NI CORPS, NI ESPRIT, NI MONDE JOHN WHEELER Entretien extrait de ‘’Shining in plain view’’ Question : Je viens juste de lire ce qui suit dans l’un de vos articles les plus récents : Il n'y a même pas de corps, d'esprit ou de monde. Il s'agit là d'idées conceptuelles, sans rapport avec l’expérience directe. Cela peut sembler révolutionnaire, mais c'est une expérience réelle et facilement vérifiable. Le mental crée des réalités conceptuelles, qui ne sont pas données dans l'expérience immédiate, et il vit ensuite en fonction des concepts qu’il fabrique. Je ne me souviens pas avoir jamais entendu ceci exprimé de cette manière, et cela m'intrigue beaucoup. Pourriez-vous développer ce point, je vous prie ? Comment reconnaît-on cela dans l'expérience directe ? Sont-ce des résidus de la croyance en une entité séparée qui empêchent de le réaliser ? John : Ce n'est pas du tout quelque chose de mystique. Par exemple, faitesvous jamais vraiment l'expérience d'une chose unifiée, telle qu'un corps ? À l'examen, on n'observe que des sensations, des sentiments et des perceptions distincts. Il s'agit là d'un flux d'événements en constante évolution. Pour les besoins du langage, on a créé une étiquette appelée "corps", mais il s'agit d'un outil verbal improvisé à des fins de communication. C'est une tentative mentale d'organiser une série d'états fluides et en constante évolution afin d'en parler. Le "corps" n'est donc qu'un mot, et pas une chose en soi. Et cependant, nous assimilons notre Être à un mot en prétendant des choses, comme "Je suis le corps", "Quand le corps naît, je nais", "Quand le corps bouge, je bouge", "Quand le corps est malade, je suis malade", "Quand le corps meurt, je meurs" et ainsi de suite. Vous voyez comment nous vivons, comme si nous sommes quelque chose qui n'est en fait qu'un concept. La même analyse s'applique au "monde", à l' "esprit", etc. Nous nous identifions à des idées conceptuelles et nous vivons en fonction d'elles, comme si elles étaient réelles. Toutes les souffrances et les confusions découlent de ce processus. La vérité est qu'ici et maintenant, nous ne sommes rien de tout cela. Nous sommes le sentiment indéniable d'être, qui est présent et clairement conscient. Il éclaire toutes les pensées et tous les concepts sans jamais être affecté le moins du monde. Ce n'est pas quelque chose qu'il faut connaître ou réaliser, puisque c'est évident et clair dès maintenant. Pouvez-vous nier votre propre existence ? C'est ainsi que vous êtes maintenant pleinement auto-réalisé. Tout ce qui peut surgir d'autre est une idée fausse. À partir de là, tout ce que nous pouvons faire, c'est démonter, démasquer, confronter et remettre en question tous les concepts qui peuvent surgir. Si vous voulez la liberté, ce sera l'entreprise la plus exaltante qui soit. Si vous avez tendance à vous accrocher à des identités et à des croyances, vous risquez fort d'être malmené, puisque tout vous sera retiré.1 Partage-pdf.webnode.fr 1 John Wheeler apprécie un yoga de la connaissance des plus abrupts, dans la lignée de Nisargadatta Maharaj. Si cette voie spirituelle rapide vous intéresse, vous pouvez consulter notamment sur Partage-pdf.webnode.fr la synthèse ‘’Morceaux choisis’’, qui reprend des entretiens issus de ses sept livres d’entretiens et ‘’Etat naturel et Eveil’’, qui est la traduction de son premier livre, NDT.