéroides
(Brexanolone)
dans
le
postpartum.
On
pres-
crira
en
première
intention
la
Sertraline
(Zoloft®)
ou
la
Paroxétine
(Deroxat®)
[15],
mais
des
inhibiteurs
de
la
recapture
de
la
séro-
tonine
et
de
la
noradrénaline
comme
la
Venlafaxine
(Effexor®)
pourront
aussi
être
utilisés
parmi
les
alternatives,
notamment
en
cas
de
résistance
aux
ISRS
de
première
ligne.
Les
troubles
anxieux
pendant
la
période
périnatale
peuvent
également
faire
l’objet
d’une
prescription
d’un
antidépresseur
sérotoninergique
ou
sérotoninergique
et
noradrénergique,
notam-
ment
lorsqu’ils
entrainent
des
troubles
fonctionnels
ou
instinctuels
comme
l’insomnie,
la
fatigue,
l’agitation
maternelle
ou
encore
des
ruminations
prospectives
invalidantes.
La
persistance
de
symp-
tômes
anxieux
non
traités
pendant
la
grossesse
constitue
un
facteur
de
risque
majeur
de
développer
une
dépression
maternelle,
notam-
ment
dans
la
période
du
postpartum.
À
ce
titre,
les
symptômes
anxieux
périnataux
ne
doivent
pas
être
banalisés,
et
sont
une
indi-
cation
claire
à
un
traitement
sérotoninergique
comme
la
Sertraline
ou
la
Paroxétine
en
première
intention
[15].
Environ
10
%
des
femmes
enceintes
et
en
post-partum
pré-
sentent
également
des
symptômes
de
stress
aigu
ou
de
trouble
de
stress
post-traumatique
(SSPT)
[16].
Une
partie
de
ces
symp-
tômes
sont
notamment
associés
aux
soins
ou
événements
de
la
grossesse,
notamment
au
choc
de
l’accouchement
prématuré
et
de
la
césarienne
en
urgence,
ou
à
des
troubles
obstétricaux
comme
la
prééclampsie,
l’hyperémèse
gravidique,
ou
l’hémorragie
de
la
délivrance.
Par
ailleurs,
les
souvenirs
traumatiques
associés
aux
antécédents
de
psychotraumatismes,
d’abus
sexuels
et
de
vio-
lences
peuvent
être
réactivés
pendant
la
période.
Les
symptômes
de
stress
aigu
et
post-traumatique,
qu’ils
soient
liés
ou
non
à
la
période
périnatale,
peuvent
aussi
faire
l’objet
d’une
prescription
d’antidépresseurs
sérotoninergiques,
en
privilégiant
la
Sertraline
et
la
Paroxétine
[15].
Enfin,
le
trouble
obsessionnel-compulsif
(TOC)
consti-
tue
la
quatrième
grande
catégorie
indiquant
la
prescription
d’antidépresseurs
sérotoninergiques.
Les
symptômes
de
TOC
sont
fréquents
pendant
la
période
périnatale,
estimés
aux
alentours
de
5
à
10
%,
même
chez
les
femmes
n’ayant
jamais
eu
de
sympto-
matologie
antérieure.
L’un
des
symptômes
les
plus
fréquents
est
la
phobie
d’impulsion
avec
pensées
intrusives
hétéro-agressives
focalisées
sur
le
nourrisson.
Chez
les
patientes
souffrant
déjà
d’un
TOC
antérieur,
le
trouble
est
fréquemment
décompensé
pendant
la
grossesse,
et
peut
nécessiter
l’augmentation
de
posologie
du
traitement.
On
favorisera
en
première
intention
un
traitement
sérotoninergique
comme
la
Sertraline
ou
la
Paroxétine,
encore
une
fois,
en
visant
idéalement
la
posologie
maximale
de
l’AMM
pour
optimiser
les
chances
de
réussite
du
traitement
(ou
à
défaut
la
posologie
maximale
tolérée)
[15].
Pour
l’ensemble
des
troubles
détaillés,
les
molécules
antidépres-
sives
recommandées
en
première
intention
sont
la
Sertraline
et
la
Paroxétine
[15].
Ces
deux
molécules
ont
un
profil
d’efficacité
et
de
tolérance
adapté
pendant
la
grossesse
et
le
postpartum,
avec
l’avantage
de
pouvoir
être
utilisée
sans
danger
pendant
l’allaitement
en
raison
d’un
faible
passage
dans
le
lait
maternel.
Environ
30
%
des
nouveau-nés
présentent
des
signes
mineurs
de
mauvaise
adaptation
néonatale
qui
sont
en
général
sponta-
nément
réversibles
et
ne
nécessitent
ainsi
pas
de
surveillance
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