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QUI EST LE SUPRÊME AGISSANT, LE SUPRÊME JOUISSEUR ET LE SUPRÊME RENONҪANT ? - K. N. SUBRAMANIAN (EXTRAIT DU YOGA VASISHTA)

Sur le sommet du Mont Sumeru, le Seigneur Shiva fut aperçu sous une forme
rayonnante similaire au feu avec toute sa suite.
Après lui avoir rendu hommage, le brillant chercheur Bhringisa l’interrogea sur la
nature de la Vérité.
Bhringisa demanda : ‘’Ô Maître, en contemplant le monde du Créateur, qui est aussi
éphémère que le sont des ondes ou des vaguelettes, je deviens confus, ne
possédant pas l’équanimité qu’offre la connaissance de la Vérité.
Avec quelle conviction intérieure capable de conduire à une délicieuse tranquillité
puis-je demeurer solide dans cette maison du monde en ruines, sans aucun souci ?’’
Ishvara dit : ‘’Ecarte tous les doutes, fais appel à ta force, et sois le suprême
agissant, le suprême jouisseur et le suprême renonçant.’’
Bhringisa demanda : ‘’Qui doit-on connaître comme étant le suprême agissant ? Qui
est le suprême jouisseur ? Et qui est le suprême renonçant ? Ô Seigneur, veuillez
avoir l’obligeance de me l’expliquer.’’
Ishvara dit : ‘’Indépendamment des dualités du désir et de la haine, de la joie et de la
peine, de la vertu et du vice, de ce qui est fructueux ou non, celui qui agit ainsi est le
suprême agissant.
Celui qui agit sans inquiétude, tout en demeurant silencieux, sans la notion d’un ‘’je’’,
sans orgueil et sans envie est le suprême agissant.
Celui qui agit sans désir personnel, sans attachement et en restant le témoin est le
suprême agissant.
Est le suprême agissant celui qui est sans inquiétude et sans euphorie, équanime,
pur et sans chagrin, ni allégresse.
Est le suprême agissant celui dont l’esprit demeure en état, dans tous les stades de
la naissance, de la vie, de la prospérité, du déclin et de la mort.
Est le suprême jouisseur celui qui ne déteste ou qui ne convoite rien, et il jouit de tout
ce qui est disponible.
Celui qui n’est pas troublé ni perturbé par l’expérience du plaisir et de la douleur, de
l’activité et de l’inactivité, ni par des perceptions de choses illusoires et réelles est le
suprême jouisseur.
Est le suprême jouisseur celui qui se réjouit dans la vieillesse, la mort, la
souveraineté et la pauvreté, comme étant toutes plaisantes.
Amers, astringents, salés, aigres, cuits à point ou pas, celui qui considère
intérieurement tous ces goûts d’une manière égale est le suprême jouisseur.
Savoureux ou pas, régal ou pas, celui qui est équanime et qui accepte tout
pareillement est le suprême jouisseur.
De l’eau salée, des mets sucrés, ce qui favorise ou non telle chose ― tout est pareil
pour le suprême jouisseur.
Jouissif ou non, faisant fi de telles conceptions, celui qui se réjouit sans attachement
est le suprême jouisseur.
La fortune, la catastrophe, la peine et la joie, celui qui les expérimente
sporadiquement avec équanimité est le suprême jouisseur.
Le suprême renonçant renonce à la vertu et au vice, au plaisir et à la peine, à la vie
et à la mort, comme étant totalement illusoires.
Est le suprême renonçant celui qui renonce mentalement à tous les désirs, à tous les
doutes, à toutes les envies et à toutes les croyances.
Est le suprême renonçant celui qui renonce intérieurement à la vertu et au vice, à la
contemplation et au désir.
Est le suprême renonçant celui qui renonce entièrement au monde entier et à toute
la variété des objets perçus.
Seul existe Brahman, toujours manifeste, pur, éternel, et rien d'autre, réel ou illusoire
– médite en ces termes, et une fois atteint l’état sans souillures, jouis des conditions
de libération, l’esprit dénué d’altérations.
Le suprême Brahman est l’unique cause de toutes les choses créées à toutes les
époques. Il est immense, comme l’espace, et Il existe et resplendit en se manifestant
comme la Totalité, pour ainsi dire.
Rien d’autre de réel ou d’irréel n’existe nulle part, à n’importe quel moment. Avec
cette conviction solide, ô homme sage, établis-toi dans le pur état en écartant tous
les doutes.
L’esprit intériorisé en permanence et agissant extérieurement comme le demande la
situation, ne deviens jamais une victime de la peine et tu pourras te fixer dans l’état
qui transcende l’idée du moi.’’
Référence : K. N. Subramanian : The Yoga Vasishta (Abridged Version)
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