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LES VOIES DU RÊVE - DR LARRY DOSSEY

LES VOIES DU RÊVE
DR LARRY DOSSEY
(Chapitre extrait de ‘’One mind – How our individual mind is part of a greater
Consciousness and why it matters’’)
Le Dr Larry Dossey est un pionnier, en ce qui concerne l'apport de la compréhension
scientifique dans le cadre de la spiritualité et de preuves rigoureuses. Chirurgien
militaire au Vietnam et ancien chef du personnel de l'hôpital de Dallas au Texas, il vit
maintenant à Santa Fe, au Nouveau-Mexique, avec son épouse Barbara. Il donne
également des conférences dans le monde entier, notamment dans des hôpitaux et
dans des universités de médecine (Harvard, Johns Hopkins, Cornell, Pennsylvania,
California, Washington…). Auteur d’une douzaine d’ouvrages qui ont figuré sur la
liste des best-sellers du New York Times, il a reçu de nombreuses récompenses pour
ses travaux et il est régulièrement invité sur les plateaux de télévision et à la radio
(notamment par Oprah Winfrey, la ‘’papesse’’ de la télévision américaine). Il est aussi
rédacteur en chef de la revue Explore : The Journal of Science & Healing.
‘’Imaginez-vous rêver pour vous seul ?’’
-
Doris Lessing, L’invention du représentant de la Planète 8
Les rêves sont un moyen universel d’accéder à l'Esprit unique. Dans le rêve, le sentiment
d’être un moi individuel confiné dans l'ici et le maintenant est suspendu et il est remplacé
par des expériences qui ne connaissent aucune limite personnelle, spatiale ou temporelle.
Dans les rêves, nous ne sommes pas entravés par la contradiction, par le paradoxe ou par la
raison. Pour ces raisons, la créativité s'épanouit souvent dans les rêves.
Le rôle des rêves dans l'histoire de la science et de la médecine a été sous-estimé, en grande
partie parce que les scientifiques préfèrent l'image du penseur logique, rationnel et
analytique à celle du rêveur. En général, les informations acquises pendant les rêves ne sont
pas quelque chose dont les scientifiques sont désireux de parler publiquement.
Il existe toutefois de délicieuses exceptions. J'ai récemment été invité à m'adresser à un
grand nombre de médecins de médecine interne lors d'une conférence destinée à les
informer des dernières avancées dans notre domaine. Mon sujet portait sur la nature de la
conscience et la façon dont elle se comporte souvent d’une manière non reconnue par les
manuels médicaux, y compris les rêves précognitifs, dont j'avais parlé dans mon livre, Le
pouvoir des prémonitions. Je savais que le sujet était controversé et, quand j'ai commencé à
parler, je m'attendais à moitié à ce que l'auditoire parte. Personne ne l'a fait, cependant, et
pendant la période de questions/réponses, certaines personnes ont commencé à décrire
leurs propres expériences. Une spécialiste en médecine interne s'est levée et a déclaré sans
ambages : "Je vois des chiffres dans mes rêves. Je vois les résultats des tests de laboratoire
de mes patients — avant même de les demander". D'autres médecins ont révélé des
expériences qu'ils n'avaient jamais révélées à personne, et après la conférence, d'autres
encore m'ont approché en privé pour faire de même. Ceci, ainsi que d'autres événements ,
m'amène à penser que les rêves et les "connaissances étranges", comme les appelle l'un de
mes collègues, sont beaucoup plus courants que nous ne le pensons.
PLONGÉES DANS L’INCONSCIENT
Les expériences oniriques de médecins, d'inventeurs, de mathématiciens et de scientifiques
renforcent l'image de l’Esprit unique comme réservoir d'informations et d'intelligence
pouvant être utilisé de manière pratique. Ce point de vue a été avalisé par Arthur Koestler
dans sa brillante exploration de la créativité, Le cri d’Archimède – La découverte de l’Art et
l’art de la Découverte. Koestler a qualifié les rêves de "partie essentielle du métabolisme
psychique… Sans ce plongeon quotidien dans les sources anciennes de la vie mentale, nous
deviendrions probablement tous des automates desséchés. Et sans les plongées
exploratoires plus spectaculaires de l'individu créatif, il n'y aurait ni science, ni art".
Une caricature plutôt bien indiquée représentant Arthur Koestler
Une nuit, Elias Howe fit une plongée spectaculaire dans l'inconscient. Pendant des années,
Howe avait vainement tenté de perfectionner sa machine à coudre, mais il était toujours
confronté à des problèmes d'aiguille. Et puis, une nuit, il rêva qu'il était capturé par des
sauvages, qui le traînèrent devant leur roi. Le roi lui fixa un ultimatum : si, dans les 24
heures, Howe n'avait pas mis au point la machine à coudre, alors il mourrait, transpercé par
une lance. Le temps imparti s'étant écoulé, quelques sauvages menaçants s'approchèrent de
Howe, tout en brandissant leurs lances pour le tuer. Les mains en l'air pour parer l'inévitable,
Howe remarqua alors que chacune des pointes de lance avait un trou en forme d'œil près de
la pointe. Il se réveilla tout excité, en réalisant que le trou de l'aiguille de la machine à
coudre devait se situer à la pointe, et non au milieu ou en bas, où il avait tenté de le mettre.
Il courut de son lit jusqu’à l’atelier, lima une aiguille à la bonne taille, perça un trou près de la
pointe et il l'inséra dans la machine.1 Le reste, comme on dit, appartient à l'histoire.
Dans son livre monumental, Our Dreaming Mind, Robert L. Van de Castle, ancien directeur
du laboratoire du sommeil et du rêve de la faculté de médecine de l'université de Virginie, fit
cas de plusieurs cas où l'esprit de scientifiques put s'ébattre de manière non localisée
pendant le temps du rêve, avec des conséquences étonnantes. Il rapporta qu'au début du
20ème siècle, le chercheur Edmond Maillet avait envoyé un questionnaire à un groupe de
mathématiciens qui avaient exercé leur profession pendant au moins dix ans. Quatre de ses
correspondants décrivirent des "rêves mathématiques", dans lesquels une solution s'était
effectivement dégagée pendant le rêve ; huit reconnurent avoir trouvé un début de solution
ou une idée utile pendant le rêve ; et quinze autres décrivirent comment, au réveil, ils
avaient trouvé des solutions complètes ou partielles à des questions posées la nuit
précédente.2
Srinivasa Ramanujan, le mathématicien du 20ème siècle,
est considéré comme un géant dans son domaine.
Ramanujan jouissait certainement d'un avantage sur ses
collègues : ses rêves incluaient un mentor hors normes.
Dans un article paru en 1948 dans Scientific American et
intitulé "Mathematics and the Imagination", il rapporta
comment la déesse hindoue, Namakkal, apparaissait dans
ses rêves et lui révélait des formules mathématiques qu'il
vérifiait à son réveil, un modèle qui s'est poursuivi
pendant toute sa vie.
1
2
John Chesterman : An index of possibilities : energy and power
De Becker, Raymond. The Understanding of Dreams and Their Influence on the History of Man.
• Pour ceux et celles que cette thématique intéresse, je recommande vivement ‘’Rêves d’éveil - Rêves
lucides et pleine conscience dans le rêve et le sommeil’’, de Charlie Morley. Selon mon expérience,
l’état de rêve peut contribuer à éliminer pas mal de problèmes de l’état de veille et à répondre à
beaucoup de questions, ce que les bouddhistes tibétains et les soufis, notamment, ont d’ailleurs
remarqué et compris depuis longtemps.
Certains maîtres spirituels utilisent aussi délibérément les rêves pour transmettre des enseignements
à leurs disciples. (Voir mon document intitulé ‘’Réalité de rêve’’, de Tunisha Mehrotra, qui est
diplômée en psychologie et qui évoque ses expériences avec Sathya Sai Baba). Il s’agit d’une étape qui
peut éventuellement et parfois survenir avant que le disciple encore immature ne soit capable
d’écouter sa propre voix intérieure et d’interpréter ses propres rêves, le cas échéant, NDT.
En 1869, Dimitri Mendeleïev, professeur de
chimie à Saint-Pétersbourg, fit un rêve qui
changea le monde. Il s'était couché, frustré par
ses tentatives de classer les éléments chimiques
en fonction de leur poids atomique. "J'ai vu en
rêve", a-t-il rapporté, "un tableau où tous les
éléments trouvaient leur place correctement. À
mon réveil, je l'ai immédiatement noté sur une
feuille de papier. À un seul endroit, une correction
ultérieure m'a paru nécessaire." Le résultat fut le
tableau périodique des éléments. Le rêve permit
aussi à Mendeleïev de prédire l'existence et les
propriétés de trois nouveaux éléments, qui furent
découverts dans les 15 années suivantes.3
L'exemple le plus célèbre de scientifique rêveur est
peut-être celui de Friedrich A. von Kekule,
professeur de chimie à Gand, en Belgique. Kekule
tentait sans succès de déterminer la structure de la
molécule de benzène. Il s'endormit, assis sur une
chaise, et il vit des atomes qui virevoltaient devant
lui en formant des structures et des agencements
variés. Bientôt, de longues files d'atomes se
dessinèrent et prirent la forme d'un serpent. Puis,
l'un des serpents saisit sa propre queue dans sa
bouche et il se mit à tournoyer. En un éclair,
Kekule se réveilla et commença à travailler sur les
implications des images du rêve. Cela déboucha
sur l'idée que le benzène était une structure
cyclique à six atomes de carbone, ce qui
révolutionna la chimie organique. Dans un discours
prononcé lors d'une réunion scientifique en 1890,
il conclut son allocution devant ses collègues en
rendant hommage au processus de découverte : "Apprenons à rêver, messieurs, et alors
nous pourrons peut-être trouver la vérité."4
Une des découvertes légendaires de la recherche médicale moderne, l'insuline, est liée au
rêve. Frederick Banting, un médecin canadien, menait des recherches sur le diabète. Une
nuit, en se réveillant d’un rêve, il nota les mots suivants : " Ligaturer le conduit du pancréas
d'un chien. Attendre quelques semaines jusqu'à ce que la glande se ratatine. Ensuite, la
couper, la laver et filtrer le précipité." Cette procédure lui permit de découvrir l'hormone de
l'insuline, qui s'avéra être salvatrice pour des millions de diabétiques. Elle permit également
à Banting d'être anobli - un mot intéressant, considérant sa révélation nocturne.5
3
Kedrov, K. “On the Question of Scientific Creativity.” Voprosy Psikologii. 1957; 3: 91–113
Van de Castle, Our Dreaming Mind: 35–36
5
Ibid., 36 (Il faut voir là un jeu de mots anglais entre ‘’night’’ et ‘’knighted’’, NDT)
4
La liste des découvertes scientifiques influencées par les rêves est plutôt longue : la
découverte par James Watt du procédé de fabrication de billes sphériques pouvant être
utilisées comme des projectiles ; la découverte par David Parkinson aux Laboratoires Bell
d’un directeur de canon entièrement électrique, connu sous le nom de dispositif M-9, le
précurseur des systèmes de guidage utilisés plus tard dans les missiles antiaériens et
antibalistiques ; l'invention par Ernst Chladni de l'euphonium, un nouvel instrument de
musique, etc.6
Le rêve reste l'une des voies les plus courantes pour accéder à l'Esprit universel. Au fur et à
mesure que la nature globale de la Conscience sera mieux estimée par la science, les
scientifiques sceptiques comprendront que le fait d'être qualifié de rêveur est un grand
compliment.
LES RÊVES PRÉMONITOIRES
Lorsque les gens rêvent de choses qu'ils n'ont jamais connues et d'événements avant que
ceux-ci ne se produisent, le rôle du rêve comme voie d'accès à une source d'information
potentielle, comme l'Esprit Unique intemporel semble particulièrement plausible. On peut
trouver un exemple historique dans le journal de Stephen Grellet7, un missionnaire quaker
français. Trois mois avant que l'armée de Napoléon n'envahisse la Russie, la femme du
comte Toutschkoff, un général russe, fit un rêve qui se répéta une deuxième et une
troisième fois, la même nuit. Dans ce rêve, la comtesse Toutschkoff se trouvait dans une
auberge qu'elle n'avait jamais vue auparavant, dans une ville qu'elle ne connaissait pas,
lorsque son père entra dans la pièce, en conduisant son jeune fils par la main. D'un ton
lugubre, il lui dit : "Ton bonheur est terminé. Il — c'est-à-dire son mari, le général
Toutschkoff — est tombé. Il est tombé à Borodino."
La comtesse se réveilla en proie à une grande angoisse, secoua son mari et lui demanda où
se trouvait Borodino. Il n'en avait jamais entendu parler. Ils cherchèrent Borodino sur une
carte sans parvenir à la trouver. Avant que les armées françaises n'atteignent Moscou, le
général Toutschkoff fut placé à la tête de l'armée de réserve russe. Un matin, peu de temps
après, le père de la comtesse, qui tenait le fils de celle-ci par la main, entra dans la chambre
d'une auberge où elle séjournait et, en proie à une grande détresse, s'écria : "Il est tombé. Il
est tombé". La comtesse se rendit compte qu'elle se trouvait dans la même chambre que
dans son rêve ; même la scène à l'extérieur des fenêtres était telle qu'elle l'avait rêvée. Elle
apprit alors que la bataille où son mari avait été tué s'était déroulée près d'un obscur village
appelé Borodino.
LES RÊVES COLLECTIFS
6
Ibid., 34–39
Grellet, Wikipedia ; Seebohm Benjamin, Memoirs of the Life and Gospel Labors of Stephen Grellet. Volume I.
Philadelphia : Longstreth ; 1867, 434 ; Maeterlink Maurice, The Unknown Guest. New York Cosimo, Inc. ; 2005,
98 -99.
7
Les rêves collectifs ou mutuels sont ceux où deux personnes ou plus décrivent des rêves
similaires, la même nuit. Les rêves partagés sont ceux où deux personnes ou plus rêvent
l'une de l'autre dans un espace et un temps communs, et rapportent indépendamment des
environnements, des conversations et des interactions similaires dans le rêve.8
Le chercheur psi, Stanley Krippner, dans une étude interculturelle des rêves, rapporta un
exemple unique de rêve mutuel impliquant deux Japonaises. La première fit le rêve suivant:
"Je suis dans le hall d'un grand hôtel. Il y a un grand pilier en marbre. Mon amie, Aiko, est là
et je la poignarde avec un couteau. Je ne sais pas pourquoi je la poignarde. Personne ne
semble remarquer ce que j'ai fait." La deuxième femme fit le rêve suivant : "Je suis dans le
hall d'un hôtel. Il y a un grand pilier et je me tiens près de lui. Ma jeune sœur entre. Elle
s'approche de moi et elle me poignarde avec un couteau. Ma jeune sœur s’appelle Tomoko.
Je suis morte du coup de couteau."9
Ces rêves presque identiques pourraient bien sûr être imputables au hasard, à une
coïncidence ou à un signalement imprécis, mais dans des cas tels que celui-ci, où il n'y a pas
d’événements, pas d’indices sensoriels et pas d’expériences communes évidentes qui
auraient pu inciter les deux femmes à faire le même rêve (à l'exception de l'identité de
l'agresseur), on cherche d'autres explications. Je suggère que nous pouvons voir l'Esprit
Unique en action. En d'autres termes, les rêves peuvent coïncider, non pas parce que deux
personnes rêvent, mais parce qu'un seul Esprit est à l'œuvre.
Le neuroanthropologue Charles D. Laughlin de l'Université Carleton à Ottawa, au Canada, est
un spécialiste du rêve partagé ou mutuel.10 Il rapporta que lorsque l'anthropologue
Marianne George faisait du travail de terrain chez les Barok de Nouvelle-Guinée, elle
développa une relation étroite avec une cheftaine importante qui était son soutien au sein
de la tribu. George commença à faire des rêves, où son hôtesse lui disait de faire certaines
choses, et le matin, les fils de son hôtesse passaient pour s'assurer que George avait compris
les instructions de la vieille femme pendant la nuit, et répétaient mot pour mot ce que la
vieille femme lui avait dit dans ses rêves. Les fils dirent à George que la distance à laquelle ils
se trouvaient, lorsque leur mère souhaitait communiquer avec eux n'avait pas d’importance
et que le rêve serait de toute façon transmis. La vieille femme mourut, mais les rêves
partagés continuèrent à survenir. Comme de son vivant, les fils de la femme continuèrent à
vérifier la visitation du rêve et le message, ce qui dans un cas orienta George vers
l'emplacement exact d'une ancienne maison longue, qu'elle avait essayé de localiser à des
fins de datation au carbone 14.11
8
Krippner Stanley, Bogzaran Fariba, and Percia de Carvalho André, Extraordinary Dreams and How to Work
with Them, Albany, NY : SUNY Press ; 2002, 6.
9
Krippner Stanley and Faith Laura, ‘’Exotic Dreams : A Cross-Cultural Survey.’’ Dreaming. 2000 ; 11 : 72 -83
10
Laughlin Charles D., ‘’Transpersonal Anthropology : Some Methodological Issues.’’ Western Canadian
Anthropologist. 1989 ; 5 : 29-60 ; ‘’Transpersonal Anthropology, Then and Now.’’ Transpersonal Review. 1994 ;
1 (1) : 7 – 10.
11
Par rapport à tout ceci, un passage du livre de David Carse, Un Silence éclatant et parfait (que vous pouvez
trouver sur le site Partage-pdf.webnode.fr) me revient en mémoire et propose un éclairage très intéressant :
• La Compréhension fondamentale, c’est que vous n’existez pas en tant qu’entité ou agent
indépendant, mais uniquement comme un objet dans le Rêve de la Conscience. Toute cette affaire qui
concerne le renoncement et la mort n’est qu’une tentative de cet agent illusoire, de cet auteur nonexistant, de cet individu fictif pour prolonger sa vie mythique. Nisargadatta Maharaj appelait le moi
individuel ‘’l’enfant d’une femme stérile’’. Il est difficile pour un tel individu de prendre ceci au sérieux,
Les angoisses et les rêves partagés pénètrent parfois par les fissures nocturnes au sein des
cultures modernes, et ce malgré notre insistance à croire qu'ils ne peuvent pas se produire.
En 1882, le révérend A. B. McDougall, originaire d'Hemel Hempstead dans le Hertfordshire,
au sud-est de l'Angleterre, séjournait chez des amis à Manchester, à 143 miles de là. À son
réveil, il trouva un rat dans son lit et il en fit part à son hôte. Ce matin-là, une de ses
cousines, qui logeait chez McDougall à Hemel Hempstead, descendit prendre son petitdéjeuner et raconta un rêve étrange qu'elle avait fait, "dans lequel un rat paraissait ronger
les extrémités de ma malheureuse personne". La mère de McDougall reçut une lettre de la
part de son fils qui rapportait ce qui s'était passé à Manchester. Elle lui répondit en
l'informant du rêve de la femme et en ajoutant qu'ils avaient toujours considéré la femme
qui rêvait comme une sorcière, parce qu' "elle était toujours au courant de tout presque
avant que cela ne se produise".12
d’accepter qu’il n’a pas d’autre existence que celle d’un mythe, d’une construction mentale, mais sans
cette acceptation totale, sans ce renoncement total, la Compréhension, l’Illumination ou l’Eveil n’est
par définition pas possible.
C’est la rébellion de l’ego, d’un simple objet dans la Conscience, son usurpation de la Subjectivité, son
échafaudage en tant qu’entité distinct(iv)e qui est l’erreur fondamentale et qui est encodée dans des
mythes, comme l’histoire judéo-chrétienne de la disgrâce, de la déchéance, du péché originel des
premiers humains. C’est le concept erroné de l’individu distinct(if) qui s’autodétermine, pris à
l’extrême, qui aboutit à un comportement arrogant et destructeur à l’égard des autres, de
l’environnement, etc., et qui même dans sa forme la plus basique et bénigne est la cause de la
séparation, de l’angoisse et de la souffrance.
Ce qui est demandé, c’est s’il est possible de s’éveiller, tout en restant confortablement endormi. C’est
ce qui est réclamé par le sentiment d’un moi individuel, l’ego. Et il y a une pléthore d’instructeurs qui
répondront favorablement à ceci, qui vous apporteront une merveilleuse expérience dans le Rêve et
qui appelleront ceci l’Eveil. Un éveil light. Mais écoutez ou lisez les véritable Maîtres, tels que
Bouddha, Ramana Maharshi, Nisargadatta Maharaj, Houang-Po, Houei-Neng, Wei Wu Wei, ou même
Rumi ou Thérèse d’Avila, parmi d’autres. Quand ceux-ci parlent de la Compréhension, de l’Eveil, de
l’acceptation, du renoncement, ils utilisent des mots, comme complet, ultime, total, absolu. La base
même de la Compréhension, c’est que ‘’vous’’ n’êtes pas ― ce qui ne peut pas être accepté sans
simultanément renoncer jusqu’au plus petit vestige de l’idée que l’on est. Entièrement.
Seul celui qui perd sa vie la trouvera.
Vu d’ici, c’est évident. Il n’y a aucune raison, aucune motivation pour édulcorer cette vérité ou la
rendre plus acceptable, plus politiquement ou plus spirituellement correcte, de façon à ce que
davantage de personnages fictifs puissent croire en elle, tout en restant dans le Rêve. Pourquoi y
aurait-il une telle inclination ? Ce-qui-est est. Si vous entendez ceci et si ceci n’est pas acceptable pour
vous, c’est parfait, c’est magnifique : c’est le déroulement parfait du rôle de ce personnage fictif.
Pourquoi y aurait-il le moindre intérêt à changer cela ? Que ce renoncement total de soi se produise
dans le cas d’un des personnages fictifs du Rêve, que l’un d’eux s’éveille du Rêve est un grand mystère,
dans tous les cas de figure. Pourquoi devrait-il y avoir la moindre motivation à rendre l’enseignement
plus modéré, plus digeste ou plus largement acceptable ?
Acceptable pour qui ? Accommodant pour qui ? Penser qu’il devrait y avoir un tel ajustement est pure
sottise, c’est continuer de prendre au sérieux le Rêve et les personnages du Rêve, faire des
amalgames, prendre l’illusion pour la vérité et ce qui est vrai pour une simple illusion…, NDT.
12
Inglis Brian, Natural and Supernatural : A History of the Paranormal. Bridport, Dorset, U.K.: Prism Press ;
1992, 333.
Les rêves collectifs et mutuels sont des cartes de visite de l’Esprit unique. Ils rappellent que
les frontières qui séparent les esprits individuels ne sont pas absolues. Quand des
connexions avec d'autres personnes sont réalisées en rêve, certains rêveurs décrivent cela
comme une épiphanie, comme la réalisation saisissante que leur conscience est infinie,
transcendante, sans limites, et ne fait qu'un avec la conscience des autres.13
UN AVERTISSEMENT OU COMMENT SE FAIRE ARRÊTER
Si le rêve collectif peut être très grisant, il peut également provoquer des problèmes, comme
dans le cas de Steve Linscott, qui fut réveillé par un rêve, en octobre 1980 à Chicago. Il rêva
qu'un homme qui tenait dans sa main un objet contondant s'approcha d'une fille. Après
s'être rendormi, il rêva que cet homme "la frappait à la tête. Elle était à quatre pattes et elle
n'offrit aucune résistance. Le sang giclait partout". Plus tard dans la journée, il aperçut des
voitures de police, pas loin de sa maison. Une jeune femme avait été brutalement battue à
mort dans un immeuble voisin. Linscott raconta son rêve à sa femme et à ses collègues de
travail, et tous le pressèrent de le signaler à la police. Ce qu'il fit, et quelques semaines plus
tard, on l’accusa du meurtre de la jeune femme. La police déclara qu'il connaissait trop de
détails précis du meurtre pour qu'il s'agisse d'une coïncidence. Linscott fut reconnu coupable
et condamné à 40 ans de prison. Ce n'est qu'après que ses avocats aient interjeté appel à
plusieurs reprises que les poursuites furent abandonnées par les procureurs.14
Ce cas est assez révélateur de l'incrédulité de
notre culture à l'égard de la connaissance non
locale, c'est-à-dire de l'obtention
d'informations au-delà de la portée des sens
physiques. Non seulement nous avons du mal
à reconnaître cet ancien mode de
connaissance, mais nous sommes même prêts
à emprisonner des personnes qui y ont
recours. Nous ne sommes pas si éloignés que
nous aimerions le croire de l'époque des
bûchers de sorcières et de l'Inquisition
espagnole, où des personnes étaient
exécutées avec ardeur pour avoir reconnu
publiquement leur don de "double vue".
13
Par rapport à cela, je renvoie encore le lecteur ou la lectrice à mon document intitulé ‘’Réalité de rêve’’, de
Tunisha Mehrotra, pour un plus long développement, NDT.
14
Wagner-Pacifici R. and Bershady H.J. , “Portents or Confessions : Authoritative Readings of a Dream Text.”
Symbolic Interaction. 1990; 16: 129–43.
RANDOMANIA, STATI-CYSTITE ET COINCE-IDENTISME AIGU
Aucun des exemples précédents n'est susceptible d'être pris au sérieux par ceux qui sont
convaincus que l'Esprit se limite au cerveau, au corps et à l'ici et maintenant. D'après mon
expérience, aucun rêve, aussi spectaculaire ou improbable soit-il, ne peut ébranler la foi de
ceux qui "savent" à l'avance que de telles choses sont impossibles. Tout rêve qui correspond
à la réalité peut être rejeté comme une coïncidence. Cette dévotion à la coïncidence et au
phénomène du hasard a été baptisée "randomania" par le chercheur britannique David
Luke, de l'université de Greenwich à Londres, un spécialiste de la conscience.15
Une des critiques les plus pertinentes de la manière dont les sceptiques jouent avec les
coïncidences est celle du célèbre romancier et dramaturge britannique, J. B. Priestley, dans
son livre magistral, L'homme et le Temps.
A propos des rêves prémonitoires, il écrivit :
‘’Il y a un point au-delà duquel les coïncidences se transforment en quelque chose d'autre,
ce qui nous pousse à demander une explication, tout comme il y a un point au-delà duquel le
détachement scientifique peut se transformer en un préjugé borné…Les personnes qui
adoptent [ce] point de vue prétendent écrire sur un détachement scientifique
impossiblement pur. Tout ce qu'elles demandent, nous disent-elles, c'est que ceux d'entre
nous qui sont assez fous pour croire en de telles expériences les soumettent à des "études
bien contrôlées", à des tests de laboratoire, etc.
Mais il se peut que nous ayons affaire ici à une gamme d'expériences qui ne peuvent tout
simplement pas être contrôlées, ni testées, qui se dissipent dès qu'elles entrent dans le
champ de l'expérience et de la preuve scientifiques…Et je ne suis pas surpris que les
15
Luke, David. “Experiential Reclamation and First Person Parapsychology.” Journal of Parapsychology. 2011;
75(2): 185–99.
psychologues expérimentaux - dont certains tentent de traiter la psyché comme s'il s'agissait
d'un morceau de sodium - n'aient pas de rêves prémonitoires : leur mentalité s'y oppose.’’16
Priestley était fasciné par les rêves prémonitoires. En 1963, au cours d'une interview
accordée à la BBC, il lança un appel au public britannique pour recueillir des témoignages de
rêves prémonitoires, et il fut submergé par les réponses.
Une femme écrivit qu'elle avait dit à trois personnes avec lesquelles elle prenait son petitdéjeuner et qu'elle venait de rêver qu’à la fin du petit-déjeuner, un paysan était arrivé avec
33 œufs dans un seau. Plus tard, alors qu'elle se trouvait au milieu de l'escalier, trois œufs
supplémentaires lui furent remis. Ça, c'était son rêve. Et peu de temps après son petitdéjeuner réel, un paysan est arrivé et lui a tendu un seau qui, selon lui, contenait trois
douzaines d’œufs. Elle les transposa dans un panier et paya l'homme. Quelques minutes plus
tard, son mari lui signala qu'il avait compté les œufs et constaté qu'il y en avait 33, et non
trois douzaines. Alors que la femme les comptait elle-même, elle fut appelée d'en bas par un
individu qui la rejoignit au milieu de l'escalier. L'individu lui expliqua que trois œufs avaient
été retirés du seau par erreur, et lui remit trois œufs pour que le compte soit juste.
Priestley déclara : "Trente-trois plus trois œufs dans le rêve ; trente-trois plus trois œufs
dans les faits réels. Vous pouvez appeler cela une coïncidence, tout comme vous pouvez
qualifier cela de crucherie ou de n'importe quoi d'autre, mais si vous cessez de vous
accrocher aux coïncidences et cherchez à expliquer toute cette histoire, vous pourriez faire
voler en éclats un certain type de monde."17
Le remplacement de ce monde brisé est un monde où le temps linéaire n'est plus un tyran,
et où les causes ne précèdent pas toujours les événements…
Partage-pdf.webnode.fr
16
Priestley, J. B. Man & Time. London: W. H. Allen; 1978, 190-91.
(Pour ceux ou celles que le point de vue de la science par rapport aux phénomènes psychiques intéresse, je leur
suggère la lecture de l’excellent livre de Dean Radin, préfacé par Deepak Chopra, Superpouvoirs ? Science et
Yoga : enquête sur les facultés extraordinaires de l'homme, NDT.)
17
Ibid., 211–12.