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L'ESPRIT UNIVERSEL - LARRY DOSSEY

L’ESPRIT
UNIVERSEL
COMMENT L’ESPRIT INDIVIDUEL FAIT PARTIE INTÉGRANTE D’UNE CONSCIENCE
PLUS VASTE ET L’IMPORTANCE QUE CELA REVÊT
LARRY DOSSEY
Titre original : One Mind : How our individual mind is part of a greater Consciousness and why it
matters
"Larry Dossey est un pionnier qui ne cesse de découvrir de nouvelles frontières.
Avec One Mind, sa fusion de la science et de la sagesse a bouclé la boucle,
Dossey faisant valoir les anciens enseignements spirituels sur l'Un et le multiple.
Je suis heureux de considérer Larry comme une âme sœur."
-
Deepak Chopra, auteur de Spiritual Solutions
"One Mind est un chef-d'œuvre merveilleusement inspirant et passionnant, qui
répond aussi aux exigences d'une enquête scientifique rigoureuse. Larry Dossey
est un maître conteur, un médecin et un penseur critique. Et j'adore ce livre."
Dr Christiane Northrup, autrice de Corps de sagesse, corps de femmes
-
‘’L’excellent livre du Dr Larry Dossey, One Mind, jette les bases et prépare le
terrain pour le prochain éveil global de la conscience, et contribue à tracer la
voie à suivre pour y parvenir. Le Dr. Dossey démontre éloquemment que cette
conscience est, effectivement, une seule et même Conscience. Sa science est
celle des années à venir.’’
-
Dr Eben Alexander, auteur du bestseller n°1 du New York Times, La
preuve du Paradis.
"J'ai vécu ce dont parle le Dr Larry Dossey. Je sais et je peux prouver que la
conscience est non locale. J'ai utilisé la connaissance non-locale pour établir des
diagnostics et aider à prendre des décisions thérapeutiques pour mes patients.
J'ai appris à vivre selon mon expérience et non selon des croyances limitées."
-
Dr Bernie Siegel, auteur d’Une brassée de miracles
"One Mind est un livre fascinant, captivant et tout à fait convaincant sur la nature
de l'esprit et de la conscience, et le rôle profondément important qu’ils jouent
2
dans nos vies et dans notre monde. Faites-vous une faveur en commençant à le
lire tout de suite !"
-
Ken Wilber, auteur du Livre de la vision intégrale
"Ce chef-d'œuvre de toute beauté réalisé par l'un de nos plus estimés sages de
la conscience présente un argumentaire éloquent et indiscutable en faveur de la
conscience humaine en tant qu'entité singulière. La somme des preuves
étonnantes et des histoires fascinantes - couvrant les expériences de mort
imminente, la réincarnation, la créativité, la perception extrasensorielle et
l'intelligence collective - démolit la théorie actuelle de la science moderne selon
laquelle "l'esprit est égal au cerveau" et élargit notre perception de la façon dont
le monde fonctionne. One Mind est l'œuvre la plus audacieuse et la plus
grandiose du Dr Larry Dossey à ce jour, et elle est assortie d'un message puissant
et indélébile : la nature nous a conçus pour rester connectés pour toujours.’’
Lynne McTaggart, autrice du Champ de la cohérence universelle, La
-
science de l’intention et Le lien quantique
"Larry Dossey ne défend pas simplement l'existence de phénomènes psychiques,
pour lesquels il existe maintenant de nombreuses preuves, mais il fait valoir un
lien plus profond que nous partageons tous avec l’Esprit unique qui sous-tend
notre mental individuel apparemment séparé. Ce livre associe une thèse
provocante avec des récits remarquables et vivants d'expériences personnelles.
Seul Larry Dossey pouvait mener à bien une telle entreprise."
-
Dr Rupert Sheldrake, auteur de Réenchanter la science : une autre façon
de voir le monde
"Il n'y a pas d'idée plus puissante que de connaître et de ressentir notre unité
pour inspirer la coopération dont nous avons si urgemment besoin pour créer
un monde durable et humain."
-
Ervin Laszlo, auteur de L’expérience akashique et Science et champ
akashique
3
"Ne commencez pas à lire ce livre, si vous n'êtes pas intéressé par une aventure
de l'esprit qui risque d'entraîner des changements à long terme. Ne commencez
pas à le lire, à moins de vous sentir prêt à faire une telle incursion dans une
nouvelle vision de ce que vous êtes en tant qu'être humain. Mais si vous le
pouvez, déployez de nouvelles ailes et accompagnez Dossey sur cette voie
passionnante."
-
Dr Lawrence LeShan, auteur de Landscapes of the mind
"Le nouveau livre solide et lucide du Dr Larry Dossey, One Mind, présente des
preuves convaincantes de la conscience commune partagée par les humains et
par les animaux - des expériences mentales et physiques partagées par des amis,
des amants et des jumeaux identiques séparés par des centaines ou par des
milliers de kilomètres. Une lecture très convaincante".
-
Dr Russell Targ, auteur de L’esprit sans limites et Perceptions
extrasensorielles : Quand un scientifique prouve la réalité des facultés
parapsychiques
"Depuis 30 ans, Larry Dossey nous guide vers une vision plus large et plus
généreuse de la médecine et de la guérison. Dans One Mind, il nous invite
doucement et finement, mais aussi magistralement, à expérimenter et à intégrer
un Esprit qui transcende notre conscience séparée, un Esprit qui nous relie à tous
ceux qui vivent et qui meurent. Inspirant, rassurant et très utile."
-
Dr James S. Gordon, fondateur et directeur de The Center for Mind-Body
Medicine et auteur de Unstuck : Your Guide to the Seven-Stage Journey
Out of Depression
"Les adeptes de Larry Dossey, comme les nouveaux lecteurs, seront fascinés et
inspirés par ce chef-d'œuvre qui pourrait bien être le point d'orgue de la longue
histoire de publications provocantes et édifiantes du Dr Dossey. C'est sa capacité
à trouver les motifs d'interaction des particules subatomiques tout au long de la
chaîne de la vie qui fournit l'argument le plus convaincant en faveur de l'Esprit
4
unique et son plaidoyer pour expliquer pourquoi tout cela est important pour le
monde troublé d'aujourd'hui."
-
Dr Sally Rhine Feather, directrice générale émérite du Rhine Research
Center
"Ce livre est précieux pour les profanes, puisqu’il peut libérer leur pensée des
limites d'une vision matérialiste du monde. One Mind est précieux pour les
scientifiques, puisqu’il recèle quelque part dans ses pages quelque chose qui,
entre de bonnes mains, changera à jamais notre vision de la réalité."
-
Dr Nick Herbert, auteur de Quantum Reality et Elemental Mind
"Une fois de plus, le brillant Larry Dossey exprime ce que notre culture a
désespérément besoin de comprendre, à savoir que nous sommes réellement
"d'une seule Conscience". Cette combinaison convaincante et engageante de
données scientifiques et d'histoires personnelles est son œuvre la plus
interpellante à ce jour. A lire absolument !"
-
Dr Frank Lipman, auteur de Revive
"Dans One Mind, l'auteur à succès Larry Dossey nous rappelle une vérité
universelle : il n'y a qu'un seul Esprit, ce que nous sommes. Mais l'illusion de la
séparation est tenace, si bien que nous continuons à l’oublier. Continue donc de
nous le rappeler, Larry, encore et toujours, parce que nous négligeons cette
vérité à nos risques et périls."
-
Dr Dean Radin, maître de recherche à l’Institut des Sciences Noétiques et
auteur de La Conscience invisible et Entangled minds
"À une époque où beaucoup d'entre nous réclament des aliments solides et
nourrissants pour notre tête, notre cœur et notre âme, Larry Dossey nous sert un
festin composé d'une multitude de services. Les ingrédients essentiels de ce
somptueux festin associent la sagesse des traditions spirituelles du monde entier
et l'éclairage des nouvelles découvertes passionnantes de la science avant5
gardiste. Ces idées et leurs implications sont délicatement préparées pour
répondre à nos vies frénétiques dans de délicieuses bouchées d'une narration
bien ficelée. J'ai savouré chaque bouchée et vous le ferez aussi. Bon appétit !"
-
Dr Marilyn Schlitz, ambassadrice de l’Institut des Sciences Noétiques
"Dans ce livre remarquable, l'auteur visionnaire, Larry Dossey présente de
manière claire et convaincante toute une série de phénomènes empiriques qui
montrent que fondamentalement, la séparation des esprits individuels est une
illusion. En effet, il n'y a qu'un seul Esprit. En grand pédagogue, Dossey explique
aussi comment cette prise de conscience primordiale a le pouvoir de changer
positivement nos vies et de nous aider à résoudre les crises globales auxquelles
notre monde est désormais confronté."
-
Dr Mario Beauregard, neuroscientifique à l’Université de Montréal et
auteur de Du cerveau à Dieu : plaidoyer d’un neuroscientifique pour
l’existence de l’âme et Les pouvoirs de la conscience : comment nos
pensées influencent la réalité
"La prise de conscience que nous sommes tous profondément liés à un certain
niveau, d'une manière que nous ne comprenons pas encore totalement, devrait
engendrer un sentiment de compassion et de responsabilité qui fait cruellement
défaut dans un monde que nous avons maintenant la capacité de détruire avec
insouciance."
-
Chris Carter, auteur de Science and the Near-Death Experience
"Dans ce livre merveilleux et très important, Larry Dossey explique en détail
pourquoi, dans de nombreux domaines de la science actuelle (matérialiste),
l'ignorance intentionnelle et les préjugés constituent un obstacle sérieux à la
compréhension des aspects non locaux de la conscience. Toutefois, après la
lecture de ce livre, l'adhésion sans réserve au concept d'un Esprit Universel et à
ses conséquences est inéluctable. C'est important, non seulement pour la
science, mais également pour l'avenir de notre société, car nous avons
6
certainement besoin d'une révolution globale dans la sphère de la conscience
humaine pour trouver une solution de survie sur cette planète."
-
Dr Pim van Lommel, auteur de Mort ou pas ? Les dernières découvertes
médicales sur les EMI
"Ce livre est dangereux. C'est une lecture tellement passionnante qu'elle a
chamboulé ma semaine bien planifiée. Dossey défend de manière convaincante
l'intrication intime entre toutes choses. La pierre angulaire du judaïsme est le
Chema - l'insistance sur le fait que Dieu est Un. Dans cette perspective, Jésus a
déclaré : "Moi et le Père nous sommes Un". En Inde, l'Illumination est la prise de
conscience que Brahman est l'Atman. Dossey recense un grand nombre de
corollaires de ces principes anciens. Le résultat constitue une lecture vitale et
urgente pour quiconque s'intéresse à ce que signifie être un humain, une souris
ou une molécule."
-
Charles Foster, membre du Green Temple College, de l’Université
d’Oxford, et auteur de In the Hot Unconscious et The Selfless Gene
"Dans ce livre impeccablement bien documenté, nous avons droit à une analyse
solide et convaincante de la question difficile de la conscience collective. Avec
ses aptitudes admirables et bien rodées pour la précision du compte rendu et
l'intérêt dynamique de la narration, Larry Dossey explore ce sujet ardu. Tout en
partageant ses expériences personnelles et ses convictions, il souligne le besoin
urgent de compréhension et de respect de la vision profonde de I'Esprit
universel qui crée et qui rend possible tout ce qui existe."
-
Robert G. Jahn et Brenda J. Dunne, du Princeton Engineering Anomalies
Research Laboratory, et auteurs de Consciousness and the Source of
Reality
"La science contemporaine reconnaît depuis longtemps que les atomes qui
composent le corps humain sont les mêmes que ceux qui forment les galaxies.
Néanmoins, les implications de cette idée n'ont jamais été expliquées avec
autant d'élégance et de clarté que Larry Dossey l'a fait dans One Mind. Dossey
7
laisse ses lecteurs remplis non seulement d'espoir, mais aussi de la
détermination de jouer leur rôle pour réparer le tissu en lambeaux de leur vie sur
la planète Terre."
-
Dr Stanley Krippner, professeur de psychologie à l’Université Saybrook et
co-auteur de Personal Mythology
"Avec l'envergure, la profondeur et la clarté qui le caractérisent, Larry Dossey
explore, explique et illustre à l’aide d’exemples concrets les abondantes preuves
scientifiques de l'hypothèse panthéiste suivant laquelle nos esprits individuels
sont inclus dans un seul et même Esprit et en sont l'expression. Très agréable à
lire, One Mind est fortement recommandé tant aux experts qu'aux novices."
-
Dr Neal Grossman, professeur émérite de philosophie, Université de
l’Illinois, Chicago, et auteur de Healing the Mind : the Philosophy of
Spinoza Adapted for a New Age
"Ce livre marquant est une synthèse brillante du travail extrêmement
conséquent que Larry Dossey a entrepris ces 30 dernières années. Il fournit un
cadre théorique global dans lequel une multitude d'expériences trouve un sens.
C'est important, non seulement pour la science, mais également pour l'avenir de
la planète, puisque nous évoluons vers une culture plus empathique, en réalisant
que nous sommes tous profondément interconnectés dans un ensemble plus
vaste."
-
David Lorimer, directeur du Scientific and Medical Network, éditeur de la
Network Review et auteur de Whole in One
"One Mind est l’œuvre maîtresse de Larry Dossey - sa contribution la plus belle
et la plus mémorable depuis Recovering the Soul. Encyclopédique, visionnaire et
tout simplement fascinant, ce livre spectaculaire est un incontournable pour
quiconque s'intéresse à la science de la conscience humaine."
-
Jeff Levin, professeur d'épidémiologie et de santé publique à l'université
Baylor.
8
"Dans son dernier livre, Larry Dossey nous fait pénétrer dans un nouveau
territoire où nous nous unissons dans les dimensions les plus profondes
de l'humanité partagée. Il fait valoir une Conscience globale qui unit tous
les cœurs et les esprits, réunis par l'Amour cosmique. C'est son meilleur
ouvrage à ce jour."
Jean Watson, professeure émérite en sciences infirmières de l’Université
-
du Colorado (Denver College of Nursing) et fondatrice du Watson Caring
Science Institute
"Y a-t-il de l'espoir pour l'avenir ? Le Dr Larry Dossey propose un itinéraire direct
qui nous y conduit MAINTENANT et qui est riche en amour et en possibilités. Au
milieu de la cacophonie des prophètes de malheur, One Mind est une invitation
personnelle à découvrir une nouvelle façon de concevoir des expériences
spirituelles courantes. Ce livre est un outil inestimable, qui réaffirme notre
sagesse et qui démontre à maintes reprises qu'aucun d'entre nous n'est
véritablement seul !"
-
Révérend Canon Ted Karpf, maître de conférences adjoint en religion,
santé publique et développement international à l'école de théologie de
l'Université de Boston
"Depuis plus de trois décennies, Larry Dossey nous gratifie de commentaires
perspicaces sur la nature de notre Être, qui nous sommes et notre place dans
l'univers, le tout rédigé dans une prose d'une élégance remarquable. One Mind
ne déroge pas à la règle. Si vous voulez en savoir plus sur la nature de la
Conscience, Dossey devrait figurer sur votre liste des lectures incontournables."
-
Stephan A. Schwartz, chercheur principal au Samueli Institute, et auteur d’
Ouverture sur l'infini
9
Pour Barbara, comme toujours.
10
SOMMAIRE
Remerciements
13
Note de l’auteur
16
Introduction
20
Première partie : Entrevoir l’Esprit universel
42
Chapitre 1 : Sauver les ‘’autres’’…Pourquoi tout risquer ?
43
Chapitre 2 : Le saint patron de l’Esprit universel
50
Chapitre 3 : Expériences vécues relatives à l’Esprit universel
58
Chapitre 4 : L’Esprit universel n’est pas un flou infini
66
Chapitre 5 : Le sentiment d’être observé
79
Chapitre 6 : Evolution à l’unisson
83
Chapitre 7 : L'Esprit commun des animaux et des hommes
95
Chapitre 8 : Des atomes et des rats
115
Deuxième partie : Fonctionner avec l’Esprit universel
121
Chapitre 9 : L’Esprit dépasse le cerveau
122
Chapitre 10 : L’immortalité et les expériences de mort imminente
130
Chapitre 11 : La réincarnation
155
Chapitre 12 : La communication avec les défunts
166
Chapitre 13 : Unité précoce
172
Chapitre 14 : Les (idiots) savants
177
Chapitre 15 : Les jumeaux
184
Chapitre 16 : Les phénomènes télésomatiques
196
Chapitre 17 : Absolument convaincu
207
Chapitre 18 : Des avions abattus et des navires coulés
212
Chapitre 19 : La harpe disparue et l'ange de la bibliothèque
220
Chapitre 20 : La guérison et l’Esprit universel
226
Chapitre 21 : Le côté obscur
233
Troisième partie : L’accès à l’Esprit universel
237
Chapitre 22 : La soupe cosmique
238
Chapitre 23 : Le moi
246
Chapitre 24 : L’Esprit universel est-il Dieu ?
259
Chapitre 25 : Dégager la serrure de ce qui l’encombre
268
Chapitre 26 : Les voies du rêve
275
Chapitre 27 : L’amour est le dernier mot
284
11
Quatrième partie : Les perspectives
296
Chapitre 28 : Faire évoluer la science
297
Chapitre 29 : La transcendance
301
Notes de fin
311
Références
334
Au sujet de l’auteur
379
12
REMERCIEMENTS
Au cours des phases finales de l'écriture de ce livre, plusieurs événements se
sont produits qui ont mis en lumière qui il fallait remercier.
Ma femme, Barbara et moi, nous vivons au pied des monts Sangre de Cristo,
dans le nord du Nouveau-Mexique. Pendant que j'écrivais, des coyotes ont
commencé à nous rendre visite. C'était particulièrement intéressant, parce que
cela arrivait souvent pendant que je rédigeais la partie sur les liens entre l'esprit
des humains et celui des animaux. Je levais les yeux de mon ordinateur pour voir
un, deux ou trois coyotes qui me regardaient à travers les fenêtres de mon
bureau. Pendant qu'ils me scrutaient, j'avais l'impression qu'ils étaient intéressés
par le manuscrit et qu’ils s'assuraient que je comprenais bien. Après quelques
moments de contact visuel, ils s'en allaient. Ils continuent à revenir de temps en
temps, comme pour vérifier certaines choses. C'est nouveau. Dans cette région,
les coyotes sont normalement des créatures timides. Pendant les deux
décennies où nous avons vécu ici, ils ne se sont jamais comportés de cette façon.
Et puis il y a eu ce lynx splendide qui est apparu un jour froid et neigeux juste
devant ma fenêtre pendant que j'écrivais. Il s'est installé, s'est toiletté, puis il a
inspecté les lieux pendant près d'une heure - un autre événement sans
précédent. Il y a aussi les oiseaux et les cerfs résidents, qui semblent toujours
convaincus que l'endroit leur appartient.
Je pense que ces créatures sont apparues en tant qu’ambassadrices du réseau
plus vaste de la vie. Elles sont venues me rappeler qu'elles aussi font partie
intégrante de I'Esprit universel et qu'elles ne veulent pas être oubliées dans ce
récit. Je sens qu'elles me signifient de reconnaître et de manifester ma gratitude
à l'égard de toutes les créatures sensibles.
Et donc, je le fais.
Je suis particulièrement redevable à James Levine, mon agent littéraire, pour son
soutien généreux, son amitié et ses conseils durant de nombreuses années. Je
reste à genoux pour exprimer ma gratitude à Patricia Gift, de Hay House, qui a
13
donné un foyer à ce livre, et à l'éditeur Peter Guzzardi, dont les capacités pour
mettre de l'ordre dans le chaos sont inégalées. Travailler avec Patricia et avec
Peter a concrétisé le titre de ce livre, car il nous a semblé que nous étions un seul
et même Esprit. Merci aussi à tous mes collègues d'Explore : The Journal of
Science and Healing pour leur soutien, ainsi qu'à l'éditeur de la revue, Chris
Baumlee, et à Elsevier, qui m'offrent une plateforme pour mes coups de gueule
éditoriaux sur tous les sujets que j’estime importants. J'exprime également toute
ma reconnaissance aux ''J'' pour leurs remarques et leurs discussions au
champagne autour des premières versions du manuscrit, et à Rupert Sheldrake
pour ses précieux conseils. Toutes les erreurs éventuelles commises par la suite
sont les miennes, et pas les leurs. Je remercie aussi vivement les lecteurs qui
continuent de m'envoyer des récits d'événements non locaux transcorporels
dans leur vie, et dont beaucoup disent n'avoir jamais partagé ces expériences
avec quelqu’un.
Mais chaque fois que je songe aux personnes que je devrais remercier, chez qui
j'ai puisé des informations et de l'inspiration, je suis tout simplement perplexe. Il
y en a beaucoup trop pour les nommer. Et si le principe de l'Esprit universel est
valable, les remerciements posent un problème encore plus profond. Car si tous
les esprits individuels se rejoignent au sein d'un domaine commun
d'intelligence, comment savoir qui remercier ? Comment peut-on retracer
l'origine d'une idée, d'une contribution ou d'une réalisation ? Dans l'Esprit
universel, le mot "origine" a-t-il même un sens ?
L'éminent physicien et philosophe allemand, le baron Carl Friedrich von
Weizsäcker, avait compris ce problème. Il a dit : "[Dans toute grande
découverte], nous faisons l’expérience, souvent déroutante et heureuse, que ce
n’est pas moi, ce n’est pas moi qui ai fait cela. Pourtant, d'une certaine manière,
c'est bien moi — mais pas l'ego…mais…un Soi plus vaste. "1 Et selon le grand
inventeur, Thomas Edison, "Les gens disent que j'ai créé des choses. Je n'ai
jamais rien créé. Je reçois des impressions de l'Univers dans son ensemble et je
les exploite, mais je ne suis que la surface d'un disque ou un appareil récepteur ce que vous voulez. Les pensées sont en fait des impressions que nous recevons
de l'extérieur."2
14
C'est cela que j'ai expérimenté. En écrivant sur l'Esprit universel, j'ai senti que j'en
faisais partie. Il m'a souvent semblé que mes pensées ne sont pas les miennes,
mais qu'elles émanent d'une compagnie invisible d'informateurs, de
sympathisants, d'amis et d'ancêtres. Le stéréotype de l'écrivain solitaire et isolé
qui se débat avec ses idées ne s'applique pas. Je suis aidé.
Alors, à tous ceux qui font partie de ce grand réseau : merci.
Ce livre n'aurait jamais vu le jour sans l'inspiration de Garry et Bet, mon frère et
ma sœur, mais surtout de Barbara, ma femme et mon étoile fixe. Mon amour et
ma gratitude envers elle sont écrits à l'encre invisible sur chacune des pages.
15
NOTE DE L’AUTEUR
À PROPOS DE L’ESPRIT ET DE LA CONSCIENCE
A la fin des années 80, j'ai eu l'occasion de donner une conférence à des
médecins à New Delhi sur les preuves émergentes que l'esprit et la conscience
peuvent être des facteurs puissants de santé et de maladie. Au cours de la
discussion qui suivit, un médecin indien âgé se leva et dit très poliment : "Dr
Dossey, pouvez-vous être plus précis sur ce que vous entendez par ''esprit'' et
par ''conscience''? Dans ma tradition, ce n'est pas pareil. Nous avons de
nombreux niveaux de conscience et d'états d'esprit. Maintenant, veuillez préciser
ce que vous entendez par là." J'étais quelque peu dépassé et je bredouillai une
pathétique fin de non-recevoir.
T. S. Eliot dit un jour à propos des philosophes indiens : "Leurs subtilités font
passer la plupart des grands philosophes européens pour des écoliers."1 Dans ce
livre, j'ai délibérément choisi de prendre le risque de ressembler à l'un de ces
écoliers, dans l'espoir que cet aveu direct pourrait me tirer d'affaire pour avoir
laissé passer certaines distinctions, ce qui ne manquerait pas de faire grimacer
quiconque connaît les vues sophistiquées de la conscience qui se sont
développées en Orient. Pour la plupart des lecteurs occidentaux, cependant, je
trouve que des analyses aussi raffinées de la conscience peuvent être rebutantes.
Quand on leur dit que, dans le bouddhisme, le Kamaloka, ou le plan
empirique/mondain de la conscience, compte 54 états et que le Lokuttara, ou le
plan transcendantal, en compte 40, le regard des Occidentaux se perd dans le
brouillard.2 Si j'ai bien fait mon travail, vous saurez ce que j'entends par le
contexte dans lequel j'utilise les termes ‘’esprit’’ et ‘’conscience’’. Si ce n'est pas le
cas, je mérite votre censure.
Peut-être est-ce une erreur de forcer certains concepts à suivre une trajectoire
rigide par le biais d'une définition étroite. Peut-être faut-il laisser certains termes
évoluer librement et flotter dans une ambiguïté délibérée, si on veut les exprimer
de manière adéquate. S’agit-il d’une excuse pour un manque de rigueur ou de la
sagesse ? C'est à vous, cher lecteur, d'en décider.
Pour les lecteurs qui voudraient néanmoins avoir en tête une image de la
conscience en parcourant les pages qui suivent, je propose les quelques
réflexions suivantes de la part de l'un des éminents philosophes contemporains
et chercheurs spécialistes de la conscience de l'Inde, K. Ramakrishna Rao. De
nombreux scientifiques et philosophes occidentaux partagent les vues du
professeur Rao3, comme nous le verrons :
Dans la tradition indienne, la Conscience est plus qu'une expérience de
connaissance. C'est un principe fondamental qui sous-tend toute connaissance
et toute existence. Les diverses formes de connaissance manifeste sont des
images de la Conscience révélées à la personne sous forme de reflets dans son
esprit. La structure cognitive ne produit pas la Conscience ; elle la reflète
simplement et, ce faisant, la limite et l'embellit. Fondamentalement, la
Conscience est la source de notre connaissance. En d'autres termes, la
Conscience n'est pas simplement la connaissance, telle qu'elle se manifeste sous
différentes formes, mais elle est aussi ce qui rend la connaissance possible. Il est
dit dans la Kena Upanishad que la Conscience est l'oreille de l'oreille, la pensée
de la pensée, la parole de la parole, le souffle du souffle et l'œil de l’œil…. La
Conscience est la lumière qui éclaire les choses sur lesquelles elle brille.
Vouloir comprendre la Conscience avec le mental est un effort futile. Comme l'a
dit l'érudit bouddhiste, Alan Watts, un tel effort est comme vouloir voir ses yeux
avec ses yeux, ou vouloir mordre ses dents avec ses dents - le mauvais outil pour
cette tâche.
***
Ce problème de l’outil est reconnu depuis longtemps. Comme Lao Tseu, le sage
chinois du 6ème siècle avant J.-C., l’a dit au sujet du Tao, ou Voie de la nature, "Le
Tao qui peut être exprimé n'est pas le Tao éternel ; le nom qui peut être défini
n'est pas le nom immuable."4 Comme pour le Tao, il en va de même pour l'Esprit
universel.5
Au printemps 1933, les physiciens Werner Heisenberg, Carl Friedrich von
Weizsäcker et Niels Bohr se retrouvèrent avec quelques amis dans un chalet de
17
montagne rustique en Bavière pour des vacances de ski. A cette époque,
Heisenberg et Bohr étaient déjà célèbres sur la scène mondiale de la physique.
Comme Heisenberg le décrivit dans son livre, La partie et le tout, il planifia ces
retrouvailles, en souhaitant "encore une fois passer de bonnes vacances avec de
vieux amis". Certaines tâches furent attribuées. Heisenberg devint le cuisinier du
groupe, et Bohr faisait la vaisselle. Heisenberg raconte qu'un soir, alors qu'il
faisait la vaisselle après le dîner, Bohr entreprit de discuter des lacunes du
langage pour décrire les résultats des expériences atomiques.
"La vaisselle est à l'image de notre langue", dit Bohr. "Nous avons de l'eau et des
lavettes sales, et pourtant nous parvenons à nettoyer les assiettes et les verres.
En matière de langage également, nous devons travailler avec des concepts
imprécis et une sorte de logique dont la portée est limitée de manière inconnue,
et pourtant, nous l'utilisons pour apporter un peu de clarté dans notre
compréhension de la nature."6
Le problème auquel Bohr, Heisenberg et les architectes de la théorie quantique
se trouvèrent confrontés est qu'il n'y a rien dans l'expérience humaine de
comparable à leurs découvertes expérimentales et qu'il n'existe donc aucun
langage pour les décrire de manière adéquate.
De même, l'objectif de ce livre - décrire la réunification des esprits individuels en
un Esprit universel et global - ne peut guère s’accomplir de manière satisfaisante
avec l'outil langagier de l'auteur. Nous cherchons à nettoyer les assiettes et les
verres avec de l'eau et des lavettes sales. Bohr considérait que les physiciens
parvenaient tout de même à rendre leur "vaisselle" raisonnablement propre.
Mais il y a une différence entre propre et étincelante.
C'est pourquoi il faut plus que des mots pour aller de l'avant et que je me suis
fréquemment appuyé sur des expériences individuelles, tout au long du livre. Les
sceptiques atteints de "randomanie" ou de "stati-cystite" tournent souvent en
dérision les expériences des gens en les qualifiant de "simples anecdotes", mais
celles-ci sont essentielles pour saisir la complémentarité entre l’esprit individuel
et l'Esprit universel. Si une image vaut mille mots, l'expérience d'un individu peut
valoir mille images. L'élément personnel, subjectif, ne peut jamais être éliminé de
18
nos tentatives de connaissance du monde, même de nos tentatives scientifiques.
Ainsi que le disait Max Planck, le grand concepteur de la physique quantique :
"La science ne peut pas résoudre le mystère ultime de la nature. Et cela parce
qu’en dernière analyse, nous faisons nous-mêmes partie de la nature et donc du
mystère que nous essayons de résoudre."7
Alors, procédons en bon ordre, avec nos lavettes sales et tout le reste.
19
INTRODUCTION
Ne croyez pas à la force des traditions, quand bien même on les honore depuis
de nombreuses générations et en de nombreux endroits ;
Ne croyez pas quelque chose, parce que beaucoup de monde en parle ;
Ne croyez pas en fonction de la force des sages des temps anciens ;
Ne croyez pas ce que vous-même avez imaginé en croyant qu’un dieu vous a
inspirés ;
Ne croyez rien qui ne dépende que de l’autorité de vos maîtres ou de vos
prêtres.
Mais après enquête, croyez ce que vous avez vous-même testé et trouvé
raisonnable, pour votre bien et celui des autres.
-
Bouddha, le Kalama Sutra
Ce livre traite du concept de l'Esprit universel, qui est, semble-t-il, un domaine
d'intelligence global et unitaire, dont tous les esprits individuels font partie.
L'Esprit universel est une dimension dans laquelle vous et moi, nous nous
rencontrons, comme nous le faisons en ce moment même.
Au 20e siècle, on nous a proposé plusieurs subdivisions de l'esprit, telles que le
conscient, le préconscient, le subconscient, l'inconscient, le conscient collectif et
l'inconscient collectif. L'Esprit universel offre une perspective supplémentaire sur
notre paysage mental. La différence est que l'Esprit universel n'est pas une
subdivision. Il s'agit de la dimension globale et inclusive, de laquelle relèvent
toutes les composantes mentales de tous les esprits individuels. Je mets la
majuscule à l’Esprit universel pour le distinguer du mental unique que possède
chaque individu.
POURQUOI L’ESPRIT UNIVERSEL EST-IL IMPORTANT ?
J'ai écrit ce livre avec l'intime conviction que l'Esprit universel est un moyen
potentiel de sortir de la division, de l'amertume, de l'égoïsme, de la cupidité et
de la destruction qui menacent d'engloutir notre monde, et dont au-delà d'un
certain point, il n'y a peut-être plus aucune issue. S'identifier à la plus haute
expression de la conscience humaine peut éclaircir notre vision, prévenir le
durcissement de nos artères morales et éthiques, et nous inciter à agir. Ce n’est
pas une époque ordinaire. Il faut de l'audace, y compris dans notre façon de
penser à qui nous sommes, à nos origines, à notre destinée, et à ce dont nous
sommes capables. Je ne considère pas l'Esprit universel comme un jouet
philosophique. Ce n'est pas un concept de luxe que l'on peut contempler à loisir.
Il y a urgence.
Nous, les humains, nous avons des moyens ingénieux d'ignorer l'évidence et de
nous tromper nous-mêmes, même lorsque nous sommes confrontés à une
tragédie imminente. Un de mes patients les plus attachants était un homme
d'une trentaine d'années, qui était un brillant musicien classique et un membre
de l'orchestre symphonique de la ville. Il était venu me voir, parce qu'il ne savait
plus dormir. Cet homme très intelligent était un manuel de pathologie ambulant.
Il était anxieux et nerveux, obèse, diabétique et il fumait à la chaîne. Il dédaignait
toute forme d'exercice. Quand je lui demandai ce qu'il faisait pour se détendre, il
me répondit : "Que voulez-vous dire ?" L'histoire de sa famille était marquée par
les maladies cardiaques et par le diabète. La majorité des hommes, y compris
son père, étaient morts d’une crise cardiaque au début de l'âge moyen.
Après avoir terminé son bilan, je lui décrivis ce qui, selon toute vraisemblance,
l'attendait - à savoir que, statistiquement, il courait à la catastrophe s'il
n’effectuait pas de grands changements. Il ne voulut pas en entendre parler. "Ma
mère a vécu jusqu'à plus de 90 ans !", protesta-t-il. "J'ai peut-être ses gènes." Il
ne changea rien du tout. Un an plus tard, il fut victime d'une grave crise
cardiaque, mais il survécut. Ce fut son déclic. Il modifia totalement son mode de
vie. Il perdit du poids, son diabète disparut et il cessa de fumer. Il adopta la
méditation et il devint un fanatique de fitness. "Du jour au lendemain, ma crise
cardiaque m'a fait voir les choses d'une manière différente", dit-il. "Dommage
que j'aie dû frôler la mort pour apprendre à vivre !"
Nous, les humains, nous ressemblons beaucoup à mon patient. Nous nous
retrouvons face à toute une série de problèmes imminents, et nous nions leur
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réalité. Devons-nous subir la version planétaire d'une crise cardiaque avant de
retrouver la raison ? Apparemment, les faits et les statistiques ne suffisent pas
pour nous faire avancer dans des directions sensées. Mais il existe une autre
voie. Une réorientation existentielle peut nous permettre de voir le monde d'une
nouvelle manière, qui redéfinit notre relation les uns avec les autres et avec la
Terre elle-même. Une telle réorientation peut transformer radicalement notre
mode de vie. Là est tout l'intérêt de la perspective de l'Esprit universel. Je ne
prétends pas que le fait de s'éveiller à l'Esprit universel est la seule façon de sortir
des dilemmes auxquels nous sommes confrontés, mais c'est un moyen, un
moyen très puissant qui est à la disposition de chacun.
COMMENT FONCTIONNE CE LIVRE
J'ai conçu ce livre comme une série de petits chapitres autonomes portant sur
l'Esprit universel. On y retrouve un rythme et une trame, mais chaque section est
également autonome et constitue un portail ou un point d'entrée pour aborder
le concept de l'Esprit universel. Chacune concerne une manière particulière dont
l'Esprit universel laisse ses traces dans les affaires humaines. Chacune pourrait
faire l'objet d'un livre entier et l'a souvent été.
Ma stratégie consiste à examiner une grande variété de phénomènes pour
s'assurer que le concept de l'Esprit universel ne repose pas sur un seul d'entre
eux, mais qu’il tire sa force de l'ensemble. Comme l’a dit le philosophe, F. C. S.
Schiller, "Une synthèse englobant une telle multitude de faits ne repose pas que
sur l’un d'eux, et dans un sens, devient indépendante à l’égard d’eux tous."1
Comme le dit le proverbe, "Une seule flèche se brise facilement, mais pas tout un
faisceau."
Ce livre s'adresse au grand public, et non aux scientifiques, aux philosophes ou à
mes pairs et collègues impliqués dans la recherche sur la conscience. Il concerne
tout profane qui conserve la capacité de s'interroger et de s'émerveiller, comme
nous le faisions tous, enfants, avant d'apprendre qu'il existe une manière
"convenable" de penser. Néanmoins, certaines sections sont plus complexes que
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d'autres. Donc, si certaines sections ne sont pas vraiment votre tasse de thé,
sautez-les. C'est l'ensemble qui compte.
En abordant ces différentes perspectives, vous commencerez peut-être à
remarquer des schémas dans votre propre vie qui paraissent plus
compréhensibles et cohérents du point de vue de l'Esprit universel. Si cela se
vérifie, j'aimerais recevoir de vos nouvelles.2
LA DÉCOUVERTE DE L’ESPRIT UNIVERSEL
On peut faire l'expérience de l'Esprit universel de différentes façons. Pensez à
l'Esprit universel comme à une source, où on va boire dans le désert. Nous
pouvons arriver seuls à la source et vivre une expérience solitaire. Ou nous
pouvons y rencontrer un autre individu, un groupe d'individus, ou peut-être une
foule. Ainsi, en nous abreuvant à l'Esprit universel, l'expérience peut nous
affecter individuellement, en se manifestant sous la forme d'un moment
transcendant, d'une épiphanie ou d'une percée créative. On peut aussi acquérir
des informations de manière inexplicable, comme par révélation, ou avoir une
prémonition qui s'avère exacte. Les expériences de l'Esprit universel peuvent
également impliquer deux personnes ou plus, comme lorsque des conjoints, des
frères et sœurs, des jumeaux, des amoureux ou des groupes d'individus
partagent des émotions, des pensées ou des sentiments à distance. Comme
nous le verrons, elles peuvent également se produire entre espèces. Bien que les
événements de l'Esprit universel soient infiniment variés, ils ont ceci en
commun : ils impliquent une Conscience illimitée et globale.
Mais comment pouvons-nous être sûrs que l'Esprit universel existe ? Il n'existe
pas d'appareils de mesure, ni de gadgets qui permettent de l'étalonner. Ce
problème s'applique à de nombreuses choses que nous croyons réelles, mais qui
ne peuvent pas directement être mesurées - l'amour, la bienveillance, la
compassion, le patriotisme ou la préférence pour les sandwichs au beurre de
cacahuète et à la confiture, pour n'en citer que quelques-unes. Dans de telles
situations, nous établissons de manière informelle des critères pour nous
prouver que quelque chose existe. Par exemple, nous estimons que si une
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personne est aimante, elle se comportera de telle ou telle manière. Puis, si la
personne se comporte de cette façon, nous présumons qu'elle est effectivement
capable d'aimer. En l'absence de mesures, nous pouvons adopter la même
approche pour l'Esprit universel.
Quels critères devrions-nous définir pour montrer que l'Esprit universel existe ?
Comment des esprits interconnectés et se recoupant se manifesteraient-ils dans
la vie quotidienne ? Si des esprits individuels sont reliés à tous les autres esprits
via l'Esprit universel, quel type d'expériences les individus vivraient-ils ?
Comment sauraient-ils qu'ils font partie d'un Esprit plus vaste ?
Si l'Esprit universel existe, on pourrait s’attendre à voir les choses suivantes :
❖ Une personne pourrait partager des pensées et des émotions - et même
des sensations physiques - avec un individu distant avec lequel elle n'a
aucun contact sensoriel.
❖ Un individu pourrait révéler des connaissances détaillées possédées par
une personne décédée, que cet individu n'aurait pas pu acquérir par des
moyens normaux.
❖ Une communication à distance pourrait avoir lieu entre des humains et
des non-humains sensibles, comme des animaux familiers.
❖ De grands groupes d'animaux - troupeaux, formations d'oiseaux et bancs
de poissons - pourraient se comporter de manière si coordonnée que ceci
suggère des esprits partagés et imbriqués.
❖ Un individu mourant, ou même en bonne santé, pourrait faire l'expérience
d'un contact direct avec un domaine transcendant dans lequel il lui serait
révélé qu'il fait en fait partie d'un Esprit plus vaste, infini en matière
d'espace et de temps.
❖ Un individu pourrait retrouver des objets cachés ou perdus par des
moyens uniquement mentaux, ou percevoir en détail, sans contact
sensoriel, des scènes lointaines connues de quelqu'un d'autre.
Il s'avère qu'aucune de ces possibilités n'est hypothétique ; elles sont toutes
réelles, comme nous allons le voir. Et puisqu'elles existent, nous pouvons en
déduire, en toute logique, que l'Esprit universel est également réel. Nous
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pouvons en outre être rassurés par le nombre de génies créatifs dans des
domaines aussi variés que la physique théorique, la philosophie et la musique,
qui, au fil des siècles, ont exprimé leur croyance en l'Esprit universel.
ESPRIT NON LOCAL
L'argument ultime en faveur de l'Esprit universel, néanmoins, c'est la non-localité
de la conscience. Nous examinerons le sens de ce terme dans les pages qui
suivent, mais voici brièvement ce qu'il en est : Il s'avère que les esprits individuels
ne sont pas qu'individuels. Ils ne sont pas confinés, ni localisés dans des points
spécifiques de l'espace, comme dans des cerveaux ou dans des corps, ni dans
des points spécifiques du temps, comme dans le présent. En réalité, les esprits
sont non localisés au niveau de l'espace et du temps. Cela signifie que la
séparation des esprits est une illusion, parce que des esprits individuels ne
peuvent pas être mis dans une boîte (ou un cerveau), ni isolés les uns des autres.
Dans un certain sens, tous les esprits se rejoignent pour former un seul Esprit. Au
cours de l'histoire, de nombreuses personnes — y compris d'éminents
scientifiques — ont entrevu ce fait. Parmi eux, le physicien Erwin Schrödinger,
lauréat du prix Nobel, qui a proclamé : "Il n'y a qu'un seul Esprit", et l'éminent
physicien David Bohm, qui a affirmé : "Au fond, la Conscience de l'humanité est
une."
J'ai formulé l'expression "Esprit non local" dans mon livre Recovering the Soul,
en 1989, pour exprimer ce que je crois être un aspect spatialement et
temporellement infini de notre conscience.3 L'Esprit non local ressemble au
concept antique de l'âme, comme nous le verrons.
SURVIE
Il ne se passe pas une semaine, ces jours-ci, sans qu'un membre du Congrès
surexcité ou qu'un journaliste fébrile ne nous avertisse que notre nation se
dégrade. Diverses raisons sont invoquées, mais l'une des principales, nous diton, concerne notre système éducatif. Nous prenons du retard dans les sciences
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exactes, ce qui nous met en danger dans un monde de plus en plus compétitif.
On nous prévient fermement que nous devons mettre l'accent sur nos écoles et
sur nos universités, avant qu'il ne soit trop tard, dans les domaines de la science,
de la technologie, de l'ingénierie et des mathématiques (STIM).
Personne n'estimait davantage les sciences exactes que le médecin-chercheur,
Lewis Thomas, qui dirigea pendant de nombreuses années la recherche au
Memorial Sloan-Kettering Cancer Center. Mais Lewis Thomas se souciait
également des sources de sagesse qui se trouvent en amont de la science. Il prit
conscience que la science n'est pas un point d'arrêt pour la compréhension
humaine. Il entreprit donc de démolir à lui seul les murs qui séparent la
connaissance en deux sphères, "dure" et "douce". Dans ses essais brillants et
d'une grande portée publiés dans le New England Journal of Medicine, il
abordait tout ce qui le fascinait. Deux de ses sujets préférés étaient Montaigne et
Mahler. Rien n'était tabou. Il conjectura même que la conscience pourrait être
recyclée après la mort dans un "système nerveux biosphérique", puisque celle-ci,
disait-il, semble être une entité trop précieuse pour que la nature la gaspille.
Cette sortie provoqua des réactions d'incrédulité et suscita des soupçons
d'embrouillage de la part de quelques scientifiques bornés, mais Thomas savait
ce qu'il faisait.
Il sentait que nous nous égarions et il n'avait pas peur de le dire. Il croyait que
nos limites mentales provoquaient une sorte d'urgence planétaire. Pour
reprendre ses termes, "Il est nécessaire d’en savoir davantage…On sait
maintenant qu’on ne peut plus le faire en étudiant notre mental, qui est
insuffisant pour cela…On a besoin de la science, de plus de science et d'une
meilleure science, non pas pour sa technologie, non pas pour se divertir, ni
même pour la santé ou la longévité, mais dans l’espérance d’une sagesse que
notre genre de culture doit acquérir pour sa survie [italiques ajoutés]."4
Éviter l'extinction. C'est un concept menaçant auquel notre société ne souhaite
pas être confrontée. Après avoir survécu à la guerre froide sans échange
nucléaire, beaucoup pensaient que tout irait pour le mieux, mais nous savons
maintenant qu'il en va tout autrement. Les problèmes auxquels nous sommes
confrontés sont systémiques et métastatiques. Ils ne sont peut-être pas aussi
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dramatiques que l'horreur nucléaire, mais ils sont tout aussi mortels. Ils
impliquent la dégradation et la détérioration progressives de notre monde en
raison de la façon dont nous choisissons de nous comporter, confortés par une
avidité incessante, une paralysie de la volonté, un obscurcissement de la vision et
une ignorance délibérée du type de science rigoureuse que Thomas appréciait.
En tant que peuple, nous paraissons gravement fragilisés. C'est comme si nous
avions subi une attaque cérébrale au niveau de la culture, qui aurait endommagé
les centres supérieurs, qui contrôlent notre capacité à raisonner et à agir de
façon rationnelle.
Qu'est-ce qui nous permettra de nous en sortir ? Nous entendons de plus en
plus souvent dire que nous devons trouver les moyens techniques pour
résoudre les problèmes posés par le changement climatique mondial, la
destruction de l'environnement, la pollution, la pauvreté, la faim, la
surpopulation, la désertification, le manque d'eau, l'effondrement des espèces,
etc. Peut-être. Mais comme Thomas le laissa entendre, il faut quelque chose qui
dépasse la science actuelle : l'espoir de la sagesse.
Quel genre de sagesse ? Elle implique certainement la conscience que nous
constituons une partie inséparable de la vie sur Terre, car sans cette perception,
il est douteux que nous puissions rassembler la volonté de faire les choix
nécessaires à notre survie. Intellectuellement, nous savons que nous ne pouvons
pas nous couper de la nature. Ceci n'est pas nouveau, c'est le message clé de la
science environnementale depuis un siècle. Et pourtant, l'importance colossale
de cette prise de conscience est largement niée. Il est clair qu'en plus des
connaissances factuelles, nous avons besoin de quelque chose qui puisse nous
émouvoir, nous relier à quelque chose qui dépasse notre égocentrisme. Nous
avons besoin de nous impliquer davantage dans la partie.
C'est pourquoi l'Esprit universel est essentiel. Si tous les esprits individuels sont
unis via l'Esprit universel, comme en attestent des preuves significatives, il
s'ensuit qu'à un certain niveau, nous sommes intimement liés les uns aux autres
et à toute vie sensible. Cette prise de conscience permet de réétalonner la règle
d'or axée sur l'individu, qui passe ‘’d'agir envers les autres comme on voudrait
qu'ils agissent envers nous’’ à ‘’être bienveillant envers les autres, puisque dans
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un certain sens, ils sont nous’’. Tout au long de l’histoire, la tâche des grandes
traditions de sagesse a été de transformer une telle prise de conscience, d'un
concept intellectuel en une certitude ressentie qui est si réelle qu'elle fait la
différence dans la façon dont nous dirigeons nos vies.
La réalisation de l’Esprit universel nous propulse au-delà de l'isolement et de la
frustration de l'individu séparé qui lutte contre des obstacles impossibles à
surmonter. La vie devient plus qu'un parcours épuisant du berceau au
crématorium. Le sentiment d'unité avec tous les autres esprits est porteur d'un
sens, d'un objectif et d'un potentiel renouvelés et du sens du caractère sacré de
toutes choses.
Nous y sommes presque. L'espoir de sagesse, prisée par Thomas est à notre
portée, et une grande part de la science améliorée qu'il appelait de tous ses
vœux existe déjà. Elle se manifeste sous la forme de preuves d'une forme de
Conscience unifiée, non locale et universelle, comme je vais essayer de le
démontrer. De nombreux scientifiques – de grands scientifiques - ont adopté ce
concept, comme nous le verrons.
LA COOPÉRATION RÉELLE
Les défis auxquels nous les humains nous nous trouvons confrontés sont
tellement énormes et globaux, qu'il peut être difficile de voir comment nos
efforts individuels peuvent faire la différence. Considérons des problèmes
environnementaux, tels que la pollution et le changement climatique mondial.
Barbara, ma femme, et moi nous faisons du jardinage biologique et nous avons
un mur solaire passif sur tout le côté sud de notre maison depuis 20 ans. Bien
que ces mesures nous permettent de nous sentir mieux et représentent notre
engagement en matière de responsabilité environnementale, elles sont
contrebalancées par un sentiment récurrent de futilité dans le grand schéma des
choses. A l’instar de la prière du pêcheur breton : "Seigneur, comme ton océan
est vaste et comme mon embarcation est frêle’’, dont le président John F.
Kennedy conservait une plaque sur son bureau. Si Barbara et moi nous
28
multipliions par mille nos efforts environnementaux, ceux-ci resteraient
minuscules.
L'écologiste Carolyn Raffensperger écrivit : "J'ai une hypothèse par rapport au
manque de soutien du public pour l'action environnementale. Je subodore que
de nombreuses personnes souffrent d'un sentiment d'échec moral par rapport
aux questions environnementales. Elles savent que nous avons de gros
problèmes, que leurs actions en font partie, mais il y a si peu de choses qu'elles
ou que quiconque puisse faire individuellement."5 Comme l'écrivait la journaliste
Anne Karpf, autrice de La voix, dans The Guardian, "Je recycle maintenant tout ce
qui est possible, je conduis une voiture hybride et je baisse le chauffage.
Pourtant, quelque part dans ma moelle, je sais que ce n'est qu'une vaine
tentative pour me disculper."6
Karpf poursuit :
‘’En fait, quand j'entends des avertissements apocalyptiques sur le
réchauffement climatique, au bout de quelques instants de peur, je débranche.
Je pense pouvoir être quelque chose de pire qu'une climatosceptique – une
climato-ignorante.
Le fusible qui fait sauter tout le circuit est le sentiment d'impuissance. Quelles
que soient les mesures que je prends pour lutter contre le réchauffement
climatique, aussi bien intentionnés que soient mes brefs élans de zèle, ils
finissent invariablement par me donner l'impression d'être trop faibles et trop
tardifs. Le décalage entre la situation extrêmement périlleuse de la Terre et mes
faibles efforts semble ridiculement grand.’’
Karpf découvrit qu'elle n'était pas seule. Elle interrogea deux collègues sur leur
attitude à l'égard du réchauffement global. L'un d'eux, un homme de 48 ans,
répondit qu'il y pensait souvent et qu'il était irrité par le rôle des multinationales,
mais de son côté, il déclarait : "J'ai l'impression que c'est comme pisser dans un
violon - je ne sais pas pourquoi je m'en soucie." L'autre, un homme de 57 ans,
qui était engagé politiquement, reconnut penser rarement au changement
climatique, parce que cela ne l'intéressait tout simplement pas. Mais en le
29
pressant un peu, il révéla qu'il recyclait et qu'il ne conduisait pas, mais il réalisa
vite qu'il ne pouvait pas maintenir ses affirmations selon lesquelles il ne nuisait
pas à l’environnement.
Reconnaître un problème et agir pour le résoudre, tout en sachant que nos
actions sont inadéquates conduit à un sentiment d'impuissance. Ce sentiment
n'est pas de l'apathie, mais une blessure morale, une blessure de l'âme, un
profond sentiment d'inaptitude qui étouffe les efforts les meilleurs et les plus
sincères de chacun pour faire la différence. Il est aggravé par la réalisation que
nous ne pouvons pas éviter d'ajouter au problème. Lorsqu'on établira le bilan de
nos vies après nos morts, on jugera que nous avons presque tous été des
(dé)charges pour la planète. Ce constat constitue ce que Raffensperger décrit
comme "une érosion régulière, une douleur lancinante et continue." Nous
pouvons bien changer nos ampoules et baisser le thermostat autant que nous
voulons, mais les conséquences de notre naissance et de tant d’années
d'ignorance de l'environnement ne peuvent pas être effacées.
Des actions individuelles et isolées ne suffiront jamais. Nous devons agir
collectivement, en concertation, et surmonter la tristesse inéluctable que nous
pouvons ressentir par rapport à des actions personnelles.
Nous devons accéder à l'Esprit universel. Sa puissance se révèle, quand nous
réalisons que notre action conjointe en son sein n'est pas simplement additive,
mais exponentielle. Dans l'Esprit universel, un plus un ne font plus deux, mais
beaucoup plus. Cette prise de conscience atténue la "douleur lancinante et
continue" d’actions uniquement personnelles. C’est cette compréhension qui
conduisit Margaret Mead à observer : "Ne doutez jamais qu'un petit groupe
d'individus réfléchis et engagés puisse changer le monde. En fait, c'est la seule
chose qui l'ait jamais fait."7
En tant que membres de l'Esprit universel, nous continuons à agir
individuellement, mais lorsque nous devenons plus conscients de notre identité
commune, un processus alchimique s'amorce, sous la forme d'une imagination
et d'une créativité accrues. Nous accédons à un champ de connaissance plus
vaste que celui de n'importe quel membre du groupe et plus vaste que la
30
somme des membres d'un groupe. Il en résulte ce que le fondateur et le
directeur général de Green World Campaign, Marc Barasch, appelle une réelle
coopération.8 Des solutions aux problèmes surgissent, que nous n'avions pas
prévues. Nous devenons plus imaginatifs, plus inventifs, plus inspirés, plus
productifs, plus ingénieux et plus novateurs. Dans l'Esprit universel, les neurones
partagés sont plus performants que les cerveaux individuels, comme nous le
verrons.
Nous apprenons à reconquérir notre citoyenneté oubliée dans l'Esprit universel.
Comme le dit l'auteur, Jeremy Rifkin, dans son livre, Une nouvelle conscience
pour un monde en crise : Vers une civilisation de l'empathie, "Nous assistons à
l'émergence d'une nouvelle vision scientifique du monde, dont les prémisses et
postulats sont plus compatibles avec les modes de pensée en réseau. L'ancienne
science voit la nature comme un ensemble d'objets ; la nouvelle science la voit
comme un ensemble de relations. L'ancienne science se caractérise par le
détachement, l'expropriation des ressources, la dissection et le réductionnisme ;
la nouvelle science se définit par l'engagement, la reconstitution des ressources,
l'intégration et l'holisme. L'ancienne science veut rendre la nature productive ; la
nouvelle science veut la rendre durable. L'ancienne science cherche le pouvoir
sur la nature ; la nouvelle science, un partenariat avec la nature. L'ancienne
science valorise l'autonomie par rapport à la nature ; la nouvelle science, la
participation à la nature.’’9
Le pouvoir de l'Esprit unique réside dans le fait qu'il n'a pas besoin d'être créé.
L'Esprit universel de la collectivité n'a pas besoin d'être activé sur Twitter ou sur
Facebook. Il existe déjà - c'est une dimension globale de la conscience dont
nous faisons déjà partie. Nous avons simplement oublié notre appartenance et
troqué notre unité contre l'illusion de l'individualité isolée, cette croyance
insidieuse et erronée que la personne est tout ce que nous sommes. Une fois
que nous cesserons de croire que nous sommes une pièce de monnaie avec un
seul côté, nous nous demanderons comment nous avons pu nous tromper si
lourdement pendant si longtemps. Et nous pourrons commencer à agir, en
conséquence.
31
DES MÉTÉORITES EMBARRASSANTES
Paradoxalement, c'est au niveau des scientifiques eux-mêmes que se situe l'un
de nos principaux défis.
Les scientifiques déplorent fréquemment les lacunes scientifiques des écoliers et
du public, mais, ironiquement, une forme comparable d'analphabétisme
scientifique existe chez eux. Il résulte, dans une large mesure, de l'ignorance
obstinée des preuves empiriques d'un aspect non local et unifié de l'Esprit. Le
physicien lauréat du prix Nobel, Brian Josephson, de l'université de Cambridge,
qualifie cette attitude d’"incrédulité pathologique."10
L'incrédulité pathologique conduisit des savants du XVIIIe siècle à affirmer, avec
une certitude absolue et en dépit de preuves — à portée de main — que les
météorites n'existent pas, car "les pierres ne peuvent pas tomber du ciel",
comme l'assurait Antoine Lavoisier, le découvreur de l'oxygène, à ses collègues
de l'Académie française.11 A cause de ce préjugé, certains scientifiques avaient
honte d'aborder le sujet. Ne voulant pas être considérés comme dépassés et
superstitieux, ils se séparèrent de collections entières de météorites, comme la
collection impériale d'histoire naturelle de Vienne. Aujourd'hui, il n'existe
pratiquement plus aucun spécimen antérieur à 1790, à l'exception de la
météorite de 140 kg tombée en Alsace en 1492, aujourd'hui conservée à la
mairie d'Ensisheim, dans le nord-est de la France. Cette pierre tombée du ciel
était tout simplement trop lourde pour que les incrédules pathologiques
puissent la soulever.12
Des prises de position tout aussi dogmatiques perdurent. De nombreux
scientifiques insistent actuellement sur le fait que la conscience, notre équivalent
actuel de la météorite, ne peut pas se manifester en dehors des limites du
cerveau et du corps, et ce malgré des centaines d'études suggérant le contraire.
L'incrédulité pathologique agressive et arrogante outrancière est devenue une
sorte de joute sanguin(air)e pour de nombreux matérialistes de la communauté
scientifique qui croient que l'esprit est égal au cerveau. Ces individus semblent
rivaliser entre eux pour trouver la critique la plus mali(g)ne et la plus satirique du
genre d'informations que nous allons examiner, en dépit du fait que les
32
probabilités que le hasard n'explique pas bon nombre de ces découvertes sont
astronomiques. Ce n'est pas seulement une honte pour la tradition scientifique ;
c'est aussi un jeu dangereux, car il diminue l'espoir de sagesse dont nous avons
besoin pour survivre.
Si nous voulons que la sagesse dont nous avons besoin se développe et fasse la
différence, les scientifiques doivent joindre le geste à la parole. Cela signifie
suivre les résultats empiriques, où qu'ils mènent. Les profanes ne sont donc pas
les seuls à devoir faire leur part, si nous voulons survivre et prospérer. Les
scientifiques doivent faire de même, en cessant de sacrifier les résultats
empiriques pour protéger leurs idées personnelles sur la façon dont la
conscience devrait se comporter. Il existe d'éminents exemples, comme nous le
verrons. Schrödinger, Arthur Eddington, James Jeans, Kurt Gödel, Gregory
Bateson, Bohm et d'autres, qui ont soutenu une vision universelle et unifiée de la
conscience, ont déjà montré la voie.
Einstein avait bien vu que notre survie même dépend de l'évolution du
sentiment du moi isolé vers un niveau de conscience élargi, qui inclut tous les
êtres sensibles. Il disait : "L'être humain est une partie du tout, que nous
appelons ‘'univers’', une partie limitée dans le temps et l'espace. Il vit ses pensées
et ses sentiments comme quelque chose de séparé du reste – un genre d'illusion
d'optique de sa conscience. Cette illusion est pour nous une sorte de prison, qui
nous limite à nos décisions personnelles et à l'affection de quelques personnes
proches de nous. Notre tâche doit être de nous libérer de cette prison en
élargissant notre cercle de compassion pour inclure toutes les créatures vivantes
et toute la nature dans sa beauté."13 Si nous n'y parvenons pas, nous risquons un
désastre mondial. Comme l'écrivait Einstein dans une lettre au président Truman
en 1950, "Je ne sais pas avec quelles armes la troisième guerre mondiale sera
menée, mais la quatrième guerre mondiale sera menée avec des bâtons et des
pierres."14
A des époques plus simples, le comportement de chaque individu n'avait pas
une grande importance sur le plan de la santé globale de la planète et de l'avenir
de l'humanité. Le monde naturel avait des capacités d'absorption capables de
neutraliser la stupidité humaine, même massive. Ce temps est révolu. Notre
33
marge d'erreur s'amenuise. De nombreux scientifiques pensent que des points
de basculement irréversibles se profilent. Contrairement aux générations
précédentes, nous pouvons entrevoir une fin.
Le concept de l'Esprit universel est scientifique, philosophique et spirituel, mais il
est également extrêmement pratique. Il concerne la survie, la forme la plus
élevée du pragmatisme. Il s'agit d'invoquer les meilleurs anges de notre nature,
de sauver notre peau et celle des générations futures.
EMERSON ET MOI
Au cours de la rédaction de ce livre, j'ai souvent pensé à la façon dont j'en suis
venu à croire que la Conscience est Une. Rien dans mon éducation, ni dans ma
formation universitaire et médicale ultérieure n'allait dans ce sens. Comme la
plupart des Américains, j'ai été nourri par la croyance en la valeur et la réussite
individuelles. Pourtant, l'accent mis par notre culture sur l'individualité ne m'a
jamais vraiment convenu. Quelque chose de vital, quelque chose de non-dit,
semblait manquer.
L'influence la plus profonde m’ayant poussé vers le concept de l'Esprit unique a
été de grandir en tant que jumeau identique. Depuis notre plus tendre enfance
et jusqu'à ce jour, mon frère et moi, nous nous sommes sentis consciemment liés
à un niveau fondamental. Et nous ne sommes pas les seuls à le ressentir. De
nombreux jumeaux identiques éprouvent des sentiments similaires.
À l'âge de 16 ans, un événement décisif se produisit, qui reste gravé dans ma
mémoire. Tout à fait par hasard, je tombai sur un exemplaire de poche des essais
de Ralph Waldo Emerson. La découverte se fit un soir à Evans Corner Drug, le
coin de prédilection des ados de Groesbeck, Texas, la ville la plus proche de
notre ferme. Le grand pôle d'attraction pour les ados, c'était le distributeur de
boissons gazeuses. Le livre d'Emerson se trouvait dans un présentoir rotatif
métallique installé à proximité. Emerson ne paraissait pas à sa place parmi les
romans western et les polars bon marché, mais je me sentis attiré par lui.
Ouvrant machinalement le livre à la première page, ces paroles m’éberluèrent :
34
‘’Il y a un Esprit commun à tous les individus. Chaque homme est une voie
d’accès au même et à la totalité. Qui a une fois été admis aux droits de la raison
est un homme libre dans la totalité du domaine. Ce que Platon a pensé, il peut le
penser ; ce qu’un saint a ressenti, il peut le ressentir ; ce qui, à un moment donné,
est arrivé à tout homme, il peut le comprendre. Qui a accès à cet Esprit universel
est partie prenante de tout ce qui est ou de tout ce qui peut être accompli, cet
Esprit seul étant l’agent souverain.’’15
Mais c'était juste un tour de chauffe. L'essai d'Emerson, "L'Âme suprême", me
frappa lui aussi. ‘’L'Âme suprême, dit Emerson, est "cette Unité ... au sein de
laquelle l'être particulier de chaque homme est contenu et ne fait qu'un avec
tous les autres ..." Il poursuivit : "Nous vivons successivement, divisés,
partiellement, particulièrement. En attendant, à l'intérieur de l'homme se trouve
l'Âme de la totalité, sage Silence, Beauté universelle, à laquelle chaque partie et
particule se rattachent pareillement, éternelle Unité. Et cette Force profonde au
sein de laquelle nous existons et dont la béatitude nous est totalement
accessible, n'est pas seulement autosuffisante et parfaite à tout moment, mais
l'acte de voir et la chose vue, le voyant et le spectacle, le sujet et l'objet, ne font
qu'Un. Nous voyons le monde fragmentairement, comme le soleil, la lune,
l'animal, et l'arbre, mais la totalité, dont ces éléments constituent des parties
éblouissantes, c'est l’Âme."16
C'était plutôt costaud pour un ado texan, mais j'achetai sur le champ ce petit
morceau de dynamite littéraire, qui constitua mon trésor jusqu'à ce que je le
perde quelque part dans les nombreux déménagements qui suivirent au cours
des années suivantes.
Je perdis également contact avec Emerson au cours de mes études
universitaires, médicales et postdoctorales, noyé qu’il fut dans la vision
matérialiste du monde dans laquelle j'avais été embrigadé, comme tous les
jeunes de ma génération qui faisaient carrière dans la médecine. Aucune autre
approche n'était tolérée dans mon éducation hautement scientifique. Un
triomphalisme suffisant était dans l'air. Qui avait besoin d'Emerson et de l'Âme
suprême, alors que des théories du tout reposant sur la physique semblaient à
portée de main ? Bien que, pendant quelques années, je donnai mon cœur à ces
35
vues fondées sur la physique, je continuais à garder Emerson quelque part au
fond de moi. Rétrospectivement, je crois que mon exposition précoce à Emerson
contribua à m’immuniser contre la capitulation totale face aux pseudoexplications matérialistes de l'esprit et de la conscience. Cette immunité allait
s'avérer permanente. Non pas qu'Emerson fut l’unique responsable de
l'évolution de mes opinions, mais il constitua la source d'irritation initiale dans
l'huître, autour de laquelle quelque chose allait se développer.
L’ESPRIT UNIVERSEL : ANCIEN ET MODERNE
Le concept de I'Esprit Universel est ancien et reste un principe honoré par de
nombreuses traditions de sagesse. Les parties ésotériques de toutes les grandes
religions reconnaissent que notre conscience individuelle est subsumée et
nourrie par une source infinie, absolue, divine ou cosmique, et qu'elle ne fait
finalement qu'un avec elle.17 Le samkhya, l'un des plus anciens systèmes
philosophiques de l'Inde, a développé le concept des annales akashiques, une
somme d'informations et de connaissances encodées sur un plan d'existence
non physique, que des interprètes ultérieurs ont comparé à l'Esprit de Dieu.18 Les
Upanishads, des Ecritures sacrées de l'Inde datant du milieu du premier
millénaire avant notre ère, proclament Tat tvam asi, "Tu es Cela" : l'humain et le
divin sont Un. De même, dans la tradition chrétienne, ces paroles de Jésus : " Le
Royaume de Dieu est en vous "19 et "N'est-il pas écrit dans votre loi : J'ai dit :
Vous êtes des dieux ?"20 Et comme le disait le sage éponyme, Hermès
Trismégiste, des siècles auparavant, "Il n'y a rien de plus divin que l'Esprit, rien de
plus puissant dans son opération, rien de plus apte à unir les hommes aux dieux,
et les dieux aux hommes."21
Bien que l'idée de I'Esprit universel ait des racines anciennes, elle devient
également de plus en plus moderne. Depuis plus d'un siècle, nous observons
une prolifération continue de livres qui, d'une manière ou d'une autre,
soutiennent le constat que la Conscience est plus vaste que notre esprit
individuel. On peut citer, à titre d'exemple, des ouvrages pionniers tels que
l'ouvrage de R. M. Bucke intitulé La Conscience cosmique ; les essais d’Emerson
sur l’Âme suprême et le transcendantalisme ; Les formes multiples de
36
l’expérience religieuse, de William James ; The Great Chain of Being, d’Arthur
Lovejoy ; The Archetypes and the Collective Unconscious, de C. J. Jung ; ainsi que
Ma conception du monde : le Veda d’un physicien, Qu’est-ce que la vie ?, et
L’esprit et la matière, d’Erwin Schrödinger. Des contributions plus récentes
incluent The Spectrum of Consciousness, de Ken Wilber ; The Global Brain, de
Peter Russell ; Whole in One, de David Lorimer ; Elemental Mind, de Nick
Herbert ; Beyond the Postmodern Mind, de Huston Smith ; La plénitude de
l’univers, de David Bohm ; Soul Search, de David Darling ; Consciousness and the
Source of Reality, de Robert G. Jahn et Brenda J. Dunne ; Une nouvelle science de
la vie, de Rupert Sheldrake ; Le champ unifié : La force secrète de l’univers, de
Lynne McTaggart ; L’expérience akashique et Science et champ akashique,
d’Ervin Laszlo ; The Conscious Universe : Parts and Wholes in Physical Reality , de
Menas Kafatos et Robert Nadeau ; La conscience invisible et Entangled Minds, de
Dean Radin ; Ouverture sur l’infini, de Stephan A. Schwartz ; The End of
Materialism, de Charles T. Tart ; L’esprit sans limites et Perceptions
extrasensorielles : Quand un scientifique prouve la réalité des facultés
parapsychiques, de Russell Targ ; Irreducible Mind, d’Edward F. Kelly et ses
collègues ; et beaucoup, beaucoup d’autres.
S'il existe tant de livres qui traitent de I'Esprit universel, pourquoi en faudrait-il
un autre ? Que peut bien ajouter une voix supplémentaire à ce chœur ? Je puis
seulement dire que mon approche est celle d'un médecin, ce qui a
profondément influencé mon point de vue sur la façon dont l'Esprit universel se
manifeste dans la vie des gens. Pendant une bonne partie de ma vie, j'ai eu
affaire à des mourants dans les hôpitaux et sur les champs de bataille. J'ai écouté
leurs joies, leurs inquiétudes, leurs peurs et leurs souffrances durant des
décennies. Nombre de ces personnes m'ont révélé des expériences qui ont battu
en brèche ce que l'on m'avait appris sur le comportement de l'esprit. Beaucoup
de ces expériences n'apparaissent tout simplement pas dans les manuels de
médecine, de biologie, de physique ou de psychologie.
En outre, il y a quelque chose dans la relation médecin-patient qui encourage les
gens à partager leurs pensées et leurs expériences les plus intimes. Cela dépasse
souvent ce que des individus sont prêts à partager avec leurs connaissances —
physicien, biologiste, philosophe ou mathématicien, le cas échéant. J'ai donc
37
l'audace de croire que je pourrais ajouter quelques notes, qui feraient défaut ou
qui ne seraient pas suffisamment audibles dans ce chœur.
Naturellement, l'Esprit universel, unitaire et non local, constitue un thème
récurrent chez les philosophes et chez les poètes depuis toujours. Comme
Platon (427-347 avant J.-C.) le fait dire à Aristophane dans son Banquet, "Cette
fusion dans l'unité, plutôt que la dualité, était l'expression même de l'ancien
besoin [de l'humanité]. Et la raison en est que la nature humaine était à l'origine
une et que nous formions une totalité, et le désir et la poursuite de la totalité
s'appelle l'amour."22 William Butler Yeats (1865-1939) : "Les frontières de notre
esprit sont en constante évolution, et de nombreux esprits peuvent fusionner,
pour ainsi dire, et créer ou révéler un Esprit unique, une Energie unique.’’23 Et
ainsi que l'a entrevu Jack Kerouac (1922-69), romancier, poète de la Beat
Generation et l’auteur de Sur la route et des Clochards célestes, " Vide d'espace
est l'Esprit de la grâce.’’24
NEUROMYTHOLOGIE
L'opinion scientifique dominante est que le cerveau fabrique la conscience, en
quelque sorte, comme le foie fabrique la bile.25 Mais il s'agit d'une hypothèse
non prouvée qui n'a jamais été expliquée, pouvant difficilement être imaginée et
qui n'a jamais été directement observée. Le statut de cette croyance relève de la
neuromythologie et non de la science. Pourtant, cette croyance perdure, tout
comme de nombreuses mythologies ont perduré pendant de longues périodes
dans l'histoire de la science, comme la croyance en l'éther, dans le phlogistique
et dans l'absolutisme de la matière, de l'énergie, de l'espace et du temps. Notre
neuromythologie actuelle insiste sur le fait qu'un cerveau est nécessaire à
l'existence de la conscience et qu’elle ne peut exister en dehors du cerveau.
Puisque les cerveaux sont évidemment individuels, les esprits doivent aussi être
individuels, un par personne. Pour qu'un Esprit universel existe, il faudrait qu'il y
ait un Cerveau universel, ce qui est évidemment absurde.
La nature de la conscience reste toutefois un mystère. Comme l'écrivit le
spécialiste des sciences cognitives, Donald D. Hoffman, de l'université de
38
Californie, à Irvine, "l'étude scientifique de la conscience se trouve dans la
position embarrassante de ne pas avoir de théorie scientifique de la
conscience."26 Quant à savoir comment la conscience pourrait naître d'un
système physique, tel que le cerveau - si c'est le cas - le psychologue
expérimental, Steven Pinker, de l'université Harvard, reconnut : "Ça me dépasse.
J'ai quelques a priori, mais aucune idée sur la façon de commencer à chercher
une réponse défendable. Et personne d'autre non plus."27 Il est important de
reconnaître notre ignorance, quant aux origines de la conscience, puisque cela
ouvre la porte à des possibilités, telles que l'Esprit universel, qu'un point de vue
strictement matériel interdit.
Il n'y a aucun moyen d'éluder le mystère de tout cela. J'espère donc que vous
serez prêt à suspendre tout jugement et à plonger dans l'inconnu à mes côtés.
Nous nous trouvons en bonne compagnie. Comme l'a dit le romancier et
philosophe Aldous Huxley, "Je suis entièrement du côté du mystère. Je veux dire
que toute tentative d'expliquer le mystère est ridicule…Je crois au mystère
profond et insondable de la vie... qui a une qualité... divine. "28
Lewis Thomas reconnaissait également l'importance d'admettre notre
ignorance, la cousine proche du mystère. Vers la fin du 20e siècle, il écrivait : "Le
seul élément solide de la vérité scientifique dont je suis totalement convaincu est
que nous sommes profondément ignorants de la nature..."29 Il poursuit : "Il y a
seulement deux siècles, nous pouvions expliquer tout sur tout par la raison pure,
et maintenant, la plus grosse partie de cette structure élaborée et harmonieuse
s'est effondrée sous nos yeux. Nous sommes sans voix."30
Dans son brillant livre, Réenchanter la science, une autre façon de voir le monde,
le biologiste britannique, Rupert Sheldrake examinait comment le déni s'exprime
dans le monde de la science. Il explorait les domaines dans lesquels la science
est bridée par des hypothèses qui se sont durcies en dogmes, lesquels non
seulement limitent la science, mais sont aussi dangereux pour l'avenir de
l'humanité.31
39
QUE DIABLE SE PASSE-T-IL ICI ?
Dans de nombreux domaines de la science, l'admission de l'ignorance a été
supplantée par de l'arrogance. Et l'arrogance - la certitude d'en savoir plus que
ce que nous savons réellement - a produit un obstacle sérieux à la
compréhension de la conscience. Elle a empêché que soit justement pris en
compte un grand nombre de recherches qui montrent un aspect non local,
transcorporel de l'esprit, en raison de l'insistance présomptueuse que de tels
phénomènes ne peuvent tout simplement pas se produire, un peu comme des
pierres qui tombent du ciel ; et comme ils ne peuvent pas se produire, ils ne se
produisent pas - au mépris des preuves. Affaire classée. Ce livre rouvre le dossier
en examinant les preuves qui remettent en question l'hypothèse actuelle, selon
laquelle la conscience est entièrement locale, c'est-à-dire produite par le cerveau
et limitée à celui-ci.
Pour remédier à cette arrogance démesurée qui prévaut dans de nombreux
domaines scientifiques, peut-être pourrions-nous prendre au sérieux cette
suggestion espiègle de Wes Nisker, un enseignant de méditation bouddhiste.
‘’Imaginons à quel point nous nous sentirions bien", écrit-il, "si nous nous
réunissions tous de temps en temps dans de grands rassemblements publics et
admettions ne pas savoir pourquoi nous sommes en vie, que nul ne sait avec
certitude s'il existe un Être supérieur qui nous a créés, et que nul ne sait vraiment
ce qui se passe ici."32
IGNORANCE ET OPPORTUNITÉ
En science, nous savons souvent que quelque chose fonctionne avant d'avoir
une idée sur la façon dont cela fonctionne. C'est particulièrement vrai en
médecine, mon domaine. Les exemples sont légion : l'aspirine contre
l'inflammation et la douleur, la pénicilline contre les infections, le quinquina
contre la malaria, la colchicine contre la goutte, les anesthésiques généraux, etc.
Les explications viennent souvent plus tard. En attendant, nous n'ignorons pas
l'efficacité de ces traitements à cause d'une demande bornée d'explication du
mécanisme impliqué. Je n'ai jamais vu aucun patient qui devait subir une
40
intervention chirurgicale majeure refuser une anesthésie générale, parce que
l'anesthésiste ne savait pas expliquer précisément comment elle fonctionne.
Dans le même ordre d'idées, je crois que l'hypothèse de I'Esprit Universel doit
être prise au sérieux. Le concept de l'Esprit universel fonctionne, non pas parce
que nous en connaissons le mécanisme, mais parce qu'il modélise certaines
observations aussi bien ou mieux que d'autres hypothèses sur le comportement
de l'esprit.
Les générations futures pourront peut-être un jour expliquer le fonctionnement
de l'Esprit universel - ou peut-être pas, car les problèmes sont considérables. À
l'heure actuelle, nous ne sommes même pas en mesure d'expliquer l'esprit
individuel, alors encore moins l'Esprit universel. Mais, comme nous l'avons
mentionné, notre ignorance est également une opportunité. En sachant si peu
de choses sur la conscience, nous pouvons être audacieux en explorant la
possibilité d'un royaume universel de l'Esprit.
Pour certains, l'Esprit universel peut ressembler à la vieille tante loufoque cachée
dans le grenier familial - trop bizarre pour être respectable, trop controversée
pour en parler, trop étrange pour être vue en public. Mais au vu des preuves que
nous allons examiner, elle est sur le point de descendre les marches et de faire
une apparition choquante aux yeux des invités.
41
1
ÈRE
PARTIE :
ENTREVOIR L’ESPRIT UNIVERSEL
CHAPITRE 1 : SAUVER ‘’LES AUTRES’’…
POURQUOI TOUT RISQUER ?
Le 2 janvier 2007, Wesley Autrey, un ouvrier de la construction afro-américain de
50 ans et vétéran de la marine, attendait une rame de métro à Manhattan avec
ses deux filles, vers 12 h 45. Alors qu'il se tenait là, Autrey ignorait qu'il était sur le
point d'être impliqué dans une séquence d'événements, qui changerait le cours
de sa vie et qui révélerait des vérités profondes sur la nature de l'esprit humain. Il
remarqua un jeune homme de 20 ans, Cameron Hollopeter, qui était en train de
faire une crise. L'homme parvint à se remettre debout, mais il trébucha et tomba
du quai sur les voies entre les deux rails. Autrey vit les phares d'une rame en
approche et prit une décision immédiate. Il sauta sur les voies, en pensant qu'il
aurait le temps de tirer plus loin Hollopeter. Constatant que ce n’était pas
possible, il protégea le corps d'Hollopeter avec le sien et l’enfonça dans un canal
d’écoulement d'environ un pied de profondeur entre les voies. Le conducteur du
train tenta de s'arrêter et les freins crissèrent, mais le temps qu'il puisse le faire,
cinq wagons étaient passés au-dessus des deux hommes. Il s'en était fallu de
peu ; les wagons passèrent si près d'Autrey qu'ils souillèrent de graisse son
bonnet en laine bleu. Autrey entendit des badauds crier. "Nous allons bien ici !",
leur cria-t-il en retour, "mais j'ai deux filles là-bas. Faites-leur savoir que leur père
va bien !" Puis il entendit des cris de stupeur et des applaudissements de la part
des badauds.
Hollopeter, un étudiant de la New York Film Academy, fut conduit à l'hôpital,
mais il ne souffrait que de bosses et de contusions. Autrey refusa l'aide médicale
puisque, d’après lui, tout allait bien.
Pourquoi Autrey avait-il agi de la sorte ? Il déclara au New York Times : ‘’Je n’ai
pas l’impression d’avoir fait quelque chose de spectaculaire. J’ai juste vu
quelqu’un qui avait besoin d’aide et j’ai fait ce qui m’a paru être juste.’’1 Il ajouta
qu’en tant qu’ouvrier du secteur de la construction, il avait l’habitude de
travailler dans des espaces réduits et que son évaluation dans ce cas précis
s’était avérée ‘’plutôt juste’’.
43
Autrey était extraordinairement modeste, ce qui ne le protégea pas de
l'adulation du public. Il devint une célébrité du jour au lendemain, avec des
apparitions dans plusieurs programmes d'information télévisés nationaux du
matin et dans des émissions de fin de soirée. Les récompenses affluèrent : des
bourses d'études et des ordinateurs pour ses deux filles, une nouvelle Jeep
Patriot, des abonnements pour voir les Nets du New Jersey, une carte de
stationnement gratuit d'un an utilisable partout dans la ville de New York, et une
année de trajets gratuits en métro, entre autres. Le magazine Time le classa
parmi les 100 personnes les plus influentes du monde, en 2007.2 Il fut nommé
‘’CNN Hero’’, un titre attribué pour avoir fait la différence dans le monde. Il fut
invité au discours sur l'état de l'Union devant le Congrès américain en 2007, où il
reçut une standing ovation.
POURQUOI TOUT RISQUER ?
Pourquoi une personne risquerait-elle ou sacrifierait-elle volontairement sa vie
pour une autre ? La réponse peut sembler évidente : elle se soucie tout
simplement de la personne dans le besoin et fait preuve d'empathie ou d'amour
à son égard. Mais cette réponse ne suffit pas aux biologistes de l'évolution, qui
veulent savoir à quoi servent la sollicitude, l'empathie et l'amour. Que gagne
l'individu à agir en fonction de ces sentiments ?
Selon les principes de la biologie évolutive, nous sommes génétiquement
programmés pour agir de manière à assurer notre survie et notre reproduction.
Nos actes empathiques peuvent donc s'étendre aux personnes les plus proches
de nous, à ceux qui partagent nos gènes - nos frères et sœurs, nos enfants, notre
entourage familial - parce que les aider nous aide génétiquement sur le long
terme. Nous pouvons aussi faire preuve d'empathie à l'égard de notre clan ou de
notre cellule sociale, puisque nous pourrions un jour avoir besoin qu'ils nous
rendent la pareille. Dans cette optique, des actions comme celles de Wesley
Autrey constituent une hérésie biologique. Il n'avait aucun lien avec Cameron
Hollopeter, que ce soit racial, social, professionnel, ou culturel. Les gènes
d'Autrey n'auraient tiré aucun avantage à mourir en sauvant le jeune homme
44
blanc. Ainsi, d’après la biologie évolutive, Wesley Autrey aurait dû rester sur le
quai du métro et laisser Cameron Hollopeter se débrouiller seul.
Certains pourraient soutenir qu'Autrey a bien tiré profit du sauvetage
d'Hollopeter. Il est devenu célèbre, ses filles ont reçu des fonds pour leurs études
et des ordinateurs, et il a reçu des récompenses en espèces et d'autres
avantages tangibles. Puisque son action a changé sa situation et rendu sa vie et
celle de ses filles moins difficiles, peut-être y a-t-il eu un bénéfice génétique
dans ce qu'il a fait. Mais il ne savait pas à l'avance que ces choses arriveraient. Et
dans tous les cas, cela valait-il la peine de risquer ce qui ressemblait à une mort
certaine ? Certainement pas. Dans cette situation dangereuse, la préservation
génétique aurait dû permettre à Autrey de rester sur le quai avec ses filles,
comme tous les spectateurs qui pensaient qu'il serait suicidaire d'agir comme il
l'a fait.
‘’DEVENIR’’ QUELQU’UN D’AUTRE
Joseph Campbell, le grand mythologue, s'intéressa aux raisons pour lesquelles
les gens accomplissent des actes altruistes. Influencé par les opinions du
philosophe allemand, Arthur Schopenhauer, Campbell releva : "Schopenhauer a
posé une merveilleuse question. Comment se fait-il qu'un individu puisse
tellement participer au danger et à la douleur d'un autre qu’oubliant sa propre
protection, il se porte spontanément au secours de l'autre, au prix même de sa
propre vie ?" Schopenhauer pensait que le sacrifice de soi pour un autre se
produit, parce que le sauveteur réalise que lui et l'individu dans le besoin ne font
qu'un. Au moment décisif, le sentiment de séparation est entièrement surmonté.
Le danger qui menace la personne dans le besoin devient celui du sauveteur. Le
sentiment antérieur de séparation est simplement fonction de la manière dont
on vit les choses dans l'espace-temps : nous pouvons paraître séparés et nous
sentir souvent séparés, mais la séparation n'est pas fondamentale. Parce que
nous nous sentons unis à la personne dans le besoin, lorsque nous risquons
notre vie pour la sauver, nous nous sauvons essentiellement nous-mêmes.
45
Campbell précisa : "Je pense que cette compassion spontanée transcenderait les
frontières culturelles. Si vous deviez voir quelqu'un d'un monde tout à fait
étranger - même une personne, une race ou une nation pour laquelle vous
n'avez aucune sympathie - la reconnaissance d'une identité humaine commune
susciterait une réponse. Et la référence ultime de la mythologie est cette entité
unique, qui est l'être humain en tant qu'humain."3
Je n'ai jamais entendu un sauveteur demander si la personne dans le besoin
immédiat était démocrate ou républicaine, pro ou anti-avortement, quelle était
sa position sur le changement climatique mondial, ou si elle préfère la médecine
allopathique ou l'homéopathie. Réagir face à un autre être humain dans le
besoin outrepasse de telles questions au profit d'une réponse humaine plus
profonde. Schopenhauer l'a compris. Ainsi qu’il l’écrivit dans son livre de 1840,
Le fondement de la morale : "La compassion universelle est l’unique garantie de
la moralité."4 Il précisa : "Mon Être intérieur véritable existe en fait dans chaque
créature vivante, si réellement et immédiatement que ma conscience ne le
connaît qu’en moi-même. Cette réalisation, dont la formule standard est Tat
Tvam Asi, en sanskrit, constitue le fondement de la compassion sur lequel repose
toute vertu authentique, c'est-à-dire désintéressée, et dont l'expression se
trouve dans chaque bonne action."5
Je suis prêt à parier que Wesley Autrey n'avait jamais lu un traitre mot de
Campbell ou de Schopenhauer. Il n'en avait pas besoin, et c'est le propos. En
protégeant Cameron Hollopeter sur la voie d'une rame qui arrivait, il défia tous
les instincts pour perpétuer ses gènes. Il était porté par l’Esprit universel qui nous
unit tous, l'unité si clairement entrevue par des sommités, telles que Campbell et
Schopenhauer. Au moment décisif, du point de vue de la conscience de l'Esprit
universel, Wesley Autrey était Cameron Hollopeter.
L’HÉLICO ABATTU
Je suis fasciné depuis belle lurette par la raison pour laquelle les Wesley Autrey
du monde agissent de la sorte, et il ne s'agit pas d'une simple curiosité
philosophique.
46
J'ai servi comme chirurgien de bataillon au Vietnam, en 1968 et 1969, en pleine
cambrousse, et à mille lieues de tout ce qui était aussi sophistiqué que les unités
MASH popularisées dans la célèbre série télévisée. Mon univers se constituait
d’un poste de secours primitif protégé par des sacs de sable et par des barbelés,
avec un équipement minimal, en plus des missions en hélicoptère pour aider les
soldats blessés. J'ai connu quelques moments comparables à ceux d'Autrey, où
j’ai dû prendre une décision immédiate et risquer ma vie pour de jeunes
hommes qui étaient dans le pétrin.
Un jour d'octobre 1969, un hélicoptère s'écrasa pas loin du poste de secours de
mon bataillon avancé. Je courus jusqu’au site du crash. A mon arrivée,
l'hélicoptère renversé était encerclé par un groupe de soldats qui se tenaient à
distance de sécurité, car ils s'attendaient à ce qu'il explose. Le pilote était encore
conscient, mais il était coincé dans l'épave et il gémissait de douleur. Sans
réfléchir, j'entrepris de dégager la porte de l'appareil renversé, j’entrai et tranchai
les ceintures de sécurité qui retenaient le pilote. Un membre de mon équipe
médicale me rejoignit et nous extirpâmes le pilote de l'épave pour le transporter
en sécurité. Aujourd'hui encore, l'odeur du kérosène qui s'échappait des
réservoirs perforés reste un souvenir vivace, mais heureusement, l'appareil
n’explosa pas. Je mis le pilote sous intraveineuse, je lui administrai de la
morphine pour soulager sa douleur, et je le fis embarquer dans un hélicoptère
d'évacuation sanitaire qui le transporta jusqu’à des infrastructures médicales où
il reçut des soins complémentaires. Ce n'est là qu'un des nombreux incidents
similaires qui marquèrent mon expérience de guerre.6
De retour aux Etats-Unis, j'étais plutôt abasourdi, rétrospectivement. Avant
d'aller au Vietnam, j'avais juré de ne jamais prendre de risques, par respect
envers ma famille et ceux qui s’inquiétaient pour moi. Mais chaque fois que des
situations comme celle du crash de l'hélicoptère se présentaient, ces résolutions
s'évaporaient comme la brume matinale au-dessus de la jungle. C'était comme si
elles n'avaient jamais existé. Il n'y avait aucune réflexion approfondie pendant
ces moments décisifs, aucun calcul des conséquences, mais juste de l'action.
Je me demandais pourquoi j’avais agi de la sorte. Jamais, je ne m’étais considéré
comme un risque-tout. En tant que médecin, on m’avait appris à toujours garder
47
le contrôle dans la mesure du possible, à ne rien laisser au hasard, et à appliquer
un raisonnement critique dans chaque situation. Que s’était-il passé ?
Je me souviens du jour, environ un an après mon retour du Vietnam, où au
hasard de mes lectures, je tombai sur la description de Schopenhauer — c-à-d
comment, au moment crucial, la conscience du sauveteur fusionne avec celle de
la personne qui le requiert, la séparation se dissout, et l'individualité est mise de
côté, la division est surmontée, et l'unité devient réelle. Je sus tout de suite que
c'était là l'explication de mon comportement irrationnel et risqué dans la zone
de guerre. C'était comme si un voile avait été levé. Il s’agissait d’une révélation
d'une clarté absolue, d’une épiphanie relative à une période agitée de ma vie
que je n'avais pas su appréhender. Pour moi, au Vietnam, l'Esprit universel s'était
fait chair. C’était un don inestimable pour lequel je tremble encore de gratitude.
L'auteur, Joseph Chilton Pearce, dans son livre, Evolution's End, signale que le
mot sacrifice, comme le mot sacrement, signifie "rendre entier". Le mot sacrifice
a toutefois pris des connotations négatives, comme pour l'abattage d'un animal.
Mais le sens originel du mot, à savoir, la complétude, est bien saisi dans
l'expérience du don de soi à un autre. "Pour devenir entier, il faut laisser derrière
soi toutes les parties", remarque Pearce, "puisque le Tout n'est pas la somme de
ses parties, mais un état complètement différent. Maître Eckhart évoquait "tous
les objets nommés" laissés derrière, quand on entre dans l'inconnu. Nous
devons aller au-delà de la fragmentation des parties et quitter le monde de la
diversité pour découvrir l'unité unique d'où tout jaillit."7
Mais comment ? Shankara, un philosophe indien du IXe siècle, écrivit : "On ne
guérit pas une maladie en prononçant le nom du remède, mais en prenant le
remède. On n’obtient pas la Libération en répétant le mot 'Brahman', mais en
faisant directement l'expérience de Brahman..."8 Il en va de même avec le
principe de l’unité. On peut bien lire tout Schopenhauer, Campbell et mille
autres philosophes qui en ont exposé l’idée, mais celle-ci ne se traduira pas sans
expérience. C'est ici qu'interviennent des événements comme celui de Wesley
Autrey. Ces instants de vie ou de mort, où nous alignons totalement notre
existence sur celle d’autrui, rendent réel le principe qui relie toutes choses dans
l'unité. Ces expériences sont plus persuasives que tous les mots prononcés ou
48
écrits. A la suite de tels épisodes, nous pouvons balancer les livres, les sermons
et les enseignements — puisque maintenant nous savons.
Si vous décidez volontairement de vivre dangereusement, avec l'intention
expresse de vous éveiller à cette Conscience, oubliez çà ; vous ne réussirez
probablement pas et vous risquez de périr dans le processus. Le fait est que la
conscience de l'unité nous prend le plus souvent par surprise, non pas dans des
situations périlleuses, mais dans les situations les plus banales, comme écouter
de la musique, contempler un coucher de soleil, entendre le rire d'un bébé,
préparer un repas…ou simplement ne rien faire. Le champ des expériences
déclics est spectaculairement varié, et quiconque cherchera à trouver une
formule qui pourrait garantir l'expérience sera déçu. C'est dans ce domaine que
la loi de l'effort inverse entre en jeu et où le paradoxe règne. D'où cette
observation bouddhiste :
Ce n’est que si on la pourchasse qu’on la perd ;
On ne peut s’en emparer, mais on ne peut pas non plus s’en défaire,
Et tandis qu’on ne peut ni l’un, ni l’autre, elle suit son propre chemin.
On demeure silencieux et elle parle ; on parle, et elle est muette… (Yoka Daishi)9
Lorsque nous nous identifions si complètement à quelqu'un que les distinctions
entre soi et l'autre sont surmontées, nous sommes entrés dans le royaume de
l'Esprit universel. Cela nous prépare à des actions que nous n'envisagerions
même pas dans notre état d'esprit quotidien, qui est centré sur nous-mêmes.
Notre avenir dépendra de notre volonté d'adopter cette vision plus large.
Aujourd'hui, ce n’est pas juste ‘’quelqu’un’’ sur les rails d’un métro ou des pilotes
d'hélicoptères abattus qui ont besoin de notre aide, mais bien le monde entier et
tout ce qui le compose. Votre participation à l’Esprit universel rend cette tâche
envisageable. Et possible.
49
CHAPITRE 2 : LE SAINT PATRON DE L’ESPRIT UNIVERSEL
Erwin Schrödinger, le physicien autrichien, fut l'un des plus brillants esprits
scientifiques du XXe siècle. En 1933, on lui décerna le prix Nobel pour sa
découverte de la mécanique ondulatoire, qui est au cœur de la physique
quantique.
Schrödinger croyait en un Esprit universel. Comme il le dit, "L'Esprit est par sa
nature même un singulare tantum. Je devrais dire : le nombre total d'esprits est
juste Un."1 Qu'est-ce qui est à l'origine de la vision de l'Esprit universel de
Schrödinger ? Il est difficile d'identifier tous les vecteurs qui entrent dans la
formation de la philosophie personnelle de quelqu'un, mais il est certain que les
derniers mois de la Première Guerre mondiale et ses suites immédiates furent
déterminants pour Schrödinger, comme le décrivit Walter Moore, le biographe
expert de Schrödinger.2
AFFAMÉ, MALADE ET BRILLANT
En janvier 1918, alors que la Grande Guerre s'était terminée dans le sang après
avoir provoqué la mort de 16 millions de personnes, l'armée autrichienne était
affamée et en lambeaux. La situation à Vienne, où vivait la famille Schrödinger,
était sombre. L'entreprise familiale était ruinée, et les Schrödinger devaient faire
face à de graves difficultés financières pour la première fois. La grand-mère
maternelle de Schrödinger s'était tellement impliquée dans le mouvement
pacifiste qu'elle avait été arrêtée et condamnée pour trahison. Sa mère, qui se
remettait d'une importante opération pour un cancer du sein réalisée l'année
précédente, était encore faible et elle souffrait. Schrödinger, âgé de 31 ans et
célibataire à l'époque, connaissait également des problèmes de santé. En août
1918, on lui diagnostiqua une inflammation de la partie supérieure d'un
poumon. Il s'agissait presque certainement de la tuberculose, car cette maladie
était épidémique parmi la population urbaine affaiblie et mal nourrie. (Dans les
années 1920, Schrödinger séjourna plusieurs fois dans un sanatorium à Arosa, en
Suisse, où il découvrit son équation des ondes, ce qui lui valut le prix Nobel. Il
mourra de la tuberculose à Vienne à l'âge de 73 ans). La nourriture était
tellement rare que la famille mangeait souvent à la soupe populaire de la
communauté.
Au cours de l'hiver 1918-19, après la fin de la guerre, les choses empirèrent.
L'approvisionnement en nourriture depuis la Hongrie fut interrompu, tout
comme l'importation de charbon depuis la Tchécoslovaquie. Des milliers de
Viennois étaient affamés et gelés. Les mendiants pullulaient dans les rues, et on
croisait partout d'anciens soldats mutilés avec des décorations épinglées à leurs
oripeaux. Les femmes mendiaient de la nourriture dans les campagnes et
arpentaient les bois autour de Vienne en quête de combustible, dénudant des
collines entières de leurs arbres et de leurs buissons. Des milliers de personnes
faisaient la queue toute la nuit pour obtenir des rations alimentaires,
assiégeaient le point de distribution et s'emparaient des vivres, de sorte que les
femmes qui étaient derrière n'avaient plus rien. Un jour, alors qu'un cheval avait
chuté dans la rue, la foule le dépeça en quelques minutes et s'enfuit avec la
viande.
Au cours de cette période agitée, Schrödinger poursuivit tant bien que mal son
travail intensif de recherche en physique théorique à l'Institut de physique de
l'université de Vienne, mais avec un intérêt supplémentaire. Comme il le dit luimême : "C'est avec beaucoup d'enthousiasme que je me familiarisai avec
Schopenhauer et, par son entremise, avec la doctrine de l'unité enseignée par les
Upanishads." Schrödinger remplit tout une série de carnets de commentaires
basés sur ses lectures des philosophes européens et orientaux. "C'est dans ces
temps moribonds de l'Empire du Danube, écrivit Moore, ‘’qu'il forgea les bases
de sa philosophie, qui devait rester remarquablement constante toute sa vie
durant."3
Arthur Schopenhauer, que nous avons déjà évoqué précédemment, était connu
comme un philosophe pessimiste, mais ses idées purent consoler Schrödinger
dans la souffrance et l'agitation de quatre années de guerre et de destruction
insensées. L'impact de la philosophie de Schopenhauer fut immense. Ce "géant
solitaire" de la philosophie occidentale, comme l'appelait le romancier Arthur
Koestler, influença des individus aussi différents que Nietzsche, Freud, Mann et
51
Wagner.4 Schopenhauer respectait la sagesse de l'Orient, en particulier les
contributions indiennes du Vedanta et des Upanishads. Il baptisa ‘’Atman’’ son
chien fidèle, un terme hindou qui désigne le principe spirituel de l'univers
inhérent à tous les individus. Il gardait les Ecritures hindoues sur sa table de
chevet et une statue du Bouddha recouverte de feuilles d'or, déguisé en
mendiant.5
Parmi les idées de Schopenhauer qui purent réconforter Schrödinger dans la
misère de Vienne ravagée par la guerre, figurait la compréhension qu'il avait de
l'harmonie de la vie. Il soutenait que non seulement tous les événements d'une
existence se mettent en place dans la trajectoire de la vie d'un individu, mais
qu'ils s'inscrivent simultanément dans le parcours de tous les autres individus,
même si le drame de la vie des autres lui est inconnu. Si on les considère dans
leur ensemble, les vies multiples s'emboîtent comme un puzzle, dont le dess(e)in
global est si complexe qu'il dépasse l'entendement d'un individu particulier.
Selon Schopenhauer, "tout est interconnecté et tout est en phase."6
Schopenhauer voyait l'ordre dans le désordre et le hasard apparent, et donnait
un sens au monde sens dessus dessous de Schrödinger.
UN SEUL ESPRIT (UNIVERSEL)
Schrödinger réfléchit profondément aux enseignements essentiels qu'il lut. Il les
reformula avec ses propres mots, et ils devinrent les piliers qui le soutinrent
toute sa vie durant.7 Dans des ouvrages, tels que Ma conception du monde,
Qu'est-ce que la vie ? et L'esprit et la matière, il développa minutieusement le
concept d'un Esprit unique, où la Conscience est transpersonnelle, universelle,
collective et infinie dans l'espace et le temps, donc immortelle et éternelle. En
adoptant une vision unitaire de la conscience humaine, Schrödinger
reconnaissait ce qu'il appelait le "paradoxe arithmétique" - à savoir que, bien
qu'il existe des milliards d'esprits apparemment séparés, la vision que les
humains ont du monde est largement cohérente. Il n'y a qu'une seule explication
adéquate pour cela, écrivit-il, "à savoir la fusion des esprits ou de la conscience.
Leur multiplicité n'est qu'apparente ; en vérité il n'y a qu'un seul Esprit."8
52
Schrödinger pensait que nous souffrions d'une transe consensuelle, d'une
illusion collective, par rapport à la nature de la conscience. Comme il le dit,
"Nous avons résolument pris l'habitude de penser que la personnalité d'un être
humain ... se trouve à l'intérieur du corps. Apprendre qu'elle ne s'y trouve pas
réellement est tellement étonnant qu'on en doute et qu'on hésite à l'admettre.
Nous avons pris l'habitude de localiser la personnalité consciente à l'intérieur de
la tête d'une personne - je dirais à quelques centimètres derrière le point médian
des yeux…Il nous est très difficile de prendre conscience du fait que la
localisation de la personnalité, de l'esprit conscient, à l'intérieur du corps, n'est
que symbolique, une aide à des fins pratiques."9
L'immortalité de l'Esprit constituait un élément essentiel de la vision de
Schrödinger. Il écrivit : "J'ose dire qu'Il [l'Esprit] est indestructible. Il a une
chronologie particulière : l'Esprit est toujours maintenant. Il n'y a en vérité ni
avant ni après pour l'Esprit. Il n'y a que l'instant présent, qui comprend les
souvenirs et les attentes…10 On peut affirmer que la théorie physique, dans son
stade actuel, suggère fortement l'indestructibilité de l'Esprit par l’entremise du
temps, du moins je le crois."11
Pour de nombreux Occidentaux, la (dé)mesure de l'holisme de Schrödinger peut
être choquante. Il le reconnaissait, mais ne reculait pas, affirmant : ’’Aussi
inconcevable que cela puisse paraître à la raison ordinaire, vous - et tous les
autres êtres conscients en tant que tels - êtes tout en tout. Par conséquent, la vie
que vous vivez n’est pas seulement un morceau de l’existence entière, mais elle
est, dans un certain sens, le tout. Seulement ce tout n'est pas constitué pour être
appréhendé d'un seul regard. C'est ce que les brahmanes expriment avec cette
formule sacrée et mystique : Tat tvam asi (Cela, tu l’es). Ou qu'ils expriment
encore avec des mots comme : ‘’Je suis en orient et en occident, Je suis en haut
et Je suis en bas, Je suis ce monde tout entier.’’12
Pour Schrödinger, cette vision n'avait rien d'une fantaisie philosophique, elle
était tout à fait pratique. Faisant écho à Schopenhauer, il déclara que l'unité avec
les autres "sous-tend toute activité moralement valable",13 dont l'altruisme et
l'héroïsme. Dans le cadre de l'unité avec les autres, des individus risqueront leur
vie pour une fin qu'ils croient bonne, donneront leur vie pour sauver celle d'un
53
autre, et donneront pour soulager la souffrance d'un étranger, même si cela peut
augmenter la leur.
L'unité avec le Tout imprégnait la vie quotidienne de Schrödinger, en tant que
scientifique. Mené correctement, le travail scientifique s'apparentait à sonder
l'esprit de Dieu. Il écrivit : "La science est un jeu…L’incertitude consiste à savoir
combien de règles Dieu lui-même a ordonné de façon permanente, et combien
sont apparemment causées par votre propre inertie mentale…C'est peut-être ce
qu'il y a de plus excitant dans ce jeu. Car ici, vous luttez contre la frontière
imaginaire entre vous et la divinité - une frontière qui n'existe peut-être pas."14
Schrödinger ne voyait aucun conflit, mais l'harmonie entre son interprétation de
la physique quantique et le Vedanta. Comme l’expliquait son biographe, Moore,
"En 1925, la vision du monde de la physique était un modèle de l'univers, qui
ressemblait à une gigantesque machine composée de particules matérielles
séparables et en interaction. Au cours des années suivantes, Schrödinger,
Heisenberg et leurs continuateurs imaginèrent un univers basé sur la
superposition d'ondes d'amplitude de probabilité indissociables. Cette vision
serait entièrement compatible avec le concept védantique du Tout en Un."15
Mais pas juste avec le Vedanta. Schrödinger citait avec approbation le
magnifique traité d'Aldous Huxley, La philosophie éternelle, une anthologie
d'écrits mystiques provenant du courant ésotérique des principales religions du
monde.16 Cela suggère que Schrödinger souscrivait en principe à l'idée que
"tous les mystiques parlent le même langage, car ils viennent du même pays."17
Si le Vedanta n'avait pas existé, il aurait trouvé la confirmation de sa vision dans
d'autres traditions. Les étoiles ne se lèvent pas ; c'est la Terre qui oscille et
tourne, faisant apparaître les étoiles. Il en va de même pour les grandes vérités.
Bien qu'elles soient toujours présentes, elles attendent que nous nous bougions
pour être vues.
54
SAINT PATRON DE L’ESPRIT UNIVERSEL ?
Même s'il avait une connaissance approfondie de la philosophie orientale,
Schrödinger était loin de représenter un "physicien spirituel". Il n'avait pas la
prétention d'être un saint. Ses défauts personnels étaient évidents dans ses
relations avec les autres, lesquelles étaient souvent tumultueuses. Comme le dit
délicatement Moore, "il n'a pas réussi à intégrer pleinement ses convictions dans
ses actes". Moore ajouta : "La Bhagavad Gita enseigne qu'il y a trois voies de
salut : la voie de la dévotion, la voie des œuvres et la voie de la connaissance. De
par son tempérament inné et de par sa formation initiale, Erwin était destiné à
suivre cette dernière voie. Son intellect lui indiqua la voie et, tout au long de sa
vie, il exprima sa foi dans le Vedanta via de gracieux essais, mais il resta ce que
les Indiens appellent un Mahavit, quelqu’un qui connaît la théorie, mais sans être
parvenu à en obtenir la réalisation pratique dans sa propre vie. La Chandogya
Upanishad distingue un Mahavit, un connaisseur de la lettre, d’un Atmavit, un
connaisseur de l'Atman".18
OK, parfait. Schrödinger serait sans doute d'accord pour dire qu'il n'était pas la
voie, il ne faisait que l'indiquer. Mais en dépit de toutes ses imperfections, notre
monde aurait bien besoin de plus de scientifiques comme lui.
S'il y avait un saint patron de I'Esprit universel parmi les physiciens, ce serait
Erwin Schrödinger.
LE PROFESSEUR KOTHARI ET MA DETTE ENVERS L’INDE
A titre personnel, j’ai moi aussi une dette envers l’Inde.
En 1988, on me proposa de dispenser la conférence annuelle en mémoire du
Mahatma Gandhi à la Fondation Gandhi pour la Paix, à New Delhi. L'invitation
avait été lancée par le professeur D. S. Kothari, que je n'avais encore jamais
rencontré. Kothari était l'un des physiciens indiens les plus connus du XXe siècle,
et ses recherches sur la thermodynamique statistique et la théorie des naines
blanches lui valurent une réputation internationale. Cette invitation comprenait
55
la possibilité de donner une conférence au Gujarat Vidyapith, l'université
d'Ahmedabad fondée en 1920 par le Mahatma Gandhi, et de passer du temps à
New Delhi avec le professeur Kothari.
Avant mon voyage en Inde, le professeur Kothari me fit parvenir une copie de
son article phare, "Atom and Self".19 Cet article me fut d'une aide précieuse dans
mes efforts pour disséquer les relations entre la spiritualité, la physique et la
conscience. Ses idées paraissaient découler d'une fusion parfaite entre l'intellect,
l'intuition et l'expérience. Il s'agissait clairement d'une voix qui s'exprimait à
partir d'une profonde compréhension personnelle. Son humanité et son humour
ressortirent, alors que je lui demandai : "Professeur Kothari, est-ce que vous
méditez ?" Alors octogénaire, il répondit : "Oh, non ! Mais j'envisage de le faire !"
Le professeur Kothari me confia qu'il avait lu mon livre de 1981, Space, Time &
Medicine20, dans lequel j'explorais les liens entre l'esprit et le corps, la
conscience et la guérison, et comment ces phénomènes pouvaient être liés à de
nouveaux domaines de connaissance, qui émergeaient dans les sciences
physiques. Mais quel intérêt tout cela présentait-il pour la Fondation Gandhi
pour la Paix ? Kothari m’expliqua que la foi de Gandhi en l'ahimsa, la doctrine de
la non-violence envers tous les êtres vivants, était compatible avec ma prémisse
selon laquelle la conscience était un facteur puissant de santé et de longévité. La
conscience, dit-il, pourrait être considérée comme l'approche non violente
ultime de la santé, si on la compare aux effets relativement violents des
médicaments et des procédures chirurgicales modernes. D'où le rapport avec la
perspective gandhienne.
À l'époque, je travaillais sur un autre livre, Recovering the Soul, dans lequel
j'affirmais que l'"Esprit non local"21 est infini dans l'espace et le temps, donc
immortel, et qu'il ressemble ainsi au concept très ancien de l'âme. J'étais timoré
concernant ces concepts, car personne en médecine, pour autant que je sache,
n'avait appliqué le concept de non-localité à l'esprit. Le professeur Kothari me
confirma que j'étais bien sur un terrain solide et qu’il partageait l'idée que la
Conscience est non localisée et infinie, donc immortelle, éternelle et unique.
Nous passâmes beaucoup d’heures à explorer ces idées, et il me donna la
56
confiance nécessaire pour poursuivre mes explorations. J'ai une dette envers lui
que je ne pourrai jamais rembourser.
Le professeur Kothari s’éteignit paisiblement chez lui en 1993, avec un
exemplaire de la Bhagavad Gita sous son oreiller.
57
CHAPITRE 3 : EXPÉRIENCES VÉCUES RELATIVES À L’ESPRIT
UNIVERSEL
L'Esprit universel ressemble à une plateforme informatique invisible, non
physique, avec une capacité de stockage infinie et sans utilisateur. Inutile
d'établir des connexions, car tous les esprits sont déjà connectés de manière non
locale, comme un ensemble unitaire. La distance et le lieu ne s'appliquent pas. "Il
n'y a pas de là, là", comme le remarqua un jour Gertrude Stein à propos de sa
maison d'enfance disparue à Oakland, en Californie.1
Cependant, quand on fait l'expérience de l'Esprit universel, on a tendance à
décrire de telles occurrences dans le langage "voir-toucher-sentir" de la vie
tridimensionnelle ordinaire. Cela n'a rien d'étonnant, car le cerveau humain n'est
pas bien adapté à la compréhension des phénomènes transcendants et non
physiques, et il ignore largement certaines expériences qui ne sont pas liées à la
survie biologique. Ainsi, en accédant à l'Esprit universel et en établissant un
contact de personne à personne avec un individu apparemment éloigné, on a
coutume de qualifier cette expérience de télépathie, et on imagine
classiquement quelque vibration ondulante, portée par une sorte de Pony
Express cosmique, qui transporte la correspondance d'un endroit à l'autre et qui
assure la liaison. Si l’on capte des informations sur un site éloigné, on considère
généralement qu'il s'agit de vision à distance ou de clairvoyance, qui est relayée
par quelque chose. Si l’on introduit des informations dans l'environnement par
un acte intentionnel et si elles produisent un effet à distance, comme par
exemple une guérison, on se dit qu'on a dû envoyer quelque chose pour
entraîner l'événement à distance, "là-bas". Mais il n'y a pas de "là-bas".
J'appelle ces occurrences variées des processus au-delà du cerveau et du corps.
En 2009, au cours d'une tournée nationale pour la promotion du livre, La science
des prémonitions, je fus assailli par des témoignages de personnes relatifs à ces
expériences de l'Esprit universel. Je m’aperçus que presque tout le monde avait
une histoire. Après une présentation dans une librairie, un groupe de personnes
s'attardait généralement jusqu'à ce que la foule s'amenuise, puis celles-ci
venaient me voir, et on me demandait : "Cela vous ennuierait-il, si je vous
raconte une de mes expériences ?" Elles ajoutaient souvent : "Je n'en ai encore
jamais parlé à personne auparavant." C'est parce qu'une stigmatisation est
souvent attachée à des histoires comme celles-ci, ce qui fait que beaucoup de
gens hésitent à les raconter, de peur d'être considérés comme bizarres. Voici
quelques-unes des histoires que j'ai entendues.
UNE SÉRIE DE NUMÉROS
Une femme d'âge moyen établie sur la côte est des États-Unis éprouva soudain
le sentiment puissant que son fils, qui vivait à des milliers de kilomètres de là, de
l'autre côté du pays, était en grand danger. Elle essaya d'ignorer ce sentiment,
mais il devint plus fort. Subitement, une série de chiffres lui apparut à l'esprit,
dont la signification était tout à fait obscure. C'est alors qu'elle ressentit
fortement le besoin de composer la série de chiffres sur son téléphone. Elle se
retrouva alors en communication avec les urgences d'un grand hôpital situé
dans la ville lointaine où habitait son fils.
‘’Puis-je vous aider ?’’, demanda une infirmière.
‘’Je n’en n’ai aucune idée. Je suis juste inquiète pour mon fils’’, bredouilla la
femme.
‘’Comment s’appelle-t-il ?’’ Elle donna le nom de son fils à l’infirmière.
‘’Oh, on l’a admis aux urgences, il y a quelques heures. Le Dr Smith vient tout
juste de terminer de s’en occuper. Je vais aller le chercher, et il pourra vous
donner de ses nouvelles.’’
Le Dr Smith ne tarda pas à prendre le téléphone et il expliqua à la mère éberluée
et anxieuse : "Votre fils a été impliqué dans un accident de voiture. Il a été
gravement blessé, mais je suis heureux de vous dire qu'il va pouvoir se rétablir."
Une histoire quasiment identique me fut racontée dans une autre ville par une
femme qui s'était brusquement inquiétée pour sa fille sans aucune raison
59
apparente. Elle vit également une série de chiffres, les composa et elle fut mise
en contact avec les urgences de l'hôpital, où sa fille était soignée à la suite d’un
accident de voiture.
UN AMI TRÈS INSISTANT
Un jeune ingénieur s’envola pour l’Amérique du Sud dans un avion privé piloté
par une connaissance. Il avait prévu de rendre visite à un ami qu'il n'avait plus
revu depuis l'époque de l'université. Au moment de rentrer chez lui aux ÉtatsUnis, quelques jours plus tard, son ami débarqua dans sa chambre d'hôtel pour
lui dire qu'il ne devait pas reprendre l'avion, car la nuit précédente, il avait rêvé
que cet avion allait s'écraser et que toutes les personnes qui étaient à bord
périraient. L'ingénieur répondit à son ami que cette prémonition était ridicule, et
une dispute éclata. Une bagarre s'ensuivit, au cours de laquelle l’ami le plaqua au
sol et le maîtrisa physiquement. Ce n'est que lorsque l'heure du départ de l'avion
fut passée qu'il le libéra. L'ingénieur était furieux ; il devrait maintenant rentrer
chez lui en prenant un vol commercial à ses propres frais. Puis la nouvelle
tomba : l'avion privé venait bel et bien de s'écraser, tuant toutes les personnes à
bord.
Pendant la tournée de mon livre, le vol 447 d'Air France s'écrasa dans l'océan
Atlantique, le 1er juin 2009, provoquant la mort de 216 passagers et de 12
membres d'équipage. Immédiatement après le crash, Stefan van Oss, un homme
d'âge moyen habitant près d'Amsterdam, fut interviewé par la télévision
néerlandaise. Van Oss avait réservé une place sur le vol fatal. Un de ses amis
proches avait eu la prémonition que quelque chose de grave allait se produire,
et que si Van Oss montait dans l'avion, il ne rentrerait jamais vivant chez lui. Van
Oss accorda du crédit à la prémonition de son ami, annula sa réservation et
survécut pour pouvoir en parler.2
LE CANCER EST JUSTE ICI
60
Une femme rêva qu'elle avait un cancer du sein. Particulièrement inquiète, elle se
rendit chez son médecin, dès le lendemain matin. Elle lui indiqua l'endroit précis
sur le haut de son sein gauche, où elle avait vu le cancer dans son rêve. "C'est
juste ici !", dit-elle. Mais elle ne pouvait rien sentir, et son médecin non plus. On
lui fit passer une mammographie, qui s'avéra normale. Bien que le médecin l'ait
rassurée en lui disant qu'il n'y avait rien d'anormal et qu'il fallait attendre et voir
ce qui se passait, tout en procédant à des examens fréquents, elle n'était pas
satisfaite. "C'est le rêve le plus frappant que j'aie jamais fait !", protesta-t-elle. "Je
suis certaine d'avoir un cancer du sein à cet endroit précis." Devant son
insistance à aller plus loin, le médecin persuada un chirurgien de procéder à une
biopsie à l’encontre de son meilleur jugement.
‘’Mais où ? Il n’y a rien, là’’, objecta le chirurgien.
‘’Ecoutez, pratiquez la biopsie à l’endroit qu’elle indique’’, dit le médecin.
Quelques jours plus tard, le pathologiste recontacta le docteur avec le rapport.
"C'est le cancer du sein le plus microscopique que j'ai jamais vu !", dit-il. "Vous
n'auriez pas pu le sentir. Il n'y avait aucun signe, ni aucun symptôme. Comment
l'avez-vous découvert ?"
"Ce n'est pas moi", répondit-il. "C'est elle. Dans un rêve."
LE PRESSENTIMENT D’UN MALHEUR
En décembre 1972, un homme d'affaires américain était de passage au
Nicaragua. Il séjournait depuis une semaine dans la capitale, Managua, et il
comptait rester une semaine de plus. Il éprouva soudain le besoin impérieux de
quitter la ville. Cela n'avait aucun sens, car un départ prématuré entraînerait
probablement l'échec de ses négociations commerciales. L'urgence était telle
qu'il savait qu'il devait partir le plus rapidement possible. Il rassembla donc ses
affaires, se précipita à l'aéroport, puis quitta le pays par le premier vol disponible.
Il se sentait stupide d'agir ainsi, jusqu'à ce qu’on l’informe de la catastrophe qui
s'était produite, deux heures après son départ. Le 23 décembre, à 0 h 29, un
61
tremblement de terre de magnitude 6,2 survenait sous le centre de la ville et,
dans l'heure qui suivit, deux violentes répliques se succédèrent. Le bilan faisait
état de 5 000 morts, de 20 000 blessés et d’ un quart de million de sans-abri.
L'hôtel où l'homme avait séjourné était entièrement démoli.
L’EFFONDREMENT D’UN PONT
Le 1er août 2007, une femme d'âge moyen rentrait chez elle à l'heure de pointe
du soir à Minneapolis, dans le Minnesota. Son trajet était si routinier qu'elle
disait pouvoir le faire les yeux bandés, mais cette fois-ci, son ennui fut
interrompu par une envie inexplicable de prendre un autre itinéraire pour rentrer
chez elle. Elle n’ignorait pas que toute autre route entraînerait un retard
considérable, et donc elle résista à cette envie. Néanmoins, ce sentiment gagna
tellement en intensité qu'elle s'engagea sur une autre route. Avant d'arriver chez
elle, elle entendit à la radio dans sa voiture que le pont surplombant le
Mississippi qu'elle empruntait régulièrement deux fois par jour, s'était effondré
dans le fleuve, tuant 13 personnes et en blessant 145. Elle fut si secouée qu'elle
dut arrêter son véhicule pour reprendre le contrôle de ses émotions avant de
continuer sa route.
LA SECRÉTAIRE SAIT
Une jeune femme qui travaillait comme secrétaire dans un service médical très
sollicité d'un grand hôpital métropolitain réalisa qu'elle savait à l'avance quels
patients allaient connaître des urgences médicales, comme un arrêt cardiaque
pendant son service. Mais elle n'avait aucune formation médicale, ni aucun
contact direct avec les patients, et elle savait que si elle rendait publiques ses
prémonitions, elle serait ridiculisée, voire licenciée. Lorsqu’elle apprit qu'une
infirmière de son service s'intéressait à ces questions, elle se lia d'amitié avec elle
et finit par s'ouvrir à elle. Au début de chaque garde, elle lui disait secrètement
quels patients nécessitaient une attention particulière. Elle ne se trompait
pratiquement jamais. L'infirmière et elle gardèrent leurs communications
62
secrètes pendant des années. Les deux femmes sont certaines que cela permit
de sauver la vie de nombreux patients.
UNE VAGUE SCÉLÉRATE
Au début de l'année 1991, Marilyn Winkler de Dandridge, Tennessee, et son
mari, David, décidèrent de marquer une pause dans leur rôle de parents et de
partir en vacances sur l'île de Sainte-Lucie dans les Caraïbes.3 Sa belle-mère vint
leur rendre visite pour garder leur fille de 15 mois, Kate.
Après s'être installés dans un hôtel de Marigot Bay, à Sainte-Lucie, les Winkler
montèrent à bord d'un bateau-taxi, un bateau à moteur de 7 mètres, qui devait
les emmener jusqu'à la ville côtière de Soufrière, où ils avaient prévu de
déjeuner. Tandis qu'ils longeaient la côte pendant les cinquante minutes du
trajet, le temps était parfaitement calme et aucune tempête n'était annoncée.
Bizarrement, Mme Winkler entreprit d’examiner le plancher du bateau et de
ramasser de petits débris, comme un clou rouillé, pour les jeter par-dessus bord.
Cela vira à l'obsession, car elle voyait ces objets comme des projectiles, si le
bateau venait à faire naufrage. Il n'y avait aucune raison apparente de
s'inquiéter. Elle était dans son élément sur les bateaux, elle était bonne nageuse
et le temps était idéal.
Sans cesse, elle regardait vers l'est et surveillait l’horizon, cherchant d'autres
bateaux et n'en apercevant aucun. À proximité de Soufrière, Gregory, le barreur
du bateau-taxi local, et Stan, un autre marin du coin, décidèrent d'entrer dans la
baie de Soufrière en coupant au court par un passage dans un récif, plutôt que
de contourner le récif et d'entrer dans la baie plus au large. Winkler sentit
instinctivement que ce n'était pas la bonne option et commença à crier à son
mari de prendre la barre des mains de Gregory et de les éloigner de la faille. Les
hommes se moquèrent d'elle et lui adressèrent des remarques chauvines. Elle
résista à l'envie de prendre la barre elle-même et entreprit de ranger ses affaires
personnelles dans des sacs étanches, comme pour se préparer à une urgence.
Elle regarda à nouveau autour d'elle et ne vit aucun autre bateau dans les
environs.
63
À mi-chemin dans le passage, une vague gigantesque surgit de nulle part, qui
souleva l’embarcation sur une crête de plus de 7 mètres, avant de la retourner
complètement et de l'écraser en la réduisant en "cure-dents", comme le dit
Winkler. Winkler et Stan se retrouvèrent 10 mètres sous la surface de l'océan.
Puis, le temps parut s'arrêter, se souvint Winkler. Elle voyait les rayons sublimes
du soleil qui filtraient et elle ressentait une paix totale. Ses pensées se dirigèrent
alors subitement vers Kate, qu'elle entendit crier "Maman !" aussi distinctement
que possible. Puis elle sentit deux mains derrière sa poitrine qui la soulevaient,
en la tirant vers la surface, et elle commença à nager. Une fois remontée à la
surface, elle regarda vers le rivage pour s'orienter. Elle vit que les trois hommes
étaient remontés à la surface. Elle chercha à nouveau d'autres bateaux, mais n'en
aperçut aucun. Puis, sorti de nulle part, un vieux pêcheur à la longue barbe grise
apparut à quelques mètres de là. Il invita tranquillement les nageurs à monter
dans son bateau et leur tendit la main à tour de rôle. Il les transporta à Soufrière,
où des habitants s’agglutinèrent autour d'eux et les accompagnèrent jusqu'à
une clinique. La marche s'avéra pénible, car ils durent s'arrêter fréquemment
pour recracher de l'eau de leurs poumons. Gregory, le barreur, avait le nez cassé,
et David avait une lacération du cuir chevelu qui saignait et qui nécessita 20
points de suture.
Secoués et heureux d'être toujours en vie, ils prirent un vol dès le lendemain et
rentrèrent chez eux, pour arriver tard dans la nuit dans le Tennessee. Ils dirent à
la mère de David qu'ils avaient fait naufrage, et avant qu'ils ne puissent
s'expliquer davantage, celle-ci raconta que la veille, la petite Kate, pendant
qu'elle lui donnait son repas dans sa chaise haute, s'était tout-à-coup mise à
dire : "Maman et papa se noient !" et "Papa saigne de la tête". Elle ajouta qu'un
requin était dans l'eau. Bien que Winkler n'avait pas vu de requin, c’était
plausible au vu de tout le sang qu’il y avait dans l'eau. Winkler déclara que sa fille
pouvait à peine parler à ce stade de sa vie, qu'elle avait passé la totalité de ses 15
mois dans les Smoky Mountains, qu'elle n'avait jamais été à la mer et qu'elle ne
savait peut-être même pas ce qu'était un requin. Mais Winkler n'avait aucun
doute sur le fait qu'elle avait réellement entendu Kate dire "Maman !", alors
qu'elle était dans l'océan.
64
La prémonition de la catastrophe de Winkler était particulièrement remarquable
à plusieurs égards. Elle était si profonde qu'elle en parla aux autres, avant qu'elle
ne se produise et commença à s'y préparer. Sa petite fille, à environ 3500 km de
là, semblait savoir ce qui arrivait à ses parents, et elle parut parler à Winkler, alors
qu'elle était sur le point de se noyer. Mais qu'en est-il des mains qu'elle sentit et
qui la remontaient ? Et du vieux pêcheur qui arriva de nulle part pour les secourir
- pourquoi son bateau n'avait-il pas fait naufrage avec le leur ?
ANECDOTES OU HISTOIRES DE CAS ?
La vie des gens ne se déroule pas comme une série d'expériences de laboratoire
contrôlées. Des événements extraordinaires se produisent au cours de la plupart
des vies, et il est stupide de vouloir les écarter parce qu'ils sont extraordinaires et
uniques en leur genre. Le scepticisme à l'égard des histoires des gens peut être
exagéré. Ainsi que l'a déclaré le philosophe et chercheur spécialisé dans la
conscience, John Beloff, de l'université d'Édimbourg, "le scepticisme n'est pas
nécessairement la marque d'une grande rigueur d'esprit ; il peut aussi être signe
de lâcheté intellectuelle."4
Il y a un vieux dicton en médecine à propos des histoires des gens. "Si vous
n'aimez pas l'histoire, vous la qualifiez d'anecdote. Si vous l'aimez, vous parlez
d'une histoire de cas."
Anecdotes ou histoires de cas ? A vous de décider.
65
CHAPITRE 4 : L’ESPRIT UNIVERSEL N’EST PAS UN FLOU
INFINI
Si tous les esprits individuels font partie d'un Esprit plus global, qu'est-ce qui
empêche toute l'activité mentale de se fondre dans une sorte de confusion sans
caractéristiques au sein de l'Esprit universel ? Qu’est-ce qui explique la spécificité
et l'individualité que nous constatons dans des expériences de l'Esprit universel,
au-delà du corps ? Comment une mère inquiète, qui sent que son enfant est en
grande difficulté dans une ville lointaine, peut-elle savoir que c'est son enfant
qui est concerné et non un autre enfant quelque part ailleurs dans le monde ?
LA SÉLECTIVITÉ ET LA PRÉCISION DE L’ESPRIT UNIVERSEL
Le psychologue Joseph Chilton Pearce, que je cite souvent dans ce livre, a
réfléchi profondément à la question de la spécificité. Il s'oppose fermement aux
théories New Age qui sont proposées comme explications. "Supposer que
toutes nos pensées ne font réellement qu'une, que notre séparation n'est qu'une
illusion est un non-sens", écrit-il. "Il y a des niveaux où les pensées peuvent, dans
des conditions très particulières, s'échanger, et il y a des niveaux où elles ne le
peuvent pas." Ce qui est heureux, car cela nous évite d'être submergés par un
flot continu de pensées provenant de nos sept milliards de colocataires terriens.
Etablissant un parallèle avec la découverte d'états intriqués entre des particules
subatomiques ayant été en contact - où un changement dans une particule est
associé à un changement égal et instantané dans une particule distante, quelle
que soit la distance - Pearce observa qu'il existe des règles régissant ces
connexions, sans quoi le monde serait dans le chaos. "Les particules ne sont pas
toutes liées, ce qui serait un chaos aussi grand que si aucune particule n'était
liée.1…Notre intuition d'une globalité sous-jacente ne devrait pas impliquer la
fusion en une masse homogène."2 Parce que nos esprits ne se dissolvent pas
dans l’uniformité, les événements spécifiques et individualisés relevant de l'Esprit
universel sont préservés. L'Esprit universel est sélectif. Une mère alarmée peut se
connecter avec son enfant, mais pas avec tous les enfants. Certains esprits
peuvent affecter des gadgets électroniques spécifiques, mais pas tous les
systèmes électroniques. Des visionneurs à distance peuvent se connecter à des
scènes spécifiques, mais pas à la totalité du paysage planétaire.
Que nous appelions l'Esprit universel la Source, le Tout, le Grand Tout, l'Absolu,
l'Univers, l'Être pur, Dieu, Allah, etc., il ne s'agit pas d'un flou infini et sans
caractéristiques. Il se manifeste dans nos vies de manière unique. Comment estce possible ?
Une image utile est que l'Esprit universel est comparable aux cellules souches de
notre corps. Les cellules souches sont pluripotentes, ce qui signifie qu'elles
peuvent se transformer en tout type de cellule spécialisée du corps. Mais les
cellules souches ne se développent pas toutes seules, en se transformant au
hasard en n'importe quel type de cellule. Elles sont en attente. Quand elles sont
sollicitées, ces cellules indifférenciées non dévolues se transforment en un type
de cellule spécifique (cardiaque, cutanée, intestinale, sanguine, etc.) en fonction
des besoins de l'organisme.
A l’image des cellules souches, l'Esprit universel, la Source, attend des
instructions et des sollicitations. C'est pourquoi les informations qui en émanent
peuvent être très individualisées et non aléatoires. Par conséquent, les motifs, les
spécificités et l'individualité caractérisent la manière dont l'Esprit universel se
manifeste dans nos vies. Il répond aux besoins, aux souhaits, aux désirs et aux
intentions des individus et des situations. L'Esprit universel peut faire éclore les
pensées et les connaissances d'un savant, d'un Léonard ou d'un Einstein. Il peut
permettre la découverte du feu ou l'invention de la roue. Il peut révéler la
composition de la Joconde, le tableau périodique des éléments ou le secret du
vol plus lourd que l'air. Ses possibilités créatives sont infinies.
Comme nous l'avons vu, l'Esprit universel a également une fonction préventive. Il
peut se manifester par le biais d'un rêve prémonitoire qui annonce une
catastrophe naturelle ou une maladie qui menace. Ces révélations inspirées par
le besoin sont assez courantes. Elles jaillissent, comme à partir d'un cadre de
connaissance plus vaste.
67
L'auteur David Grann en donnait un exemple dans son livre palpitant, La Cité
perdue de Z, qui retrace en détail les aventures du légendaire explorateur
britannique, Percy Fawcett, dans la jungle amazonienne, au début du 20ème
siècle. Les possibilités de périr dans un tel environnement sont nombreuses infections mortelles, prédateurs divers, famine, accidents, folie, massacre par des
tribus hostiles - et pourtant, Fawcett avait la capacité étonnante de les déjouer
presque toutes. Sa capacité à éviter les prédateurs était étonnante. Un jour,
après avoir bondi par-dessus une vipère, il écrivit dans son journal : " Ce qui m'a
le plus frappé, c'est l'avertissement de mon subconscient et la réaction
musculaire instantanée…Je ne l'avais pas vue avant qu'elle ne file entre mes
jambes, mais l'"homme intérieur" - si on peut l'appeler ainsi – l’a non seulement
vue à temps, mais a estimé exactement sa taille et sa distance de frappe, et il a
donné des ordres au corps en conséquence !"3 On qualifie souvent ce type de
connaissance de "sixième sens" ou de "double vue", mais cataloguer quelque
chose ne suffit pas à l'expliquer. L'esprit non local ou la conscience illimitée et
non locale, qui entraîne la prémisse de l'Esprit universel, est un autre point de
vue.
Il est déraisonnable d'essayer de séparer les cellules souches du corps. Leur
comportement et leur destin sont si intimement intégrés au corps qu'elles sont
le corps. Similairement, il est déraisonnable de séparer la conscience humaine de
la source d'information qu'est l'Esprit universel. Il n'y a pas de source séparée.
Nous sommes Lui, et Il est nous. Ensemble, nous occupons une dimension en
dehors du temps et de l'espace.
Dans l'Esprit universel, toutes les possibilités, toutes les configurations
d'informations, paraissent exister potentiellement, ‘’superposées’’ les unes aux
autres, dans l'attente d'un signal pour se transformer en une réalité dans notre
monde d'expérience. C'est une image que les physiciens reconnaîtraient
immédiatement, car c'est celle qu'ils utilisent en physique quantique. La plupart
des physiciens pensent qu'avant qu'une mesure soit effectuée au niveau
quantique, une particule existe dans tous ses états théoriquement possibles. Il
n'y a pas d'entités réelles à ce stade, seulement un ensemble de potentiels qui
coexistent en une ‘’superposition’’ de tous les états possibles. Lors d'une mesure
ou d'une observation, ces potentiels enregistrent un "effondrement de la
68
fonction d'onde", qui est une description mathématique, et ils se manifestent
comme une seule des nombreuses configurations possibles, comme le fameux
chat dans la célèbre expérience de pensée de Schrödinger. La mesure ou
l'observation rend réels les potentiels virtuels.
(Il existe d'autres interprétations en physique. Certains physiciens pensent qu'à
la suite d'une observation au niveau quantique, toutes les possibilités se
réalisent, et que nous ne sommes conscients que d'une seule d'entre elles l'interprétation dite des mondes multiples ou des univers parallèles de la théorie
de la mesure quantique).
Mais dans l'Esprit universel, ce n'est pas la mesure qui produit la transformation
du potentiel en réel, mais le besoin.
INTRICATION ET NON-LOCALITÉ
Une autre image prometteuse qui a vu le jour pour expliquer nos liens intimes
est l'intrication, un concept également tiré du monde de la physique quantique.4
On dit d'un objet qu'il est intriqué, s’il ne peut pas être entièrement décrit sans
tenir compte d'un ou de plusieurs autres objets ; c'est comme si les entités
séparées et distantes constituaient un seul système. L'intrication a été vérifiée
expérimentalement à de nombreuses reprises au cours des trois dernières
décennies, et elle est acceptée par la majorité des physiciens comme une
caractéristique fondamentale de la nature.5
La non-localité est considérée comme le mécanisme qui sous-tend les effets de
l'intrication. Comme le souligne le physicien Nick Herbert, "une connexion nonlocale relie un endroit à un autre sans traverser l'espace, sans s'affaiblir et sans
délai." D’après Nick Herbert, ces connexions présentent trois caractéristiques
distinctives. Elles sont directes (aucun signal de connexion n'est impliqué),
totales (la force des corrélations ne décline pas avec l'augmentation de la
distance) et immédiates (elles sont instantanées).6
69
Les implications de l'intrication et de la non-localité sont sidérantes, tellement
sidérantes que certains physiciens ont eu beaucoup de mal à y croire. Ce qui est
le cas d'Einstein, qui tourna en ridicule les connexions non locales en les
qualifiant d' "actions fantomatiques à distance."7 Einstein s'est toutefois trompé
dans ses objections, et l'incroyable est advenu. Comme le dirent le physicien,
Menas Kafatos, et l'historien des sciences, Robert Nadeau, dans leur livre The
Conscious Universe : Parts and Wholes in Physical Reality, "L'univers, à un niveau
très élémentaire, pourrait être un vaste réseau de particules qui restent en
contact les unes avec les autres sur n'importe quelle distance et en un rien de
temps, en l'absence de transfert d'énergie ou d'information."8
Pour que des particules distantes démontrent des connexions non locales et une
intrication, elles doivent avoir été en contact à un moment donné. D’après la
théorie du Big Bang, toute la matière de l'univers était à l'origine en contact,
concentrée dans un "point très chaud" de matière-énergie qui explosa, il y a
environ 14 milliards et demi d'années, en donnant naissance à l'univers que nous
voyons.9 Donc, si la théorie du Big Bang est valable, la condition pour des
connexions non locales d'un contact initial a été remplie très tôt.
Il y a peu de temps encore, les scientifiques pensaient que l'intrication se limitait
au micromonde des atomes et des particules subatomiques, mais aujourd'hui, il
est prouvé que l'intrication est une caractéristique de la biologie des créatures
vivantes, nous y compris apparemment, comme nous le verrons plus loin dans
cette première partie.10
L'intrication peut-elle expliquer la connectivité que l’on observe dans l'Esprit
universel ? Le chercheur Dean Radin, un spécialiste de la conscience, pense que
c'est possible. Dans son livre éclairant, Entangled Minds, il montre comment
l'intrication peut s'appliquer au niveau mental et expliquer les diverses
expériences de l'Esprit universel au-delà du cerveau, que nous examinons dans
ce livre.
70
HOLOGRAMMES
L'hologramme est une autre métaphore qui permet d'illustrer la relation entre
les esprits individuels et l'Esprit universel. Dans les années 1980, l'éminent
physicien David Bohm, professeur de physique théorique au Birkbeck College de
Londres, développa son concept d' "ordre implicite" dans son livre de référence,
La plénitude de l'univers. Bohm proposait l'ordre implicite comme explication de
la cohérence universelle. Les caractéristiques essentielles de cet ordre sont que
l'univers entier est d'une certaine manière contenu dans chaque partie, et que
chaque partie est intégrée dans la totalité. Bohm suggérait l'hologramme
comme "un moyen qui peut aider à donner un certain aperçu perceptuel
immédiat de ce que peut signifier la totalité indivise…"11 Hologramme est dérivé
de termes grecs signifiant "écrire le tout". Chaque partie d'un hologramme
contient suffisamment d'informations pour reconstituer l'hologramme entier –
‘’écrire le tout", en somme.
L'hologramme est remarquablement similaire à la métaphore du filet d'Indra,
élaborée au 3ème siècle par l'école bouddhiste du Mahayana. Lorsqu’Indra a
façonné le monde, il l'a fait sous la forme d'un filet ou d'une toile, dans
lequel/laquelle il y avait un joyau chatoyant à chaque nœud. Le filet est d’une
dimension infinie ; les joyaux sont donc en nombre infini. Dans la surface
scintillante de chaque joyau se reflète l'image de tous les autres joyaux du filet un processus réfléchissant/miroitant infini, qui symbolise l'interpénétration,
l'interconnexion et l'identité mutuelle simultanée de tous les phénomènes de
l'univers.12
LE RECOUVREMENT
Outre l'hologramme, Bohm utilise un exemple plus simple pour illustrer le
recouvrement des parties et des ensembles. Considérons un récipient
transparent rempli d'un fluide très visqueux et qui comporte un rotateur
mécanique capable de remuer le fluide très lentement. Si l'on ajoute au fluide
une gouttelette d'encre noire insoluble et si l’on fait tourner le rotateur, l'encre
se transforme lentement en un fil qui s'étend dans tout le fluide, et elle finit par
71
apparaître comme si elle était répartie uniformément dans tout le fluide sous la
forme d'une nuance de gris. Mais si l'on inverse le mouvement de rotation de
l’appareil, la transformation s'inverse et la gouttelette d'encre noire réapparaît
soudainement, reconstituée. La gouttelette d'encre a conservé son individualité,
même si elle paraissait répartie uniformément.13 Similairement, les esprits
individuels conservent leur individualité, même s'ils sont contenus dans l'Esprit
universel.
David Bohm était l'un des physiciens les plus éminents du 20ème siècle. Il était
connu pour avoir défié hardiment l'orthodoxie scientifique, et ses intérêts
s'étendaient à de nombreux domaines, tels que la philosophie, la psychologie, la
religion, la biologie et la nature de la conscience. Il arriva à ses idées sur la
Conscience unitaire par la voie rigoureuse de la physique moderne et par ses
expériences personnelles. Ses dialogues avec le maître spirituel, Jiddu
Krishnamurti, inspirèrent des milliers de personnes et sont toujours
disponibles.14
Bohm et moi, nous avons appris à nous connaître un peu et échangé des idées
sur le rôle du sens et de l'esprit dans la guérison. Un jour, dans une conversation
de couloir au cours d'une petite réunion intime, je lui demandai son avis sur
l'avenir de l'humanité. "Croyez-vous que nous nous en sortirons ?" Il marqua une
pause, réfléchit intensément et dit : "Oui. Mais tout juste !"
CHAOS ET FRACTALES
Plus il y a d'alternatives, et plus le résultat est incertain. Plus grande est
l'incertitude, et plus le potentiel de transmission de l'information est vaste.
-
Roy Lachman et coll.15
Un modèle expliquant comment les esprits individuels pourraient participer à
l'Esprit universel a vu le jour à partir d'une source surprenante - un domaine des
mathématiques appelé théorie du chaos et des fractales.
72
En 1975, le mathématicien Benoit Mandelbrot inventa le terme fractal à partir
d’un terme latin signifiant "brisé", duquel est issu le mot fracture. Dans une
structure fractale, des motifs similaires se reproduisent à des échelles de plus en
plus petites. On se sert des fractales pour décrire des phénomènes partiellement
aléatoires ou chaotiques, comme la formation des cristaux, la turbulence des
fluides et la formation des galaxies. On retrouve des modèles fractals à tous les
niveaux de la nature : dans les nuages, les lignes côtières, les flocons de neige,
les cristaux, les réseaux de vaisseaux sanguins, les vagues océaniques, l'ADN, les
fréquences cardiaques, divers légumes, comme le chou-fleur et le brocoli, les
chaînes de montagnes, les réseaux fluviaux et les lignes de faille. L'art fractal est
maintenant très répandu, grâce à des modèles d'une beauté stupéfiante générés
sur ordinateur par des mathématiciens et des artistes fractalistes.
Le mathématicien Ralph Abraham, de l'Université de Californie à Santa Cruz, est
un expert de la théorie du chaos, qui traite des systèmes dynamiques
extrêmement sensibles aux conditions initiales. Cela signifie que les prédictions à
long terme sur le comportement de ces systèmes sont généralement
impossibles. L'exemple le plus connu est celui de la météo et de "l'effet papillon",
selon lequel le battement d'aile d'un papillon en Chine peut déclencher une
tornade quelque part aux États-Unis.
Les fractales constituent "une vaste zone d’effervescence et de frémissement" où
des éléments différents se rassemblent, explique Abraham.16 Il utilise l'exemple
d'une plage de sable pour illustrer comment les fractales se manifestent dans la
nature. Sur une carte, un littoral apparaît nettement distinct. Mais lorsque nous
observons de près la limite entre la terre et l'eau, ces distinctions nettes
disparaissent. Sur la plage, il y a de l'eau dans le sable et du sable dans l'eau. "La
transition entre la terre et la mer est une fractale", explique Abraham. "Elle est
spatialement chaotique. C'est naturel. La Voie lactée est une plage de sable
céleste. C'est également naturel. La nature nous enseigne la géométrie fractale
et la théorie du chaos."
Abraham pense qu'il existe des "fractales dans l’esprit" et des "fractales dans
l'âme du monde". Il suggère que dans une psyché normale, les limites entre
composantes de l'esprit, tels que la conscience de veille et l'inconscient, sont
73
"des fractales denses, qui permettent une sorte de porosité entre ces
composantes de la psyché, et donc, l'intégration" - le modèle de la "plage de
sable" du fonctionnement psychologique sain, pour reprendre ses termes. Dans
un esprit malsain, ces "limites peuvent ressembler à des murs de béton ou à des
rideaux de fer." Lorsque cela se produit, les composantes isolés de l'esprit ne
peuvent pas communiquer entre elles. Il peut en résulter un trouble de la
personnalité multiple, avec séparation et isolement de domaines mentaux. Les
termes utilisés par Abraham pour définir une telle situation sont le ‘’dischaos’’ de
la personnalité multiple, un syndrome de dysfonctionnement chaotique.
Ce dysfonctionnement chaotique - le dischaos - peut également se produire à
un niveau sociétal et mondial, suggère Abraham. Cela peut provoquer des
troubles au niveau "du conscient et de l'inconscient collectif de notre société…
Ainsi, des frontières trop fermes — les rideaux de fer — peuvent contribuer aux
problèmes mondiaux."
Abraham soutient que des frontières / limites fractales consistantes sont une
"condition préalable à la stabilité et à la longévité d'une culture, ou à la santé
d'un individu". Elles sont nécessaires pour permettre l'interconnectivité, la
communication et l'intégration à la fois dans l'esprit des individus et entre les
sept milliards d'esprits individuels sur la terre. L'alternative est celle de frontières
/ limites rigides qui interdisent la communication fluide, la tolérance et la
compréhension, avec pour conséquence la désintégration des personnalités
individuelles et de la société globale.
Malheureusement, il semble que nous soyons en train de défractaliser notre
société en établissant / instaurant des frontières / limites / barrières de plus en
plus imperméables. Comme le note Abraham, "notre culture a consacré une
attention excessive à la forteresse fortifiée... murs de béton autour de la ville,
serrures sur les portes et les maisons, détecteurs de mouvement électroniques,
caméras vidéo aux distributeurs automatiques de billets, et ainsi de suite." Des
communautés murées nous séparent mutuellement au nom de la sécurité. Les
armes à feu sont presque aussi nombreuses en Amérique que les Américains. Les
manifestants qui occupent...Wall Street… et les 99 % se sentent de plus en plus
en marge avec les 1 %. La courtoisie a pratiquement disparu des salles du
74
Congrès. Les barrières imperméables et non poreuses n'ont jamais semblé aussi
généralisées.
Pourtant, il y a ceux qui, comme Abraham, voient des moyens de nous relier
dans la Grande Connexion. Frederick Turner, professeur d'arts et de sciences
humaines à l'université du Texas, à Dallas, voit dans la science fractale une voie
par laquelle les esprits individuels peuvent s'unir en un seul Esprit universel. Dans
son livre, Natural Religion, il suggère qu'une expérience visuelle qui nous remplit
momentanément d'un sentiment d'émerveillement - par exemple, une
magnifique œuvre d'art ou un coucher de soleil éblouissant - "sidère l'esprit."
D’après Turner, une "syntonisation ou un ajustement délicat" peut s'opérer dans
le cerveau, grâce à laquelle "l'attrait étrange de l'Esprit divin" influence l'esprit
individuel pour qu'il devienne "une miniature fractale de l'Esprit universel."17
Il existe une infinité de voies pour "sidérer l'esprit." Nous examinerons
ultérieurement comment des personnes très créatives ont surmonté les effets
‘’dischaotiques’’, ‘’défractalisants’’ et abrutissants des habitudes, des carcans et
des routines qui empêchent notre éveil à l'Esprit universel transcendant.
LE ROUGE À LÈVRES DE BERGEN-BELSEN
Lorsque les troupes britanniques libérèrent le camp de concentration de
Bergen-Belsen, en Allemagne, le 15 avril 1945, elles y découvrirent 40 000
prisonniers répartis dans 200 baraquements. Elles tombèrent également sur
10 000 cadavres. La plupart des prisonniers étaient morts du typhus ou de faim.
Par peur d'être infectés, les gardes allemands avaient refusé de les enterrer, et
les prisonniers squelettiques restants n'avaient plus la force de le faire ; les
cadavres avaient donc été jetés en tas tout autour du camp et laissés à pourrir.
Les soldats britanniques étaient profondément choqués. Ils se mirent à vomir,
lorsqu'ils atteignirent les barbelés, submergés par la puanteur de la mort. Ces
troupes endurcies, qui avaient combattu les nazis dans toute l'Europe, pleuraient
comme des bébés. Mais elles se mirent au travail et ensevelirent les cadavres au
bulldozer dans une fosse commune. Quelque part parmi eux se trouvait la jeune
75
Anne Frank, qui avait noté dans son journal à Amsterdam, dès 1942, que des
Juifs étaient enlevés et gazés.
Le 28 avril, ils avaient tous été enterrés. Même si 500 détenus continuaient à
mourir chaque jour, au moins il n'y avait plus de cadavres qui traînaient, ce qui
remontait le moral. Il y avait de la nourriture, et presque tous les détenus avaient
été désinfectés avec de la poudre de DDT. Leurs vêtements avaient été fumigés
et leurs corps lavés. Les baraquements infectés furent brûlés au lance-flammes.
Nicholas Best, qui fournit cette description dans son livre Five Days That Shocked
the World, décrivit ainsi ce qui arriva ensuite :
Un génie avait introduit du rouge à lèvres à l'intérieur du camp. Une
importante livraison venait d'arriver, suffisamment pour que chaque
femme de Belsen puisse se maquiller, si elle le souhaitait. Un très grand
nombre d'entre elles le firent, en se souvenant avec bonheur qu'elles
avaient été féminines et qu'elles pourraient l'être à nouveau un jour. Le
rouge à lèvres se révéla être un stimulant énorme pour le moral et fit toute
la différence entre la vie et la mort pour certaines femmes du camp.18
Le lieutenant-colonel britannique, Mervin W. Gonin, commandant de la 11th
Light Field Ambulance, R.A.M.C., fut parmi les premiers soldats britanniques à
libérer Bergen-Belsen en 1945. Dans son journal, il fournit une description plus
graphique de l'effet du rouge à lèvres :
C'est peu après l'arrivée de la Croix-Rouge britannique — bien que cela
n'ait peut-être aucun rapport — qu'une très grande quantité de rouge à
lèvres est arrivée. Ce n'était pas du tout ce que nous, les hommes,
voulions. Nous réclamions des centaines et des milliers d'autres choses, et
j'ignore qui a demandé du rouge à lèvres. J'aimerais tant pouvoir
découvrir qui l'a fait. C’était une action de génie, du pur et simple génie. Je
crois que rien n'a fait plus pour ces détenues que le rouge à lèvres. Des
femmes étaient couchées sur leur lit, sans draps ni chemise de nuit, mais
avec des lèvres rouge écarlate. Vous les voyiez se promener avec rien
d'autre qu'une couverture sur les épaules, mais avec des lèvres rouge
76
écarlate. J'ai vu une femme morte sur la table d'autopsie. Elle serrait dans
sa main un bâton de rouge à lèvres. Finalement, quelqu'un avait fait
quelque chose afin qu'elles redeviennent des personnes. Elles étaient des
personnes, et plus seulement un numéro tatoué sur leurs bras. Au moins,
elles pouvaient s'intéresser à leur apparence. Ce rouge à lèvres a contribué
à leur rendre leur humanité.19
Comment quelqu'un a-t-il su que le rouge à lèvres leur redonnerait la volonté de
vivre et sauverait ainsi des vies ? Un individu anonyme a été capable de
s'identifier si intimement à l'esprit de ces prisonnières affamées, souffrantes et
mourantes qu'il ou elle a pu voir au-delà de l'évidence. Je suggère qu'il s'agissait
là d'une manifestation de l'Esprit universel de tout premier ordre.
L'horreur de Bergen-Belsen résulte de la rupture des relations entre des
humains, et du fait que "l'autre" en est arrivé à être considéré comme moins
qu'humain. L'épisode du rouge à lèvres est le genre de révélation qui peut se
produire, lorsque des esprits s'unifient dans la Grande Connexion. De tels
épisodes extrêmes sont des miroirs qui montrent à la fois le pire et le meilleur de
ce dont les humains sont capables – la bestialité et l’angélisme. Ils soulignent le
fait que l'unité, la communauté et la conscience de l'Esprit universel ne sont pas
des subtilités philosophiques, mais des nécessités qui empêchent notre
déchéance dans la dépravation. Ce sont des miroirs que l’on ne devrait jamais
décrocher du mur.
QUI EST AUX COMMANDES ?
Qui ou qu'est-ce qui contrôle l'Esprit universel ? Qui ouvre et ferme le robinet de
l'information ? Pour les chrétiens, c'est Dieu qui crée l'ordre et la forme à partir
du vide indifférencié. Pour les hindous, ce sera l'interaction entre Shakti et Shiva
qui déclenche le processus créatif de l'univers. Pour le physicien David Bohm, il
s’agit d’ordres invisibles, "implicite" et "super-implicite", qui se déploient dans
l'ordre visible "explicite" que nous voyons, touchons, entendons et sentons.20
Dans notre ère d'enchantement quantique, c'est l'interaction des fonctions
d'onde et des observateurs qui produit le monde visible des choses.
77
AU-DELÀ DES MOTS
Dans notre marché moderne des idées, il existe de nombreux modèles parmi
lesquels choisir pour décrire les opérations de la conscience. Tout le monde
semble vanter son candidat préféré. À un moment donné, cependant, toute
discussion sur les mécanismes - qu'il s'agisse d'émergence, d'intrication, de nonlocalité, d'hologrammes, d'ordres implicites ou de tout autre processus - devient
sans objet. Les sages, qui représentent le côté ésotérique des grandes traditions
de sagesse, soutiennent unanimement qu'au fur et à mesure que la
compréhension grandit, toutes les descriptions de l'absolu finissent par être
transcendées. Le nom et la forme, qui sont les principales caractéristiques de
notre existence quotidienne, deviennent obstructifs et n'ont plus guère
d'importance. C'est ainsi que Maître Eckhart, un grand mystique chrétien
allemand du 14ème siècle, a pu proclamer : "Rien n'est aussi semblable à Dieu
que le silence."21
Le père Thomas Keating se fit l'écho d'Eckhart : "Le silence est le premier langage
de Dieu ; tout le reste n'est qu'une mauvaise traduction."22 Dans la tradition
hindoue, Swami Vivekananda déclara : "Le silence du chercheur est la forme de
prière la plus éloquente."23 Et dans le bouddhisme zen, on a cet aphorisme :
"Celui qui parle ne sait pas, et celui qui sait ne parle pas." Mais le silence ne
signifie pas simplement se taire ; cela, une pierre peut le faire. Le silence signifie
qu’un lieu s’est créé, où une forme supérieure de la connaissance peut entrer.
Les mystiques considèrent ce passage au silence comme une condition
préalable à l'union divine : l'absorption totale dans l'Esprit Universel, le Tout,
l'Absolu, la Source. À ce stade, le langage est tout simplement dépassé,
remplacé par l'Être. Quand le neurochirurgien, Eben Alexander accéda à cet état
au cours d’une expérience de mort imminente due à une méningite presque
mortelle, il se contenta de dire : "C'est indescriptible."24 Les merveilles qui se sont
produites et la sagesse qui lui fut accordée se révélèrent sans mots ; le langage
ordinaire était inutile. Ou, comme le dit Maître Eckhart : "Il est dans la nature de
Dieu d'être sans nature."25 Aucune description n'est possible. Aucune description
n'est nécessaire.
78
CHAPITRE 5 : LE SENTIMENT D’ÊTRE OBSERVÉ
Winston Churchill observa un jour à propos de l'un de ses adversaires politiques :
"Il lui arrivait de trébucher sur la vérité, mais il se relevait hâtivement et se
dépêchait de continuer comme si de rien n'était."1 Nos rencontres avec les
phénomènes de l'Esprit universel sont souvent comme ça. Bien qu'ils soient réels
et qu'ils devraient nous faire réfléchir, nous n'y prêtons souvent pas attention.
Prenons par exemple la sensation d'être observé. La plupart des gens ont déjà
vécu cette expérience et en jetant un coup d'œil ou en se retournant, ont
rencontré le regard de l'autre personne. Le biologiste britannique, Rupert
Sheldrake, qui a étudié ce phénomène de manière approfondie, rapporte
qu'entre 70 et 97 % des adultes et des enfants d'Europe et d'Amérique du Nord
ont vécu de telles expériences.2 Le phénomène semble aussi fonctionner dans
l'autre sens : des personnes rapportent avoir amené quelqu'un d'autre à se
retourner et à croiser leur regard en le fixant. De telles expériences se produisent
le plus souvent dans des lieux publics : à l'arrêt à un feu rouge, dans la rue, dans
les bars et les restaurants, etc.
Sheldrake qualifie de "septième sens" la capacité de détecter le regard perçant
d'une personne éloignée. Il suggère que le septième sens englobe également la
télépathie et les prémonitions. Pourquoi un "septième" sens? Sheldrake explique
que ces capacités semblent appartenir à une catégorie différente des cinq sens
normaux et qu'elles diffèrent également de ce que l'on nomme le ‘’sixième’’ sens,
comme la capacité des animaux à détecter des stimuli électriques, magnétiques
et thermiques.3
De nombreuses expériences montrent que des sujets peuvent détecter le regard
d'une personne éloignée, même si celle-ci les observe par un système de
télévision en circuit fermé. La sensation est fréquemment corrélée à une
modification de la conductivité électrique de la peau de la personne observée. Il
semble y avoir une connexion directe d'esprit à esprit entre les deux sujets – une
imbrication de la conscience, une connexion entre des esprits distants, comme si
les deux esprits ne faisaient temporairement qu'un.
Ce phénomène est particulièrement fréquent en temps de guerre. En tant que
chirurgien de bataillon au Vietnam, je côtoyais des fantassins de combat, y
compris des membres des forces spéciales. Beaucoup de ces soldats attribuaient
leur survie à un sens très développé, qui les avertissait qu'ils étaient observés par
des soldats ennemis.
Rupert Sheldrake évoque l'expérience de William Carter, qui dirigeait une
patrouille de Gurkhas lors d'une opération antiterroriste en Malaisie, en 1951.4
La patrouille de Carter tomba sur un campement qui venait d'être abandonné.
Pendant qu'ils inspectaient le site, Carter éprouva l'impression désagréable
d'être observé. Cette impression s'accompagnait d'un profond sentiment de
danger, comme si quelque chose lui bloquait la nuque. Il se retourna pour
apercevoir un soldat ennemi à une vingtaine de mètres, qui pointait son fusil
pour le tuer. Carter sut instantanément que l'un d'eux allait mourir et tira le
premier. Il n’a aucun doute sur l'existence de la sensation d'être épié, et déclare :
"Sans cela, je ne serais pas en vie aujourd'hui."5
L'apparition fréquente du sentiment d'être observé dans des situations de
combat de vie ou de mort suggère que l'une des fonctions de cette capacité est
la survie. Cette hypothèse est logique. Un organisme doté d'une capacité à
percevoir le danger aurait plus de chances de survivre et de produire une
descendance, notre impératif biologique.
Dans une série d'entretiens avec des professionnels qui observent les autres
pour gagner leur vie, comme le personnel de surveillance et la police, Sheldrake
constata que la plupart d'entre eux étaient convaincus de la réalité de ce sens.
Selon eux, certaines personnes semblaient savoir qu'elles étaient observées,
même lorsque les observateurs étaient bien cachés. Les suspects se retournaient
souvent et fixaient le véhicule dans lequel se trouvaient les policiers. Les
détectives sont parfois formés à ne pas fixer trop souvent ou intensément le dos
des personnes qu'ils suivent, afin de ne pas inciter l'individu à se retourner. Ces
précautions sont souvent suivies, même à distance, par exemple lorsque les
suspects sont observés à l'aide de jumelles.
80
Un marine américain raconta à Sheldrake son expérience en tant que tireur
d'élite en Bosnie, en 1995. Lorsqu'il visait des terroristes notoires à travers la
lunette de son fusil, ces individus semblaient savoir qu'il les visait. "Dans la
seconde qui précédait l'exécution, une cible semblait, d'une certaine façon,
établir un contact visuel avec moi. Je suis convaincu que ces gens détectaient,
d'une façon ou d'une autre, ma présence à des distances de plus d'un kilomètre.
Avec une précision troublante, ils fixaient directement mon propre objectif."6
Les photographes de célébrités rapportent des expériences similaires, dit
Sheldrake. Des célébrités photographiées à leur insu à plus d'un kilomètre de
distance se retournent souvent et regardent vers l'objectif de l'appareil. Les
chasseurs et les photographes animaliers rapportent des faits similaires :
l'animal, pour des raisons inconnues, se tourne vers le viseur ou l'appareil photo,
comme s'il lisait dans l'esprit du traqueur.7
Pendant les mois d'été, ici, dans le nord du Nouveau-Mexique, je garde une
mangeoire pour les colibris à l'extérieur de mon bureau. Je conserve des
jumelles sur mon bureau et lorsqu'un colibri se pose sur la mangeoire, je saisis
rapidement les jumelles pour le voir de près. Quasiment toujours, le colibri
s'envole au bout de quelques secondes. Mais si je jette un coup d'œil rapide
sans les jumelles et que je ne laisse pas mon regard reposer sur l'oiseau, il
semble s'attarder à la mangeoire pendant des périodes beaucoup plus longues.
C’est une observation non scientifique, je le sais, mais que j'ai faite à plusieurs
reprises pendant plusieurs années.
Certains propriétaires d'animaux de compagnie confièrent à Rupert Sheldrake
qu'ils croyaient pouvoir réveiller leurs chiens ou leurs chats endormis en les
fixant du regard.8 Beaucoup pensent que leurs animaux de compagnie peuvent
sentir leur regard, même si l'animal ne peut pas voir leurs yeux.9
Ces rapports ne sont-ils que des "histoires" ? Ce sont des histoires, mais elles
sont corroborées par des dizaines d'études de laboratoire et par des expériences
qui démontrent la possibilité de détecter le regard d'un individu distant. Dans
l'ensemble, ces études fournissent des preuves solides concernant la
convergence, l'interaction et la connexion d'esprits distants. Défiant l'hypothèse
81
communément admise suivant laquelle des esprits individuels sont enfermés
dans un cerveau, cette recherche soutient le concept d'un Esprit global, non
localisé dans l'espace et le temps.
Le fait que ces phénomènes se produisent aussi bien chez les animaux que chez
les humains est important. Si une capacité est distribuée dans la nature chez
différentes espèces, cela augmente considérablement la "crédibilité scientifique"
des observations, comme si l'on observait un principe généralisé dans le monde
naturel et non un phénomène isolé.
Parce que nous nous sommes progressivement éloignés de la nature, nous
avons de plus en plus de mal à reconnaître la portée de ces phénomènes. Les
enfants d'aujourd'hui ont beaucoup plus tendance à regarder Animal Planet à la
télévision qu'à s'aventurer dans la nature pour un contact réel avec le monde
sauvage. Comparez cela à l'expérience de nos ancêtres, qui vivaient en contact
intime avec la nature et ses créatures à chaque instant. Ils considéraient comme
acquise la réalité d'une Conscience partagée avec les créatures, grandes et
petites, une Conscience sans limites spatiales ou temporelles : l'Esprit universel,
dont chaque être vivant est une parcelle.
82
CHAPITRE 6 : ÉVOLUTION À L’UNISSON
Chaque printemps et chaque automne, ils se déplaçaient en vastes troupeaux
s'étendant à perte de vue. Nul ne savait réellement combien ils étaient, car ils
étaient innombrables. Les estimations oscillaient entre 50 et 150 millions. Leur
passage provoquait une légère vibration et un profond grondement dans la
terre, qui annonçaient leur venue à tout être vivant se trouvant sur leur chemin.
Ils s'arrêtaient périodiquement pour se reposer et pour se nourrir et se
couchaient la nuit. Puis ils se relevaient à l'aurore pour reprendre leur
progression vers l'horizon, vers des destinations qui les attiraient depuis des
millénaires. Ces animaux, c’était les magnifiques bisons d'Amérique.
Les matins froids, leur souffle formait un énorme nuage givré qui flottait comme
un halo au-dessus de l'immense troupeau — un signe que guettait tous les
chasseurs. Les animaux se déplaçaient comme un organisme unique avec une
volonté unitaire, qui entraînait la mort de beaucoup d'entre eux, puisque chaque
individu ne pouvait plus évaluer prudemment le danger ni jauger les risques,
lorsque l'esprit de groupe était aux commandes. A l’approche d'un cours d’eau,
les animaux de tête s'aventuraient avec hésitation dans l'eau, en tentant de
déceler les trous profonds et invisibles ou les sables mouvants, mais derrière eux,
le troupeau continuait d’avancer en poussant et en bousculant les meneurs vers
des zones de noyade et vers des sables mouvants. Des milliers de bêtes
pouvaient ainsi périr, sacrifiées sur l'autel de la résolution butée d’un colossal
troupeau. Les Amérindiens savaient lire dans l'esprit des bisons. Ils comprenaient
les instincts qui moulaient les masses en un seul organisme et faisaient usage de
cette connaissance pour pousser les bisons du haut de précipices, tels que les
falaises de Chugwater dans le Wyoming et de Palisades dans le Montana.1
La rencontre avec leur nombre impressionnant laissait les hommes sans voix. En
mai 1871, le colonel R. I. Dodge conduisait un chariot de Fort Zarah à Fort
Larned, au bord de la rivière Arkansas, dans le sud-ouest du Kansas. Il tomba sur
l'un des plus vastes rassemblements de grands animaux de la planète, le fameux
troupeau des bisons du sud, qui migrait vers le nord depuis le Texas pour l'herbe
d'été. Sur les 34 miles qui séparaient les forts, 25 s'effectuèrent au sein d'une
"immense couverture brune de bisons", écrivit l'auteure, Mari Sandoz, dans son
ouvrage classique, The Buffalo Hunters. Du haut de Pawnee Rock, Dodge put
observer une masse solide et mobile d'animaux sur une distance de dix miles
dans la plupart des directions. D'autres qui observèrent ce troupeau dirent qu'il
faisait 25 miles de large, probablement 50 miles de profondeur, et qu'il mit cinq
jours pour passer par un point donné. On estime qu'il y avait entre 4 et 12
millions d'animaux dans ce seul troupeau.2
Le troupeau se déplaçait tranquillement à cette occasion. Deux mois plus tôt,
cependant, la rencontre du colonel Dodge avec les bisons avait été différente, et
elle avait failli lui coûter la vie. Par un temps froid et venteux, le groupe de Dodge
établit son camp dans le méandre d'un ruisseau en rapprochant les tentes et les
chariots. Après l’extinction des feux de camp et que tout le monde se soit
endormi à l'exception de la sentinelle, Dodge entendit un grondement faible,
mais profond. Il en comprit rapidement l'origine : un immense troupeau de
bisons qui fonçait droit sur le camp. Il savait que le troupeau devait être séparé,
faute de quoi le campement serait écrasé et tous seraient piétinés. Il héla la
sentinelle et trois autres hommes, et ils se positionnèrent entre les bisons qui
chargeaient et le campement. Quand les animaux se trouvèrent à une trentaine
de mètres, ils commencèrent à tirer le plus rapidement possible et à hurler. Un
animal s'écroula, mais les autres suivaient. Les hommes pouvaient sentir la terre
trembler sous leurs pieds. D'autres animaux tombèrent sous leurs tirs. Alors qu'il
ne semblait plus y avoir aucun espoir, la masse déferlante s'écarta légèrement,
puis davantage, puis obliqua pour éviter les hommes. Elle passa à 10 mètres d'un
côté du campement et à 25 mètres de l'autre. Les hommes endormis se
réveillèrent dans le vacarme et le tumulte des animaux et des coups de feu,
paralysés par la peur et certains d'être condamnés.
Les Amérindiens considéraient les bisons en cavale comme l'un des véritables
périls des plaines. Ils avaient toujours des éclaireurs loin de leurs villages, en
poste ou en mouvement. Ces individus pouvaient déterminer la distance et la
direction d'un troupeau qui fonçait en écoutant attentivement, l'oreille collée au
sol.
Quand les chemins de fer se développèrent à l'ouest, les opérateurs
découvrirent ces dangers sur le tas. Les troupeaux déchaînés fonçaient sur tout
84
ce qui se trouvait sur leur chemin, y compris sur les locomotives et sur les
wagons. Les animaux de tête les percutaient de plein fouet, poussés par ceux qui
étaient derrière, et si beaucoup étaient tués, le train en pâtissait également.
Après que des trains aient déraillé deux fois en une semaine à cause de bisons
qui chargeaient, les machinistes apprirent à s'arrêter à une distance de sécurité
et à laisser passer les animaux.3
Le comportement grégaire du bison n'est bien sûr pas un modèle isolé. On sait
que des mouvements remarquablement coordonnés se produisent dans le
cadre des fameuses migrations des gnous en Afrique, ainsi que chez d'autres
quadrupèdes. Ces modèles ne se limitent pas non plus aux grands mammifères.
Les premiers colons blancs en Amérique mentionnèrent un comportement de
groupe très organisé chez les pigeons voyageurs (Ectopistes migratorius). Le
nom de l'oiseau vient du français passager, qui signifie "passer par". À l'époque
de l'arrivée de Christophe Colomb, on estimait que sur les trois à cinq milliards
d'oiseaux présents dans ce qui allait devenir les États-Unis, un sur quatre était un
pigeon voyageur. Des nuées de volatiles, qui se comptaient par millions,
répandaient suffisamment d'excréments en survolant les villages pour que les
gens soient contraints de rester à l'intérieur. Comme le rapporte l'auteur, Charles
C. Mann, dans son livre, 1491, les oiseaux se nourrissaient de faines, de glands et
de noix sauvages, mais ils aimaient également les céréales comme le blé, l'avoine
et le maïs, et ils détruisaient si souvent les champs que l'évêque du Québec
excommunia officiellement l'espèce en 1703. Les pigeons ne parurent pas s'en
apercevoir et la sanction ne porta pas ses fruits.
Pendant la première partie du 19ème siècle, les pigeons voyageurs étaient
tellement nombreux que peu de gens imaginaient qu'il était possible de les
exterminer. En 1850, néanmoins, il y avait nettement moins de pigeons
voyageurs. Quelques défenseurs de l'environnement comprirent qu'une
tragédie se préparait, mais leurs efforts pour l'empêcher échouèrent. Le dernier
pigeon voyageur connu, Martha, qui devait son nom à Martha Washington,
expira le 1er septembre 1914 au zoo de Cincinnati. Son corps fut congelé dans
un bloc de glace, puis expédié à la Smithsonian Institution, où il fut dépecé et
85
conservé. Martha se trouve encore dans les archives du musée, mais n'est pas
présentée au public.
Le centenaire de l'extinction du pigeon voyageur aura lieu en 2014. Certaines
organisations, comme celle du Projet Pigeon voyageur, se préparent à
commémorer l'événement "par le biais d'un large éventail de programmes
locaux et internationaux, d'expositions, de formations et d'autres activités
amusantes pour les personnes de tous âges."4 Le but principal de cette
association est de sensibiliser les gens à la manière dont une telle catastrophe
pourrait être évitée à l'avenir.
L’un des oiseaux les plus doués en matière de comportement de groupe est
l'étourneau sansonnet, dont les mouvements acrobatiques en grandes nuées
constituent un genre de ballet aérien. En Angleterre, durant les mois d'hiver, des
milliers d'étourneaux reviennent le soir après leur quête de nourriture à Otmoor,
une zone humide herbeuse de 200 hectares dans le sud-est de l'Angleterre. De
petites troupes fusionnent pour constituer de plus grandes nuées appelées
murmurations et elles se mettent alors à tourbillonner et à tournoyer en créant
des figures qui comptent parmi les plus élégantes de la nature.5
D’énormes bancs de poissons, comme les harengs, présentent également un
comportement de groupe similaire en virevoltant à l'unisson, particulièrement
lorsqu'ils sont poursuivis par des prédateurs.
Lorsque des créatures témoignent d'un comportement de groupe, agissent-elles
de manière irréfléchie et aveugle, ou cela implique-t-il quelque chose de plus ?
Lorsqu'un éléphant meurt, le troupeau se rassemble souvent autour de l'animal
mort, et il peut s'attarder pendant des jours, en se comportant comme s'il
éprouvait un chagrin et un deuil réels. Il arrive même que des membres du
troupeau ensevelissent l'animal mort avant de continuer leur chemin et de
revenir plus tard sur les lieux de la mort pour vénérer les ossements. Des
comportements ont également été observés chez des chiens, des chevaux et des
gorilles, qui impressionnent les éthologues, en tant qu'expériences de deuil
86
authentiques, et qui sont décrits par David Alderton dans son livre Animal Grief :
How Animals Mourn.
Dans un récit qui évoque les obsèques d'une pie, une volée d'une quarantaine
de volatiles se rassembla autour d'une pie, qui avait été tuée sur une route.
Lorsque la voiture qui avait tué l'oiseau repassa par-là, le groupe de pies se
précipita sur elle et la força presque à quitter la route.6
Dans un exemple similaire, un homme abattit un corbeau qui lui volait des œufs.
En quelques jours, sa maison fut assiégée par une trentaine de corbeaux qui
l'encerclèrent pendant plusieurs jours. L'homme renonça définitivement à la
chasse.7
L’INTELLIGENCE EN ESSAIM OU DISTRIBUÉE
Comment des quantités d'animaux, d'oiseaux et de poissons parviennent-ils à
agir de manière concertée et coordonnée, comme si le groupe constituait une
seule entité ? L'idée la plus connue est l'"intelligence en essaim" ou la "théorie
des essaims", introduite dans les années 1980 par des chercheurs en intelligence
artificielle et en robotique. Selon ce concept, les unités individuelles d'un groupe
interagissent localement les unes avec les autres et avec leur environnement.
Bien qu'il n'y ait pas de contrôle centralisé dictant le comportement des
individus, les interactions locales et souvent aléatoires entre les individus
conduisent en quelque sorte à l'émergence d'un comportement de groupe
intelligent. En d'autres termes, l'individu n'est pas particulièrement intelligent,
mais le groupe l'est. La théorie des essaims s'applique à des phénomènes
naturels, tels que les troupeaux d'animaux, les nuées d'oiseaux, les bancs de
poissons, les colonies de fourmis et de termites, les ruches d'abeilles et la
croissance bactérienne.8 La théorie des essaims a des applications pratiques. Elle
peut servir à déterminer la meilleure façon de délivrer des billets et d'embarquer
des passagers dans des avions commerciaux, d'affecter des arrivées d'avions à
des portes d'aéroport et de faire circuler des camions de la manière la plus
efficace possible. Les scientifiques ont développé des logiciels pour des groupes
ou pour des "essaims" de robots, en utilisant des règles simples qui imitent le
87
comportement des essaims d'insectes. L'objectif est d'utiliser des robots pour
procéder intelligemment à des opérations dangereuses de déminage, de
recherche et de sauvetage, qui mettraient en danger les premiers intervenants
humains. Selon les scientifiques, des essaims de robots pourraient un jour
explorer la surface de Mars.9
Quand des animaux, des oiseaux, des poissons ou des insectes se déplacent
massivement, comment font-ils ? Si aucun des harengs d'un banc ne saisit la
situation dans son ensemble, comment font-ils pour changer de direction en un
éclair, comme une seule entité ? Selon les théoriciens de l'essaim, un des
éléments clés est que personne n'est responsable. Il n'y a pas de "général" qui
donne des ordres, qui prendraient du temps pour être communiqués au
troupeau, à la nuée, au banc ou à la ruche. Au lieu d'ordres venant d'en haut ou
de la tête, le comportement complexe est coordonné par des règles
relativement simples.
En 1986, Craig Reynolds, un chercheur en infographie, imagina un programme
simple qu'il baptisa "boids"1 pour explorer ce que pourraient être ces règles.
Dans sa simulation, des objets génériques semblables à des oiseaux, les boids,
recevaient chacun trois instructions : (1) ne pas bousculer ses voisins, (2) voler
dans la direction moyenne par rapport à ses voisins, et (3) rester à proximité de
ceux-ci. Quand il exécuta le programme sur un écran d'ordinateur, il obtint une
simulation frappante des mouvements imprévisibles et très réels observés dans
les nuées d'oiseaux.10
Mais pourquoi les créatures suivent-elles ces lignes directrices et pourquoi
constituent-elles d'immenses troupeaux, nuées, bancs ou ruches ? La réponse
courante en biologie est qu'il y a un avantage à agir ainsi pour la survie. Un
grand groupe d'animaux, d'oiseaux ou de poissons a davantage d'yeux pour
repérer les prédateurs. En cas d'attaque, ils peuvent confondre le prédateur par
des mouvements de masse bien coordonnés. Une masse d'individus offre un
avantage pour localiser un partenaire, trouver de la nourriture ou suivre une
route de migration. En tant que membre d'un groupe, chaque individu a
1
Le mot boid est une contraction de l’anglais bird-oid (qui a la forme d'un oiseau).
88
davantage de chances de rester en vie et de se reproduire que s'il est isolé et
seul.
Ah, si tout était si simple ! Même parmi les scientifiques qui s'intéressent à
l'intelligence de l’essaim, ces événements "semblent encore miraculeux, même
pour les biologistes qui les connaissent le mieux", selon Peter Miller, rédacteur
au National Geographic. Les biologistes qui vivent dans la nature pendant de
longues périodes et observent de près les créatures ont souvent le sentiment
tenace que les belles formulations de la théorie de l’essaim ignorent quelque
chose.
En 2003, pendant cinq mois, des biologistes de la faune sauvage, Karsten Heuer
et son épouse, Leanne Allison, suivirent la harde de caribous de la Porcupine,
comptant 123 000 animaux sur plus de 1600 km, lors de sa migration depuis son
aire d'hivernage dans le nord du territoire du Yukon, au Canada, jusqu'à son aire
de mise bas dans le National Wildlife Refuge de l'Alaska.11 "C'est difficile à
décrire avec des mots, mais quand le troupeau était en mouvement, il
ressemblait beaucoup à l'ombre d'un nuage qui passe au-dessus du paysage, ou
à une masse de dominos basculant en même temps et changeant de direction",
déclara Heuer. Un domino heurtant le suivant, une succession de dominos qui
basculeraient les uns après les autres : la cause à effet classique ? Pas
exactement. Heuer poursuivit : "C'était comme si chaque animal savait ce que
son voisin allait faire, et le voisin d'à côté et celui d'à côté. Il n'y avait aucune
anticipation, ni aucune réaction. Pas de cause à effet. C'était comme ça."12
Ce genre de propos rend fous les biologistes. Il n'y a pas de place dans la
biologie classique pour cette ''simple connaissance'', qui court-circuite la cause à
effet. Ce qui se rapproche le plus de cette "simple connaissance" pour les
biologistes, c'est l'idée d'instinct, c'est-à-dire l'inclination inhérente d'un
organisme vivant à adopter un comportement particulier. Ces schémas d'action
fixes ne reposent pas sur l'apprentissage, mais sont hérités. La plupart des
théoriciens croient que les informations qui régissent le comportement instinctif
sont câblées dans le système nerveux de l'individu, qu'elles sont contenues dans
l'ADN des parents et transmises des parents à la progéniture. L'ADN est la
cause ; le comportement instinctif est l'effet.
89
L'intelligence en essaim et les instincts sont sensés jusqu'à ce que l'on
commence à examiner les petites exceptions qui ne concordent pas, comme ces
observations "sans cause à effet" d'éthologues, comme Heuer et Allison. Je
suggère la possibilité d'une intelligence collective - d'un Esprit universel qui ne
dépend pas de l'information sensorielle – et qui pourrait opérer dans les
troupeaux d'animaux, les nuées d'oiseaux et les bancs de poissons.
UN ESPRIT DE GROUPE ?
Ainsi que nous l'avons vu, les biologistes ont tenté d'expliquer le comportement
de groupe des troupeaux, des hardes, des nuées et des bancs par des
informations sensorielles captées par un animal auprès de son voisin immédiat,
ce processus s'étendant à l'entièreté du groupe. Une telle explication élimine la
nécessité d'une quelconque intelligence de groupe, ou du moins c'est ce que
l'on dit. Mais il y a des problèmes avec les modèles informatisés, comme les
boids de Reynolds. Comme le précise le biologiste britannique, Rupert
Sheldrake, ce qui se passe sur un écran plat d'ordinateur n'a que peu de rapport
avec le comportement de véritables nuées d'oiseaux en trois dimensions. Les
modèles bidimensionnels, dit Sheldrake, sont "biologiquement naïfs".13
En 1984, le biologiste, Wayne Potts, de l'Université de l'Utah, filma les
mouvements virevoltants de grandes nuées de bécasseaux variables, des petits
échassiers de rivage, au-dessus de Puget Sound, dans l'État de Washington.14 Il
constata que tout bouleversement dans l'orientation, d'un voisin à l'autre,
pouvait s'opérer en 15 millièmes de seconde. Ces changements pouvaient être
provoqués par des oiseaux isolés ou par de petits groupes localisés n'importe où
dans la nuée, et se propager sous la forme d'une onde quasi-simultanée dans
toute la nuée. Potts testa plus tard les bécasseaux en laboratoire pour voir à
quelle vitesse ils répondraient à un stimulus. Il trouva qu'en moyenne, il fallait 38
millièmes de seconde à un oiseau pour déclencher une réaction de sursaut face
à un éclair de lumière. Cela signifie qu'ils ne pouvaient pas se baser sur des
indications visuelles de la part de leurs voisins pour changer d’orientation en vol
beaucoup plus rapidement que le temps de réaction prouvé expérimentalement.
Potts conclut néanmoins que les oiseaux individuels réagissaient bien
90
visuellement, non pas à leurs voisins, mais à ce qu'il qualifia d’onde directrice
traversant toute la nuée. Pour Potts, "ces vitesses de propagation semblent se
produire à peu près de la même manière que dans une chorégraphie humaine :
les individus observent l'onde directrice qui s'approche et synchronisent leur
propre exécution pour coïncider avec son arrivée". C’est peu probable, d’après
Sheldrake. Les participants à une chorégraphie voient ce qui se passe devant ou
à côté d'eux, mais pas ce qui se passe derrière eux. Pour que le modèle de la
chorégraphie fonctionne au sein d'une nuée, il faudrait que les oiseaux fassent
preuve d'une attention visuelle quasiment constante, à 360 degrés, ce qui n'est
pas le cas. Comment pourraient-ils réagir quasiment instantanément aux vagues
qui s'approchent d'eux par l'arrière ? Il leur faudrait des yeux à l'arrière de la tête.
Or aucun oiseau, dit Sheldrake, ne possède une vision à 360 degrés, qu'ils aient
leurs yeux à l'avant de la tête, comme les hiboux, ou sur le côté, comme les oies,
les canards, les bécasseaux variables et les étourneaux.
Que pourrait-il se passer d'autre ? "Depuis des décennies, des naturalistes
spéculent sur le fait que les changements de direction dans les nuées d'oiseaux
se produisent si rapidement qu'ils semblent dépendre d'une pensée collective
ou de la télépathie", explique Sheldrake. "Ma propre hypothèse, c’est que les
nuées d'oiseaux sont effectivement organisées de manière télépathique via des
champs, les champs morphiques".15 Sheldrake examine la nature des champs
morphiques dans ses livres novateurs, Une nouvelle science de la vie, La
mémoire de l'univers et Le septième sens. Selon son hypothèse, les champs
morphiques constituent de vastes champs d'influence qui modèlent le
comportement et la pensée. Ils opèrent de manière non locale,
indépendamment de l'espace ou du temps. Ils se sont formés au cours de la
longue évolution et de la sélection naturelle. Les champs morphiques n'excluent
pas l'importance de la vision ou de tout autre sens physique dans les nuées
d'oiseaux ou dans le comportement de groupe de toute autre créature ; c'est
simplement que la vision seule, ou que tout autre sens physique, ne peut pas
expliquer la coordination des mouvements du groupe.
On a aussi développé des modèles informatiques bidimensionnels qui
ressemblent à des boids pour expliquer les mouvements coordonnés des bancs
de poissons qui, de loin, ressemblent à un seul et même organisme. Leur
91
comportement le plus spectaculaire est la fameuse expansion éclair, au cours de
laquelle le banc explose vers l'extérieur, lorsqu'il est attaqué par un prédateur,
chaque poisson fuyant le centre. Une telle expansion peut se produire en
l'espace de 20 millisecondes seulement, note Sheldrake. Là encore, il n'y a pas
d'explication sensorielle simple à ce phénomène, puisqu’il est trop rapide pour
que les impulsions nerveuses passent de l'œil du poisson à son cerveau, puis à
ses muscles.
En outre, les poissons se rassemblent en bancs la nuit, de sorte que la vision ne
peut pas être essentielle. Même lorsque des poissons ont été temporairement
rendus aveugles par des lentilles de contact opaques au cours d'expériences en
laboratoire, ils sont restés capables de rejoindre le banc et d'y maintenir leur
position. Les modèles informatiques ont également utilisé les variations de
pression dans l'eau. Les variations de pression sont détectées par des organes
sensibles à la pression, des lignes latérales qui courent le long du corps du
poisson. Même quand les lignes latérales ont été sectionnées au niveau des
ouïes, les poissons continuent à évoluer normalement en banc.
Sheldrake relève des éléments qui suggèrent qu'une intelligence de groupe non
sensorielle, semblable à un champ, est nécessaire pour expliquer les
comportements organisés, non seulement des nuées d'oiseaux et des bancs de
poissons, mais également des insectes sociaux, tels que les termites, les guêpes
et les abeilles, des troupeaux fuyant un danger, des loups en expédition de
chasse, et des foules humaines, des équipes sportives ou des groupes familiaux.
Selon lui, les champs morphiques ont évolué au cours d’une longue période
pour permettre aux membres d'un groupe de communiquer au-delà de leurs
sens habituels.
"C'est dans les champs morphiques des groupes sociaux que nous trouvons la
base évolutive de la télépathie", note Sheldrake. La télépathie peut bien être
tournée en dérision par les matérialistes purs et durs, mais selon Sheldrake, il n'y
a rien de troublant là-dedans. Le phénomène pourrait même être prévisible. La
communication non sensorielle est une capacité que toute créature peut
développer dans un monde hostile, parce que, tout simplement, elle a une valeur
de survie. Parce qu'elle contribue à la survie et donc à la procréation, elle
92
pourrait être incorporée dans la structure génétique d'une créature, de sorte
qu'avec le temps, elle pourrait être utilisée par l'ensemble de l'espèce. Une telle
capacité évoluerait presque certainement à un niveau inconscient, parce que
l'analyse consciente et la prise de décision nécessitent un temps précieux, qui
pourrait être fatal, dans l'évitement d'un prédateur. Cela suggère que la
télépathie ou que la conscience non locale pourrait être présente
inconsciemment chez presque tous les humains, à un certain degré. Même chez
les sceptiques.
Les champs morphiques de Sheldrake confèrent une structure et une spécificité
à 1'Esprit universel. Les champs morphiques peuvent être spécifiques à une
espèce, puisqu’ils ont évolué sous la pression de l'évolution pour s'adapter aux
besoins de certaines créatures et pas à d'autres. Ainsi, les champs morphiques
des nuées d'étourneaux diffèrent de ceux des bancs de poissons. Des insectes
sociaux, comme les termites ont leurs propres champs morphiques. Ils savent
construire des nids élaborés qui peuvent atteindre trois mètres de haut, avec des
galeries, des chambres et des puits d'aération d'une énorme complexité. Même
si le plan d'ensemble de la structure peut difficilement être saisi par un seul
termite, la colonie le connaît dans son ensemble. Les essaims de guêpes et
d'abeilles construisent des structures elles aussi complexes, mais différemment,
peut-être guidées non seulement par un champ morphique généralisable aux
insectes, mais par un champ morphique plus spécifique aux guêpes ou aux
abeilles.
Mais l'Esprit unitaire n'est pas entièrement spécifique à une espèce ; des
informations peuvent "sauter d'une espèce à l'autre", pour ainsi dire. Les
recouvrements sont fréquents. C’est ainsi que nous assistons non seulement à
l'échange non local de pensées et d'intentions entre des parents et des enfants,
des jumeaux, des amoureux, des thérapeutes et leurs clients, mais aussi entre
des créatures très différentes, comme quand, par exemple, des animaux perdus
reviennent vers leurs propriétaires humains en franchissant de grandes étendues
inconnues et des obstacles incroyables, et ce, inexplicablement par des repères
sensoriels ou la mémoire.
93
L'empathie, la compassion, la sollicitude et l'amour sont souvent les lubrifiants
de la communication à distance chez l'homme, et peut-être également chez
d'autres créatures. Comme le dit Sheldrake, "la télépathie est un aspect du
septième sens qui permet aux membres d'un groupe de réagir aux mouvements
et aux activités des autres, et de répondre à leurs émotions, à leurs besoins et à
leurs intentions. Les sentiments communiqués par télépathie englobent la peur,
l'alarme, l'excitation, les appels à l'aide, les appels à se rendre à un endroit
particulier, l'anticipation d'arrivées ou de départs, la détresse et la mort", note
Sheldrake.16
Comme exemple de communication inter-espèces à distance manifeste,
Sheldrake mentionne la reine Elizabeth, notoirement férue d'animaux.
L'entraînement de ses chiens de chasse à Sandringham, son domaine dans le
Norfolk, est l'un de ses loisirs préférés. Le personnel de Sandringham affirme
qu'il n'a pas besoin d'être prévenu de l'arrivée imminente de la reine, car les
chiens le font. "Tous les chiens du chenil se mettent à aboyer, dès qu'elle arrive
au portail, qui se trouve à 800 mètres de là", explique Bill Meldrum, le gardechasse en chef. "Nous ignorons comment ils peuvent le savoir, et ils ne le font
avec personne d'autre."17
Ce constat nous conduit directement à l'exploration de la connexion du
septième sens entre les animaux et les humains.
94
CHAPITRE 7 : L’ESPRIT COMMUN DES ANIMAUX ET DES
HOMMES
Les intelligences des hommes et des animaux peuvent-elles s'unir dans l'Esprit
universel ?
Lyall Watson, le biologiste, éthologue et aventurier sud-africain, dont les livres
m'ont nourri pendant des années, écrivit :
"Je pense qu'il pourrait bien y avoir une circulation de schémas ou d'instructions,
qui franchit les barrières entre les espèces et qui permet même à des organismes
radicalement différents d'emprunter les idées des uns et des autres.... Comme
biologiste, je suis parfois conscient – surtout quand je suis immergé dans un
cycle naturel - d'une sorte de Conscience intemporelle, illimitée par l'espace ou
par les limites de ma propre identité. Dans cet état, je perçois les choses très
clairement et je suis capable d'acquérir des informations presque par osmose. Je
me retrouve, dans ces moments-là, avec des connaissances qui proviennent
directement du fait que je fais partie de quelque chose de beaucoup plus vaste,
une sorte d'écologie globale de l'esprit. Et l'expérience qui en découle est
littéralement merveilleuse.1
De nombreux éléments tendent à prouver que Watson a raison : en ce qui
concerne la conscience, les frontières entre les espèces ne sont pas
fondamentales.
BOBBIE, LE COLLIE
Dans les années 1920, un chien de deux ans appelé Bobbie, un collie avec un peu
de chien de berger anglais, fit sensation dans tout le pays. Ses propriétaires, M.
et Mme Frank Brazier, des restaurateurs de Silverton, dans l'Oregon, étaient en
vacances dans l'Indiana, lorsque Bobbie disparut. En dépit d'efforts intenses
pour retrouver le chien, les Brazier ne réussiront pas. Le cœur brisé, ils reprirent
la route vers l'ouest, sans aucun espoir de le revoir. Six mois plus tard, Bobbie
réapparut, tout émacié, dans le restaurant familial de l'Oregon. Il monta au
deuxième étage, grimpa sur le lit et réveilla Frank Brazier en lui léchant le visage.
Personne n'arrivait à le croire. Quand le Silverton Appeal publia l'histoire, celle-ci
se répandit comme une traînée de poudre dans les journaux de tout le pays.
L'Oregon Humane Society mena une enquête pour vérifier les dires des Brazier.
En interrogeant des personnes, elle fut en mesure de reconstituer l'itinéraire de
Bobbie jusqu'à son domicile, qu'elle chiffra à environ 4 500 km, dont une grande
partie au cœur de l'hiver. Bobbie ne suivit pas la route de ses maîtres vers
l'Oregon, mais se déplaça plus indirectement sur un terrain qu'il n'avait jamais vu
et qu'il n'aurait pas pu connaître. Il ne s'agissait pas non plus d'un sosie, car ses
propriétaires purent confirmer son identité grâce à plusieurs marques et
cicatrices uniques.
La célébrité suivit. Bobbie reçut des médailles, un collier en or et des cadeaux
d'Angleterre, de France, d'Australie et d'Amérique. Il reçut une clé de la ville de
Vancouver, en Colombie-Britannique. Le Conseil des agents immobiliers de
Portland lui offrit un bungalow miniature entièrement équipé pour son foyer.
L'écrivain Charles Alexander lui consacra un livre, Bobbie : A Great Collie, publié
par Dodd, Mead, and Company, en 1926.2 Bobbie joua son propre rôle dans un
film muet, The Call of the West, dont une bobine se trouve dans les archives de
la bibliothèque de l'Oregon Historical Society Research. Après sa mort, en 1927,
Bobbie fut enterré avec les honneurs à l'Oregon Humane Society. Le maire de
Portland prononça l'éloge funèbre. Une semaine plus tard, Rintintin, le berger
allemand qui était la star de 23 films hollywoodiens, déposa une couronne sur sa
tombe, au nom d'un chien.3
J’ai eu l’opportunité, au fil des ans, de discuter avec de nombreux publics à
propos du phénomène de la connaissance à distance ou non locale, et j'utilise
fréquemment comme exemple des animaux qui retournent à la maison. Je
constate que l'explication qui revient le plus chez les critiques pour le cas de
Bobbie et d'autres cas similaires est un sens de l'odorat très développé. Cette
question fut abordée au cours d'une conférence que je donnais à la Smithsonian
Institution, à Washington, où je fus interrompu par les commentaires d'un
homme dans l'auditoire. "Ce sont des phéromones !", lança-t-il avec assurance.
96
"Le chien a senti des phéromones émises par ses maîtres dans l'Oregon. Les
vents dominants soufflent d'ouest en est. Le chien a simplement suivi ce signal
chimique jusqu'en Oregon". Les phéromones sont des substances chimiques qui
sont produites par les mammifères et par les insectes, et qui sont disséminées
en concentrations infimes dans l'environnement, en jouant un rôle dans
l'attirance sexuelle entre les membres d'une même espèce.
"À près de 4 500 km ?", demandai-je. "Et entre des membres d'espèces
différentes ? Vous ne pensez pas qu'elles se dilueraient joliment sur plus de
4 500 km ?" Un autre homme dans l'assistance intervint pour avancer une autre
explication. "C'est une pure coïncidence", déclara-t-il, sans la moindre ironie. "Le
chien a retrouvé la maison dans l'Oregon grâce à un coup de bol extraordinaire".
"Il y a pas mal de maisons à l'ouest de l'Indiana", répondis-je. " La probabilité de
ne pas pouvoir retrouver la bonne maison par hasard est extrêmement élevée."
Les deux hommes affichaient une confiance absolue dans leurs suggestions et ils
restèrent de marbre face à mes commentaires. Cela me rappela que de
nombreuses personnes préfèreront n'importe quelle explication à une
communication d'esprit à esprit, même si leurs alternatives sont peu plausibles
ou statistiquement improbables.2
Comment Bobbie retrouva-t-il le chemin de la maison en traversant 4500 km de
terrain inconnu ? L'hypothèse de l'Esprit universel suggère que l'esprit de
l'animal et que celui de ses maîtres font partie d'un Esprit plus vaste, qui autorise
la circulation d'informations entre eux. Si le propriétaire de Bobbie savait
comment rentrer chez lui, un tel savoir était tout autant accessible pour Bobbie.
Il n'y avait pas deux esprits séparés qui communiquaient l'un avec l'autre, mais
essentiellement un seul Esprit. Un tel partage, que ce soit entre humains ou entre
animaux et humains, est presque toujours associé à de l'amour, de la
bienveillance et de la compassion. Ce processus permit à Bobbie de "rentrer
chez lui", un peu comme un avion de ligne qui suit un signal radio vers un
aéroport éloigné, à la différence près qu'aucun signal électronique n'était
2
Je ne sais pas quelle est la probabilité, mais toujours est-il qu’à la seconde même ou j’ai traduit ces mots, deux
tourterelles sont venues se positionner devant la baie vitrée de la véranda où je travaillais, soit à environ un
mètre de moi, pour me regarder dans les yeux, avant de repartir calmement au bout de quelques secondes,
NDT.
97
impliqué dans le cas de Bobbie et qu'il n'y a pas besoin d'un relais émotionnel
dans le cas de l'avion de ligne et de l'aéroport.
Le cas de Bobbie n'est pas unique. De nombreux cas suggèrent l'existence d'un
lien entre l'homme et l'animal, qui transcende l'espace et le temps, un lien qu'il
est difficile de rompre, même lorsque l'on fait tout pour y parvenir. Minosch, un
chat allemand, aurait parcouru près de 2 500 km en 61 jours pour rentrer chez
lui, après avoir été séparé de sa famille en vacances.4 Des milliers de cas
similaires ont été rapportés. On peut sans doute considérer que certains de ces
cas concernent des animaux qui se ressemblent, mais ce n'est pas le cas de tous ;
souvent, l'animal qui revient a son collier et sa plaque d'identification d'origine,
et peut être identifié par des marques distinctives.
Les cas où l'animal qui revient semblent répondre aux besoins physiques et
émotionnels d'une personne éloignée sont particulièrement fascinants. Il y a par
exemple celui d'un soldat irlandais de la Première Guerre mondiale, dont la
femme et le petit chien, Prince, vinrent s'installer à Hammersmith, à Londres, en
1914, pendant qu'il était envoyé avec l'un des premiers contingents sur les
champs de bataille de France. Après avoir servi là-bas pendant un certain temps,
il obtint une permission pour rendre visite à sa famille, mais après la fin de sa
permission, Prince était complètement inconsolable et refusait toute nourriture.
Puis le chien disparut. Pendant dix jours, sa femme tenta désespérément de le
retrouver, mais en vain. Finalement, elle décida d'annoncer la nouvelle dans une
lettre à son mari.
Elle fut stupéfaite d'apprendre que le chien l'avait rejoint dans les tranchées
d'Armentières, sous un bombardement intense. D’une manière ou d’une autre,
Prince s’était frayé un chemin à travers les rues de Londres et 110 km de
campagne anglaise, avait traversé la Manche clandestinement, parcouru une
centaine de kilomètres sur le sol français, pour ensuite "retrouver son maître au
milieu d'une armée d'un demi-million d'Anglais, et ce malgré le fait que les
derniers kilomètres intermédiaires étaient sous le feu des obus qui éclataient, et
dont beaucoup étaient chargés de gaz lacrymogène."5
98
PLUS QUE DES COÏNCIDENCES
Les Drs J. B. Rhine et Sally Rhine Feather, qui travaillaient alors à l'université de
Duke6, décrivirent dans leur étude classique sur des cas similaires à celui de
Bobbie cinq catégories de comportement animal qui suggèrent l'existence d'une
sorte de connaissance non locale, à distance :
1. La réaction à un danger imminent menaçant l’animal ou son maître
2. La réaction à la mort du maître dans un endroit éloigné
3. L'anticipation du retour du maître
4. L’orientation et le retour au foyer
5. Le pistage (retrouver son propriétaire en terrain inconnu et parfois dans un
lieu inconnu jusqu'alors)
Parmi ces catégories, la plus étonnante est peut-être celle du pistage. Pour
prouver ce phénomène, quatre critères majeurs furent retenus :
1. La fiabilité des témoins
2. L'identification formelle de l'animal, par exemple à l’aide d'une malformation,
d'une cicatrice ou d'une étiquette d'identification
3. La crédibilité et la cohérence des détails du cas
4. Des preuves concordantes, comme d’autres témoins
Rhine et Feather relevèrent 54 cas de chiens, de chats et d'oiseaux qui
répondaient à ces critères.
Certains accomplissements des animaux sont tellement stupéfiants que c'est
presque une garantie qu'ils seront ignorés par les sceptiques des formes de
conscience extra-cérébrales. Prenons l'exemple de ce qui s'est passé dans un
concours de pigeons en Europe, en juin 1995. Un pigeon femelle appartenant à
David Dougal, du Northumberland, en Angleterre, était censé s'envoler de
Beauvois, en France, pour rejoindre son domicile. Au lieu de cela, il se dirigea
vers le sud-ouest, vers la côte de l'Afrique du Nord, et se posa dans un
pigeonnier appartenant à Essoli Mohamed, au Maroc. En octobre, un deuxième
oiseau, neveu du premier, quitta également le domicile de Dougal et parcourut
99
les 2 600 kilomètres qui le séparaient de sa tante. "Je ne pouvais pas le croire,
lorsque j'ai reçu une autre lettre d'Essoli", dit Dougal. "Lorsque le premier oiseau
a disparu, nous n'avons pas été très surpris, car la course s'est déroulée dans des
conditions météorologiques déplorables, ce qui affecte le sens de l'orientation
de l'oiseau. Mais nous n'avons aucune explication pour le neveu. Il n'avait que
quelques semaines et il venait d'apprendre à voler". Dougal fut tellement étonné
que le deuxième oiseau ait été capable de localiser le foyer d'adoption de sa
tante parmi tous les autres pigeonniers du monde, qu'il permit aux deux oiseaux
de demeurer au Maroc.7
Le légendaire J. B. Rhine déclara que ce genre de choses nécessitait des pouvoirs
psi bien plus importants que ceux dont les êtres humains ont jamais fait preuve.8
C'est aussi le genre de choses qui pousse les sceptiques à se précipiter vers les
"coïncidences" avec le désespoir d'hommes en train de se noyer qui s'accrochent
à des fétus de paille.
Parfois, c'est le propriétaire qui retourne chez lui, et non l'animal. Sheldrake
démontra de manière convaincante que les animaux de compagnie semblent
savoir quand leurs maîtres reviennent. Il passa cinq ans à réaliser des expériences
méticuleuses qui confirment ce que de nombreux propriétaires d'animaux
croient, à savoir qu'il existe un lien entre l'homme et l'animal qui fonctionne à
distance, à la fois dans l'espace et dans le temps. Même lorsque
l'expérimentateur essaya de piéger les chiens en variant l'heure de retour du
propriétaire ou le moyen de transport, par exemple en taxi, les chiens
paraissaient toujours savoir et être en alerte en se tenant à la porte ou à la
fenêtre, quelques minutes avant que le propriétaire ne se montre. Cela se
produisait même lorsque personne à la maison ne connaissait l'heure du retour
du propriétaire. Les découvertes de Sheldrake ont fait l'objet d'un livre
provocateur intitulé Ces chiens qui attendent leur maître et autres pouvoirs
inexpliqués des animaux.9
Les chiens peuvent également savoir quand leurs maîtres ne rentrent pas à la
maison. Dans leur livre, The Haunting of the Presidents, Joel Martin et William J.
Birnes signalent que juste avant l'assassinat du président Abraham Lincoln au
théâtre Ford de Washington, dans la soirée du 14 avril 1865, le chien de Lincoln
100
commença à s'affoler, "pratiquement au moment où le rideau se levait au
théâtre Ford… Cet animal, d'ordinaire calme et paisible, se mit inexplicablement
à aboyer de manière incontrôlée, comme s'il était pris d'une peur soudaine pour
sa vie, et se mit à courir désespérément autour des appartements familiaux pour
retrouver son maître, le président". Personne ne sut calmer le chien ; aucun
membre du personnel de la Maison Blanche ne put tranquilliser l'animal. Le
chien continua à courir dans les couloirs jusqu'à ce qu'il s'arrête, rejette la tête en
arrière et se mette à gémir. Tout le monde pensait que quelque chose de terrible
s'était produit et que le président était en danger.
VALIDITÉ ÉCOLOGIQUE
Les animaux sont souvent étudiés en laboratoire, mais le laboratoire n'est pas
leur habitat naturel. Dès lors, il n'est pas étonnant que les laboratoires puissent
inhiber ou étouffer les manifestations de l'Esprit universel chez les animaux.
Comme le dit Susan J. Armstrong, professeure de philosophie et d'études
féministes à l'université d'État de Humboldt en Californie, qui a beaucoup écrit
sur les phénomènes psi chez les animaux : "Il est possible que les phénomènes
psi soient en fait réfrénés par des environnements analytiques stériles et
étroitement contrôlés."10 La validité écologique est une expression souvent
utilisée pour décrire le point de vue d'Armstrong. Elle signifie que la recherche
est menée de manière à ne pas fausser la façon dont le phénomène étudié se
produit dans la vie réelle.
Armstrong est convaincue de la valeur que peuvent avoir non seulement les
expérimentations formelles, mais aussi les simples observations et les rapports
de cas. "Les preuves expérimentales et non expérimentales peuvent se soutenir
mutuellement", écrivit-elle. "L'abondance même de ces rapports est frappante.
Cette abondance peut être considérée comme atténuant les déficiences des
rapports individuels."11
Armstrong fournit un exemple personnel de la façon dont les liens émotionnels
entre les humains et les autres espèces peuvent fonctionner à distance. À la fin
des années 1970, elle avait comme animaux de compagnie un cocker et deux
101
perruches. Elle avait pour habitude de laisser les perruches voler librement dans
le salon, puisque rien n'indiquait que le chien leur ferait du mal. Mais un aprèsmidi, alors qu'elle était sortie jardiner, elle ressentit brusquement un sentiment
d'une violence inouïe, une émotion inexprimable par des mots. Elle se rua à
l'intérieur pour découvrir que son chien venait de tuer l'une des perruches et
qu’il lui arrachait les plumes pour la manger.12
PENSÉES PARTAGÉES ?
Les propriétaires de chiens et de chats mentionnent souvent que leur animal de
compagnie peut détecter leur humeur. De nombreux propriétaires d'animaux
vont plus loin et affirment que leur animal peut parfois détecter leurs pensées et
leurs intentions. Une enquête menée par Rupert Sheldrake auprès de
propriétaires d'animaux de compagnie dans le nord-ouest de l'Angleterre révéla
que 53 % des propriétaires de chiens et 33 % des propriétaires de chats
pensaient que leur animal réagissait à leurs pensées ou à leurs ordres silencieux,
et que des pourcentages similaires pensaient que leur animal était parfois
télépathe avec eux.13 On peut citer l'exemple de la réalisatrice de documentaires
néerlandaise, Renée Scheltema. Dans son documentaire primé, Something
Unknown Is Doing We Don't Know What, elle décrivait comment son chat
s'enfuyait et se cachait chaque matin où une visite chez le vétérinaire était
prévue, bien que Scheltema n'ait pu déceler aucun indice susceptible de
provoquer le comportement du chat.14
IMPLICATIONS POUR LA RECHERCHE
De telles observations ont de sérieuses implications pour la recherche
impliquant des animaux. Si l'Esprit universel englobe les humains et d'autres
espèces, l'animal pourrait-il détecter l'humeur de l'expérimentateur et modifier
son comportement en conséquence ? Les expérimentations de Sheldrake sur les
chiens qui savent quand leurs maîtres rentrent à la maison constituent un bon
exemple. Sheldrake est ouvert à l'idée d'une conscience élargie chez les animaux
102
de compagnie et à la capacité des humains et des animaux à communiquer de
manière non locale, à distance. Les expériences minutieuses qu'il mène pour
tester cette possibilité génèrent systématiquement des résultats positifs. Un de
ses détracteurs, qui est un sceptique convaincu, affirme que lui ne peut pas les
reproduire.15 L'hypothèse de l'Esprit universel rend ceci compréhensible. Si
j'étais un chien, je ne coopérerais pas non plus avec lui. C'est le genre de chose
que le président Woodrow Wilson avait à l'esprit : "Si un chien ne veut pas venir
auprès de vous après vous avoir examiné, vous devriez rentrer chez vous et faire
votre examen de conscience.", fit-il remarquer.16
DES QUESTIONS DE VIE ET DE MORT
On a relevé des milliers de cas où "l'homme porte secours au chien" et "le chien
porte secours à l'homme". Nous nous préoccupons beaucoup de nos chiens, et
ils nous rendent la pareille. Dans bien des cas, il s'agit d'une question de vie ou
de mort ; le sauveteur ne survit pas toujours, qu'il s'agisse du chien ou de
l'homme. Précédemment, nous nous demandions pourquoi un être humain
risquerait sa vie pour sauver une autre personne en danger extrême, quitte à se
sacrifier dans le processus. Le mythologue Joseph Campbell et le philosophe
Arthur Schopenhauer ont suggéré, comme nous l'avons vu, qu'au moment
critique, les esprits des deux individus sont fusionnés en un seul Esprit ; les deux
individus séparés ne font plus qu'un. Cela implique que, du point de vue de la
Conscience, le sauveteur ne sauve pas un autre individu, il se sauve lui-même. La
fréquence des sauvetages intervenant de l'animal à l'homme et de l'homme à
l'animal suggère que le même processus est peut-être à l'œuvre. L'Esprit
universel unit non seulement les êtres humains entre eux, mais aussi à leurs
animaux de compagnie bien-aimés.
Parfois, les liens intimes entre l'esprit des animaux de compagnie et celui de
leurs propriétaires semblent littéraux, comme dans le cas de Sir Henry Rider
Haggard, le romancier britannique auteur des Mines du roi Salomon. Le cas
d’Haggard concernait Bob, son retriever noir.
103
Peu après minuit, le 10 juillet 1904, Rider Haggard poussa un cri dans son
sommeil. Il haletait et il peinait à respirer. Il gémissait et il émettait des sons
inarticulés, comme un animal blessé, quand sa femme le sortit d'un rêve. Il lui
raconta qu'il avait commencé par un sentiment de détresse qui s'était
transformé en une impression de lutter pour sa vie. La vivacité du rêve s'accrut
encore jusqu’à ce qu’il ait l'impression d'être piégé dans le corps de son retriever
bien-aimé, Bob. "J'ai vu ce bon vieux Bob couché sur le côté dans des
broussailles au bord de l'eau", déclara-t-il. "Ma propre personnalité paraissait
mystérieusement émaner du corps du chien, qui releva la tête dans un angle peu
naturel face à moi. Bob essaya de me parler, et incapable de se faire comprendre
par des sons, il me transmit mentalement, d'une manière indéfinie, la certitude
qu'il était en train de mourir".
Rider Haggard décrivit à sa femme une zone marécageuse proche de leur
maison. Quatre jours plus tard, il retrouva le corps de Bob à environ 1,5 km de la
maison, flottant dans la rivière Waverly. Il était grièvement blessé, avec une
fracture du crâne et les pattes avant brisées. Un vétérinaire estima qu'il avait
séjourné dans l'eau plus de trois jours, probablement depuis la nuit du 9 juillet.
Deux cheminots pensaient que le chien avait probablement été heurté par un
train. Ils supposèrent qu'un train avait heurté le chien sur le pont à peu près au
même moment que le rêve de Rider Haggard.17
Une vaste littérature existe sur le phénomène inverse, à savoir les animaux qui
pleurent la mort de leur maître. Un des cas les plus célèbres est celui de
Greyfriars Bobby, un Skye terrier qui est devenu un symbole de loyauté en
Grande-Bretagne. Lorsque son propriétaire, John Gray, un policier et veilleur de
nuit, succomba à la tuberculose en 1858, il fut enterré sans pierre tombale à
Greyfriars Kirkyard, dans la vieille ville d'Édimbourg. Bobby aurait passé les 14
années suivantes à garder la tombe en ne la quittant que pour aller manger.
Selon un récit, le gardien du cimetière s'était lié d'amitié avec lui et lui donnait de
la nourriture ; d'autres prétendent qu'il était nourri dans un restaurant voisin par
des admirateurs. Lorsque Bobby mourut en 1872, il ne put être enseveli dans le
cimetière même, car il s'agissait d'une terre consacrée. Il fut alors enterré juste
derrière le portail de l'entrée principale sud de Greyfriars Kirkyard, non loin de la
tombe de John Gray. Bobby était devenu célèbre. En 1873, une aristocrate, la
104
baronne Angela Burdett-Coutts, fit ériger une statue grandeur nature et une
fontaine en son honneur, à l'extrémité sud du pont George IV d'Édimbourg. À
l'origine, la fontaine comportait une partie supérieure à laquelle les humains
pouvaient boire et une partie basse pour les chiens.
Les "trois Bob" - Bobbie le collie, le Bob de Rider Haggard et Greyfriars Bobby illustrent différemment le fait que les esprits des hommes et des animaux
peuvent se rejoindre dans I'Esprit Universel. Cette unité se manifeste de
différentes façons. Pour Bobbie, la connaissance qu'avait son maître du chemin
du retour à la maison sur une immense distance semblait être partagée et
comprise par l'animal. Henry Rider Haggard se confondit avec Bob, son retriever,
quand il fut blessé et mourut. Greyfriars Bobby semblait indissolublement lié à
son propriétaire décédé, et il pleura son absence sur sa tombe pendant 14 ans.
"Nous savons bien que nous nous sentons très mal, quand un animal de
compagnie bien-aimé meurt, et il semble que nos animaux ressentent la même
chose, quand quelqu'un qu'ils aiment disparaît", releva la journaliste Naomi
Kane, éleveuse de chiens au Canada. Écrivant pour dogsincanada.com, un site
web consacré aux chiens canadiens, elle ajouta : "Le lien entre l'homme et
l'animal est une voie à double sens : nos chiens n'ont pas seulement des
comportements que nous interprétons comme de l'affection, parce que nous
sommes des êtres humains qui en ont besoin ; nos chiens nous retournent
vraiment notre amour, et ils éprouvent la joie et la tristesse d'une véritable
amitié.’’18
Jim Harrison, l'auteur et poète de renom, s'y entend avec les chiens. Alors qu'il se
trouvait à New York dans le cadre de ses activités professionnelles, il appela sa
femme dans leur maison du Michigan. Elle était préoccupée, parce que les
setters anglais d'un voisin avaient disparu depuis toute une journée dans un
blizzard du Midwest. Harrison avait chassé avec ces "splendides créatures",
comme il les appelle, et il était particulièrement inquiet à leur sujet, car ils
n'étaient pas habitués à passer la nuit dehors par des températures négatives, et
son ami Nick, le propriétaire, craignait pour leur vie. Cette nuit-là, à New York,
Harrison fit un rêve particulièrement frappant sur le chemin emprunté par les
trois chiens. Celui-ci les conduisait notamment sur la tombe d'un ami, puis à
105
travers un marais et un ruisseau gelé jusqu'à une forêt dense bordant le lac
Michigan.
Le lendemain matin, Harrison considéra ce rêve comme étant un non-sens
révélateur de la volonté de l'esprit de savoir où étaient partis les chiens. Il décolla
de l'aéroport de LaGuardia pour arriver chez lui en milieu d'après-midi. Après
vérification, il constata que les chiens étaient toujours perdus. Il se vêtit
chaudement, avant de parcourir les 13 km jusqu'au cimetière qu'il avait vu en
rêve. Il fut stupéfait de voir trois séries de traces traversant la tombe de son ami
décédé. Il roula encore pendant trois kilomètres jusqu'à la destination dont il
avait rêvé, sans rien voir. Mais lorsqu'il klaxonna, les trois chiens surgirent de
derrière une grosse congère, où ils s'étaient manifestement enterrés pour tenter
de rester au chaud. "Ils étaient bien contents de me voir, mais ils grimpèrent
dans la voiture sans faire de commentaire", raconta Harrison.19
Harrison reconnaissait que "de telles expériences sont ce que les scientifiques
qualifient d'anecdotiques, donc peu fiables, peut-être spécieuses, mais alors j'ai
une longueur d'avance, puisque je ne me soucie pas de savoir si elles le sont ou
non. J’ai plus tendance à croire ce merveilleux poète, Simon Ortiz, du pueblo
Acoma, qui disait : "Il n'y a pas de vérités, il n'y a que des histoires."20
DES BONS SAMARITAINS DANS TOUTES LES ESPÈCES
Si l'Esprit universel n'englobe pas que les humains, mais toutes les créatures,
nous pourrions nous attendre à ce que les actes de sauvetage désintéressés
impliquent toutes les combinaisons d'êtres sensibles, et pas seulement les
chiens, et c'est exactement ce qui se passe. Ces sauvetages inter-espèces sont
tellement fréquents qu'ils suggèrent que les comportements compatissants ne
dépassent pas seulement les cultures, comme le disait le mythologue, Joseph
Campbell, mais aussi les espèces.
106
DES ANIMAUX QUI SAUVENT DES ANIMAUX
En mars 2008, deux cachalots, une mère et son petit, s'échouèrent sur Mahia
Beach, à l'est de l'île du Nord de la Nouvelle-Zélande. Pendant une heure et
demie, les sauveteurs tentèrent vainement de les remettre à l'eau. Les baleines
étaient désorientées et s'échouèrent quatre fois de plus sur un banc de sable.
Les sauveteurs et les baleines s'épuisaient, et les sauveteurs commençaient à
croire qu'il serait nécessaire d'euthanasier les baleines pour leur éviter une mort
lente et prolongée. C'est à ce moment-là qu'apparut Moko, un grand dauphin
bien connu des nageurs de la région, qui s'approcha des baleines et qui les
conduisit sur 200 mètres à travers les eaux peu profondes, le long de la plage,
jusqu'à un chenal qui menait à la haute mer. Après avoir secouru les deux
cachalots, Moko retourna vers la plage pour jouer avec les nageurs humains.
"Je ne parle pas le langage des baleines, ni celui des dauphins", précisa l'agent
de protection de la nature, Malcolm Smith, "mais il s'est manifestement passé
quelque chose, les deux baleines ayant changé d'attitude, de la détresse à la
volonté de suivre le dauphin, directement le long de la plage et jusqu'à la mer. Le
dauphin a fait ce que nous n'avions pas réussi à faire. Tout s'est terminé en
quelques minutes." Et il ajouta : "Je ne devrais pas faire ça, je sais, mais je suis
entré dans l'eau avec le dauphin, et je lui ai donné une petite tape amicale, parce
qu'il avait véritablement sauvé la mise."21
En mars 2011, sur Marco Island, en Floride, un doberman qui s'appelait Turbo
tomba du haut d'un mur en béton dans un canal. Le chien n'avait aucune chance
de pouvoir remonter par ses propres moyens. Turbo lutta 15 heures durant et
finit par s'épuiser et se retrouver en état d'hypothermie, et c'est alors que des
dauphins surgirent, et ils firent un tel raffut qu'ils attirèrent l'attention d'un
couple voisin, Sam et Audrey D'Alessandro, qui étaient en train de charger leur
bateau. Sam sauta à l'eau et assura la flottaison de l'animal au moyen d'une
bouée. "Ils faisaient vraiment beaucoup de tapage et manquèrent presque de
s'échouer sur le banc de sable là-bas", dit-il. "S'il n'y avait pas eu les dauphins, je
n'aurais jamais vu le chien.’’ Le couple fit appel aux services de secours. Les
pompiers arrivèrent et ils aidèrent à sortir le lourd animal de l'eau froide, pour
finalement le ramener à son propriétaire.22
107
DES ANIMAUX QUI SAUVENT DES HUMAINS
Les témoignages de dauphins qui protègent les humains remontent à la Grèce
antique, et ils continuent de le faire. Le 28 août 2007, le surfeur Todd Endris, 24
ans, se fit attaquer par un grand requin blanc de 4 à 6 mètres de long au large de
Marina State Beach, près de Monterey, en Californie. Sans aucun signe avantcoureur, le requin frappa à trois reprises, lacérant sa jambe droite et lui tailladant
le dos. Tout à coup, un groupe de grands dauphins apparut et forma un cordon
protecteur autour de lui, ce qui maintint le requin à distance et donna à Endris le
temps de rejoindre le rivage. Les premiers soins prodigués par un ami permirent
à Endris de survivre jusqu'à ce qu'il soit évacué par hélicoptère vers un hôpital,
où un chirurgien le recousit. Six semaines plus tard, bien que toujours en
rééducation, Endris était de nouveau dans l'eau, et il attribua aux dauphins le
mérite de lui avoir sauvé la vie.23
Des événements semblables ont été rapportés dans le monde entier, comme à
Ocean Beach, près de Whangerei, en Nouvelle-Zélande, en octobre 2004. Rob
Howes, 47 ans, sauveteur chevronné, et trois sauveteuses s'entraînaient à nager
à 100 mètres du rivage, lorsqu'un groupe de sept grands dauphins se dirigea
rapidement vers eux et les bloqua. Les dauphins ont commencé à se comporter
de manière "vraiment étrange", déclara Howes, "en tournant en rond autour de
nous et en frappant l'eau avec leur queue". Howes se détacha alors du groupe et
il aperçut un grand requin blanc de trois mètres de long à quelques encablures
de là.
Lorsque le requin commença à s'approcher de deux des jeunes femmes, dont
Nicky, la fille de Howe âgée de 15 ans, les dauphins tournèrent protectivement
autour des quatre sauveteurs pendant 40 minutes supplémentaires, en générant
autour d’eux un écran de confusion - "un amas de nageoires, de dos et de têtes
humaines", dit Howe. Toute cette activité frénétique attira l'attention d'un
bateau de sauvetage, et à son approche, le requin abandonna la partie. "Les
dauphins sont bien connus pour aider les êtres sans défense", indiqua le Dr
Rochelle Constantine, de l'école des sciences biologiques de l'université
d'Auckland. "C’est une réaction altruiste, et les grands dauphins sont
particulièrement réputés pour cela."24
108
Un incident similaire, qui attira l'attention internationale, survint lors d'un
concours de plongée en apnée en juillet 2009 à Polarland à Harbin, dans le nordest de la Chine. Les plongeurs concouraient pour retenir leur souffle le plus
longtemps possible sans équipement respiratoire dans une piscine de 6 mètres
de profondeur contenant des bélugas. L'eau avait été refroidie à des
températures arctiques. La plongeuse Yang Yun, 26 ans, se sentait parfaitement
bien pendant la plongée, mais lorsqu'elle tenta de remonter à la surface, elle fut
prise de crampes dans les jambes en raison du froid glacial, et celles-ci ne
réagirent plus. Yun était en train de couler, et elle était sur le point de se noyer.
Yun raconta : "J'ai commencé à étouffer et à sombrer encore plus bas, et j'ai cru
que c'en était fini pour moi, que j'étais morte, jusqu'à ce que je sente une force
incroyable sous moi qui me propulsa vers la surface.25 Un béluga nommé Mila
était venu à la rescousse de Yun. La baleine, qui était très familière avec les
humains, prit la jambe de Yun dans sa bouche et nagea jusqu'à la surface, la
remontant ainsi en sécurité et lui sauvant la vie.
De tels incidents ne se limitent pas aux créatures marines. En août 2007, Fiona
Boyd, 40 ans, agricultrice à Chapmanton, en Écosse, voulut conduire un veau
vers un hangar, lorsque sa mère entendit les cris de son veau et attaqua
l’agricultrice. "Tout ce dont je me suis rendu compte, c'est que j'étais allongée
par terre - j'ai bien cru que j'étais morte ", raconta Mme Boyd. "Puis, chaque fois
que je tentais de m'éloigner en rampant, la vache me rentrait dedans à nouveau.
Personne n'était là pour m'aider. J'étais terrifiée et je pensais que les autres
vaches suivraient, ce qui arrive parfois". Persuadée qu'elle allait être piétinée à
mort, Mme Boyd se roula en boule pour se protéger des sabots de la vache.
C’est alors que son cheval, Kerry, qui paissait tout près de là, chargea la vache, ce
qui effraya l'animal en colère et ce qui donna le temps à Mme Boyd de se mettre
à l'abri. Elle attribue à son cheval de 15 ans le mérite de lui avoir sauvé la vie.26
Binti Jua, une femelle gorille des plaines de l'Ouest âgée de huit ans, accéda à la
célébrité internationale en août 1996, lorsqu'une caméra vidéo filma son
sauvetage d'un enfant de trois ans dans un zoo de Brookfield, une banlieue de
Chicago. L'enfant était parti en courant devant sa mère, s'était penché trop loin
par-dessus une falaise en béton, et il avait fait une chute de six mètres dans
l'enclos des primates, en hurlant. Binti Jua, dont le nom signifie "fille du soleil" en
109
swahili et qui portait son propre rejeton sur son dos, s'approcha du garçon
inconscient, et le ramassa pour le déposer délicatement près d'une porte où des
gardiens et des secouristes le récupérèrent. Puis elle se retourna comme pour
protéger l'enfant des autres gorilles.
Transporté d'urgence au centre médical de l'université Loyola dans un état
critique, l'enfant finira par se rétablir. Des journalistes et des équipes de
télévision du monde entier affluèrent à Brookfield. Des récompenses en argent
et en bananes suivirent. Les politiciens ne furent pas en reste. La première dame,
Hillary Rodham Clinton invoqua le nom de Binti Jua dans un discours prononcé
lors de la convention nationale du parti démocrate à Chicago, déclarant : "Binti
est une citoyenne typique de Chicago. Dure à l'extérieur, mais dotée d’ un cœur
d'or à l'intérieur".27
L’ANNONCE AUX ABEILLES
Les abeilles comptent parmi les créatures les plus vénérées de l'histoire de
l'humanité. Dans les cultures anciennes du Proche-Orient et de la mer Égée,
l'abeille était considérée comme un insecte sacré qui faisait le lien entre le
monde naturel et le monde souterrain. Les abeilles figuraient dans les
décorations des tombes, qui prenaient même parfois la forme de ruches.
Référence était souvent faite à la prêtresse de Delphes, en la comparant à une
abeille, et le don de prophétie d'Apollon lui aurait été conféré par trois jeunes
abeilles. Dans la mythologie égyptienne, on raconte que lorsque les larmes du
dieu du soleil, Râ, tombèrent sur le sable du désert, des abeilles en jaillirent. La
corde de l'arc de Kamadeva, le dieu de l'amour hindou, est composée d'abeilles
mellifères. Les abeilles sont associées à des états de conscience modifiés :
l'hydromel, la boisson fermentée à base de miel, était un ancien breuvage
crétois, encore plus ancien que le vin. Pour les Mérovingiens, les abeilles à miel
représentaient l'immortalité et la résurrection.28
A une époque, apparut l'ancienne coutume de "l'annonce aux abeilles", qui
prévoyait d’informer les abeilles de la mort de leur apiculteur. On rapporte qu'à
la mort du roi George VI, "les apiculteurs allèrent informer les abeilles de son
110
décès, la tête couverte en signe de respect."29 Les ruches étaient parfois drapées
de crêpe noir. Selon une variante, les abeilles de la ruche sont censées mourir à
la suite du décès de leur gardien, à moins que les ruches ne soient déplacées
ailleurs ; selon une autre version, il suffit de réorienter les ruches. La coutume est
encore largement répandue.
En 1961, à la mort de Sam Rogers, cordonnier et facteur du village de Myddle,
dans le Shropshire, en Angleterre, ses enfants firent le tour de ses 14 ruches et
annoncèrent sa mort aux abeilles. Selon l'Associated Press, en avril 1961, peu
après que les proches de Rogers se soient recueillis sur sa tombe, des milliers
d'abeilles provenant de ses ruches, situées à plus d'1,5 km de là, vinrent se poser
sur le cercueil et autour de celui-ci, en ignorant les arbres en fleurs qui se
trouvaient à proximité. Au bout d'une demi-heure, elles s’en retournèrent à leurs
ruches.30
On songe ainsi au poème élégiaque de John Greenleaf Whittier, ''L'annonce aux
abeilles'' :
Je n’étais pas sans ignorer qu'elle parlait aux abeilles d'une personne
Partie pour le voyage que nous devons tous accomplir.
Le vieil homme s'assit, la soubrette continuant
De chanter aux abeilles qui sortaient et rentraient.
Et la chanson qu'elle chantait depuis lors
A mon oreille résonne encore :
"Restez au foyer, jolies abeilles, ne vous envolez plus !
Votre maîtresse Marie est morte et bel et bien partie !"31
En 2005, un apiculteur anonyme diffusa via Internet son expérience de
"l'annonce aux abeilles". Dans un ancien livre de folklore, il avait lu qu'il fallait
informer les abeilles des événements importants, tels que les naissances, les
décès et les mariages au sein d'une famille, sous peine d'en subir les
conséquences. Il n'avait pas pris l’avertissement au sérieux et, à son retour de
l'enterrement de sa mère, il put constater que ses abeilles avaient essaimé et
qu’elles étaient parties ailleurs, en laissant les ruches vides.
111
Un ami lui donna d'autres abeilles (il ne faut pas les acheter, selon le folklore), et
pendant de nombreuses années, cet ami vint périodiquement récolter le miel.
Puis l'ami tomba malade et mourut. L'apiculteur assista à ses funérailles et,
comme pour la mort de sa mère, des années auparavant, il oublia de raconter
aux abeilles cet événement important de sa vie. Et comme à l’occasion de
l'événement précédent, il retrouva ses ruches vides.
Cette fois, il fut de nouveau sauvé par un ami, qui devint son partenaire apicole
pendant quelques années, jusqu'à ce que ce partenaire, lui aussi, meure
subitement pendant son sommeil. Cette fois, l'homme avait compris et il avait
bel et bien l'intention d'annoncer à ses abeilles la mort de son partenaire, mais
dans la précipitation des événements entourant les obsèques, il ne put tout
simplement pas trouver le temps. Une fois de plus, les abeilles désertèrent ses
ruches.
"Mais ce qui arriva par la suite me convainquit comme rien d'autre n'aurait pu le
faire", écrivit-il. Un ami très cher perdit son fils de trois ans, victime d'un virus
mortel, et la famille fut submergée par le chagrin. Les obsèques furent tragiques
pour toutes les personnes impliquées. La cérémonie touchait à sa fin et une
abeille pénétra à l’intérieur de l'église. À la vue de toutes les personnes en deuil,
elle vola jusqu'au cercueil, puis pendant quelques minutes, elle bourdonna
autour des fleurs qui recouvraient le cercueil. À présent, tout le monde avait les
yeux rivés sur elle. Elle décrivit des cercles de plus en plus larges autour du
cercueil, puis très lentement, elle se dirigea vers les trois membres de la famille
endeuillée et elle tourna autour de leurs têtes, en s'attardant autour de la sœur
du garçon décédé, âgée de cinq ans, qui était particulièrement bouleversée par
la mort de son petit frère. Sans crainte, elle leva les yeux vers l'abeille qui vola
jusqu'à une trentaine de centimètres de son visage avant de rester en vol
stationnaire. Elle paraissait hypnotisée par l'abeille. Finalement, l'abeille quitta
l'église.
"Dans certaines cultures’’, écrivit l'apiculteur anonyme, ‘’l'abeille représentait
l'âme d'une jeune personne. Elle s'envolait de la bouche du défunt au moment
de sa mort. Toutes les cultures les considéraient avec respect et révérence et,
dans certains cas, les vénéraient. Je sais que j'aime les abeilles et qu'elles me
112
manquent, même si ne vis plus à la campagne.... On peut se demander à quoi
pensait J. K. Rowling, lorsqu’elle nomma Dumbledore le directeur de Poudlard.
Dumbledore est un vieux nom anglais qui désigne une abeille."32
Les liens intimes entre les humains et des animaux en tous genres, et l'amour et
l'affection que nous partageons avec eux, ont conduit de nombreuses personnes
à espérer que ces liens continueront même après la mort. Cela n'a rien de
farfelu : s'ils sont véritablement non locaux, ils sont illimités dans le temps.
Comme le disait l'humoriste américain, Will Rogers : "S'il n'y a pas de chiens au
paradis, alors quand je mourrai, je veux aller là où ils sont allés."33 Et Mark Twain :
"Le chien est un gentleman ; j'espère aller dans son paradis, pas dans celui de
l'homme."34 Certains sont convaincus que les animaux occupent un état pur et
sans artifice que nous, les humains, nous avons perdu. Charles de Gaulle déclara :
"Plus je connais les hommes, plus j’aime les chiens."35 Ou encore, comme l’a dit
le dessinateur Charles M. Schulz, qui nous a donné Peanuts : "Toute sa vie, il a
essayé d'être quelqu'un de bien. Mais, il échouait souvent car, après tout, il
n'était qu'un humain. Il n'était pas un chien."36 D'autres laissèrent entendre que
nos animaux de compagnie peuvent être des voies d'accès vers le domaine non
local. Le romancier Milan Kundera écrivait : "Les chiens sont notre lien avec le
paradis. Ils ne connaissent ni le mal, ni la jalousie, ni le mécontentement.
S'asseoir avec un chien sur une colline par un après-midi radieux, c'est revenir à
l'Eden, où ne rien faire n'était pas ennuyeux - c'était la paix."37
Chers amis des chats, ne désespérez pas ! Bien que les chiens occupent le haut
du pavé, il existe de nombreux récits de chats volant à la rescousse, ayant sauvé
des vies humaines d'incendies, de serpents venimeux et d'autres prédateurs,
d'une dangereuse hypoglycémie ou d'un coma diabétique. Certains chats
peuvent prédire les crises d'épilepsie. Dans l'Ohio, un homme en fauteuil roulant
apprit à son chat Tommy à composer rapidement le numéro des urgences, ce
que le chat fit un jour, en sauvant ainsi la vie de l'homme.38 Oscar, un chat d'un
centre de soins et de rééducation du Rhode Island, prédit la mort des patients,
avec une précision infaillible, en se pelotonnant sur leur lit jusqu'à six heures
avant leur décès.39
113
Mark Twain déclara que "parmi toutes les créatures de Dieu, il n'y en a qu'une
qui ne peut pas être rendue esclave de la laisse. Il s'agit du chat. Si l'on pouvait
croiser l'homme avec un chat, cela bonifierait l'homme, mais cela dégraderait le
chat."40 "Le plus petit félin se révèle être un chef-d'œuvre’’, conclut Léonard de
Vinci..41
114
CHAPITRE 8 : DES ATOMES ET DES RATS
Le physicien lauréat du prix Nobel, Richard P. Feynman, déclara un jour que
"Tout ce que font les animaux, ce sont les atomes qui le font."1 Cette formule est
généralement interprétée comme signifiant que le comportement des animaux
est en fin de compte déterminé par les atomes, les molécules, l'ADN et les gènes.
Plutôt que d'affirmer le matérialisme, l'observation de Feynman pourrait
paradoxalement confirmer un aspect de la conscience qui dépasse le cerveau,
puisque nous savons maintenant que les particules subatomiques, les
constituants des atomes, affichent une propriété étrange, à savoir leur
intrication. Il s'agit d'un comportement suivant lequel les particules, une fois en
contact, demeurent interconnectées par la suite, quelle que soit la distance qui
les sépare. Cette liaison est étonnamment étroite : un changement dans l'une
correspond à un changement dans l'autre, instantanément et au même degré.
Certains chercheurs pensent que les comportements intriqués des particules
subatomiques pourraient, d'une certaine manière, étayer ces connexions
distantes chez l'homme. Une telle hypothèse est étudiée en détail dans le livre
pionnier, Entangled Minds, de Dean Radin, le scientifique en chef de l'Institut des
Sciences Noétiques, en Californie. Radin suggère de "prendre au sérieux la
possibilité que nos esprits soient physiquement intriqués avec l'univers... "2
Radin passe en revue des centaines d'expériences qui suggèrent de manière
convaincante que l'intrication est plus qu'une métaphore de la manière dont les
esprits se lient au niveau humain. Ainsi, si Feynman a raison - si tout ce que font
les animaux, les atomes le font - il offre, sans s'en rendre compte, une explication
indirecte du mécanisme qui étaye une image infinie et unitaire de l'esprit.
Les manuels de physique classiques ne sont pas en phase avec les connaissances
contemporaines. Ils continuent de dire que le monde intermédiaire des briques,
des cerveaux et des animaux et le monde gigantesque des planètes, des étoiles
et des galaxies sont les domaines de la physique classique, telle qu'elle est
décrite par les lois de Newton et les théories de la relativité d'Einstein. Mais
lorsque nous descendons à l'échelle des particules subatomiques et des atomes,
nous franchissons une frontière invisible, où la physique classique cède la place à
l'étrangeté du comportement quantique régi par le cadre fourni par la
mécanique quantique.
Comme les choses changent ! La couverture de la revue Scientific American de
juin 2011 montre une tête humaine composée de minuscules particules, avec
cette légende : "Vivre dans un monde quantique : la physique miniature exerce
un pouvoir troublant sur le monde entier". Dans son article principal, le physicien
d'Oxford, Vlatko Vedral, expliquait la nature de cette effervescence :
Au cours des dernières années, les expérimentateurs ont pu observer des
effets quantiques dans un nombre croissant de systèmes macroscopiques.
L'effet quantique par excellence, l'intrication, peut se produire dans de
grands systèmes, comme dans des systèmes chauds, y compris des
organismes vivants, même si l'on peut s'attendre à ce que l’agitation
moléculaire perturbe l'intrication....Jusqu'à la dernière décennie, les
expérimentateurs n'avaient pas confirmé que le comportement quantique
persistait à l'échelle macroscopique, mais aujourd'hui, ils le font de
manière routinière. Ces effets sont plus répandus qu'on ne l'avait jamais
soupçonné. Ils peuvent se produire dans les cellules de notre corps.... On
ne peut simplement pas considérer [les effets quantiques] comme de
simples détails qui n'ont d'importance qu'à l'échelle la plus petite.... Les
intrications sont primordiales.3
Il n'y a apparemment aucune limite à l'étendue de l'intrication. Comme l'a
montré le physicien, N. David Mermin, l'intrication quantique croît de manière
exponentielle avec le nombre de particules impliquées dans l'état quantique
d'origine, et il n'y a pas de limite théorique au nombre de ces particules
intriquées4 ‘’Si tel est le cas", affirment le physicien, Menas Kafatos, et l'historien
des sciences, Robert Nadeau, dans leur livre, The Conscious Universe : Parts and
Wholes in Physical Reality, "l'univers, à un niveau très élémentaire, pourrait être
un vaste réseau de particules qui restent en contact, les unes avec les autres, sur
n'importe quelle distance et en un rien de temps, en l'absence de transfert
d'énergie ou d'information."5
116
QUELQUE CHOSE D’INCONNU FAIT ON NE SAIT TROP QUOI
Personne ne sait si les divers phénomènes au-delà du corps et du cerveau que
nous explorons dans ce livre seront en définitive expliqués par l'intrication au
niveau quantique. Voici ce que nous savons actuellement : (1) Les particules
subatomiques sont intriquées ; une fois en contact puis séparées, un
changement dans l'une correspond à un changement dans l'autre,
instantanément et au même degré, quelle que soit la distance qui les sépare. Ces
corrélations distantes et non locales ne font aucun doute ; elles ont été
démontrées par une série d'expériences et elles sont acceptées comme faisant
partie du canon de la physique moderne.6 (2) Les êtres humains se comportent
également comme s'ils étaient intriqués ; ils peuvent partager des pensées, des
sentiments et même des changements physiques en étant éloignés les uns des
autres, même de l'autre côté de la planète. Ces phénomènes ont été
documentés par des centaines d'expériences menées sur plusieurs décennies.7
Mais nous devons être prudents. Puisque nous ne savons pas réellement si
l'intrication quantique est la même chose que l'intrication humaine, nous ne
pouvons pas encore affirmer que l'intrication quantique est à l'origine de
l'intrication humaine. Nous pouvons avoir affaire à des corrélations accidentelles
de langage. Nous savons toutefois que (3) le vieux principe interdisant
l'intrication dans les systèmes biologiques et vivants est tout à fait erroné.8 Les
avertissements usés des sceptiques selon lesquels les phénomènes au-delà du
cerveau et du corps sont impossibles, parce qu'ils "violent les lois de la nature"
peuvent donc être rejetés sans aucune autre forme de procès.
En attendant, nous sommes libres de nous interroger. Il se peut que l'intrication
quantique des particules subatomiques soit une préfiguration primitive et
élémentaire de l'unité qui trouve son expression la plus majestueuse dans la
Grande Connexion, l'Esprit universel. Sir Arthur Eddington, l'astrophysicien
britannique déclara en parlant du principe d'incertitude de la physique
moderne : "Quelque chose d'inconnu fait on ne sait trop quoi."9 C'est une
excellente devise pour explorer les phénomènes au-delà du corps et du cerveau
et l'Esprit universel auquel ils renvoient. Elle exprime non seulement l'humilité,
mais également l'admiration respectueuse et l'émerveillement. Et
117
l'émerveillement, disait Socrate, est le début de la sagesse. "Et, ajouta-t-il,
probablement avec un clin d'œil, ‘’c'est le fait de savoir que l'on ne sait rien qui
fait de vous la personne la plus intelligente de toutes."10
L’EMPATHIE DES RONGEURS
Le manifeste influent du biologiste évolutionniste, Richard Dawkins, Le gène
égoïste, publié pour la première fois en 1976, est devenu un best-seller dans le
monde entier et il continue d'être largement lu. Le postulat de base de Dawkins
est que, que nous le réalisions ou non, toutes les créatures vivantes, des
microbes aux êtres humains, sont au service de leurs gènes, dont le seul but est
la survie et la reproduction.11 Ces gènes sont des mystificateurs insidieux. Toutes
les émotions supérieures que nous ressentons, telles que l'altruisme, la
compassion et l'amour, sont de l'égoïsme déguisé. Il s’agit d’expressions
détournées de "la loi génétique de l'égoïsme impitoyable universel12", ainsi que
le dit Dawkins. Si nous pensons voir des comportements véritablement altruistes
chez les autres ou en faire l'expérience nous-mêmes, conseille Dawkins, nous ne
devrions pas être dupes. Tous les cas d'altruisme apparent tomberont dans une
ou plusieurs des trois catégories qui révèlent un égoïsme sous-jacent : la
sélection de parentèle, l’altruisme réciproque ou la sélection de groupe. Ici n'est
pas le lieu d'analyser ces sujets en détail. Le chercheur d'Oxford, Charles Foster,
le fait en langage clair dans son excellent livre, The Selfless Gene (Le gène
altruiste), qui constitue un solide contre-argument par rapport à de nombreuses
orientations prises par Dawkins dans son Gène Egoïste.
Au bout du compte, pour Dawkins, les meilleurs anges de notre nature ne sont
pas du tout angéliques ; ce sont des forces biologiques avides et égocentriques
qui ne reculeront devant rien pour survivre et se reproduire. Les implications
pour la société sont graves. "Soyez avertis que si vous souhaitez, comme moi’’,
dit Dawkins, ‘’construire une société dans laquelle les individus coopèrent
généreusement et de manière désintéressée pour un bien commun, vous ne
pourrez guère compter sur l'aide de la nature biologique."13
Tout se résume-t-il à cela ?
118
J'ai connu des débuts difficiles avec les rats de laboratoire au cours de ma
formation universitaire. Un spécimen particulièrement rebelle me mordit
gravement au cours d'une expérience, alors même que je portais des gants de
protection et que je le manipulais avec douceur. À l'époque, j'aimais bien les rats,
mais à la suite de cette attaque, je devins réfractaire aux expériences sur les rats.
Je réussis à pardonner aux rongeurs, dans une certaine mesure, mais à chaque
fois que je regardais la cicatrice sur mon index, mes sentiments d'hostilité à
l'égard des rats étaient renforcés. Mes amis défenseurs des droits des animaux
me gratifient toujours d'un sourire entendu et bien senti, quand je leur raconte
cette histoire. Ils prennent toujours le parti du rat, certains que justice a été
rendue et ils ont raison.
Mais plus récemment, j'ai remis au goût du jour ma relation avec les rats de
laboratoire. Cela s'est produit de manière inattendue, comme une rémission
soudaine et spontanée d'une maladie grave. Mon affection pour les rats est
revenue grâce à la lecture d'une expérience publiée dans la prestigieuse revue
Science, en décembre 2011. L'étude piquera au vif le biologiste Dawkins, car elle
apporte des preuves solides de l'existence d'une empathie innée et inhérente.
L'expérience suggère que dans la soupe génétique des mammifères, il doit y
avoir un ou plusieurs gènes qui ne sont pas égoïstes.
Cette expérience a été dirigée par une équipe de neuroscientifiques et de
psychologues de l'Université de Chicago.14 Leur objectif était de déterminer s'il
existe un véritable comportement empathique chez les mammifères non
primates, en l'occurrence des couples de rats blancs de laboratoire. Les
chercheurs placèrent un rat libre dans une arène avec un compagnon de cage
enfermé dans un tube en plastique transparent. Le tube comportait à l'une de
ses extrémités une porte que l'on pouvait ouvrir de l'extérieur. Le rat libre se
comportait avec une agitation plus marquée, si son compagnon de cage était
enfermé, par rapport à son activité, lorsqu’il était placé dans l'arène avec le tube
vide. Au bout de plusieurs séances quotidiennes, le rat libre apprit à ouvrir la
porte de la prison et à libérer son compagnon de cage. L'ouverture de la porte
n'était pas une tâche facile, mais le rat libre s'y efforça jusqu'à ce qu'il maîtrise la
technique. Après avoir découvert comment ouvrir la porte, le rat libre le faisait
119
presque immédiatement, lorsqu’il était placé dans l'arène avec son compagnon
de cage.
Un des chercheurs précisa : "Nous n'entraînons pas ces rats d'une manière
particulière. Ils apprennent, parce qu'ils sont motivés par quelque chose en eux.
On ne leur montre pas comment ouvrir la porte, ils n'ont jamais été familiarisés
avec l'ouverture de la porte, et il est difficile d'ouvrir la porte. Mais ils continuent
d'essayer et d'essayer, et ça finit par marcher."15
L'empathie pure paraissait intervenir. Par exemple, les rats libres ne se souciaient
pas d'ouvrir la porte, quand un rat en peluche était placé dans le tube en
plastique transparent, qu'ils ouvraient même si cela libérait leur compagnon
dans une zone séparée, ce qui montrait qu'ils ne cherchaient pas juste de la
compagnie. Par ailleurs, lorsqu'on invita le rat libre à ouvrir deux tubes, l'un
contenant son compagnon de cage et l'autre une pile de pépites de chocolat,
l'un de ses aliments préférés, il était tout aussi probable qu'il libère d'abord le rat
enfermé que d'ouvrir d'abord le tube contenant les pépites de chocolat. Il arriva
aussi que le rat libre récupère les pépites de chocolat en premier, mais ne les
mange qu'après avoir libéré l'autre rat et partagé le chocolat avec lui.
"C'était très probant", dit Peggy Mason, professeur de neurobiologie. "Cela nous
dit qu'aider leur compagnon de cage était aussi important que manger du
chocolat. Il pouvait se goinfrer avec la totalité du chocolat s'il le voulait, mais ce
ne fut pas le cas. On a été choqué !"16
L'équipe de l'université de Chicago a mis en ligne une vidéo des rats en action
sur YouTube, où elle a été visionnée par des milliers de personnes. Il est
captivant de voir le rat libre chercher avec détermination à libérer son
compagnon de cage, et de les voir se réjouir ensemble, après que le rat coincé
ait été libéré, en se frottant le museau, en se touchant et en jouant. La vidéo
"Empathy and Pro-Social Behavior in Rats" (Empathie et comportement
prosocial chez les rats) est visionnable à cette adresse :
http://www.youtube.com/watch?v=WzE0liAzr-8.
120
2ÈME PARTIE :
FONCTIONNER AVEC L’ESPRIT UNIVERSEL
121
CHAPITRE 9 : L’ESPRIT DÉPASSE LE CERVEAU
Le cerveau ne génère pas davantage la pensée que le fil ne génère le courant
électrique.1
-
Paul Brunton
Le cerveau respire l’esprit, comme les poumons respirent l’air.
-
Huston Smith
La principale objection à l'Esprit universel, c’est la croyance bien ancrée que la
conscience est d’une manière ou d’une autre produite par le cerveau et qu'elle y
est donc confinée. Les cerveaux restent dans la boîte crânienne et il doit en être
de même pour l'esprit. Dans quelle mesure cette croyance est-elle étayée
scientifiquement ?
Karl Lashley, un psychologue comportemental américain, entraîna des rats à
effectuer des tâches spécifiques, comme rechercher une récompense
alimentaire. Ensuite, il provoqua des lésions dans des zones spécifiques du
cerveau pour observer leur effet sur la persistance du comportement. Après des
centaines d'expériences de ce type sur des rats, Lashley ne put trouver aucune
localisation de la mémoire. Il récapitula ses recherches en ces termes : "Il n'est
pas possible de démontrer la localisation isolée d'une trace mémorielle quelque
part dans le système nerveux."2 Lashley conclut que la mémoire n'est pas
localisée dans des régions spécifiques du cerveau du rat, mais qu'elle est répartie
dans tout le cortex cérébral. Cela déboucha sur la conclusion paradoxale que "la
mémoire est à la fois partout et nulle part en particulier" dans le cerveau du rat.
DANS QUELLE MESURE VOTRE CERVEAU EST-IL NÉCESSAIRE ?
Des centaines d'expériences telles que celle de Lashley soulèvent la question
plus fondamentale concernant non seulement la relation du cerveau avec la
mémoire, mais également sa relation avec la conscience en général. Certains
défis sont réellement sérieux. Dans un article au titre provocateur — "Votre
cerveau est-il vraiment nécessaire ?’’ — le neurologue britannique, John Lorber,
se demandait si un cortex cérébral intact était indispensable pour une
mentalisation normale.3 Lorber effectua des scanographies sur des centaines de
personnes souffrant d'hydrocéphalie (excès de liquide dans le cerveau créant
une pression) et il constata que beaucoup parmi elles avaient des fonctions
intellectuelles normales ou supérieures à la normale.
Le fait même de remettre en question le rôle du cerveau est encore un
blasphème pour la science conventionnelle. La conscience est considérée
comme une propriété émergente du cerveau, produite par son fonctionnement,
purement et simplement. Mais que savons-nous réellement des origines de la
conscience ? De nombreux philosophes et scientifiques respectés estiment que
nous sommes dans l'ignorance à ce sujet. Le neurophysiologiste, Roger Sperry,
lauréat du prix Nobel, abonde dans ce sens : "Les processus les plus
fondamentaux du cerveau, auxquels la conscience est supposément associée, ne
sont tout simplement pas compris. Ils dépassent tellement notre compréhension
actuelle que personne, à ma connaissance, n'a pu, ne serait-ce qu'imaginer leur
nature."4 Le physicien Eugene Wigner, lauréat du prix Nobel, partage le même
avis : "Nous n'avons actuellement pas la moindre idée qui permettrait de relier
les processus physico-chimiques à la conscience."5 Sir John Maddox, ancien
rédacteur en chef de la prestigieuse revue Nature, a quant à lui écrit : "Ce en quoi
consiste la conscience ... c'est ... une énigme. En dépit des merveilleuses réussites
des neurosciences au cours du siècle dernier ... nous semblons toujours aussi
loin de comprendre le processus cognitif que nous l'étions, il y a un siècle."6
Considérant ces grandes inconnues, l'hypothèse largement répandue suivant
laquelle le cerveau produit l'esprit et que l'esprit y est confiné est remise en
question, ce qui ouvre la porte à d'autres scénarios.
123
LE CERVEAU COMME RÉCEPTEUR DE LA CONSCIENCE
Les scientifiques ont supposé pour de nombreuses raisons que l'esprit et le
cerveau sont une seule et même chose. Lorsque le cerveau est endommagé à la
suite d'un traumatisme physique ou d'un accident vasculaire cérébral, les
fonctions mentales peuvent s'en trouver perturbées. Les carences en vitamines
et la malnutrition peuvent entraîner une altération des processus de pensée, tout
comme diverses toxines environnementales. Les tumeurs et les infections
cérébrales peuvent également perturber les facultés mentales. Compte tenu de
ces effets, il a semblé raisonnable de supposer que l'esprit et le cerveau sont
essentiellement identiques.
Mais aucune de ces observations ne prouve que le cerveau produit l'esprit ou
que l'esprit est confiné à l'intérieur du cerveau. Prenons l'exemple de votre
téléviseur. Bien que vous puissiez l'endommager physiquement et supprimer
l'image sur l'écran, cela ne prouve pas que c'est le téléviseur qui produit l'image.
Nous savons plutôt que l'image est due à des signaux électromagnétiques
provenant de l'extérieur du poste lui-même et que le téléviseur reçoit, amplifie
et affiche les signaux, qu’il ne les produit pas.
Le concept de base suivant lequel le cerveau sert d'intermédiaire à l'esprit - mais
n'en est pas la cause - est ancien. Il y a deux millénaires, Hippocrate, dans son
essai "Sur la maladie sacrée", décrivait le cerveau comme "le messager de la
Conscience" et comme "l'interprète de la Conscience."7
Ferdinand C. S. Schiller, philosophe d'Oxford, avança dans les années 1890 que
"la matière était une mécanique merveilleusement conçue pour réguler, limiter
et contenir la conscience qu'elle renferme". Il ajouta : "La matière n'est pas ce qui
produit la conscience, mais ce qui la limite et en confine l'intensité endéans
certaines limites..." Dans les cas de traumatisme cérébral, Schiller soutint que la
manifestation de la conscience en avait été affectée, mais que la conscience ellemême n'avait pas été détruite. Il affirmait en outre que c'est l'oubli, et non la
mémoire, qui a le plus besoin d'une explication. S'il n'y avait pas les limites du
cerveau, selon lui, cela permettrait de se souvenir intégralement.8
124
Henri-Louis Bergson, le philosophe français qui se vit décerner le prix Nobel de
littérature en 1927, pensait que le cerveau canalisait et limitait l'esprit en
excluant les facteurs qui n'étaient pas nécessaires à la survie et à la procréation.
Selon lui, le cerveau est à la fois "l'organe de l'attention à la vie" et un obstacle à
une conscience plus vaste.9 Comme Schiller, il avança que les souvenirs se
trouvent ailleurs que dans le cerveau et sont le plus souvent occultés à des fins
pratiques, n’étant pas cruciaux pour les besoins biologiques de l'organisme.10 Il
suggéra que les déficiences de la mémoire qui résultent de maladies du cerveau
peuvent simplement indiquer que nous avons besoin d'un cerveau sain pour
pouvoir retrouver et communiquer des souvenirs. Mais ces déficiences ne sont
pas la preuve que les souvenirs n'existent que dans le cerveau.11
Le psychologue, William James, avait des opinions sur la conscience similaires à
celles de Schiller et de Bergson. Dans sa conférence Ingersoll de 1898 à
l'université de Harvard, il reconnut que les agressions physiques sur le cerveau traumatismes, excitants, poisons, arrêt du développement - peuvent effacer la
mémoire ou la conscience et brouiller la qualité des idées d'une personne, mais
que cela n'est pas nécessairement la preuve d'une fonction de production du
cerveau. Il y a d'autres relations fonctionnelles possibles entre le cerveau et
l'esprit. Il pourrait y avoir une fonction sélective et une fonction de transmission,
comme une lentille, un prisme ou les touches d'un piano. "Ma thèse est la
suivante : si nous considérons la loi suivant laquelle la pensée est une fonction
du cerveau, nous ne sommes pas obligés de penser uniquement à une fonction
de production ; nous avons également le droit de considérer une fonction
sélective ou de transmission", selon James. Et cela, le psychophysiologiste
ordinaire le néglige."12
Se faisant l'avocat du diable, James souleva une objection : l'hypothèse de la
production n'est-elle pas plus simple et plus scientifiquement rigoureuse ? Du
point de vue de la science empirique, James répondit que cette objection n'a
aucun poids. Tout ce que nous observons, ce sont des variations concomitantes
ou des corrélations entre des états du cerveau et des états d'esprit. James
rappelle cette vénérable maxime de la science : la corrélation n'est pas la
causalité. La nuit suit toujours le jour ; la corrélation est de 100 % ; mais cela ne
signifie pas que le jour produit la nuit.
125
Beaucoup de scientifiques se vantent de ne pas croire aux miracles. Mais, selon
James, si la conscience est effectivement produite par le cerveau, cela
constituerait, "selon notre compréhension, un miracle aussi grand que si nous
disions que la pensée est ‘‘générée spontanément’' ou ‘'créée à partir de rien". Il
continua :
La théorie de la production n'est donc pas plus simple ou crédible en soi
que n'importe quelle autre théorie imaginable. Elle est seulement un peu
plus populaire. Il suffit donc, si le pur matérialiste nous met au défi
d'expliquer comment le cerveau peut être un organe de limitation et de
sélection pour une certaine forme de conscience produite ailleurs, de lui
demander à son tour d'expliquer comment il peut être un organe de
production de la conscience fabriquée de toutes pièces. A des fins
polémiques, les deux théories sont donc exactement sur un pied
d'égalité.13
Aldous Huxley, qui aborda la nature de la conscience en 1954 dans Les portes de
la perception, affirma l'idée que la fonction du système nerveux est
‘’éliminatrice’’ plutôt que productrice, en ce sens qu'il nous protège en éliminant
les informations inutiles et non pertinentes que nous rencontrons
continuellement dans notre existence quotidienne. Sinon, il n'y a aucune raison
de principe pour que chaque personne ne soit pas capable de se rappeler tout
ce qui existe dans l'univers.
"Chacun d'entre nous est potentiellement l'Esprit au sens large", affirme Huxley.
"Mais tant que nous sommes des animaux, notre préoccupation est de survivre à
tout prix. Pour permettre la survie biologique, l'Esprit au sens large doit être
canalisé à travers la valve de régulation que sont le cerveau et le système
nerveux. Ce qui en ressort, c'est un maigre filet de conscience qui nous aidera à
rester en vie à la surface de cette planète particulière". Au cours de l'histoire,
certains individus ont appris à contourner la fonction de la valve de régulation
du cerveau, dans une certaine mesure, nota Huxley, grâce à des exercices
spirituels, à l'hypnose ou à des drogues, comme il apprit lui-même à le faire.14
126
Le neuropsychiatre, Peter Fenwick, est la principale autorité clinique britannique
en matière d'expériences de mort imminente. Avec sa femme Elizabeth, il a
recueilli les détails de 350 expériences de mort imminente auprès de personnes
de toute l'Angleterre, de l'Écosse et du Pays de Galles. Leurs conclusions sont
rapportées dans leur livre, The Truth in the Light, un ouvrage passionnant écrit
avec le regard d'un neurologue expert qui en sait beaucoup sur la conscience et
sur le fonctionnement du cerveau.
Après avoir méthodiquement abordé les différentes hypothèses avancées pour
expliquer les NDE – qu’il s’agisse des drogues, de la privation d'oxygène, de
l'accumulation de dioxyde de carbone ou des endorphines - Fenwick conclut
que tous ces facteurs ne suffisent pas. Il écrivit :
Il est clair qu'il doit y avoir des structures cérébrales qui facilitent la NDE et
qu'il s'agit probablement des mêmes structures qui facilitent toute
expérience mystique.... Mais la question principale reste sans réponse.
Comment se fait-il que cette expérience cohérente et hautement
structurée se produise parfois durant l'inconscience, alors qu'il est
impossible de concevoir une séquence organisée d'événements dans un
cerveau dysfonctionnel ? On est forcé de conclure que, soit il manque à la
science un lien fondamental qui expliquerait comment des expériences
organisées peuvent survenir dans un cerveau désorganisé, ou que
certaines formes d'expérience sont transpersonnelles, c'est-à-dire qu'elles
dépendent d'un esprit qui n'est pas inextricablement lié à un cerveau.15
Fenwick examine sérieusement l'hypothèse selon laquelle le cerveau transmet,
d'une façon ou d'une autre, la conscience, mais ne la produit pas, cette théorie
de la transmission reposant sur l’hypothèse, comme nous l'avons noté, qu'il
existe une forme de conscience extérieure au cerveau. Le cerveau est en contact
avec cette source, dont il reçoit et modifie les informations. Fenwick propose
que, bien que les souvenirs soient conservés partiellement dans le cerveau, une
grande partie de la mémoire est stockée à l'extérieur du cerveau. Ce lieu de
stockage hors site de la conscience survivrait à la mort du cerveau et du corps. Il
pourrait aussi expliquer pourquoi de nombreuses personnes ont le sentiment de
faire partie d'un tout plus vaste.
127
Fenwick reconnaît les problèmes posés par ce type de modèle. Il déclare : "Nous
nous heurtons à la difficulté qu'il n'existe actuellement aucun mécanisme connu,
qui relierait le cerveau à l'esprit de cette manière, ou qui permettrait à la
mémoire d'être stockée en dehors du cerveau."16 Une autre faiblesse des
théories de la transmission en général, ajoute Fenwick, "c'est que même si elles
sont correctes, elles sont difficiles à tester. Une théorie de la transmission
postulerait que, l'esprit étant transmis par le cerveau, les perturbations des
fonctions cérébrales entraîneront des troubles de l'esprit, parce que la
transmission est interrompue. Mais un argument similaire peut tout aussi bien
être utilisé, si l'on soutient que l'esprit est situé dans le cerveau et qu'il en est une
fonction. Dans ce cas également, un dysfonctionnement du cerveau provoquera
un dysfonctionnement de l'esprit. Il n'existe pas d'expérience qui permette de
distinguer facilement ces deux possibilités."17
Bien que toutes les théories de la conscience soient spéculatives, les théories de
la transmission présentent un avantage certain. Elles peuvent prendre en compte
les données empiriques affirmant notre capacité à acquérir des informations à
distance et sans la médiation des sens physiques. Moyennant quelques
ajustements, elles sont compatibles avec l'Esprit universel.
Quel type d'ajustements ? Tout d'abord, les théories de la transmission de la
conscience sont improprement nommées, ‘’transmission’’ venant de mots latins
qui signifient "envoyer par-delà ou à travers". Rien ne prouve que quoi que ce
soit soit réellement transmis ou envoyé au cours d'expériences distantes et non
locales, et il y a de bonnes raisons à cela. Si la Conscience est véritablement non
locale, comme le suggèrent les preuves, elle est infinie ou omniprésente dans
l'espace et le temps. Il n'y a donc aucun endroit où la Conscience n'est pas, ce
qui signifie qu'il n'est pas nécessaire de transmettre quoi que ce soit, d'un point
A à un point B : c'est déjà là. De plus, si l'Esprit est véritablement non local, l'idée
d'un lieu de stockage hors site, hors du cerveau, pour la Conscience n'a pas de
sens. Stocker quelque chose, c'est le confiner, et l'essence de la non-localité est
le non-confinement ou l'absence de localisation. Dans un modèle non local de la
Conscience, il n'est donc pas nécessaire de se torturer l'esprit concernant le
moyen dont la Conscience est transmise et l'emplacement éventuel d'un
128
support extracrânien de la mémoire, puisque la non-localité rend superflu ce
genre de questions.
La "transmission" est donc un concept tiré de la vision classique et mécanique du
monde. Appliqué à des phénomènes non locaux, il donne une impression
trompeuse sur la nature de la Conscience. Néanmoins, les théories de la
transmission constituent une amélioration par rapport aux images de la
conscience basées sur le cerveau, car elles libèrent la conscience de son
asservissement au cerveau. Un jour, lorsque nous aurons appris à penser et à
parler avec aisance des phénomènes non locaux, nous développerons un
vocabulaire capable de tenir la route sans être contaminé par des termes
inappropriés issus de la vision classique du monde. D'ici là, peut-être devrionsnous garder le terme "transmission" entre guillemets pour souligner son
utilisation circonspecte et nuancée.
Si nous voulons avoir la moindre chance de comprendre l'Esprit universel et la
relation entre l'esprit et le cerveau, nous allons devoir apprendre à penser non
localement, autrement nous courrons toujours après des problèmes qui ne
s'appliquent tout simplement pas dans un monde non local.
129
CHAPITRE 10 : L’IMMORTALITÉ ET LES EXPÉRIENCES DE
MORT IMMINENTE
Comment pouvez-vous craindre une mort personnelle, si vous faites réellement
partie de Dieu ?
-
VS Ramachandran1, directeur du Centre du Cerveau et de la Cognition,
Université de Californie, San Diego
Le seul secret que les gens gardent est celui de l’immortalité.
-
Emily Dickinson2
Mellen-Thomas Benedict, qui était un jeune créateur de vitraux, connut une
expérience de mort imminente en 1982. Benedict était atteint d'une tumeur
cérébrale inopérable, et on lui proposa une chimiothérapie qu'il refusa, puisqu’il
souhaitait conserver une qualité de vie aussi élevée que possible pendant le
temps qui lui restait. Sans assurance maladie, il fut admis en soins palliatifs, ce
qui dura pendant environ 18 mois. Un matin, il se réveilla vers 4h30, en sachant
que c'était le jour où il allait mourir. Il en parla à l'infirmière de l'hospice, et ils
convinrent qu'elle laisserait son corps sans être dérangé pendant au moins six
heures, parce qu'il avait lu que "toutes sortes de choses intéressantes se
produisent, quand on meurt."3 Subitement, il fit l'expérience d'être en dehors de
son corps. Il avait une vision panoramique et vit une magnifique lumière,
éblouissante, la plus belle chose qu'il ait jamais vue. Celle-ci semblait être un
canal d’accès à la Source ou au Soi supérieur. "Je m'y suis plongé", dira-t-il plus
tard, "et ce fut tout simplement extraordinaire . C’était comme tout l'amour que
vous aviez toujours voulu, et c'était le genre d'amour qui soigne, qui guérit, et
qui régénère."4 Puis, la lumière se transforma en un mandala d'âmes humaines
d'une beauté exquise.
Benedict sentit que tous ses jugements négatifs et que toutes ses attitudes
cyniques à l'égard de ses semblables cédaient la place à une vision positive,
pleine d'espoir. Il communiqua avec la Grande Lumière. Il voyagea en conscience
à travers la galaxie et il entrevit la totalité de l'univers. Il sentit qu'il était en phase
de précréation avant le Big Bang. Sa conscience se dilata à l'infini. Il lui fut révélé
qu'il n'y avait pas de mort, juste l'immortalité. Fort de cette certitude, tout le
processus s'inversa alors et il retourna dans son corps.5
L'infirmière de l'hospice le retrouva sans signes vitaux. Elle ne put détecter
aucune tension artérielle, ni aucun battement de cœur, même à l'aide d'un
stéthoscope amplifié. Son moniteur cardiaque était au point mort. Elle respecta
l'accord et laissa son corps tranquille. Il commença à se raidir. C'est alors qu'il se
réveilla brusquement. En voyant la lumière à l'extérieur, il voulut se lever et se
diriger vers elle et tomba du lit. L'infirmière entendit un bruit sourd et le retrouva
par terre.
Au bout de trois jours, il se sentit normal, mais différent par rapport à ce qu'il
avait pu ressentir dans sa vie. Il put quitter l'hospice. Trois mois plus tard, un ami
lui suggéra de retourner voir son médecin pour passer un nouvel examen. Des
scanners cérébraux de suivi furent réalisés. En regardant les scanners ‘’avant’’ et
‘’après’’, le médecin dit : "Eh bien, il n'y a plus rien ici !" Benedict répondit
gaiement : "Vraiment, c'est un miracle ?" "Non’’, répondit le médecin peu
impressionné, ‘’ce sont des choses qui arrivent. C'est ce qu'on appelle une
rémission spontanée." ‘’Mais c'était bien un miracle", dira plus tard Benedict, "et
moi, je fus impressionné, même si personne d'autre ne l'était."6
LA QUESTION DÉCISIVE
L'absorption de Benedict dans la Source ou dans le Soi supérieur, où il vit toute
une série d'autres âmes humaines, est un thème récurrent chez les individus qui
vivent des expériences de mort imminente. La tendance est très ancienne. Des
récits fragmentaires figurent dans l'art et la littérature de tous les temps, comme
la légende d'Er dans La République de Platon, écrite vers 300 av. J.-C. Dans le
récit de Platon, un guerrier, Er, meurt au combat. Au moment où les corps des
morts sont ramassés dix jours plus tard, le corps d'Er ne s'est pas décomposé. Il
se réveille, deux jours plus tard, sur son bûcher funéraire et il témoigne de son
périple dans le ciel de l'au-delà. Accompagné de nombreux compagnons, il
131
expérimenta des sentiments merveilleux, aperçut un puits de lumière arc-en-ciel
plus resplendissant que tout ce qu'il avait jamais vu, et il rencontra de
nombreuses divinités.7
Le concept d'une Source, d'une Âme et d'un Soi supérieur, qui fait souvent partie
de l'expérience de mort imminente, est une affirmation de l’Esprit universel.
Comme le dit Jung, "En plus de notre conscience immédiate, qui est de nature
tout à fait personnelle ... il existe un système psychique de nature collective,
universelle et impersonnelle, qui est identique chez tous les individus" (c'est
nous qui soulignons).8
Dans notre culture matérialiste, la croyance en une âme qui survit à la mort
physique est souvent considérée comme un piètre réconfort pour ceux qui ont
peur de la mort et de l'anéantissement. Mais il y a deux raisons majeures pour
faire abstraction de cette critique.
D’abord, pour beaucoup, cette croyance générale est importante pour un
fonctionnement sain. Ainsi, Jung dit : "En tant que médecin, je m'efforce toujours
de renforcer la croyance en l'immortalité"9 et "La question décisive pour
l'homme est de savoir s'il est relié à quelque chose d'infini ou non. C'est la
question essentielle de la vie. Ce n'est que si nous savons que la chose qui
compte vraiment est l'infini que nous pouvons éviter de fixer notre attention sur
des futilités et sur toutes sortes d'objectifs qui n'ont pas d'importance réelle...’’10
George Orwell, auteur de l'effrayant livre, 1984, était du même avis et dit : "Le
problème principal de notre époque est le déclin de la croyance en l'immortalité
personnelle.’’11
Par ailleurs, l'opinion de la science est en train de changer. L'idée que la
conscience cesse avec la mort n'est plus considérée comme une évidence. Ainsi
que le dit l'éminent physicien, David Bohm, "finalement, tous les moments ne
font réellement qu'un, ... c'est pourquoi le moment présent est l'éternité..... Tout,
moi y compris, meurt à chaque instant dans l'éternité et renaît.’’12 Olivier Costa
de Beauregard, un physicien français de renom trouve dans les mathématiques
et la physique des preuves corroborant ‘’l'existence d'un inconscient collectif
132
omniprésent’’, qui ressemble à s'y méprendre à l'Esprit universel, immortel et
intemporel.13
Le psychiatre, Ian Stevenson, de l'université de Virginie, recensa des milliers de
cas d'enfants qui se souvenaient de vies antérieures, et dont les descriptions des
existences précédentes se virent confirmées par ses recherches, ce qui suggère
fortement la réincarnation.14 Et comme le dit l'astronome et auteur britannique,
David Darling, dans son livre courageux, Soul Search, : "La mort nous attend,
mais plus sous la forme d'une menace d'extinction. La mort peut signifier la fin
du corps, du cerveau et du moi. Mais c'est précisément pour cette raison qu'elle
marque le retour à une Conscience plus vaste et intemporelle. À la lumière de
cette connaissance, toute peur se dissipe. Puisque le moi est une illusion, sa
perte n'a aucune importance."15 Et ce qui n'est pas le moins important, il existe
des preuves en faveur de la survie dans les expériences de mort imminente, qui
sont rapportées par une proportion significative de la population américaine.
Ces tendances sont décrites de manière convaincante par le philosophe Chris
Carter dans son livre, Science and the Near-Death Experience, et par le
cardiologue, Pim van Lommel, dans son livre, Mort ou pas ? Les dernières
découvertes médicales sur les EMI, et par beaucoup d’autres auteurs.
ALLERGIE À L’IMMORTALITÉ
Même si la possibilité d'immortalité qui ressort des expériences de mort
imminente apporte consolation et espoir à de nombreuses personnes, elle en
exaspère d'autres. Par exemple, un neurologue d'une grande école de médecine
a tenté avec acharnement de discréditer les expériences de mort imminente en
affirmant qu'elles n'étaient rien d'autre que des processus physiques se
produisant dans certaines zones du cerveau. Il estime qu'il est contraire à
l'éthique de parler de survie après la mort :
Les gens aiment à dire que ces expériences sont la preuve que la
conscience peut exister en dehors du cerveau, comme une âme qui vit
après la mort. J'espère que c'est vrai, mais c'est une question de foi ; il n'y a
aucune preuve de cela. Les personnes qui prétendent le contraire utilisent
133
une fausse science pour susciter de faux espoirs et je pense que c'est
trompeur et cruel, en fin de compte.16
Mais où se situe la cruauté ? Je pense qu'il est cruel d'assurer aux gens que la
mort physique les anéantit complètement, alors que de nombreuses preuves
suggèrent le contraire. La cruauté consiste à nier les preuves substantielles que
l'esprit peut fonctionner avec une précision énorme, malgré le fait que le cerveau
est gravement endommagé. La cruauté se manifeste chaque fois qu'une autorité
supposée ignore les nombreuses recherches réalisées par des chercheurs
rigoureux, d’après lesquelles la Conscience opère non localement, au-delà des
contraintes de l'espace et du temps, ce qui implique l'infinité temporelle et donc
l'immortalité. La cruauté ne consiste pas à donner de faux espoirs, comme le
dénonce ce neurologue, mais à ôter tout espoir et à promouvoir des souffrances
et des peurs inutiles en faisant une lecture erronée des données scientifiques.
En 2011, je reçus une lettre de parents qui cherchaient du réconfort après le
décès de leur fille bien-aimée, âgée de 19 ans. Atteinte d'une malformation
cardiaque congénitale, elle avait subi plusieurs interventions chirurgicales et
enduré beaucoup de souffrances durant sa courte vie. Ils avaient lu un livre écrit
par un critique notoire des expériences de mort imminente et lui avaient écrit
pour savoir s'il avait un minimum d'espoir concernant la survie de leur fille après
sa mort. Il répondit : "Je ne peux pas donner beaucoup d'espoir. Il ne me reste
moi-même que quelques années à vivre."
Le couple voulait savoir ce que je pensais de sa réponse désolante. Je leur dis
que je considère comme une quasi-certitude qu'un aspect de la conscience
humaine est infini dans l'espace et dans le temps, qu'il est indestructible et
immortel. Je leur dis que je croyais que la conscience de leur fille existait toujours
et existerait pour l'éternité. Je leur demandai de ne pas me croire sur parole,
mais de lire les preuves scientifiques apportées par de nombreux chercheurs et
qui constituent la base de mes conclusions. Je les réorientai vers plusieurs des
sources que je mentionne tout au long du livre. Si j'ai fait cela, c'est parce que les
preuves d'une dimension non locale et infinie de la Conscience sont si
nombreuses que je savais qu'ils n'auraient aucune difficulté à tirer leur propre
conclusion, et qu'elle serait probablement à l'opposé du sinistre verdict du
134
détracteur qu'ils avaient consulté. C'était des gens intelligents, lui un expert en
informatique, elle une avocate ; ils pourraient juger par eux-mêmes sans
accepter le jugement de qui que ce soit, y compris le mien.
Il y aura sans doute toujours des gens qui considèrent que c'est une faiblesse
intellectuelle de croire en quoi que ce soit qui ressemble à l'âme. Comme le dit
un jour avec dérision le regretté Lord Bertrand Russell, "je crois que lorsque je
mourrai, je pourrirai et que rien de mon ego ne survivra."17Je pense que Russell
avait raison ; son corps a sûrement pourri et rien de son ego n'a survécu. Mais ce
n'est pas la fin de l'histoire. Nous sommes plus qu'un corps physique et un ego.
Un élément de notre conscience est temporellement infini et fait partie de
quelque chose de plus vaste : l'Esprit universel.
LA PREUVE DU PARADIS GRÂCE À E. COLI ?
Nous sommes peut-être sur le point de redécouvrir que mourir n'est finalement
pas une si mauvaise chose.18
-
Lewis Thomas
Le Dr Eben Alexander, auteur du best-seller La preuve du paradis : voyage d'un
neurochirurgien dans l'après-vie, acquiescerait.19 Neurochirurgien enseignant
depuis 25 ans, en fonction à la Harvard Medical School et dans ses hôpitaux
affiliés, il est l'auteur de deux livres et de près de 200 articles scientifiques, et
c’est un expert réputé du fonctionnement du cerveau. Il s’est occupé de
centaines de patients rendus comateux par des traumatismes, des infections, des
tumeurs cérébrales, des AVC et des ruptures d'anévrisme. Rien de tout cela ne le
prépara à ce qui lui arriva aux petites heures du 10 novembre 2008, quand luimême tomba dans le coma, fut mis sous respirateur et commença à recevoir des
antibiotiques par voie intraveineuse. Son problème était une forme rare de
méningite causée par E. coli, une bactérie associée aux épidémies d'intoxication
alimentaire observées ces dernières années. L'état d'Alexander se détériora
rapidement. L'équipe médicale s'attendait à ce qu'il meure et elle ne laissa
entrevoir que peu d'espoir à sa femme et à ses deux fils. Mais contre toute
135
attente, il survécut. Le septième jour, quand on lui retira son tube respiratoire, il
dit "merci". Mais quelque chose s'était produit entre les 10 et 17 novembre, qui
bouleversa sa vie. Au cours de cette période, il vécut une expérience de mort
imminente qui pulvérisa tout ce qu'il croyait savoir sur le cerveau humain et sur
la conscience.20
La NDE d'Alexander fut "hyperréaliste et extrêmement nette et vivante", plus que
la conscience de veille ordinaire. Il la considère à ce point "choquante" et réelle
que c'est "indescriptible". L'expérience comporta plusieurs phases. La vision
initiale était ''seulement floue et rudimentaire", avec un visage apparaissant par
intermittence. Puis une "mélodie entraînante et sublime" se fit entendre.
Alexander devint pareil à "un point sur l'aile d'un papillon, parmi des millions
d'autres papillons splendides’’. A côté de lui, sur l'aile, se trouvait "une fille
absolument ravissante", habillée "comme une paysanne... dans des tons
pêche/orangé et bleu pâle, tout simplement magnifique". Bien qu'elle ne
prononça jamais aucune parole, elle lui communiqua la pensée suivante : "Tu es
aimé. Tu es chéri pour toujours. Il n'y a rien que tu puisses faire de mal. Tu n'as
pas à t'inquiéter. Tout se passera bien pour toi." Ce message comprenait la prise
de conscience qu'il ne pourrait pas rester dans ce lieu ; il devrait retourner à son
existence terrestre.
Alexander prit conscience d'une "Présence divine", une sorte de "supra
puissance de la divinité". Il dit : "Je me situais loin au-delà ... de toute forme de
conscience humaine. Il n'y avait en réalité qu'une seule Conscience". Alexander
était entré dans l'Esprit universel. Il ressentit le temps comme une durée
temporelle infinie. "Nous essayons toujours de séquencer les choses et de les
présenter sous une forme et avec une description linéaires. Cela ne fonctionne
pas vraiment", dit-il.21
Après sa NDE, Alexander se plongea dans la littérature relative à ces
phénomènes pour essayer de comprendre ce qui lui était arrivé. Il s'impatientait
par rapport aux sempiternels arguments utilisés par les sceptiques pour rejeter
ces phénomènes. "Cette hyperréalité que les gens décrivent ... n'est pas quelque
chose qui va être expliqué par [ce] petit discours simpliste sur les niveaux de CO2
et d'oxygène. Cela n’ira pas. Je vous le promets". Il ajoute : "Cela ne ressemble
136
pas du tout à une expérience de drogue. Beaucoup de gens sont venus me voir
et m'ont dit : "Oh, on dirait une expérience de DMT" ou "Ça ressemble à la
kétamine". Non, pas du tout. Cela ne correspond pas du tout à la réalité".
Le Dr Alexander est un scientifique aux références irréprochables et au sommet
de son art. Il apprécie la bonne forme de scepticisme, mais pas celle qui souffre
de préjugés préétablis. Il reconnaît que "les scientifiques sont aussi enclins à
s'accrocher à des dogmes et à des croyances imposés qu'un zélote religieux. Il
faut donc veiller à prendre du recul et à vouloir connaître la vérité.... Il y a
quelque chose au sujet de la Conscience que nos modèles primitifs ne saisissent
pas. C'est beaucoup plus profond que je ne l'avais jamais réalisé auparavant".
Grâce à l'E. coli, le Dr Alexander franchit une porte par laquelle il ne pourra
jamais revenir. "Mon expérience m'a montré très clairement", dit-il, "qu'une
Conscience incroyablement puissante et qui dépasse de loin ce dont je suis
prisonnier ici dans le royaume terrestre, commence à émerger, quand vous vous
libérez du mécanisme de filtrage du cerveau. C'est réellement étonnant. Et c'est
ce qu’il nous faut expliquer. Des milliers, voire des millions de personnes ayant
vécu une expérience de mort imminente en ont parlé".
Les NDE ne sont toutefois qu'un moyen de passer par le chas de l'aiguille. "Les
gens ne sont pas obligés de se trouver dans une situation de mort imminente",
explique le Dr Alexander. "Il existe de nombreuses expériences mystiques qui se
sont produites au cours des millénaires et qui relèvent du même mécanisme.’’ Il
a raison, comme nous le verrons bientôt.
Tout cela a déjà été dit dans des milliers de livres, d'articles et d'interviews
depuis que les expériences de mort imminente apparurent sur la scène culturelle
en 1975 avec la publication de La vie après la vie , du psychiatre Raymond
Moody.22 Ce qui est nouveau dans le récit du Dr Alexander, c'est Alexander. Il
n'est pas fréquent qu'un neurochirurgien de premier plan et expert du
fonctionnement du cerveau s'avance pour défendre un phénomène qui se situe
au-delà du cerveau et du corps, et pour déclarer avec passion que la Conscience
existe indépendamment du cerveau humain. Ses arguments feront-ils mouche ?
137
Pour certains, oui, mais pas pour tous. Certains de ses médecins lui ont déjà
déclaré sans ambages : "Certes, mais vous étiez extrêmement malade…’’
Peu importe. Ce qui est considéré comme "prouvé" est toujours en train
d'évoluer. Même le physicien, Max Planck, prétendait que la science évoluait
avec chaque enterrement. Il n'est pas nécessaire de convaincre tout le monde.
Dix-huit pour cent des Américains continuent de croire que le Soleil tourne
autour de la Terre,23 et quelques-uns restent convaincus que la Terre est plate,24
mais cela ne change rien aux faits. Alexander est optimiste. "Je pense que [la
nouvelle vision de la conscience] va changer ce monde de façon merveilleuse",
déclare-t-il. "J'ai bon espoir que la science et la spiritualité s'unissent et aident
les gens à comprendre la véritable nature de notre existence. Un des effets
secondaires sera que l'humanité, la grâce et l'harmonie que nous verrons dans le
monde se développeront énormément au fur et à mesure que nous
avancerons..."
DES MILLIONS DE NDE
Des enquêtes réalisées aux États-Unis, en Australie et en Allemagne suggèrent
que 4 à 15 % de la population ont vécu une NDE.25 Une vaste étude menée aux
Pays-Bas établit que 18 % des personnes ayant subi un arrêt cardiaque et se
trouvant en état de mort clinique déclarèrent avoir vécu une NDE.26 Un sondage
Gallup effectué dans les années 1980 estima qu'environ 13 millions d'Américains
avaient vécu une NDE.27 Une étude conclut que, statistiquement, chaque jour
aux États-Unis, près de 800 personnes vivent une NDE.28
L'argument de ceux qui doutent de la validité de ces expériences est qu'il s'agit
du dernier souffle d'un cerveau malade, mourant, en manque d'oxygène,
dysfonctionnel et en panne, mais ces dernières années, cette "explication" est
devenue de plus en plus insoutenable, en raison de la découverte que ces
expériences se produisent aussi bien chez des personnes en bonne santé que
chez des personnes proches de la mort.
En 1992, l'International Association for Near-Death Studies (IANDS) fit parvenir
un questionnaire à ses membres leur demandant comment ils en étaient arrivés
138
à cette expérience, et elle reçut 229 réponses. Elle constata que 23 % des
personnes avaient vécu le phénomène de mort imminente, alors qu'elles étaient
cliniquement mourantes, 40 % au cours d'une maladie grave ou d'un
traumatisme physique sévère, et 37 % sans avoir frôlé la mort ni subi de maladie
ou de traumatisme. Le pourcentage le plus faible d'expériences de mort
imminente dans cette enquête fut enregistré chez les personnes qui se
trouvaient au seuil de la mort.29
Mais les expériences de mort imminente vécues par des personnes en bonne
santé sont-elles les mêmes que celles vécues par des personnes proches de la
mort ou gravement malades ? Le psychologue, Kenneth Ring, de l'université du
Connecticut, pense que la réponse est oui. Ring est l'un des chercheurs les plus
respectés dans le domaine des NDE. Il déclare : "Il n'est pas nécessaire d'être à
l'article de la mort pour avoir le genre d'intuitions spirituelles qui sont typiques
des expériences de mort imminente.... En outre, les transformations qui
s'ensuivent ... peuvent également se produire sans que l'on ait frôlé la
mort....L'élément déclencheur de l'expérience n'a pas d’importance. C'est ce qui
vous arrive au cours de l'expérience qui importe, et non ce qui vous y a
amené."30
Nancy Clark devrait le savoir. Titulaire d'un diplôme de cytologie (la cytologie est
l'étude des cellules) du Women's Medical College de Pennsylvanie, elle enseigna
la cytologie et elle fit de la recherche sur le cancer dans une grande université
avant de prendre sa retraite pour se consacrer à l'écriture et à des conférences
sur les expériences de mort imminente. Clark s'est épanouie dans la science et
elle honore la méthode scientifique ; ce n'est pas le genre de personne qui
rechercherait ce qui lui est arrivé.
Au début des années 1960, longtemps avant que Raymond Moody n'alerte la
culture occidentale sur l'expérience de mort imminente dans La vie après la vie31,
on crut que Clark était morte en donnant naissance à son fils. Le problème était
une éclampsie de grossesse, caractérisée par une sévère hypertension artérielle,
des œdèmes et des convulsions. Elle perdit connaissance — tout en restant
consciente de ce qui se passait. Elle vit son corps physique en contrebas, puis
une source de lumière lui parvenant, et elle sentit la béatitude, la paix et l'amour
139
envahir tout son être. Par ailleurs, elle vit l'infirmière accoucheuse qui pesait sur
sa poitrine en disant : "Revenez, Nancy, revenez !" L'infirmière ajouta alors :
"Vous avez un fils." Clark décida de retourner dans son corps physique.
Trop tard. Elle reprit connaissance à la morgue, allongée sur une surface
métallique froide, avec un drap sur le visage. Elle ôta le drap et vit un autre corps
sur un lit à roulettes à côté d’elle, également recouvert d’un drap. Puis, elle
reperdit connaissance. La fois suivante où elle se réveilla, elle se trouvait dans
une chambre d’hôpital.
Elle était plutôt désorientée. Elle n'avait jamais entendu parler de NDE. On n'en
parlait pas, le terme n'avait pas encore été inventé. Elle craignit de se retrouver
dans un hôpital psychiatrique, si elle racontait à son médecin ce qu'elle avait
vécu, alors elle garda le silence. Celui-ci refusa de discuter avec elle de ce qui
avait mal tourné. Il lui tapota l'épaule, puis l'exhorta à "avancer dans la vie et à ne
pas regarder en arrière, à oublier ce qui s'était passé". Elle obtempéra et n'en
parla à personne jusqu'à ce qu'à l'âge de 38 ans, alors qu'elle était en parfaite
santé, qu'elle enseignait et qu'elle faisait de la recherche sur le cancer, elle vécut
une expérience presque identique. Elle se tenait sur un podium et prononçait
l'éloge funèbre d'un ami décédé, lorsque la Lumière réapparut. Pendant que son
corps physique continuait à fonctionner normalement et que l'éloge funèbre se
déroulait sans anicroche, elle ressentit la sensation de quitter son corps physique
pour entrer dans une autre dimension qu'elle appelle "la Lumière divine". Elle fit
l'expérience d'une grande beauté, de l'extase et de la béatitude. Un amour
inconditionnel l'envahit, comme elle n'en n’avait jamais ressenti. Sa vie défila
devant elle.
Clark "sentit l'illusion de son moi séparé fondre, tout simplement. J'aimais tout et
tout le monde avec une Conscience immense, transformée". Elle "fusionna dans
l'unité avec la Lumière divine, [et] la communication s'opéra par télépathie". Elle
vit l’ami décédé, dont elle prononçait l'éloge funèbre, debout à côté d'elle, lui
tenant la main, lui faisant savoir qu'il allait bien et qu'il était très heureux, et qu'il
n'y avait aucune raison de s'affliger. Elle n'avait nullement envie de retourner
dans le corps de Nancy sur le podium. Elle le fit toutefois, car elle savait qu'elle
avait reçu la mission de partager avec d'autres ce qu'elle avait vécu. Elle se
140
sentait prête à le faire, parce qu’elle sentait qu'on lui avait donné accès à la
"connaissance ultime". "Je connaissais tout ce qu'il y avait à connaître, le passé, le
présent et l'avenir. Chaque mot et chaque pensée qui ont été ou qui seront
jamais prononcés ou écrits m’étaient connus", dit-elle. Néanmoins, elle comprit
plus tard qu'il ne lui était pas permis de se souvenir de l'ensemble de ces
connaissances, mais seulement de certaines d'entre elles. "C'est ce que
rapportent également toutes les personnes qui ont vécu une expérience de mort
imminente", écrivit-elle. "C’est l’une des similitudes classiques et universelles en
plus de trente ans de recherche scientifique."32
Clark avait pénétré dans le domaine de l'Esprit universel, où toutes les
intelligences et toutes les informations se croisent et où l'on peut avoir accès à
toutes les connaissances. Son expérience est identique à l'intuition d'Emerson,
que nous avons vue dans l'introduction : ‘’Il y a un Esprit commun à tous les
individus. Chaque homme est une voie d’accès au même et à la totalité…Ce que
Platon a pensé, il peut le penser ; ce qu’un saint a ressenti, il peut le ressentir ; ce
qui, à un moment donné, est arrivé à tout homme, il peut le comprendre. Qui a
accès à cet Esprit universel est partie prenante de tout ce qui est ou de tout ce
qui peut être accompli…’’33
Au bout d'un quart d'heure passé dans cet état extatique et idyllique, Clark
retrouva son corps physique, qui continuait à prononcer l’eulogie. À la fin du
service commémoratif, plusieurs personnes lui dirent que, pendant qu'elle
parlait, elles avaient remarqué une lueur blanche autour de son corps.
Même si elle était motivée à l'idée de transmettre son expérience aux autres,
Clark se heurta à de nombreux obstacles. Elle perdit tous ses amis, qui la prirent
pour une folle. Sa propre famille ne la crut pas. On la raillait, quand elle racontait
ce qui s'était passé. Un pasteur protestant fondamentaliste lui interdit de parler
de ce qui s'était passé, parce que Satan, disait-il, pouvait se déguiser en ange de
lumière et qu'il opérait sans doute à travers elle. "Pour être honnête’’, dit-elle, ‘’je
ne pense pas que moi non plus, j'aurais cru quelqu'un qui aurait raconté cette
histoire". Mais les critiques ne la découragèrent pas. "Les sceptiques et les
récalcitrants entreront, un jour, dans ce royaume transcendant, et ils
141
découvriront par eux-mêmes que ce que j'ai tenté de leur dire était vrai, après
tout’’, dit-elle.34
L'inaptitude à communiquer ce que l'on a vécu au cours de ces expériences
transcendantes provoque parfois de graves conflits. Comme le raconta une
femme à Clark : "Au début, je n'ai pas parlé de mon expérience à beaucoup de
gens, et maintenant je n'en parle qu'aux personnes que je sens prêtes à
l'entendre. Mon mari, à l'époque de mon expérience, a divorcé. Il avait l'habitude
de dire : "Tu n'es plus la même personne que j'ai épousée."35 Une autre femme
raconta qu'après son expérience de mort imminente, "tout ne s'est pas passé
sans heurts. Mon mari pensait que j'étais psychotique, ou peut-être n'était-ce
qu'une excuse pour vouloir divorcer et être libre."36
Pendant que Clark donnait des conférences et écrivait sur ce qu'elle avait vécu,
elle collecta 102 rapports de personnes ayant vécu des expériences similaires à
celle qu'elle avait connue sur le podium. Ces personnes étaient en bonne santé
et elles n'étaient pas du tout en danger de mort, lorsqu’elles vécurent leurs
expériences transformatrices. Elles avaient entre 22 et 93 ans. Certaines étaient
religieuses, d'autres spirituelles sans être religieuses, d'autres encore
agnostiques ou athées. Leurs expériences se produisirent spontanément, sans
signes avant-coureurs. Parmi les situations qui les ont précédés, citons le repos,
le travail ou la récréation, la prière ou la méditation, conduire une voiture, les
rêves, regarder la télévision, voler à bord d’un avion et parler au téléphone. A
l’instar de Clark, elles ressortirent de ces expériences avec un but et un sens de la
vie renouvelés et avec un sentiment de connexion et d'amour inconditionnel
pour tout le monde. Elles décrivirent généralement cette expérience comme
l'événement le plus important de leur vie.37
Clark estime que les termes d' "expérience de mort imminente" peuvent être
trompeurs, étant la preuve vivante que l'expérience peut également se produire
chez des personnes en parfaite santé. Elle est bien placée pour défendre ce point
de vue, ayant vécu des expériences identiques, lorsqu’elle était cliniquement
morte et lorsqu’elle était en bonne santé et qu'elle travaillait comme professeur
de cytologie et chercheuse en cancérologie. Elle déclare catégoriquement : "Il n'y
a pas de différence" dans ces expériences.
142
Les chercheurs le confirment. Ces dernières années, ils ont subdivisé les EMI.
Outre l'expérience de mort imminente telle que celle vécue par Clark pendant
son accouchement, il y a l'expérience similaire du même ordre qu'elle a vécue
sur le podium. Une autre variante est l'expérience de peur de la mort associée à
la peur aiguë d'une mort imminente. De telles expériences sont rapportées par
des personnes confrontées à une mort apparemment inévitable, comme à
l’occasion d'une chute en montagne ou d'un terrible accident de voiture. Une
autre catégorie est l'expérience de mort ''imminente'', qui peut se produire au
cours du processus graduel et prolongé de la mort, comme dans le cas d'une
maladie mortelle qui s'éternise.38
Clark mérite toute notre attention. Ses expériences s'étendent sur cinq
décennies. Elle a vécu une mort clinique et une EMI classique bien avant
l'apparition de cette expression, ce qui exclut la possibilité que la suggestion et
l'attente aient coloré son expérience. Deux décennies plus tard, elle a vécu une
expérience analogue, alors qu'elle était bien portante et qu'elle prenait la parole
au cours d'une cérémonie commémorative. Elle a vu les cultures occidentales
passer du déni de ces événements à la reconnaissance du fait que des millions
d'Américains ont vécu une forme ou l’autre de NDE.39
‘’LA DERNIÈRE PERSONNE À QUI J’EN PARLERAIS’’
Les médecins ont encore du mal à s'accommoder de ces rapports. Par
conséquent, à l'instar de Nancy Clark, de nombreuses personnes ayant vécu une
NDE répugnent à révéler leurs expériences à leurs docteurs. C'est l'une des
raisons pour lesquelles ces événements sont très certainement trop peu
signalés.
Pim van Lommel, l’éminent cardiologue néerlandais, analysait pourquoi la
plupart des patients gardent le silence sur ces événements dans son livre à
succès, Mort ou pas ? Les dernières découvertes médicales sur les EMI.40 Il y
mentionnait une conférence sur les NDE organisée en 1994 dans un hôpital
universitaire des États-Unis, à laquelle assistaient environ 300 personnes. Au
bout de quelques exposés et d’une histoire personnelle, un médecin se leva pour
143
dire : "Je suis cardiologue depuis 25 ans et je n'ai jamais rencontré d'histoires
aussi absurdes dans ma pratique. Je pense que tout cela est totalement insensé ;
je n'en crois pas un mot". Alors, un autre homme se leva pour dire : "Je suis l'un
de vos patients. Il y a quelques années, j'ai survécu à un arrêt cardiaque et j'ai
vécu une NDE, et vous seriez la dernière personne à qui j'en parlerais."41
La rupture de la communication entre les médecins et leurs patients à propos
des NDE est lamentable. Mais les médecins ne sont pas seuls à fermer la porte.
Comme nous l'avons vu, la famille proche de Clark refusa de la croire et elle
perdit tous ses amis lorsqu'elle parla de sa NDE pendant l'accouchement. Tous
pensaient qu'elle était dérangée.
Voici un exemple de ce que l'on pourrait y gagner, si ces témoignages étaient
reconnus. Une femme de 97 ans contacta Clark par téléphone, après avoir lu un
article de journal que Clark avait écrit sur sa NDE. Cette femme âgée dit à Clark
qu'elle aussi avait vécu une NDE pendant son accouchement et qu'elle n'en avait
jamais parlé à personne. Elle avait eu peur de le faire. En pleurant, elle raconta à
Clark son expérience transformatrice, pendant que Clark pleurait avec elle. Clark
raconte : "Elle m'a dit qu'après toutes ces années passées à garder cette
expérience pour elle, elle pouvait maintenant fermer les yeux pour l'éternité avec
la paix qu'elle ressentait après m'en avoir parlé. Bénie soit-elle. Je ne l'oublierai
jamais, ni la confirmation qu'elle a reçue en sachant que d'autres avaient vécu ce
qu'elle avait vécu, ni qu'elle avait enfin pu en parler à un autre être humain sans
être considérée comme une folle."42
EXPÉRIENCES DE MORT PARTAGÉE
L'expérience de mort partagée est similaire à l'expérience de mort imminente
chez les personnes en bonne santé.
Dans son livre, Paranormal : Une vie en quête de l'au-delà, le psychiatre
Raymond Moody déclare : "Les expériences de mort partagée ressemblent à des
expériences de mort imminente, mais elles se produisent non pas chez des
mourants, mais chez des personnes qui se trouvent à proximité d'un être cher en
144
train de mourir. Ces expériences spirituelles peuvent concerner plus d'une
personne et ressemblent remarquablement à des expériences de mort
imminente."43
La première fois que Moody entendit parler de tels événements, ce fut dans les
années 1970, par l'intermédiaire du Dr Jamieson, une femme membre de la
faculté de médecine de Géorgie. Jamieson rendait visite à sa mère, lorsque celleci fit un arrêt cardiaque. Le Dr Jamieson entreprit en vain une réanimation
cardio-pulmonaire. Tandis que Jamieson, sous le choc, réalisait que sa mère était
morte, elle fut sidérée de se retrouver à l'extérieur de son corps, en train de
contempler la scène de la réanimation, comme depuis un balcon. En regardant à
gauche, Jamieson aperçut sa mère qui flottait à côté d'elle. Puis, elle vit de la
lumière se déverser dans la pièce, comme si elle provenait d'une "brèche dans
l'univers". Dans la lumière se trouvaient des amis de sa mère, tous décédés au
cours des dernières années. Sous les yeux de Jamieson, sa mère se dirigea vers la
lumière et retrouva ses amis. Puis la lumière disparut et la brèche se referma.
Jamieson se retrouva alors à côté de sa mère décédée, totalement perplexe par
rapport à ce qui venait de se passer. Après avoir entendu le récit de Jamieson,
Moody lui donna un nom : "l'expérience de mort partagée".
Moody n'entendit plus parler d'expériences de ce type jusqu'au début des
années 1980, quand on commença à parler partout librement des NDE. Des
personnes se mirent à lui raconter qu'elles se trouvaient aux côtés de leurs
proches mourants et qu'elles avaient vu une lumière mystique se diffuser dans la
pièce. La forme géométrique de la pièce semblait aussi changer. Certaines
personnes furent entraînées dans un tunnel de lumière en même temps que le
mourant et participèrent à la revue/bilan de sa vie. Ces expériences impliquaient
parfois des groupes de personnes. "C'était comme si les vivants vivaient des
expériences de mort imminente", dit Moody.
Une amie de longue date, l'autrice Joan Borysenko, me raconta un épisode de ce
type. Le Dr Borysenko est une ancienne biologiste, spécialiste des cellules
cancéreuses, à Harvard, où elle entreprit un changement de carrière important
pour devenir une pionnière de la recherche en médecine psychocorporelle. Elle
et son fils, Justin, 20 ans, se trouvaient au chevet de sa mère mourante dans une
145
chambre d'hôpital et lui avaient fait leurs adieux vers minuit, heure à laquelle elle
s'était endormie. Ils savaient que sa mort était imminente. Borysenko et Justin
étaient assis tranquillement de part et d'autre du lit. Elle priait et méditait les
yeux fermés. Subitement, vers trois heures du matin, elle ouvrit les yeux et vit
que toute la pièce semblait comme composée de lumière. "Je sais bien que cela
pourrait être difficile à comprendre, mais c'était comme si tout était constitué de
particules de lumière : ma mère, le lit et le plafond. Tout était si beau.’’ Borysenko
regarda de l'autre côté du lit et vit que Justin pleurait. Des larmes coulaient sur
son visage et il paraissait sidéré. Justin dit : "Maman, la pièce est remplie de
lumière ! Tu la vois ?" "Oui, je la vois. Je vois la lumière", répondit-elle. Puis Justin
ajouta : "C'est Mamy qui nous ouvre la porte de l'éternité pour que nous
puissions l'entrevoir !’’44
Cela prit aussi une tournure personnelle pour Moody. Alors que sa mère était
mourante, ses deux sœurs, leurs maris, Moody et son épouse étaient réunis à
son chevet, à l'hôpital. Elle était dans le coma depuis deux jours, mais peu avant
sa mort, elle se réveilla et elle dit au groupe qu'elle les aimait tous beaucoup.
Kay, la sœur de Moody, lui demanda de répéter. Elle repoussa le masque à
oxygène de son visage et elle répéta : "Je vous aime tous très fort !" Tous se
tenaient la main et leur monde se transforma. La pièce sembla changer de
forme. Quatre des six personnes se sentirent comme soulevées, et Moody sentit
une force puissante, qui le tirait vers le haut. Une de ses sœurs indiqua une place
près du bout du lit, en disant : " Regardez ! Papa est là. Il est revenu la chercher !"
Tous les six signalèrent que la lumière dans la chambre avait changé, pour
devenir douce et diffuse. Tous se sentaient joyeux. Un des beaux-frères de
Moody décrivit avoir quitté son corps physique et être passé sur un autre plan
avec sa belle-mère mourante. Ceci ne ressemblant à rien de ce qu'ils avaient déjà
vécu, ils passèrent les jours suivants à essayer d'harmoniser tous les détails pour
dresser un tableau cohérent.
L'impact sur Moody fut profond. À cette époque, il était déjà internationalement
connu comme la personne qui avait attiré l'attention du monde sur l'expérience
de mort imminente. Après la mort de sa mère, il sut qu'il avait trouvé la phase
suivante de l'œuvre de sa vie : l'expérience de mort partagée.
146
Dans ses conférences à travers le monde sur les NDE, Moody demanda à ses
auditeurs s'ils avaient déjà vécu des événements similaires à ceux que lui et ses
proches avaient vécus. Les témoignages affluèrent. Moody interrogea de
nombreuses personnes en privé minutieusement. Avec la diffusion de
l'information, des expériences de mort partagée furent également signalées à
d'autres chercheurs sur les NDE.
Tout le monde comprit qu'il s'agissait là d'une réfutation désastreuse pour les
sceptiques, car ces événements extraordinaires concernaient des personnes qui
n'étaient pas malades.
Il en ressortit un tableau cohérent. Les expériences de mort partagée incluent la
plupart des éléments traditionnels des NDE, comme les expériences de tunnel, la
vision d'une lumière mystique rayonnante, les sensations extracorporelles, la
revue bilan de la vie, etc. Moody distingue quatre éléments qui sont
généralement présents. Il y a d'abord la musique souvent entendue par toutes
les personnes qui accompagnent le mourant. Ils disent souvent que cette
musique est la plus subtile et la plus belle qu'ils aient jamais entendue. On
observe aussi des altérations géométriques dans l'environnement immédiat,
comme si la pièce avait changé ou s'était évanouie et dilatée en même temps. Et
puis, il y a la sensation partagée de voir une lumière d'un autre monde presque
palpable et ressentie comme pureté, amour et paix.
"La sensation partagée d'une lumière mystique par plusieurs personnes en
bonne santé et qui ne sont ni malades ni mourantes", déclare Moody, ‘’contribue
grandement à démolir l'argument des sceptiques suivant lequel la lumière vue
par ceux qui ont des expériences de mort imminente n'est rien d'autre qu'un
court-circuit du cerveau en train de mourir." Si un certain nombre de personnes
qui ne sont ni malades, ni mourantes partagent une expérience mystique de
lumière, alors cette lumière ne peut pas être générée par le cerveau mourant
d'une seule d'entre elles."45 Une quatrième caractéristique qui distingue les
expériences de mort partagée des NDE, c’est l'émission par la personne
mourante d'une brume apparente, souvent décrite par les témoins comme de la
vapeur, du brouillard ou une fumée blanche, qui prend souvent une forme
humaine. De nombreux médecins, infirmières et employés d'hospices ont
147
rapporté à Moody et à d'autres chercheurs qu'ils avaient vu ce mystérieux
brouillard. Bien qu'il ait constaté qu'il s'agissait de l'élément le plus constant
signalé dans les expériences de mort partagée, Moody ne sait pas comment
l'interpréter.
Les expériences de mort partagée se déroulent sous le radar depuis un certain
temps, bien avant que Moody ne les découvre. On peut citer le cas de la grandmère du psychologue, Ryan Rominger, de l'Institut de psychologie
transpersonnelle de Californie. Le grand-père de Rominger se mourait d'un
cancer et était alité depuis deux ans. Il était hospitalisé et bénéficiait de services
complémentaires. Le jour de sa mort, sa femme, la grand-mère de Rominger, se
trouvait dans sa chambre tout en ayant le sentiment que quelque chose allait
arriver. Elle se leva et elle se dirigea vers le chevet du malade et se retrouva
soudainement à marcher sur un sentier avec son mari dans un endroit d’un autre
monde - semi-montagneux, luxuriant et verdoyant. Il lui parut beaucoup plus
jeune, portait sa vieille casquette de chasse rouge et il n'avait plus de
trachéotomie. Il souriait, tandis qu'ils marchaient main dans la main.
Quand ils arrivèrent à une bifurcation, il dit, sans remuer les lèvres : "Viens avec
moi." Elle répondit qu'elle ne pouvait pas et ils se séparèrent. Il descendit un
sentier sur une petite colline et se dirigea vers une ville. Elle le regarda s'éloigner
et suivit l'autre chemin. Puis elle reprit brusquement conscience, suffisamment
pour savoir qu'elle était de retour dans la chambre d'hôpital et que son mari
venait de mourir. Des infirmières étaient en train d'éteindre les machines et les
appareils qui l'avaient maintenu en vie. Un pasteur et son fils étaient entrés dans
la chambre pour être avec elle. Le pasteur était en train de la secouer en
l'appelant par son prénom et lui disait : " Revenez, revenez. Ce n'est pas encore
le moment de partir pour vous." Elle avait repris ses esprits pendant qu'il la
secouait pour réaliser ce qui s'était passé.46
Il est peu probable que les sceptiques invétérés de l'expérience de mort
imminente soient convaincus par les expériences de mort partagée et ils se
retrancheront derrière des "hallucinations ou des délires collectifs", où des
personnes émotionnellement stressées, crédules et éplorées voient ce qu'elles
souhaitent voir. Mais on peut difficilement soutenir de telles critiques, comme le
148
montre une expérience collective de mort imminente comprenant un groupe
d'individus qui ne sont pas connus pour leur vulnérabilité : une équipe de
soldats du feu d'élite, coriaces et courageux.
En 1989, une équipe de 20 pompiers forestiers confirmés fut héliportée sur une
crête montagneuse pour contrôler un incendie qui brûlait en contrebas dans un
épais bois de pins ponderosa et un sous-bois de chênes nains. Pendant qu'ils
établissaient un coupe-feu, à leur grande horreur, le vent tourna et le brasier
remonta vers eux avec une force explosive. Rapidement, ils furent encerclés par
les flammes. La conflagration aspirait l'oxygène de l'air au niveau du sol, et les
pompiers peinaient à respirer, en étant réduits à ramper sur les mains et les
genoux. L'un après l'autre, les soldats du feu s'écroulèrent, en suffoquant à cause
du manque d'oxygène.
Jake, le chef d'équipe, se dit alors : " Ça y est, je vais mourir. Puis il se retrouva audessus de son corps, le contemplant de haut, alors qu'il gisait dans une tranchée.
En dépit du brasier qui faisait rage, Jake se sentait totalement en paix. Il regarda
autour de lui et il aperçut d'autres membres de son équipe qui planaient audessus de la scène, à proximité, et qui contemplaient leurs propres corps. L'un
d'entre eux, José, avait un pied déformé. "Regarde, José, ton pied est droit !",
remarqua Jake. C'est alors qu'une lumière radieuse apparut, que Jake décrivit
comme "merveilleuse". Même si elle était extrêmement brillante, il pouvait la
contempler sans se faire mal aux yeux. " À cet instant, tout était si parfait, et mon
corps spirituel était si libre. J'avais l'impression que tout était sans limites",
racontera-t-il plus tard.
Jake vit son arrière-grand-père décédé qui se tenait dans la lumière. D'autres
aïeuls apparurent également et son arrière-grand-père le guida tout au long de
l'expérience et lui communiqua, par la seule pensée, qu'il avait le choix entre
retourner dans son corps ou bien rester dans le lieu paisible et béatifique où il se
trouvait. Jake fit comprendre à son arrière-grand-père qu'il serait affligeant de
revenir dans un corps gravement brûlé et il lui fut répondu qu'il ne devait pas
s'inquiéter ; ni lui ni aucun autre membre de son équipe ne souffrirait des
conséquences de l'incendie s'ils choisissaient de retourner.
149
Jake choisit alors de retourner dans son corps physique. Ce faisant, il constata
que certains des outils métalliques que lui et son équipe avaient utilisés avaient
maintenant fondu. Alors que le feu faisait toujours rage, il réussit à gravir la
pente abrupte pour se mettre en sécurité, comme s'il était entouré d’une bulle
protectrice qui le protégeait des bruits et des turbulences de la conflagration.
Arrivé au sommet de la crête, il y retrouva tous les autres membres de son
équipe. Aucun d'entre eux ne pouvait croire qu'ils avaient échappé à une mort
certaine, les seuls dommages se limitant à quelques cheveux roussis.
Ils confrontèrent leurs observations et découvrirent que chacun d'entre eux avait
vécu sa propre expérience de mort imminente en apparaissant parfois dans la
NDE d'un autre. Comme Jake, ils avaient rencontré d'autres membres de leur
famille et ils avaient eu le choix de retourner dans leur corps physique. Comme
ils travaillaient ensemble tout au long de la saison estivale des incendies, ils
continuèrent à discuter de leurs expériences qui se recoupaient et de leur
délivrance miraculeuse.47
Les critiques rétorquèrent que les NDE collectives de ces soldats du feu
prouvaient qu'ils avaient raison : ils étaient privés d'oxygène au niveau du sol et
leurs cerveaux dysfonctionnaient. Mais comme nous l'avons vu, des personnes
normales, en bonne santé et n'étant pas privées d'oxygène témoignent
d'expériences extracorporelles, transcendantes, joyeuses et transformatrices
similaires qui se produisent souvent spontanément. Et des personnes en bonne
santé ont aussi des expériences de mort partagée avec leurs proches. Aucune
explication physique n'a jamais été proposée pour expliquer cette gamme
complète d'expériences comme étant le résultat d'un mauvais fonctionnement
du cerveau.
Les sceptiques pourraient bien recevoir une leçon de l'un des critiques les plus
sévères que Moody ait jamais rencontré : son père. Le père de Moody était un
ancien officier de l'armée pendant la Seconde Guerre mondiale et un chirurgien
autoritaire et sans états d'âme. Il s'opposait tellement catégoriquement au
travail de Moody qu'il le fit un jour interner dans un hôpital psychiatrique contre
son gré. À l'approche de sa mort, son père tomba dans un coma d’où il ne
reprendrait jamais conscience, selon ses médecins. Néanmoins, contre toute
150
attente, sa respiration se fit plus énergique et il ouvrit brusquement les yeux.
Avec un sourire béatifique, il contempla les visages éberlués de ses fils et il leur
annonça : " J'ai été dans un endroit magnifique. Tout va bien. Je reverrai tout le
monde. Vous me manquerez, mais nous serons à nouveau réunis." "C'est sur
cette déclaration’’, dit Moody, ‘’qu'il est mort. L'expérience de mon père sur son
lit de mort avait fait de lui un croyant."48
L'expérience du père de Moody, qui n'était pas croyant, devrait inciter les
sceptiques à la prudence : si vous ne souhaitez pas croire aux NDE, assurez-vous
de ne pas en avoir une.
SUPPRIMER LES LIMITES POUR DU BON
Les expériences de mort imminente sont une immersion dans I'Esprit unitaire,
universel et indivis. Dans les NDE et leurs variantes qui se produisent chez des
personnes saines, il y a une dissolution des limites qui opèrent dans l'état de
veille ordinaire.
Les individus ressentent tous un sentiment d'unité profond avec tout ce qui
existe. "Je ne faisais qu’un avec tout ce que je voyais, j’entendais, sentais,
pressentais, croyais et pensais", dit un homme à la suite d’une expérience
spontanée similaire à une NDE.49 Ils veulent partager ce sentiment de connexion
avec les autres. "Je suis sortie de mon expérience en ne voulant rien d'autre
qu'aider les gens à mieux comprendre l'unité de toute vie", dit une femme en
bonne santé en décrivant son expérience similaire à une NDE.50
Le sentiment d'amour profond qui accompagne invariablement le sentiment
d'unité ne se limite pas aux personnes connues dans la vie, mais s'étend
inconditionnellement à toutes les créatures. Après avoir frôlé la mort à la suite
d'un accident de laboratoire presque fatal, une jeune chercheuse observa "un
changement distinctif et immédiat dans mon comportement ... une incapacité à
tuer même les plus minuscules créatures, en allant jusqu'à ramasser des fourmis
et à les transporter dans le jardin". La gratitude déborde pour les fruits, les
légumes et les animaux qui ont donné leur vie pour ma subsistance."51
151
Le sentiment d'avoir accès à toutes les connaissances est fréquent et il
s'accompagne de l'expérience de l'omniscience, et donc de l'abolition des
limites de la connaissance. Ainsi, un individu en bonne santé décrivit son
expérience assimilable à une NDE en ces termes : "J'ai eu connaissance de toutes
les choses passées, présentes et futures, et j'ai été éclairé sur les origines, l'unité
et la finalité, bien qu'aucun mot n'ait été prononcé."52 Après avoir vécu une
expérience spontanée assimilable à une NDE, une jeune femme déclara : " La
connaissance du monde naturel, de la manière dont tout fonctionne ensemble,
m'est apparue immédiatement, comme si je m'étais endormie sans connaître la
mécanique pour me réveiller en connaissant en détail comment tous les moteurs
fonctionnaient.... J'ai fait l'expérience de l’unité avec la totalité et j'ai tout
compris.’’53 Au cours d'une expérience comparable à une NDE qui se produisit
spontanément pendant la méditation, un autre homme se vit montrer "comment
toute la connaissance est accessible ici." Il rapporta qu'une présence
humaine/spirituelle "a ouvert quelque chose, et j'ai vu toutes la connaissance
accumulée au cours des siècles : l'histoire, les sciences, les arts, l'architecture, la
religion, la médecine, les mathématiques. J'absorbe tout cela très facilement, et
c'est un savoir illimité, et la présence humaine/spirituelle me dit : " Voyez, ce
savoir est à votre disposition quand vous venez ici." Mais on lui indiqua
également qu'il ne conserverait pas toutes les connaissances qu'il avait acquises
à son retour.54 Une femme déclara : "Des tonnes d'informations semblèrent
exploser dans mon cerveau, comme une bibliothèque vide qui se matérialisait
soudain... en une Unité globale complète..."55
La "conversation" qui se déroule lors de tels événements est généralement
décrite comme se produisant par la seule pensée. Cela suggère également que
les esprits individuels s'unissent en un seul Esprit, ce qui rend possible des
formes de communication extraordinairement intimes qui ne dépendent plus de
la parole, ni de l’audition.
La suppression des limites perdure lors du retour à la conscience ordinaire. Par
exemple, de 55 à 89 % des personnes ayant vécu une NDE signalent une
augmentation des phénomènes psychiques ou des capacités de guérison après
leur NDE, une preuve supplémentaire que les séparations supposées entre
individus à l'état de veille ne sont pas fondamentales.56
152
Toutes ces expériences s'accompagnent d'un sentiment ineffable de perfection,
d'amour et de félicité qui est invariablement transformateur. Une telle
transformation va de pair avec la confiance que ces événements sont des avantgoûts de ce qui attend peut-être tout le monde.
Avant de conclure ce chapitre, voici un dernier témoignage sur la façon dont les
esprits semblent être liés au-delà de la mort.
En 1985, à l'âge de 18 ans, Dawn Wanzo était guitariste et cherchait à devenir
artiste. Une nuit, elle rêva clairement que sa grande amie Lisa avait été tuée dans
un accident de voiture, et elle se réveilla très perturbée. Plus tard dans la journée,
elle raconta son rêve à Lisa, mais sans lui dire qu'elle était morte dans l'accident.
Une semaine plus tard, Lisa trouva la mort dans un horrible accident de voiture
et quand Dawn vit l'épave, elle constata qu'elle était exactement, telle qu’elle
l'avait vue dans son rêve.
Dawn était effondrée. Pendant 15 ans, elle s’efforça d'oublier la mort de Lisa et
son incapacité à la prévenir en jouant, en écrivant et en enregistrant de la
musique. Puis, en 2000, Lisa commença à apparaître à Dawn dans des rêves très
vivants, cherchant à la convaincre qu'elle existait réellement, puisque cela
semblait important pour l'aider à surmonter sa mort.
Au cours d'une méditation particulière, Dawn se vit avec Lisa, assise à une table
sur laquelle était étalée de la nourriture - un steak coupé en petits dés, une
pomme de terre cuite au four, du maïs et une coupe à champagne remplie
d'eau. "Pourquoi cette nourriture ?’’, demanda Dawn. "Tu n'en as plus besoin, là
où tu es". Lisa lui fit comprendre qu'il s'agirait d'une validation de son existence
réelle, et que Dawn était vraiment avec elle dans un autre monde.
Quand Dawn rentra à la maison plus tard dans la journée, sa sœur était dans la
cuisine en train de lui préparer un plat. C'était étrange, car elle ne le faisait
jamais. Dans l'assiette, il y avait un steak coupé en dés, une pomme de terre cuite
au four et du maïs. Dawn lui demanda pourquoi elle avait choisi ce menu et
pourquoi elle lui préparait son assiette. Sa sœur lui répondit qu'elle ignorait
pourquoi, qu'elle se sentait simplement d'humeur à le faire. Quand Dawn s’assit
153
à table, sa sœur plaça une coupe de champagne remplie d'eau à côté de son
assiette.
Cet épisode s'avéra être un moment décisif dans la manière dont Dawn
surmonta la mort de Lisa. "Je ne voulais rien de plus que d'aider les autres à
réaliser que nous sommes toujours liés à nos proches sur le plan spirituel", dirat-elle par la suite, "et qu'il n'y a pas de séparation."57
154
CHAPITRE 11 : LA RÉINCARNATION
Il n’est pas plus étonnant de naître deux fois qu’une.
-
Voltaire1
Même si cela peut paraître étonnant - que des souvenirs, des émotions et des
blessures physiques puissent se perpétuer d'une vie à l'autre - je pense que les
preuves nous amènent à cette conclusion.
-
Dr Jim B. Tucker2, University of Virginia Health System, Une vie avant la vie
Si un Asiatique me demandait une définition de l'Europe, je serais obligé de lui
répondre : C'est cette partie du monde qui est hantée par l'incroyable illusion
que l'homme a été créé à partir de rien, et que sa naissance actuelle est sa
première entrée dans la vie.
-
Arthur Schopenhauer3
En 2009, une enquête du Pew Research Center révéla que 24 % des Américains
déclarent croire à la réincarnation, c'est-à-dire au fait que les gens renaissent
encore et encore dans ce monde.4 Il ne s'agit pas juste d'une croyance New Age,
mais cela concerne les religions traditionnelles et tous les groupes raciaux.
L'enquête conclut que 22 % des chrétiens, 34 % des Noirs et 29 % des
Hispaniques partagent cette croyance.
Dans ces cas qui relèvent de la réincarnation, la personne qui vient de naître
reproduit souvent les souvenirs, la personnalité et les comportements de la
personne décédée qui est censée s'être réincarnée. Dans l'intervalle qui précède
la renaissance – celui-ci peut durer des semaines, des mois ou des années qu'advient-il de la conscience de la personne décédée ? Où va-t-elle avant de se
fixer dans l'individu qui vient de naître ? Je suggère qu'elle "rentre chez elle",
dans l'Esprit Universel. Mais examinons d'abord ce que nous savons de la
réincarnation en nous penchant sur des cas précis.
DES ENFANTS QUI SE SOUVIENNENT DE LEURS VIES ANTÉRIEURES
Dans le domaine de la recherche qui traite de la possibilité de la réincarnation et
des vies antérieures, un nom prime sur tous les autres : celui du Dr Ian Stevenson
(1918-2007), qui fut professeur de psychiatrie, titulaire de la chaire Carlson, et
directeur de la Division des études sur la personnalité (aujourd'hui Division des
études sur la perception) au Centre des sciences de la santé de l'Université de
Virginie. Personne d'autre n'a effectué des recherches dans ce domaine avec
autant d'érudition, de rigueur et de dévouement au détail que lui. Stevenson a
sillonné la planète, de l'arrière-pays birman aux villages reculés de l'Inde, en
passant par les plus grandes métropoles du monde. Il a consacré des décennies
à ratisser tous les continents, à l'exception de l'Antarctique, avec toujours le
même objectif : enquêter sur des enfants qui semblaient se souvenir d'une vie
antérieure. La portée de son travail est remarquablement universelle, et même
les sceptiques sont généralement impressionnés par les milliers de cas qu'il a
accumulés.
De tels cas se retrouvent dans toutes les cultures, y compris la nôtre, et ils
présentent une solide cohérence interne. En général, un enfant âgé de deux à
quatre ans commence à parler d'expériences qu'il a vécues dans une vie
antérieure, et souvent avec des émotions intenses. Cela n'a souvent aucun sens
pour les parents. Presque toujours, l'enfant décrit sa mort dans sa vie antérieure,
qui est souvent violente. D’après Stevenson, c'est l'une des raisons pour
lesquelles le souvenir d'une vie antérieure n'est presque jamais une expérience
agréable pour un enfant. Il ajoute : "Trop souvent, les enfants sont troublés par la
confusion concernant leur identité, et cela devient encore plus grave chez les
enfants qui, conscients d'être dans un petit corps, peuvent se souvenir d'avoir
été dans un corps d'adulte, ou qui se souviennent d'une vie en tant que membre
du sexe opposé. A ces prises de conscience angoissantes peut s'ajouter une
division déchirante de la loyauté entre la famille actuelle et la famille
précédente."5 Entre cinq et huit ans, au fur et à mesure que les souvenirs
s'estompent, l'enfant cesse généralement d’évoquer sa vie remémorée.
On peut citer l'exemple de Lekh Pal Jatav, né en décembre 1971 dans le village
de Nagla Devi, dans le district de Mainpuri, en Uttar Pradesh (Inde). Lekh Pal
156
naquit sans les doigts de sa main droite, qui n'étaient que des moignons. Peu de
temps après avoir commencé à parler, il dit quelques mots concernant une vie
antérieure et répétait sans arrêt le mot "Tal, Tal", ce qui n'avait aucun sens pour
sa famille. Par la suite, une femme du village de Nagla Tal, situé à environ huit
kilomètres, se rendit à Nagla Devi et elle remarqua Lekh Pal dans les bras de sa
mère. Ceci l’incita à lui raconter qu'un enfant de Nagla Tal avait eu les doigts
sectionnés dans un accident, ce qui avait entraîné une malformation semblable à
celle de Lekh Pal.
Lekh Pal commença à parler de la vie de Hukum, l'enfant de Nagla Tal qui, à l'âge
de trois ans et demi environ, avait mis la main dans les lames d'une hacheuse de
fourrage pendant que son père ne regardait pas et s'était fait sectionner les
doigts. Il dit avoir un père et une mère, ainsi qu'une sœur aînée et un frère cadet
à "Tal". Les parents de Lekh Pal finirent par le conduire à Nagla Tal et les familles
éloignées se réunirent.
Les souvenirs et la malformation congénitale de Lekh Pal étaient-ils la preuve
que Hukum s'était réincarné dans son corps ? Au vu des milliers de cas similaires,
Stevenson pense que la réincarnation est la meilleure explication de ces
événements, mais il admet qu'elle n'est pas la seule. Bien que fortement
improbable, la séquence d'événements pourrait être due au hasard.
Dans son livre, Where Reincarnation and Biology Intersect, Stevenson présente
35 cas, y compris des photographies qui couvrent un large spectre de
difformités physiques et de taches de naissance qui semblent se transmettre
d'une vie à l'autre. Outre le cas ci-dessus, on trouve des doigts malformés qui
correspondent à l'amputation de doigts au moyen d'une épée dans une vie
antérieure ; des taches de naissance qui correspondent à des blessures par balles
de la personnalité remémorée ; des sillons de constriction congénitaux dans les
jambes d'un individu qui se souvenait avoir été ligoté par des cordes dans une
existence passée ; l'absence congénitale du bas d'une jambe qui correspond à
une amputation accidentelle de la jambe dans la personnalité précédente ; et
des taches de naissance qui correspondent à des brûlures, des coups de couteau
et divers autres traumatismes survenus dans la vie de l'individu dont on se
souvient.
157
Outre les souvenirs, les anomalies congénitales et les taches de naissance,
Stevenson pense que des comportements peuvent se perpétuer d'une vie à
l'autre. Par exemple, les enfants expérimentent souvent des phobies qui
correspondent au mode de décès de la personnalité dont ils ont le souvenir. Un
enfant qui se souvient d'une vie qui s'est terminée par une noyade peut craindre
d'être immergé dans l'eau. Celui qui se souvient d'une vie qui s'est terminée par
une fusillade peut manifester une phobie des armes à feu et des bruits forts. Si la
mort a été causée par un accident de voiture, l'enfant peut avoir la phobie des
voitures, des camions et des autobus. De telles phobies apparaissent souvent
avant que l'enfant ne puisse parler, et il se peut qu'il n'y ait aucun précédent
dans la famille qui puisse les expliquer.
Des attirances inhabituelles se manifestent aussi. Elles peuvent prendre la forme
d'un désir pour des aliments particuliers qui ne sont pas consommés dans la
famille du sujet ou pour des vêtements totalement différents de ceux portés par
les membres de la famille. Il peut y avoir des envies de tabac, d'alcool et d'autres
drogues, dont on sait qu’ils étaient consommés par la personnalité précédente.
Certains sujets font preuve d'aptitudes qui ne leur ont pas été enseignées ou qui
ne leur ont pas été montrées, alors qu’on sait que la personnalité précédente les
possédait.
Il arrive que des enfants se souviennent de la vie passée d'une personne du sexe
opposé. Ces enfants présentent presque invariablement des caractéristiques du
genre de la personne dont ils se souviennent : ils se travestissent, jouent à des
jeux du sexe opposé et ils manifestent des attitudes typiques de ce sexe. Comme
pour les phobies, ces préférences s'atténuent au fur et à mesure que l'enfant
grandit, mais certains enfants y restent farouchement attachés et, dans un cas,
l'enfant devint homosexuel.6
"Je ne m'attends pas à ce que mes lecteurs acceptent facilement l'idée que
l'esprit d'une personne décédée puisse influencer la forme d'un bébé né plus
tard", concéda Stevenson.7 Pour surmonter cet obstacle, il décrivit différentes
façons dont les images dans l'esprit d'une personne vivante peuvent créer des
changements dans le corps de cette personne, et parfois dans le corps d'une
158
autre personne vivante. Il mentionna les stigmates et les phénomènes physiques
associés à l'hypnose, comme preuves que les pensées d'un individu peuvent
créer des effets démontrables et visibles sur son propre corps. Il évoqua les
"impressions télépathiques" au moyen desquelles la conscience établit un pont
entre des individus, à distance.8 (On appelle ces événements des "événements
télésomatiques"). Il parla des "impressions maternelles", la possibilité que les
pensées et les émotions d'une femme enceinte puissent créer des anomalies
congénitales et des taches de naissance chez son nouveau-né. Il documenta
comment la plupart des revues médicales publièrent de tels cas, encore au cours
de ce siècle, jusqu'à ce que cette idée soit éclipsée par l’importance croissante
de la génétique et de l'embryologie du développement – mais pas de façon
pleinement convaincante, selon lui.
"Je crois qu'il est préférable d’apprendre ce qui est probable sur des sujets
importants que d'être certain sur des sujets insignifiants", dit un jour Stevenson.9
Ainsi, il n'est pas important de savoir si Stevenson a raison ou non dans chaque
détail de son interprétation. Ce sont les grandes lignes qui comptent. Dans la
mesure où il s'approche de la cible, certaines des hypothèses les plus profondes
de la biologie moderne doivent être réexaminées, en particulier cette croyance
non prouvée d’après laquelle la conscience émane du cerveau, y est confinée et
disparaît avec la mort du corps.
Stevenson n'essaie pas de démonter la science. Il reconnaît le rôle des influences
génétiques et environnementales. Il inclut la réincarnation, non pas pour les
remplacer, mais comme un "troisième facteur" qui expliquerait certaines des
failles béantes que la biologie et les influences environnementales n'ont pas
comblées.10
Certains individus peuvent ne pas comprendre la nécessité d'un troisième
facteur qui aiderait à expliquer les malformations congénitales et les taches de
naissance. Ils croient peut-être que la science actuelle peut faire le job. Mais
Stevenson affirme que seulement 30 à 50 % des malformations congénitales
peuvent actuellement être expliquées par des anomalies génétiques, des agents
tératogènes, tels que la thalidomide et l'alcool, et des infections, telles que la
rubéole, ce qui laisse 50 à 70 % des cas dans la catégorie "cause inconnue". En
159
outre, les généticiens ne peuvent pas nous dire pourquoi un fœtus et pas un
autre est affecté, ni pourquoi une anomalie congénitale prend une forme
particulière, ni pourquoi une tache de naissance apparaît à un endroit particulier.
En revanche, la réincarnation explique pourquoi un défaut particulier ou une
tache de naissance apparaît chez un individu et pas chez un autre, où il se trouve
sur le corps et la forme qu'il prend.11
Pourquoi ne pas envisager des explications non génétiques pour les anomalies
congénitales et les taches de naissance ? Selon Stevenson, on demande aux
gènes d'expliquer bien plus que ce dont ils sont capables. Ils contiennent des
instructions pour la production des ingrédients des protéines, mais ils ne nous
apprennent pratiquement rien sur la façon dont les protéines et les autres
métabolites s'organisent en cellules et en organes complexes qui constituent
notre corps. Ces limites ne sont pas communément admises. "Certains
généticiens n'hésitent pas à nous assurer qu'ils nous fourniront en temps voulu
toutes les informations dont nous avons besoin pour comprendre l'embryologie
et la morphologie", note Stevenson. Mais "cela équivaut à un billet à ordre sans
valeur monétaire immédiate et, en attendant, nous sommes libres d'envisager la
possibilité d'autres facteurs contributifs", comme la réincarnation.12
Quelle différence cela ferait-il si la réincarnation était acceptée ? Selon
Stevenson, la conséquence la plus importante serait la reconnaissance de la
dualité corps - esprit. "Nous ne pouvons pas imaginer la réincarnation sans la
croyance corollaire que les esprits sont associés à des corps pendant notre vie
familière, tout en étant également indépendants des corps au point d'en être
totalement détachables et de survivre à la mort du corps qui leur est associé [et
de s'associer ultérieurement à un autre corps]."13
En disant cela, Stevenson s'affirma comme un tenant du dualisme interactionnel,
un concept relatif à l'esprit dont l’histoire est ancienne. Deux de ses plus brillants
propagateurs récents sont William James, le père de la psychologie américaine,
et le philosophe, Henri-Louis Bergson. L'idée principale du dualisme
interactionnel est que le cerveau et la conscience interagissent, mais ne sont pas
équivalents. Le cerveau traite les stimuli sensoriels et il affecte le contenu de la
conscience, comme un transmetteur ou comme un récepteur, mais il ne
160
"génère" pas la conscience. La manière dont l'esprit et le cerveau interagissent
réellement reste un mystère et, selon Stevenson, "cela fait partie du programme
des futures recherches ; mais cela vaut également pour les déclarations faites
avec assurance par de nombreux neuroscientifiques qui prétendent que l'esprit
est réductible à l'activité cérébrale."14
ENTRE LES VIES
Lewis Thomas, qui a longtemps été directeur de recherche au Memorial SloanKettering Cancer Center, n'a jamais été accusé de "verser dans le mysticisme".
Néanmoins, il s'est demandé ce qu'il advient de la conscience après la mort,
écrivant : "Il reste encore à expliquer cette disparition permanente de la
conscience. Va-t-on rester éternellement bloqué avec ce problème ? Où va-telle ? Est-elle simplement stoppée net, dispersée dans l'humus, gaspillée ?
Compte tenu de la tendance de la nature à trouver des utilisations pour des
mécanismes complexes et compliqués, cela me semble plutôt contre nature. Je
préfère penser qu'elle est, en quelque sorte, séparée au niveau des filaments de
son attachement, et ramenée, comme une simple respiration dans la membrane
de son origine, une mémoire fraîche au service d’un système nerveux
biosphérique... "15
Ian Stevenson émit l'hypothèse d'un processus similaire. ‘’Je crois que nous
sommes dans l’obligation d'imaginer un espace mental qui, nécessairement,
diffère de l'espace physique qui nous est ordinairement familier", dit-il.16 "Je
pense que l'introspection peut montrer que nos pensées occupent un espace
mental distinct de l'espace physique, même lorsque nous sommes vivants....Cet
espace mental, où des personnalités désincarnées pourraient exister a déjà été
décrit de façon très détaillée par des philosophes bien informés des preuves des
phénomènes que l'on qualifie aujourd'hui de paranormaux".17
Stevenson supposait que les pensées et les images mentales pouvaient abonder
dans cet espace et que certaines d'entre elles pouvaient être réincarnées. Ces
qualités diathanatiques (transmises au-delà de la mort), comme il les appelait,
pouvaient comprendre des informations cognitives sur les événements d'une vie
161
antérieure, une variété de préférences et d'aversions et dans certains cas, des
séquelles de blessures physiques ou d'autres marques de l'ancien corps. Il
baptisa le véhicule intermédiaire porteur de ces qualités le psychophore, qui
provient de mots grecs signifiant "support de l'âme" ou "support de l'esprit". 18
Le "psychophore" de Stevenson, le "système nerveux biosphérique" de Thomas
et l'Esprit universel semblent similaires, sinon identiques — un véhicule pour la
conscience dans une dimension non spatiale et intemporelle.
Toutefois, l'information qui est reprise n'est pas transmise dans ses détails
originaux, mais est beaucoup plus diluée, selon Stevenson. Cela vaut non
seulement pour les pensées, mais également pour les phénomènes physiques.
Par exemple, il écrivit : "Le corps du bébé présente des marques ou des défauts à
l'emplacement des blessures [antérieures], mais pas les blessures elles-mêmes (à
l'exception d'un saignement mineur occasionnel ou d'un suintement de
liquide)".19 De même que les pensées ne reviennent pas dans les moindres
détails, les marques et les défauts de naissance ne sont pas des reproductions
exactes des plaies saignantes de blessures passées, mais ressemblent plus à des
"cicatrices psychiques" résultant des blessures affectant le corps précédent.
La réincarnation et les vies antérieures ont fait l'objet d'une attention
considérable, ces dernières années – et à juste titre, selon Stevenson. Selon lui,
"on a dit avec sagesse que la question d'une vie après la mort est la plus
importante qu'un scientifique - ou que n'importe qui - puisse se poser".
Pour ceux qui préfèrent les preuves à l'anecdote, le travail de Stevenson
constitue une découverte rafraîchissante. C'est le résultat d'un chercheur inspiré
qui procède méthodiquement, avec beaucoup de réserve et d'humilité. Ne
croyez pas un seul instant que les livres du professeur Stevenson sont un
exercice de dénigrement de la science. C'était un médecin qui respectait
profondément les traditions scientifiques et qui honorait la méthodologie
scientifique, qu'il utilisait dans ses recherches.
En tant que médecin pratiquant la médecine interne, j'ai souvent soigné des
patients qui devaient faire face à la mort imminente ou bien récente d'un enfant
bien-aimé, et je leur ai souvent recommandé de lire le livre de Stevenson intitulé
162
Les enfants qui se souviennent de leurs vies antérieures, ce qui ne manquait pas
de les consoler, puisque ce livre leur donnait des raisons de croire en la
continuation de l'existence après la mort - non seulement pour l’enfant, mais
aussi pour eux-mêmes, avec la perspective d'être à nouveau réunis avec leur
enfant.
LA RECHERCHE SE POURSUIT
Les travaux du Dr Stevenson ont eu un impact profond sur beaucoup de
philosophes et de scientifiques qui s'intéressent à l'origine, à la nature et à la
destinée de la conscience humaine. Deux collègues compétents, les docteurs
Bruce Greyson et Jim B. Tucker poursuivent ses travaux à l’Université de Virginie.
Greyson et Tucker ont tous les deux travaillé en étroite collaboration avec le Dr.
Stevenson avant son décès en 2007.
Le Dr Greyson est professeur de psychiatrie et de sciences
neurocomportementales et directeur de la Division des études sur la perception
au Centre des sciences de la santé de l'Université de Virginie. Il est co-auteur de
l'important ouvrage, Irreducible Mind,20 que je mentionne souvent dans ces
pages. C’est l'un des chercheurs les plus productifs dans le domaine des études
sur la mort imminente, et il est co-éditeur de Handbook of Near-Death
Experiences.
Le Dr Tucker est le directeur médical de la Child and Family Psychiatry Clinic de
l'Université de Virginie et professeur agrégé de psychiatrie et de sciences
neurocomportementales. Ses principales recherches portent sur les enfants qui
semblent se souvenir de leurs vies passées et sur les souvenirs prénataux et de la
naissance. Le livre du Dr Tucker, Une vie avant la vie, constitue une étude
admirable de souvenirs de vies antérieures d’enfants, et une excellente analyse
du travail du Dr Stevenson.
163
DE LA PLACE POUR MANŒUVRER
On présume souvent que la croyance en la réincarnation est universelle chez les
Asiatiques, mais il y a des exceptions notables. J'ai souvent rencontré des
bouddhistes qui nient vigoureusement qu'une entité se perpétue d'une vie à
l'autre et le Dr Tucker a connu des expériences similaires. Dans son livre, Une vie
après la vie, il expliquait que les bouddhistes theravada, dans leur doctrine de
l’annata — "pas d'âme" — soulignent qu'il n'y a pas de "moi" et donc pas
d'entité pouvant se perpétuer d'une vie à l'autre. À la mort d'une personnalité,
une nouvelle apparaît, tout comme la flamme d'une bougie qui s’éteint peut
servir à allumer la flamme d'une autre. "Il est dit qu'il y a une continuité entre les
personnalités, parce que les forces karmiques que la personne précédente a
mises en mouvement conduisent à une renaissance subséquente, mais il n'y a
pas d'identité", écrit Tucker. Ne se considérant pas comme un spécialiste du
bouddhisme, Tucker dit néanmoins : "J'ai du mal à adhérer à ce concept ou
même à le comprendre totalement, mais je peux au moins noter qu'en dépit de
cette doctrine, la plupart des bouddhistes pratiquants croient, en fait, qu'une
entité réelle renaît.’’
"Comme le note le Dr Stevenson'', écrivit Tucker, ''nos cas suggèrent
certainement qu'un véhicule a ramené des souvenirs persistants avec lui dans la
vie suivante. Quelque chose de plus que des souvenirs et des émotions semble
avoir survécu."
Comme dans toutes les grandes religions, il y a de nombreuses écoles
bouddhistes et des interprétations contradictoires des convictions réelles du
Bouddha sur la question de savoir si certains aspects de la conscience survivent à
la mort physique. Comme le Dr Tucker, je ne suis pas un spécialiste du
bouddhisme, et je reste perplexe devant la multitude de désaccords entre
bouddhistes sur la question. Cette divergence d'opinions était peut-être
prévisible, car les paroles du Bouddha n'ont été consignées par écrit qu'environ
quatre siècles après sa mort. Auparavant, ses enseignements étaient transmis
oralement. Qui sait quelle part d'interprétation y a été insérée ? Les désaccords
sur la question de l'âme ne sont pas anodins. Nan Huai-Chin, une figure majeure
du renouveau du bouddhisme chinois, déclara par exemple : "Mais quand cette
164
[doctrine de l'absence d’un moi] circula dans le monde intellectuel, et en
particulier quand elle fut diffusée en Occident, certaines personnes pensèrent
que l'idée bouddhiste de l'absence d'un moi était nihiliste et niait l'âme, et
soutinrent que le bouddhisme est athée. C'est vraiment une plaisanterie ! "21
Si le Bouddha devait réapparaître aujourd'hui, que dirait-il des preuves
scientifiques en faveur de l'Esprit universel ? Serait-il d'accord ou pas avec le fait
que ces preuves indiquent un aspect de la conscience qui s'apparente à une
âme ? Peut-être adopterait-il l'approche rafraîchissante de Sa Sainteté le Dalaï
Lama. En 1983, le Dalaï Lama visita le CERN, le laboratoire européen de physique
des particules, où il s'entretint avec un groupe de physiciens. Lorsque ces
derniers lui demandèrent comment le bouddhisme réagirait s'il apparaissait
clairement que ses principes étaient en conflit avec les découvertes de la science
moderne, le Dalaï Lama répondit par l'intermédiaire d'un traducteur : "Nous
devrions étudier nos écritures très attentivement et, en général, il existe une
certaine marge de manœuvre."22 Merveilleuse réponse. Si seulement toutes les
religions étaient aussi flexibles.
La non-localité temporelle de la Conscience, amplement démontrée, suggère
qu'un aspect de l'esprit ne peut pas mourir, même s'il le voulait. L'Esprit
universel, le psychophore du professeur Ian Stevenson et le système nerveux
biosphérique du chercheur Lewis Thomas sont des hypothèses qui visent à
répondre à ces faits têtus. Peut-être est-il temps que toutes les religions, et pas
seulement le bouddhisme, "manœuvrent" dans cette direction.
165
CHAPITRE 12 : LA COMMUNICATION AVEC LES DÉFUNTS
L'Esprit universel peut-il constituer un canal par lequel un défunt peut influencer
une personne vivante ? Dans toutes les cultures, on a entendu parler de
personnes qui, soudainement et de manière inexplicable, perdent leur
personnalité et leurs compétences normales, et adoptent des dispositions
mentales entièrement nouvelles, y compris une personnalité différente et un
nouvel ensemble de souvenirs et de capacités. Pour décrire un tel phénomène,
on parle généralement de possession, ce qui implique que les changements sont
dus à l'occupation du corps de la personne par quelqu'un qui est déjà mort, et
peut-être contre la volonté du récipiendaire. Les psychiatres sont réfractaires à
cette explication. Ils considèrent ces cas bizarres comme une forme de maladie
mentale, comme la dissociation ou la schizophrénie.
Dans son livre fascinant intitulé Paranormal Experience and the Survival of Death,
le philosophe Carl B. Becker, de l'université de Kyoto, passe en revue plusieurs
cas de possession, qui ont été examinés par William James, psychologue à
Harvard.
L'un des cas concernait Mary Reynolds, née en Angleterre en 1785 et venue
s'installer avec sa famille à Meadville, en Pennsylvanie. À 19 ans, elle devint
aveugle et sourde durant cinq ou six semaines. Un jour, elle se réveilla sans
aucun souvenir de sa famille ni de son environnement, et sans aucune
connaissance des choses qu'elle avait apprises. Sa famille la rééduqua comme si
elle était un bébé, bien qu'elle avait un corps d'adulte. Au fur et à mesure de sa
rééducation, elle adopta une personnalité et un caractère complètement
différents de ceux qu'elle avait auparavant. Elle alternera entre les deux
personnalités jusqu'à une quinzaine d'années plus tard, où, à l'âge de 36 ans, la
seconde personnalité prendra complètement le dessus. Elle demeurera dans cet
état jusqu'à sa mort, à l'âge de 61 ans.1
L'un des cas les plus spectaculaires est celui d'Iris Farczády, une jeune Hongroise
bien éduquée, brillante en mathématiques et qui avait participé à des séances de
spiritisme. À l'âge de 15 ans, elle changea radicalement de personnalité. Elle
déclara être Lucía Altarez de Salvio, une ouvrière espagnole de 41 ans qui, selon
Iris, était décédée au début de l'année à Madrid, en laissant derrière elle un veuf
et 14 enfants. Lucía était l'antithèse d'Iris. C’était une ouvrière, une habitante des
bas quartiers, touchée par la pauvreté, qui récurait les sols, nettoyait, lavait,
cuisinait, chantait des chansons populaires et dansait le flamenco. Elle s'était
mariée à l'adolescence et elle haïssait les classes supérieures. Après sa
transformation en Lucía, Iris parla à partir de là couramment l'espagnol et ne
comprit plus sa langue maternelle, le hongrois. Iris n'avait apparemment jamais
appris l'espagnol, ni eu la possibilité de l'apprendre, n'ayant jamais fréquenté
des personnes hispanophones.
En 1998, Iris / Lucía fut interrogée par une équipe d'enquêteurs
parapsychologues composée de Mary Rose Barrington, Peter Mulacz et Titus
Rivas.2 Lucía, alors âgée de 86 ans, leur déclara qu'Iris était une personne
différente, qui avait cessé d'exister en 1933. Dans leur rapport exhaustif, les
chercheurs expliquent que les raisons pour lesquelles Iris aurait consenti ou se
serait soumise à son "remplacement" par Lucía demeurent mystérieuses.
Iris était issue d'une famille respectable, éduquée et cultivée. Comme elle avait
participé à des séances de spiritisme dans sa jeunesse, les enquêteurs se
demandèrent si elle ne s'était pas délibérément ouverte à l'invasion d'une
personnalité différente, en l'inventant peut-être elle-même ou en acceptant
d'être investie par l'esprit d'une personne décédée. Aucune de ces deux
possibilités n'avait beaucoup de sens. Comme l'expliquèrent les enquêteurs,
"nous devons nous demander pourquoi une écolière intelligente et prospère
voudrait, même inconsciemment, être transformée en une femme de ménage
espagnole sans éducation et d'âge moyen". Iris avait eu un mode de vie très
confortable et elle prenait apparemment plaisir aux activités intellectuelles, telles
que la littérature et les mathématiques. Elle n'avait jamais effectué des tâches
ménagères grossières, comme la vaisselle et le ménage, mais voilà ce que l'Iris
transformée s'infligea— la transition d'"une intellectuelle studieuse, imaginative,
fantasque et à fleur de peau en une femme de ménage inculte, peu réfléchie,
fruste, pratique et joviale ..."
L'un des éléments les plus inexplicables dans le cas d'Iris est sa maîtrise de
l'espagnol. Dans son analyse, l'équipe des enquêteurs établit une distinction
167
entre les connaissances et les compétences. Elle prend l'exemple de la pratique
du piano. Il ne suffit pas de connaître les touches du clavier et de les associer à
différents sons sur une partition. Jouer du piano exige beaucoup plus, disent-ils :
entraîner différents groupes de muscles pour frapper plusieurs touches
simultanément, développer le sens de l'emplacement de ces touches sur le
clavier, tout en regardant la partition, etc. Il en va de même pour l'apprentissage
d'une langue étrangère. Il ne suffit pas de connaître le vocabulaire ; il faut aussi
connaître la grammaire, les expressions idiomatiques, les tournures de phrase et
la prononciation. À cela s'ajoutent les variantes régionales, comme le dialecte
madrilène dans le cas de Lucía.
Un enquêteur précédent des années 1940 avait suggéré qu'Iris avait appris
l'espagnol via la perception extrasensorielle (la télépathie),3 ce que l'équipe
précitée considéra comme une idée "sidérante". Barrington, Mulacz et Rivas
écartèrent la possibilité qu'une communication télépathique entre Iris et Lucía
puisse expliquer les capacités qu'Iris en était arrivée à posséder. "Même si un
grand nombre de mots d'une langue étrangère pourrait peut-être être attribué à
la perception extrasensorielle, la maîtrise d'une langue au degré atteint par Lucía
ne le pourrait certainement pas", notèrent-ils. "En tout cas, il n'existe aucun
précédent dans toute l'histoire de la parapsychologie d'acquisition de
compétences, telles que la prononciation correcte d'une langue ou d'un dialecte
par l’entremise de la perception extrasensorielle. La maîtrise de la chorégraphie
du flamenco et d'autres danses espagnoles (ou tziganes) [dont Lucía a fait
preuve] entre clairement dans la même catégorie de "compétences". Les
enquêteurs écartèrent également l'hypothèse de troubles mentaux, tels que la
schizophrénie. Bien que la possession reste une explication plausible, Barrington,
Mulacz et Rivas hésitèrent à l'invoquer : "Puisque l'existence même d'une entité
capable de "posséder" ou d'"éclipser" un être humain n'est pas prouvée, elle ne
peut pas être acceptée comme une "causa vera" [cause véritable]. Cela
reviendrait à expliquer un inexplicable par un autre inexplicable". Au final, les
recherches demeurent peu concluantes.
Une possibilité qui n'a pas été envisagée par les enquêteurs est celle de l'Esprit
universel — la "soupe cosmique" de Pearce, ou l'Esprit unique postulé par le
physicien lauréat du prix Nobel, Erwin Schrödinger. Pour des raisons qui
168
demeurent obscures, Iris aurait pu puiser dans cette dimension informative, en
extraire ce qui l'attirait et ce qui lui convenait, pour en revenir en tant que Lucía.
Pour des observateurs extérieurs, un tel processus ressemblerait à s'y méprendre
à une possession.
LES MÉDIUMS
Les médiums sont des personnes qui prétendent être en contact avec l'esprit des
morts. Ils ont fait l'objet d'études intensives depuis les débuts de la recherche
psychique, à la fin du 19ème siècle. Ils ont suscité l'intérêt de certaines des plus
grandes figures de la psychologie, notamment William James et C. G. Jung.
L'histoire de ce milieu est fascinante, comme en témoigne le livre captivant de
Deborah Blum, une journaliste lauréate du prix Pulitzer, intitulé Ghost Hunters :
William James and the Search for Scientific Proof of Life after Death.
La médiumnité est l'un des domaines les plus polémiques et les plus
controversés de la recherche sur la conscience. Je ne souhaite pas entrer dans la
mêlée et je ne cautionne pas non plus les médiums ou la médiumnité. Il ne fait
aucun doute que de nombreux cas, peut-être même la plupart, de contact
apparent prétendu des médiums avec les morts peuvent s'expliquer par des
facteurs ordinaires, comme la pêche à l'information, la lecture de l'expression, de
la voix, de l'apparence et du langage corporel du participant à une séance, les
vœux pieux ou la fraude, comme le fait de s'appuyer sur un réseau
d'informateurs.4 Mais comme le disent Edward F. Kelly, psychologue à
l'Université de Virginie, et ses collègues, lorsque tous ces cas ont été écartés, il
reste un nombre substantiel de cas réellement troublants et soigneusement
étudiés qui méritent l'attention, comme ceux qui ont attiré des chercheurs
critiques, tels que William James.5 Par ailleurs, des méthodes nouvelles et
ingénieuses d'évaluation des médiums sont aujourd'hui employées avec des
résultats intrigants, comme dans le travail expérimental des chercheurs, Julie
Beischel et ses collègues du Windbridge Institute6, et Gary E. Schwartz, du
Human Energy Systems Laboratory du département de psychologie de
l'Université d'Arizona.7
169
La majorité des personnes qui consultent des médiums espèrent recevoir une
communication de leur proche décédé, suggérant qu'il ou elle a survécu de
l'autre côté avec une personnalité intacte. Est-il important que notre
personnalité terrestre nous accompagne dans l'au-delà ? Je ne l'ai jamais pensé.
Je ne souhaite pas conserver cette personnalité pour l'éternité. J'espère une
amélioration.
Le chercheur, Charles T. Tart, un spécialiste de la conscience, partage cet avis. Il
déclare : "Qui suis-je ? Si je suis quelqu'un qui a potentiellement accès à toutes
les informations de l'univers, qu'est-ce qui me pousse à m'identifier
complètement à la version étroite de moi-même, qui prétend que je ne suis rien
que mon cerveau physique, pour commencer ?"8
LES MÉDIUMS NE SONT PAS SI INSOLITES QUE CELA
Le mot ‘’médium’’ est souvent associé à des farfelus, aux séances de spiritisme et
à l'occultisme, mais de nombreuses personnes tout à fait ordinaires semblent
également être des médiums, sans même le réaliser. L'infirmière formatrice,
Barbara Stevens Barnum, ancienne rédactrice en chef de Nursing & Health Care,
analysa les expériences des infirmières relatives à ce qu'elle appelle la
"conscience élargie" - des événements qui ne peuvent pas s’expliquer
rationnellement et qui semblent transcender les sens physiques. Dans le cadre
d'une enquête menée auprès de 121 infirmières en chef, toutes titulaires d'un
doctorat ou d'une maîtrise, elle constata que 41 % d'entre elles décrivaient de
telles expériences, qui impliquaient parfois des communications avec des
personnes décédées.
L'une de ces infirmières chevronnées relata un événement survenu un an après
la mort de son mari.9 Elle s'était remariée, et elle et son nouveau mari nettoyaient
l'arrière-cour d'une vieille ferme qu'ils avaient louée. Alors qu'elle ramassait, sans
gants, des brassées de bois pourri infesté de termites, elle entendit la voix de son
défunt mari lui dire, avec son accent cajun : "Arrête ! Recule, il y a un crotale làdessous !" Elle souleva le tas suivant de planches pourries avec une fourche, vit le
serpent à sonnettes et le tua. "Merci !", dit-elle à son défunt mari. Deux jours plus
170
tard, elle retourna sur les lieux et l’aperçut. "Personne ne pourra jamais me
convaincre que cette expérience n'a pas eu lieu", dit-elle. "Je suis saine d'esprit,
mûre, adulte, productive, créative, active et normale. J'aimerais seulement savoir
comment être plus réceptive et mieux contrôler mon ''nouveau'' sens.’’
Flippant ? Selon l'enquête de Barnum, "aucun témoignage ne faisait état de peur
ou d'effroi ; au contraire, beaucoup décrivaient le réconfort apporté par le
contact [avec la personne décédée]."10
Des expériences comme celles-là sont universelles. Lorsque le chercheur, W. D.
Rees interrogea 227 veuves et 66 veufs, il découvrit que près de la moitié avait
connu des "expériences de visitation" de la part de la personne décédée, et près
de 15 % avaient pris la forme de messages oraux. Ces expériences concernaient
les deux sexes, touchaient toutes les cultures, étaient courantes dans les petits
villages comme dans les grandes villes, et concernaient aussi bien des
agnostiques que des athées ou des croyants.11
Ces témoignages de communication avec les défunts, qu'ils proviennent de
médiums ou d'autres personnes, peuvent réconforter les vivants, mais ils ne
constituent pas le verdict final en matière de survie. Après tout, les sceptiques
soutiendront toujours qu'ils sont le produit d'esprits dérangés. C'est la
Conscience non locale, dans sa globalité, qui est la plus importante. La nonlocalité implique l'infinité dans l'espace et dans le temps. L'infinité dans le temps,
c'est l'éternité. Ainsi, la Conscience non-locale n’implique pas simplement
l'immortalité, elle l'exige.
171
CHAPITRE 13 : UNITÉ PRÉCOCE
Il est prouvé que l'unité d'esprit entre les êtres humains commence très tôt dans
la vie, dans la relation mère-enfant. Le psychologue du développement, Joseph
Chilton Pearce, fit référence à une étude classique sur la façon dont les mères en
Amérique du Sud et en Afrique n'utilisent pas de couches pour leurs enfants,
mais les portent en écharpe sans jamais être souillées. Elles savent simplement
quand leur bébé est sur le point d'uriner ou de déféquer.1
QUE SIGNIFIAIENT RÉELLEMENT LES SIGNAUX DE FUMÉE ?
La possibilité que des esprits puissent se relier entre eux à des fins pratiques était
considérée comme allant de soi dans les cultures prémodernes. David Unaipon,
un aborigène australien décrit dans un journal de Melbourne qui rapporta ses
propos comme ceux d'un "aborigène australien christianisé, intelligent et très
instruit", précisa en 1914 comment l'utilisation des signaux de fumée dépendait
de ce fait. Les Occidentaux témoins de cette coutume supposaient qu'une sorte
de code était impliqué dans le signal. Ce n'est pas le cas, expliqua Unaipon ; la
fonction du signal de fumée était d'attirer l'attention de chacun pour que des
communications à distance puissent alors avoir lieu, d'esprit à esprit :
Quelqu’un pourrait vouloir communiquer un message à son frère, qui se
trouve peut-être à une trentaine de kilomètres de là ; il entreprendrait
alors de lancer un signal de fumée, avant de s’asseoir et de concentrer son
esprit sur son frère. La colonne de fumée serait vue par tous les Noirs à
des kilomètres à la ronde, et ils se concentreraient tous afin de mettre leur
esprit en état de réceptivité. Toutefois, seul son frère entrerait en contact
avec lui, et il pourrait ainsi indiquer à son [frère] le message qu'il souhaitait
transmettre.2
L'anthropologue, Ronald Rose, qui étudia les aborigènes, 40 ans plus tard, reçut
également l'assurance que les messages des signaux de fumée ne se trouvaient
pas dans la fumée elle-même. "Lorsque nous voyons la fumée, nous
réfléchissons et souvent nous y voyons plus clair", lui confia un autochtone.
Lorsque la personne éloignée voit la fumée, "elle se met à réfléchir. Et moi aussi,
si bien qu'elle pense à ce que je pense."3
La fusion des esprits et le partage de pensées entre les indigènes interloquaient
les Occidentaux chaque fois qu'ils entraient en contact avec eux, ce qui était
fréquent. Dans son livre de 1927, The Sixth Sense, l'auteur, Joseph Sinel relata
comment son fils, qui vivait parmi les tribus du sud du Soudan, avait découvert
que "la télépathie était constante". Une fois, alors qu’il s’était égaré, des
membres de la tribu vinrent tout simplement le chercher, bien conscients de sa
situation. Une autre fois, alors qu'il avait trouvé une pointe de flèche et qu'il la
rapportait, deux indigènes, qui étaient déjà au courant de sa découverte, vinrent
à sa rencontre et lui demandèrent s'ils pouvaient l'examiner.4
Le psychologue, Joseph Chilton Pearce, fit état d'une étude portant sur les
premiers colons anglo-saxons des montagnes du sud des Appalaches, isolés
depuis des générations, et qui utilisaient la "télépathie", comme l'appelaient les
chercheurs, comme moyen de communication quotidien, sans avoir aucune
conscience de la nouveauté que cela représentait. "Pratiquement toutes ces
communications "télépathiques" concernaient le bien-être général et les liens
affectifs au sein de la cellule familiale", nota Pearce, "la mère appelant la famille
pour le repas, pressentant si un des membres de la famille étant en détresse, ou
quoi que ce soit."5
Le biologiste britannique, Rupert Sheldrake suggère que, durant la majeure
partie de l'histoire de l'humanité, cette forme de capacité de perception était la
norme. Il s’interroge : "Pourquoi avons-nous perdu une si grande partie de la
sensibilité qu'avaient nos ancêtres ? On trouve beaucoup de récits de voyageurs
en Afrique qui racontent que dans de nombreuses régions d'Afrique, les
membres d'une tribu savent si quelqu'un arrive, si l'on a besoin de quelqu'un
ailleurs, et ils iront simplement retrouver quelqu'un qui a besoin d'eux à 100 km
de distance. Ils réagissent de la sorte en permanence. Avant l'invention du
téléphone, c'est ainsi que faisaient les gens, et nous disposons de témoignages
d'Indiens d'Amérique, d'Aborigènes d'Australie, et de récits de voyageurs. En
règle générale, les anthropologues n'étudièrent pas ce phénomène, car ils
173
étaient convaincus que c'était impossible. Ils arrivèrent avec un état d'esprit
rationaliste et ils ne documentèrent pas les aspects des cultures traditionnelles
qui constituent les caractéristiques les plus intéressantes de ces cultures.....
Même dans notre société, [cette capacité] n'est pas tout à fait perdue."6
PLUS QU’UNE FAҪON DE VOIR
Quelqu'un qui a étudié la connaissance à distance dans les cultures
prémodernes, c'est Douchan Gersi. Aventurier, explorateur et cinéaste, Gersi a
passé la majeure partie de sa vie dans certaines des régions les plus isolées de la
planète, à documenter des cultures qu'il appelle "les peuples de la tradition".
Dans son livre captivant intitulé Faces in the Smoke, il décrivit comment la
connaissance non locale de l'Esprit universel est utilisée de façon naturelle et
fluide dans la vie de tous les jours dans ces cultures.
Un jour, en traversant le désert du Sahara, Gersi croisa un nomade touareg qui
était seul et assis à côté de son chameau. D'après les traces laissées, Gersi en
déduisit qu'il occupait le même endroit depuis plusieurs jours. L'endroit
paraissait être au milieu de nulle part, sans aucune caractéristique particulière,
rien que du sable, de la pierre et des collines rocailleuses. Intrigué, Gersi s'arrêta
pour partager un thé avec l'homme.
Le nomade expliqua qu'il attendait un ami. Sept mois auparavant, alors qu'il se
trouvait dans une ville appelée Gao au Mali, à environ 1 000 km de là, il avait fait
le pacte avec son ami de se retrouver à cet endroit précis, à une heure précise.
Chacun d'entre eux était en route et convergeait vers cet endroit depuis des
directions différentes.
En regardant autour de lui, Gersi doutait que quelqu'un puisse repérer cet
endroit dans l'immensité environnante. La possibilité que deux personnes
puissent converger ici, depuis des directions opposées, défiait son imagination.
"On ne peut pas rater l'endroit", dit le nomade, tout en donnant des noms à tout
ce qui les entourait. Le seul problème, c’était que le nomade était sur le point de
174
manquer d'eau ; si son ami n'arrivait pas dans les trois prochains jours, il devrait
partir.
Le lendemain matin, le Touareg dit à Gersi que les choses se déroulaient comme
prévu. Il avait communiqué avec son ami pendant la nuit et celui-ci arriverait
dans deux jours. " Vous avez rêvé de lui ? ", demanda Gersi.
"Non, je n'ai pas rêvé de lui. Il m'a juste dit où il était", dit le nomade. Il expliqua
que son ami l'avait informé qu'il avait dû faire un détour pour remplir ses poches
d'eau.
"Mais comment vous l'a-t-il dit ?", demanda Gersi.
"Il me l'a dit dans mon esprit", dit le nomade. "Et de la même façon, je lui ai
répondu que je l'attendrais".
Toujours sceptique, Gersi patienta pour voir le résultat. Et deux jours plus tard,
comme prévu, l’ami du touareg arrivait.7
Une autre fois, Gersi et ses collègues durent parcourir une distance périlleuse de
près de 1 300 km à travers le Sahara, depuis Djanet, une ville algérienne proche
de la frontière libyenne, jusqu'à Tombouctou, au Mali. L'itinéraire comprenait de
vastes étendues de dunes de sable et de sables mouvants dangereux, des
montagnes, des zones volcaniques rocheuses et des vallées profondes. Les
cartes disponibles n'étaient pas précises et il aurait été insensé de tenter le
voyage sans un guide.
Gersi rencontra le chef de l'avant-poste militaire de Djanet, qui lui recommanda
un homme nommé Iken comme meilleur guide pour le voyage. Aux dires du
commandant, Gersi ne devrait pas s'inquiéter du fait qu'Iken était aveugle.
Iken, alors âgé d'une cinquantaine d'années, avait passé son enfance et son
adolescence avec son père, qui conduisait des caravanes dans tout le Sahara. Il
devint par la suite caravanier à son tour et il fut finalement engagé comme guide
175
par la légion étrangère française. Vers l'âge de 30 ans, il contracta un trachome,
une infection oculaire qui le rendit aveugle.
"Avez-vous déjà fait ce voyage ?’’, lui demanda Gersi.
‘’Pas exactement…mais je vois très clairement ce que vous voulez faire’’, répondit
Iken. Il expliqua qu'il était nécessaire qu'il s'assoie sur la roue de secours
attachée au capot de la Land Rover. "J'ai besoin de respirer l'odeur du désert",
dit-il, "... ‘’et d'entendre les différents bruits que font les pneus sur le sol ; cela
m'en dit long sur le terrain". Il ne pourrait faire aucune de ces choses depuis
l'intérieur de la voiture, dit-il. Et il ajouta : "Ne parlez pas en conduisant, mais
regardez attentivement le paysage tout autour de vous.... Cela m'aide aussi à voir
où je suis". C'était comme si Iken, devenu aveugle, pouvait absorber des
informations, non seulement à partir du paysage environnant, mais également à
partir des autres. S'ils savaient à quoi ressemblaient les choses, alors il le savait
aussi. C'était comme si son esprit se confondait avec celui des autres. Les
indications d'Iken étaient d'autant plus remarquables que le groupe de Gersi
roulait souvent de nuit et sans phares.
Iken se révéla être un formidable organe sensoriel humain qui fonctionnait à
tous les niveaux, sauf au niveau visuel. Il arrêtait souvent le véhicule,
s'agenouillait, caressait le sable et contemplait sa texture. Il respirait
profondément et sentait le désert durant de longues périodes. Une fois, quand
l'eau vint à manquer, il caressa les branches d'un grand buisson sec, huma tout
autour et donna de nouvelles directives. Quelques heures plus tard, le groupe
put trouver de l'eau.
Grâce à l'aide d'Iken, le groupe de Gersi arriva à Tombouctou sans aucun
incident.8
Privé de la vision physique, Iken faisait intervenir d'autres modes de
connaissance — y compris celles des autres, grâce à la connexion et à la
conjonction des esprits individuels.
176
CHAPITRE 14 : LES (IDIOTS) SAVANTS
Un ensemble de preuves qui suggère l'existence de l'Esprit universel provient
des (idiots) savants. Les (idiots) savants possèdent souvent des connaissances
qu'ils n'auraient pas su acquérir sur la base de leur expérience ou de leur
apprentissage, et qu'ils n'auraient pas pu formuler par eux-mêmes. Quoique les
(idiots) savants soient souvent mentalement ou socialement déficients, ils
possèdent fréquemment d'étonnants pouvoirs créatifs et intuitifs d'origine
obscure dans des domaines tels que les mathématiques, l'art ou la musique.1
ILLETTRÉS, INADAPTÉS, INÉDUCABLES – ET BRILLANTS
Le psychologue Joseph Chilton Pearce, qui analyse le syndrome de l’idiot savant
dans son livre, Evolution's End : Claiming the Potential of Our Intelligence, a
déclaré : "Les idiots savants sont sans formation, inaptes à en suivre une, illettrés,
inéducables…Peu savent lire et écrire…Pourtant, chacun d’eux dispose d’un accès
apparemment illimité à un domaine particulier de connaissances, que nous
savons qu'ils ne peuvent pas avoir acquises...Demandez à des idiots savants en
mathématiques comment ils obtiennent leur réponse et ils souriront, contents
que nous soyons impressionnés, mais incapables de saisir les implications d'une
telle question...Les réponses leur parviennent, mais ils ignorent comment, ils
ignorent comment ils savent…Ceux qui déchiffrent la musique ne savent rien lire
d’autre, et pourtant, ils manifestent une réponse sensori-motrice infaillible aux
symboles musicaux..." Et voici le cœur du mystère : "Le fait est, avec les idiots
savants, que dans la plupart des cas, pour autant qu'on puisse l'observer, l’idiot
savant n'a pas acquis, n'aurait pas pu acquérir, et est tout à fait incapable
d'acquérir, les informations qu'il dispense aussi libéralement [c'est nous qui
soulignons]."2
Le "syndrome du savant" a été popularisé dans le film Rain Man, en 1988. Kim
Peek, la personne atteinte de déficience mentale qui inspira le film, connaissait
plus de 7 600 livres par cœur, ainsi que tous les indicatifs régionaux, les
autoroutes, les codes postaux et les chaînes de télévision américaines.3
Leslie Lemke, un idiot savant aveugle, accuse un retard de développement et il
souffre d'une infirmité motrice cérébrale. Il est né avec un glaucome, et les
médecins durent lui enlever les yeux. Sa mère biologique le confia à l'adoption,
et May Lemke, une infirmière, l'adopta, alors qu’il avait six mois. Il a 12 ans avant
de pouvoir apprendre à se tenir debout et 15 ans avant de pouvoir marcher. Il a
16 ans, quand May le trouva en train de jouer le Concerto pour piano n° 1 de
Tchaïkovski au beau milieu de la nuit.3 Il venait d'entendre le morceau à la
télévision. Sans avoir jamais étudié le piano, il joua bientôt tous les styles de
musique, du ragtime à la musique classique. Il composait de la musique et il était
en mesure de jouer des milliers de morceaux à la perfection, même s'il ne les
avait entendus qu'une seule fois. Lemke fera sensation et il partira en tournée
aux États-Unis, en Scandinavie et au Japon.4
Les capacités des idiots savants sont souvent considérées comme des curiosités
sans grande valeur pratique, mais ce n'est pas toujours le cas. Au cours de la
Seconde Guerre mondiale, le gouvernement britannique utilisa deux idiots
savants doués pour les mathématiques pour qu’ils servent d'ordinateurs
humains qui étaient infaillibles, pour autant que l'on sache.5
Le psychologue David Feinstein6 rapporte qu'au moins 100 idiots savants aux
capacités mentales prodigieuses ont été identifiés au cours du siècle dernier.
Darold A. Treffert, un psychiatre spécialisé dans le syndrome des idiots savants,
décrivit dans son livre, Extraordinary People,7 un idiot savant dont le vocabulaire
conversationnel se limitait à un peu moins d'une soixantaine de mots, mais qui
pouvait communiquer avec précision la population de toutes les villes des ÉtatsUnis comptant plus de 5 000 habitants, le nom, le nombre de chambres et
l'emplacement de 2 000 grands hôtels américains, la distance entre une ville ou
un village et la plus grande ville de l’État, des statistiques concernant 3 000
montagnes et rivières, ainsi que les dates et les éléments essentiels de plus de
2 000 inventions et découvertes de premier plan.8
On présenta à un idiot savant mathématicien un damier, dont la première des 64
cases contenait un grain de riz. On lui demanda ensuite combien de grains de riz
il y aurait sur la dernière case, si l’on doublait le nombre de grains de riz sur
3
https://www.youtube.com/watch?v=ZWtZA-ZmOAM
178
chaque case. Quarante-cinq secondes plus tard, il fournit la bonne réponse, qui
dépasse le nombre total d'atomes du soleil.9
George et Charles sont des vrais jumeaux réputés comme des "idiots savants
calendaires". Ils sont incapables de s'occuper d'eux-mêmes et sont placés en
institution depuis l'âge de sept ans. Si vous leur demandez quelle sera la date de
Pâques dans 10 000 ans, ils vous répondent immédiatement, non seulement
pour la date de Pâques, mais également pour d'autres données calendaires,
comme l'heure des marées. Si vous leur demandez la date d'un événement
antérieur à 1752, date à laquelle l'Europe est passée du calendrier julien au
calendrier grégorien, leurs réponses tiennent compte du changement. Ils
peuvent vous indiquer le jour de la semaine de la date de votre choix, que ce soit
dans le passé ou dans l'avenir, sur une période de 40 000 ans. Donnez-leur votre
date de naissance et ils vous indiqueront les jeudis où elle pourrait tomber. En
plus de leurs compétences calendaires, ils apprécient jongler avec des nombres
premiers à 20 chiffres, faisant ainsi preuve d'une aptitude complémentaire peu
commune pour des idiots savants. En dépit de ces capacités prodigieuses, ils ne
savent pas à additionner les nombres les plus simples. Si vous leur demandez
comment ils savent passer d'un système calendaire à l'autre en 1752, ils seront
déconcertés par une question aussi abstraite. En effet, ils ne savent pas ce que
signifie "système calendaire".10
De nombreux cliniciens ont fait état d'idiots savants capables de perception
extrasensorielle, ou PES. Dans un cas, George, un autiste savant incapable
d’écrire son nom ou une phrase, savait lorsque ses parents décidaient à
l'improviste d'aller le chercher à l'école (il prenait habituellement le bus). Il
prévenait son professeur de l'arrivée de ses parents et il était devant la porte
lorsque ceux-ci arrivaient. D'autres parents décrivirent leurs enfants autistes
savants comme étant capables d’entendre des conversations hors de portée de
voix, et comme étant capables de saisir des pensées non exprimées. Dans un cas,
le père d'un idiot savant raconta que le verre de sa montre était tombé dans la
salle de bain et qu'il avait tout de suite été remplacé, un fait connu de lui seul.
Peu de temps après, sa fille lui relata l'incident avec des détails précis.
179
Dans un autre cas, un idiot savant put prédire avec précision, une semaine avant
Noël, ce que contiendraient ses paquets cadeaux, bien qu'il n'eût aucun moyen
de le savoir et qu'on ne lui eût donné aucun indice sur ce que seraient ses
cadeaux. Un autre idiot savant pouvait prédire le moment où le téléphone
sonnerait et qui appellerait. Ces cas et plusieurs dizaines de cas similaires furent
répertoriés par le Dr Bernard Rimland dans le cadre d'une étude portant sur
5 400 enfants autistes. Rimland avait la conviction d'avoir observé de véritables
capacités psi chez un grand nombre de ces enfants et il avait déclaré : "La
probabilité statistique d'une connaissance due à une coïncidence est nulle."11
COMMENT FONT-ILS ?
Les explications habituelles du syndrome du savant s'appuient sur des
propensions génétiques qui ne sont pas encore comprises et sur des processus
cérébraux obscurs. Le psychiatre Treffert, qui a étudié plus d'idiots savants que
n’importe qui, propose la "mémoire ancestrale" comme explication. Il déclare :
"Des idiots savants très doués "savent" ou ils "se souviennent" en particulier de
choses qu'ils n'ont jamais apprises. Pour expliquer cette réalité - et c'est une
réalité - il me semble qu’il faut invoquer un troisième type de mémoire - la
mémoire ancestrale ou la mémoire génétique, qui existe à côté de la mémoire
cognitive ou de la mémoire sémantique, et de la mémoire d'habitude ou de la
mémoire procédurale..... Pour moi, cette mémoire ancestrale est simplement et
uniquement le transfert génétique de la connaissance."12
Treffert reconnaît le concept d'inconscient collectif utilisé par le psychologue
Carl Jung pour expliquer "les traits hérités, les intuitions et la sagesse collective
du passé", ainsi que la notion de "mémoire raciale" invoquée par le
neurochirurgien, Wilder Penfield. Mais pour Treffert, toutes ces propositions se
ramènent aux gènes. Il déclare sans équivoque : " On peut parler de mémoire
ancestrale ou raciale, d'intuitions ou même d'inconscient collectif, mais le
concept d’une transmission génétique de connaissances d'un type complexe est
nécessaire pour expliquer comment un idiot savant prodige se souvient de
choses qu'il n'a jamais apprises.... Il semble que l'idiot savant prodige soit
prééquipé à la base d'un grand nombre de logiciels qui contiennent déjà une
180
quantité considérable de données ou de connaissances factuelles. Il semblerait
que l'accès à ce logiciel "préinstallé" puisse expliquer les compétences, les
aptitudes et les connaissances innées, instinctives et exceptionnelles évidentes
dans la maîtrise vaste et instantanée d’un domaine de fonctionnement
particulier de l'idiot savant...C'est par ce même transfert et via ce même
mécanisme que chacun de nous "sait" ou "se souvient", dans une plus ou moins
large mesure, de choses qu'il n'a jamais apprises."13
Tout cela semble être une violation du principe de base de la biologie évolutive,
qui stipule que les capacités qui contribuent à la survie de l'individu et à la
procréation sont celles qui sont génétiquement transmises aux générations
suivantes. Quelle est la valeur de la survie de la connaissance d'un tas
d'informations presque illimitées et totalement insignifiantes, comme dans le cas
de certains idiots savants ? Pourquoi ces informations auraient-elles été
préinstallées mécaniquement dans les gènes de l'idiot savant ? Comment
pourrait-il s'agir d'une "mémoire ancestrale", comme le suggère Treffert, alors
que des informations comme celles concernant les hôtels mentionnées
précédemment n'existaient pas, quand vivaient les ancêtres de l'idiot savant ?
Les connaissances intégrées à la base et les informations héritées des ancêtres
n'ont qu'une faible valeur explicative. Ces propositions semblent être une
tentative désespérée qui vise à maintenir le cerveau et les gènes en charge des
aptitudes des idiots savants. S'il y a jamais eu un billet à ordre scientifique avec
peu de valeur de remboursement, ces tentatives pourraient bien en être un,
puisque personne n'a la moindre idée de la façon dont les gènes, qui codent des
protéines, pourraient expliquer de telles capacités, ou comment des faits non
appris pourraient être stockés dans les gènes des ancêtres avant même que de
tels faits n'existent.
Le faible niveau d'intelligence des idiots savants peut constituer un avantage en
limitant leur attention à une bande étroite et en éliminant les stimuli étrangers.
Un nombre réduit de distractions pourrait augmenter le rapport "signal sur
bruit’’ de la source d'information intemporelle et améliorer la réception de ce qui
parvient à l'idiot savant.
181
En cet âge d'or des scanners du cerveau, les neuroscientifiques explorent des
modèles d'activité cérébrale qui correspondent aux capacités des idiots
savants.14 Les généticiens peuvent également identifier des configurations dans
l'ADN des idiots savants qui sont en rapport avec leurs capacités. Mais dans les
deux cas, cela ne prouvera pas que les mécanismes cérébraux ou les gènes
expliquent ou causent ces facultés — pas plus qu'un téléviseur ne produit
l'image qui apparaît sur son écran. Les cerveaux et les gènes pourraient plutôt
être une station de relais pour des informations provenant de l'extérieur, tout
comme l'image d'un téléviseur provient d'ailleurs. Comme le dit encore un
vénérable principe scientifique, "corrélation n'est pas causalité".
Ceux qui étudient le syndrome du savant admettent parfois qu'ils sont perplexes.
Ils reconnaissent qu'ils sont confrontés à une énigme qui ne peut pas être
résolue en continuant à se focaliser sur les suspects habituels que sont les gènes
et le cerveau. Dans un article intitulé "Inside the Mind of a Savant", Treffert et
Daniel D. Christensen écrivent dans Scientific American : "Tant que nous ne
comprendrons pas ses capacités, nous ne pourrons pas prétendre comprendre
la cognition humaine."15 Treffert concède encore : ‘’Il y a eu à peu près autant de
théories qui ont tenté de répondre à cette question qu'il y a eu de chercheurs".16
Bien que les hypothèses continuent de pousser comme des mauvaises herbes au
printemps, aucun modèle n'a émergé qui puisse expliquer tous les idiots savants.
Dans les années 1970, la chercheuse, Jane Duckett, de l'Université du Texas à
Austin, en appela à une "révision approfondie des théories" pour comprendre les
capacités des idiots savants.17 Sa recommandation est toujours d'actualité.
Il est tentant de considérer les idiots savants comme des entités propres,
coupées de ceux qui les entourent. Dans beaucoup de cas, c'est loin d'être vrai.
Comme le note Treffert, "l’une des plus grandes leçons est qu'ils ont été
façonnés par bien plus que des circuits neuronaux. Les idiots savants prospèrent
grâce au soutien apporté par l'amour inconditionnel, la foi et la détermination
de ceux qui s'occupent d'eux".18 L'exemple classique est peut-être le pianiste
Leslie Lemke, qui doit sans doute sa vie à l'amour et à l'attention de sa mère
adoptive et de l'infirmière qui l'ont maintenu en vie pendant une décennie de
dépendance quasiment totale.
182
Mais l'"entourage social" ne se limite peut-être pas au monde du voir, du
toucher et du sentir, qui nous est familier. Il peut également impliquer ce grand
lieu de rencontre de la conscience, l'Esprit universel. Voilà peut-être la "révision
approfondie de la théorie" dont nous avons besoin, si nous voulons espérer
percer le mystère fascinant des idiots savants. L'Esprit universel auquel les idiots
savants accèdent peut-être serait accessible à tous. Il s'agirait d'une sorte de
point d'eau pour la conscience, où la soif d'informations, de solutions créatives
et de sagesse peut être étanchée. Cette source serait un lieu de rencontre pour
tous les esprits qui ont jamais existé. C'est l'inconscient collectif de Jung, l’Âme
suprême d'Emerson et divers autres termes qui sont apparus au cours de
l'histoire pour désigner une dimension spatio-temporelle infinie de l'esprit.
183
CHAPITRE 15 : LES JUMEAUX
Le corps et l’esprit sont des jumeaux, et Dieu seul sait les distinguer.
-
Algernon Charles Swinburne1
Je m'intéresse aux vrais jumeaux depuis que je suis en âge de réaliser que j'en
suis un. Le fait d'être jumeau est la principale raison pour laquelle j'ai été attiré
par le concept de l'Esprit universel. Mon frère jumeau et moi, nous avons ressenti
un lien profond, tout au long de notre vie. De surcroît, je suis marié à une
jumelle. Barbara, ma femme, a aussi partagé des expériences, qui ont un rapport
avec l'Esprit universel avec son frère jumeau. Par respect pour la vie privée, je ne
décrirai pas ces expériences, mais je me focaliserai sur la recherche sur les
jumeaux qui fait désormais partie du domaine public.
J’ai naturellement été fasciné, lorsque j'entendis parler pour la première fois des
célèbres "jumeaux Jim" - Jim Springer et Jim Lewis - qui furent réunis à l'âge de
39 ans, après avoir été séparés pendant leur enfance et adoptés par des familles
ouvrières distinctes dans l'Ohio.2
Leurs retrouvailles, en février 1979, furent un événement profondément
émouvant pour tous les deux. "Je suis moi et il est lui, mais en même temps il est
moi et je suis lui. Vous comprenez ?", dit Jim Springer au sujet de son frère. Non
seulement chacun d'eux avait été appelé James par sa famille adoptive, mais
chacun avait été marié deux fois - la première à des épouses prénommées Linda,
la seconde à des épouses prénommées Betty. Jim Lewis avait eu trois fils, dont
l'un s'appelait James Alan ; son frère, Jim Springer, avait eu trois filles et un fils,
James Allan. Les deux jumeaux avaient autrefois possédé un chien baptisé Toy.
Tous les deux préféraient la bière Miller Lite, fumaient à la chaîne des cigarettes
Salem, conduisaient des Chevrolet, aimaient la menuiserie et ils avaient des
ateliers similaires au sous-sol dans lesquels ils fabriquaient des choses similaires,
ils n'aimaient pas le base-ball et ils adoraient les courses de stock-cars. Tous les
deux se rongeaient les ongles à fond. Chacun d'eux avait été un élève médiocre
dans le secondaire ; pour tous les deux, leur matière préférée était les
mathématiques et leur matière la moins appréciée, l'orthographe. Ils fumaient et
buvaient la même quantité d'alcool et ils avaient des maux de tête au même
moment de la journée. Ils avaient une façon de parler et de penser similaire, une
démarche similaire et une préférence pour les aliments épicés. Ils avaient en
commun des comportements particuliers, comme une préférence pour tirer la
chasse d'eau avant d'utiliser les toilettes.3 Tous deux avaient été adjoints du
shérif dans leurs communautés respectives. Chaque jumeau était démonstratif et
affectueux et laissait des mots d'amour pour sa femme éparpillés dans la maison.
Ils avaient voté de la même façon pour les trois dernières élections
présidentielles. Les deux hommes se souciaient peu du passé ou de l'avenir, et
vivaient surtout au présent. Les deux jumeaux avaient passé des vacances en
Floride sur la même plage.
Leurs antécédents médicaux étaient similaires. Tous les deux avaient une acuité
visuelle, une tension artérielle, un pouls et un sommeil comparables. Chaque
jumeau souffrait d'hémorroïdes, avait pris cinq kilos de plus au même moment
dans sa vie et souffrait d'un "syndrome de maux de tête mixtes", une
combinaison de maux de tête dus à la tension et à la migraine. Ces maux de tête
apparurent à l'âge de 18 ans chez les deux jumeaux et ils se produisaient en fin
d'après-midi. Ils utilisaient même des expressions similaires pour les décrire. Les
deux jumeaux avaient eu ce qu'ils croyaient être des crises cardiaques dans le
passé, quoiqu'aucune maladie cardiaque n'ait pu être constatée chez l'un,
comme chez l'autre. Chacun avait subi une vasectomie. Les tests d'ondes
cérébrales enregistrées en réponse à divers stimuli étaient comme des copies
conformes.4 Jim Lewis vivait à Elida, dans l'Ohio, dans une maison modeste à
ossature en bois. C'était la seule maison du quartier à avoir un banc blanc autour
d'un arbre dans la cour. Jim Springer vivait à Dayton, à environ 130 km au sud
d'Elida. Sa maison était également la seule du quartier avec un arbre entouré
d'un banc blanc.
Quand l'histoire des jumeaux Jim fut racontée par un journaliste local, elle fut
reprise par l'Associated Press. Le psychologue, Thomas J. Bouchard Jr. de
l'Université du Minnesota en prit connaissance dans le Minneapolis Tribune et il
comprit tout de suite qu'il s'agissait là d'une occasion rare d'étudier des vrais
jumeaux élevés séparément. "C'était simplement de la pure curiosité
scientifique", se rappelle Bouchard. "Je pensais que nous allions réaliser une
185
étude unique sur des jumeaux élevés séparément et qu’il en sortirait peut-être
une petite monographie."5
Bouchard était passionné par la controverse "nature contre culture", par le débat
sur l'impact relatif des influences génétiques par rapport aux facteurs
environnementaux dans le façonnement de la constitution générale d'une
personne. Les vrais jumeaux ont le même profil génétique. S'ils présentent des
différences comportementales, psychologiques ou physiques significatives, cela
suggère fortement que leurs différences en matière d'environnement et
d'éducation prévalent sur les influences génétiques. Par ailleurs, s'ils restent
identiques après avoir été séparés à la naissance dans des environnements
différents, cela suggère que les facteurs génétiques prévalent par rapport aux
influences environnementales.
Bouchard ne perdit pas de temps. Moins d'une heure après avoir lu l'article, il
obtint une subvention préliminaire de l'université pour financer une étude sur les
jumeaux Jim, incluant des dizaines d'évaluations de la personnalité, des
aptitudes, des examens médicaux et psychiatriques. Dans un test mesurant des
variables de la personnalité, comme la tolérance, le conformisme, la maîtrise de
soi, la sociabilité et la flexibilité, les résultats des deux Jim étaient si proches que
l'on aurait pu croire que la même personne avait passé le test deux fois.
Bouchard dit : "Sur le plan de l'intelligence, des capacités mentales, de leurs
goûts et de leurs intérêts, ils étaient remarquablement similaires... La similitude
se retrouvait dans les petites choses qui forment une personnalité... la façon de
s'asseoir, la gestuelle, le débit de la voix, le langage corporel. Ils ressemblaient à
des copies conformes."6
Au moment où Bouchard commença à étudier les jumeaux Jim, seulement 19
cas de jumeaux réunis avaient été rapportés aux États-Unis et la plupart avaient
été élevés par des familles biologiquement apparentées. Ceci rendait Springer et
Lewis d'autant plus uniques et intéressants aux yeux de Bouchard, dont la
carrière avait été consacrée à l'élucidation des facteurs régissant la personnalité
humaine. Le jour où les tests devaient commencer, Bouchard invita les Jim à
déjeuner pour les informer des détails de l'étude. C'était la toute première fois
qu'il travaillait avec des jumeaux identiques, et il était perturbé. Il devint comme
186
obsédé par de petits détails les concernant - la manière dont chacun se rongeait
les ongles, par exemple. Les sourcils de chacun des Jim avaient une forme
particulière et Bouchard se mit à compter distraitement le nombre de poils de
leurs sourcils. L'un des deux lui dit : " Vous nous regardez si fixement !" Bouchard
s'excusa. Il avait été sidéré par la similitude de leurs gestes, de leurs voix et de la
morphologie de leurs corps. Ces deux hommes avaient vécu des vies tout à fait
différentes et pourtant, si Bouchard fermait les yeux, il ne pouvait pas dire lequel
des deux Jim parlait.7
La nouvelle s'étant répandue, les jumeaux Jim devinrent célèbres. Ils
participèrent au show télévisé de Johnny Carson, causèrent avec le célèbre
animateur Mike Douglas, rencontrèrent Jonathan Winters, également originaire
de l'Ohio, et firent l'objet d'articles dans Newsweek, People et d'autres
magazines.
Comme le souligna Arthur Allen, journaliste au Washington Post, "lorsque les
journalistes commencèrent à interviewer les jumeaux élevés séparément de
Bouchard, ils s'intéressèrent surtout aux paires spectaculairement similaires,
comme les jumeaux Springer-Lewis, mais ceux-ci s'avérèrent être des cas
exceptionnels dans l'étude du Minnesota. La majorité des autres jumeaux
n'étaient pas aussi semblables...Les gènes fabriquent des protéines qui
contribuent à des processus chimiques qui jouent un rôle dans des événements
neurologiques et existentiels complexes...Les gènes ne fabriquent pas vraiment
... des enfants violents ou des adultes dépressifs, et aucun scientifique digne de
ce nom ne prétendrait le contraire". Ils ne font pas non plus en sorte que des
jumeaux élevés séparément tirent la chasse d'eau avant d'utiliser les toilettes.
Alors, quelle est l'explication ? Dans la science conventionnelle, il n'y en a pas. De
telles anomalies sont considérées comme une interférence dans le système ou
comme des cas marginaux, des expressions équivalentes à un haussement
d'épaules de la part d'un scientifique.8
Écrivant pour le Smithsonian, le journaliste Donald Dale Jackson parut percevoir
une dimension sacrée dans ces phénomènes :
187
La vérité finale des retrouvailles des Jims, ce ne sont pas les similitudes
génétiques ou les différences environnementales, mais la conclusion
joyeuse d'un lien restauré, d'un amour retrouvé - le triomphe de la famille.
Les deux Jim reconnurent intuitivement cette vérité et y réagirent de la
même manière, avec gratitude. Les scientifiques ne peuvent pas le
prouver, mais peut-être que leurs âmes sont également identiques.9
Dans la foulée de son étude sur les Jim, d'autres paires de jumeaux identiques,
qui avaient également été séparés à la naissance, prirent contact avec le Dr
Bouchard. En l'espace d'un an, il avait déjà testé 15 paires de jumeaux et il avait
des contacts en rapport avec 35 autres paires de jumeaux. Le projet déboucha
sur la création du Minnesota Center for Twin and Adoption Research, des Twin
Cities, de manière plutôt appropriée. À ce jour, plus de 100 paires de jumeaux
séparés par la naissance ont participé au programme et passé une semaine à
Elliott Hall dans les laboratoires du Dr Bouchard.
Deux des sujets les plus remarquables de Bouchard furent deux jumelles
britanniques d'âge moyen, Bridget Harrison et Dorothy Love, séparées depuis la
prime enfance pendant la Seconde Guerre mondiale et élevées séparément dans
des contextes socio-économiques très différents. À leur descente de l'avion à
Minneapolis, elles portaient toutes les deux sept bagues et deux bracelets à un
poignet, et une montre et un bracelet à l'autre poignet. Bridget avait baptisé son
fils Richard Andrew, et Dorothy avait appelé le sien Andrew Richard. Le curieux
"phénomène des noms" allait encore plus loin. Bridget avait baptisé sa fille
Catherine Louise, et Dorothy avait appelé la sienne Karen Louise. Bouchard était
interpellé par ce phénomène, puisque la possibilité d'une simple coïncidence est
réduite par le fait que le choix d'un nom est une décision conjointe du mari et de
la femme.
Deux autres jumelles de Bouchard, Daphné Goodship et Barbara Herbert, qui
avaient également été séparées pendant la Seconde Guerre mondiale, furent
adoptées séparément, lorsqu'elles étaient bébés et élevées séparément. Comme
les deux Jim, elles se retrouvèrent après 39 ans. Quand elles se retrouvèrent à la
gare de King's Cross, à Londres, en mai 1979, toutes les deux portaient une veste
en velours marron et une robe beige. Toutes les deux avaient des petits doigts
188
crochus, qui les avaient empêchées d'apprendre à taper à la machine ou à jouer
du piano. Toutes les deux avaient l'excentricité de faire remonter leur nez. À l'âge
de 15 ans, toutes les deux étaient tombées dans les escaliers, si bien que leurs
chevilles étaient fragiles. À l'âge de 16 ans, chacune rencontra dans un bal
l'homme qu'elle allait épouser, puis chacune fit une fausse couche avec son
premier enfant, avant d'avoir deux garçons et une fille. Toutes les deux riaient
plus que toutes leurs connaissances, et les chercheurs se souviennent
affectueusement d'elles comme des deux jumelles rigolotes. Toutes les deux
étaient des boute-en train, déclenchant toujours les fous rires de l'autre. Par
ailleurs, lorsqu’on leur demanda si leur famille adoptive comptait des boute-entrain, tous les deux répondirent par la négative.10
Une autre paire de jumeaux très médiatisée fut celle formée par Oskar Stöhr et
Jack Yufe, qui avaient les antécédents les plus radicalement différents de tous les
jumeaux étudiés. Ils naquirent à Trinidad en 1933 d'un père juif et d'une mère
allemande et ils furent séparés peu de temps après leur naissance. La mère
d'Oskar retourna avec lui en Allemagne, où sa grand-mère lui donna une
éducation catholique et nazie. Jack fut élevé par son père dans les Caraïbes dans
la religion juive, et il passa une partie de sa jeunesse dans un kibboutz israélien.
Quand ils se présentèrent à Bouchard, ils menaient des vies très différentes.
Oskar était marié, superviseur industriel en Allemagne, syndicaliste déterminé et
skieur. Jack gérait un magasin de vêtements à San Diego, était séparé et un
bourreau de travail. Mais les similitudes étaient évidentes dès leur arrivée à
l'aéroport des Twin Cities. Tous les deux portaient des chemises bleues à deux
poches avec des épaulettes, des lunettes à monture métallique, et ils arboraient
une moustache bien taillée. Leurs particularités correspondaient : ils aimaient les
plats épicés et les liqueurs sucrées, étaient distraits et avaient l'habitude de
s'endormir en regardant la télévision. Fait curieux, ils partageaient l'habitude
particulière d'éternuer bruyamment en public pour obtenir une réaction, un trait
qui déconcertait les scientifiques. Tous les deux tiraient la chasse d'eau avant
d'utiliser les toilettes, portaient des élastiques aux poignets, lisaient des
magazines dans leur intégralité et trempaient des tartines beurrées dans leur
café. Selon Bouchard, " Pour certaines de ces choses, on ne peut que hausser les
épaules et se dire que c'est entre les mains de quelqu'un d'autre."11
189
NATURE, CULTURE, ET ESPRIT UNIVERSEL
Ces phénomènes de gémellité sont-ils le résultat de la "nature" ou de la
"culture", de facteurs génétiques ou environnementaux ? L'équipe de Bouchard
penche principalement pour une explication génétique, étant donné que les
influences environnementales étaient si radicalement différentes dans un grand
nombre de leurs cas. Mais en se focalisant uniquement sur deux possibilités pour
expliquer les pensées et les comportements étonnamment similaires de vrais
jumeaux élevés séparément, les chercheurs risquent d'omettre une autre
possibilité essentielle. Si la Conscience est quelque chose d'illimité et d'unitaire,
ces similitudes ne seraient pas surprenantes, puisque des jumeaux séparés - ou
n'importe qui d'autre - pourraient partager des pensées par-delà les séparations
de l'espace et du temps. Ils pourraient s'associer aux émotions et aux croyances
de l'autre, ce qui, au fil du temps, pourrait aboutir à des comportements
semblables ou identiques. L'Esprit non local pourrait agir de concert avec les
facteurs génétiques en accentuant la tendance à la ressemblance. Dans ce cas,
on pourrait se demander pourquoi ne sommes-nous pas plus semblables ?
Puisque nous partageons la même Conscience, qu'est-ce qui nous empêche
d'être des clones les uns des autres en paroles, en pensées et en actes ? Qu'estce qui rend possible notre riche diversité ? Si l'Esprit universel est réel - si nos
esprits sont essentiellement illimités et interagissent les uns avec les autres comment devenons-nous des individus ?
L'Esprit non local agissant en lien avec d'autres facteurs (comme les gènes et
l'environnement) nous offre un modèle explicatif plus performant pour expliquer
l'étrange similitude observée chez les vrais jumeaux élevés séparément. Ainsi,
certains de leurs comportements sont si outrageusement semblables que les
matérialistes les plus endurcis ont du mal à les expliquer, comme par exemple
porter sept bagues, éternuer en public, aménager des bancs blancs autour d'un
arbre dans le jardin, épouser successivement des partenaires portant le même
nom, ou donner un nom identique ou similaire à ses enfants. La tentation est
toujours grande d'attribuer ce qui ne s'explique pas facilement sur le plan
génétique ou comportemental au hasard, le dépotoir ultime et préféré de
l'inexpliqué. L'existence d'un Esprit universel non local et commun rend
l'explication par le hasard moins tentante.
190
Bouchard et d'autres chercheurs qui étudient les jumeaux ont trouvé des
preuves que certains jumeaux identiques élevés séparément sont plus
identiques que des jumeaux élevés ensemble. Une telle constatation peut
paraître surprenante, mais on doit savoir ce que c'est que d'être un jumeau. Les
jumeaux identiques élevés ensemble ont souvent beaucoup de mal à établir leur
identité individuelle. Ils sont souvent encouragés à se ressembler le plus
possible, par exemple en s'habillant de la même façon. Par conséquent, ils
peuvent se donner beaucoup de mal pour "être différents" afin d'affirmer leur
individualité. Si des vrais jumeaux sont élevés séparément, ils ne se sentent pas
comme des copies conformes et ils n'ont pas à lutter pour établir leur propre
identité. Leur séparation peut donc paradoxalement leur permettre de se
ressembler davantage que s'ils avaient été élevés ensemble.
Beaucoup de personnes ont réagi presque dépressivement aux données sur les
jumeaux, comme s'il s'agissait là d'une malédiction. Il n'est pas difficile de
comprendre pourquoi. La recherche suggère qu’on peut vivre dans des
environnements différents, être élevé par des parents différents, grandir dans
des pays différents, avoir des amis différents et se marier avec des personnes
différentes, tout en émergeant de ces expériences uniques pour se retrouver
comme un clone virtuel de quelqu'un qui a les mêmes gènes, quelqu'un que l’on
n’a jamais vu ni rencontré. Notre ADN semble se moquer du libre arbitre et de la
volition. Comme Lawrence Wright le déclarait dans son résumé sur le sujet :
"Lorsque nous lisons des articles sur des jumeaux séparés à la naissance et réunis
à l'âge mûr pour découvrir qu'à bien des égards, ils sont devenus la même
personne, cela suggère que la vie est quelque part un simulacre, que nous
semblons seulement réagir consciemment aux événements, que les expériences
de la vie qui, selon nous, nous ont façonnés ne sont guère plus que des
décorations ou des curiosités collectées en chemin, et que les injonctions de nos
parents et les traumatismes de notre jeunesse que nous croyions être les pierres
angulaires de notre caractère n'ont peut-être pas eu plus d'effet sur nous qu'un
livre que nous avons lu ou qu’une émission que nous avons vue à la télévision —
qu'en fait, nous aurions pu vivre la vie d'un autre et être quand même qui nous
sommes."12
191
Plutôt que la preuve d'une malédiction génétique, les études sur les jumeaux
pourraient être précisément le contraire. Les comportements fort liés des
jumeaux identiques et séparés peuvent être des leçons de liberté. Les jumeaux
élevés séparément peuvent se rejoindre non localement dans une dimension
particulière de la Conscience, en faisant des choix inconscients pour être en
harmonie, se ressembler et partager. Ils peuvent illustrer le triomphe d'esprits
qui, grâce à leur connexion à l'Esprit universel, sont libres de choisir la
ressemblance et de se réjouir de la similarité. La corrélation de leurs pensées et
de leurs comportements n'est peut-être pas une raison de déplorer notre
asservissement à nos gènes, mais de célébrer notre liberté vis à vis d'eux.
La tendance récurrente de la science matérialiste à nier le libre arbitre ne se
limite pas aux jumeaux identiques élevés séparément, bien entendu ; elle
s'applique largement aux humains en général. Cet effort comporte un soupçon
d'hypocrisie et d'illogisme. Comme l’écrivit le psychologue Lawrence LeShan
dans son livre pionnier, Landscapes of the Mind : "Imaginez quelqu'un qui dit :
"Je n'ai pas de libre arbitre. Tout ce que je fais ou tout ce que je dis est déterminé
par des forces mécaniques. Je suis un robot !’’ On l’enverrait chez un psychiatre.
Mais si une personne titulaire d'un doctorat se lève dans un amphithéâtre et dit :
"Tous les humains sont mécaniquement déterminés et n'ont pas de libre
arbitre", on l’appellera un behavioriste, un psychanalyste ou un déterministe
philosophiquement, on applaudira sa pensée brillante et on le nommera
président de son département."13
Certains philosophes peuvent interpréter la similarité des jumeaux identiques
comme étant une malédiction, mais les jumeaux ne voient pas les choses de
cette façon. Pour eux, c'est une source de joie. Prenons, par exemple, les
commentaires de Jim Lewis. "Ma mère m'a dit que j'avais un jumeau, quand
j'avais à peu près six ans. J'ai commencé à être un peu plus curieux par rapport à
cela, au fur et à mesure que je grandissais...J'ai toujours eu l'impression que je
voulais avoir quelqu'un qui soit proche de moi. Je me sentais seul, je suppose.... Il
y a environ cinq ans, je me suis lancé pour voir si je pouvais le retrouver. Je ne
savais pas vraiment ce que je cherchais, j'espérais juste le rencontrer, je
suppose." Après leur réunion, Jim Springer déclara : "Mon Dieu, nous profitons
juste l’un de l’autre. Personne ne peut imaginer ce que nous ressentons." Jim
192
Lewis rédigea même un parchemin enroulé qu’il remit à son frère, et on peut y
lire : "Le 9 février 1979 a été le jour le plus important de ma vie. Ce jour-là, nous
avons entamé ensemble une relation qui durera toute notre vie, et nous ne
serons plus jamais séparés."14
Lorsque les vraies jumelles précitées, Barbara Herbert et Daphné Goodship, se
retrouvèrent à l'âge de 40 ans, elles découvrirent qu'elles avaient toutes les deux
rencontré leurs futurs maris au cours d'une soirée dansante, à l'âge de 16 ans.
Toutes les deux étaient tombées dans les escaliers la même année, avec des
séquelles au niveau des chevilles, comme indiqué plus haut, entraînant une
difficulté permanente à descendre les marches sans s'agripper à la rampe. En
comparant leurs écritures, les chercheurs du Minnesota leur demandèrent de
choisir une phrase et elles choisirent toutes les deux : "The cat sat on the mat" et
toutes les deux firent la même faute de frappe. Toutes les deux tricotaient des
cardigans avec les mêmes motifs et les mêmes couleurs. Après avoir été réunies,
toutes les deux écrivirent le même jour au même magazine féminin pour poser
la même question, sans se le dire. Toutes les deux gagnèrent dix livres à la loterie
nationale, la même semaine. Lorsque Daphné gagna une bouteille de parfum
Avon dans une tombola, Barbara remporta un prix lors d'un tirage au sort
sponsorisé par la représentante locale de chez Avon.15 Selon Guy Lyon Playfair,
un chercheur britannique qui étudie les jumeaux et auteur du livre édifiant, Les
jumeaux et le mystère de la télépathie, "mes conclusions sont très claires :
certaines coïncidences entre jumeaux sont effectivement dues à des facteurs
génétiques, mais d'autres ne le sont pas, et il est généralement facile de
déterminer lesquelles."16
Il n'est pas surprenant, écrivit-il, que Jonathan et Jason Floyd, des vrais jumeaux
de 17 ans, aient dû subir une appendicectomie à deux jours d'intervalle, même si
500 km les séparaient, puisqu'ils étaient des "copies génétiques" et qu'ils avaient
vécu des épisodes médicaux similaires tout au long de leur vie. Mais il y a aussi
des choses étranges. Playfair était en droit de s'interroger : "Comment la
génétique peut-elle expliquer que John et Michael Atkins soient tombés et se
soient cassé la jambe exactement au même moment, alors qu'ils skiaient sur des
glaciers différents dans les Alpes, bien loin l'un de l'autre ?17 Y a-t-il un gène
associé aux chutes de ski ? On est bien sûr libre d'attribuer tous ces événements
193
aux gènes, aux coïncidences ou à des petits gremlins qui font chuter les skieurs,
mais à un moment donné, pour la plupart des gens, un malaise intellectuel
concernant les gènes et les coïncidences (et les gremlins !) s'installe au fur et à
mesure que le nombre d'événements étranges s'accumule.
L’EFFET CASABLANCA
Playfair considérait de tels exemples comme des preuves de l'effet Casablanca,
une expression qu'il tira de la célèbre réplique d'Humphrey Bogart dans le film
Casablanca, au moment où son ancienne maîtresse, Ingrid Bergman, fait son
apparition : "De toutes les guinguettes de toutes les villes dans le monde entier,
c'est encore dans la mienne qu'elle entre", certaines coïncidences semblant
tellement concordantes qu’elles réclament une autre explication.
Cette suspicion se retrouve même chez des sceptiques, comme Peter Watson,
qui écrivit : "Toutes les coïncidences relevées au Minnesota constituent-elles une
sorte de camouflage, un signal pour quelque chose d'autre qui se produit à un
niveau plus profond ?18 Playfair répondit par l'affirmative à la question de
Watson, et j'en fais autant. Playfair : "Quelque chose ... continue d'être démontré,
communiqué régulièrement, les vrais jumeaux fournissant plus que leur juste
part de ces rapports, en dépit du fait qu’il y en a toujours qui refusent toujours
d'admettre son existence ou même la possibilité de son existence".
Je suggère que ce "quelque chose" est l’expression de 1'Esprit universel.
194
CHAPITRE 16 : LES PHÉNOMÈNES TÉLÉSOMATIQUES
Dans les années 1960, le neuropsychiatre américain, Berthold E. Schwarz forgea
le terme "télésomatique" à partir de mots signifiant "corps / éloigné".1 Schwarz
documenta des événements durant lesquels des individus éprouvent des
sensations ou des changements physiques réels similaires, bien qu’ils puissent
être séparés par de grandes distances. On a rapporté des centaines
d'événements télésomatiques au fil des décennies. Ils suggèrent que les
personnes concernées sont en quelque sorte liées par la Conscience, comme si
deux corps partageaient un seul et même esprit.
COMME S’IL S’AGISSAIT D’UN CORPS UNIQUE
Le critique social anglais John Ruskin fournit un exemple classique : Arthur
Severn, le célèbre peintre paysagiste, se réveilla tôt, un matin et se rendit au lac
voisin pour y faire de la voile. Sa femme, Joan, qui était la cousine de Ruskin,
resta au lit. Elle fut brusquement réveillée par la sensation d'un coup violent et
douloureux sur la bouche, sans raison apparente. Un peu plus tard, son mari
Arthur était de retour et il tenait un chiffon sur sa bouche qui saignait. Il déclara
que le vent avait brusquement tourné, au point que la bôme l'avait percuté au
niveau de la bouche, en le faisant presque tomber du bateau, au moment même
où sa femme avait ressenti le coup.2
En 2002, le mathématicien-statisticien, Douglas Stokes signala un cas similaire.
Pendant qu'il donnait un cours de parapsychologie à l'université du Michigan,
l’un de ses étudiants raconta qu'un jour, son père avait été éjecté d'un banc par
un "coup invisible à la mâchoire". Cinq minutes plus tard, son père reçut un
appel d'un gymnase local, où sa femme était en train de faire de l'exercice, et
l'informant qu'elle s'était brisé la mâchoire sur une pièce de l'équipement de
fitness.
Un autre cas, qui concerne également le clan Severn, est plus malheureux. Un
jour, alors que Joan Severn était tranquillement assise avec sa mère et sa tante,
sa mère poussa brusquement un cri, s'affala dans le divan, se couvrit les oreilles
de ses deux mains et s'exclama : "Oh, il y a de l'eau qui reflue précipitamment
dans mes oreilles, et je suis sûre que mon frère ou mon fils James doit être en
train de se noyer, ou les deux !" Alors, Joan regarda par la fenêtre et elle vit des
gens qui se hâtaient vers le lieu de baignade tout proche. Peu de temps après,
son oncle rentra à la maison, pâle et bouleversé, et il annonça que James s'était
bel et bien noyé.3
RÉSONANCE EMPATHIQUE
David Lorimer, un analyste avisé de la conscience qui dirige le Scientific and
Medical Network, une organisation internationale qui est implantée au
Royaume-Uni, a rassemblé de nombreux cas de télésomatique dans son livre
très éclairé, Whole in One . Lorimer est frappé par le fait que de tels événements
se produisent principalement entre des personnes qui sont émotionnellement
proches. Il argumente résolument en faveur de ce qu'il appelle la "résonance
empathique", qui, pour lui, relie les individus à travers l'espace et le temps.
Le défunt psychiatre, lan Stevenson (1918-2007), de l'université de Virginie se
pencha sur des dizaines de cas comparables, où des personnes éloignées
présentaient des symptômes physiques similaires. Dans la plupart des cas, il
s'agissait de parents et d'enfants, de conjoints, de frères et sœurs, de jumeaux,
d'amants et d'amis très proches.4 Là encore, le point commun semble être la
proximité émotionnelle et l'empathie ressenties par les personnes séparées.
Dans un cas typique rapporté par Stevenson, une mère écrivait une lettre à sa
fille, qui venait de partir à l'université. Sans raison apparente, sa main droite se
mit à brûler si fort qu'elle dut poser son stylo, et moins d'une heure plus tard, elle
reçut un appel téléphonique qui l'informait que la main droite de sa fille avait été
gravement brûlée par de l'acide dans un accident de laboratoire au moment
même où elle, la mère, avait ressenti cette douleur brûlante.5
Dans un cas rapporté par la chercheuse, Louisa E. Rhine, une femme se plia
brusquement en deux en se tenant la poitrine, en proie à une vive douleur, et en
196
disant : "Quelque chose est arrivé à Nell ; elle est blessée !" Deux heures plus
tard, le shérif se pointa pour l'informer que Nell, sa fille, avait été impliquée dans
un accident de voiture et qu'un morceau du volant avait perforé son thorax ."6
LE JUMELAGE NE S’ARRÊTE PAS LÀ
Comme nous l'avons appris dans le chapitre précédent, Guy Lyon Playfair est l'un
des chercheurs spécialistes de la conscience les plus connus en Grande-Bretagne
et l'auteur du livre édifiant, Les jumeaux et le mystère de la télépathie. Il a
répertorié toute une série de cas documentés de télésomatique qui impliquent
des jumeaux et des frères et sœurs non jumeaux.
L'un de ces cas impliquait les vrais jumeaux, Ross et Norris McWhirter, bien
connus en Grande-Bretagne pour être les coéditeurs du Livre Guinness des
records. Le 27 novembre 1975, Ross fut abattu sur le seuil de sa maison du nord
de Londres par deux hommes armés, d’une balle dans la tête et dans la poitrine.
D’après une personne qui se trouvait avec son frère jumeau, Norris aurait réagi
de manière dramatique au moment de la fusillade, quasiment comme s'il avait
lui aussi été touché "par des projectiles invisibles."7
De tels cas sont invariablement considérés par les sceptiques comme des
coïncidences, mais d'autres cas sont plus difficiles à ranger dans cette catégorie.
Un exemple rapporté par Guy Lyon Playfair concerne deux vraies jumelles de
quatre ans, Silvia et Marta Landa, qui habitaient dans le village de Murillo de Río
Leza, dans le nord de l'Espagne.8 En 1976, les jumelles Landa devinrent des
célébrités, après avoir fait l'objet d'un article dans le journal local à cause d'un
événement étrange. Marta s'était brûlé la main sur un fer à repasser très chaud.
Une grosse ampoule rouge se forma, et une ampoule identique se forma sur la
main de Silvia, qui était partie rendre visite à ses grands-parents, à ce momentlà. Silvia fut emmenée chez le médecin, tout en ignorant ce qui était arrivé à sa
sœur. Une fois les deux fillettes réunies, leurs parents constatèrent que les
ampoules étaient de la même taille et se situaient sur la même partie de la main.
197
Ce n'était pas la première fois que ce genre de chose arrivait aux fillettes. Si l'une
des jumelles avait un accident, l'autre semblait le savoir, même si elles n'étaient
pas à proximité l'une de l'autre. Une fois, alors qu'elles arrivaient chez elles en
voiture, Marta en sortit prestement et courut à l'intérieur de la maison, où elle se
plaignit brusquement qu'elle ne pouvait plus remuer son pied. Pendant ce
temps-là, Silvia s'était empêtrée dans la ceinture de sécurité, et son pied était
coincé. Une autre fois, alors que l'une d'elles s'était mal conduite et avait reçu
une gifle, l'autre, qui se trouvait ailleurs, avait immédiatement éclaté en sanglots.
Des membres du bureau madrilène de la Société Espagnole de Parapsychologie
eurent vent de l'incident de la main brûlée et décidèrent que le cas méritait
d'être étudié. Leur équipe, constituée de neuf psychologues, psychiatres et
médecins, se rendit chez les Landas, avec la coopération totale et l'approbation
des parents des jumelles. Les chercheurs se mirent au travail avec une série de
tests déguisés en jeux amusants pour les jumelles, de sorte que les petites filles
ne se doutaient pas qu'elles participaient à une expérience.
Pendant que Marta restait au rez-de-chaussée avec sa mère et quelques
chercheurs, Silvia monta au deuxième étage avec son père et le reste de l'équipe.
Tout ce qui se déroula sur les deux niveaux fut filmé et enregistré. Un des
psychologues joua avec Marta en utilisant une marionnette. Silvia reçut une
marionnette identique, mais on ne joua à aucun jeu. En bas, Marta attrapa la
marionnette et la lança sur l'enquêteur. En haut, Silvia fit pareil en même temps.
L’un des médecins de l'équipe décida ensuite de pratiquer un simple examen de
contrôle et il éclaira l'œil gauche de Marta à l'aide d'une lumière vive. À l'étage,
Silvia se mit à cligner rapidement des yeux, comme si elle tentait d'éviter la
lumière vive. Le médecin procéda alors à un test de réflexe du genou en tapant
trois fois sur le tendon du genou gauche de Marta. Au même moment, Silvia se
mit à remuer sa jambe si brusquement que son père, qui ignorait que le test se
déroulait en bas sur Marta, dut la contenir. Puis, on donna à Marta un parfum
très aromatique à sentir. Pendant ce temps-là, Silvia secoua la tête et se couvrit
le nez avec la main. Ensuite, toujours dans des pièces différentes, les jumelles
reçurent sept disques de couleur et on les invita à les mettre dans l'ordre qu'elles
souhaitaient, et elles les organisèrent exactement dans le même ordre.
198
On effectua encore d'autres tests, qui ne furent pas tous aussi spectaculaires que
l'examen du réflexe du genou, mais l'équipe les qualifia tous de "très positifs" ou
de "positifs", à l’exception d’un seul.
Les tests des Landa confirmèrent ce que la plupart des chercheurs avaient
constaté, à savoir que les enfants sont plus enclins que les adultes à ce genre de
choses et que les résultats ont plus de chances d'être positifs, lorsque les
expériences sont réalisées, non pas dans des laboratoires stériles et
impersonnels, mais dans l'habitat naturel des sujets et dans un environnement
détendu et encourageant. Cette dernière leçon a souvent été ignorée de
manière flagrante dans la recherche sur la conscience par les expérimentateurs
qui devraient être plus avertis. Les chercheurs ont dû apprendre à maintes
reprises l'importance de la "validité écologique", c'est-à-dire le principe suivant
lequel ce qui est testé doit pouvoir se passer comme dans la vie réelle.
UN AVANTAGE POUR LA SURVIE
Les événements télésomatiques sont souvent considérés comme guère plus que
des coïncidences ou des curiosités bizarres, comme les mains brûlées
simultanément des jumelles Landa. Mais il existe de nombreux cas où les
événements télésomatiques ont une importance vitale. Ces cas sont importants,
car ils montrent que le lien télésomatique a une valeur de survie, ce qui explique
sans doute pourquoi il semble inhérent à l'être humain.
L'un des cas portés à la connaissance de Guy Playfair concernait deux vrais
jumeaux, Ricky et Damien, âgés d'à peine trois jours. Anna, leur mère, les allaitait
pendant la nuit dans son lit, soutenue par des oreillers. En cette occasion
particulière, l'un des jumeaux, Ricky, se trouvait devant elle, et l'autre, Damien,
était couché sur un oreiller à sa gauche. Pendant qu'elle changeait le lange de
Ricky, il se mit soudain à crier. C'était surprenant, même s'il n'avait que trois
jours. "C'était un bébé très calme", dit Anna, tout comme son frère. Elle n'arrivait
pas à comprendre ce qui n'allait pas, puisqu’il avait été lavé et nourri. Et, toujours
en train de crier, le corps de Ricky se mit à trembler, comme s'il était pris de
convulsions. Anna raconte qu'il lui vint soudain à l'esprit que "les jumeaux se
199
transmettent des messages". Elle baissa les yeux pour vérifier comment allait
Damien et, à sa grande horreur, elle s'aperçut qu'il n'était plus là - il s'était
enfoncé sous les oreillers derrière elle, la tête la première. Elle l'attrapa
directement et elle constata que son visage était bleu et qu'il avait la bouche
fermée. Damien était en train de mourir par suffocation. Elle et sa fille aînée
pratiquèrent la respiration artificielle et elles appelèrent une ambulance. Cet
événement bouleversant connut une fin heureuse, et Anna conclut : "Sans aucun
doute, Ricky a sauvé la vie de son frère. S'il n'avait pas crié et tremblé, je n'aurais
jamais regardé après Damien, avant d'en avoir terminé avec Ricky, et à ce
moment-là, il aurait été trop tard."9
Les vrais jumeaux adultes peuvent vivre des expériences similaires, avec par
exemple le cas de Gloria Morgan Vanderbilt (1904-65) et de sa sœur jumelle,
Lady Thelma Morgan Furness (1904-70). Dans Double Exposure : A Twin
Autobiography, elles racontent qu’alors que Lady Furness attendait un bébé en
Europe, Gloria se trouvait à New York. Gloria prévoyait de se rendre en Europe
pour rejoindre sa sœur en mai, à la date prévue pour l'accouchement. Gloria dit
qu'à la fin du mois de mars, alors qu'elle s'apprêtait à sortir déjeuner, elle
éprouva de telles douleurs abdominales qu'elle dut annuler ses engagements et
se mettre au lit. Elle raconte : "Je me souviens avoir dit ... que si je ne savais pas
qu'une telle chose était hors de question, je penserais que je suis en train
d'accoucher". Gloria réussit à dormir un moment et, à son réveil, elle se sentit
normale et elle vit sur la table de nuit un télégramme de Lord Furness qui lui
annonçait la naissance prématurée du fils de Thelma.10
Parfois, la douleur partagée est émotionnelle et non physique, comme dans un
autre cas rapporté à Playfair. Il concernait une jeune universitaire américaine,
alors étudiante à l'université de Stony Brook, à New York. Celle-ci se réveilla d'un
sommeil profond à 6 heures du matin, heure de New York, en poussant un cri et
en sachant avec certitude que sa sœur jumelle d'Arizona était en danger. Elle
raconta à sa colocataire ce qui s'était passé et elle appela aussi sa mère. Celle-ci
lui apprit qu'à 3 heures du matin, heure de l'Arizona, une voiture piégée avait
explosé juste devant l'appartement de sa sœur jumelle, en brisant une vitre. Fort
heureusement, sa sœur jumelle et son mari étaient indemnes. L'heure de
200
l'explosion de la bombe en Arizona coïncidait avec son réveil paniqué à New
York.
Même si les échanges télésomatiques ne touchent pas que les jumeaux, ils sont
indiscutablement fréquents chez eux. Comme le dit Playfair, chez les jumeaux,
on peut observer "le signal télépathique à plein volume, en quelque sorte, via
lequel non seulement des informations sont transmises à distance, mais
également des émotions, des sensations physiques et même des symptômes,
comme des brûlures et des meurtrissures."11 Il a toutefois constaté que seuls 30
% environ des vrais jumeaux font ces expériences, mais chez ceux qui les font, les
phénomènes peuvent être stupéfiants.12 La proximité émotionnelle est un
facteur essentiel de la connexion gémellaire. Il a aussi été démontré que le fait
d'avoir une personnalité extravertie et ouverte facilite le lien. Et, comme on le
voit dans les exemples ci-dessus, "ce que les jumeaux communiquent le mieux,
ce sont les mauvaises nouvelles, comme les dépressions, les maladies, les
accidents ou, bien sûr, la mort".
OBSTÉTRIQUE INTUITIVE
On peut observer des connexions qui ne se limitent pas aux jumeaux chez des
médecins qui sentent émotionnellement et physiquement quand leurs patients
ont besoin de leur attention, comme si les deux individus partageaient le même
corps-esprit. Larry Kincheloe, gynécologue-obstétricien à Oklahoma City, est un
excellent exemple.13 Une fois terminée sa formation en gynécologie-obstétrique,
Kincheloe intégra un groupe médical très traditionnel et il exerça pendant
environ quatre ans sans aucun événement inhabituel. Un samedi après-midi, il
reçut un appel de l'hôpital qui l'informait qu'une de ses patientes était en début
de travail. Il donna les instructions de routine et, comme il s'agissait du tout
premier bébé de la patiente, il supposa que l'accouchement n'interviendrait que
dans quelques heures. En balayant chez lui, il ressentit le besoin impérieux de se
rendre à l'hôpital. Il appela directement le service d'obstétrique et l'infirmière lui
dit que tout allait bien ; sa patiente n'était dilatée que de cinq centimètres et
l'accouchement n'était pas prévu avant plusieurs heures.
201
En dépit de cette assurance, la sensation s'intensifia et Kincheloe commença à
ressentir une douleur au niveau de la poitrine, qu’il décrivit comme un sentiment
analogue à celui qu'éprouvent les jeunes de 16 ans à la perte de leur premier
amour - un sentiment douloureusement triste et mélancolique. Plus il essayait
d'ignorer cette sensation, plus celle-ci devenait forte, jusqu'à ce qu'il ait
l'impression de s'y noyer. À ce moment-là, il voulut absolument se rendre à
l'hôpital. Il sauta dans sa voiture et fonça. Plus il se rapprochait de l'hôpital,
mieux il se sentait, et quand il arriva dans le service d'obstétrique, il éprouva un
sentiment énorme de soulagement.
Quand il arriva au bureau des infirmières, l'infirmière de sa patiente sortait juste
de la salle d'accouchement. Quand elle lui demanda pourquoi il se trouvait là,
Kincheloe admit honnêtement qu'il l'ignorait, mais qu'il sentait qu'on avait
besoin de lui et que sa place était là. Elle le regarda curieusement et lui dit qu'elle
venait justement d'examiner la patiente et qu’elle n'était dilatée que de sept
centimètres. C'est alors qu'un cri retentit dans la salle d'accouchement.
Quiconque a déjà travaillé en salle d'accouchement sait qu'il y a une certaine
tonalité dans le cri d'une femme, quand la tête du bébé est sur le périnée, à
l'approche de l'accouchement, et il se précipita dans la chambre de la patiente
juste à temps pour l'aider à accoucher d'un bébé en bonne santé. Après coup,
quand l'infirmière lui demanda comment il avait su qu'il devait se rendre à
l'hôpital, alors qu'on lui avait dit que l'accouchement n'aurait lieu que dans
plusieurs heures, il ne sut que répondre.
Depuis ce jour, Kincheloe commença à prêter attention à ces sentiments. Il apprit
à leur faire confiance. Ayant expérimenté ces sentiments intuitifs des centaines
de fois, il agit régulièrement en fonction d’eux. En général, lorsqu'il reçoit un
appel du service d'obstétrique, il est déjà en train de s'habiller ou dans sa voiture
en route pour l'hôpital. Il répond souvent au téléphone en disant : "Je sais. Je suis
en route", sachant que c'est le service d'obstétrique qui l'appelle pour qu'il
vienne. Un phénomène devenu si courant pour le personnel du service
d'obstétrique que l'on dit aux nouvelles infirmières : "Si vous voulez le Dr
Kincheloe, il suffit d'y penser et il rappliquera !"
202
Dernièrement, il éprouva ce vieux pressentiment, téléphona et s'adressa à une
nouvelle infirmière qui s'occupait de l'une de ses patientes en phase de travail. Il
lui demanda comment les choses se passaient et elle lui répondit que la patiente
se reposait confortablement avec une péridurale et qu'elle avait un rythme
cardiaque fœtal rassurant. Il lui redemanda si elle était certaine qu'il ne se passait
rien qui réclamait son attention. Exaspérée, elle lui répondit : "Je vous ai dit que
je viens tout juste de l'examiner et que tout va bien !" Dans le fond, Kincheloe
entendit une autre infirmière lui dire : "Demandez-lui s'il a des douleurs à la
poitrine". Confuse, la nouvelle infirmière lui posa la question. Il répondit par
l'affirmative. Il entendit la nouvelle infirmière relayer sa réponse à l'infirmière
plus âgée, qui lui dit : "Si le Dr Kincheloe a des douleurs à la poitrine, vous feriez
mieux d'aller réexaminer la patiente."
"Attendez une minute", dit la nouvelle infirmière à Kincheloe, et elle posa le
téléphone pour aller réexaminer la patiente. Ensuite, il entendit le bruit de pas
rapides qui revenaient, et elle lui annonça très vite que le bébé ne tarderait plus
à sortir et qu'il devait se dépêcher.
Les expériences du Dr Kincheloe montrent comment des sensations physiques
peuvent servir de système de préalerte nous avertissant que quelque chose
d'important est sur le point d’arriver. Le Dr Kincheloe peut sembler unique, mais
il est plus probable que beaucoup de médecins et d’autres professionnels de la
santé partagent ses vues et n'en parlent tout simplement pas.
MÉDECINS, SCIENTIFIQUES ET PROFESSEURS : CE QU’ILS CROIENT
Dans son livre fascinant, The Witch in the Waiting Room (La sorcière dans la salle
d'attente), le docteur Robert S. Bobrow, professeur agrégé au département de
médecine familiale de l'université de Stony Brook, décrit comment il a découvert
que beaucoup de ses patients, infirmières et collègues croient en privé à des
pouvoirs de l'esprit qui ne sont pas officiellement reconnus par la médecine. Ils
gardent leurs croyances pour eux en raison de l'opprobre qu'elles susciteraient,
si celles-ci étaient rendues publiques.
203
Bobrow mentionnait une enquête publiée en 1980 dans l'American Journal of
Psychiatry qui posait la question suivante à des professeurs de psychiatrie, à des
internes en formation, à d'autres professeurs de médecine et à des doyens
d'écoles de médecine : "L’enseignement de la psychiatrie devrait-il comprendre
des études parapsychiques ?'' Plus de la moitié des participants répondirent par
l'affirmative. Les auteurs de l'enquête conclurent : "Nos résultats indiquent que
les doyens des facultés de médecine et que le personnel enseignant en
psychiatrie sont très fortement convaincus que beaucoup de phénomènes
parapsychiques peuvent être une réalité, que des pouvoirs parapsychiques sont
présents chez la plupart d'entre nous ou chez tout un chacun, que des facteurs
non médicaux jouent un rôle important dans le processus de la guérison et,
surtout, que l’enseignement de la psychiatrie devrait comprendre des études sur
les phénomènes parapsychiques..."14
Beaucoup de sceptiques ont fait tout leur possible pour nier et pour brouiller ces
tendances. On entend fréquemment les sceptiques dire que seul un
pourcentage infime de médecins, de praticiens et d'enseignants en médecine
croit aux phénomènes transcorporels de l’Esprit universel que nous examinons
dans ce livre, et ces sceptiques laissent entendre que les médecins qui croient en
ces choses ne sont pas en phase avec la tradition scientifique et tentent de
ramener la médecine au Moyen Âge. Mais comme le démontre l'enquête
précitée, la croyance en ces questions n'est pas le fait de quelques renégats,
mais elle est largement répandue dans les milieux de la médecine clinique et
universitaire.
Une autre enquête nationale réalisée en 2004 analysait les croyances de 1 100
médecins américains aux spécialités diverses. Les enquêteurs découvrirent que
74 % d'entre eux croyaient que ce que l'on appelle des miracles s'était déjà
produit dans le passé, et que 73 % croyaient qu'ils pourraient se produire
aujourd'hui. (Je soupçonne que pour la plupart des médecins, un miracle ne
signifie pas une violation, une suspension ou une atteinte à la loi naturelle, mais
un phénomène pas bien compris. La plupart des médecins seraient
probablement d'accord avec Saint Augustin pour dire que les dits miracles ne
contredisent pas la nature, mais qu'ils contredisent ce que nous savons de la
nature, ce qui est aussi mon point de vue). Cinquante-neuf pour cent des
204
médecins déclaraient prier pour leurs patients individuellement, et 51 %
déclaraient prier pour eux collectivement.15 En examinant ces tendances,
l'auteur, Stephan A. Schwartz concluait : "On comprend de plus en plus que des
considérations indicibles, relevant pour la plupart du concept de l'Esprit non
local, exercent une influence considérable sur la pensée de la population en
général et de la communauté médicale."16
Les scientifiques ont généralement des convictions similaires. Une enquête
réalisée en 1973 auprès des lecteurs de la revue britannique New Scientist leur
demandait de donner leur avis sur la perception extrasensorielle, ou PES. (New
Scientist définit son lectorat comme étant composé de scientifiques
traditionnels actifs ou de lecteurs intéressés par la science). Sur les 1 500
personnes interrogées, 67 % considèrent la PES comme un fait établi ou au
moins comme une forte probabilité. Quatre-vingt-huit pour cent considèrent la
recherche psychique comme étant un domaine légitime de recherche
scientifique.17
Dans une autre enquête menée auprès de plus de 1 100 professeurs d'université
aux États-Unis, 55 % des spécialistes des sciences naturelles, 66 % des
spécialistes des sciences sociales (à l'exclusion des psychologues) et 77 % des
universitaires spécialisés dans les arts, les sciences humaines et l'éducation ont
déclaré croire que la PES est soit un fait établi, soit une probabilité.18
Par conséquent, l'affirmation d’après laquelle la croyance aux phénomènes
transcorporels que nous explorons est rare chez les médecins, les scientifiques et
les universitaires chevronnés peut être qualifiée d'absurde. Cette idée est
véhiculée par des sceptiques qui sont généralement mal informés de l'ampleur
de la recherche dans ce domaine et qui s'y opposent pour des raisons
idéologiques.19
Les événements télésomatiques sont plus que des phénomènes bizarres. Ils
révèlent des canaux de communication entre des individus éloignés, dont l'un
est souvent dans le besoin. Ils nous rappellent que derrière notre séparation
apparente, il y a des filaments non physiques qui nous relient d'une manière qui
n'est pas limitée par l'espace, le temps ou les barrières matérielles. Le fait que ces
205
connexions soient catalysées par des liens émotionnels suggère un aspect plus
empathique et plus aimable de l'existence que ce que nous avons récemment
supposé.
206
CHAPITRE 17 : ABSOLUMENT CONVAINCU
En dépit des lamentations des sceptiques, les preuves en faveur de l'Esprit
universel sont nombreuses. Elles ont été reproduites par des expérimentateurs
dans des laboratoires du monde entier.1 Pour donner l'exemple d'un scientifique
éminent, intimement impliqué dans ces questions, j’aimerais m'arrêter sur le
physicien, Russell Targ.2
Les recherches de Targ, qui mettent en évidence une caractéristique infinie et
non locale de la Conscience, sont exemplaires. Si on considère sa carrière de
quarante ans dans la recherche sur la conscience au Stanford Research Institute
(SRI) et ailleurs, il ne s'embarrasse pas d'équivoque. Dans un discours prononcé à
Paris en 2010 et intitulé "Pourquoi je suis absolument convaincu de la réalité des
capacités parapsychiques, et pourquoi vous devriez l'être aussi", il dit :
Les données qui jalonnent ma carrière au SRI m'ont convaincu, sans
l’ombre d’un doute, que notre Conscience est non locale, que notre
Conscience est illimitée, que les facultés psi sont réelles, et que leur
précision et leur fiabilité sont indépendantes de la distance et du temps. Je
crois que ce que nous sommes est un reflet de notre extraordinaire
Conscience non locale (et probablement éternelle).3
De nombreux phénomènes et résultats expérimentaux ont conduit Targ à sa
vision de la Conscience. En 1974, lui et son collègue du SRI, le physicien Harold
Puthoff, collaborèrent avec Pat Price, un commissaire de police à la retraite de
Burbank, en Californie, dans le cadre de neuf expériences de vision à distance. Au
cours de ces tests, on demanda à Price de décrire l'endroit où se trouvait Puthoff,
qui s'était rendu sur un site éloigné. Sur un ensemble de 60 lieux possibles, Price
obtint sept correspondances directes. La probabilité que ces résultats soient dus
au hasard était de 3 sur 10 000. Les expériences de Price et d’Hammid (voir cidessous) furent publiées dans la revue Proceedings of the IEEE (Institute of
Electrical and Electronics Engineers) en mars 1976.
LA CIA NOUS APPELLE
En 1975, la CIA demanda à Targ et à son équipe de trouver une personne
inexpérimentée pour participer à des tests similaires. Targ choisit l’une de ses
bonnes amies, la photographe Hella Hammid. Sur les neuf essais en double
aveugle réalisés dans des lieux éloignés en plein air, elle obtint cinq
correspondances directes et quatre correspondances au deuxième coup. La
probabilité était d'une chance sur 500 000.
Pourquoi la CIA était-elle intéressée ? En 1972, Targ et Puthoff avaient lancé le
programme de vision à distance du SRI, en collaboration avec Pat Price et le
peintre, Ingo Swann. Ils réussirent à examiner et à décrire un site
cryptographique secret de la National Security Agency (NSA) en Virginie. Pat
Price nomma le site et lut des mots codés dans des fichiers, ce qui fut confirmé
par la NSA et par la CIA.
La CIA souhaitait savoir si la vision à distance pouvait être utilisée à des fins
d'espionnage, et leur attention fut captivée, lorsque Price décrivit et dessina à
l'échelle une usine d'armement soviétique à Semipalitinsk, en Sibérie, avec une
énorme grue à portique sur huit roues et une sphère d'acier camouflée de 20
mètres de haut qui était en construction. Deux ans plus tard, ces dessins furent
confirmés par des photographies prises par satellite.
En 1974, Price identifia et nomma le kidnappeur de Patricia Hearst, à partir de
centaines de photos figurant dans l'album de photos d'identité judiciaires du
service de police de Berkeley, en Californie, deux jours après l'enlèvement. Il
localisa ensuite la voiture du kidnappeur, et il conduisit la police à 80 km au
nord.
En 1974, Ingo Swann décrivit pour la CIA l’échec d’un test de bombe atomique
chinoise, en utilisant des coordonnées géographiques. Swann dessina la scène
avec des crayons de couleur, y compris une file de camions et une
représentation pyrotechnique du test raté. Tout cela trois jours avant le test réel.
208
En 1974, Targ et son équipe du SRI décrochèrent un contrat auprès de la NASA
pour développer un programme d'enseignement de la PES. Targ mit au point un
dispositif d'enseignement de la PES à quatre choix, qui procurait un feedback et
des encouragements à l'utilisateur. L'appareil fut un succès : les utilisateurs
apprirent à reconnaître une "sensation psychique unique", s’accompagnant d'un
apprentissage et d'une réussite significative dans la pratique de la PES. Cet
appareil, appelé ESP Trainer, est disponible sous la forme d'une application
gratuite pour l'iPhone.
L'armée américaine demanda à Targ et à Puthoff de choisir six officiers des
services de renseignement de l'armée dans un groupe de 30, qui devaient
ensuite être formés à la vision à distance dans le cadre d'un programme qu'ils
avaient mis en place à Fort Meade, dans le Maryland. Ils collaborèrent avec les
six officiers dans le cadre de 36 essais. Ceux-ci obtinrent 18 correspondances
directes, où quatre des visionneurs à distance obtinrent des résultats, avec des
probabilités de 3 sur 1 000. Les probabilités de réussite pour l'ensemble des
résultats du groupe étaient de 3 sur 10 000.
En collaboration avec le psychologue Keith Harary, Targ mit au point une
expérience qui visait à prévoir l'évolution du marché de l'argent. Ils procédèrent
à neuf essais au cours desquels ils devaient prédire l'évolution du marché de
l'argent, cinq jours à l'avance. Les prédictions furent couronnées de succès, neuf
fois sur neuf, ce qui rapporta 120 000 dollars à l'équipe. Une tentative de
reproduire ce succès l'année suivante se solda par un échec, peut-être parce
qu’ils devinrent trop gourmands et tentèrent d'accélérer le rythme des essais, en
éliminant ainsi le retour d'information en temps voulu au visionneur par rapport
à l'essai précédent, selon Targ. Plusieurs tentatives menées par d'autres
expérimentateurs furent toutefois couronnées de succès.4
En 1996, en collaboration avec Jane Katra, deux mathématiciens, et en utilisant
un protocole particulier, Targ et son équipe enregistrèrent 11 succès sur 12
essais pour prédire le cours de l'argent.
En 1978, le remote viewer, Joe McMoneagle repéra dans la jungle africaine un
bombardier soviétique Tu-22 Backfire abattu, avec des livres-codes à son bord,
209
alors que les satellites n'étaient pas en mesure de le faire. La réussite de sa
tentative fut confirmée ultérieurement par le président Jimmy Carter.5
Deux ans plus tard, McMoneagle décrivit en détail la construction unique et
secrète d'un sous-marin soviétique de classe Typhoon de 150 mètres de long
dans un bâtiment en béton situé à plusieurs centaines de mètres de la mer, six
mois avant son lancement.
Le programme de remote-viewing du SRI se poursuivit pendant 23 ans, de 1972
à 1995, avec un financement de 25 millions de dollars de la part de la CIA, de la
DIA, de la NASA, de la marine, de l'armée de l'air et des services de
renseignement de l'armée de terre. Comme indiqué par Targ, les résultats
scientifiques du programme furent publiés dans Nature, Proceedings of the IEEE
et dans des revues sponsorisées par l'American Institute of Physics. Et des
reproductions furent effectuées dans les universités de Princeton, d'Édimbourg
et d'Utrecht.6
En résumé, Targ dit : "Sur la base des données expérimentales de la recherche
psi dans mon laboratoire au SRI, je sais qu'un observateur peut focaliser son
attention sur un endroit spécifique n'importe où sur la planète (ou au-delà) et
souvent décrire ce qui s'y trouve. Les expériences du SRI ont montré que le
remote viewer n'est pas lié au temps présent. En physique contemporaine, on
appelle cette capacité à focaliser son attention sur des points éloignés dans
l'espace-temps "la conscience non locale". Les données recueillies au cours des
vingt-cinq dernières années ont montré qu'un remote viewer peut répondre à
n'importe quelle question sur des phénomènes survenus n'importe où dans le
passé, le présent ou le futur, et qu'il a raison plus de deux tiers du temps. Pour un
remote viewer expérimenté, le taux de réponses correctes peut être beaucoup
plus élevé."7
Comment tout cela fonctionne-t-il ? Comment les personnes et les choses sontelles connectées à distance à travers l'espace et le temps ? Targ utilise des
modèles et des métaphores que nous avons déjà examinés. Il suggère que l'une
des explications possibles est l'intrication quantique.8 A l'origine, on pensait que
l'intrication n'existait que dans le domaine subatomique, mais on sait
210
maintenant qu'elle existe également dans les systèmes vivants.9 Une autre
possibilité, c’est le concept d'ordre implicite du physicien David Bohm. Les
caractéristiques essentielles de l'ordre implicite sont que l'univers entier est
d'une certaine manière imbriqué dans chaque chose et que chaque chose est
imbriquée dans la totalité.10 Une métaphore analogue que Targ trouve utile,
c’est celle de l'hologramme. "Tel un hologramme'', écrivit Targ, ''chaque région
de l'espace-temps contient des informations sur tous les autres points de
l'espace-temps''. Ces informations sont facilement accessibles à notre
conscience. Dans l'univers holographique, il y a une unité de conscience - un
"plus grand Esprit collectif" - sans limites d'espace ou de temps."11
211
CHAPITRE 18 : DES AVIONS ABATTUS ET DES NAVIRES
COULÉS
Le remote viewing est la capacité prétendue d'une personne à acquérir des
informations concernant une cible cachée à la perception physique, et
généralement à une certaine distance. Les physiciens Russell Targ et Harold
Puthoff commencèrent à utiliser cette expression en 1974, sur base
d'expériences qu'ils menèrent au SRI International, anciennement connu sous le
nom de Stanford Research Institute.1
MIEUX VOIR QUE LES SATELLITES ESPIONS
Un exemple qui implique la sécurité nationale s'est produit au cours de
l'administration du président Carter, lorsqu’un bombardier russe Tu-22 s'est
écrasé dans une épaisse jungle africaine au Zaïre. Les satellites espions n'ayant
pas réussi à localiser l'avion, l'armée de l'air et la CIA ont pu le retrouver en
ajoutant le remote viewing à leurs méthodes habituelles. Racontant l'incident
quelques années plus tard, Carter a déclaré : "Elle [l’observateur à distance] est
entrée en transe, et pendant qu'elle était en transe, elle a donné des chiffres de
latitude et de longitude. Nous avons focalisé nos caméras satellites sur ce point
et l'avion était là". La description de Carter, qu’il s’est rappelé quelques années
plus tard, est un résumé simplifié. Deux observateurs à distance étaient en fait
impliqués, et plusieurs séances ont été nécessaires pour faire correspondre leurs
dessins avec les images photographiques et cartographiques à haute résolution.
Cependant, le résultat final est qu'ils ont effectivement localisé l'avion russe
abattu grâce au remote viewing, alors que les méthodes conventionnelles
avaient échoué, et que celui-ci a été récupéré pour l’analyse du renseignement.
Lorsqu'une photo réelle du site du crash a été prise, elle montrait la queue de
l'avion qui dépassait d'une rivière brune et turbulente. L'un des croquis d’un
observateur à distance correspondait à cette photo avec des détails étonnants.2
L'Esprit universel rend la taille d'un groupe non pertinente. Si un individu
possède une information, elle est en principe disponible pour tout le monde, en
vertu de la connectivité et de l'intégration de tous les esprits en un seul. Cela ne
signifie pas que l'information en question se manifestera nécessairement dans
l'esprit des 7 milliards de Terriens. Cela dépend de nombreux facteurs, comme
l'ouverture d'esprit et la pertinence de l'information par rapport aux besoins, aux
souhaits et aux intentions d'un individu. Approfondissons un peu les choses.
L’OPÉRATION DEEP QUEST
L'un des individus les plus créatifs que je connaisse est Stephan A. Schwartz, avec
qui j'ai le plaisir de travailler à Explore : The Journal of Science & Healing, où il est
chroniqueur. Stephan est aussi chercheur principal au Center for Brain, Mind,
and Healing de l'Institut Samueli, et chercheur associé au laboratoire des
sciences cognitives des Laboratories for Fundamental Research. Il est
responsable d’une publication sur le Web quotidienne sur schwartzreport.net.
Stephan est un véritable Indiana Jones. Ses recherches et ses aventures l'ont
conduit dans les coins les plus reculés de la planète. La passion de Stephan
Schwartz est d'explorer comment la conscience opère dans le monde. Il est sans
doute le plus connu pour son rôle dans le développement du remote viewing,
qu'il utilise depuis près de 20 ans pour localiser et reconstruire des sites
archéologiques dans le monde entier, dont beaucoup ont échappé aux
découvertes pendant des siècles. Cela inclut des expéditions au Grand Banc des
Bahamas pour trouver l'emplacement du brick Leander ; en Jamaïque, avec
l'Institut d'archéologie nautique, pour sonder la baie de Sainte-Anne et localiser
l'emplacement de la caravelle engloutie de Christophe Colomb, lors de son
quatrième et dernier voyage ; et à Alexandrie, en Égypte, ce qui a permis la
première cartographie moderne du port oriental d'Alexandrie et la découverte
de nombreuses épaves. L'aventure égyptienne a également permis de découvrir
le palais de Marc-Antoine à Alexandrie, le complexe du palais ptolémaïque de
Cléopâtre et les vestiges du phare de Pharos, l'une des sept merveilles du monde
antique.4
4
https://www.youtube.com/watch?v=klCzHhYYQjQ
213
Schwartz était fasciné par les prémices du remote viewing. Comment des
individus ordinaires pouvaient-ils connaître des choses à distance dans l'espace
et le temps ? Comment pouvaient-ils avoir des prémonitions d'événements
futurs ou décrire des sites éloignés qu'ils n'avaient jamais vus ou dont ils
n'avaient jamais entendu parler ?
La plupart des personnes qui découvrent ce domaine pour la première fois
imaginent qu'un genre de signal doit passer entre le capteur et le site éloigné,
comme les signaux électromagnétiques impliqués dans les transmissions de
radio et télévision. Mais lorsque Schwartz a passé en revue les expériences
scientifiques réalisées, il n'a découvert aucune preuve du passage d'un
quelconque signal électromagnétique. D'une part, la distance n'était pas un
facteur dans ces événements. Si un signal électromagnétique était impliqué, on
s'attendrait à ce qu'il s'affaiblisse avec la distance, ce qui signifie que la puissance
et la précision du remote viewing devraient diminuer avec la distance croissante
entre l’observateur à distance et le site ou l'événement auquel il tente d'accéder.
Les données ont montré que ce n'était pas le cas : la distance n'avait aucune
importance. De plus, le remote viewing ne pouvait pas être bloqué, même si
l’observateur était placé dans des puits de mine, des cavernes ou des cages de
Faraday, qui sont des boîtes métalliques qui bloquent la plupart des types de
signaux électromagnétiques. Tout bien considéré, il semblait que rien de
physique n'ait été transmis ou reçu lors du remote viewing.
Il y avait une exception possible : les ondes électromagnétiques de très basse
fréquence (ELF). Il s'agit d'ondes très longues, de l'ordre de plusieurs kilomètres,
par opposition aux ondes courtes et à haute fréquence que l'on voit dans les
transmissions radio ou télévisées. Les ondes ELF ont un fort pouvoir de
pénétration et peuvent traverser des barrières physiques. Les eaux profondes
constituent l'un des rares boucliers infaillibles contre leur passage.
La transmission d'ondes ELF pourrait-elle expliquer le remote viewing ? Une des
façons de répondre à cette question était de réaliser une expérience de remote
viewing en plaçant l’observateur à une grande profondeur sous la surface de
l'océan. Si l'expérience réussissait, ce serait une preuve solide que les ondes ELF
214
ne sont pas impliquées dans le processus, puisqu'elles seraient bloquées par
l'eau de mer au-delà d'une certaine profondeur.
Schwartz avait déjà servi aux plus hauts échelons de la marine américaine et il
connaissait les rouages de la hiérarchie navale. Au cours de l'été 1977, il a pu
avoir accès pendant trois jours à un petit submersible de recherche, le Taurus,
qui devait subir des essais en mer près de l'île de Santa Catalina, au large du sud
de la Californie.
À cette époque, les chercheurs de la Marine avaient découvert la profondeur à
laquelle les ondes ELF pénètrent dans l'eau de mer. Ainsi, si les observateurs à
distance dans le sous-marin pouvaient décrire avec succès des personnes, des
lieux ou des événements à la surface, pendant qu'ils se trouvaient en dessous du
niveau de pénétration des ondes électromagnétiques ELF et de plus haute
fréquence, alors le mécanisme du remote viewing ne pouvait pas impliquer la
transmission de signaux électromagnétiques. "Et je me suis dit," dit Schwartz,
"que tant qu’à faire, je vais aussi voir s'il est possible pour les observateurs à
distance de localiser une épave inconnue jusqu'alors au fond de la mer.’’3
L'expérience est connue sous le nom de Deep Quest. Les physiciens Russell Targ
et Hal Puthoff de l'Institut de recherche de Stanford y ont participé, ainsi que le
physicien nucléaire Edwin May.
Schwartz a remis des cartes nautiques de la région à deux visionneurs à distance
- l'artiste new-yorkais, Ingo Swann et la photographe californienne, Hella
Hammid. À l'époque, Swann et Hammid étaient considérés par beaucoup
comme les deux ‘’voyants’’ les plus performants des États-Unis. Schwartz leur a
demandé d'indiquer sur les cartes l'emplacement de l'épave inconnue et de
décrire ce que l'on pouvait y trouver. Les deux observateurs à distance ont
renvoyé leurs cartes marquées des emplacements de plusieurs épaves coulées,
dont la plupart ont été confirmés par le Bureau des sites marins de l'U.S. Coast
and Geodetic Survey. Il y avait cependant un site, marqué à la fois par Swann et
Hammid, pour lequel le Bureau n'avait aucune référence. Non seulement les
deux observateurs à distance ont indiqué indépendamment ce même site sur
leurs cartes marines, mais ils l'ont également décrit de la même manière : un
voilier avec un petit moteur à vapeur sur le pont. Ils ont signalé que le moteur à
215
vapeur du bateau avait pris feu, environ 90 ans auparavant, en provoquant par là
le naufrage du bateau. Les chercheurs découvriraient la barre arrière du bateau
gisant, la roue vers le bas et la tige qui en sortait, avec un treuil à proximité. Ils
ont dessiné ces objets. En outre, Hammid a signalé qu'ils trouveraient un bloc de
granit sur le site, et qu’il mesurait environ 1,5 m X 1,6 m X 1,2 m.
Sachant que les sceptiques tenteraient de déboulonner l'expérience, Schwartz
avait invité la scientifique, Anne Kahle, spécialiste renommée de l'espace et chef
du groupe de recherche sur les applications terrestres des satellites, du Jet
Propulsion Laboratory, à venir assister à tout, du début à la fin, et à conserver et
contrôler tous les enregistrements de l'expérience. "Je voulais être certain", a
déclaré Schwartz, "que nous avions une chronologie claire et irréprochable du
moment où ils [les visionneurs à distance] ont fait les prévisions, de ce qu'étaient
ces prévisions et de ce qui a été découvert sur le site." L'objectif était de combler
toutes les lacunes et d'exclure les explications alternatives, de sorte que si
l'expérience réussissait, l'explication la plus probable serait l'exercice d'une sorte
de savoir à distance de la part de Swann et Hammid.
Le premier jour de l'expérience, Schwartz a fait embarquer Swann et Hammid, les
deux observateurs à distance, dans le submersible, et il leur a demandé de
décrire l'endroit où se cachaient les physiciens Puthoff et Targ dans la région de
Palo Alto, loin sur le littoral de la Californie. L'un des observateurs à distance a
signalé qu'ils se cachaient dans un grand arbre et qu'ils étaient en train d'y
grimper, et c'est précisément ce que faisaient les physiciens à ce moment-là.
Ensuite, le submersible est descendu à un niveau inférieur au seuil ELF pour
pénétrer l'eau de mer. À ce moment-là, Puthoff et Targ avaient changé
d'emplacement. L'un des observateurs à distance a identifié ainsi le nouvel
emplacement : "Ils se cachent dans un centre commercial. Il y a de grandes baies
vitrées et des gens tout autour. Le sol est recouvert de carreaux rouges. Il y a
aussi une grande roue qui tourne". La perception était de nouveau juste. Tous
ces éléments se trouvaient dans l'environnement immédiat de Puthoff et de
Targ. Ces résultats semblaient exclure la possibilité qu'un quelconque signal
électromagnétique soit échangé entre les cibles en surface et les observateurs à
distance dans le sous-marin.
216
Le lendemain, un navire en surface a largué un dispositif de radioguidage à
l'endroit où, d’après les visionneurs à distance, se trouvait le bateau coulé, afin
de guider le sous-marin vers le site précis. Il s'agissait d'une zone où l'équipage
du submersible avait déjà plongé pendant des semaines, bien avant que
Schwartz et son équipe n'arrivent dans la région. L'équipage n'était guère
enthousiaste, disant qu'il avait déjà parcouru toute la zone et n'avait rien trouvé
qui ressemble de près ou de loin à ce que Swann et Hammid décrivaient. Puis le
système radio du sous-marin s'est mis à biper, et tout était là, exactement
comme les visionneurs à distance l'avaient décrit - le gros bloc de pierre, le treuil,
la barre à l’arrière avec la roue en bas et la tige qui pointait vers le haut. "Je pense
que tout le monde," a dit Schwartz, "y compris moi, et certainement l'équipage
du sous-marin, et les gars de l'Institut d'études marines et côtières [de
l'Université de Californie du Sud], tout le monde était un peu sidéré par cela."
Schwartz, qui a tout filmé passionnément, a réalisé un film sur cet événement,
intitulé Psychic Sea Hunt.5 4
Pourrait-on invoquer une fraude ? Il est peu probable que Schwartz ait pu savoir
où se trouvait l'épave, puisqu'elle ne figurait même pas sur les cartes marines du
gouvernement. Schwartz et son équipe auraient-ils pu trafiquer le site en
déposant à l'avance les pièces et les restes du bateau coulé, avant de dire
ensuite "regardez ici" ? Il n'y a aucune évidence d’une telle possibilité et
beaucoup d’évidence contre. Il aurait s’agi d'une entreprise énorme qui aurait
attiré beaucoup d'attention. De plus, lorsque le submersible Taurus est arrivé sur
le site, l'épave n'était pas discernable comme telle, n'étant qu'une ombre vague
sur le fond de l'océan. Les algues poussent progressivement sur et autour des
objets coulés au fond de l'océan. Le fait que le tapis d'algues recouvrant les
parties du bateau englouti était intact constituait la preuve irréfutable qu'elles
reposaient tranquillement depuis des années et qu'elles n'avaient pas été
déposées là récemment, ni manipulées.
Dans sa description de l’opération Deep Quest dans son livre, Ouverture sur
l’infini,5 Schwartz a raconté comment il avait été attaqué au cours d'un dîner par
un sceptique, à la suite de cette découverte : "Comment savez-vous qu'ils n'ont
5
https://www.youtube.com/watch?v=BEC-GBTTLBg
217
pas trouvé ces choses quelque part et qu'ils ne les ont pas juste balancées pardessus bord, avant de s’en retourner marquer votre carte ?", a-t-il dit. "A cause
des algues", a répondu Schwartz, "ce qui l’a réduit à un silence bredouillant."
D’autres experts de Deep Quest ont défendu la découverte contre les
accusations des sceptiques. Don Walsh, alors doyen de l'Institut d'études
marines et côtières de l'Université de Californie, et qui avait effectué la plongée
la plus profonde dans un submersible, a déclaré dans un documentaire télévisé :
"Nous connaissons les submersibles. Nous connaissons l'ingénierie des
profondeurs océaniques. Ils [Schwartz et l'équipe de remote viewing] auraient
dû nous battre sur tous les plans. Je dis simplement que cela n'est pas arrivé par
hasard."6
L'équipe de Schwartz n'aurait pas pu non plus obtenir l'emplacement à l'avance,
pour la simple raison qu'il n'était pas connu. Thomas Cooke, expert en sites
marins pour le Bureau of Land Management, l'agence gouvernementale qui
garde la trace des épaves marines, a déclaré : "Sur la base d'une étude intensive
des sites dans les eaux de la Californie du Sud, je dois conclure que la zone
sélectionnée par les extralucides de Schwartz était inconnue auparavant et
qu’elle n'aurait pas pu être trouvée en fouillant dans de vieux papiers, dans des
livres à la bibliothèque ou ce genre de choses…. Il y a 1653 épaves connues le
long de la côte de la Californie du Sud et celle qu'ils ont trouvée n'en fait pas
partie."7
La découverte aurait-elle été un coup de chance, "une de ces choses" qui
arrivent parfois contre toute attente ? "La zone cible correspondait à un
rectangle de 80 x 108 mètres", a déclaré Schwartz. "Elle était située dans une
zone de recherche de 3900 km². Cela signifie que si la zone de recherche était
recouverte d'une grille composée de rectangles de la même taille que la zone
cible, il y aurait 451 389 rectangles de taille égale dans la grille…. Quelle est la
probabilité de localiser la seule case correcte de la grille parmi les 451 389 cases
similaires ? Il s'avère qu'il est très improbable de faire cela par hasard."8
Schwartz et son équipe avaient apparemment éliminé toutes les failles, comme
ils s'y étaient préparés. Aujourd'hui encore, cependant, les détracteurs insistent
218
pour que la supercherie soit la meilleure explication de cette expérience
étonnante. Schwartz ne perd plus de temps avec eux. Il estime que s'ils ne sont
pas convaincus par Deep Quest que la connaissance à distance est réelle, il est
peu probable qu'ils soient convaincus par aucune preuve.
Quiconque souhaite explorer Deep Quest plus en profondeur peut le faire grâce
à la mine d'informations disponibles sur le site web de Schwartz :
http://www.stephanaschwartz.com.
Deep Quest est l'un des 12 projets archéologiques qui ont fait appel avec succès
à des visionneurs à distance pour localiser des sites perdus ou cachés. Dans son
livre, Les Cavernes Secrètes du Temps9, Schwartz explique comment les
archéologues utilisent depuis 100 ans des méthodes psychiques pour faciliter
leurs découvertes. Dans son livre, Le Projet Alexandrie, il discute en détail de l'un
de ses projets, l'exploration du port d'Alexandrie en Égypte.
"Ce que nous avons appris", écrit Schwartz, "c'est qu'il est aussi facile de voir
quelque chose de loin... que quelque chose... de près. La distance ne fait aucune
différence. Il est aussi facile de voir quelque chose qui se passe demain que de
voir quelque chose qui se passe aujourd'hui."
Deep Quest impliquait deux esprits - celui d’Hammid et celui de Swann - qui,
travaillant ostensiblement de manière indépendante, ont trouvé l'emplacement
de l'aiguille dans la botte de foin exactement au même endroit. Travaillaient-ils
en fait séparément, ou constituaient-ils un duo dans l'Esprit universel ? C'est
difficile à dire. Quoi qu'il en soit, leur succès illustre la caractéristique de la
connaissance non locale : la distance et le temps ne sont pas pertinents.
219
CHAPITRE 19 : LA HARPE DISPARUE ET L’ANGE DE LA
BIBLIOTHÈQUE
Elizabeth Lloyd Mayer était l'une des psychanalystes les plus courageuses pour
faire face aux expériences étranges que j'aie jamais connues1. De nombreux
thérapeutes considèrent ce type de cas comme une pathologie ; elle les
considérait comme faisant partie de l'expérience humaine et tentait de les
comprendre. Clinicienne et chercheuse de renommée internationale qui
enseignait à l'université de Californie à Berkeley, "Lisby", comme l'appelaient ses
amis, était l’auteure d'un grand nombre d'articles et d'ouvrages professionnels,
dont celui posthume, Extraordinary Knowing : Science, Skepticism, and the
Inexplicable Powers of the Human Mind.
Peu avant sa mort prématurée en 2005, elle me reçut chez elle à Oakland, en
Californie, pour parler de certains des "pouvoirs inexplicables" qu'elle explorait.
Nos chemins s'étaient déjà croisés à l'université de Princeton, lors de
conférences organisées dans le cadre du projet PEAR (Princeton Engineering
Anomalies Research). Nos intérêts pour la guérison à distance se recoupaient et
elle souhaitait discuter des recherches effectuées dans ce domaine. Il ne
s'agissait pas d'une démarche anodine ; elle était membre de la faculté de
recherche de l'Institute for Health and Healing du California Pacific Medical
Center à San Francisco. Le livre qu'elle était en train d'écrire avait fait parler de lui
bien avant qu'il ne sorte de presse - un rêve d'auteure. Les regards étaient
tournés vers elle ; sa vision de la conscience, exprimée dans sa "théorie des
coïncidences", fut qualifiée par le New York Times Magazine comme étant l’une
des nouvelles idées "les plus excitantes" de l'année 2003.
Lisby était également une musicienne talentueuse qui s'intéressait depuis
toujours à la musique folk traditionnelle et à la musique classique. La première
fois que je la rencontrai, elle m'expliqua que la musique avait indirectement
éveillé son intérêt pour la "connaissance hors normes". Une harpe ancienne, rare
propriété familiale, avait été volée après un concert de Noël dans un théâtre, où
jouait sa fille d’onze ans, Meg. Lisby chercha à la récupérer en s'adressant à la
police, à des marchands d'instruments dans tout le pays, aux bulletins
d'information de l'American Harp Society et même en passant dans un
reportage de la chaîne de télévision CBS. Rien n'y fit.
Une amie proche finit par lui dire : "Si tu veux réellement récupérer cette harpe,
tu dois être prête à tout essayer ! Essaie d'appeler un radiesthésiste". La seule
chose que Mayer savait sur les radiesthésistes, c'était qu'ils essayent de localiser
de l'eau souterraine à l'aide de baguettes fourchues. Mais les très bons
radiesthésistes peuvent non seulement trouver de l'eau, mais aussi des objets
perdus, lui dit son amie.
Mayer prit au sérieux la suggestion de son amie et elle contacta Harold McCoy2,
le président de la Société américaine des radiesthésistes, à Fayetteville, dans
l'Arkansas, à plus de 2 500 km de chez elle. Pourrait-il l'aider à retrouver la harpe
perdue ? Peut-être était-ce l'appel le plus important qu'elle ait jamais passé.
"Donnez-moi une seconde…", dit McCoy. "Je vais vous dire si elle est toujours à
Oakland." Après une pause, il poursuivit : "Eh bien, elle s'y trouve toujours.
Envoyez-moi un plan d'Oakland et je localiserai la harpe pour vous." Sceptique,
mais n'ayant rien à perdre, elle envoya un plan de la ville à McCoy, qui la rappela,
deux jours plus tard. "J'ai localisé la harpe", dit-il. "Elle se trouve dans la
deuxième maison à droite de la rue D, juste à côté de l'avenue L."
Mayer ne connaissait pas ces deux rues, mais s'y rendit en voiture, nota l'adresse,
puis téléphona à la police et lui donna le tuyau. La police refusa néanmoins
d'intervenir, en déclarant que les informations fournies par un radiesthésiste ne
justifiaient pas l'émission d'un mandat de perquisition. Ils classaient l'affaire. Ils
étaient convaincus qu’un tel instrument de musique précieux et de grande
valeur avait déjà été vendu et qu'il avait disparu à tout jamais. Le message
implicite adressé à Mayer était d'oublier tout ça et de passer à autre chose.
La police sous-estima Lisby. Celle-ci ne renonça pas. Elle afficha des tracts
signalant la perte de la harpe dans une zone de deux blocs autour de la maison,
puis elle attendit. Trois jours plus tard, un homme appela pour dire qu'il avait vu
un tract et que son voisin avait récemment acquis une harpe, comme celle qui
avait disparu et qu’il la lui avait montrée. Il lui proposa de récupérer la harpe et
221
de la lui rendre. Deux semaines plus tard, au terme d’une succession d'appels
téléphoniques, la harpe fut restituée à Mayer, à 22 heures, sur le parking arrière
d'un magasin Safeway ouvert toute la nuit.
En rentrant chez elle une demi-heure plus tard, avec la harpe à l'arrière de son
break, Mayer, en spécialiste du fonctionnement de la psyché, se dit : "Voilà qui
change tout !"3
Harold McCoy, le radiesthésiste qui localisa la précieuse harpe de Mayer, mourut
en juillet 2010. C'était un homme humble, mais perspicace, qui rayonnait de
confiance et d'intelligence, ce qui n'est pas surprenant, dans la mesure où c'était
un officier de renseignement militaire à la retraite, qui avait servi son pays
pendant 24 ans. McCoy fonda l'Ozark Research Institute en 1992, peu de temps
après avoir retrouvé la harpe de Mayer. L'ORI a pour vocation de mener des
recherches sur le "pouvoir de la pensée", ce qui implique, entre autres choses, la
guérison à distance, qui m'intéresse depuis longtemps.4
Ces intérêts mutuels furent à l'origine d'une invitation à prendre la parole à l'ORI
en 2002 et à rencontrer McCoy, qui, en plus d'être un radiesthésiste, était aussi
un guérisseur. Sa modestie et son approche pragmatique m'impressionnèrent.
McCoy considérait que ses capacités n'avaient rien de spécial. Il pensait qu'elles
étaient très répandues et qu'elles pouvaient se cultiver par un entraînement
adéquat.
On interprète généralement l'épisode de la harpe disparue comme un exemple
de clairvoyance, d'extra-lucidité, d'acquisition d'informations sur le monde
inexplicables par les moyens sensoriels. Je suggère une interprétation fondée sur
I'Esprit universel. L'information sur sa localisation relevait de l'Esprit universel,
dont font partie tous les esprits individuels. Harold McCoy savait comment
puiser dans ce réservoir d'informations, en éludant les limites habituelles de nos
vies.
222
L’ANGE DE LA BIBLIOTHÈQUE
Le rôle que joue la nécessité en influant sur les informations qui nous
parviennent de l'Esprit universel est suggéré par l'ange de la bibliothèque, un
terme inventé de manière ludique par le romancier Arthur Koestler. Après avoir
lu une vingtaine de témoignages dans lesquels un livre, une revue, un article ou
une citation se présente soudainement au moment où l'on en a besoin, Koestler
a déclaré que "l'on est tenté de penser à des anges bibliothécaires chargés de
fournir des référencements".5
Un exemple a été rapporté à Koestler en 1972 par Rebecca West, qui faisait des
recherches sur un épisode spécifique qui s'est déroulé pendant les procès pour
crimes de guerre de Nuremberg :
J'ai recherché les rapports à la bibliothèque et j'ai été horrifiée de
constater qu'ils sont publiés sous une forme presque inutile pour le
chercheur. Ce sont des résumés, et ils sont catalogués sous des rubriques
arbitraires. Après des heures de recherche, je suis allée voir un assistant du
bibliothécaire, et je lui ai dit : "Je ne le trouve pas ! Il n'y a aucun indice.
Cela peut être dans n'importe lequel de ces volumes !" J'ai mis la main sur
un volume, je l'ai sorti et je l'ai regardé négligemment, et non seulement
c'était le bon volume, mais je l'avais ouvert à la bonne page !6
Un autre chercheur rapporte son expérience à la British Library, alors qu'il faisait
des recherches sur les clowns et les illusionnistes. Il est tombé sur un livre relatif
à la synchronicité, l'a ouvert au hasard et il a lu le fait relaté ci-dessus impliquant
Rebecca West. Décrivant ce qui est arrivé ensuite, il a déclaré :
J'ai déposé le livre et j'ai regardé la personne assise en face de moi de
l’autre côté du plan de lecture. C'était l’un de ces personnages qui
semblent demeurer en permanence dans les bibliothèques, un grand
homme poussiéreux, sédentaire et portant des lunettes, qui lisait ‘’A Train
of Powder’’, de Rebecca West. Le même livre qui rassemble ses écrits sur le
procès de Nuremberg. Parmi les innombrables volumes que compte la
British Library, et parmi les centaines de sièges de cette salle de lecture,
223
comment se fait-il que je me sois assis juste en face de cette personne, qui
tenait ce livre particulier entre les mains ?7
L'auteur britannique Colin Wilson raconte que lorsqu'il écrivait son livre,
‘’L’Occulte’’, il cherchait une information, lorsqu'un livre est tombé de l'étagère et
s'est ouvert à la bonne page.8
Dans son livre, ‘’Des cornflakes dans le porridge, un Américain chez les Anglais’’9,
l’auteur Bill Bryson raconte sa rencontre avec l’ange de la bibliothèque. Après
avoir proposé à un magazine de voyage un article sur les coïncidences
extraordinaires, il s'est aperçu que, s'il disposait bien d’un tas d’informations
issues d’études scientifiques sur les probabilités et les coïncidences, il n'avait pas
assez d'exemples de coïncidences remarquables, proprement dites. Après avoir
écrit une lettre au magazine pour lui dire qu'il ne serait pas en mesure de tenir
son engagement, Bryson a laissé la lettre sur le dessus de sa machine à écrire
pour la poster le lendemain, puis s'est rendu en voiture à son travail au Times de
Londres. Sur la porte d'un ascenseur, il a vu un avis du rédacteur littéraire
concernant la vente annuelle d'exemplaires de livres ayant fait l’objet d’une
critique envoyés au Times. Bryson décrit ce qui s'est passé lorsqu'il s'est rendu à
la vente : "L'endroit était plein de gens qui se bousculaient. Je me suis lancé dans
la mêlée, et ce qui devait être le tout premier livre sur lequel mes yeux se sont
posés était un livre de poche sur les coïncidences ! C'est une remarquable
coïncidence, n'est-ce pas ? Mais voici la chose la plus étrange. Je l'ai ouvert et j'ai
découvert que la toute première coïncidence dont il était question concernait un
homme appelé Bryson."
Geoff Olson, un écrivain et graphiste qui est basé à Vancouver, a écrit : "L'ange
de la bibliothèque et le phénomène qui correspond suggèrent quelque chose
qui rappelle un aspect de recherche Google au niveau de l'existence."10 Mais à la
différence d’une recherche Google, celle-ci semble fonctionner en sens inverse.
L'Esprit unique semble nous chercher, en téléversant des informations en
fonction de nos besoins et en faisant parfois irruption dans la conscience sous la
forme de l'ange bibliothécaire.
J'ai un écran de veille avec le ‘’mot du jour’’, où des groupes successifs de mots
se déplacent sur l'écran de l'ordinateur et puis s'arrêtent, un mot étant alors
224
sélectionné et sa définition affichée. Tout en cherchant des informations sur
l'idée de l'ange bibliothécaire de Koestler dans son livre, Janus, j'ai jeté un coup
d'œil à l'écran de mon ordinateur et constaté que le mot "Janus" avait été
sélectionné !
Une coïncidence ? Peut-être. Mais l'auteure de science-fiction, Emma Bull, est
peut-être plus proche de la vérité : "La coïncidence est le mot que nous utilisons,
si nous ne savons pas voir les leviers et les poulies."11 Ou l'Esprit unique.
Je trouve que "l'ange de la bibliothèque" de Koestler est une métaphore
réconfortante. Cette idée que les anges sont attirés par les livres et les
bibliothèques semble juste. Si nous y prêtons attention, peut-être trouveronsnous aussi des preuves de l'existence d'un "ange informatique" ou d'un "ange
numérique", car les informations autrefois stockées uniquement sur des pages
imprimées dans les bibliothèques sont de plus en plus disponibles en ligne.
Je considère ces ‘’anges’’ comme des émissaires de l’Esprit unique, des
ambassadeurs qui viennent nous rendre visite, quand nous nous y attendons le
moins, et comme des rappels de notre connexion au sein d’un réseau unifié et
universel d’Intelligence.
225
CHAPITRE 20 : LA GUÉRISON ET L’ESPRIT UNIVERSEL
Le Dr Jeanne Achterberg était une psychophysiologiste et une pionnière du
mouvement des soins de santé intégratifs. Figurant parmi les premiers
chercheurs dans le domaine de l'utilisation de l'imagerie et de la visualisation
dans la guérison, elle faisait autorité dans le domaine des dimensions
psychologiques et spirituelles du cancer. Son intérêt pour la guérison la
conduisit à faire de la recherche à Hawaï, au North Hawaii Community Hospital
de Waimea, sur la Grande Île. Elle fut invitée à diriger une recherche financée par
Earl Bakken, l’inventeur du stimulateur cardiaque implantable et le fondateur de
Medtronic, le plus grand fabricant mondial d'appareils médicaux. Le Dr Bakken
s'intéressait depuis longtemps à la guérison, et plus particulièrement aux
techniques des guérisseurs hawaïens. Comme les guérisseurs traditionnels de
toutes les cultures, leurs méthodes impliquent souvent des intentions de
guérison à distance. De telles revendications sont-elles valables et peut-on les
prouver ? Achterberg était bien décidée à trouver des réponses.
Elle ne lança pas tout de suite son projet de recherche, mais elle entreprit plutôt
de rencontrer des guérisseurs autochtones et de leur expliquer ses intérêts. Les
guérisseurs lui accordèrent leur confiance et lui transmirent leurs méthodes.
Deux ans plus tard, Achterberg était prête à commencer.
Elle et ses collègues recrutèrent 11 guérisseurs. Ces guérisseurs ne
s'intéressaient pas à la guérison à la légère ou à la petite semaine. Chacun
d'entre eux pérennisait sa tradition depuis 23 ans en moyenne. Il fut demandé à
chaque guérisseur de choisir une personne avec laquelle il avait travaillé avec
succès dans le passé, pour laquelle il ressentait un lien d'empathie, de
compassion et d'attachement, afin qu'elle soit la bénéficiaire de ses efforts de
guérison. Les guérisseurs décrivirent leurs efforts de guérison de diverses
manières : prière, envoi d'énergie, bonnes intentions, ou simplement pensées et
vœux pour le plus grand bien des patients. Achterberg qualifia de tels efforts
comme de l'intentionnalité à distance.
Dans le cadre de la recherche, chaque sujet fut isolé du guérisseur pendant
qu'on effectuait un scanner cérébral IRMf. Les guérisseurs envoyaient des
messages d'intentionnalité distante aux sujets à des intervalles aléatoires de
deux minutes, de sorte que les sujets n'auraient pas su anticiper l'instant de la
communication de l'intentionnalité distante. Des différences significatives entre
les conditions expérimentales (communication) et les conditions de contrôle
(pas de communication) furent constatées chez 10 des 11 sujets. Pendant les
périodes de communication, des zones spécifiques du cerveau des sujets
s'éclairèrent sur l'IRMf, signalant une augmentation de l'activité métabolique. Ce
phénomène ne se produisait pas au cours des périodes de non-communication.
Les zones du cerveau activées pendant les périodes de communication
incluaient les aires cingulaires antérieure et moyenne, le précuneus et les zones
frontales. Il y avait moins d'une chance sur 10 000 que ces résultats puissent
s'expliquer par le hasard (dans le langage scientifique, p = 0,000127).1
Cette étude suggère que des intentions de guérison motivées par la compassion
peuvent exercer des effets physiques mesurables sur le bénéficiaire à distance et
qu'un lien empathique entre le guérisseur et le bénéficiaire est un élément
essentiel du processus.
L'étude d'Achterberg aurait dû faire la une de tous les grands journaux du
monde occidental, lorsqu'elle a été publiée en 2005, mais elle a été ignorée. La
principale raison en est qu'elle allait à l'encontre de la neuromythologie de
l'époque, qui insiste sur le fait que les esprits sont complètement séparés,
individuels et confinés dans le cerveau. Pourtant, l'étude d'Achterberg n'était
que l'une des nombreuses études qui aboutirent à des résultats similaires au
cours des quarante dernières années.
LA GUÉRISON ET L’ESPRIT UNIVERSEL
Accéder à l'Esprit universel peut également transformer quelqu'un en guérisseur.
Depuis 1983, un homme remarquable, John Graham, dirige le projet Giraffe
Heroes, une association à but non lucratif qui rend hommage aux personnes qui
se dévouent corps et âme pour le bien commun. Son association a aidé des
227
milliers de personnes à travers le monde à réaliser leur potentiel, en menant une
vie consacrée à des actions caritatives.
Aventurier dans l'âme, John embarqua sur un cargo à l'âge de 16 ans, et à 20 ans,
il entreprit la première ascension directe de la paroi nord du mont McKinley, une
ascension si précaire qu'elle n'a jamais été répétée. À 22 ans, il parcourut le
monde en auto-stop en tant que pigiste pour le Boston Globe. Il sera arrêté en
tant qu'espion et il aurait pu être exécuté. Il décrocha un diplôme en géologie à
Harvard et un diplôme d'ingénieur à Stanford. Il passa 15 ans au service des
affaires étrangères américaines et fut mêlé à la révolution libyenne qui porta au
pouvoir un jeune lieutenant de l'armée nommé Mouammar Kadhafi. En tant
qu'expert du renseignement, il passa près de deux ans au Viêt Nam pendant la
phase finale de la guerre. Il participa plus tard à la planification stratégique
nucléaire aux échelons les plus élevés. Il fit partie de la mission américaine aux
Nations unies chargée de promouvoir les droits de l'homme à la fin des années
1970. En cours de route, il l'échappa belle à maintes reprises en frôlant la
noyade, en traversant une avalanche, en se faisant tirer dessus par des tireurs
d'élite et en flirtant avec la mort dans un navire de passagers en flammes et en
perdition dans le Pacifique Nord.
Qu’il semblait indestructible le poussa à se demander s'il n'était pas épargné
pour apporter une contribution significative à la vie, mais en dépit de ses
aventures incroyables, sa vie lui semblait de plus en plus vide et dénuée de sens.
Sur un coup de tête, dans la trentaine, il rejoignit un groupe de méditation, ce
qui s'avéra être l'aventure la plus importante d'une vie fertile en péripéties. Au
cours d’une méditation, il commença à vivre des expériences extracorporelles : il
sentit qu'il flottait, en apesanteur, avec sa conscience dans un coin du plafond,
contemplant son propre corps assis sur une chaise. Il découvrit qu'il pouvait
contrôler ses déplacements avec son esprit, de haut en bas et de gauche à
droite. Il traversa le mur du bâtiment, puis revint à l'intérieur. Dans son livre
intitulé Sit Down Young Stranger : One Man's Search for Meaning, il décrivit ainsi
son expérience de l'Esprit universel :
Je fis l'expérience d'une Totalité où toutes les âmes se fondaient, chacune
faisant partie du Tout, non pas comme un pétale qui fait partie d'une fleur,
228
mais comme une vague qui fait partie de l'océan. Et cet "océan", c'était
Dieu, le contexte ultime de nos vies et la force intelligente qui organise
tout. Dieu n'était pas le Tout-Puissant séparé et anthropomorphique de
ma jeunesse catholique, Celui qui me punissait ou qui me récompensait,
et qui me condamnait ou qui m'absolvait, selon ses caprices. Moi et tous
les autres, nous faisions partie intégrante de Dieu, nous faisions partie de
la Totalité. Notre interconnexion à ce niveau constituait un aspect
essentiel de la création et - si nous choisissons de la reconnaître - une
base solide pour la compassion et pour la coexistence dans nos vies
terrestres.
De telles perspectives ne me sont pas parvenues par le biais de mon
cerveau, comme si j'avais lu un nouveau livre brillant. J'ai fait l'expérience
directe de ces compréhensions, sans les filtrer avec mon mental. J'ai vu ce
que j'ai vu, et j'ai appris ce que j'ai appris, en étant au cœur de tout cela.
Ces voyages en dehors du corps ... ont été les expériences les plus
extraordinaires de ma vie. C'était ... rencontrer Dieu face à face. 2
Pendant une séance, Graham décrivit ce qui ressemble à une expérience de mort
imminente. Alors qu'il commençait à flotter hors de son corps, deux lumières
brillantes apparurent. Quoique éblouissantes, elles ne lui firent pas cligner des
yeux. Elles s'approchèrent de lui, parcoururent une courte distance et
s'arrêtèrent. Il entreprit alors de les suivre, et elles continuèrent sur leur lancée.
Elles le guidèrent vers ce qui semblait être un tunnel lumineux, qui s'ouvrit
bientôt sur "ce qui n'était pas tant un lieu qu'un état d'être extraordinairement
paisible". Il était maintenant entouré d'une lumière blanche diaphane, "comme
s'il marchait dans une prairie humide en regardant le brouillard au sol qui se
dissipait dans le soleil du matin". Graham sentit la présence d'autres êtres,
flottant tout comme lui et lui exprimant des salutations silencieuses. Le
sentiment général était un sentiment de paix et de joie.
Graham s'interrogeait sur le caractère réel ou non de ces expériences. Il reconnut
qu'il pouvait s'agir d'hallucinations, de rêves ou de folie, et qu'il pourrait bien
être fou. Mais après avoir lu plusieurs livres sur l'histoire de ce type
229
d'expériences, il en conclut : "Si j'étais fou, alors quelle coïncidence remarquable
que tant d'autres personnes aient été pareillement folles pendant quatre mille
ans !"3 Pour autant, il voulait un signe que ses expériences étaient bien valables
et qu'il n'avait pas déraillé et perdu l'esprit.
Via ses expériences méditatives, il en était arrivé peu à peu à croire que la raison
pour laquelle il était venu dans cette vie et pour laquelle il n'avait pas été tué au
cours des nombreux accidents évités de justesse dans ses aventures
rocambolesques, c’était servir et guérir. Ce signe qu'il cherchait se manifesta par
la guérison, non pas de lui-même, mais d'autrui.
À la fin de l'été 1975, il visitait avec sa femme la ferme d'un ami dans les environs
de Charlottesville, en Virginie. Plusieurs enfants s’amusaient sur une charrette à
foin tirée par un vieux tracteur agricole, tandis que les adultes buvaient de la
limonade et observaient la scène depuis le porche de la ferme. Tout à coup, un
garçon de quatre ans, le fils d'un autre couple, se mit à hurler et à courir vers la
maison. Les autres enfants signalèrent qu'il venait de poser sa main sur le pot
d'échappement brûlant du tracteur. Sa main était gravement brûlée. Le
propriétaire de la ferme, un médecin, courut chercher sa trousse de premiers
secours. La mère du garçon le serra dans ses bras, mais le petit garçon affolé
continuait de hurler de douleur. Graham décrivit ce qui se passa ensuite :
Ce dont je me souviens alors, c'est d'un sentiment de calme et de
confiance en soi immense. Je demandai calmement à la mère de me
confier l'enfant. Ensuite, je plaçai la main brûlée de l'enfant entre mes
mains, je fermai les yeux et je m'imaginai de nouveau dans le lieu de
lumière. Le garçon cessa de crier. Après avoir retiré mes mains, sa main ne
présentait plus aucun signe de brûlure.
Il m'était impossible de prétendre que rien ne s'était passé. La mère
récupéra son fils et me regarda dans les yeux sans mot dire. Les autres me
regardaient fixement.
... Ce garçon fut la seule personne que j'ai jamais guérie avec mes mains....
Étant donné le scepticisme de mon esprit formé à la science, j'avais besoin
230
de cette preuve physique, et l'univers - Dieu - me la fournit. Depuis
l'incident à la ferme, je n'ai plus jamais douté que ce que j'apprenais et
faisais grâce à la méditation était réel.4
Les expériences de Graham, qu'il décrivit brillamment dans son livre enchanteur,
constituent un exemple classique d'une personne catapultée dans la réalisation
de l'Esprit universel grâce à la pratique bien établie de l'immobilisation et de
l'approfondissement de l'esprit via la méditation, la contemplation, la prière et
d'autres moyens similaires.
Graham découvrit cette dimension de la Conscience où "toutes les âmes se
fondent", cet "océan" qui est "Dieu", cette composition collective, où la diversité
s'unifie grâce à l'unité.
Graham retourna de son expérience de mort imminente avec le pouvoir de
guérir. Joyce W. Hawkes est un autre exemple. Biophysicienne et biologiste
cellulaire de formation, titulaire d'un doctorat de l'université de Penn State,
Hawkes est membre de l'American Association for the Advancement of Science
et l'auteure de plusieurs dizaines de publications scientifiques. À la suite d'une
expérience de mort imminente, elle découvrit qu'elle avait le pouvoir de guérir.
Hawkes dispose d’un cabinet privé dans la région de Seattle5, et elle est l'auteure
de Cell-Level Healing : The Bridge from Soul to Cell.
Jane Katra, qui est titulaire d'un doctorat en éducation à la santé et qui a
enseigné à l'université de l'Oregon, est une autre guérisseuse post-NDE. Au
cours d'un voyage en Asie du sud-est en 1974, elle fut prise d'un horrible mal de
tête et fit un rêve au seuil de la mort, où on lui annonça qu'elle deviendrait
guérisseuse. À son grand désarroi, cette prophétie se révéla exacte. De retour
chez elle, la nouvelle Jane se heurta à ses collègues de l'université. Elle honora
néanmoins sa vocation et entreprit d'utiliser son don de guérisseuse. L'histoire
de Katra est racontée dans le livre, Miracles of Mind : Exploring Nonlocal
Consciousness and Spiritual Healing, coécrit avec le physicien et chercheur
parapsychique, Russell Targ.
231
Peut-être est-il approprié que les capacités de guérison résultent parfois d'une
rencontre avec l'Esprit universel, le Tout. Après tout, le mot "guérison" provient
de mots latins qui signifient complétude.
232
CHAPITRE 21 : LE CÔTÉ OBSCUR
Les expériences impliquant l'Esprit universel sont souvent décrites comme une
épiphanie ou une extase, mais il existe un côté obscur de l'Esprit universel qu'il
serait irresponsable d'ignorer.
Ian Stevenson, psychiatre et chercheur spécialiste de la conscience à l'université
de Virginie, décrivit l’un de ses patients, dont l'évolution clinique suggérait que
les symptômes mentaux pouvaient être liés aux pensées et aux intentions
malveillantes d'autrui. Il s'agissait d'un professeur de 45 ans, qui était devenu si
déprimé qu'il avait dû être hospitalisé. L’une des raisons principales de sa
dépression était des désaccords avec des collègues de son département. Alors
que son état paraissait s'améliorer, il empira brusquement un jour et il se plaignit
de la dégradation de ses sensations. "Il apparut plus tard", écrivit Stevenson,
"que l’aggravation de son état coïncidait temporellement avec des réunions de
ses opposants dans son département qui, en fait, complotaient pour l'évincer de
son poste."1 Stevenson supposait que son patient captait les intentions et les
pensées négatives d'autrui. Des connexions malveillantes sont-elles inhérentes à
l'Esprit universel ?
Comme signalé par le chercheur Guy Lyon Playfair, spécialiste des jumeaux, le
partage à distance des pensées et des sentiments prend parfois des dimensions
macabres, comme dans le cas des jumeaux mâles conçus au printemps 1962 par
Rozalia Cosma à Brasov, en Roumanie.2 Elle les baptisa Romulus et Remus,
d'après les jumeaux légendaires abandonnés à leur triste sort, mais secourus et
allaités par une louve. Romulus devint le fondateur et le premier roi de Rome.
Comme c'est souvent le cas pour des jumeaux, les jumeaux roumains
éprouvaient le partage des sensations à distance.3 En grandissant, quand l'un
des deux avait un accident, l'autre éprouvait souvent de la douleur.
À l'âge adulte, Remus s'établit à Cluj, dans le centre de la Roumanie, et Romulus
élut domicile dans le port de Constanta, sur la mer Noire, à 800 km de là. Ils
continuèrent à partager leurs émotions et leurs sensations physiques. La
correspondance pouvait être déroutante. Ils contractèrent la jaunisse en même
temps, et quand Romulus se cassa une jambe au cours d'une excursion dans les
Carpates, Remus tomba dans un escalier à Cluj et se cassa lui aussi une jambe.
Au cours de l'automne 1987, Remus commença à fréquenter Monika Szekely, et
une semaine plus tard, Romulus commença à courtiser une fille qui s'appelait
aussi Monika. Au printemps suivant, Remus épousa sa Monika et, en 1989, ils
emménagèrent dans un nouvel appartement. Leur mariage connut rapidement
des moments difficiles et ils se disputaient quotidiennement. Le 16 mai 1993, à
22 heures, Remus rentra ivre à la maison et sa femme lui cria qu'elle avait
l'intention de prendre un amant. Il la plaqua contre un mur et elle s'empara d'un
couteau. Remus le lui arracha des mains et la poignarda à 12 reprises. À minuit, il
se rendit au poste de police pour se livrer. Le même soir, à 23 heures, Romulus
avait une discussion avec Monika, sa petite amie. Alors que leur relation s'était
déroulée sans heurts jusqu’alors, Romulus fut brusquement pris d'un accès de
rage et l'étrangla.
Il déclara à la police de Constanta : "Je ne sais pas pourquoi j'ai commis ce crime
monstrueux. Quand j'ai commencé à étrangler ma petite amie, je me suis senti
poussé par une force invisible, et je n'ai pas pu, ou peut-être pas voulu, lui
résister."
Les enquêteurs découvrirent que Remus avait commis son crime quelques
minutes seulement avant celui de son jumeau.
NUREMBERG
Une réflexion cohérente et synchronisée et des émotions partagées relevant de
l'Esprit universel peuvent être appréciables, voire indispensables, comme dans
les cas des membres d'un orchestre, d'une équipe sportive ou d'une unité
militaire. Mais dans d'autres situations, elles peuvent être désastreuses.
Les rassemblements de Nuremberg, organisés chaque année de 1933 à 1938
après l'arrivée au pouvoir d'Adolph Hitler en Allemagne, avaient pour objectif de
promouvoir une pensée cohérente et la solidarité entre le peuple allemand et le
234
parti nazi. Plus d'un demi-million de personnes du parti nazi, de l'armée
allemande et de la population prirent part à ces rassemblements. Ils furent le
théâtre d'expériences sensorielles uniques, comme ce fut le cas lors du
rassemblement de 1937, durant lequel la cathédrale de lumière d'Albert Speer,
construite à partir de 152 projecteurs, projeta des faisceaux verticaux dans le ciel,
symbolisant les murs d'un grand édifice.4 Le vice-führer, Rudolf Hess, avec son
discours d'ouverture lors du rassemblement de 1934, galvanisa les foules. Il
s'agissait là d'un exemple classique de la manière dont des idées destructrices
peuvent fédérer et se propager au sein d'un grand groupe et, finalement, dans
toute une nation.
LA FOLIE DES MASSES
Le danger d'une pensée uniforme et unifiée est le sujet de l'un des livres les plus
remarquables du XIXe siècle, Extraordinary Popular Delusions and the Madness
of Crowds, du journaliste écossais Charles Mackay, publié en 1841 et toujours en
cours d'impression. Dans un passage qui peut paraître inconfortablement
contemporain, Mackay écrivit : "En lisant l'histoire des nations, nous constatons
qu’à l’instar des individus, elles ont leurs humeurs et leurs singularités, leurs
périodes d'excitation et d'insouciance, où elles ne se préoccupent guère de ce
qu'elles fabriquent. Nous constatons que des communautés entières braquent
subitement leur esprit sur un sujet puis se déchaînent à sa poursuite, que des
millions de personnes sont simultanément impressionnées par une illusion et la
pourchassent jusqu'à ce que leur attention soit attirée par une nouvelle folie
encore plus captivante que la première. Nous voyons une nation brusquement
saisie du plus haut au plus bas échelon du désir féroce de gloire militaire, une
autre devenir tout aussi brutalement la proie de scrupules religieux, et aucune
d'entre elles ne retrouvera la raison avant d'avoir versé des flots de sang et semé
une moisson de lamentations et de larmes, dont héritera sa postérité."5 Le livre
de Mackay est un réquisitoire féroce contre des coutumes et des idées qui,
rétrospectivement, paraissent absurdes ou lunatiques, mais qui furent
embrassées par la culture en général. Il cite par exemple la passion du duel, le
mesmérisme, les croisades, les combines d'enrichissement rapide, l'obsession
des reliques religieuses et la sorcellerie.
235
Ce thème fut récemment repris par le géographe Jared Diamond, lauréat du prix
Pulitzer, dans un livre éclairant, ‘’Effondrement : comment les sociétés décident
de leur disparition ou de leur survie’’. Diamond montre comment des sociétés
entières, tout au long de l'histoire, se sont aveuglées par des modes de pensée
pathologiquement cohérents en suivant volontairement leurs certitudes jusqu'à
leur propre destruction.
LA PENSÉE DE GROUPE
Une autre forme pathologique de la pensée unique cohérente, c’est la pensée de
groupe, un type de discours pratiqué par un groupe cohésif dont les membres
tentent de minimiser les conflits et de parvenir à un consensus sans évaluer les
idées de manière critique. La pensée de groupe éteint la créativité individuelle et
minimise la responsabilité des décisions prises. Les doutes et les alternatives
individuelles étant mis de côté, des décisions hâtives et irrationnelles sont prises,
de peur de perturber le consensus et l'équilibre du groupe. Irving L. Janis,
psychologue de recherche à l'université de Yale, a analysé des exemples dans
lesquels la pensée de groupe a probablement joué un rôle dans les désastres de
la politique étrangère américaine, tels que l'incapacité à anticiper l'attaque
japonaise sur Pearl Harbor en 1941, le fiasco de la baie des Cochons en 1961,
lorsque l'administration du président John F. Kennedy a tenté de renverser le
gouvernement de Fidel Castro à Cuba, et l'escalade de la guerre du Viêt Nam
sous l'administration du président Lyndon B. Johnson.6
La pensée de groupe est toujours d'actualité au sein du gouvernement. Elle est
devenue épidémique au Sénat américain. À l'instar d'un cœur malade au rythme
implacable, le Sénat est pratiquement paralysé par l'idéologie et par la rigidité
partisane, qui rendent quasiment impossible le compromis, un élément
indispensable de la gouvernance démocratique. Le sarcasme de Will Rogers est
toujours d'actualité : "On pourrait certainement ralentir le processus de
vieillissement, s'il devait passer par le Congrès !"7
236
3ÈME PARTIE :
L’ACCÈS À L’ESPRIT UNIVERSEL
CHAPITRE 22 : LA SOUPE COSMIQUE
Il y a là quelque chose, qui n’aime pas les murs et qui veut les abattre.
-
Robert Frost1
Certaines individus, et spécialement les enfants, font l'expérience de l'Esprit
universel presque sans effort.
A une époque où le psychologue du développement, Joseph Chilton Pearce, âgé
alors d'une trentaine d'années, enseignait les sciences humaines au collège, il
était plongé dans la théologie et la psychologie de Carl Jung. Pearce se décrivait
lui-même comme étant "obsédé" par la nature de la relation entre Dieu et
l'homme, et ses lectures sur le sujet étaient nombreuses. Un matin, alors qu'il se
préparait pour un cours matinal, son fils de cinq ans entra dans sa chambre,
s'assit sur le bord du lit et se lança dans un exposé de 20 minutes sur la nature de
Dieu et de l'homme. "Il s'exprimait avec des phrases parfaites et publiables",
écrivit Pearce, "sans pause ni précipitation, sur un ton neutre et monotone. Il
utilisait une terminologie théologique complexe et me dit, semble-il, tout ce
qu'il y avait à savoir. En l’écoutant, stupéfait, les poils de ma nuque se
hérissèrent, j'avais la chair de poule et finalement, des larmes se mirent à couler
sur mon visage. J'étais là au cœur de l'étrange et de l'inexplicable. La voiture qui
conduisait mon fils à l’école maternelle arriva en klaxonnant, et il se leva et partit.
J'étais déconcerté et j'arrivai en retard à mon cours. Ce que j'avais entendu était
faramineux et dépassait de loin tous les concepts que je connaissais. Le décalage
était tellement grand que je ne pus me souvenir de presque aucun détail et de
peu de choses du vaste panorama qu'il avait présenté. Mon fils ne garda aucun
souvenir de l'événement."2
L'interprétation de Pearce était que son fils, un enfant brillant, mais normal, avait
répondu à un champ d'informations qu'il n'aurait pas pu acquérir. D'où vient
alors cette information ? Le physicien Russell Targ a suggéré que nous vivons
dans une "soupe", qui est la source de toutes les informations et de toutes les
connaissances que nous avons sur le monde. Pearce l’appelle la "soupe
cosmique", un domaine supérieurement organisé duquel on extrait
sélectivement des informations.
On utilise des termes différents pour définir cette ‘’soupe’’, comme nous l’avons
noté. Qu'on parle de soupe cosmique, d'Esprit universel, de la Source, d’un
champ de conscience ou de l'inconscient collectif, la Source est l'Intelligence
même. Bien que les ingrédients de la soupe cosmique soient les mêmes pour
tout le monde, dit Pearce, les échantillons que nous prélevons diffèrent : chaque
individu se sert de ce dont il a besoin, ce qui fait que nos perceptions par rapport
à cette soupe sont des perceptions sélectives, produisant l'individualité, la
diversité et l'unicité.3
Le jeune fils de Pearce semblait avoir accédé à l'Esprit universel et puisé dans la
soupe cosmique l'information qui répondait à un besoin, à cet instant. Cette
information lui parvint spontanément, sans qu'il l'ait sollicitée, comme une
grâce. De nombreuses personnes ont cependant appris à ne pas dépendre de la
spontanéité, mais se sont appuyées sur des méthodes éprouvées pour accéder à
volonté à l’Esprit universel.
Pendant la méditation, la rêverie ou la prière, le temps est souvent perçu comme
un éternel présent dans lequel les divisions du passé, du présent et du futur se
fondent dans un maintenant qui englobe tout. Dans cet état, ce ne sont pas
seulement les séparations temporelles qui disparaissent, mais aussi les
séparations entre les personnes et les choses. Cet état est une porte d'accès à
l'Esprit unitaire. Cette expérience est étonnamment courante. Elle surgit souvent
spontanément, comme lorsque nous sommes transportés par des notes de
musique vibrante.
Depuis des millénaires, l'homme expérimente comment être au présent et
conjuguer les divisions du temps. Les adeptes des différentes traditions
spirituelles ont toujours connu ce territoire, ainsi que les poètes et les artistes. De
nombreux scientifiques de haut vol sont aussi entrés dans cette dimension
intemporelle et ont laissé des traces de leur expérience. C'est le cas de Barbara
McClintock, prix Nobel de génétique, qui a déclaré : "Fondamentalement, tout
est un. Il n'y a aucun moyen de tracer une ligne entre les choses. Ce que nous
239
faisons [normalement], c'est établir ces subdivisions, mais elles ne sont pas
réelles. Je pense que les poètes [...] ont probablement une certaine
compréhension de cela."4
LA CRÉATIVITÉ
Notre aptitude à pouvoir prélever dans la soupe cosmique a de profondes
implications pour la créativité. La créativité est généralement considérée comme
un processus de découverte, de fabrication ou d'invention de quelque chose qui
n'existait pas avant, mais quand les divisions du temps sont transcendées, il n'y a
pas d'"avant" ; tout ce qui peut être connu existe déjà, d’une certaine manière, et
n'a besoin que d'être réalisé, pas d'être nouvellement produit.
L'Esprit universel, la soupe cosmique de Pearce ou la Source qui n'est pas
compartimentée par l'espace et le temps, contient tous les ingrédients
nécessaires pour formuler une nouvelle idée, composer une sonate, peindre ou
sculpter une œuvre d'art. Puiser dans la Source est la vocation de tout individu
créatif. Comme l'écrivit John Briggs dans son livre admirable sur la créativité, Fire
in the Crucible, "Pour le génie créateur, l'ancienne perception qu'il est possible
d'invoquer une identité entre l'universel et le particulier, entre le personnel et le
vaste impersonnel, entre la partie et le tout, est omniprésente. Elle s'exprime
à tous les niveaux du processus créatif et domine la vision créative. Dans leurs
multiples dispositions et intentions, les individus créatifs sont engagés dans une
recherche de plénitude et d'identité personnelle/universelle... "5 Ils sont en quête
de l'Esprit universel.
Le théoricien des systèmes, Ervin Laszlo, qui est également pianiste classique et
l’auteur de 75 livres et de plus de 400 articles, en connaît un rayon sur la
créativité. "Nous soulevons la possibilité que l’esprit des personnes
exceptionnellement créatives soit en interaction spontanée et directe, bien que
pas nécessairement consciente, avec d'autres esprits au sein même du processus
créatif"6, dit-il. Et : "Qualifier des individus comme Mozart, Michel-Ange ou
Shakespeare ... de "doués" et leurs réalisations d'"œuvres de génie", ne revient
pas à expliquer leurs capacités, mais seulement à les étiqueter". Il propose que
240
certains actes de créativité, en particulier lorsqu'ils sont soudains et inattendus,
"ne sont pas dus à un coup de génie spontané et largement inexpliqué, mais à
l'élaboration d'une idée ou d'un modèle dans deux ou plusieurs esprits en
interaction..."7
Ceux qui chérissent l'unicité, l'individualité et la propriété ne sont pas ravis par ce
scénario. Voilà le problème : si tous les esprits sont en contact et partagent des
informations, à qui revient le mérite ? Si les idées ne peuvent pas être attribuées
à des personnes spécifiques, qu'en est-il alors de l'originalité et des réalisations
individuelles ? Qui reçoit les honneurs? Les prix Nobel et Pulitzer devraient-ils
être retirés ? Devrait-on restituer ceux qui ont déjà été décernés ?
D'autres ne sont pas dérangés par cette connexion avec le Tout. Le romancier
Joseph Conrad évoquait le "sentiment latent de fraternité avec toute la création,
et la conviction subtile, mais invincible de la solidarité qui réconcilie la solitude
d'innombrables cœurs."8 Le peintre, Piet Mondrian parlait de la communion de
l'artiste avec quelque chose de plus grand que le moi individuel, et notait que
"l'art a montré que l'expression universelle ne peut être créée que par une
véritable équation entre l'universel et l'individuel."9 L'artiste Paul Klee
comprenait que le Tout s'exprime à travers la partie. La "position de l'artiste est
humble", disait-il, "il n'est qu'un canal".10 Le psychologue Erich Fromm partageait
le point de vue de Klee. Fromm disait que le créateur "doit renoncer à
s'accrocher à lui-même comme à quelque chose et commencer à s’éprouver
uniquement dans le processus de la réponse créative ; assez paradoxalement, s'il
peut s'éprouver lui-même dans ce processus, il se perd lui-même. Il transcende
les limites de sa propre personne et, au moment même où il ressent 'Je suis', il
ressent aussi ‘’Je suis toi’', je ne fais qu'un avec le monde entier."11
L'individu créatif se sent souvent uni, non seulement aux autres, mais aussi à son
instrument. Comme le raconta le pianiste virtuose, Lorin Hollander, "Dès l'âge de
trois ans, je passais tous mon temps au clavier, debout, mes mains posées sur le
clavier, et je choisissais très précisément les sonorités que je choisissais, parce
que je savais que lorsque je jouerais une note, je deviendrais cette note."12
Hollander parlait également de fusion avec les grands compositeurs. Je lui
demandai un jour ce qu'il pensait du film Amadeus, qui dépeint la vie de Mozart,
241
et il me répondit : "Ce n'était pas Mozart". Comment le savait-il, lui demandai-je.
"Parce que quand je joue du Mozart, je deviens Mozart", répondit-il.13
Le besoin de se fondre dans quelque chose de plus vaste - un Dieu, une Déesse,
Allah, Brahman, l'Univers, l'Unique, etc. - sous-tend l'élan de nombreux individus
très créatifs. Néanmoins, l'individu créatif ne peut jamais tout voir, étant mortel.
Ce qui n'est pas fatal à sa vision. N'importe quelle partie du Tout fera l’affaire, car
la Vérité est partout. ''Le monde dans un grain de sable'', de Blake. Pour l'artiste,
cette Totalité doit s'affiner, se condenser, se concentrer, se fixer. Léonard de
Vinci disait :"C'est là le vrai miracle, que toutes les formes, toutes les couleurs,
toutes les images de chaque partie de l'univers soient concentrées en un point
unique."14 Pratiquement, il est bon pour l'écrivain et l'artiste d'essayer de ne
communiquer qu'une partie de la Vérité, car rares sont ceux qui peuvent
supporter la Vérité sans fard. D'où l'adage soufi, "Personne n'a vu Dieu et vécu"
et les propos d'Emily Dickinson : "Dites toute la Vérité, mais en biaisant..."15 Ou,
comme l'a dit un petit futé, "La Conscience est non locale, mais, silence, il ne faut
le dire à personne !"
Qu’en est-il de la logique ? Quel est son rôle dans la mise à profit des riches
ressources de l'Esprit universel ?
En 1945, le mathématicien, Jacques Hadamard mena une enquête auprès des
plus éminents mathématiciens américains pour tenter de connaître leurs
méthodes de travail, et en réponse à son questionnaire, Einstein répondit : "Les
mots ou la langue, tels qu'ils sont écrits ou parlés, ne semblent jouer aucun rôle
dans mon mécanisme de pensée.... Les termes conventionnels ou d'autres signes
ne doivent être recherchés laborieusement qu'à un stade secondaire... "16
L'exemple d'Einstein n'est pas exceptionnel. Eugène Wigner, qui reçut le prix
Nobel de physique en 1963, partageait son point de vue : "La découverte des lois
de la nature requiert avant tout de l'intuition, la conception d'une illustration et
un grand nombre de processus subconscients. La confirmation de ces lois est
une autre affaire... la logique vient après l'intuition.’’17 Hadamard conclura de son
enquête que pratiquement tous les mathématiciens nés ou résidant en
Amérique évitaient non seulement l'utilisation de "mots mentaux", mais même
242
"l'utilisation mentale de signes algébriques ou d'autres signes précis....". Les
images mentales [qu'ils utilisent] sont le plus souvent visuelles."18
Les dessinateurs représentent souvent des scientifiques avec des bulles
d'équations mathématiques qui flottent au-dessus de leurs têtes, mais les
mathématiques, comme le langage, se situent souvent au second plan dans leur
processus créatif. L'un des exemples les plus remarquables est celui du physicien
anglais, Michael Faraday, qu'Einstein plaçait sur un pied d'égalité avec Newton.
La pensée de Faraday était presque entièrement visuelle et étonnamment
dépourvue de mathématiques. En effet, il n'était pas doué pour les
mathématiques, il n'avait reçu aucune formation formelle dans ce domaine et il
ignorait tout de l'arithmétique, à l'exception des éléments les plus simples. En
revanche, Faraday pouvait "voir" les tensions entourant les aimants et les
courants électriques comme des courbes dans l'espace, et il forgea l'expression
"lignes de force" pour les décrire. Dans son esprit, celles-ci étaient aussi réelles
que si elles étaient constituées de matière solide. Pour Faraday, l'univers entier
était constitué de ces lignes de force, et il voyait la lumière comme un
rayonnement électromagnétique. Mais ce n'était pas un simple rêveur ; ses
visualisations aboutirent à des résultats pratiques, comme l'invention de la
dynamo et du moteur électrique.19
Le romancier-philosophe Arthur Koestler réalisa une étude historique sur un
grand nombre de génies créatifs dans le domaine scientifique. Dans son œuvre
monumentale, Le cri d’Archimède : l’art de la découverte et la découverte de
l’art, il arriva à la conclusion que "leur insistance quasiment unanime sur les
intuitions spontanées, la guidance inconsciente et les élans soudains
d'imagination qu'ils sont incapables d'expliquer, suggère que le rôle des
processus de pensée strictement rationnels dans la découverte scientifique a été
largement surestimé..."20
Le Paradis perdu de Milton lui fut dicté par une muse, un "chant non prémédité",
dit-il.21 Mais, comme indiqué, tout au long de l'histoire, les gens ont cultivé des
états de conscience non ordinaires, comme la méditation, pour attirer les muses
et faire avancer le processus créatif. Et comme le note Ervin Laszlo, "dans certains
cas (relativement rares), ces "états inspirés" sont induits artificiellement par des
243
drogues, la musique, l'autohypnose ou d'autres moyens."22 Comme exemple
remarquable, citons celui de Samuel Taylor Coleridge, qui aurait composé son
poème épique, Kubla Khan, dans un sommeil induit par l'opium. Souvent,
cependant, lorsque les gens utilisent des drogues pour stimuler leur créativité,
bien qu'ils aient l'impression d'être entrés en contact avec "la Totalité", cela ne se
traduit pas par grand-chose, voire rien du tout, lorsque la drogue se dissipe. La
plupart des "œuvres d'art" produites sous l'influence de substances chimiques
altérant l'esprit finissent à la poubelle - qui, aux dires d'Einstein, est l'outil le plus
important du scientifique.
L’URGENCE ET LES HEURES PASSÉES À LA FENÊTRE
Le sentiment d'urgence profonde peut catapulter une personne dans un état de
créativité accrue. Comme le soulignait Samuel Johnson, "croyez-moi, monsieur,
lorsqu'un homme sait qu'il sera pendu dans quinze jours, cela concentre
merveilleusement son esprit !"23 Par exemple, le mathématicien français, Evariste
Galois, à l'âge de 20 ans, consigna par écrit ses brillantes contributions à
l'algèbre supérieure dans les trois jours qui précédèrent un duel au cours duquel
il pensait, à juste titre, qu'il serait tué.
Arthur Koestler décrivit une crise expérientielle du même ordre. Emprisonné
pendant plusieurs mois à Séville en 1937, pendant la guerre civile espagnole,
Koestler fut menacé d'être exécuté, parce qu'il était soupçonné d'être un espion,
et il ignorait s'il serait encore en vie d'un jour à l'autre. Dans sa cellule, il vécut
des expériences qu'il jugeait proches des sentiments décrits par les mystiques, à
savoir un sentiment d'unité avec toutes choses. Il évoqua ainsi ses "heures
passées à la fenêtre" :
Les "heures passées à la fenêtre" m'avaient rempli d'une certitude directe
qu'un ordre de réalité supérieur existait, et que lui seul donnait un sens à
l'existence... que le temps, l'espace et la causalité, que l'isolement, la
séparation et les limites spatio-temporelles du moi n'étaient que des
illusions d'optique...C'était un texte écrit à l'encre invisible ; et même si on
244
ne pouvait pas le lire, le fait de savoir qu'il existait suffisait à modifier la
texture de notre existence et à rendre nos actions conformes au texte.24
LA PRÉPARATION : ‘’DIEU N’ÉLOIGNERA PAS LES MOUCHES D’UNE
VACHE QUI N’A PAS DE QUEUE’’
Même si les percées et les révélations soudaines suggèrent que notre entrée
dans l'Esprit universel est tout à fait spontanée, cela aide d’ouvrir la porte, ce qui
se fait le plus souvent par une préparation, en perfectionnant son art ou sa
technique. Ce n'est pas seulement le hasard qui favorise l'esprit préparé ; l'Esprit
universel favorise aussi la préparation.
Ce point a été particulièrement mis en évidence dans le monde spirituel. Comme
le disait Huston Smith, historien des religions, de la tradition chrétienne, "Tout
est un don, mais rien n'est gratuit."25 Vivekananda, de la tradition hindoue,
abondait dans le même sens, au 19ème siècle : "Le vent de la grâce de Dieu
souffle toujours, mais vous devez hisser la voile."26 Le message de l'Islam est le
même. Comme le disait paradoxalement Bayazid Bastami, un mystique soufi du
9ème siècle : "La connaissance de Dieu ne peut s’atteindre en cherchant, mais
seuls ceux qui cherchent trouvent."27 Lame Deer, un homme médecine sioux,
exprima le sentiment que rien n'est gratuit dans le domaine spirituel : "Tel que je
le vois maintenant et tel que je le ressens, je veux que mes visions soient le fruit
de mon propre jus, de mes propres efforts, à la manière dure et ancienne. Je me
méfie des visions que l’on obtient facilement... La véritable lumière, la plus
grande extase ne viennent pas de là.’’28Dans le même esprit, les Fulanis, une tribu
d'Afrique de l'Ouest, prolongent cette idée et en font un principe général : "Dieu
n'éloignera pas les mouches d'une vache qui n'a pas de queue...’’
245
CHAPITRE 23 : LE MOI
Pourquoi êtes-vous malheureux ? Parce que presque tout ce que vous dites et
faites, c’est pour votre propre personne - et elle n’existe pas.
-
Proverbe chinois
Certains individus résistent au concept de l'Esprit universel, parce qu'ils veulent
conserver et protéger leur individualité, leur sentiment personnel. Si l'on
supprime le moi, disent-ils, ils ne seront plus personne. Mais à quel point est-il
vital ?
Depuis des décennies, l’idée d’un moi est la victime d'un concours de démolition
dans les milieux scientifiques. Un flux constant de livres de scientifiques
matérialistes s'est attaqué au sentiment personnel - ce sentiment d'être,
fondamental et essentiel, objet de l'introspection, qui fait que je suis "moi" et pas
quelqu'un d'autre. Aujourd'hui, les scientifiques semblent rivaliser pour
déterminer qui sera le mieux en mesure de faire table rase de cette idée.
Le bouddhisme aurait pu leur épargner cette peine. Le Bouddha enseigna, il y a
2 500 ans, qu'il n'y a pas de moi substantiel auquel s’attaquer. Le moi, disait-il,
est une illusion, un amalgame d'émotions, de peurs, de désirs, d'envies et
d'aspirations – ce qu'il appelait des attachements – et qui font obstacle à
l’évolution et à la transformation. Le Bouddha serait donc d’accord pour dire que
les scientifiques qui tentent de se défaire du moi sont sur la bonne voie, puisque
le moi est une non-entité.
Il ne faut pas confondre le "moi" et le "Soi". Comme l'affirme le psychologue
Arthur J. Diekman, de l'université de Californie à San Francisco, "le cœur de la
subjectivité - le "Soi" - est identique à la Conscience. Il faut distinguer ce "Soi"
des divers aspects de la personne physique et de son contenu mental, qui
constituent le "moi". La plupart des discussions sur la Conscience confondent le
‘’Soi" et le "moi". L'identité de la Conscience et du "Soi" signifie que l’on connaît
la Conscience en étant celle-ci..."1
Même Einstein, peut-être le scientifique le plus célèbre de l'histoire,
reconnaissait la valeur de la rupture avec l'esclavage de l'ego personnel. Dans un
langage qui semble résolument oriental, il disait : "La véritable valeur d'un être
humain se détermine avant tout dans la mesure et le sens où il est parvenu à se
libérer du moi."2 La situation actuelle est ironique. La science moderne, ennemie
déclarée du monde spirituel, est en l'occurrence au service de la spiritualité. Le
message de la science - à savoir que le moi est une illusion - est conciliable avec
de nombreuses grandes traditions de sagesse et il peut constituer une étape sur
le chemin de la spiritualité. Ainsi, la science est devenue une alliée involontaire
de la spiritualité.
Mais les efforts de la science pour éradiquer le moi sont aussi hypocrites.
Quiconque a passé beaucoup de temps dans les milieux scientifiques
académiques réalise rapidement que les scientifiques peuvent avoir l'ego et le
sentiment du moi le plus hypertrophié de la planète. Ils paraissent désireux
d’éliminer le moi chez les autres, mais pas chez eux.
LA GUERRE CONTRE LE MOI
Comme figure emblématique des scientifiques qui ont tenté de mettre le moi en
boîte, citons le Prix Nobel, Francis Crick, codécouvreur de la structure de l'ADN.
Dans son livre intitulé L'hypothèse stupéfiante : à la recherche scientifique de
l'âme, il écrivit : "Les activités mentales d'une personne sont entièrement dues au
comportement des cellules nerveuses, des cellules gliales et des atomes, ions et
molécules qui les composent et les influencent.3 ..."Vous", vos joies et vos peines,
vos souvenirs et vos ambitions, votre sentiment d'identité personnelle et votre
libre arbitre, vous n’êtes en fait rien d'autre que le comportement d'un grand
assemblage de cellules nerveuses et des molécules qui leur sont associées.
Comme aurait pu le formuler Alice, de Lewis Carroll, "Vous n'êtes rien d'autre
qu'un paquet de neurones."4
Mais les choses ne s'arrêtent pas là. Beaucoup de scientifiques matérialistes
veulent non seulement démolir le moi, mais également le concept de la
conscience. Et c'est là que le jeu devient vraiment drôle, puisqu’en éradiquant la
247
conscience, les scientifiques et les philosophes matérialistes font la guerre à leur
propre esprit. Par exemple, le philosophe et spécialiste des sciences cognitives,
Daniel Dennett, de l'université Tufts, a déclaré que nous sommes tous des
zombies, que personne n'est conscient.5 Il s'inclut lui-même dans cette
généralisation et semble en être plutôt fier. Des patients ont été déclarés
mentalement inaptes pour des raisons moindres.
Comment la science est-elle devenue hostile au moi ? Voici quelques-unes des
étapes qui vont dans ce sens :
Dans les années 1960, les neurophysiologistes et lauréats du prix Nobel, Roger
Sperry et Michael Gazzaniga sectionnèrent le corps calleux de plusieurs
personnes qui souffraient d'épilepsie réfractaire, et ils découvrirent que
l'hémisphère gauche du cerveau pouvait être conscient de choses dont
l'hémisphère droit n'était pas conscient, et vice versa, ce qui suggérait l'idée que
le sentiment d’un moi unique et indivisible est une illusion.
Au cours des années 1970, le neurophysiologiste Benjamin Libet découvrit que
certains mouvements corporels s'enregistraient dans le cerveau, 350
millisecondes avant qu'un individu ne prenne consciemment la décision de
bouger cette partie du corps. Cela remit en cause l'hypothèse du libre arbitre.
C'est comme si le cerveau disait au moi conscient ce qu'il devait faire, et non
l'inverse. D'autres chercheurs, comme Todd E. Feinberg et Antonio Damasio,
continuèrent d’étudier la manière dont le sentiment du moi se développe et se
perpétue.
Dans son livre, The Ego Trick, le philosophe Julian Baggini, de l'University College
de Londres, explique qu'il n'y a rien de fondamentalement neuf dans ces
développements. Le rejet d'un moi intrinsèque remonte aux premiers temps de
la science. En 1664, l'anatomiste anglais, Thomas Willis publia Cerebri Anatome,
un essai détaillé qui visait à contourner la nécessité d'un moi en expliquant
comment des parties du cerveau produisaient les "esprits animaux" censés
animer la pensée et l'action. Les empiristes britanniques, John Locke et David
Hume soutenaient que ce qui fait de vous la même personne au fil du temps,
c'est la continuité de votre vie mentale, et non un moi indépendant. Depuis la
248
diffusion de ces idées, la connaissance du cerveau s'est affinée, et elle est
devenue objectivement utile, bien sûr, "mais philosophiquement parlant, [la
science moderne] n'a réellement fait que compléter les détails et enfoncer les
derniers clous dans le cercueil des conceptions archaïques de l'âme et du moi",
écrivit Baggini. Le consensus actuel, c’est qu'il n'y a pas d'endroit dans le cerveau
où "tout se combine", pas d'endroit dans le cerveau où réside le sentiment du
moi, ni l'âme. L'âme et le moi ne sont que des concepts illusoires. Ces
impressions se manifestent simplement - le mot à la mode est "émergent" –
lorsque les différentes parties du cerveau interagissent harmonieusement.
"Le Bouddha, qui croyait qu'il n'y a pas de moi permanent, mais rien qu'une série
d'expériences conscientes connectées, partageait à peu près le même point de
vue", écrivit Baggini. "Les neurosciences le confirment et expliquent les
mécanismes de ce moi dénué de centre..."6
Mais, là encore, on peut entendre des échos contradictoires, comme quand des
scientifiques éprouvent un sentiment d'accomplissement personnel et
d'autosatisfaction en ayant banni la notion du moi. Ou quand des spécialistes
des sciences cognitives, comme Dennett utilisent leur propre conscience pour
réfuter l'existence de la conscience. Mark Vernon, auteur, journaliste et physicien
britannique, souligna l'absurdité de cette position : "Alors, lorsque vous lirez la
prochaine fois que la conscience est un épiphénomène, que les humains sont
des zombies ou que nous sommes des phénotypes jetables, riez un bon coup.
Que des sujets humains puissent même porter un tel jugement sur eux-mêmes
est en soi la preuve que nous sommes bien plus que cela."7
LA SPIRITUALITÉ ET LE MOI
Le fait que la science soit parvenue à démolir le moi n'est pas extraordinaire. Les
traditions spirituelles s'y emploient depuis des millénaires, comme nous l'avons
dit. Et pas seulement le bouddhisme. Le même message est implicite dans le
Nouveau Testament, quand Jean le Baptiste dit, en parlant du Christ : "Il faut qu'Il
croisse et que je diminue."8
249
Le problème, c'est que la science ignore quand s'arrêter. A la place de se
contenter d’occire le moi, la science a tenté de commettre un double homicide,
en tuant aussi la conscience. Le Soi devient un dommage collatéral.
Carl Jung estimait qu'il n'y avait aucun moyen d'éviter ce qu'il appelait le côté
"psychique" de la vie. Selon lui, "c'est un préjugé presque absurde de supposer
que l'existence ne peut être que physique. En fait, la seule forme d'existence
dont nous ayons une connaissance immédiate est psychique. Nous pourrions
tout aussi bien dire, au contraire, que l'existence physique n’est qu’une simple
inférence, car nous ne connaissons la matière que dans la mesure où nous
percevons des images psychiques transmises par les sens."9
Le grand échec de la science, c'est qu'ayant dépouillé la vie du moi et de l'âme,
elle n'a rien à mettre à leur place, hormis l'idée que les humains doivent
simplement se comporter en hommes, vivre noblement et avancer
courageusement dans les ténèbres. Aux yeux de beaucoup, cela ne suffit pas.
C'est la raison pour laquelle les preuves suggérant l'existence de l'Esprit
universel sont importantes. L'Esprit universel, dont participent tous les esprits
individuels, nourrit l'élan humain vers la transcendance.
Beaucoup de preuves montrent que les gens retirent plus qu'une satisfaction
émotionnelle des croyances spirituelles, qui comprennent le sentiment d'être
connecté à "quelque chose de plus grand". Comme l'ont montré
l'épidémiologiste social, Jeff Levin, et beaucoup d’autres chercheurs, des
centaines d'études indiquent qu'en moyenne, les individus qui suivent une voie
spirituelle dans leur vie vivent beaucoup plus longtemps que les autres, et qu'ils
sont moins touchés par des maladies graves, comme les maladies cardiaques et
le cancer.10 Les avantages tangibles d'une orientation spirituelle sont rarement
reconnus dans les efforts récents déployés pour décrire les croyances spirituelles
comme n'étant rien de plus que des fantasmes nuisibles, d’auteurs, tels que
Richard Dawkins (Pour en finir avec Dieu), Christopher Hitchens (Dieu n’est pas
grand : comment la religion empoisonne tout ; The Portable Atheist), Daniel
Dennett (Breaking the Spell : Religion as a Natural Phenomenon) et Sam Harris
(The End of Faith).
250
RIEN, NÉANT, PERSONNE
Dans son livre primé, Epiphanies, la psychothérapeute Ann Jauregui dit : "Depuis
Freud ... on s'est focalisé comme un laser sur l'unicité de l'individu. Dans le
domaine de la psychothérapie, l'accent a été extraordinairement mis sur la
valeur du développement du "sentiment de soi" ou d'un "ego autonome" ; la
"séparation-individuation" est considérée comme indispensable pour grandir.
Tout ce langage est lié à la notion occidentale d'un esprit humain individuel et
limité."11
Cependant, il existe des exemples remarquables d'individus qui semblent faire
un pied de nez à l'idée d'un moi entier, et ils le considèrent comme une
commodité arbitraire qui peut parfois les gêner. Quand c'est le cas, ils s'en
débarrassent temporairement pour devenir sans identité ou plus personne, en
quelque sorte.
UNE EMPATHIE POUR L’ORGANISME
‘’Regarder un objet, c’est venir l’habiter.’’
-
Maurice Merleau-Ponty12
On peut citer l'exemple de Barbara McClintock, lauréate du prix Nobel et
généticienne, qui travailla sur les gènes, les chromosomes et les plants de maïs.
Elle déclara un jour que son succès était dû au fait qu'elle avait "de l'empathie
pour l'organisme."13 C'est un euphémisme. McClintock entrait
psychologiquement dans un problème si profondément qu'elle devenait le
problème. Elle avait le sentiment de pouvoir se glisser dans le microscope pour
côtoyer les gènes afin d’observer de plus près leur comportement. Elle cessait
d'exister en tant que personne, et en émergeant de la contemplation du
problème, elle ne se rappelait littéralement plus son nom. "Les choses sont bien
plus merveilleuses que ce que la méthode scientifique nous permet de
concevoir", disait-elle.
251
McClintock a toujours été un peu bizarre. Précoce dès l'enfance, elle ne cessa de
sortir des sentiers battus. Elle pratiquait la méditation orientale, explorait les
perceptions extrasensorielles et elle expérimentait le contrôle mental de sa
propre tension artérielle et de sa température. Un jour, Joshua Lederberg,
lauréat du prix Nobel, biologiste et généticien moléculaire, visita son laboratoire
et il s'exclama : "Bon Dieu ! Ou cette femme est folle, ou c'est un génie !''
Pour éprouver "de l'empathie pour l'organisme", il faut oser être l'organisme. Ce
qui signifie dépasser les limites qui nous séparent les uns des autres et des
autres formes de vie. Ce qui signifie accéder à l'Esprit universel.
Le polymathe allemand, Johann Wolfgang von Goethe, le savait. Goethe, l'auteur
de Faust et de beaucoup d'autres œuvres diverses, s’opposait à la méthode
scientifique de l'époque mettant l'accent sur l'objectivité, la neutralité et la
distanciation. Il pensait que la compréhension de la nature passait par la
participation. Par exemple, pour comprendre une plante, il faut entrer dans sa
vie. Il qualifiait son approche scientifique "d’empirisme délicat qui, le plus
intérieurement, se rend identique à l'objet et devient par là-même la théorie
réelle."14
Le thème de la science participative de Goethe fut repris 130 ans plus tard par
Heinz Kohut, un éminent psychanalyste américain d'origine autrichienne. Kohut
estimait que la méthodologie scientifique conventionnelle était "distante de
l'expérience", déconnectée de l'observation réelle. Il proposa comme alternative
une approche "proche de l'expérience", suivant laquelle les données pouvaient
être acquises directement à partir de l'empathie et de l'introspection. L'empathie
était cruciale, selon lui, pour éviter que les recherches scientifiques ne soient "de
plus en plus déconnectées de la vie humaine."15 Il pensait que l'élimination de
l'empathie de la science avait abouti à une approche froide, indifférente et
rationnelle, qui favorisait les objectifs des régimes totalitaires brutaux et qui avait
conduit à "certains des projets les plus inhumains que le monde ait jamais
connus."16 "Pour résumer, Kohut dit que le nouvel idéal de la science "pouvait
être condensé en une seule phrase évocatrice : nous devons aspirer non
seulement à l'empathie scientifique, mais aussi à une science empathique’’17 - en
d'autres termes, une science de l'amour, ce qui n'est possible qu'en supprimant
252
les démarcations tranchées que nous appliquons pour établir la choséité du
monde.
Pour ceux qui objectent que cela conduirait à de la pseudo-science
approximative, l'évidence suggère le contraire, comme le prouvent l'expérience
et les réalisations de McClintock. Comme le montre John Briggs dans son livre,
Fire in the Crucible, on peut dresser une longue liste de grands noms de la
science qui attribuent leurs intuitions extraordinaires à des moments où le
sentiment d'identité fut temporairement abandonné.18 Ils oublièrent qui ils
étaient et où ils étaient. Ils partirent ailleurs - dans une rêverie, dans des rêves,
dans une absence mentale - et l'idée clé leur apparut de manière inattendue,
comme une épiphanie, une révélation, une dissolution des limites entre ce
monde et l'autre.
QUAND LE MOI DISPARAÎT : LE PARCOURS DE SUZANNE SEGAL
Mais ce n’est pas toujours aussi simple.
Comme l'a dit Bouddha, "des événements se produisent, des actes sont
accomplis, mais il n'y a pas d'auteur individuel de ces actes". Bien que l'objectif
de nombreuses traditions spirituelles soit de transcender l'auteur individuel
illusoire, une expérience d'absence de soi n'est pas toujours plaisante.
Un jour de 1982, Suzanne Segal, une Américaine de 27 ans vivant à Paris, monta
dans un autobus et se retrouva subitement, sans avertissement, dépourvue
d'ego et de tout sentiment d'identité personnelle. Voilà comment elle décrivit
son expérience : " Je levai le pied droit pour grimper dans le bus et j'entrai en
collision frontale avec une force invisible qui s'introduisit dans ma conscience, à
l’instar d’un bâton de dynamite explosant silencieusement, soufflant la porte de
ma conscience habituelle, la faisant sortir de ses gonds, me séparant ainsi en
deux. Dans l'espace béant apparaissant, ce que je nommais jusque-là "moi" fut
puissamment projeté en dehors de son emplacement habituel, à l'intérieur de
moi, vers un nouvel emplacement situé à environ 30 centimètres à l’arrière et à la
253
gauche de ma tête. Je me situais maintenant derrière mon corps, en
contemplant le monde sans utiliser les yeux du corps."19
Lorsqu’elle ouvrit les yeux, le lendemain matin, le sentiment d'être sans identité
était encore là. Son esprit "débordait d'inquiétude". Était-ce une psychose ? De
la schizophrénie ? Cela allait-il partir ? Effrayée et confuse, elle se noyait dans un
tourment mental. Elle n'était plus certaine d'être saine d'esprit. Elle avait
l'impression que son propre nom ne se rattachait plus à personne.20 Elle avait
l'impression que son "... corps, que son esprit, ses paroles, ses pensées et ses
émotions étaient tous vides ; qu’ils n'avaient plus de propriétaire, plus personne
derrière eux."21 Pendant des années, elle consulta toute une série de thérapeutes
pour tenter de donner un sens à ce qui s'était passé. Le diagnostic officiel était
un ‘’trouble de la dépersonnalisation’’.
Segal n'était pas une néophyte. Bien des années avant le "choc de l'arrêt de bus’’,
elle avait été une chercheuse spirituelle sincère, adepte de la méditation et des
retraites, mais elle avait cessé ces pratiques. Elle finit par se tourner vers des
enseignants spirituels de la communauté bouddhiste californienne pour obtenir
de l'aide. A la suite de la diffusion de son histoire, elle reçut des lettres de
félicitations de la part de nombreux maîtres spirituels, tant orientaux
qu'occidentaux. Selon eux, elle était spontanément entrée dans l'état d'absence
d'ego que de nombreux chercheurs spirituels s’efforcent d'atteindre. L’une des
lettres qu'elle reçut de la part d'un célèbre gourou indien disait : " Quelle
expérience merveilleuse ! Elle doit rester éternellement avec vous. C'est la liberté
parfaite. Vous avez atteint moksha, l'état des sages réalisés."22
Après la perte de son sentiment d'identité, Segal réussit à rester très
fonctionnelle. Elle décrocha un doctorat en psychologie. Elle approfondit ses
connaissances sur les caractéristiques psychologiques de la dépersonnalisation,
de la déréalisation et de la dissociation. Lorsque son autobiographie, Collision
with the Infinite, fut publiée en 1996, elle entreprit de faire des présentations
publiques et elle commença à animer des groupes de dialogue hebdomadaires.
Douze ans après sa rupture initiale avec son moi, Segal entra dans une autre
phase de son expérience, qui impliquait un sentiment d'unité avec tout le reste.
254
Voici ce qu'elle écrivit : "Au milieu d'une semaine particulièrement
mouvementée, je roulais vers le nord pour rencontrer des amis, lorsque je pris
soudainement conscience que je roulais en moi-même. Pendant des années, il
n'y avait plus eu de moi du tout, mais ici, sur cette route, tout était moi, et je
roulais en moi pour arriver où j'étais déjà. Essentiellement, je n'allais nulle part,
car j'étais déjà partout. Ce vide infini que je me savais être m'apparaissait
maintenant comme la substance infinie de tout ce que je voyais."23 Segal avait
accédé à un état de conscience non-locale. Cela dura deux ans.
Les symptômes antérieurs et les vieilles peurs réapparurent, mais cette fois avec
plus d'intensité qu'auparavant, et ils devinrent psychologiquement
problématiques. En février 1997, à l'âge de 42 ans, elle déclinait mentalement et
physiquement. Elle fut hospitalisée et ses médecins découvrirent une tumeur
cérébrale maligne. Elle mourut deux mois plus tard. On ignore toujours dans
quelle mesure sa tumeur cérébrale a pu contribuer à ses expériences ou si elle a
joué un rôle quelconque.
En psychologie transpersonnelle, on dit qu'avant de transcender la personne, il
faut d'abord en être une, et qu’avant de transcender l'ego, il faut d'abord en
avoir un. Le message, c’est que les premières étapes fondamentales de la
maturation psychologique ne peuvent pas être court-circuitées ou contournées
sans risque. Faire autrement, c'est comme essayer de courir sans avoir d'abord
appris à marcher. Certains indices suggèrent que ce type de problème a pu
affecter Segal. Durant les derniers mois de sa vie, elle découvrit des souvenirs
d'abus subis pendant son enfance. Pour autant, personne ne peut prétendre
comprendre parfaitement la psyché de cette femme attachante, complexe et
magnifique.
Suzanne Segal fut une exploratrice courageuse de la vie intérieure. Elle mit son
âme à nu pour que d'autres puissent apprendre de son expérience. Son héritage
continue d'inspirer des milliers de personnes. Son parcours nous rappelle
sobrement que le "dépassement de soi" n'est parfois pas aussi béat, comme on
l'imagine souvent, et que les voies spirituelles qui encouragent un tel
dépassement de soi ne sont pas pour les mauviettes.24
255
Incidemment, je n'ai jamais été à l'aise avec les suggestions d'après lesquelles
l'expérience négative de Segal de n'être personne serait le résultat de
traumatismes enfouis dans son passé. Je peux me tromper, mais il y a un
soupçon de désespoir dans ce raisonnement, ainsi qu'un soupçon de
culpabilisation de la victime. Il me semble qu'il serait beaucoup plus honnête de
simplement dire que cet abandon de soi n'est pas une garantie de bonheur
émotionnel. Il est simplement purement ce qu'il est.
Cette perspective d’acceptation de l'expérience vécue selon ses propres termes
est illustrée dans l'allégorie taoïste des goûteurs de vinaigre, qui se déroule au
6ème siècle avant J.-C. Confucius, Bouddha et Lao Tseu, le fondateur du taoïsme,
se tiennent autour d'une cuve de vinaigre et trempent chacun un doigt dans le
vinaigre et le mettent en bouche. "Plutôt aigre !", commenta Confucius. "Amer !",
rétorqua Bouddha. "Juste authentique !", conclut Lao Tseu. Les disciples de Lao
Tseu ont peut-être inventé ce scénario à des fins promotionnelles. Quoi qu'il en
soit, la réponse de Lao Tseu est généralement interprétée comme signifiant que
les expériences désagréables ou déplaisantes de la vie ne doivent pas être
aseptisées, ignorées, ni intellectualisées, mais considérées comme faisant partie
du flux naturel de la vie.
L’ORDINAIRE EST L’EXTRAORDINAIRE
Les connexions intimes entre individus par la voie de l'Esprit universel sont
souvent associées à des phénomènes extraordinaires, tels que la connaissance à
distance, la connaissance d'événements avant qu'ils ne se produisent, la
communication à distance entre personnes, etc. J'ai connu de nombreuses
personnes qui étaient fascinées par ces phénomènes et qui s'efforçaient de les
manifester dans leur propre vie, comme s’ils étaient d'une suprême importance.
Pourtant, les grandes traditions spirituelles mettent l'accent sur l'ordinaire, la
discrétion et la simplicité. Les feux d'artifice spirituels sont généralement
considérés comme des distractions. À titre d'exemple, on peut citer sainte
Thérèse d'Ávila qui, dans une lettre écrite en janvier 1577, déclarait : "J'ai encore
eu des extases. C'est très embarrassant. Plusieurs fois en public... pendant
256
Matines, par exemple. J'ai tellement honte que j'ai juste envie de me cacher
quelque part !25
Un étudiant du bouddhisme zen rapporta à son maître que pendant sa
méditation, il avait eu des visions de Lumière et de la véritable bouddhéité. Le
maître répondit sobrement : " Continuez de méditer. Cela passera."26
Dans une histoire similaire, le maître zen Joshu annonça un jour que le jeune
moine Kyogen avait atteint l'état d'Eveil. Très impressionnés par cette nouvelle,
plusieurs de ses pairs allèrent lui parler. "Nous avons entendu dire que tu étais
éveillé. Est-ce vrai ?", lui demandèrent ses condisciples. "Oui, c'est vrai", répondit
Kyogen. "Dis-nous comment tu te sens", dit l'un de ses amis. "Toujours aussi
pauvre", répondit le très éclairé Kyogen.27
Les personnes qui suivent une voie spirituelle prennent souvent conscience de la
préciosité de l'instant présent. Ainsi, Adair Lara, auteure, journaliste et
enseignante, remarqua : "Et certains, comme moi, commencent tout juste à
estimer la puissante religion de la vie ordinaire, une spiritualité marquée par des
sols fraîchement lavés, de la vaisselle empilée et des vêtements séchant sur le
fil."28
Néanmoins, même l'ordinaire peut s'avérer trompeur. Si l'ordinaire est érigé
comme une fin en soi, il peut être aussi tyrannique que le désir d'extraordinaire.
C'est l'équilibre qui compte, la volonté d'accepter, sans juger, tout ce qui arrive,
parce qu’on sent l’adéquation sous-jacente de toutes choses. C'est ce
qu'illustrent l'enseignement du zen, selon lequel "établir des distinctions est la
maladie de l'esprit", et l'identité paradoxale de Jésus, qui est à la fois l'Alpha et
l'Oméga, le premier et le dernier. Comme le disait Maître Eckhart, ce prédicateur
provocant de l'Allemagne du 14ème siècle, "Tout loue Dieu. Les ténèbres, les
privations, les imperfections,, le mal aussi louent Dieu et Le bénissent."29 Paul
Tillich, un des théologiens chrétiens les plus respectés du 20ème siècle, souscrivait
à ce paradoxe en disant : "Dans son sens originel, la notion de sainteté englobe
autant le divin que le diabolique....L'auto-affirmation de l'Être sans le non-être ne
serait même pas une auto-affirmation, mais une auto-identité fixe et immuable.
Rien ne serait manifesté, rien ne serait exprimé, rien ne serait révélé.... Sans le
257
négatif que Dieu doit surmonter en Lui-même et dans ses créatures, son autoaffirmation positive resterait lettre morte. Il n'y aurait pas de vie... "30 Florence
Nightingale, la fondatrice des soins infirmiers laïques modernes, était une
femme profondément spirituelle, qui comprenait ces subtilités. ‘’Tout le monde
nous dit que l'existence du mal est incompréhensible, alors que je crois qu'il est
beaucoup plus difficile - voire impossible - de concevoir l'existence de Dieu (ou
même d'un homme bon) sans le mal. Le bien et le mal sont des termes relatifs, et
aucun n'est intelligible sans l'autre’’31, dit-elle.. Jung partageait cet avis. "La
personne entière", disait-il, "est celle qui a à la fois marché aux côtés de Dieu et
lutté contre le diable."32
Cette ambiguïté sans concession est exigeante, et c'est l'une des raisons pour
lesquelles les voies spirituelles ésotériques n'ont jamais été aussi populaires que
les certitudes réconfortantes en noir et blanc de la plupart des religions. Mais
pour ceux qui pénètrent ces enseignements, il n'y a pas de retour en arrière
possible.
En outre, il ne s'agit jamais d'opposer l'Esprit universel à l'esprit individuel, ou le
collectif au personnel. On ne parle pas de contre, mais d’avec. Les opposés se
complètent, se définissent, s’éclairent et se stimulent mutuellement. Ainsi que le
disait ce grand enseignant du zen que fut Alan Watts : "Le grand principe de la
métaphysique est le suivant : tout intérieur a un extérieur, et tout extérieur a un
intérieur."33 "Après l'extase, la lessive", dit mon aphorisme favori. Tout comme le
divin valse avec le terrestre, l'Esprit universel danse avec l'esprit individuel.
258
CHAPITRE 24 : L’ESPRIT UNIVERSEL EST-IL DIEU ?
Quelle œuvre que l'homme !
Si noble dans sa raison,
Si infini dans ses facultés,
Si expressif et si admirable dans sa forme et dans ses mouvements,
Si semblable à un ange dans ses actions,
Si semblable à un dieu dans son appréciation.
- William Shakespeare, Hamlet, Acte 2, Scène 2
Ce qui atteste que Dieu est en moi, me rend fort.
Ce qui tend à faire ressortir que Dieu se situe en dehors de moi,
Me rend pareil à une verrue et de la vermine.1
-
Ralph Waldo Emerson
L'idée de l'Esprit universel, dont font partie intégrante tous les esprits individuels,
conduit naturellement à la question suivante : l'Esprit universel est-il Dieu ?
Si l'Esprit universel est la source de toutes les informations connues et
connaissables, alors Il est omniscient. L'omniscience est une caractéristique
généralement attribuée au Divin. Et si l'Esprit universel est non local - non
localisé dans des points spécifiques de l'espace, tels que des cerveaux ou des
corps, et non confiné dans des points spécifiques du temps, tels que le présent -,
alors Il est omniprésent et éternel. L'omniprésence et l'éternité sont également
des caractéristiques généralement attribuées à Dieu, l'Absolu, le Divin, le Tout.
L'Esprit universel non local implique donc la prémisse inévitable que nous
partageons des caractéristiques communément réservées à Dieu. Est-ce
pourquoi Jésus a déclaré : "N'est-il pas écrit dans votre loi : J'ai dit : Vous êtes des
dieux "2 et "Le royaume de Dieu se situe au-dedans de vous "3 ? Et pourquoi les
anciennes Upanishads de l'Inde proclament Tat tvam asi, "tu es Cela" ?
L'idée d'une divinité intérieure n'est pas très bien accueillie dans les cultures
occidentales. Nos religions dominantes nous assurent que nous naissons en tant
que pécheurs indignes, condamnés à la perdition, à moins d'être rachetés par un
acte salvateur. Revendiquer notre divinité naturelle, plutôt que de reconnaître
notre indignité naturelle est considéré comme un blasphème. Les personnes qui
revendiquèrent une telle prise de conscience l'ont souvent payé de leur vie. On
peut citer l'exemple de Maître Eckhart dans l'Allemagne du 14ème siècle. Eckhart
prêchait à ses fidèles : "S'il est vrai que Dieu s'est fait homme, il est aussi vrai que
l'homme s'est fait Dieu....". Là où Je suis, il y a Dieu, et là où Dieu est, Je suis....
Voir Dieu pareillement en toute chose, c'est être un homme... "4 Ce genre de
discours attira les foudres de l'Inquisition, qui fondit sur Eckhart avec férocité.
Cet homme doux et compatissant fut condamné pour hérésie, et il aurait
probablement été brûlé sur le bûcher s'il n'était pas mort avant la fin de son
procès.
L’un des témoignages les plus éloquents des temps modernes sur l'union du
divin et de l'humain en un seul Esprit est celui du physicien Erwin Schrödinger,
lauréat du prix Nobel de physique. Pour lui, "la Conscience est un singulier, dont
le pluriel est inconnu ; ... il n'y a qu'une seule chose et ce qui semble être une
pluralité n'est qu'une série d'aspects différents de cette seule chose, produite
par une supercherie (la maya indienne) ; la même illusion se produit dans une
galerie de miroirs ... "5 Pour Schrödinger, cet Esprit universel singulier, c'est Dieu.
Sans aucun équivoque. Dans l'Esprit universel, les humains ne sont pas "comme"
Dieu ou "semblables" à Dieu. Ils sont Dieu. Schrödinger était conscient de la
controverse théologique que cela suscitait :
Dans la terminologie chrétienne, dire : "Je suis donc Dieu tout-puissant"
semble à la fois blasphématoire et insensé. Mais ne tenez pas compte de
telles connotations, ici.. En soi, l'idée n'est pas neuve. À ma connaissance,
les premières traces remontent à 2 500 ans ou plus. Dans les premières
grandes Upanishads, la reconnaissance que l'Atman = Brahman (le Soi
personnel égale le Soi éternel omniprésent et omnipénétrant), loin d’être
blasphématoire, était considérée dans la pensée indienne, comme la
quintessence de l'intuition la plus profonde par rapport aux événements
qui se produisent dans le monde. Après avoir appris la prononciation
260
orale, tous les adeptes du Vedanta s'efforçaient d'assimiler dans leur
esprit cette pensée la plus grandiose qui soit.
Par ailleurs, les mystiques de nombreux siècles, indépendamment les uns
des autres, mais en parfaite harmonie ... ont chacun décrit l'expérience
unique de leur vie en des termes condensable en cette phrase : Deus
factus sum (je suis devenu Dieu).
Pour l'idéologie occidentale, une telle pensée est restée étrangère, malgré
Schopenhauer et d'autres qui l'ont défendue, et des vrais amoureux qui,
en se regardant dans les yeux, prennent conscience que leur pensée et
leur joie sont numériquement une, et pas simplement semblables ou
identiques ...
Une goutte d'eau dans l'océan ne fait qu'un avec l'océan tout entier en termes
de composition chimique, mais pas en termes de volume et de puissance. De
même, un être humain peut être identique à l'Absolu à certains égards, mais pas
à d'autres. Jusqu'où va notre unité avec le Divin par l'intermédiaire de l'Esprit
universel ?
La réintégration de l'humain et du divin est le thème de la "philosophie
éternelle", popularisée par l'excellent livre du même nom d'Aldous Huxley.
(Huxley reconnaissait que c'était Leibniz qui avait inventé l'expression
‘’philosophia perennis’’’). La philosophie éternelle, écrivit Huxley, est...
la métaphysique qui reconnaît une Réalité divine substantielle au monde
des choses, des vies et des esprits ; la psychologie qui trouve dans l'âme
quelque chose de semblable, voire d'identique, à la Réalité divine ;
l'éthique qui place la finalité de l'homme dans la connaissance du Fond
immanent et transcendant de tout ce qui existe.6
Personne n'a mieux décortiqué le lien entre l'humanité et le divin que le
philosophe des religions, Huston Smith dans ses livres, Forgotten Truth : The
Primordial Tradition et Beyond the Post-Modern Mind. Dans l'optique de
donner un sens à l'identité Dieu-homme que Schrödinger et Huxley exprimèrent
261
avec tant de force, Smith utilise le concept de la hiérarchie, qui n’est qu’un
moyen de classer des choses en fonction d'un certain critère. "La hiérarchie est
un vilain mot", disait le romancier Arthur Koestler, qui croyait pourtant à son
importance. "Chargé d'associations ecclésiastiques et militaires, il donne à
certains l'impression erronée d'une structure rigide ou autoritaire. Cela dit, les
hiérarchies sont omniprésentes dans le monde naturel, poursuivit Koestler, "qu'il
s'agisse de systèmes inanimés, d'organismes vivants, d'organisations sociales ou
de modèles de comportement."7 (Pour minimiser la résistance évoquée par le
concept d'une hiérarchie verticale à échelons supérieurs et inférieurs, un autre
moyen de représenter ces rapports est la hiérarchie "imbriquée", que l’on
représente comme un arrangement de cercles concentriques, avec l’élément le
plus ‘’basique’’ au centre et les éléments ‘’plus développés’’ occupant des cercles
successifs vers la périphérie. L'abandon de l'échelle verticale au profit de cercles
concentriques traduit plus efficacement le ‘’rapport avec’’ que le "pouvoir sur’’).
Smith trouve inestimable le concept de la hiérarchie pour répondre à la question
du rapport entre l'homme et Dieu. Il s'agit globalement d'une question d'être.
Pour lui, "la réalité est graduelle ; l'être se développe avec les niveaux qui
s'élèvent". L’ascension est utilisée ici au sens figuré, bien sûr. Il ne s'agit pas
d'une ascension littérale, ni d'un déplacement spatial quelconque."8 Smith sait
qu'il s'engage sur un terrain délicat en évoquant un tel concept. "Bien qu'il ait
été banal au point d'être universel dans le passé, [l'être] est [...] très difficile à
saisir pour la conscience moderne. Que peut signifier le fait de dire que X est
plus que Y ou plus réel ? ... Être plus réel, c'est avoir plus de propriétés d’’être9.
Selon Smith, six de ces propriétés sont (1) le pouvoir, (2) la durée, (3) le lieu, (4)
l'unité, (5) l'importance et (6) la valeur10.
L'unité et l'unicité impliquent des gradations dans ces propriétés d'être. Une
goutte d'eau peut se fondre et ne faire plus qu'un avec l'océan tout entier, mais
comme nous l'avons mentionné, elle diffère de l'océan en termes de puissance,
de localisation et d'importance. De même, un esprit individuel peut se fondre
non localement dans l'Esprit universel, mais en différer, notamment en termes de
puissance. Comme le déclara le sage hindou Shankara au 8ème siècle :
262
Même s'il n'y a aucune différence, je relève de Toi,
Mais Toi, Seigneur, Tu ne relèves pas de moi ;
La vague relève de la mer, en vérité,
Mais la mer ne relève pas de la vague.11
Le livre acclamé du philosophe de Harvard, Arthur O. Lovejoy, The Great Chain of
Being (La grande chaîne de l'être), traite gracieusement de ces distinctions. Il a
montré que la continuité et l'unité du monde constituaient un spectre graduel
hiérarchisé, ce qu'Aristote appelait la scala naturae. Il écrivit :
Le résultat, ce fut la conception du plan et de la structure du monde que,
tout au long du Moyen Âge et jusqu'à la fin du 18ème siècle, de nombreux
philosophes, la plupart des hommes de science et, en fait, la plupart des
hommes instruits, accepteront sans discussion - la conception de l'univers
comme une "Grande Chaîne de l'Être", composée d'un nombre immense,
ou... infini... de maillons allant, hiérarchiquement, de l'espèce la plus
modeste d'existence... à l'ens perfectissimum... en passant par "tous les
degrés possibles"....12
L’ignorance des gradations de l'être peut entraîner ce que l'on a appelé une
"erreur de catégorie", où des choses d'un certain ordre sont présentées comme
relevant d'un autre ordre ou lorsqu'une propriété est attribuée à quelque chose
qui ne peut pas avoir cette propriété.13 Des exemples que l’on utilise souvent
sont l’assimilation du menu avec le repas ou d’une carte avec le territoire.
Comme exemple qui se fait passer pour de la science, il y a l'assimilation de la
conscience non matérielle au cerveau matériel. Un autre exemple
précédemment évoqué consiste à dire qu'une seule goutte d'eau est identique à
l'océan sans restriction. Une erreur similaire se produit, lorsque nous disons que
l'esprit d'un individu est identique à l'Esprit divin, sans prêter attention aux
gradations d'être, telles que celles mentionnées par Huston Smith.
Le théoricien intégral et auteur Ken Wilber parle d'une erreur analogue qu'il
appelle la confusion pré/trans. Cette confusion se produit lorsque, par exemple,
nous mettons sur un pied d'égalité des niveaux "supérieurs" et "inférieurs" de
réalisation psychospirituelle. Wilber pense que Freud était ''coupable'' d'une
263
confusion pré/trans en assimilant la réalisation mystique de l'unité avec le Divin
à une régression dans des états infantiles d'unité océanique. Il suggère que Jung
commit involontairement la même erreur, mais dans l'autre sens, en ne sachant
pas distinguer certaines formes mythiques primitives primordiales de la
réalisation divine réellement archétypique, ce qui poussa Jung et ses disciples
dans "la situation extrêmement inconfortable de devoir considérer les
archétypes comme étant à la fois très primitifs et très divins", écrivit Wilber. Les
thérapeutes jungiens sont contraints tour à tour, selon Wilber, "de vénérer les
archétypes et de trembler en leur présence, puisque leurs "archétypes" - qui sont
en fait un mélange d'archétypes réels et de formes mythiques très primitives –
oscillent/alternent entre la splendeur transrationnelle et le chaos prérationnel".
Bien que Wilber se considère comme un jungien à bien des égards, il estime
qu'en la matière, "les théories de Jung ont grand besoin d'être révisées."14
Wilber pense que les archétypes divins constituent une traction transcendante
plutôt qu'une poussée primitive par derrière. C'est là, écrivit-il, que la psychiatrie
moderne s'est égarée. "Je n'ai pas vraiment besoin de mentionner’’, dit-il, "la
confusion que les analystes et les psychologues orthodoxes commettent
habituellement ; ils prennent des éléments véritablement archétypiques et les
présentent comme des exemples parfaits de cognition infantile ou mythique (ou
magique) régressive."15
Alors, peut-on faire confiance aux affirmations comme quoi on a accédé à
l'Esprit universel, on a fait l'expérience d'une connexion divine ? Comment savoir
si toutes ces affirmations ne sont pas une formidable erreur de catégorie ou
confusion pré/trans ? La schizophrénie et la folie sont réelles. Mais la réalisation
mystique de l'union divine, de la fusion avec l'absolu, de la citoyenneté de
l'Esprit universel l'est tout autant, disent de nombreux chercheurs. Dans son style
inimitable, Wilber s'attarda sur ces questions dans son livre, Une brève histoire
de tout :
Les mystiques et les sages sont-ils fous ? ... Ils racontent tous la même
histoire de s'éveiller un matin pour découvrir que l'on ne fait qu'un avec le
Tout, d'une manière intemporelle, éternelle et infinie.
264
C'est au moins plausible. Et dites-moi : cette histoire chantée par les
mystiques et par les sages du monde entier est-elle plus folle que l'histoire
du matérialisme scientifique, suivant lequel toute la séquence est une
fable racontée par un illuminé, pleine de bruit et de fureur, et qui ne
signifie absolument rien ?... Laquelle de ces deux histoires semble
vraiment complètement dingue, au juste ?
…Et je pense que les sages indiquent la même profondeur en vous et en
moi et en chacun d’entre nous. Je pense qu'ils sont branchés sur le
Tout…Votre identité est effectivement le Tout, et vous ne faites plus partie
intégrante de ce courant, vous êtes ce courant; et le déploiement du Tout
ne se fait pas autour de vous, mais en vous.16
Ainsi, à la question de savoir si l'Esprit universel est Dieu, nous pouvons
répondre : "Non, mais..." Il y a des différences profondes entre ces deux
dimensions de l'Esprit universel des humains et de l'Absolu, comme le souligna
Huston Smith. D'où l'ancien principe suivant lequel "le supérieur comprend
l'inférieur, mais l'inférieur ne comprend pas le supérieur". Ignorer de telle
différences peut conduire à l'inflation de l'ego et à un orgueil démesuré.
Néanmoins, les similitudes sont réelles et ne devraient pas être minimisées.
Nous partageons des qualités avec le Divin, tout comme la simple goutte d'eau
de l'océan est une version réduite de l'océan lui-même. Ignorer ces similitudes
peut renforcer l’idée désolante que nous sommes des créatures méchantes,
iniques et errantes dès la naissance. Comme dans la plupart des domaines,
l'équilibre est la clé.
L'expérience Deus factus sum de Schrödinger - "Je suis devenu Dieu" - devrait
s'accompagner d'un avertissement : ce genre de déclaration peut s’avérer
dangereux pour la santé. Les raisons furent données par Schrödinger lui-même :
elle "semble à la fois blasphématoire et insensée."
Mansur al-Hallaj (app. 858-922) était écrivain et enseignant du soufisme, la
tradition ésotérique et mystique de l'islam. De nombreux maîtres soufis
estimaient que les idées mystiques ne devraient pas être partagées avec les
masses, mais al-Hallaj lui les proclamait. C'est là que la controverse autour de lui
265
enfla. Il commença à se faire des ennemis. Pour ne rien arranger, il tombait
parfois en transe, ce qu'il attribuait à la présence de Dieu. Au cours de l'une
d'elles, il proclama : "Je suis la Vérité", ce qui fut interprété comme signifiant qu'il
prétendait être Dieu, puisque "la Vérité" est l'un des quatre-vingt-dix-neuf noms
d'Allah dans l'islam. Un jour, il déclara également : "Il n'y a rien d'autre que Dieu
d'enveloppé dans mon turban." Il montrait également son manteau, en disant :
"Il n'y a rien d'autre que Dieu dans mon manteau." Il était clair qu'il croyait en
l'union complète avec le Divin, que Dieu résidait en lui, et que lui et Dieu
n'étaient pas semblables, mais qu'ils étaient devenus une seule et même chose.
Il appelait Dieu son seul Soi. Ces déclarations lui valurent d'être emprisonné.
Avant son exécution, il demanda à ses coreligionnaires de le tuer, en disant que
l'important pour l'extatique est que l'Unique le réduise à l'unité. Il devait savoir
ce qui allait se passer. Au bout de dix ans d'emprisonnement, il fut condamné à
mourir. Son exécution publique fut un exemple de la férocité que peut susciter la
revendication de l'identité divine. Il fut conduit à la potence au milieu des
railleries, quant à son identité de Dieu, et il reçut 500 coups de fouet. Sa
flagellation fut interrompue avant sa mise à mort pour qu'il puisse apprécier ce
qui allait suivre. Al-Hallaj fut alors découpé en morceaux. Ses bras, ses jambes, sa
langue et finalement sa tête furent tranchés. Même décapité, on dit qu'il souriait.
Le lendemain, son tronc fut brûlé ; le surlendemain, ses cendres furent jetées au
vent. Sa tête fut accrochée au mur de la prison, puis transportée dans les
quartiers environnants afin de dissuader les fauteurs de troubles.17 6
Des tas de personnes ont senti l'affinité de tous les humains avec l'Unique, mais
sans aller aussi loin qu'al-Hallaj. Par exemple, un jeune journaliste effronté
demanda un jour à Mère Teresa : "Êtes-vous une sainte ?" Elle lui enfonça un
doigt osseux dans la poitrine et lui répondit : "Oui, tout comme vous !"7
Maître Eckhart se montra moins réservé, en déclarant : "L'œil par lequel je vois
Dieu est le même que celui par lequel Dieu me voit. Mon œil et l'œil de Dieu
6
Sur le même thème, on pourra trouver sur Partage-pdf.webnode.fr dans la section des articles :
• La vérité qui dérange : sommes-nous prêts à l’accepter et à la vivre ? – Aravind Balasubramanya,
NDT.
7
Sur le même thème, on trouvera sur Partage-pdf.webnode.fr dans la section des articles :
• Chaque saint a un passé, et chaque pécheur (ou pêcheur !) un avenir… -- Aravind Balasubramanya,
NDT.
266
sont un seul et même œil : une seule et même vision, une seule et même
connaissance, un seul et même amour."18
Plotin n'était certainement pas en reste. Il y a près de deux millénaires, il écrivit :
"Sans doute ne devrions-nous pas parler de voir, mais plutôt que de vu et de
voyant, parler hardiment d'une simple unité. Car dans cette vision, on ne fait pas
de distinction et il n'y a pas deux. L'homme ... se confond avec le Suprême ... ne
fait qu'un avec lui."19
Al-Hallaj aurait abondé dans le même sens.
267
CHAPITRE 25 : DÉGAGER LA SERRURE DE CE QUI
L’ENCOMBRE
Lumière céleste,
Rayonne en moi et illumine toutes les facultés de mon esprit,
Confère lui la vision, dissipe et disperse tout le brouillard qui y stagne,
Afin que je puisse voir et parler des choses invisibles à la vue des mortels.
-
John Milton1
On est des "voyeurs qui regardent par le trou de la serrure de l'éternité", d'après
le romancier, Arthur Koestler. "Mais on peut au moins tenter de dégager la
serrure, qui bloque même notre vision limitée."2 Ainsi, tout au long de l'histoire,
les hommes ont utilisé une variété étonnante de méthodes pour éliminer le filtre
du cerveau et pour intensifier ce qu'Aldous Huxley qualifiait de "maigre filet de
conscience".
James Merrill, lauréat du prix Pulitzer et l'un des plus grands poètes américains
du 20ème siècle, se servait d'une planche Ouija, avec le concours de son ami de
longue date, David Jackson. "La planche avance à un rythme soutenu, peut-être
600 mots à l'heure", précisa Merrill. Par ce moyen, Merrill communiquait avec
des amis décédés et des esprits "d'un autre monde", selon lui. Les messages
étaient transcrits, lettre par lettre, puis Merrill remaniait et réécrivait les
transcriptions. Lorsqu’on lui demanda s'il aurait pu écrire ses grands poèmes
sans l'aide de ce système, il répondit : "Il semblerait que non". Comment le
processus fonctionnait-il ? "On pourrait considérer le système comme un
mécanisme qui permet de temporiser'', expliqua Merrill. ‘’Il permet d'étaler dans
le temps et tout ce vocabulaire ce qui aurait pu parvenir en un éclair à un saint
ou à un illuminé. Compte tenu de la quantité de détails et de mes propres
limites, c'était sans doute la méthode la plus efficace.... Cela m'a fait réfléchir à
deux fois sur l'imagination.... Victor Hugo disait de ses voix qu'elles étaient
comme ses propres forces mentales multipliées par cinq."3
William Butler Yeats employa une méthode inhabituelle pour intensifier son
maigre filet de conscience, ce qui se traduisit par l’une des poésies et proses les
plus inspirées du 20ème siècle. Dans Une Vision, il constata que sa "poésie récente
avait gagné en assurance et en puissance." Yeats expliqua qu'il devait ce
changement dans son travail à "une expérience incroyable", qui se déroula le 4
octobre 1917, lorsque sa femme, Georgie Hyde-Lees, le surprit en s'essayant à
l'écriture automatique. Le philosophe Michael Grosso décrivit la scène en ces
termes : "Des propos profonds et passionnants furent formulés, et un - ou des
auteurs inconnus - déclarèrent : " Nous sommes venus vous offrir des
métaphores poétiques." C'est ainsi que débuta un extraordinaire partenariat
créatif que Yeats poursuivit avec sa femme pendant trois ans... Le texte était le
produit d'un effort commun, les transcendant tous les deux, qui étaient plus
comme des secrétaires de l'entité psychologique qu'ils produisaient
conjointement." Au total, une cinquantaine de cahiers d'écriture automatique
furent rédigés, dont Yeats s'inspira pour produire certaines de ses œuvres les
plus majestueuses.4
UN ARTISTE ATYPIQUE
Certains des exemples les plus spectaculaires de l'utilisation d'états modifiés de
conscience pour contourner le mécanisme de filtrage du cerveau sont observés
dans ce que l’on appelle l'"art outsider", qui inclut "les œuvres d'enfants, de
primitifs, de personnes incarcérées, de personnes âgées, l'art populaire, l'art
brut, l'art psychotique et, d'une manière générale, toutes les formes d'art et de
création d'images émanant de personnes non instruites, culturellement
démunies, isolées et marginalisées."5
Le cas d'Adolf Wölfli (1864-1930), schizophrène paranoïaque interné pendant la
majeure partie de sa vie, est un exemple frappant. Ayant grandi dans la pauvreté,
victime d'abus physiques et sexuels pendant son enfance et devenu orphelin à
l'âge de dix ans, Wölfli était prédisposé aux actes violents et aux agressions
sexuelles. Il passa une grande partie de sa vie en isolement à la clinique de la
Waldau à Berne, en Suisse, un hôpital psychiatrique.
269
En 1899, alors qu'il était hospitalisé, il se mit spontanément à écrire et à dessiner.
Walter Morgenthaler, médecin à la clinique de la Waldau, reconnut le caractère
unique et la qualité des dessins de Wölfli et il lui consacra un livre en 1921, qui le
fit connaître pour la première fois au monde de l'art.
La production de Wölfli était énorme. Comme le releva Michael Grosso, "de 1908
à 1930, il entreprit une œuvre monumentale, mélange d'histoire personnelle
authentique et de fantaisie cosmique, un ensemble soigneusement unifié,
agrémenté de poèmes en prose, d'illustrations et de compositions musicales."
Ce fou mentalement inadapté laissa derrière lui 45 volumes, 16 cahiers, soit
25 000 pages bien remplies, ainsi que des centaines de dessins qui sont
aujourd'hui accrochés à côté de l'œuvre de Paul Klee, en Suisse."6 Son succès est
d'autant plus étonnant qu'il n'avait accès qu'au strict nécessaire. Il échangeait
souvent des petites œuvres avec ses visiteurs pour obtenir des crayons, du
papier et d'autres matériaux. Morgenthaler indiqua :
Chaque lundi matin, Wölfli reçoit un nouveau crayon et deux grandes
feuilles de papier journal non imprimé. Le crayon est déjà usé en deux
jours, et il doit alors se contenter des bouts de crayon qu'il a gardés ou de
ce qu'il peut demander à quelqu'un d'autre. Il écrit souvent avec des
moignons de cinq à sept millimètres de long et même avec des bouts de
mine cassés qu'il manipule avec doigté en les tenant entre ses ongles. Il
collecte soigneusement le papier d'emballage et tout autre papier qu'il
peut glaner auprès des gardiens et des patients de son secteur, sans quoi
il serait à court de papier avant le prochain dimanche soir. À Noël, la
maison lui offre une boîte de crayons de couleur, qui lui permettent de
tenir deux ou trois semaines au maximum.
Wölfli inclut une notation musicale originale dans son art. Il s'agissait au départ
d'un effort purement décoratif, qui évolua ensuite vers de véritables
compositions, qu'il jouait sur une trompette fabriquée avec du papier. Ses
œuvres musicales suscitèrent beaucoup d’intérêt. On trouve des
enregistrements professionnels dans le commerce et des téléchargements
gratuits.7
270
Le surréaliste français André Breton considérait l'œuvre de Wölfli comme "l'une
des trois ou quatre œuvres majeures du vingtième siècle."8
Wölfli confia qu'il n'avait aucune idée sur la manière dont il y était parvenu.
D'une manière ou d'une autre, cet homme étonnant a réussi dans les conditions
les plus sommaire à transformer le maigre filet de conscience de son cerveau en
un torrent impétueux.
LES DAIMONS
Certaines personnes décrivent ce que l'on pourrait appeler dans la terminologie
d'aujourd'hui des assistants ou des coachs personnels qui guident leurs
décisions de manière invisible, derrière les rideaux de la conscience, en les aidant
à surmonter les contraintes quotidiennes imposées par le filtre cérébral.
Tout au long de sa vie, Socrate fut guidé par un daimon, une voix intérieure
intelligente, dans les petites comme dans les grandes affaires. "Ce qui rend
Socrate si extraordinaire, c'est qu'il semble avoir parfaitement fusionné son
intellect critique conscient avec son daimon subliminal", écrivit Grosso. "Chez la
grande majorité des êtres humains, ces deux éléments sont presque toujours
complètement dissociés et déconnectés, souvent à un coût émotionnel et
spirituel élevé."9
Le daimon, ou guide intérieur, a parfois sa propre voix, comme dans le cas de
Jeanne d'Arc, l'adolescente vierge qui guida la France dans sa lutte contre
l'Angleterre au cours de la guerre de Cent Ans. Jeanne fut guidée par des
messages subliminaux et des voix tout au long de sa brève vie. Parfois associées
à des lumières et à des visions de saints, ces voix commencèrent à s'adresser à
elle à l'âge de 13 ans, en lui disant de prier et de se rendre à l'église. Elles finirent
par la pousser à sauver la France et lui donnèrent des conseils en matière de
stratégie et de tactique militaires. Elle pouvait invoquer les voix en priant. Elles
l'accompagnèrent tout au long de la procédure judiciaire, quand ses accusateurs
l'inculpèrent de sorcellerie. Elles prédirent même l'heure exacte de sa mort.
271
Une intelligence plus profonde que le moi individuel et rationnel semble nous
attendre, si nous apprenons à y accéder. Parfois, elle semble nous rencontrer à
mi-chemin, sous la forme de guides, de daimons ou de voix. Dans d'autres cas,
comme chez Merrill et Yeats, les informateurs sont plus impersonnels.
Cette fusion de l'esprit individuel avec un Esprit supérieur est souvent vécue
comme une inspiration qui élève l'individu au-dessus des préoccupations
immédiates de l'existence ordinaire. L'intégrité dans la poursuite de l'objectif
devient plus importante que la vie même. Socrate affirmait ainsi que la mort en
martyr n'est pas une mauvaise chose. Lorsque Jeanne renonça provisoirement à
sa mission, ses voix l'incitèrent à revenir sur son renoncement. Les affaires
terrestres et la vie elle-même sont importantes, mais elles furent éclipsées par
des valeurs, un sens et un dessein plus élevés, révélés par une intelligence
supérieure.
Je ne veux pas dire que tous ceux qui entendent des voix et qui prétendent avoir
une ligne directe avec la sagesse supérieure ont accès à une source
d'information valable. La maladie mentale est une réalité. Je suggère toutefois
que des personnes comme Merrill et Yeats soient écoutées.
Où sont parties les voix ? Apparemment, elles sont toujours là, pour peu que l'on
veuille bien les écouter. Dans une enquête menée dans les années 1980 auprès
de 375 étudiants et portant sur les hallucinations auditives, 71 % des personnes
interrogées signalèrent qu'elles avaient eu des hallucinations vocales au cours
de l'état de veille. 30 % d'entre elles signalèrent des hallucinations auditives au
cours de l'endormissement et 14 % d’entre elles signalèrent des hallucinations
vocales au moment du réveil. Près de 40 % des personnes interrogées auraient
entendu appeler leur nom à l'extérieur. 11 % entendirent leur nom être
prononcé depuis le siège arrière de leur voiture, tandis qu'un pourcentage
similaire déclara avoir entendu Dieu parler "d'une voix réelle."10
Le fait que le terme "hallucination" soit utilisé dans des questionnaires de ce
genre indique le scepticisme profondément ancré dans notre culture à l'égard
de ces questions, mais des individus créatifs, comme Merrill et Yeats ne se
soucient guère de la manière dont les chercheurs décrivent la source de leur
272
inspiration. Leur expérience est-elle réelle ou imaginaire ? Provient-elle de leur
inconscient ou d'une autre dimension ? Ils ne s'embarrassent pas de ces
questions. Ce qui compte, c'est que le filtre est devenu poreux, que la valve de
régulation s'est ouverte au maximum et que le maigre filet de conscience s'est
transformé en un raz de marée.
L'Esprit universel n'est pas une banque d'informations cryptées qui ne serait
accessible qu'à un petit nombre. N'importe quel mot de passe fera l'affaire. Une
méthode d'accès telle que les voix ou les planches de ouija peut paraître
dérisoire, voire même rebutante pour certaines personnes qui préféreront
l'expérience de la rêverie, d'un coucher de soleil, d'un vers d'Emily Dickinson,
d'une tapisserie de Rebecca Bluestone ou de l'accord final étourdissant de la
chanson "A Day in the Life" des Beatles.
LA MALÉDICTION DU PRAGMATISME
Il n'y a pas de formules qui garantissent l’accès au domaine de l'Esprit universel.
Même quand des accessoires sont utilisés, comme avec Merrill et Yeats, l'accès
reste ce qu'il a toujours été - une question d'être et non de faire. On définit une
intention, puis on écarte le mental du chemin. C'est pourquoi les manifestations
les plus spectaculaires de l'Esprit universel – telles que les révélations, les
épiphanies, la créativité - ont lieu quand l'esprit discursif, rationnel et laborieux a
été neutralisé par la rêverie, la méditation, les rêves ou toute autre forme de
relâche. Les approches musclées, agressives et privilégiant l'ego ne fonctionnent
pas. L'intrusion égoïste - tenter d'accéder à l'Esprit universel pour en tirer
quelque chose - s'apparente à un cambriolage avec effraction. Les alarmes se
déclenchent et le réseau de communication s'arrête. On s'approche de l'Esprit
universel avec respect, en reconnaissant une source de sagesse et d'intelligence
supérieure à la sienne. On attend alors patiemment et on est reconnaissant pour
ce qui est donné.
L'Esprit universel adore l'incertitude, l'imprévisibilité et la liberté. Il est ouvert à la
vie, aux possibilités et à une variété infinie. Le moyen le plus sûr de condamner
273
notre interaction fructueuse avec l'Esprit universel, c'est de figer le processus
d'accès en lui donnant une forme spécifique et définie.
C'est la malédiction de notre époque. Si quelque chose s'avère efficace, des sites
web et des best-sellers apparaissent du jour au lendemain pour réduire le
phénomène en question à sept étapes faciles ou à un plan en une semaine,
souvent avec une garantie de remboursement et le parrainage de célébrités.
Le pragmatisme est une tentative pour diminuer l'incertitude, que nous
détestons. Mais en bétonnant la chose, on la restreint et on la coupe de la vie, et
elle cesse de se déployer d'une manière qui soit porteuse de vie. Dans notre
culture caractérisée par le manque d'attention, nous voulons quelque chose de
certain, et nous le voulons tout de suite. Nous sommes friands d'approches qui
pompent la vie des choses, et lorsqu’elles déçoivent, comme c'est
systématiquement le cas, alors nous passons à la prochaine grande nouveauté.
Le yoga, qui s'est développé dans l'Inde ancienne comme une discipline
permettant d'acquérir la clarté spirituelle et la sérénité, est un exemple concret.
Nous l'avons réduit à une forme d'exercice qui est devenu extrêmement
populaire. On vise actuellement à en faire un sport olympique. Selon une
proposition, chaque yogi disposerait de trois minutes pour effectuer sept poses,
dont cinq seraient obligatoires. Ils seraient notés par un panel de juges sur la
force, la flexibilité, la synchronisation et la respiration.11 Qu'en penserait
Patanjali ?
Un autre exemple de pragmatisme obtus, c’est la tentative de certains
chercheurs d'étudier les effets curatifs de la prière par des moyens très artificiels
qui ne ressemblent guère à la façon dont la prière est utilisée dans la vie réelle. Il
n'est dès lors pas surprenant que de tels efforts soient souvent infructueux.
Sur le plan de l'Esprit universel, le concrétisme est un piège. Quand les voies
d'accès à l'Esprit universel sont formalisées, la porte se ferme. Mais pour ceux qui
comprennent l'interaction entre le vide et la plénitude, et l'action inhérente au
lâcher-prise, la porte de l'Esprit universel est toujours ouverte.
274
CHAPITRE 26 : LES VOIES DU RÊVE
‘’Imaginez-vous rêver pour vous seul ?’’
-
Doris Lessing, L’invention du représentant de la Planète 81
Les rêves sont un moyen universel d’accéder à l'Esprit unique. Dans le rêve, le
sentiment d’être un moi individuel confiné dans l'ici et le maintenant est
suspendu et il est remplacé par des expériences qui ne connaissent aucune
limite personnelle, spatiale ou temporelle. Dans les rêves, nous ne sommes pas
entravés par la contradiction, par le paradoxe ou par la raison. Pour ces raisons,
la créativité s'épanouit souvent dans les rêves.
Le rôle des rêves dans l'histoire de la science et de la médecine a été sousestimé, en grande partie parce que les scientifiques préfèrent l'image du penseur
logique, rationnel et analytique à celle du rêveur. En général, les informations
acquises pendant les rêves ne sont pas quelque chose dont les scientifiques sont
désireux de parler publiquement.
Il existe toutefois de délicieuses exceptions. J'ai récemment été invité à
m'adresser à un grand nombre de médecins de médecine interne lors d'une
conférence destinée à les informer des dernières avancées dans notre domaine.
Mon sujet portait sur la nature de la conscience et la façon dont elle se comporte
souvent d’une manière non reconnue par les manuels médicaux, y compris les
rêves précognitifs, dont j'avais parlé dans mon livre, Le pouvoir des
prémonitions.2 Je savais que le sujet était controversé et, quand j'ai commencé à
parler, je m'attendais à moitié à ce que l'auditoire parte. Personne ne l'a fait,
cependant, et pendant la période de questions/réponses, certaines personnes
ont commencé à décrire leurs propres expériences. Une spécialiste en médecine
interne s'est levée et a déclaré sans ambages : "Je vois des chiffres dans mes
rêves. Je vois les résultats des tests de laboratoire de mes patients — avant
même de les demander". D'autres médecins ont révélé des expériences qu'ils
n'avaient jamais révélées à personne, et après la conférence, d'autres encore
m'ont approché en privé pour faire de même. Ceci, ainsi que d'autres
événements , m'amène à penser que les rêves et les "connaissances étranges",
comme les appelle l'un de mes collègues, sont beaucoup plus courants que nous
ne le pensons.
PLONGÉES DANS L’INCONSCIENT
Les expériences oniriques de médecins, d'inventeurs, de mathématiciens et de
scientifiques renforcent l'image de l’Esprit unique comme réservoir
d'informations et d'intelligence pouvant être utilisé de manière pratique. Ce
point de vue a été avalisé par Arthur Koestler dans sa brillante exploration de la
créativité, Le cri d’Archimède – La découverte de l’Art et l’art de la Découverte.
Koestler a qualifié les rêves de "partie essentielle du métabolisme psychique…
Sans ce plongeon quotidien dans les sources anciennes de la vie mentale, nous
deviendrions probablement tous des automates desséchés. Et sans les plongées
exploratoires plus spectaculaires de l'individu créatif, il n'y aurait ni science, ni
art".3
Une nuit, Elias Howe fit une plongée spectaculaire dans l'inconscient. Pendant
des années, Howe avait vainement tenté de perfectionner sa machine à coudre,
mais il était toujours confronté à des problèmes d'aiguille. Et puis, une nuit, il
rêva qu'il était capturé par des sauvages, qui le traînèrent devant leur roi. Le roi
lui fixa un ultimatum : Si, dans les 24 heures, Howe n'avait pas mis au point la
machine à coudre, alors il mourrait, transpercé par une lance. Le temps imparti
s'étant écoulé, quelques sauvages menaçants s'approchèrent de Howe, tout en
brandissant leurs lances pour le tuer. Les mains en l'air pour parer l'inévitable,
Howe remarqua alors que chacune des pointes de lance avait un trou en forme
d'œil près de la pointe. Il se réveilla tout excité, en réalisant que le trou de
l'aiguille de la machine à coudre devait se situer à la pointe, et non au milieu ou
en bas, où il avait tenté de le mettre. Il courut de son lit jusqu’à l’atelier, lima une
aiguille à la bonne taille, perça un trou près de la pointe et il l'inséra dans la
machine.4 Le reste, comme on dit, appartient à l'histoire.
Dans son livre monumental, Our Dreaming Mind, Robert L. Van de Castle, ancien
directeur du laboratoire du sommeil et du rêve de la faculté de médecine de
l'université de Virginie, fit cas de plusieurs cas où l'esprit de scientifiques put
276
s'ébattre de manière non localisée pendant le temps du rêve, avec des
conséquences étonnantes.5 Il rapporta qu'au début du 20ème siècle, le chercheur
Edmond Maillet avait envoyé un questionnaire à un groupe de mathématiciens
qui avaient exercé leur profession pendant au moins dix ans. Quatre de ses
correspondants décrivirent des "rêves mathématiques", dans lesquels une
solution s'était effectivement dégagée pendant le rêve ; huit reconnurent avoir
trouvé un début de solution ou une idée utile pendant le rêve ; et quinze autres
décrivirent comment, au réveil, ils avaient trouvé des solutions complètes ou
partielles à des questions posées la nuit précédente.6
Srinivasa Ramanujan, le mathématicien du 20ème siècle, est considéré comme
un géant dans son domaine. Ramanujan jouissait certainement d'un avantage
sur ses collègues : ses rêves incluaient un mentor hors normes. Dans un article
paru en 1948 dans Scientific American et intitulé "Mathematics and the
Imagination", il rapporta comment la déesse hindoue, Namakkal, apparaissait
dans ses rêves et lui révélait des formules mathématiques qu'il vérifiait à son
réveil, un modèle qui s'est poursuivi pendant toute sa vie.
En 1869, Dimitri Mendeleïev, professeur de chimie à Saint-Pétersbourg, fit un
rêve qui changea le monde. Il s'était couché, frustré par ses tentatives de classer
les éléments chimiques en fonction de leur poids atomique. "J'ai vu en rêve", a-til rapporté, "un tableau où tous les éléments trouvaient leur place correctement.
À mon réveil, je l'ai immédiatement noté sur une feuille de papier. À un seul
endroit, une correction ultérieure m'a paru nécessaire." Le résultat fut le tableau
périodique des éléments. Le rêve permit aussi à Mendeleïev de prédire
l'existence et les propriétés de trois nouveaux éléments, qui furent découverts
dans les 15 années suivantes.7
L'exemple le plus célèbre de scientifique rêveur est peut-être celui de Friedrich
A. von Kekule, professeur de chimie à Gand, en Belgique. Kekule tentait sans
succès de déterminer la structure de la molécule de benzène. Il s'endormit, assis
sur une chaise, et il vit des atomes qui virevoltaient devant lui en formant des
structures et des agencements variés. Bientôt, de longues files d'atomes se
dessinèrent et prirent la forme d'un serpent. Puis, l'un des serpents saisit sa
propre queue dans sa bouche et il se mit à tournoyer. En un éclair, Kekule se
277
réveilla et commença à travailler sur les implications des images du rêve. Cela
déboucha sur l'idée que le benzène était une structure cyclique à six atomes de
carbone, ce qui révolutionna la chimie organique. Dans un discours prononcé
lors d'une réunion scientifique en 1890, il conclut son allocution devant ses
collègues en rendant hommage au processus de découverte : "Apprenons à
rêver, messieurs, et alors nous pourrons peut-être trouver la vérité."8
Une des découvertes légendaires de la recherche médicale moderne, l'insuline,
est liée au rêve. Frederick Banting, un médecin canadien, menait des recherches
sur le diabète. Une nuit, en se réveillant d’un rêve, il nota les mots suivants : "
Ligaturer le conduit du pancréas d'un chien. Attendre quelques semaines jusqu'à
ce que la glande se ratatine. Ensuite, la couper, la laver et filtrer le précipité."
Cette procédure lui permit de découvrir l'hormone de l'insuline, qui s'avéra être
salvatrice pour des millions de diabétiques. Elle permit également à Banting
d'être anobli - un mot intéressant, considérant sa révélation nocturne.9
La liste des découvertes scientifiques influencées par les rêves est plutôt longue :
la découverte par James Watt du procédé de fabrication de billes sphériques
pouvant être utilisées comme des projectiles ; la découverte par David Parkinson
aux Laboratoires Bell d’un directeur de canon entièrement électrique, connu
sous le nom de dispositif M-9, le précurseur des systèmes de guidage utilisés
plus tard dans les missiles antiaériens et antibalistiques ; l'invention par Ernst
Chladni de l'euphonium, un nouvel instrument de musique, etc.10
Le rêve reste l'une des voies les plus courantes pour accéder à l'Esprit universel.
Au fur et à mesure que la nature globale de la Conscience sera mieux estimée
par la science, les scientifiques sceptiques comprendront que le fait d'être
qualifié de rêveur est un grand compliment.
LES RÊVES PRÉMONITOIRES
Lorsque les gens rêvent de choses qu'ils n'ont jamais connues et d'événements
avant que ceux-ci ne se produisent, le rôle du rêve comme voie d'accès à une
source d'information potentielle, comme l'Esprit Unique intemporel semble
particulièrement plausible. On peut trouver un exemple historique dans le
278
journal de Stephen Grellet11, un missionnaire quaker français. Trois mois avant
que l'armée de Napoléon n'envahisse la Russie, la femme du comte Toutschkoff,
un général russe, fit un rêve qui se répéta une deuxième et une troisième fois, la
même nuit. Dans ce rêve, la comtesse Toutschkoff se trouvait dans une auberge
qu'elle n'avait jamais vue auparavant, dans une ville qu'elle ne connaissait pas,
lorsque son père entra dans la pièce, en conduisant son jeune fils par la main.
D'un ton lugubre, il lui dit : "Ton bonheur est terminé. Il — c'est-à-dire son mari,
le général Toutschkoff — est tombé. Il est tombé à Borodino."
La comtesse se réveilla en proie à une grande angoisse, secoua son mari et lui
demanda où se trouvait Borodino. Il n'en avait jamais entendu parler. Ils
cherchèrent Borodino sur une carte sans parvenir à la trouver. Avant que les
armées françaises n'atteignent Moscou, le général Toutschkoff fut placé à la tête
de l'armée de réserve russe. Un matin, peu de temps après, le père de la
comtesse, qui tenait le fils de celle-ci par la main, entra dans la chambre d'une
auberge où elle séjournait et, en proie à une grande détresse, s'écria : "Il est
tombé. Il est tombé". La comtesse se rendit compte qu'elle se trouvait dans la
même chambre que dans son rêve ; même la scène à l'extérieur des fenêtres
était telle qu'elle l'avait rêvée. Elle apprit alors que la bataille où son mari avait
été tué s'était déroulée près d'un obscur village appelé Borodino.
LES RÊVES COLLECTIFS
Les rêves collectifs ou mutuels sont ceux où deux personnes ou plus décrivent
des rêves similaires, la même nuit. Les rêves partagés sont ceux où deux
personnes ou plus rêvent l'une de l'autre dans un espace et un temps communs,
et rapportent indépendamment des environnements, des conversations et des
interactions similaires dans le rêve.12
Le chercheur psi, Stanley Krippner, dans une étude interculturelle des rêves,
rapporta un exemple unique de rêve mutuel impliquant deux Japonaises. La
première fit le rêve suivant: "Je suis dans le hall d'un grand hôtel. Il y a un grand
pilier en marbre. Mon amie, Aiko, est là et je la poignarde avec un couteau. Je ne
sais pas pourquoi je la poignarde. Personne ne semble remarquer ce que j'ai
279
fait." La deuxième femme fit le rêve suivant : "Je suis dans le hall d'un hôtel. Il y a
un grand pilier et je me tiens près de lui. Ma jeune sœur entre. Elle s'approche de
moi et elle me poignarde avec un couteau. Ma jeune sœur s’appelle Tomoko. Je
suis morte du coup de couteau."13
Ces rêves presque identiques pourraient bien sûr être imputables au hasard, à
une coïncidence ou à un signalement imprécis, mais dans des cas tels que celuici, où il n'y a pas d’événements, pas d’indices sensoriels et pas d’expériences
communes évidentes qui auraient pu inciter les deux femmes à faire le même
rêve (à l'exception de l'identité de l'agresseur), on cherche d'autres explications.
Je suggère que nous pouvons voir l'Esprit Unique en action. En d'autres termes,
les rêves peuvent coïncider, non pas parce que deux personnes rêvent, mais
parce qu'un seul Esprit est à l'œuvre.
Le neuroanthropologue Charles D. Laughlin de l'Université Carleton à Ottawa, au
Canada, est un spécialiste du rêve partagé ou mutuel.14 Il rapporta que lorsque
l'anthropologue Marianne George faisait du travail de terrain chez les Barok de
Nouvelle-Guinée, elle développa une relation étroite avec une cheftaine
importante qui était son soutien au sein de la tribu. George commença à faire
des rêves, où son hôtesse lui disait de faire certaines choses, et le matin, les fils
de son hôtesse passaient pour s'assurer que George avait compris les
instructions de la vieille femme pendant la nuit, et répétaient mot pour mot ce
que la vieille femme lui avait dit dans ses rêves. Les fils dirent à George que la
distance à laquelle ils se trouvaient, lorsque leur mère souhaitait communiquer
avec eux n'avait pas d’importance et que le rêve serait de toute façon transmis.
La vieille femme mourut, mais les rêves partagés continuèrent à survenir.
Comme de son vivant, les fils de la femme continuèrent à vérifier la visitation du
rêve et le message, ce qui dans un cas orienta George vers l'emplacement exact
d'une ancienne maison longue, qu'elle avait essayé de localiser à des fins de
datation au carbone 14.15
Les angoisses et les rêves partagés pénètrent parfois par les fissures nocturnes
au sein des cultures modernes, et ce malgré notre insistance à croire qu'ils ne
peuvent pas se produire. En 1882, le révérend A. B. McDougall, originaire
d'Hemel Hempstead dans le Hertfordshire, au sud-est de l'Angleterre, séjournait
280
chez des amis à Manchester, à 143 miles de là. À son réveil, il trouva un rat dans
son lit et il en fit part à son hôte. Ce matin-là, une de ses cousines, qui logeait
chez McDougall à Hemel Hempstead, descendit prendre son petit-déjeuner et
raconta un rêve étrange qu'elle avait fait, "dans lequel un rat paraissait ronger les
extrémités de ma malheureuse personne". La mère de McDougall reçut une
lettre de la part de son fils qui rapportait ce qui s'était passé à Manchester. Elle
lui répondit en l'informant du rêve de la femme et en ajoutant qu'ils avaient
toujours considéré la femme qui rêvait comme une sorcière, parce qu' "elle était
toujours au courant de tout presque avant que cela ne se produise."16
Les rêves collectifs et mutuels sont des cartes de visite de l’Esprit unique. Ils
rappellent que les frontières qui séparent les esprits individuels ne sont pas
absolues. Quand des connexions avec d'autres personnes sont réalisées en rêve,
certains rêveurs décrivent cela comme une épiphanie, comme la réalisation
saisissante que leur conscience est infinie, transcendante, sans limites, et ne fait
qu'un avec la conscience des autres.
UN AVERTISSEMENT OU COMMENT SE FAIRE ARRÊTER
Si le rêve collectif peut être très grisant, il peut également provoquer des
problèmes, comme dans le cas de Steve Linscott, qui fut réveillé par un rêve, en
octobre 1980 à Chicago. Il rêva qu'un homme qui tenait dans sa main un objet
contondant s'approcha d'une fille. Après s'être rendormi, il rêva que cet homme
"la frappait à la tête. Elle était à quatre pattes et elle n'offrit aucune résistance. Le
sang giclait partout". Plus tard dans la journée, il aperçut des voitures de police,
pas loin de sa maison. Une jeune femme avait été brutalement battue à mort
dans un immeuble voisin. Linscott raconta son rêve à sa femme et à ses
collègues de travail, et tous le pressèrent de le signaler à la police. Ce qu'il fit, et
quelques semaines plus tard, on l’accusa du meurtre de la jeune femme. La
police déclara qu'il connaissait trop de détails précis du meurtre pour qu'il
s'agisse d'une coïncidence. Linscott fut reconnu coupable et condamné à 40 ans
de prison. Ce n'est qu'après que ses avocats aient interjeté appel à plusieurs
reprises que les poursuites furent abandonnées par les procureurs.17
281
Ce cas est assez révélateur de l'incrédulité de notre culture à l'égard de la
connaissance non locale, c'est-à-dire de l'obtention d'informations au-delà de la
portée des sens physiques. Non seulement nous avons du mal à reconnaître cet
ancien mode de connaissance, mais nous sommes même prêts à emprisonner
des personnes qui y ont recours. Nous ne sommes pas si éloignés que nous
aimerions le croire de l'époque des bûchers de sorcières et de l'Inquisition
espagnole, où des personnes étaient exécutées avec ardeur pour avoir reconnu
publiquement leur don de "double vue".
RANDOMANIA, STATI-CYSTITE ET COINCE-IDENTISME AIGU
Aucun des exemples précédents n'est susceptible d'être pris au sérieux par ceux
qui sont convaincus que l'Esprit se limite au cerveau, au corps et à l'ici et
maintenant. D'après mon expérience, aucun rêve, aussi spectaculaire ou
improbable soit-il, ne peut ébranler la foi de ceux qui "savent" à l'avance que de
telles choses sont impossibles. Tout rêve qui correspond à la réalité peut être
rejeté comme une coïncidence. Cette dévotion à la coïncidence et au
phénomène du hasard a été baptisée "randomania" par le chercheur britannique
David Luke, de l'université de Greenwich à Londres, un spécialiste de la
conscience.18
Une des critiques les plus pertinentes de la manière dont les sceptiques jouent
avec les coïncidences est celle du célèbre romancier et dramaturge britannique,
J. B. Priestley, dans son livre magistral, L'homme et le Temps. A propos des rêves
prémonitoires, il écrivit :
‘’Il y a un point au-delà duquel les coïncidences se transforment en quelque
chose d'autre, ce qui nous pousse à demander une explication, tout comme il y a
un point au-delà duquel le détachement scientifique peut se transformer en un
préjugé borné…Les personnes qui adoptent [ce] point de vue prétendent écrire
sur un détachement scientifique impossiblement pur. Tout ce qu'elles
demandent, nous disent-elles, c'est que ceux d'entre nous qui sont assez fous
pour croire en de telles expériences les soumettent à des "études bien
contrôlées", à des tests de laboratoire, etc.
282
Mais il se peut que nous ayons affaire ici à une gamme d'expériences qui ne
peuvent tout simplement pas être contrôlées, ni testées, qui se dissipent dès
qu'elles entrent dans le champ de l'expérience et de la preuve scientifiques…Et je
ne suis pas surpris que les psychologues expérimentaux - dont certains tentent
de traiter la psyché comme s'il s'agissait d'un morceau de sodium - n'aient pas
de rêves prémonitoires : leur mentalité s'y oppose.’’19
Priestley était fasciné par les rêves prémonitoires. En 1963, au cours d'une
interview accordée à la BBC, il lança un appel au public britannique pour
recueillir des témoignages de rêves prémonitoires, et il fut submergé par les
réponses.
Une femme écrivit qu'elle avait dit à trois personnes avec lesquelles elle prenait
son petit-déjeuner et qu'elle venait de rêver qu’à la fin du petit-déjeuner, un
paysan était arrivé avec 33 œufs dans un seau. Plus tard, alors qu'elle se trouvait
au milieu de l'escalier, trois œufs supplémentaires lui furent remis. Ça, c'était son
rêve. Et peu de temps après son petit-déjeuner réel, un paysan est arrivé et lui a
tendu un seau qui, selon lui, contenait trois douzaines d’œufs. Elle les transposa
dans un panier et paya l'homme. Quelques minutes plus tard, son mari lui
signala qu'il avait compté les œufs et constaté qu'il y en avait 33, et non trois
douzaines. Alors que la femme les comptait elle-même, elle fut appelée d'en bas
par un individu qui la rejoignit au milieu de l'escalier. L'individu lui expliqua que
trois œufs avaient été retirés du seau par erreur, et lui remit trois œufs pour que
le compte soit juste.
Priestley déclara : "Trente-trois plus trois œufs dans le rêve ; trente-trois plus
trois œufs dans les faits réels. Vous pouvez appeler cela une coïncidence, tout
comme vous pouvez qualifier cela de crucherie ou de n'importe quoi d'autre,
mais si vous cessez de vous accrocher aux coïncidences et cherchez à expliquer
toute cette histoire, vous pourriez faire voler en éclats un certain type de
monde."20 Le remplacement de ce monde brisé est un monde où le temps
linéaire n'est plus un tyran, et où les causes ne précèdent pas toujours les
événements.
283
CHAPITRE 27 : L’AMOUR EST LE DERNIER MOT
Il n’y a que deux voies : celles de l’amour et du manque d’amour.
-
Mencius, 300 av. J.-C.
L'amour est une voie d'accès à l'Esprit universel, car l’amour tempère les forces
de l'isolement, de la séparation et de l'individualité. L'individualité est un
complément à la relation et à l'unité qui est appréciable, mais en excès, elle peut
conduire à un sentiment exagéré de soi et empêcher de réaliser que nous
sommes unis les uns aux autres et à toutes choses. D. H. Lawrence déclara de
manière tranchée, "la haine n'est pas le contraire de l'amour, le contraire de
l'amour, c'est l'individualité."1
Il ne s'agit pas d'une simple spéculation. Le dépassement de la séparation a des
effets qui peuvent être mesurés dans des études de laboratoire. En trois
décennies de recherche expérimentale au laboratoire PEAR (Princeton
Engineering Anomalies Research), Robert G. Jahn, un ancien doyen de la faculté
d'ingénierie de Princeton et ses collègues ont démontré que les couples
émotionnellement liés étaient exceptionnellement doués pour ce qui était de
leur capacité mentale à communiquer de l'ordre à des séquences de uns et de
zéros aléatoires produites par des générateurs d'événements aléatoires. Par
ailleurs, des binômes d'individus émotionnellement proches peuvent échanger
mentalement des informations, même en étant séparés par des distances
continentales ou mondiales. Pour résumer comment tout cela se passe, Jahn
nota : "La réussite de la stratégie [...] implique un certain degré d'estompement
des identités entre l'opérateur et la machine, ou entre le percipient et l'agent [le
récepteur et l'émetteur]". Et, bien sûr, c'est aussi la recette de toute forme
d'amour : le renoncement aux intérêts égocentriques des partenaires en faveur
du couple."2 En d'autres termes, l'amour peut changer l'état du monde physique.
SURMONTER LA SOLITUDE
Puisque l'amour transcende l'individualité, comme le souligne Lawrence, il peut
aider à surmonter l'isolement et la solitude, associés à toute une série de
problèmes de santé.3 À première vue, la forte prévalence de la solitude n'a pas
de sens. À notre époque obsédée par l'électronique, ne sommes-nous pas plus
intimement connectés que jamais ? Pas nécessairement. "Dans un monde
surpeuplé, où des milliards de personnes sont en contact étroit les unes avec les
autres grâce aux médias imprimés ou électroniques, il semble paradoxal que la
solitude soit devenue une maladie du 21ème siècle en forte progression",
constata le Dr Eva Bell. ‘’Les grands buildings, les appartements exigus qui
ressemblent à des cages à lapins, les emplois stressants et la vie urbaine
impersonnelle n'encouragent pas la convivialité."4 La définition de Thoreau est
toujours d'actualité : "Une ville est un endroit où des centaines de personnes
seules vivent ensemble."5
Bien que les téléphones portables soient considérés comme des appareils qui
connectent les gens, ils peuvent avoir la conséquence inattendue de diminuer le
désir de se connecter socialement avec les autres, contribuant ainsi à la solitude
et à l'isolement à long terme. Dans une étude réalisée à l'Université du Maryland,
des chercheurs procédèrent à une série d'expériences sur des groupes
d'utilisateurs de téléphones portables, décrites dans leur article intitulé "The
Effects of Mobile Phone Use on Prosocial Behavior" (Les effets de l'utilisation du
téléphone portable sur le comportement prosocial), le comportement prosocial
étant défini comme une action destinée à bénéficier à une autre personne ou à
la société dans son ensemble. Les chercheurs constatèrent qu'après une courte
période d'utilisation du téléphone portable, les sujets étaient moins enclins à se
porter volontaires pour une activité de service communautaire, lorsqu'on le leur
demandait, par rapport à un groupe de contrôle. Les utilisateurs de téléphones
portables étaient aussi moins déterminés à résoudre les problèmes mondiaux,
même en sachant que leurs réponses s'accompagneraient d'un don d'argent à
une œuvre de bienfaisance. L'attention moindre portée aux autres se vérifia
même quand on demanda aux utilisateurs de téléphones portables de se
représenter leur téléphone et de réfléchir à son utilisation. Quelles en sont les
raisons ? Selon les chercheurs, "le téléphone portable évoque directement des
sentiments de connectivité avec les autres, ce qui répond au besoin humain
fondamental d'appartenance." Selon eux, ceci a pour conséquence de diminuer
285
le désir de se connecter réellement socialement aux autres ou de s'engager dans
des comportements empathiques et prosociaux.6
La solitude est aussi en corrélation avec l'utilisation d'Internet.7 Une étude a
démontré que les discussions en ligne augmentaient la solitude et ne la
diminuaient pas.8 Ce phénomène était particulièrement évident sur le site web "I
am lonely will anyone speak to me" (Je me sens seul, quelqu'un veut-il me parler
?) qui devint le principal lieu de rencontre en ligne pour les personnes seules en
2004.9 En raison de son énorme popularité, le site fit l'objet d'articles dans Wired,
The Guardian, et The New Yorker.10
Jacob Needleman, professeur de philosophie à l'Université d'État de San
Francisco, se heurta au problème de la solitude de manière tout à fait
inattendue. Il demanda à l'une de ses classes quels étaient, d’après ses étudiants,
les problèmes majeurs de notre société. Il obtint les réponses habituelles :
l'éclatement de la famille, la guerre nucléaire, l'environnement, etc. Et puis un
étudiant mentionna la solitude, et Needleman demanda : "Combien de
personnes ici présentes se sentent fondamentalement seules ?" Tout le monde
leva la main. "J'étais stupéfait", dit-il. Il posa ensuite la question à une autre
classe, plus nombreuse et composée d'un éventail de personnes beaucoup plus
large, et tous les élèves, sauf deux, levèrent la main. Un étudiant nigérian de 35
ans dit alors : "Vous savez, quand je suis arrivé du Nigeria en Angleterre, je ne
comprenais pas ce que les gens voulaient dire quand ils disaient qu'ils se
sentaient seuls. Ce n'est que maintenant, après avoir vécu aux États-Unis
pendant deux ans, que je sais ce que signifie être seul". Il expliqua que dans sa
culture, la solitude n'existait tout simplement pas. Il n'y avait même pas de mot
pour la désigner. Même s'il y avait beaucoup de douleur, de souffrance et de
peine, la solitude n'existait pas.
"Quelle est donc cette solitude que nous éprouvons ?’’, demande Needleman.
"Les gens sont coupés, non seulement les uns des autres, mais aussi d'une
certaine force d'harmonisation en eux-mêmes. Ce n'est pas juste que '’je suis
seul’', c'est que le '’je’' est seul. Il nous manque une relation harmonieuse
essentielle avec une force universelle."11
286
La "relation harmonieuse essentielle" qui fait défaut ne sera pas comblée par
Twitter, Facebook ou tout autre site web de réseautage social parmi les
centaines qui sont accessibles.12 Le candidat pour être une force de connexion
universelle à la hauteur de la tâche, c'est l'Esprit universel. Pas besoin de
cotisation, d'ordinateur ou de téléphone intelligent. L'Esprit universel fait déjà
partie intégrante de notre équipement d'origine.
LE RETOUR DE L’AMOUR
Le philosophe Neal Grossman, ancien professeur de l`Université de l`Illinois à
Chicago, a passé des dizaines d`années à analyser les expériences de mort
imminente (NDE). Comme nous l'avons vu, les NDE suggèrent qu'un élément de
conscience existe en dehors du cerveau et qu'il peut perdurer après la mort
physique. Les personnes qui se remettent d'une NDE racontent souvent qu'elles
ont vécu une expérience qui transcende la conscience individuelle. Cette
conscience s'accompagne universellement d'un profond sentiment d'amour qui
se prolonge après la NDE. Selon Grossman, "il y a un message caché dans toute
cette recherche [sur les NDE] .... Le message, c'est l'amour universel. Chaque
personne qui a vécu une expérience de mort imminente est convaincue que la
finalité de la vie est de développer notre capacité à donner et à recevoir de
l'amour."13 Les NDE sont un point d'entrée dans l'Esprit universel, dont la carte
de visite est l'amour.
Pour certains, injecter de l'amour dans la science - comme tentent de le faire
Jahn, Grossman et d'autres - c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. C'est
la preuve définitive que nous cherchons à entraîner la science dans les bas-fonds
de la sentimentalité, ce qui sera sa ruine. Mais il existe un autre point de vue,
selon lequel l'amour réhabilite la vie et la science aussi, par extension. Aldous
Huxley déclarait :
De tous les mots usés, tachés et écornés de notre vocabulaire, "amour" est
sûrement le plus souillé, malodorant et poisseux. Braillé du haut de
millions de chaires et crooné lascivement par des millions de hautparleurs, il est devenu un outrage au bon goût et aux sentiments décents,
287
une obscénité que l'on hésite à prononcer. En dépit de tout cela, il faut
bien le prononcer, puisqu’après tout, c'est l'Amour qui a le dernier mot.14
En médecine, mon domaine, c'est aussi le premier terme. Considérons l'art du
diagnostic, sur lequel tout le reste repose. Diagnostic vient de mots grecs qui
veulent essentiellement dire "une connaissance qui existe entre deux
personnes". Le diagnostic n'est pas l'affaire d'une seule personne, n'est pas
réservé à quelqu'un qui porte une blouse blanche et un stéthoscope. Il est
optimal, si le médecin et le patient se rencontrent dans ce que Whitman a défini
comme une "vaste similitude". Le diagnostic implique cet estompement des
identités que Jahn observe dans ses expériences de laboratoire réussies.
Tout au long de l'histoire, la primauté de l'amour fut confirmée à d'innombrables
reprises par ceux qui firent l'expérience de plusieurs variantes de l'Esprit
universel - à la faveur d'états modifiés, d'expériences mystiques, de rêveries,
d'épiphanies ou de moments hautement créatifs. Le psychologue, Carl Rogers
remarqua dans ces expériences une "tendresse délicate et sensible à l'égard des
autres", ce à quoi Huxley ajouta : "Et pas uniquement votre tendresse, la
tendresse cosmique, la bonté fondamentale de l'univers - malgré la mort, malgré
la souffrance."15
Du point de vue du sens commun, reconnaissait Huxley, l'affirmation d’après
laquelle l'univers est fondamentalement bon est "la divagation d'un illuminé’’.
L'affirmation d’après laquelle Dieu est amour "bafoue toute expérience et est
totalement fausse". Mais le sens commun ne se fonde pas sur une Conscience
absolue, étant la résultante de conventions, de souvenirs organisés de paroles
d'autres personnes, d'expériences personnelles limitées par la passion et les
jugements de valeur, d'idées reçues et d'intérêts personnels flagrants."16
Les mesures qui cherchent à purger la vie de l'amour peuvent conduire à des
situations qui seraient comiques si elles n'étaient pas aussi graves. C'est
particulièrement évident dans le domaine des soins de santé. Dans un grand
hôpital que je connaissais, un groupe d'infirmières qui souhaitaient ajouter une
autre dimension à leurs compétences habituelles se déplaça en dehors de la ville
pendant un week-end pour suivre un cours de toucher thérapeutique, une
288
technique de guérison, qui implique des intentions aimantes et compatissantes.
Lorsque la directrice des soins infirmiers en fut informée, elle manifesta sa colère
et fulmina. Quand les infirmières retrouvèrent leur poste, le lundi suivant, il y
avait un grand panneau dans le service des soins infirmiers qui annonçait : "IL
N'Y AURA PAS DE SÉANCES DE GUÉRISON DANS CET HÔPITAL !’’
Dans un autre cas, une infirmière très connue dans le pays fut invitée à donner
une conférence dans un grand hôpital. Mais quand les organisateurs
découvrirent qu'elle avait l'intention de parler de diverses techniques de
guérison, ils annulèrent l'invitation en prétextant : "Nous ne sommes pas encore
prêts pour votre visite, mais nous avons bien l'intention de vous réinviter,
lorsque nous nous lancerons dans la guérison." L'infirmière décommandée
déclara ironiquement : "Je me demande bien ce qu'ils fabriquent maintenant !"
Dans un autre grand hôpital, les infirmières n'avaient pas le droit de toucher les
patients, sinon pour prendre leur pouls et leur tension artérielle. Les "touchers
trop appuyés", comme les massages du dos et des pieds, étaient interdits.
L'objectif de la réglementation était d'empêcher les infirmières de pratiquer des
techniques de guérison par les mains, qui deviennent de plus en plus populaires
dans les soins infirmiers américains.
Je suis ravi de dire que les infirmières américaines sont en première ligne pour
restaurer la guérison dans les soins de santé.17 Sans leur courage et leur sagesse
à toute épreuve, les soins de santé américains seraient encore plus lamentables
qu'ils ne le sont aujourd'hui.
Certains des pères fondateurs de la médecine moderne savaient que l'amour
guérit, qu'on l'appelle bienveillance, empathie, compassion, ou que l'on parle de
bonnes manières. Sir William Osler est généralement considéré comme le père
de la médecine scientifique occidentale. Après avoir révolutionné
l'enseignement et la pratique de la médecine au Canada et aux États-Unis, en
1905, au sommet de sa gloire, Osler fut attiré en Angleterre, où il fut nommé
titulaire de la chaire de médecine à Oxford.
289
Un jour, il se rendait à la cérémonie de remise des diplômes à Oxford, vêtu de sa
robe universitaire. En chemin, il s'arrêta chez son ami et collègue, Ernest Mallam,
dont le jeune fils était gravement malade de la coqueluche. L'enfant ne réagissait
pas aux soins de ses parents ou des infirmières et il semblait mourant. Osler
aimait beaucoup les enfants et il avait une complicité particulière avec eux. Il
jouait souvent avec eux et les enfants l'admettaient volontiers dans leur monde.
Aussi, lorsque la figure familière d'Osler fit son apparition dans son
impressionnante robe de cérémonie, le petit garçon fut enchanté. Jamais il
n'avait vu un tel spectacle ! Après avoir brièvement examiné l'enfant, Osler
éplucha lentement une pêche, la coupa, la sucra et la donna, petit morceau par
petit morceau à son patient ravi. Bien qu'Osler estimât que la guérison était
improbable, il revint pendant les 40 jours qui suivirent, à chaque fois vêtu de sa
robe imposante, et il donna personnellement à manger au jeune enfant. En
quelques jours seulement, le vent avait tourné et la guérison du petit garçon
devint une évidence.18
Je subodore qu'Osler savait que les pensées aimantes et compatissantes d'un
guérisseur créent des changements physiques mesurables chez les autres,
comme les expériences de Jeanne Achterberg et d'autres études sur la guérison
le montrent.19 Les personnes peuvent réagir physiquement à nos pensées,
comme le révèlent des études EEG et IRMf sur des cerveaux éloignés, même si la
personne éloignée n'est pas consciente qu’on les émet. La tentative qui vise à
exclure les intentions d'amour de la guérison afin de l'aseptiser et de la rendre
objective repose sur une mauvaise compréhension de ce que sont des soins
médicaux décents.
UN CLICHÉ MERVEILLEUX
Dire que "Dieu est amour" est un cliché, mais un bon cliché. C'est ce que pensait
Jung. Dans son autobiographie, ''Ma vie : Souvenirs, Rêves et Pensées'', il dit :
"L'homme peut bien tenter de nommer l'amour, l'affubler de tous les noms qu'il
peut commander, et toujours se fourvoyer à l'infini. S'il possède un grain de
sagesse, il déposera les armes et nommera l'inconnu par le plus inconnu…par le
nom de Dieu ."20
290
L'univers entier est peut-être imprégné d'amour. Il serait même possible de
détecter des expressions rudimentaires de l'amour, sorte de proto-amour, dans
le domaine subatomique. Au fur et à mesure que nous évoluons vers des
systèmes de plus en plus complexes, l'amour devient plus reconnaissable pour
atteindre son expression la plus complète chez les humains avec notre
participation à l'Esprit universel. J'ai illustré ce spectre universel de l'amour dans
le tableau qui suit :
SPECTRE UNIVERSEL DE L’AMOUR
SYSTÈMES
PREUVES DE
EXPRESSIONS DE
EN INTERACTION
L’INTERACTION
L’INTERACTION
Les humains
L’amour, l’empathie,
interagissent entre eux
la compassion, la
de manière non locale,
bienveillance, l’unité,
c'est-à-dire à distance,
la Conscience
sans bénéficier
collective, l’Esprit
d'échanges
universel ou unique,
d'informations
Dieu, la grande Déesse,
sensorielles ou
Allah, le Tao, l’Absolu
Humains avec humains
énergétiques. De
nombreuses études
contrôlées sur les
intentions de guérison
à distance et des
centaines de
phénomènes
télésomatiques et de
vision à distance on
été rapportés.
Humains et animaux
Des dizaines d'études
comportant divers types
d'intentions de guérison
à distance ont été
291
L’amour, l’empathie
réalisées en utilisant
des animaux supérieurs
comme sujets. Des
animaux de compagnie
perdus reviennent
auprès de leurs
propriétaires en
parcourant de grandes
distances dans des
endroits où ils ne sont
jamais allés.
Humains et organismes
Des dizaines d'études
vivants
contrôlées ont porté sur
L’amour, l’empathie
les effets à distance de la
prière et d'autres types
d'intentions positives de
guérison à distance, dans
lesquelles divers
organismes "inférieurs" –
bactéries, champignons,
levures - sont les sujets,
ainsi que des graines, des
plantes et des cellules de
différentes sortes.
Humains et machines
L'homme peut
‘’Ne faire plus qu’un’’
complexes
influencer mentalement avec la machine,
le comportement
‘’tomber amoureux’’ de
d'appareils
la machine,
électroniques
interconnexion, unité
sophistiqués de
biofeedback, comme
l'atteste le bilan collectif
de plus de 40 ans de
recherche sur le
biofeedback dans des
292
centaines de
laboratoires. L'homme
peut également
influencer mentalement
des générateurs
d'événements aléatoires
et d'autres appareils
électroniques à distance,
comme l'ont démontré
le laboratoire PEAR
(Princeton Engineering
Anomalies Research) et
d'autres institutions.
Humains et machines simples L'homme peut interagir ‘’Ne faire plus qu’un’’
avec, influencer à
avec la machine,
distance le
‘’tomber amoureux’’ de
comportement
la machine,
de pendules oscillant
interconnexion, unité
librement, de dispositifs
mécaniques (cascades)
et d'appareils
relativement simples,
comme le confirment
des études menées au
laboratoire PEAR
(Princeton Engineering
Anomalies Research)
et ailleurs.
Appareils/systèmes
D'après les principes
Résonance
physiques complexes
généralement admis
sympathique ou
en physique, les
harmonique
oscillateurs harmoniques
couplés, tous les
instruments de musique
courants et les circuits
293
de radio et de télévision
interagissent et entrent
en résonance les uns
avec les autres. En
général, toutes sortes
de systèmes physiques
- qu'ils soient
mécaniques,
électromagnétiques,
dynamiques fluides,
mécaniques quantiques
ou nucléaires –
présentent des vibrations
interactives synergiques
avec des systèmes
similaires ou avec leur
environnement.
Particules subatomiques
Une fois en contact,
Comportement corrélé
les particules
non local ; amour
subatomiques, telles
rudimentaire ou proto-
que les électrons
amour ?
présentent des
changements
simultanés, quelle que
soit la distance qui les
sépare, au même degré.
Le théorème de Bell,
l'expérience d'Aspect et
bien d'autres confirment
ces phénomènes.
‘’Toutes sortes de systèmes physiques’’, écrivit Robert G. Jahn, ‘’qu’ils soient
mécaniques, électromagnétiques, dynamiques fluides, mécaniques quantiques
ou nucléaires présentent des capacités de vibrations interactives synergiques
avec des systèmes similaires ou avec leur environnement. Les oscillateurs
294
harmoniques couplés, tous les instruments de musique courants, les circuits de
radio et de télévision, les composants atomiques des molécules, tous impliquent
cette résonance "sympathique", d'où émergent des propriétés
remarquablement différentes de celles qui caractérisent leurs composants
isolés."21
Que signifie l'affirmation suivant laquelle toutes sortes de systèmes physiques
sont en "résonance sympathique" les uns avec les autres ou avec leur
environnement ? "Sympathie" vient du grec sympatheia, "ressentir ensemble" ;
"résonance" est dérivé du latin resonantia, "écho". L'univers est-il un vaste écho
de ressenti et de sensibilité ? D'amour ?
Un spectre universel de ressenti, de sensibilité et d'amour culminant dans l'Esprit
unique - Walt Whitman, le barde de l'Amérique, l'a vu, l'a écrit, et l'a vécu. Je
laisse donc à Walt le dernier mot là-dessus :
Une vaste similitude qui entrelace tout ...
Toutes les âmes, tous les corps vivants, aussi différents soient-ils ...
Toutes les identités qui ont existé ou qui peuvent exister
Dans ce monde ou dans tout autre monde,
Toutes les vies et toutes les morts, la totalité du passé, du présent et du futur,
Cette vaste similitude les embrasse, les a toujours embrassés,
A tout jamais les embrassera, les soutiendra et les contiendra.22
295
ÈME
4
PARTIE :
LES PERSPECTIVES
296
CHAPITRE 28 : FAIRE ÉVOLUER LA SCIENCE
Si les preuves que j'ai présentées jusqu'à présent sont aussi abondantes et
convaincantes que je le suggère, pourquoi les controverses sur la conscience
persistent-elles ? Pourquoi y a-t-il une telle résistance à l'idée que les esprits
individuels peuvent opérer au-delà du corps, en violant les limites de l'espace et
du temps, et à la possibilité qu'ils puissent communier dans la Grande
Connexion de l'Esprit universel ? Pourquoi tous les scientifiques chevronnés ne
sont-ils pas d'accord sur ces questions ? Les raisons sont extrêmement
complexes et trop variées pour être analysées ici en détail. Néanmoins, au risque
de paraître querelleur, je veux examiner quelques-unes des raisons les plus
évidentes pour lesquelles ces disputes ne finissent jamais. Il est important de les
examiner, parce qu'elles constituent des blocages. Pour que la science évolue,
on doit les éliminer, d'une façon ou d'une autre.1
La science a régulièrement procédé à un écrémage, pour ainsi dire, en admettant
des données que la communauté scientifique approuve et en ignorant celles
qu'elle juge inacceptables. Thomas Kuhn, l'historien des sciences et le
philosophe qui est à l'origine de l'expression "changement de paradigme", a
décrit cette tendance dans un ouvrage influent, La structure des révolutions
scientifiques..2 Ce qui est refusé à la publication dans les revues professionnelles
n'a parfois que peu ou pas de rapport avec la véracité des données elles-mêmes.
Les décisions relatives à l'octroi de bourses de recherche et à la publication
d'articles semblent souvent être prises selon ce que l'on a qualifié de méthode
GOBSAT – soit ‘’good old boys sat around a table’’, littéralement ‘’de bons vieux
garçons assis autour d'une table’’...3 Parmi les informations qui ont été mises de
côté figure un vaste ensemble de preuves concernant la façon dont la
conscience se manifeste de manière non locale dans le monde, sans être
contrainte par l'espace, le temps et les limites physiques du cerveau et du corps.
Ces accusations pourraient paraître exagérées et injustes pour ceux qui ne
connaissent pas les modalités quotidiennes de la pratique scientifique. L'image
que privilégient les scientifiques est celle de personnes ouvertes d'esprit et
prêtes à accepter n'importe quelle preuve, pour autant qu'il s'agisse d'une
preuve. Mais ce n'est souvent pas le cas, la science étant comme la saucisse :
même si vous l'appréciez, vous ne voudrez peut-être pas visiter l'usine et voir
comment on la produit.4
Pour un aperçu des réactions arbitraires, capricieuses, voire parfois malveillantes
des scientifiques face à de nouvelles idées, je vous recommande le récit
divertissant de l'écrivain scientifique, Hal Hellman sur "dix des disputes les plus
vives de tous les temps" dans chacun de ses deux livres, Great Feuds in Science
et Great Feuds in Medicine.5 Les querelles de titans entre scientifiques et
médecins ne sont pas neuves et sont parfois féroces. Quand le médecin, William
Harvey présenta des preuves détaillées de la circulation du sang dans
l'Angleterre du 17ème siècle, il fut accusé ‘’d’entreprendre de renverser la
rationalité et la providence, non seulement de la nature, mais qui plus est de
Dieu’’, d’après l’historien, Roger French."6 Presque aussi grave, Harvey eut
l'audace de contredire les plus grands. ‘’Aristote observa toutes choses et
personne ne devrait oser contester ses conclusions’’, souffla un médecin
contemporain.7 Harvey portait toujours un poignard sur lui, peut-être parce qu'il
craignait des représailles en raison de ses idées renégates, que certains
considéraient non seulement comme une hérésie scientifique, mais également
comme une hérésie théologique. C’était un peu comme si Jonas Salk avait porté
un pistolet, après avoir mis au point le vaccin contre la poliomyélite.
Comme illustration du ridicule qui prévalait alors, citons le commentaire de
l'éminent médecin allemand du 18ème siècle, Leopold Auenbrugger, qui fit
remarquer que "le sort de ceux qui ont illustré ou amélioré les arts et les sciences
par leurs découvertes a toujours été d'être assaillis par l'envie, la malveillance, la
haine, la destruction et la calomnie."8
Auenbrugger savait de quoi il parlait. En 1761, il inventa l'art de la percussion,
par lequel on peut déterminer la densité et la taille des tissus et des organes
sous-jacents du corps en tapotant légèrement dessus. Sa technique était la
radiographie et le scanner de son époque, une époque où le terme "digital"
correspondait encore aux doigts. Il découvrit cette technique en testant le
niveau du vin dans les fûts de la cave de l'auberge de son père. Bien
qu'aujourd'hui cette technique soit enseignée à tous les étudiants en médecine
et constitue un élément essentiel du diagnostic physique, à l'origine, personne
298
n'en n'avait cure. La découverte d'Auenbrugger se heurta à une telle indifférence
qu'elle en était mort-née. La technique dut être relancée en 1808, un an avant sa
mort, par Jean-Nicolas Corvisart, le médecin personnel de Napoléon et le
médecin le plus célèbre de France. La contribution d'Auenbrugger était
importante. Elle conduisit au développement du stéthoscope en 1816 et à l'art
de l'auscultation développé par le médecin français, René Laennec.9 Alors, la
prochaine fois que votre médecin écoutera votre cœur, n’oubliez pas de
remercier de tout cœur Auenbrugger.
Auenbrugger s'en sortira facilement, comparé au médecin hongrois, Ignaz
Semmelweiss. Lorsqu'en 1848, ce dernier apporta des preuves irréfutables de
l'efficacité du lavage des mains des obstétriciens dans l'optique de réduire la
mortalité maternelle après un accouchement, ses collègues refusèrent d'y croire.
À l'époque, la théorie des germes n'existait pas et l'idée qu'un médecin devait se
laver les mains avant de mettre au monde un bébé était considérée comme
absurde. Les preuves étaient sans importance. Semmelweiss tomba en disgrâce
et se vit chassé de Vienne. Il se réfugia à Budapest, où il finit par se suicider.
Des événements similaires se déroulèrent en Amérique. Quand le médecin bien
connu, Oliver Wendell Holmes suggéra à ses collègues de Boston, en 1843, de se
laver les mains et de faire preuve d'une propreté scrupuleuse, plusieurs
obstétriciens éminents de son époque s'y opposèrent violemment.10
Cette image du scientifique incarnant un chercheur de vérité à l'esprit ouvert a
été écornée par certaines des plus grandes figures de la science moderne – un
constat exprimé de manière très claire et arrogante par un véritable initié de la
science, le lauréat du prix Nobel James Watson, codécouvreur de la structure de
l'ADN. Watson déclara : "On ne peut pas être un scientifique accompli sans se
rendre compte que, contrairement à la conception populaire soutenue par les
journaux et les mères de scientifiques, un bon nombre de scientifiques ne sont
pas seulement bornés et ennuyeux, mais aussi tout simplement stupides."11 Ou
encore, comme le fit remarquer l'éminent psychologue, Hans Eysenck : "Les
scientifiques, surtout lorsqu'ils quittent le domaine dans lequel ils se sont
spécialisés, sont tout aussi ordinaires, têtus et déraisonnables que n'importe qui
d'autre, et leur intelligence exceptionnellement élevée ne fait que rendre leurs
299
préjugés d'autant plus dangereux... "12 Je vous avais averti que je pouvais être
querelleur.
Les préjugés à l'encontre des recherches sur la conscience que nous avons
examinés tout au long du livre sont ouvertement admis. Citons par exemple Ray
Hyman, un psychologue de l'université de l'Oregon, qui dénonce régulièrement
les résultats de la recherche sur la conscience non locale, au-delà du corps.
Hyman a reconnu que "le niveau du débat au cours des 130 dernières années
dans ce domaine a été une source d'embarras pour tous ceux qui voudraient
croire que les universitaires et les scientifiques adhèrent à des normes de
rationalité et de fair-play."13
Les tentatives d'ignorer la conscience ne l'ont pas bannie. Au contraire, ces
tentatives ont paradoxalement abouti à présenter la conscience comme un
éléphant dans le salon de la science.14 Les futurs chercheurs qui étudient la
conscience feraient bien de tenir compte des paroles de l'astronome, Carl
Sagan : "Il est de la responsabilité des scientifiques de ne jamais supprimer la
connaissance, aussi gênante soit-elle, aussi dérangeante soit-elle pour ceux qui
détiennent le pouvoir ; nous ne sommes pas assez intelligents pour décider
quels éléments de connaissance sont autorisés et lesquels ne le sont pas... "15
300
CHAPITRE 29 : LA TRANSCENDANCE
A cette époque, les hommes seront las de la vie et ils cesseront d'estimer que
l'univers est digne de respect et d'adoration… Ils n'aimeront plus ce monde qui
nous entoure…cette glorieuse structure…Quant à l'âme et à la croyance qu'elle
est immortelle par nature, ou qu'elle peut espérer atteindre l'immortalité…ils se
moqueront de tout cela et ils se persuaderont même que c'est faux.1
-
Hermès Trismégiste, 2ème siècle av. J.-C.
Tout ce que nous aimons peut être sauvé.
-
Alice Walker2
‘’Je connais un moyen de sortir de l’enfer.’’
Cette déclaration saisissante est tirée d'une scène galvanisante du film
biographique de Richard Attenborough sur le Mahatma Gandhi, réalisé en 1982.
Le décor est l'Inde de 1947. Le pays est plongé dans une guerre civile féroce
entre hindous et musulmans, après avoir obtenu son indépendance vis-à-vis de
la domination coloniale britannique, sous l'impulsion du mouvement de
résistance non violente de Gandhi. Alors que le sang coule dans les rues de
Calcutta et que la ville est à feu et à sang, un père hindou affolé se rend au
chevet de Gandhi. Le Mahatma est affaibli par le jeûne, qui est sa façon de tenter
d'arrêter le bain de sang dans tout le pays. Il est proche de la mort. L'homme
présente de la nourriture à Gandhi. " Tenez ! Mangez ! Mangez ! J’irai en enfer,
mais pas avec votre mort sur la conscience !" Gandhi répond calmement : "Seul
Dieu décide qui va en enfer." L'homme, en proie à la culpabilité, avoue alors qu'il
a tué un enfant musulman. "Je lui ai écrasé la tête contre un mur !’’ Gandhi
demande à l'homme pourquoi il a tué l'enfant. "Parce qu'ils ont tué notre fils...
mon fils ! Les musulmans ont tué mon fils !’’ Pour un acte de vengeance aussi
haineux, il n'y a pas de solution facile, et le moyen préconisé par Gandhi pour
sortir cet homme de l'enfer est radical. "Trouvez un enfant’’, conseille-t-il
gentiment, ‘’un enfant dont la mère et le père ont été tués - un petit garçon - et
élevez-le comme votre propre enfant. Assurez-vous seulement qu'il est
musulman.... Et vous devrez l'élever comme un musulman." L'hindou est horrifié ;
il n’avait pas prévu un tel rachat en guise d'expiation. Mais il sent la vérité dans
ce que lui prescrit Gandhi et tombe à genoux en sanglotant.
J'ai voulu faire de ce livre un moyen de sortir de l'enfer - l'enfer de ce moment
particulier de l'histoire où nous sommes confrontés à des menaces pour notre
existence que nos ancêtres n'auraient jamais imaginées, à une Terre qui se
dégrade par le simple fait de notre existence et de nos choix à courte vue. C'est
un enfer duquel, au-delà d'un certain point, les experts disent qu'il n'y aura peutêtre pas d'échappatoire - et, contrairement au scénario de Calcutta, peut-être
pas d'expiation.
Les preuves de notre situation critique à l'échelle mondiale relèvent d'une
science abondante, pas d'un homme-sandwich illuminé qui clame que la fin est
proche. Ce n'est que par un aveuglement volontaire que l'on peut ne pas être
conscient des défis auxquels on doit faire face, à savoir, le changement
climatique mondial, la pollution de l'air et de l'eau, l'explosion démographique,
la disparition des habitats et des espèces, la pénurie d'eau, la désertification, les
idéologies meurtrières, l'épuisement des ressources, la pauvreté extrême, les
guerres à répétition, les haines ethniques et religieuses, etc., le tout encouragé
par la philosophie du "chacun pour soi", qui infecte couramment notre société.
J'ai néanmoins choisi de ne pas m'attarder sur les menaces spécifiques ellesmêmes ; de nombreux autres écrivains l'ont fait avec brio. Mon approche a
plutôt été détournée et décalée - "dire toute la vérité, mais en biaisant", comme
le conseillait la poétesse Emily Dickinson.
Mon message est qu'il existe un moyen de recalibrer notre réponse collective à
tous ces problèmes - une démarche qui permettra ensuite à une cascade de
solutions de se mettre en place. Cette approche nécessite un rétablissement de
notre position éthique et morale à l'égard de la Terre et d'autrui. Nous devons
changer de voie, revoir notre conception fondamentale de ce que nous sommes
et la manière dont nous sommes interconnectés, les uns avec les autres, et au
milieu terrestre qui nous nourrit. Je crois que le concept de l'Esprit universel,
unitaire et collectif, une dimension d'intelligence dont les esprits individuels de
toutes les créatures sensibles font partie intégrante, est une vision qui est
302
suffisamment forte pour faire la différence dans la manière dont nous abordons
tous les défis auxquels nous sommes confrontés - non pas en tant que simple
concept intellectuel, mais comme quelque chose que nous ressentons de la
manière la plus profonde qui soit. Ainsi que le disait Hesse dans le prologue de
Demian, "J'ai été et je suis toujours un chercheur, mais je ne cherche plus dans
les étoiles et les livres ; j'ai commencé à écouter les enseignements que mon
sang me murmure."3
RESPONSABILITÉ VIS-À-VIS DE QUELQUE CHOSE DE SUPÉRIEUR
Vaclav Havel, l’auteur, poète et dramaturge, qui fut le premier président de la
république tchèque, voyait qu'un enfer se profilait dans notre monde et il a eu le
courage de le dire sur la scène internationale. Comme solution, il préconisa une
entrée collective dans une forme de conscience universelle qu'il appela "la
responsabilité vis-à-vis de quelque chose de supérieur". Comme il le déclara
dans un discours prononcé lors d'une session conjointe du Congrès américain, le
21 février 1990 :
La conscience précède l'existence, et pas l'inverse ... c'est pourquoi le salut
de ce monde humain ne se trouve nulle part ailleurs que dans le cœur
humain.... Sans une révolution globale dans le domaine de la conscience
humaine, rien ne changera pour le mieux dans le domaine de notre
existence humaine, et la catastrophe vers laquelle ce monde se dirige –
qu’elle soit écologique, sociale, démographique ou qu'il s'agisse d'un
effondrement global de la civilisation - sera inexorable. Si nous ne
sommes plus menacés par une guerre mondiale ou par le risque que des
montagnes absurdes d'armes nucléaires accumulées fassent exploser le
monde, cela ne signifie pas pour autant que nous avons définitivement
gagné. Nous pouvons encore comprendre que l’unique base authentique
pour toutes nos actions, pour qu'elles soient morales, c'est la
responsabilité. Une responsabilité vis-à-vis de quelque chose de supérieur
à ma famille, à mon pays, à mon entreprise, et à ma réussite - une
responsabilité envers un ordre d'existence, où toutes nos actions sont
303
enregistrées de manière indélébile et où, et seulement où, elles seront
correctement jugées.4
LE DÉPASSEMENT DE SOI
Dans un discours ultérieur prononcé à l'Independence Hall de Philadelphie, en
1994, et intitulé "La nécessité du dépassement de soi", Havel évoqua une
humanité unifiée et soudée par un état de conscience qu'il qualifia de
"transcendance" :
Dans le monde multiculturel actuel, la voie vraiment sûre vers la
coexistence, la coexistence pacifique et la coopération créative, doit partir
de ce qui est à la racine de toutes les cultures et de ce qui est infiniment
plus profond dans le cœur et l'esprit des hommes que les opinions
politiques, les convictions, les antipathies ou les sympathies - elle doit
s'enraciner dans le dépassement de soi : un dépassement de soi, qui soit
une main tendue à nos proches, aux étrangers, à la communauté humaine,
à toutes les créatures vivantes, à la nature et à l'univers. Un dépassement
de soi, qui soit un besoin profondément et joyeusement vécu d'être en
harmonie avec ce que nous ne sommes pas nous-mêmes, ce que nous ne
comprenons pas, ce qui semble éloigné de nous dans le temps et dans
l'espace, mais avec lequel nous sommes pourtant mystérieusement liés,
parce que, avec nous, tout cela constitue un seul et même monde. Un
dépassement de soi qui constitue la seule véritable alternative à
l'extinction. (C'est nous qui soulignons).5
Dans les pages précédentes, nous avons exploré de nombreuses manières de
faire l'expérience d'un engagement transformateur avec un état d'être
transcendant et unificateur que j'ai appelé l'Esprit universel.
De telles expériences transcendantes nous secouent souvent, nous retournent et
‘’sidèrent momentanément l'esprit", comme le dit Frederick Turner.
304
L'astronaute, Edgar Mitchell, que je connais et que j'admire depuis des années,
est un exemple emblématique de ce qui peut survenir en cas de choc avec la
plénitude. Pilote du module lunaire d'Apollo 14, Mitchell fut le sixième homme à
marcher sur la lune. Pendant son vol de retour vers la Terre, il ressentit un lien
extraordinaire avec la planète. "C'était une planète magnifique, harmonieuse,
d'apparence paisible, bleue avec des nuages blancs, et qui vous donnait un
sentiment profond... de chez soi, d'être, d'identité. C'est ce que je préfère
appeler la Conscience globale instantanée."6 En parlant des autres astronautes, il
commenta : "Chaque homme revient avec le sentiment de ne plus être un
citoyen américain - d'être un citoyen planétaire". L'astronaute, Russell
Schweickart, le pilote du module lunaire d'Apollo 9, exprima sensiblement la
même chose : "Vous reconnaissez que vous faites partie intégrante de cette vie
globale.... Et quand vous revenez, il y a une différence dans ce monde,
maintenant. Il y a une différence dans la relation entre vous et cette planète,
entre vous et toutes les autres formes de vie sur cette planète, parce que vous
avez vécu ce genre d'expérience."7
Bien entendu, il n'est pas nécessaire d'aller dans l'espace pour vivre ces
moments transcendants et transformateurs ; on peut se transporter dans
l'espace intérieur. Ainsi que nous l'avons vu, ces expériences frappent toujours à
la porte de la conscience, elles n'attendent qu'une occasion pour faire irruption
dans le salon de notre vie consciente. Elles s'immiscent dans notre vie de
différentes manières : dans des situations ordinaires, comme s'asseoir
tranquillement, comme écouter de la musique, comme contempler des œuvres
d'art, méditer, prier, faire la vaisselle, jardiner ou ne rien faire ; ou encore lors de
moments dramatiques et désespérés, comme une mort imminente ou une
situation qui met notre vie en péril.
LA DIMENSION SPIRITUELLE DES EXPÉRIENCES DE L’ESPRIT
UNIVERSEL
Mais comment des expériences de l'Esprit universel, telles que celles que nous
avons examinées dans ce livre peuvent-elles nous permettre d'échapper à
305
l'avenir sombre auquel nous sommes confrontés ? Comment fonctionne ce
processus ?
La plupart de ces expériences sont considérées comme paranormales ou
parapsychologiques, parce qu'elles impliquent des modes de connaissance non
locaux qui outrepassent les sens physiques. Ces expériences révèlent des liaisons
et des connexions entre des individus éloignés. Mais les liaisons entre personnes
éloignées sont courantes - songeons aux portables et aux téléphones - et il n'y a
donc rien de nécessairement transformateur dans le fait d'être connecté. Même
des expériences de l'Esprit universel peuvent être anodines. Comme l'a souligné
Hoyt L. Edge, professeur de philosophie au Rollins College, en Floride : "Les
phénomènes parapsychologiques ne sont en eux-mêmes pas plus spirituels que
n'importe quel autre phénomène...". Mais encore. "Il y a une implication du
paranormal qui est profonde : les données de la parapsychologie fournissent des
preuves de l'existence d'un lien entre toutes choses, et que cette connexion est
naturelle, et non le résultat d'un artefact humain (comme le téléphone).... Si les
facultés parapsychiques suggèrent indirectement que tous les aspects du
cosmos sont intimement liés et que je fais partie de cette unité d'une manière
significative, alors il est possible de développer un sentiment spirituel à partir de
ce point de vue."
Le professeur Edge accorde une grande importance à cette vision plus large,
parce qu’elle peut transformer notre manière d'être dans le monde. "Le but de la
spiritualité n'est pas se séparer du monde naturel et des autres, mais plutôt de
rendre sacrées ses propres actions dans le monde naturel et ses interactions
avec les autres", dit-il. "La parapsychologie apporte des preuves à l'appui d'une
vision du monde plus relationnelle et connectée..." Le professeur Edge évoqua
les sentiments qu’éprouva l'un de ses étudiants au cours d'une expérience
menée dans le but de générer des expériences mystiques. Celui-ci déclara :
"J'étais à la source de la conscience, de l'illumination et de l'existence, qui se
manifestait sous la forme d'une énergie reliant tous les objets animés et
inanimés.... Je me suis senti moralement élevé à un état d'existence pure et
simple, circulant comme du courant continu dans une chute d'eau, pénétrant de
plus en plus profondément dans toute l'existence, tout en me sentant de plus en
306
plus en paix et satisfait.... J'étais entouré de sens et libéré du désespoir de
l'absence de sens, de la culpabilité et du temps."8
Le chercheur spécialiste de la conscience et psychologue expérimental, William
Braud voit les expériences qui relèvent de l'Esprit universel comme un moyen
potentiel de sortir de l'enfer. "Nous pourrions, sans aucun doute, nous traiter les
uns les autres avec gentillesse, compréhension et compassion, même si nous
n'étions pas profondément et intimement interconnectés de manière non
triviale", écrivit-il. "Néanmoins, le fait d'avoir une connaissance et une expérience
directes de notre interconnexion peut grandement intensifier l'amour que nous
avons les uns pour les autres et améliorer nos comportements éthiques et
sociaux."
Une autre façon dont les expériences qui relèvent de l'Esprit universel peuvent
contribuer à la croissance spirituelle d'une personne, c’est de lui faire prendre
conscience que la vision du monde restrictive de la science conventionnelle, qui
interdit ces phénomènes, est inadéquate. "Parfois, la seule façon d'ébranler une
telle vision du monde est de faire vivre au sceptique une expérience
paranormale très impressionnante", écrivit le philosophe Donald Evans. "J'ai vu
ceci se produire au cours d'ateliers conçus pour éveiller divers pouvoirs
paranormaux intuitifs. Toute la question de la réalité se transforme.... Parfois,
bien sûr, cela survient spontanément."
Evans voit deux manières appropriées d'interpréter ces expériences. "D'une part,
je sais que je ne suis séparé de personne ni de rien grâce aux expériences
mystiques, où mon propre esprit est relié à tout le monde et à toute chose via un
Esprit cosmique qui est un médium omniprésent. D'autre part, je sais que je ne
suis séparé de personne ni de rien grâce aux expériences mystiques où ma
propre âme consciente est unie à la Source consciente de tous et de tout, qui vit
simultanément en nous et en tant que nous."9
Y a-t-il des dangers ? Naturellement. N'importe quelle sublime expérience
humaine peut être récupérée par le narcissisme et l'égoïsme et se transformer en
trip de l'ego. C'est pourquoi certaines traditions spirituelles ont dévalorisé et
même tourné en dérision les siddhis ou les pouvoirs paranormaux, qui peuvent
307
très bien apparaître au cours du processus de transformation de la personne.
Mais une proscription absolue de ces expériences n'est certainement pas
appropriée, car celles-ci peuvent constituer de puissants indicateurs de la
connectivité sous-jacente au monde dont nous faisons partie. Ces expériences,
comme l'a dit Evans, peuvent fournir "le socle nécessaire, bien qu’élémentaire de
ce qui peut suivre : le processus ardu de la transformation ou de la
transfiguration radicale par lequel nous découvrons, puis nous renonçons
progressivement à tout ce qui nous empêche d'être des instruments divins
vibrant de l'amour divin et canalisant l'amour divin."10 Via ces expériences de
l'Esprit universel, on peut apprendre à devenir "transparent à la transcendance",
comme le dit le psychologue allemand et maître zen, Karlfried Graf Dürckheim.11
On devient un transmetteur des circuits de la Conscience, de la vie, de l'empathie
et de l'amour. Avec cette réalisation, on n’a plus des expériences qui relèvent de
l'Esprit universel – on vit l'Esprit universel.
Russell Targ, dont les expériences ont contribué à mettre la vision à distance sur
la carte scientifique, a écrit dans son livre, Perceptions extrasensorielles : Quand
un scientifique prouve la réalité des facultés parapsychiques : "La science
occidentale nous a apporté de grandes réalisations et elle nous a fait découvrir
les confins de l'espace, mais elle a réduit notre espace mental à la taille d'une
noix de coco. Je pense qu'il est plus que temps pour nous de commencer à
remettre en question cette réalité et de revendiquer la réalité non bouchée qui
s'offre à nous."12 Notre avenir dépend probablement de notre reconnaissance
de cette "réalité non bouchée", qui se définit par nos connexions non locales et
intimes mutuelles et avec le monde qui nous entoure.
Targ estime que la spiritualité et que les expériences qui relèvent de l'Esprit
universel sont intimement liées, et il en veut pour preuve la description de la
télépathie et de la précognition dans le magistral texte bouddhiste connu sous
le nom de Soutra de l'Ornementation Fleurie, qui date de l'an 100 de l'ère
chrétienne.13 "Ce traité bouddhiste, écrivit Targ, ‘’enseigne qu'il n'y a aucun
paradoxe dans la précognition ou dans la communication avec les morts,
puisque le passé, le présent et le futur sont tous d'une dimension infinie et qu'ils
coexistent en toute dépendance. Ainsi, le futur peut affecter le passé et, puisque
notre Conscience est intemporelle et non locale, il ne devrait pas être surprenant
308
que l’on puisse faire l'expérience et que l’on fasse l'expérience d’apparitions de
défunts ou de communications concernant l'avenir dans des rêves précognitifs."
Toutes ces formes de super-connaissance, selon Targ, ‘’sont susceptibles de se
produire dans nos vies, comme une résultante naturelle de la Conscience nonlocale". Et elles peuvent nous aider dans notre cheminement spirituel, si on en
fait l'expérience avec un esprit clair et discriminant, raffiné par des disciplines
spirituelles telles que la méditation, la contemplation, etc.
Targ signala que ces mêmes exemples de "super-connaissance" se retrouvent
également dans l'hindouisme, et notamment dans les écrits des sages Patanjali
(IIe siècle avant notre ère) et Shankara (VIIIe siècle après J.-C.). Il conclut :
"J'espère que mes amis bouddhistes ne me diront plus jamais que les
bouddhistes ne s'intéressent pas aux capacités psychiques."14
J'espère que mes amis chrétiens cesseront également de me suggérer que ces
modes de connaissance non locaux sont théologiquement suspects. Le
christianisme souffre encore du contrecoup des siècles passés, lorsque des
phénomènes non locaux, tels que la télépathie, la clairvoyance et la précognition
étaient considérés comme l'œuvre du diable et que les personnes qui les
professaient étaient souvent exécutées au nom de Dieu. De telles suspicions ne
sont plus dignes de notre espèce. Ces capacités devraient être encouragées, en
fait, parce que notre espèce en difficulté a besoin de tout le spectre de la
conscience pour survivre.
LE CHAS DE L’AIGUILLE
La voie commune à tous les moments d'unité d'esprit est l'expérience d'un
niveau hyper réel de conscience, de connexion, d'intimité et de communion avec
un Tout plus vaste, peu importe comment il est conçu - l'Absolu, Dieu, la Déesse,
Allah, l'Univers, et ainsi de suite -, le tout baignant dans une expérience d'amour
intense. Il s'ensuit un profond changement dans les prémisses existentielles sur
lesquelles on fonde sa vie. On cesse d'être "une chose ou un processus, mais une
ouverture ou un espace libre grâce auquel l'Absolu peut se manifester."15
309
C'est le chas de l'aiguille par lequel, une fois passé, il n'y a plus aucun retour en
arrière possible. C'est notre meilleur espoir, mais c’est plus qu'un espoir : c'est
une possibilité qui est à la portée de tous et que beaucoup ont déjà
expérimentée.
Si cette magnifique Terre devait nous parler, peut-être nous convierait-elle avec
les paroles de Rumi, ce lumineux poète soufi de la Perse du XIIIe siècle : "Viens,
viens, qui que tu sois, vagabond, pèlerin ou fuyard. Ce n'est pas la caravane du
désespoir, et il importe peu que tu aies brisé tes vœux des milliers de fois, viens
encore, viens."16
Alors, si la Terre nous interpelle, comment répondrons-nous ? Chacun d'entre
nous a manqué mille fois à ses responsabilités à l’égard de la Terre et de
l'environnement, et donc à l'égard de lui-même et des autres. Cependant, il est
en notre pouvoir de racheter nos manquements en retrouvant notre nature non
locale - l'Esprit universel, qui nous unit à tout le reste, y compris à notre Terre,
l'Esprit universel dont la carte de visite est l'amour, la sollicitude et l'affection. Si
nous sentons notre place dans cette Grande Connexion, notre réponse est
d'honorer ce à quoi nous sommes liés, comme s'il s'agissait de notre maîtresse.
Cette connexion est éternelle et aucun assemblage n'est nécessaire. Rumi
conclut : ''Finalement, les amoureux ne se rencontrent pas quelque part. Ils sont
l'un dans l'autre depuis toujours."17
310
NOTES DE FIN
REMERCIEMENTS
1
Krishna, The Biological Basis of Religion and Genius: 35–36.
2
Baldwin, Edison: 376.
NOTE DE L’AUTEUR
1
Yu, The Great Circle: 160.
2
Rao, Cognitive Anomalies, Consciousness, and Yoga: 352.
3
Ibid., 335; Emerson. Self-Reliance and Other Essays: 53. Comparez le langage du
professeur Rao à celui d'Emerson : " L'âme dans l'homme (...) n'est pas une
faculté, mais une lumière (...) de l'intérieur ou au-delà, une lumière [qui] rayonne
à travers nous sur les choses, et nous fait prendre conscience que nous ne
sommes rien, mais que la lumière est tout. " (Emerson. Self-Reliance
and Other Essays: 53.)
4
Tzu, Tao Te Ching
5
Et comme en Orient, de même en Occident, comme chez Emerson : "Elle [l'âme]
est trop subtile. Elle est indéfinissable, non mesurable, mais nous savons qu'elle
nous imprègne et nous contient." (Emerson, Self-Reliance and Other Essays : 53).
6
Heisenberg, Physics and Beyond: 137.
7
Planck, Where is Science Going?: 217.
INTRODUCTION
1
Schiller, “The Progress of Psychical Research.”
2
Pour ceux qui voudraient consulter une autre source complémentaire qui
examine en détail un grand nombre des phénomènes dont je parle, je
recommande un ouvrage érudit, Irreducible Mind, du psychologue Edward F.
Kelly et de ses collègues de l'université de Virginie. Cet ouvrage de référence a
été qualifié à juste titre de "brillant, héroïque, ... surprenant ... [et]
scientifiquement rigoureux ...". Commentaire de Richard Shweder sur la
quatrième de couverture.
3
Dossey, Recovering the Soul: 1–11.
311
4
Thomas, The Medusa and the Snail: 174–75.
5
Raffensperger, “Moral Injuries and the Environment.”
6
Karpf, “Climate Change.”
7
Mead, Quotationspage.com.
8
Barasch, Green World Campaign.
9
Rifkin, The Empathic Civilization: 599–600.
10
Josephson, “Pathological Disbelief.”
11
Sturrock. A Tale of Two Sciences: 95.
12
Milton, Alternative Science: 3; Lindsay. “Maskelyne and Meteors”; “History of
Meteoritics”; Ensisheim meteorite, Encyclopedia of Science.
13
Einstein, The New York Times; Wikiquote.
14
Johnson, “The Culture of Einstein.”
15
Emerson, Essays: First Series: 1.
16
Ibid., 96.
17
Lovejoy, The Great Chain of Being.
18
Akashic Records, Wikipedia; Laszlo, Science and the Akashic Field.
19
Luke 17:21, King James Version.
20
John 10:34, King James Version.
21
Trismegistus, Hermetica: 203.
22
Plato, Collected Dialogues of Plato: 520–25.
23
Pierce, Irish Writing in the Twentieth Century: 62.
24
Kerouac, Scattered Poems: 54.
25
Il existe trois formes courantes de matérialisme. (1) L'épiphénoménisme
soutient que la conscience émane, en quelque sorte, du cerveau, comme la
vapeur d'une bouilloire. Enlevez la bouilloire, et il n'y a plus de vapeur. (2) La
théorie de l'identité prétend que la conscience et les états du cerveau sont
identiques. (3) Le matérialisme éliminatoire est l'opinion d'après laquelle la
conscience n'existe pas.
26
Hoffman, “Conscious Realism and the Mind-Body Problem.”
27
Pinker, How the Mind Works: 146.
28
Huxley, Tomorrow and Tomorrow and Tomorrow : 32 ; il ne faudrait pas
interpréter l'observation d'Huxley comme une approbation de la paresse
intellectuelle ou de l'antiscience. Il honore une certaine sagesse, qui ne se
conforme pas aux formules, ni aux équations de la science - une sagesse qui,
comme l’a dit Emerson, émane de "la révélation ... du dévoilement de l'âme".
312
Emerson affirmait que cet ordre de connaissance est dénaturé, si on y a recours
pour répondre à des questions terre à terre. "Il faut contrôler cette basse
curiosité et ne pas forcer les serrures", disait-il. (Emerson, Self-Reliance and
Other Essays : 58.)
29
Thomas, The Medusa and the Snail: 73.
30
Ibid., 174–75.
31
Sheldrake, Science Set Free.
32
Nisker, Inquiring Mind: 1.
CHAPITRE 1 : SAUVER LES ‘’AUTRES’’…POURQUOI TOUT RISQUER ?
1
Buckley, “Man is Rescued by Stranger on Subway Tracks.”
2
Trump, “The Time 100.”
3
Campbell and Toms, An Open Life: 53.
4
Ryder, Animal Revolution: 57.
5
Campbell, The Inner Reaches of Outer Space: 84.
6
Dossey, Healing Beyond the Body: 79–104.
7
Pearce, Evolution’s End: 221.
8
Huxley, The Perennial Philosophy: 6.
9
Ibid., 9.
CHAPITRE 2 : LE SAINT PATRON DE L’ESPRIT UNIVERSEL
1
Schrödinger, What is Life? and Mind and Matter: 145.
2
Moore, Schrödinger: Life and Thought: 107–10.
3
Ibid., 111.
4
Koestler, The Roots of Coincidence: 107–8.
5
Moore, Schrödinger: Life and Thought: 112.
6
Schopenhauer, Sämtliche Werke: 224–25; Koestler,The Roots of
Coincidence:107–8.
7
Moore, Schrödinger: Life and Thought: 113.
8
Schrödinger, What is Life? and Mind and Matter: 139.
9
Ibid., 133.
10
Ibid., 145.
11
Ibid., 165.
313
12
Schrödinger, My View of the World: 21–22.
13
Ibid., 22
14
Moore, Schrödinger: Life and Thought: 348–49.
15
Ibid., 173.
16
Huxley, The Perennial Philosophy.
17
Underhill, Mysticism: 80.
18
Moore, Schrödinger: Life and Thought: 114.
19
Gandhi, The Evolution of Consciousness: 215–51.
20
Dossey, Space, Time & Medicine.
21
Dossey, Recovering the Soul: 1–11.
CHAPITRE 3 : EXPÉRIENCES VÉCUES RELATIVES À L’ESPRIT UNIVERSEL
1
Stein, Everybody’s Autobiography: 289.
2
Van Oss, “Hunch Prompted Dutch Man to Cancel Flight on Air France 447.”
3
Winkler, communication personnelle à l’auteur.
4
Beloff, Parapsychology: xiv.
CHAPITRE 4 : L’ESPRIT UNIVERSEL N’EST PAS UN FLOU INFINI
1
Pearce, Evolution’s End: 30.
2
Ibid., 95.
3
Grann, The Lost City of Z: 122–23.
4
Walach and Schneider, Generalized Entanglement From a Multidisciplinary
Perspective.
5
Nadeau and Kafatos, The Non-Local Universe: 65–82.
6
Herbert, Quantum Reality: 214.
7
Einstein, Podolsky, and Rosen, “Can Quantum-Mechanical Description of
Physical Reality Be Considered Complete?”
8
Kafatos and Nadeau, The Conscious Universe: 71.
9
“How old is the universe?” Universe 101.
10
Vedral, “Living in a Quantum World”; Thaheld, “Biological Nonlocality and the
Mind-Brain Interaction Problem”; Thaheld, “A Method to Explore the Possibility
of Nonlocal Correlations Between Brain Electrical Activities of Two Spatially
Separated Animal Subjects.”
314
11
Bohm, Wholeness and the Implicate Order: 145.
12
Cook, Hua-Yen Buddhism: 2
13
Bohm, Wholeness and the Implicate Order: 149.
14
Bohm and Krishnamurti, The Limits of Thought.
15
Lachman, Lachman, and Butterfield, Cognitive Psychology and Information
Processing: 137.
16
Sheldrake, McKenna, and Abraham, The Evolutionary Mind: 109–21.
17
Turner, Natural Religion: 213.
18
Best, Five Days That Shocked the World: 79.
19
Gonin, “Extract from the Diary of Lieutenant Colonel Mervin Willett Gonin.”
20
Bohm, Wholeness and the Implicate Order.
21
Eckhart, “Spiritual Practices: Silence.”
22
Keating, “Spiritual Practices: Silence.”
23
Vivekananda, “Spiritual Practices: Silence.”
24
Alexander, Proof of Heaven; Alexander, “Neurosurgeon Eben Alexander’s
NearDeath Experience Defies Medical Model of Consciousness.”
25
Eckhart, Meister Eckhart: 243.
CHAPITRE 5 : LE SENTIMENT D’ÊTRE OBSERVÉ
1
Longworth, Churchill by Himself: 322.
2
Sheldrake, The Sense of Being Stared At; Braud, Shafer, and Andrews,
“Electrodermal Correlates of Remote Attention”; Cottrell, Winer, and Smith,
“Beliefs of Children and Adults About Feeling Stares of Unseen Others.”
3
Sheldrake, The Sense of Being Stared At: 5.
4
Ibid., xiii.
5
Matthew, “Sixth Sense Helps You Watch Your Back.”
6
Sheldrake, The Sense of Being Stared At. London. Arrow; 2003: 139.
7
Ibid., 139–40.
8
Ibid., 157.
9
Cottrell, Winer, and Smith, “Beliefs of Children and Adults About Feeling Stares
of Unseen Others.”
CHAPITRE 6 : ÉVOLUTION À L’UNISSON
315
1
Sandoz, The Buffalo Hunters: 3–5.
2
Ibid., 102.
3
Ibid., 103–4.
4
“Projet pigeon voyageur : les leçons du passé pour un avenir durable”
5
Pour un autre spectacle d'étourneaux à couper le souffle, voir :
https://www.youtube.com/watch?v=iRNqhi2ka9k
6
Shadow, Dailygrail.com.
7
Ibid.
8
Miller, “The Genius of Swarms.”
9
“Planes, Trains, and Ant Hills.” ScienceDaily.com.
10
Miller, “The Genius of Swarms.”
11
“Caribou.” U. S. Fish and Wildlife Service.
12
Miller, “The Genius of Swarms.”
13
Sheldrake, The Sense of Being Stared At: 113–21.
14
Potts, “The Chorus-Line Hypothesis of Manoeuvre in Avian Flocks.”
15
Sheldrake, The Sense of Being Stared At: 115; Selous, Thought Transference (or
What?) in Birds: 931; Long, How Animals Talk.
16
Sheldrake, The Sense of Being Stared At: 119.
17
Ibid., 83.
CHAPITRE 7 : L’ESPRIT COMMUN DES ANIMAUX ET DES HOMMES
1
Watson, “Natural Harmony.”
2
Alexander, Bobbie, A Great Collie: 103–13.
3
Harness, "The Most Famous Mutts Ever" ; l'histoire de Rin Tin Tin est racontée
dans Orlean. Rin Tin Tin ; Stelljes, Wonder Dog, the Story of Silverton Bobbie ;
Schul, The Psychic Power of Animals : 52 ; Rhine et Feather, "The Study of Cases
of 'Psi-Trailing' in Animals".
4
Scheib, “Timeline.”
5
Trapman, The Dog, Man’s Best Friend.
6
Rhine and Feather, “The Study of Cases of ‘Psi-Trailing’ in Animals.”
7
“Of All the Pigeon Lofts in the World.”
8
Rhine and Feather, “The Study of Cases of ‘Psi-Trailing’ in Animals.”
316
9
Sheldrake, Dogs That Knows When Their Owners Are Coming Home ;
Sheldrake, Commentaire sur un article de Wiseman, Smith et Milton sur le
phénomène des "animaux de compagnie psychiques".
10
Armstrong, “Souls in Process: A Theoretical Inquiry into Animal Psi.” Critical
Reflections on the Paranormal: 134.
11
Ibid., 135.
12
Ibid.
13
Sheldrake and Smart, “Psychic Pets.”
14
Scheltema, Something Unknown Is Doing We Don’t Know What.
15
Wiseman, Smith, and Milton, “Can Animals Detect When Their Owners Are
Returning Home?”
16
Wilson, Quoted at GoodReads.com.
17
Schul, The Psychic Power of Animals: 142–43; Telepathy. Gale Encyclopedia of
Occultism and Parapsychology.
18
Kane, “Do Dogs Mourn?”
19
Harrison, Off to the Side: 47–48.
20
Ibid., 48.
21
“NZ Dolphin Rescues Beached Whales.” BBC News online.
22
Gessler, “Couple Alerted by Dolphins about Tired Dog Tells Story.”
23
Cellzic, “Dolphins Save Surfer from Becoming Shark’s Bait.”
24
“Dolphins Save Lifeguards from Circling Great White Shark.” www.joe-ks.com;
Thomson, “Dolphins Saved Us From Shark, Lifeguards Say.”
25
“Amazing Moment Mila the Beluga Whale Saved a Stricken Diver’s Life by
Pushing Her to the Surface.”
26
“Heroic Horse Halted Cow’s Attack.” BBC News online.
27
“Gorilla Rescues Child.” Year in Review: 1996; “Gorilla at an Illinois Zoo Rescues
a 3-Year-Old Boy.” The New York Times archives; “Gorilla’s Maternal Instinct
Saves Baby Boy Who Fell into Zoo Enclosure from Coming to Harm.” The
Independent online.
28
Buchmann, Letters from the Hive: 123.
29
Anonymous, “Telling the bees.” Dailygrail.com.
30
Schul, The Psychic Power of Animals: 146; “Telling the Bees.” SacredTexts.com
31
Whittier, “Telling the Bees”: 167.
32
Shadow, "Telling the Bees", Dailygrail.com.; Il se peut que J. K. Rowling ne
connaissait pas l'annonce aux abeilles et la révérence des cultures anciennes à
317
leur égard. Une source dit que Rowling savait que dumbledore était un ancien
mot anglais voulant dire "bourdon" et que, parce que son personnage Albus
Dumbledore aimait beaucoup la musique, elle se le représentait toujours en
train de fredonner. Voir : Rowling. " What Jo says about Albus Dumbledore’’.
33
Rogers. Cité dans GoodReads.com.
34
Twain. Cité dans GoodReads.com.
35
De Gaulle. Cité dans GoodReads.com.
36
Schulz. Cité dans GoodReads.com.
37
Kundera. Cité dans GoodReads.com.
38
“Cat Heroes.” Squidoo.com.
39
Dosa, “A Day in the Life of Oscar the Cat.”
40
Twain. Cité dans GoodReads.com.
41
De Vinci. Cité dans GoodReads.com.
CHAPITRE 8 : DES ATOMES ET DES RATS
1
Feynman, Six Easy Pieces: 20
2
Radin, Entangled Minds: 19.
3
Vedral, “Living in a Quantum World.”
4
Mermin, “Extreme Quantum Entanglement in a Superposition of
Macroscopically Distinct States.”
5
Kafatos and Nadeau, The Conscious Universe: 71.
6
Nadeau and Kafatos, The Non-Local Universe: 65–82; Kafatos and Nadeau. The
Conscious Universe.
7
Kelly, et al., Irreducible Mind; Carter. Parapsychology and the Skeptics; Tart. The
End of Materialism.
8
Vedral, “Living in a Quantum World.”
9
Wilber, Quantum Questions : citation au dos de la couverture.
10
Socrates. QuotesEverlasting.com.
11
Dawkins, The Selfish Gene
12
Ibid., 3.
13
Ibid.
14
Bartal, Decety, and Mason, “Empathy and Pro-Social Behavior in Rats.”
15
Kane, “Study Shows Lab Rats Would Rather Free a Friend than Eat Chocolate.”
318
16
Mitchum, “Rats Free Trapped Companions, Even When Given Choice of
Chocolate Instead.”
CHAPITRE 9 : L’ESPRIT DÉPASSE LE CERVEAU
1
Brunton, Network Newsletter: 18.
2
Lashley, “In Search of the Engram”: 478.
3
Lorber, “Is Your Brain Really Necessary?”
4
Brian, Genius Talk: 367.
5
Wigner, “Are We Machines?”
6
Maddox, “The Unexpected Science to Come.”
7
Hippocrates, Hippocrates: 179.
8
Carter, Science and the Near-Death Experience: 14
9
Bergson, The Creative Mind.
10
Carter, Science and the Near-Death Experience: 15.
11
Bergson, Presidential address.
12
James, Human Immortality: 15.
13
Ibid., 1113
14
Huxley, The Doors of Perception: 22–24
15
Fenwick and Fenwick, The Truth in the Light: 235–36.
16
Ibid., 260.
17
Ibid.
CHAPITRE 10 : L’IMMORTALITÉ ET LES EXPÉRIENCES DE MORT IMMINENTE
1
Ramachandran, “The Limbic Fire.”
2
Dickinson, The Complete Poems of Emily Dickinson: 708.
3
Benedict, “Mellen-Thomas Benedict’s Near-Death Experience.”
4
Ibid.
5
Benedict, Wisdom.
6
Benedict, “Mellen-Thomas Benedict’s Near-Death Experience.”
7
Plato, “The Myth of Er.”
8
Jung, The Collected Works of C. G. Jung. Princeton University Press; 1969: 43.
9
Jung, The Symbolic Life.
10
Jung, Memories, Dreams, Reflections: 325.
319
11
Taylor, Orwell: 239.
12
Bohm, Omni.
13
De Beauregard. Address to the Third Annual Meeting of the Society for
Scientific Exploration.
14
Stevenson, Where Reincarnation and Biology Intersect; Tucker. Life Before Life.
15
Darling, Soul Search: 179.
16
Gefter, “Near-Death Neurologist.”
17
Russell, The Basic Writings of Bertrand Russell: 370.
18
Thomas,“The Long Habit.”
19
Alexander, Proof of Heaven.
20
Alexander, “Life Beyond Death.”
21
Alexander, interview avec Alex Tsakiris.
22
Moody, Life After Life.
23
Sondage Gallup. "Un nouveau sondage mesure le niveau de connaissances
générales des Américains.''
24
Flat Earth Society.
25
Gallup and Proctor. Adventures in Immortality; Perera, et al. “Prevalence of
Near-Death Experiences in Australia”: 109; Knoblauch, et al. “Different Kinds of
Near-Death Experience”: 15–29.
26
Van Lommel, et al, "Near-Death Experience in Survivors of Cardiac Arrest"
(Expérience de mort imminente chez les survivants d'un arrêt cardiaque) : La
mort clinique est "l'inconscience consécutive à la perte du rythme cardiaque et
de la respiration. Si les patients ne sont pas réanimés dans les cinq à dix minutes,
ils mourront" ; Van Lommel. Consciousness Beyond Life (La conscience au-delà
de la vie) : 398.
27
Gallup and Proctor. Adventures in Immortality: 198–200.
28
“Key Facts about Near-Death Experiences.” Prevalence of NDEs.
29
Clark, Divine Moments: 54.
30
Ibid., 51
31
Moody, Life After Life.
32
Clark, Divine Moments: 34–40.
33
Emerson, Essays: First Series: 1.
34
Clark, Divine Moments: 45.
35
Ibid.,188.
36
Ibid., 212.
320
37
Ibid., 23–27.
38
Van Lommel, Consciousness Beyond Life: 8–9.
39
Van Lommel, Consciousness Beyond Life: 9; Van Lommel, et al., “Near-Death
Experiences in Survivors of Cardiac Arrest”; Greyson, “Incidence and Correlates of
Near-Death Experiences in a Cardiac Care Unit.”
40
Hoffman, “Disclosure Needs and Motives after Near-Death Experiences.”
41
Van Lommel, Consciousness Beyond Life: 10
42
Clark, Divine Moments: 53.
43
Moody, Paranormal: 227–42
44
Borysenko, “Shared Deathbed Visions.”
45
Moody, Paranormal: 239–41.
46
Rominger, “An Empathic Near-Death Experience.”
47
"Group Near-Death Experiences" ; On peut aussi trouver ce compte rendu dans
Gibson, Fingerprints of God : 128-30.
48
Moody, Paranormal: 227–42.
49
Clark, Divine Moments: 177.
50
Ibid., 103–4.
51
Ibid., 157–58.
52
Ibid., 137.
53
Ibid., 187.
54
Ibid., 193.
55
Ibid., 221.
56
Greyson, “Increase in Psychic Phenomena Following Near-Death Experiences”;
Sutherland, “Psychic Phenomena Following Near-Death Experiences.”
57
Clark, Divine Moments: 244–47.
CHAPITRE 11 : LA RÉINCARNATION
1
Voltaire, “La Princesse de Babylone”: 366.
2
Tucker, Life Before Life: 211.
3
Schopenhauer, Parerga and Paralipomena: 368.
4
Pew Forum, “Many Americans Mix Multiple Faiths.”
5
Stevenson, Where Reincarnation and Biology Intersect: 9.
6
Ibid., 7.
7
Ibid., 12.
321
8
Stevenson, Telepathic Impressions.
9
Schmicker, Best Evidence: 223.
10
Stevenson, Where Reincarnation and Biology Intersect: 180–81.
11
Ibid., 3.
12
Ibid., 180.
13
Ibid., 181.
14
Ibid.
15
Thomas, The Lives of a Cell: 52.
16
Stevenson, Where Reincarnation and Biology Intersect: 181.
17
Ibid.
18
Ibid., 181–83.
19
Ibid., 182
20
Kelly, et al., Irreducible Mind.
21
Nan Huaijin, Basic Buddhism: 46.
22
Bernstein, Quantum Profiles: 82.
CHAPITRE 12 : LA COMMUNICATION AVEC LES DÉFUNTS
1
Mitchell, “The Case of Mary Reynolds”; Putnam, A History of Multiple
Personality Disorder: 357.
2
Barrington, Mulacz, and Rivas, “The Case of Iris Farczády.”
3
Warcollier, “Un Cas de Changement de Personnalité avec Xénoglossie”: 121–29
4
Kelly, et al., Irreducible Mind: 282.
5
Ibid., 283.
6
Beischel and Rock, “Addressing the Survival vs. Psi Debate Through
ProcessFocused Mediumship Research.” Rock, Beischel, and Cott, “Psi vs.
Survival.”
7
Beischel and Schwartz, “Anomalous Information Reception by Research
Mediums Demonstrated Using a Novel Triple-Blind Protocol.”
8
Tart, “Who or What Might Survive Death?” in Body Mind Spirit: 182.?
9
Barnum, “Expanded Consciousness.”
10
Ibid., 264.
11
Rees, “The Bereaved and Their Hallucinations.”
CHAPITRE 13 : UNITÉ PRÉCOCE
322
1
Ainsworth, “Deprivation of Maternal Care”; Geber, “The Psycho-motor
Development of African Children in the First Year and the Influence of Maternal
Behavior.”
2
Inglis, Natural and Supernatural: 34.
3
Rose, Primitive Psychic Power: 49–50.
4
Inglis, Natural and Supernatural: 33; Sinel, The Sixth Sense.
5
Pearce, Evolution’s End: 149.
6
Sheldrake and Wolpert, Telepathy Debate.
7
Gersi, Faces in the Smoke: 84–86.
8
Ibid., 86–91.
CHAPITRE 14 : LES (IDIOTS) SAVANTS
1
Dossey, Healing Beyond the Body: 265–68.
2
Pearce, Evolution’s End: 3–5.
3
Treffert and Wallace, “Islands of Genius.”
4
Ibid.
5
Pearce, Evolution’s End: 4.
6
Feinstein, “At Play in the Fields of the Mind.”
7
Treffert, Extraordinary People.
8
Ibid., 1–2.
9
Pearce, Evolution’s End: 4.
10
Treffert, Extraordinary People: 59–68.
11
Rimland, “Savant Capabilities of Autistic Children, and Their Cognitive
Implications.”
12
Treffert, Extraordinary People: 396.
13
Ibid., 396–97.
14
Ibid., 196–97; Treffert and Wallace, “Islands of Genius.”
15
Treffert and Christensen, “Inside the Mind of a Savant.”
16
Treffert, Extraordinary People: 163.
17
Duckett, “Adaptive and Maladaptive Behavior of Idiot Savants”; Duckett. “Idiot
Savants.”
18
Treffert and Wallace, “Islands of Genius.”
323
CHAPITRE 15 : LES JUMEAUX
1
Swinburne, “The Higher Pantheism in a Nutshell”: 14.
2
Dossey, “Lessons from Twins.”
3
Allen, “The Mysteries of Twins.”
4
Jackson, “Reunion of Identical Twins, Raised Apart, Reveals Some Astonishing
Similarities”: 48–56.
5
Wright, “Double Mystery.”
6
Holden, “Identical Twins Reared Apart”: 1323–1328.
7
Jackson, “Reunion of Identical Twins, Raised Apart, Reveals Some Astonishing
Similarities”: 50.
8
Allen, “The Mysteries of Twins.”
9
Jackson, “Reunion of Identical Twins, Raised Apart, Reveals Some Astonishing
Similarities”: 56.
10
Holden, “Identical Twins Reared Apart”: 1324.
11
Jackson, “Reunion of Identical Twins, Raised Apart, Reveals Some Astonishing
Similarities”: 48–56.
12
Wright, “Double Mystery”: 62.
13
LeShan, Landscapes of the Mind: 186–87.
14
Jackson, “Reunion of Identical Twins, Raised Apart, Reveals Some Astonishing
Similarities”: 55–56.
15
Playfair, Twin Telepathy: 69.
16
Ibid., 77.
17
Ibid.
18
Ibid., 81.
CHAPITRE 16 : LES PHÉNOMÈNES TÉLÉSOMATIQUES
1
Schwarz, “Possible Telesomatic Reactions.”
2
Gurney, Myers, and Podmore, Phantasms of the Living: 188–89.
3
Ibid., 132.
4
Stevenson, Telepathic Impressions: 5–6.
5
Rush, “New Directions in Parapsychological Research.”
6
Rhine, “Psychological Processes in ESP Experiences.”
7
Playfair, Twin Telepathy: 11–35.
324
8
Ibid., 52–55.
9
Ibid., 55–56.
10
Vanderbilt and Furness, Double Exposure: xi–xii.
11
Playfair, Twin Telepathy: 16.
12
Ibid., 51.
13
Kincheloe, “Intuitive Obstetrics.”
14
Dean, Plyler, and Dean, “Should Psychic Studies Be Included in Psychiatric
Education?”
15
Survey of Physicians’ Views on Miracles; Schwartz, “An American Profile.”
16
Schwartz, “An American Profile.”
17
Evans, “Parapsychology—What the Questionnaire Revealed.”
18
Bem and Honorton, “Does Psi Exist?”
19
Hansen, The Trickster and the Paranormal: 148–61; Hansen, “CSICOP and the
Skeptics”; Carter, Parapsychology and the Skeptics.
CHAPITRE 17 : ABSOLUMENT CONVAINCU
1
Radin, The Conscious Universe; Radin, Entangled Minds.
2
Les publications suivantes ont trait aux recherches de Russell Targ : Targ, Do
You See What I See ; Targ, Limitless Mind ; Targ et Puthoff, Mind-Reach ; Targ et
Puthoff, "Scanning the Issue" ; Targ et Puthoff, "Information Transmission under
Conditions of Sensory Shielding" ; Targ, "Remote Viewing at Stanford Research
Institute in the 1970s."
3
Targ, “Why I Am Absolutely Convinced of the Reality of Psychic Abilities and
Why You Should Be Too.”
4
Dossey, “Making Money”: 49–59.
5
Puthoff, “CIA-Initiated Remote Viewing Program at Stanford Research Institute.”
6
Targ, “Why I Am Absolutely Convinced of the Reality of Psychic Abilities and
Why You Should Be Too.”
7
Targ, Limitless Mind: 7–8.
8
Ibid., 83
9
Vedral, “Living in a Quantum World”; Dossey, “All Tangled Up.”
10
Targ, Limitless Mind: 8; Bohm and Hiley, The Undivided Universe: 382–86.
11
Targ, Limitless Mind: 8.
325
CHAPITRE 18 : DES AVIONS ABATTUS ET DES NAVIRES COULÉS
1
Targ and Puthoff, Mind Reach.
2
Schnabel, Remote Viewers: 215 ff; Swanson, The Synchronized Universe: 33.
3
Schwartz, “Nonlocal Awareness and Visions of the Future.”
4
Psychic Sea Hunt.
5
Schwartz, Opening to the Infinite: 180–201.
6
Ibid., 199.
7
Ibid., 197–98.
8
Ibid., 198–99.
9
Schwartz, The Secret Vaults of Time.
CHAPITRE 19 : LA HARPE DISPARUE ET L’ANGE DE LA BIBLOTHÈQUE
1
Gallagher, “Psychoanalyst and Clinical Professor Elizabeth ‘Lisby’ Mayer Dies
Jan. 1 at Age 57.”
2
McCoy, Power of Focused Mind Healing. 1–3.
3
Mayer, Extraordinary Knowing: 1–3.
4
Ozark Research Institute.
5
Miller, Emerging Issues in the Electronic Environment: 24.
6
Combs and Holland, Synchronicity: 21.
7
Jordan, “In the Footnotes of Library Angels.”
8
Wilson, The Occult: xxxix.
9
Bryson, Notes From a Small Island: 181.
10
Olson, “Is the Universe Friendly?”
11
Bull, Thinkexist.com.
CHAPITRE 20 : LA GUÉRISON ET L’ESPRIT UNIVERSEL
1
Achterberg, et al., “Evidence for Correlations Between Distant Intentionality and
Brain Function in Recipients.”
2
Graham, Sit Down Young Stranger: 179–94.
3
Ibid., 186.
4
Ibid., 190.
5
Hawkes, Website.
326
CHAPITRE 21 : LE CÔTÉ OBSCUR
1
Stevenson, Telepathic Impressions: 131–32.
2
Romania’s murderous twins; Playfair, 79-80.
3
Dossey, “Lessons from Twins.”
4
“Propaganda in Nazi Germany.” History Learning Site.
5
Mackay, Extraordinary Popular Delusions and the Madness of Crowds: xix.
6
Janis, Victims of Groupthink.
7
Will Rogers. Cité dans Dartmouth.org.
CHAPITRE 22 : LA SOUPE COSMIQUE
1
Frost, The Poetry of Robert Frost: 33.
2
Pearce, Evolution’s End: 8–9.
3
Ibid., 10–11.
4
Keller, A Feeling for the Organism: 48.
5
Briggs, Fire in the Crucible: 68.
6
Laszlo, The Interconnected Universe: 129.
7
Ibid., 130; Dossey, Healing Beyond the Body: 268–69.
8
Conrad, Typhoon and Other Tales: 21.
9
Ross, Art and Its Significance: 555.
10
Herbert, Modern Artists on Art: 77.
11
Fromm, Creativity and Its Cultivation: 51.
12
Hollander, “Child’s Play.”
13
Hollander, communication personnelle.
14
Valletin, Leonardo da Vinci: 151–52 and 111.
15
Dickinson, “There’s a Certain Slant of Light”: 248.
16
Hadamard, The Psychology of Invention in the Mathematical Field: 142–43;
Koestler, The Act of Creation: 171.
17
Greene, “Toward a Unity of Knowledge.”
18
Hadamard, The Psychology of Invention in the Mathematical Field: 85.
19
Koestler, The Act of Creation: 170.
20
Ibid., 208.
21
Laszlo, The Interconnected Universe: 131.
327
22
Ibid.
23
Boswell, Life of Samuel Johnson.
24
Koestler, Janus: 284–85
25
Smith, Forgotten Truth: 113.
26
Ibid., 113–14.
27
Ibid., 114.
28
Erdoes, Richard. Lame Deer—Seeker of Visions. New York: Simon & Schuster;
1972: 217.
CHAPITRE 23 : LE MOI
1
Diekman, “‘I’ = Awareness.”
2
Einstein, Ideas and Opinions: 12.
3
Crick, The Astonishing Hypothesis: 271.
4
Ibid., 3
5
Dennett, Consciousness Explained: 406.
6
Baggini, “The Self: Why Science Is Not Enough.” 34–35.
7
Vernon, Philosophy and Life blog.
8
John 3:30, King James Version.
9
Jung, Psychology and Religion: 12.
10
Levin, God, Faith, and Health; Hummer, Rogers, Nam, and Ellison, “Religious
Involvement and U. S. Adult Mortality.”
11
Jauregui, Epiphanies: 70.
12
Merleau-Ponty, “Primordial Wholeness.”
13
Keller, A Feeling for the Organism: 101.
14
Goethe, Maximen und Reflexionen: 435.
15
Kohut, The Search for the Self: 82.
16
Ibid., 174.
17
Ibid., 609.
18
Briggs, Fire in the Crucible: 68.
19
Segal, Collision with the Infinite: 49.
20
Simeon and Abugel, Feeling Unreal: 143–45.
21
Ibid., 63.
22
Segal, Collision with the Infinite: 122.
23
Ibid., 49.
328
24
Forman, Enlightenment Ain’t What It’s Cracked Up to Be.
25
Lanier, “From Having a Mystical Experience to Becoming a Mystic.”
26
Ibid.
27
Safransky, Sunbeams: 45.
28
Lara, The Sun.
29
Eckhart, The Sun.
30
Tillich, The Courage to Be: 179–180.
31
Cook, The Life of Florence Nightingale: 481.
32
Attribué à Jung
33
Alan Watts. Cité dans Secondattention.com.
CHAPITRE 24 : L’ESPRIT UNIVERSEL EST-IL DIEU ?
1
Emerson, Self-Reliance and Other Essays: 108.?
2
John 10:34, King James Version.
3
Luke 17:21, King James Version.
4
Eckhart, Meister Eckhart: A Modern Translation: 233–50.
5
Wilber, Quantum Questions: 92.
6
Smith, Beyond the Post-Modern Mind: 36.
7
Koestler, Janus: 289–91.
8
Smith, Beyond the Post-Modern Mind: 37.
9
Ibid., 38–39.
10
Ibid., 40.
11
Falk, The Science of the Soul: 2.
12
Lovejoy, The Great Chain of Being: 59.
13
Blackburn, The Oxford Dictionary of Philosophy: 55–56.
14
Wilber, Eye to Eye: 219.
15
Ibid., 243.
16
Wilber, A Brief History of Everything: 42–43.
17
Mason, Al-Hallaj: 30–96.
18
Maître Eckhart. Cité dans Goodreads.com.
19
Brown, “The Man from Whom God Hid Nothing.”
CHAPITRE 25 : DÉGAGER LA SERRURE DE CE QUI L’ENCOMBRE
329
1
John Milton, The Oxford Book of English Verse: No. 322, 51–55.
2
Koestler, Janus: 282.
3
Merrill. Interview d’Helen Vendler.
4
Grosso, “The Advantages of Being Multiplex”: 225–246.
5
Hall and Metcalf, The Artist Outsider.
6
Grosso, “The Advantages of Being Multiplex”: 225–246.
7
Wölfli. Recited and set to music.
8
Breton. Cité sur le site web de la Fondation Adolf Wölfli
9
Grosso, “The Advantages of Being Multiplex”: 241.
10
Posey and Losch, “Auditory Hallucinations of Hearing Voices in 375 Subjects.”
11
The Week Staff, “Should Yoga Be an Olympic Sport?”
CHAPITRE 26 : LES VOIES DU RÊVE
1
Lessing, The Making of the Representative for Planet 8.
2
Dossey, The Power of Premonitions.
3
Koestler, The Act of Creation: 181.
4
Chesterman, An Index of Possibilities: 187.
5
Van de Castle, Our Dreaming Mind: 34–39.
6
De Becker, The Understanding of Dreams and Their Influence on the History of
Man: 85.
7
Kedrov, Voprosy Psikologii.
8
Van de Castle, Our Dreaming Mind: 35–36.
9
Ibid., 36 (Il faut voir là un jeu de mots anglais entre ‘’night’’ et ‘’knighted’’, NDT)
10
Ibid., 34–39.
11
Grellet, Wikipedia; Seebohm, Memoirs of the Life and Gospel Labors of
Stephen Grellet: 434; Maeterlink, The Unknown Guest: 98–99.
12
Krippner, Bogzaran, and Percia de Carvalho, Extraordinary Dreams and How to
Work with Them: 6.
13
Krippner and Faith, “Exotic Dreams: A Cross-Cultural Survey.”
14
Laughlin, “Transpersonal Anthropology”; Laughlin, “Transpersonal
Anthropology, Then and Now.”
15
George, “Dreams, Reality, and the Desire and Intent of Dreamers as
Experienced by a Fieldworker.’’
16
Inglis, Natural and Supernatural: 333.
330
17
Wagner-Pacifici and Bershady, “Portents or Confessions.”
18
Luke, “Experiential Reclamation and First Person Parapsychology.”
19
Priestley, Man & Time: 190–91.
20
Ibid., 211–12.
CHAPITRE 27 : L’AMOUR EST LE DERNIER MOT
1
Bell, D. H. Lawrence: 51.
2
Jahn and Dunne, Margins of Reality: 343.
3
Marano, “The Dangers of Loneliness.”
4
Bell, “Ways of Overcoming Loneliness.”
5
Ibid.
6
Pocheptsova, Ferraro, and Abraham, “The Effect of Mobile Phone Use on
Prosocial Behavior.”
7
Hu, “Will Online Chat Help Alleviate Mood Loneliness?” 219–223.
8
Hu, “Social Use of the Internet and Loneliness.”
9
“I Am Lonely Will Anyone Speak to Me.”
10
Andrews, “Misery Loves (Cyber) Company”; Burkeman, “Anybody There?”;
Ratliff. “Hello, Loneliness.”
11
Needleman, “The Heart of Philosophy.”
12
List of social networking websites. Wikipedia.
13
Carter, Science and the Near-Death Experience: xv–xvi.
14
Huxley, Tomorrow and Tomorrow and Tomorrow: 57.
15
Ibid., 56.
16
Ibid., 56–57.
17
Dossey and Keegan, Holistic Nursing.
18
Golden, “William Osler at 150.”
19
Achterberg, et al., “Evidence for Correlations Between Distant Intentionality and
Brain Function in Recipients.”
20
Jung, Memories, Dreams, Reflections: 354.
21
Jahn, “Report on the Academy of Consciousness Studies.”
22
Whitman, The Complete Poems: 288–89.
CHAPITRE 28 : FAIRE ÉVOLUER LA SCIENCE
331
1
Pour ceux qui veulent une analyse approfondie concernant les désaccords
incessants sur la nature de la conscience, je recommande l'analyse du
philosophe, Chris Carter dans son livre, Science and the Near-Death Experience.
2
Kuhn, The Structure of Scientific Revolutions.
3
Greenhalgh, How to Read a Paper: 6.
4
Je ne dénigre nullement les grandes réalisations de la science et les
nombreuses grandes revues qui ont joué un rôle dans ces réalisations. J'ai été
rédacteur en chef de revues médicales pendant 15 ans.
5
Hellman, Great Feuds in Science; Hellman, Great Feuds in Medicine.
6
French, William Harvey’s Natural Philosophy: 233–34.
7
Chauvois, William Harvey: 222–23.
8
Hellman, Great Feuds in Medicine by Publishers Weekly.
9
Nuland, Doctors: 168.
10
Garrison, An Introduction to the History of Medicine: 435–37.
11
Watson, The Double Helix: 14.
12
Koestler, The Roots of Coincidence: 15.
13
Kurtz, A Skeptic’s Handbook of Parapsychology: 89.
14
L'un des exemples les plus récents de ces spasmes périodiques d'intolérance à
l'encontre de la science dite paranormale fut récemment évoqué dans le New
York Times. (Dossey, "Why Are Scientists Afraid of Daryl Bem ?")
15
Splane, Quantum Consciousness: 80.
CHAPITRE 29 : LA TRANSCENDANCE
1
Trismegistus, Hermetica : 344 ; Comparez avec Emerson : "La doctrine de la
nature divine étant oubliée, une maladie infecte et diminue la constitution
humaine. Autrefois, l'homme était la Totalité ; à présent, il n'est plus qu'un
appendice, une nuisance... La doctrine de l'inspiration est perdue.... La doctrine
de l'Âme ... n'existe plus que comme de l'histoire ancienne ... [et] lorsqu'elle est
suggérée, elle semble ridicule. La vie est burlesque ou pitoyable, dès lors que les
buts élevés de l'être sont perdus de vue, que l'homme devient myope et qu'il ne
peut s'occuper que de ce qui touche les sens. (Emerson, Self-Reliance and Other
Essays : 106-07.)
2
Walker, Anything We Love Can Be Saved: 5.
3
Hesse, Demian: prologue.
332
4
Havel, discours au Congrès
5
Havel, “The Need for Transcendence in the Postmodern World.”
6
Russell, The Global Brain: 18.
7
Ibid.
8
Edge, “Spirituality in the Natural and Social Worlds.”
9
Evans, Spirituality and Human Nature: 166.
10
Ibid., 266.
11
Campbell, The Hero’s Journey: 40.
12
Targ, The Reality of ESP: 248.
13
Cleary, The Flower Ornament Scripture.
14
Targ, The Reality of ESP: 248.
15
La phrase est de Martin Heidegger : "Une personne n'est ni une chose ni un
processus, mais une ouverture ou un espace libre grâce auquel l'Absolu peut se
manifester". Site web de l'Université de l'Arizona, sciences de l'informatique.
www.cs.arizona.edu/~kece/Personal/quotes.html.
16
Rumi, Rumi: The Big Red Book: 28.
17
Rumi, Rumi: The Book of Love: 169.
333
RÉFÉRENCES
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AU SUJET DE L’AUTEUR
Le Dr Larry Dossey est un pionnier pour ce qui est d'allier la compréhension
scientifique à la spiritualité et d'apporter des preuves rigoureuses en matière de
médecine complémentaire et intégrative. Médecin interne, il est l'ancien chef du
personnel de l'hôpital Medical City Dallas. Le Dr Dossey est un ardent défenseur
international du rôle de l'esprit dans la santé. Il est l'auteur du best-seller du New
York Times, Ces mots qui guérissent, la première étude approfondie sur la
manière dont les intentions compatissantes et la prière influent sur la guérison. Il
a donné des conférences dans les plus grandes écoles de médecine et les plus
grands hôpitaux du pays, ainsi qu’à l’étranger. Il est apparu à plusieurs reprises
dans les émissions télévisées et radiophoniques d’Oprah et son magazine, et
dans de nombreuses autres émissions de radio et de télévision de premier plan.
Le Dr Dossey est l'auteur de 12 livres qui ont été traduits dans le monde entier et
il est rédacteur en chef de la revue Explore : The Journal of Science and Healing.
Pour plus d'informations sur le Dr Dossey, veuillez consulter le site
www.dosseydossey.com.
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