LES VOIES DU RÊVE DR LARRY DOSSEY (Chapitre extrait de ‘’One mind – How our individual mind is part of a greater Consciousness and why it matters’’) Le Dr Larry Dossey est un pionnier, en ce qui concerne l'apport de la compréhension scientifique dans le cadre de la spiritualité et de preuves rigoureuses. Chirurgien militaire au Vietnam et ancien chef du personnel de l'hôpital de Dallas au Texas, il vit maintenant à Santa Fe, au Nouveau-Mexique, avec son épouse Barbara. Il donne également des conférences dans le monde entier, notamment dans des hôpitaux et dans des universités de médecine (Harvard, Johns Hopkins, Cornell, Pennsylvania, California, Washington…). Auteur d’une douzaine d’ouvrages qui ont figuré sur la liste des best-sellers du New York Times, il a reçu de nombreuses récompenses pour ses travaux et il est régulièrement invité sur les plateaux de télévision et à la radio (notamment par Oprah Winfrey, la ‘’papesse’’ de la télévision américaine). Il est aussi rédacteur en chef de la revue Explore : The Journal of Science & Healing. ‘’Imaginez-vous rêver pour vous seul ?’’ - Doris Lessing, L’invention du représentant de la Planète 8 Les rêves sont un moyen universel d’accéder à l'Esprit unique. Dans le rêve, le sentiment d’être un moi individuel confiné dans l'ici et le maintenant est suspendu et il est remplacé par des expériences qui ne connaissent aucune limite personnelle, spatiale ou temporelle. Dans les rêves, nous ne sommes pas entravés par la contradiction, par le paradoxe ou par la raison. Pour ces raisons, la créativité s'épanouit souvent dans les rêves. Le rôle des rêves dans l'histoire de la science et de la médecine a été sous-estimé, en grande partie parce que les scientifiques préfèrent l'image du penseur logique, rationnel et analytique à celle du rêveur. En général, les informations acquises pendant les rêves ne sont pas quelque chose dont les scientifiques sont désireux de parler publiquement. Il existe toutefois de délicieuses exceptions. J'ai récemment été invité à m'adresser à un grand nombre de médecins de médecine interne lors d'une conférence destinée à les informer des dernières avancées dans notre domaine. Mon sujet portait sur la nature de la conscience et la façon dont elle se comporte souvent d’une manière non reconnue par les manuels médicaux, y compris les rêves précognitifs, dont j'avais parlé dans mon livre, Le pouvoir des prémonitions. Je savais que le sujet était controversé et, quand j'ai commencé à parler, je m'attendais à moitié à ce que l'auditoire parte. Personne ne l'a fait, cependant, et pendant la période de questions/réponses, certaines personnes ont commencé à décrire leurs propres expériences. Une spécialiste en médecine interne s'est levée et a déclaré sans ambages : "Je vois des chiffres dans mes rêves. Je vois les résultats des tests de laboratoire de mes patients — avant même de les demander". D'autres médecins ont révélé des expériences qu'ils n'avaient jamais révélées à personne, et après la conférence, d'autres encore m'ont approché en privé pour faire de même. Ceci, ainsi que d'autres événements , m'amène à penser que les rêves et les "connaissances étranges", comme les appelle l'un de mes collègues, sont beaucoup plus courants que nous ne le pensons. PLONGÉES DANS L’INCONSCIENT Les expériences oniriques de médecins, d'inventeurs, de mathématiciens et de scientifiques renforcent l'image de l’Esprit unique comme réservoir d'informations et d'intelligence pouvant être utilisé de manière pratique. Ce point de vue a été avalisé par Arthur Koestler dans sa brillante exploration de la créativité, Le cri d’Archimède – La découverte de l’Art et l’art de la Découverte. Koestler a qualifié les rêves de "partie essentielle du métabolisme psychique… Sans ce plongeon quotidien dans les sources anciennes de la vie mentale, nous deviendrions probablement tous des automates desséchés. Et sans les plongées exploratoires plus spectaculaires de l'individu créatif, il n'y aurait ni science, ni art". Une caricature plutôt bien indiquée représentant Arthur Koestler Une nuit, Elias Howe fit une plongée spectaculaire dans l'inconscient. Pendant des années, Howe avait vainement tenté de perfectionner sa machine à coudre, mais il était toujours confronté à des problèmes d'aiguille. Et puis, une nuit, il rêva qu'il était capturé par des sauvages, qui le traînèrent devant leur roi. Le roi lui fixa un ultimatum : si, dans les 24 heures, Howe n'avait pas mis au point la machine à coudre, alors il mourrait, transpercé par une lance. Le temps imparti s'étant écoulé, quelques sauvages menaçants s'approchèrent de Howe, tout en brandissant leurs lances pour le tuer. Les mains en l'air pour parer l'inévitable, Howe remarqua alors que chacune des pointes de lance avait un trou en forme d'œil près de la pointe. Il se réveilla tout excité, en réalisant que le trou de l'aiguille de la machine à coudre devait se situer à la pointe, et non au milieu ou en bas, où il avait tenté de le mettre. Il courut de son lit jusqu’à l’atelier, lima une aiguille à la bonne taille, perça un trou près de la pointe et il l'inséra dans la machine.1 Le reste, comme on dit, appartient à l'histoire. Dans son livre monumental, Our Dreaming Mind, Robert L. Van de Castle, ancien directeur du laboratoire du sommeil et du rêve de la faculté de médecine de l'université de Virginie, fit cas de plusieurs cas où l'esprit de scientifiques put s'ébattre de manière non localisée pendant le temps du rêve, avec des conséquences étonnantes. Il rapporta qu'au début du 20ème siècle, le chercheur Edmond Maillet avait envoyé un questionnaire à un groupe de mathématiciens qui avaient exercé leur profession pendant au moins dix ans. Quatre de ses correspondants décrivirent des "rêves mathématiques", dans lesquels une solution s'était effectivement dégagée pendant le rêve ; huit reconnurent avoir trouvé un début de solution ou une idée utile pendant le rêve ; et quinze autres décrivirent comment, au réveil, ils avaient trouvé des solutions complètes ou partielles à des questions posées la nuit précédente.2 Srinivasa Ramanujan, le mathématicien du 20ème siècle, est considéré comme un géant dans son domaine. Ramanujan jouissait certainement d'un avantage sur ses collègues : ses rêves incluaient un mentor hors normes. Dans un article paru en 1948 dans Scientific American et intitulé "Mathematics and the Imagination", il rapporta comment la déesse hindoue, Namakkal, apparaissait dans ses rêves et lui révélait des formules mathématiques qu'il vérifiait à son réveil, un modèle qui s'est poursuivi pendant toute sa vie. 1 2 John Chesterman : An index of possibilities : energy and power De Becker, Raymond. The Understanding of Dreams and Their Influence on the History of Man. • Pour ceux et celles que cette thématique intéresse, je recommande vivement ‘’Rêves d’éveil - Rêves lucides et pleine conscience dans le rêve et le sommeil’’, de Charlie Morley. Selon mon expérience, l’état de rêve peut contribuer à éliminer pas mal de problèmes de l’état de veille et à répondre à beaucoup de questions, ce que les bouddhistes tibétains et les soufis, notamment, ont d’ailleurs remarqué et compris depuis longtemps. Certains maîtres spirituels utilisent aussi délibérément les rêves pour transmettre des enseignements à leurs disciples. (Voir mon document intitulé ‘’Réalité de rêve’’, de Tunisha Mehrotra, qui est diplômée en psychologie et qui évoque ses expériences avec Sathya Sai Baba). Il s’agit d’une étape qui peut éventuellement et parfois survenir avant que le disciple encore immature ne soit capable d’écouter sa propre voix intérieure et d’interpréter ses propres rêves, le cas échéant, NDT. En 1869, Dimitri Mendeleïev, professeur de chimie à Saint-Pétersbourg, fit un rêve qui changea le monde. Il s'était couché, frustré par ses tentatives de classer les éléments chimiques en fonction de leur poids atomique. "J'ai vu en rêve", a-t-il rapporté, "un tableau où tous les éléments trouvaient leur place correctement. À mon réveil, je l'ai immédiatement noté sur une feuille de papier. À un seul endroit, une correction ultérieure m'a paru nécessaire." Le résultat fut le tableau périodique des éléments. Le rêve permit aussi à Mendeleïev de prédire l'existence et les propriétés de trois nouveaux éléments, qui furent découverts dans les 15 années suivantes.3 L'exemple le plus célèbre de scientifique rêveur est peut-être celui de Friedrich A. von Kekule, professeur de chimie à Gand, en Belgique. Kekule tentait sans succès de déterminer la structure de la molécule de benzène. Il s'endormit, assis sur une chaise, et il vit des atomes qui virevoltaient devant lui en formant des structures et des agencements variés. Bientôt, de longues files d'atomes se dessinèrent et prirent la forme d'un serpent. Puis, l'un des serpents saisit sa propre queue dans sa bouche et il se mit à tournoyer. En un éclair, Kekule se réveilla et commença à travailler sur les implications des images du rêve. Cela déboucha sur l'idée que le benzène était une structure cyclique à six atomes de carbone, ce qui révolutionna la chimie organique. Dans un discours prononcé lors d'une réunion scientifique en 1890, il conclut son allocution devant ses collègues en rendant hommage au processus de découverte : "Apprenons à rêver, messieurs, et alors nous pourrons peut-être trouver la vérité."4 Une des découvertes légendaires de la recherche médicale moderne, l'insuline, est liée au rêve. Frederick Banting, un médecin canadien, menait des recherches sur le diabète. Une nuit, en se réveillant d’un rêve, il nota les mots suivants : " Ligaturer le conduit du pancréas d'un chien. Attendre quelques semaines jusqu'à ce que la glande se ratatine. Ensuite, la couper, la laver et filtrer le précipité." Cette procédure lui permit de découvrir l'hormone de l'insuline, qui s'avéra être salvatrice pour des millions de diabétiques. Elle permit également à Banting d'être anobli - un mot intéressant, considérant sa révélation nocturne.5 3 Kedrov, K. “On the Question of Scientific Creativity.” Voprosy Psikologii. 1957; 3: 91–113 Van de Castle, Our Dreaming Mind: 35–36 5 Ibid., 36 (Il faut voir là un jeu de mots anglais entre ‘’night’’ et ‘’knighted’’, NDT) 4 La liste des découvertes scientifiques influencées par les rêves est plutôt longue : la découverte par James Watt du procédé de fabrication de billes sphériques pouvant être utilisées comme des projectiles ; la découverte par David Parkinson aux Laboratoires Bell d’un directeur de canon entièrement électrique, connu sous le nom de dispositif M-9, le précurseur des systèmes de guidage utilisés plus tard dans les missiles antiaériens et antibalistiques ; l'invention par Ernst Chladni de l'euphonium, un nouvel instrument de musique, etc.6 Le rêve reste l'une des voies les plus courantes pour accéder à l'Esprit universel. Au fur et à mesure que la nature globale de la Conscience sera mieux estimée par la science, les scientifiques sceptiques comprendront que le fait d'être qualifié de rêveur est un grand compliment. LES RÊVES PRÉMONITOIRES Lorsque les gens rêvent de choses qu'ils n'ont jamais connues et d'événements avant que ceux-ci ne se produisent, le rôle du rêve comme voie d'accès à une source d'information potentielle, comme l'Esprit Unique intemporel semble particulièrement plausible. On peut trouver un exemple historique dans le journal de Stephen Grellet7, un missionnaire quaker français. Trois mois avant que l'armée de Napoléon n'envahisse la Russie, la femme du comte Toutschkoff, un général russe, fit un rêve qui se répéta une deuxième et une troisième fois, la même nuit. Dans ce rêve, la comtesse Toutschkoff se trouvait dans une auberge qu'elle n'avait jamais vue auparavant, dans une ville qu'elle ne connaissait pas, lorsque son père entra dans la pièce, en conduisant son jeune fils par la main. D'un ton lugubre, il lui dit : "Ton bonheur est terminé. Il — c'est-à-dire son mari, le général Toutschkoff — est tombé. Il est tombé à Borodino." La comtesse se réveilla en proie à une grande angoisse, secoua son mari et lui demanda où se trouvait Borodino. Il n'en avait jamais entendu parler. Ils cherchèrent Borodino sur une carte sans parvenir à la trouver. Avant que les armées françaises n'atteignent Moscou, le général Toutschkoff fut placé à la tête de l'armée de réserve russe. Un matin, peu de temps après, le père de la comtesse, qui tenait le fils de celle-ci par la main, entra dans la chambre d'une auberge où elle séjournait et, en proie à une grande détresse, s'écria : "Il est tombé. Il est tombé". La comtesse se rendit compte qu'elle se trouvait dans la même chambre que dans son rêve ; même la scène à l'extérieur des fenêtres était telle qu'elle l'avait rêvée. Elle apprit alors que la bataille où son mari avait été tué s'était déroulée près d'un obscur village appelé Borodino. LES RÊVES COLLECTIFS 6 Ibid., 34–39 Grellet, Wikipedia ; Seebohm Benjamin, Memoirs of the Life and Gospel Labors of Stephen Grellet. Volume I. Philadelphia : Longstreth ; 1867, 434 ; Maeterlink Maurice, The Unknown Guest. New York Cosimo, Inc. ; 2005, 98 -99. 7 Les rêves collectifs ou mutuels sont ceux où deux personnes ou plus décrivent des rêves similaires, la même nuit. Les rêves partagés sont ceux où deux personnes ou plus rêvent l'une de l'autre dans un espace et un temps communs, et rapportent indépendamment des environnements, des conversations et des interactions similaires dans le rêve.8 Le chercheur psi, Stanley Krippner, dans une étude interculturelle des rêves, rapporta un exemple unique de rêve mutuel impliquant deux Japonaises. La première fit le rêve suivant: "Je suis dans le hall d'un grand hôtel. Il y a un grand pilier en marbre. Mon amie, Aiko, est là et je la poignarde avec un couteau. Je ne sais pas pourquoi je la poignarde. Personne ne semble remarquer ce que j'ai fait." La deuxième femme fit le rêve suivant : "Je suis dans le hall d'un hôtel. Il y a un grand pilier et je me tiens près de lui. Ma jeune sœur entre. Elle s'approche de moi et elle me poignarde avec un couteau. Ma jeune sœur s’appelle Tomoko. Je suis morte du coup de couteau."9 Ces rêves presque identiques pourraient bien sûr être imputables au hasard, à une coïncidence ou à un signalement imprécis, mais dans des cas tels que celui-ci, où il n'y a pas d’événements, pas d’indices sensoriels et pas d’expériences communes évidentes qui auraient pu inciter les deux femmes à faire le même rêve (à l'exception de l'identité de l'agresseur), on cherche d'autres explications. Je suggère que nous pouvons voir l'Esprit Unique en action. En d'autres termes, les rêves peuvent coïncider, non pas parce que deux personnes rêvent, mais parce qu'un seul Esprit est à l'œuvre. Le neuroanthropologue Charles D. Laughlin de l'Université Carleton à Ottawa, au Canada, est un spécialiste du rêve partagé ou mutuel.10 Il rapporta que lorsque l'anthropologue Marianne George faisait du travail de terrain chez les Barok de Nouvelle-Guinée, elle développa une relation étroite avec une cheftaine importante qui était son soutien au sein de la tribu. George commença à faire des rêves, où son hôtesse lui disait de faire certaines choses, et le matin, les fils de son hôtesse passaient pour s'assurer que George avait compris les instructions de la vieille femme pendant la nuit, et répétaient mot pour mot ce que la vieille femme lui avait dit dans ses rêves. Les fils dirent à George que la distance à laquelle ils se trouvaient, lorsque leur mère souhaitait communiquer avec eux n'avait pas d’importance et que le rêve serait de toute façon transmis. La vieille femme mourut, mais les rêves partagés continuèrent à survenir. Comme de son vivant, les fils de la femme continuèrent à vérifier la visitation du rêve et le message, ce qui dans un cas orienta George vers l'emplacement exact d'une ancienne maison longue, qu'elle avait essayé de localiser à des fins de datation au carbone 14.11 8 Krippner Stanley, Bogzaran Fariba, and Percia de Carvalho André, Extraordinary Dreams and How to Work with Them, Albany, NY : SUNY Press ; 2002, 6. 9 Krippner Stanley and Faith Laura, ‘’Exotic Dreams : A Cross-Cultural Survey.’’ Dreaming. 2000 ; 11 : 72 -83 10 Laughlin Charles D., ‘’Transpersonal Anthropology : Some Methodological Issues.’’ Western Canadian Anthropologist. 1989 ; 5 : 29-60 ; ‘’Transpersonal Anthropology, Then and Now.’’ Transpersonal Review. 1994 ; 1 (1) : 7 – 10. 11 Par rapport à tout ceci, un passage du livre de David Carse, Un Silence éclatant et parfait (que vous pouvez trouver sur le site Partage-pdf.webnode.fr) me revient en mémoire et propose un éclairage très intéressant : • La Compréhension fondamentale, c’est que vous n’existez pas en tant qu’entité ou agent indépendant, mais uniquement comme un objet dans le Rêve de la Conscience. Toute cette affaire qui concerne le renoncement et la mort n’est qu’une tentative de cet agent illusoire, de cet auteur nonexistant, de cet individu fictif pour prolonger sa vie mythique. Nisargadatta Maharaj appelait le moi individuel ‘’l’enfant d’une femme stérile’’. Il est difficile pour un tel individu de prendre ceci au sérieux, Les angoisses et les rêves partagés pénètrent parfois par les fissures nocturnes au sein des cultures modernes, et ce malgré notre insistance à croire qu'ils ne peuvent pas se produire. En 1882, le révérend A. B. McDougall, originaire d'Hemel Hempstead dans le Hertfordshire, au sud-est de l'Angleterre, séjournait chez des amis à Manchester, à 143 miles de là. À son réveil, il trouva un rat dans son lit et il en fit part à son hôte. Ce matin-là, une de ses cousines, qui logeait chez McDougall à Hemel Hempstead, descendit prendre son petitdéjeuner et raconta un rêve étrange qu'elle avait fait, "dans lequel un rat paraissait ronger les extrémités de ma malheureuse personne". La mère de McDougall reçut une lettre de la part de son fils qui rapportait ce qui s'était passé à Manchester. Elle lui répondit en l'informant du rêve de la femme et en ajoutant qu'ils avaient toujours considéré la femme qui rêvait comme une sorcière, parce qu' "elle était toujours au courant de tout presque avant que cela ne se produise".12 d’accepter qu’il n’a pas d’autre existence que celle d’un mythe, d’une construction mentale, mais sans cette acceptation totale, sans ce renoncement total, la Compréhension, l’Illumination ou l’Eveil n’est par définition pas possible. C’est la rébellion de l’ego, d’un simple objet dans la Conscience, son usurpation de la Subjectivité, son échafaudage en tant qu’entité distinct(iv)e qui est l’erreur fondamentale et qui est encodée dans des mythes, comme l’histoire judéo-chrétienne de la disgrâce, de la déchéance, du péché originel des premiers humains. C’est le concept erroné de l’individu distinct(if) qui s’autodétermine, pris à l’extrême, qui aboutit à un comportement arrogant et destructeur à l’égard des autres, de l’environnement, etc., et qui même dans sa forme la plus basique et bénigne est la cause de la séparation, de l’angoisse et de la souffrance. Ce qui est demandé, c’est s’il est possible de s’éveiller, tout en restant confortablement endormi. C’est ce qui est réclamé par le sentiment d’un moi individuel, l’ego. Et il y a une pléthore d’instructeurs qui répondront favorablement à ceci, qui vous apporteront une merveilleuse expérience dans le Rêve et qui appelleront ceci l’Eveil. Un éveil light. Mais écoutez ou lisez les véritable Maîtres, tels que Bouddha, Ramana Maharshi, Nisargadatta Maharaj, Houang-Po, Houei-Neng, Wei Wu Wei, ou même Rumi ou Thérèse d’Avila, parmi d’autres. Quand ceux-ci parlent de la Compréhension, de l’Eveil, de l’acceptation, du renoncement, ils utilisent des mots, comme complet, ultime, total, absolu. La base même de la Compréhension, c’est que ‘’vous’’ n’êtes pas ― ce qui ne peut pas être accepté sans simultanément renoncer jusqu’au plus petit vestige de l’idée que l’on est. Entièrement. Seul celui qui perd sa vie la trouvera. Vu d’ici, c’est évident. Il n’y a aucune raison, aucune motivation pour édulcorer cette vérité ou la rendre plus acceptable, plus politiquement ou plus spirituellement correcte, de façon à ce que davantage de personnages fictifs puissent croire en elle, tout en restant dans le Rêve. Pourquoi y aurait-il une telle inclination ? Ce-qui-est est. Si vous entendez ceci et si ceci n’est pas acceptable pour vous, c’est parfait, c’est magnifique : c’est le déroulement parfait du rôle de ce personnage fictif. Pourquoi y aurait-il le moindre intérêt à changer cela ? Que ce renoncement total de soi se produise dans le cas d’un des personnages fictifs du Rêve, que l’un d’eux s’éveille du Rêve est un grand mystère, dans tous les cas de figure. Pourquoi devrait-il y avoir la moindre motivation à rendre l’enseignement plus modéré, plus digeste ou plus largement acceptable ? Acceptable pour qui ? Accommodant pour qui ? Penser qu’il devrait y avoir un tel ajustement est pure sottise, c’est continuer de prendre au sérieux le Rêve et les personnages du Rêve, faire des amalgames, prendre l’illusion pour la vérité et ce qui est vrai pour une simple illusion…, NDT. 12 Inglis Brian, Natural and Supernatural : A History of the Paranormal. Bridport, Dorset, U.K.: Prism Press ; 1992, 333. Les rêves collectifs et mutuels sont des cartes de visite de l’Esprit unique. Ils rappellent que les frontières qui séparent les esprits individuels ne sont pas absolues. Quand des connexions avec d'autres personnes sont réalisées en rêve, certains rêveurs décrivent cela comme une épiphanie, comme la réalisation saisissante que leur conscience est infinie, transcendante, sans limites, et ne fait qu'un avec la conscience des autres.13 UN AVERTISSEMENT OU COMMENT SE FAIRE ARRÊTER Si le rêve collectif peut être très grisant, il peut également provoquer des problèmes, comme dans le cas de Steve Linscott, qui fut réveillé par un rêve, en octobre 1980 à Chicago. Il rêva qu'un homme qui tenait dans sa main un objet contondant s'approcha d'une fille. Après s'être rendormi, il rêva que cet homme "la frappait à la tête. Elle était à quatre pattes et elle n'offrit aucune résistance. Le sang giclait partout". Plus tard dans la journée, il aperçut des voitures de police, pas loin de sa maison. Une jeune femme avait été brutalement battue à mort dans un immeuble voisin. Linscott raconta son rêve à sa femme et à ses collègues de travail, et tous le pressèrent de le signaler à la police. Ce qu'il fit, et quelques semaines plus tard, on l’accusa du meurtre de la jeune femme. La police déclara qu'il connaissait trop de détails précis du meurtre pour qu'il s'agisse d'une coïncidence. Linscott fut reconnu coupable et condamné à 40 ans de prison. Ce n'est qu'après que ses avocats aient interjeté appel à plusieurs reprises que les poursuites furent abandonnées par les procureurs.14 Ce cas est assez révélateur de l'incrédulité de notre culture à l'égard de la connaissance non locale, c'est-à-dire de l'obtention d'informations au-delà de la portée des sens physiques. Non seulement nous avons du mal à reconnaître cet ancien mode de connaissance, mais nous sommes même prêts à emprisonner des personnes qui y ont recours. Nous ne sommes pas si éloignés que nous aimerions le croire de l'époque des bûchers de sorcières et de l'Inquisition espagnole, où des personnes étaient exécutées avec ardeur pour avoir reconnu publiquement leur don de "double vue". 13 Par rapport à cela, je renvoie encore le lecteur ou la lectrice à mon document intitulé ‘’Réalité de rêve’’, de Tunisha Mehrotra, pour un plus long développement, NDT. 14 Wagner-Pacifici R. and Bershady H.J. , “Portents or Confessions : Authoritative Readings of a Dream Text.” Symbolic Interaction. 1990; 16: 129–43. RANDOMANIA, STATI-CYSTITE ET COINCE-IDENTISME AIGU Aucun des exemples précédents n'est susceptible d'être pris au sérieux par ceux qui sont convaincus que l'Esprit se limite au cerveau, au corps et à l'ici et maintenant. D'après mon expérience, aucun rêve, aussi spectaculaire ou improbable soit-il, ne peut ébranler la foi de ceux qui "savent" à l'avance que de telles choses sont impossibles. Tout rêve qui correspond à la réalité peut être rejeté comme une coïncidence. Cette dévotion à la coïncidence et au phénomène du hasard a été baptisée "randomania" par le chercheur britannique David Luke, de l'université de Greenwich à Londres, un spécialiste de la conscience.15 Une des critiques les plus pertinentes de la manière dont les sceptiques jouent avec les coïncidences est celle du célèbre romancier et dramaturge britannique, J. B. Priestley, dans son livre magistral, L'homme et le Temps. A propos des rêves prémonitoires, il écrivit : ‘’Il y a un point au-delà duquel les coïncidences se transforment en quelque chose d'autre, ce qui nous pousse à demander une explication, tout comme il y a un point au-delà duquel le détachement scientifique peut se transformer en un préjugé borné…Les personnes qui adoptent [ce] point de vue prétendent écrire sur un détachement scientifique impossiblement pur. Tout ce qu'elles demandent, nous disent-elles, c'est que ceux d'entre nous qui sont assez fous pour croire en de telles expériences les soumettent à des "études bien contrôlées", à des tests de laboratoire, etc. Mais il se peut que nous ayons affaire ici à une gamme d'expériences qui ne peuvent tout simplement pas être contrôlées, ni testées, qui se dissipent dès qu'elles entrent dans le champ de l'expérience et de la preuve scientifiques…Et je ne suis pas surpris que les 15 Luke, David. “Experiential Reclamation and First Person Parapsychology.” Journal of Parapsychology. 2011; 75(2): 185–99. psychologues expérimentaux - dont certains tentent de traiter la psyché comme s'il s'agissait d'un morceau de sodium - n'aient pas de rêves prémonitoires : leur mentalité s'y oppose.’’16 Priestley était fasciné par les rêves prémonitoires. En 1963, au cours d'une interview accordée à la BBC, il lança un appel au public britannique pour recueillir des témoignages de rêves prémonitoires, et il fut submergé par les réponses. Une femme écrivit qu'elle avait dit à trois personnes avec lesquelles elle prenait son petitdéjeuner et qu'elle venait de rêver qu’à la fin du petit-déjeuner, un paysan était arrivé avec 33 œufs dans un seau. Plus tard, alors qu'elle se trouvait au milieu de l'escalier, trois œufs supplémentaires lui furent remis. Ça, c'était son rêve. Et peu de temps après son petitdéjeuner réel, un paysan est arrivé et lui a tendu un seau qui, selon lui, contenait trois douzaines d’œufs. Elle les transposa dans un panier et paya l'homme. Quelques minutes plus tard, son mari lui signala qu'il avait compté les œufs et constaté qu'il y en avait 33, et non trois douzaines. Alors que la femme les comptait elle-même, elle fut appelée d'en bas par un individu qui la rejoignit au milieu de l'escalier. L'individu lui expliqua que trois œufs avaient été retirés du seau par erreur, et lui remit trois œufs pour que le compte soit juste. Priestley déclara : "Trente-trois plus trois œufs dans le rêve ; trente-trois plus trois œufs dans les faits réels. Vous pouvez appeler cela une coïncidence, tout comme vous pouvez qualifier cela de crucherie ou de n'importe quoi d'autre, mais si vous cessez de vous accrocher aux coïncidences et cherchez à expliquer toute cette histoire, vous pourriez faire voler en éclats un certain type de monde."17 Le remplacement de ce monde brisé est un monde où le temps linéaire n'est plus un tyran, et où les causes ne précèdent pas toujours les événements… Partage-pdf.webnode.fr 16 Priestley, J. B. Man & Time. London: W. H. Allen; 1978, 190-91. (Pour ceux ou celles que le point de vue de la science par rapport aux phénomènes psychiques intéresse, je leur suggère la lecture de l’excellent livre de Dean Radin, préfacé par Deepak Chopra, Superpouvoirs ? Science et Yoga : enquête sur les facultés extraordinaires de l'homme, NDT.) 17 Ibid., 211–12.