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Onco-Hemato
En cas d’hypoxie, la concentration d’HIF-1a (Hypoxia-Inducible
Factor) dans le cytoplasme de la cellule cancéreuse augmente.
On assiste également à ce phénomène en cas de perte de la
protéine VHL (Von Hippel-Lindau), par exemple en raison
d’une mutation génétique dans le cancer du rein; VHL induit la
dégradation du facteur HIF-1a. Des concentrations accrues
d’HIF-1a entraînent la production et la sécrétion de VEGF, qui
se lie au VEGFR (récepteur du VEGF) sur les cellules endothé-
liales avec, comme conséquence, l’activation du récepteur par
phosphorylation, la transduction des signaux et la stimulation
de la survie, de la migration et de la prolifération (6).
L’extravasation des cellules cancéreuses est assistée par les
macrophages. La cytokine IL-1 (interleukine-1) stimule l’ex-
pression, par les cellules endothéliales, de la VCAM-1 (Vascular
Cell Adhesion Molecule-1) et de la sélectine E. Ces molécules
d’adhérence cellule/cellule hétérotypiques captent les cellules
cancéreuses métastatiques circulantes et leur offrent la possibi-
lité de quitter la circulation et d’aller se nicher dans un nouvel
écosystème potentiellement fertile. Les macrophages pro-
duisent l’EGF (Epidermal Growth Factor), qui, après s’être lié à
l’EGFR (récepteur de l’EGF) sur les cellules cancéreuses, agit
comme facteur de motilité. Les cellules cancéreuses produisent
le CSF-1 (Colony Stimulating Factor-1), qui stimule l’expression
de l’EGF par les macrophages. D’autre part, l’EGF stimule l’ex-
pression du CSF-1 par les cellules cancéreuses (21). Initiale-
ment, cette boucle de rétroaction positive a été découverte
par le biais de l’analyse de l’EGF et du CSF-1. A l’heure actuelle,
elle implique une vingtaine de ligands.
Les cellules cancéreuses produisent le TGF-β (Transforming
Growth Factor-β), qui favorise la transformation des broblastes
en myobroblastes. Ces derniers produisent le SF/HGF (Scatter
Factor/Hepatocyte Growth Factor) et la tenascine C, qui se lient
à des récepteurs sur les cellules cancéreuses et, conformément
aux réseaux intracellulaires décrits plus haut, stimulent des acti-
vités cellulaires associées à l’invasion (5).
Les cellules graisseuses produisent un certain nombre de cyto-
kines appelées adipokines. L’une d’elles, la leptine, stimule la
sécrétion, par les macrophages, de cytokines pro-inamma-
toires telles que l’IL-1 et le TNF-a (Tumor Necrosis Factor-a);
cette activité est combattue par une autre adipokine appelée
adiponectine. (22)
Communication entre écosystèmes:
tumeur primitive, niche métasta-
tique, moelle osseuse et circulation
(Figure 2)
La tumeur primitive est la source des cellules métastatiques.
Elle contient des cellules cancéreuses ainsi que des cellules
hôtes. Sa survie est assurée par des cellules souches cancé-
reuses. Les ganglions lymphatiques constituent un site métasta-
tique fréquent en cas de tumeur épithéliale. Ils contiennent
d’importantes cellules hôtes associées aux tumeurs, à savoir
des macrophages, ainsi que des lymphocytes B et T. Le premier
contact de la tumeur primitive avec le système immunitaire de
l’hôte a lieu dans les ganglions lymphatiques sentinelles. Des
antigènes tumoraux solubles atteignent les ganglions lympha-
tiques avant que les cellules cancéreuses métastatiques n’y par-
viennent. La nidication des cellules cancéreuses dans les gan-
glions lymphatiques implique des récepteurs (par exemple,
CXCR4) sur la cellule cancéreuse et leurs ligands (comme la
chimiokine CXLCL12) dans les ganglions lymphatiques.
Comme Paget (1) l’a décrit, les tumeurs ont tendance à métas-
taser vers des organes bien spéciques. Pour certains de ces
sites de prédilection, une explication d’ordre moléculaire a été
trouvée. Ainsi, les cellules du cancer de la prostate se nichent
dans la moelle osseuse, là où se trouvent normalement les
cellules souches hématopoiétiques (22). De manière similaire,
des cellules du cancer du sein exprimant divers récepteurs de
chimiokines (appelés CXCR ou CCR selon leur motif d’acides
aminés) se logent dans le foie (CXCR4), le cerveau (CXCR1),
la plèvre (CCR6) ou la peau (CCR7). La niche pré-métasta-
tique est un nouveau concept important. Celui-ci veut qu’avant
l’arrivée des cellules cancéreuses sur le site de la métastase, le
terrain est fertilisé par des cellules recrutées dans la moelle
osseuse, en réponse à des signaux (tels que le VEGF-A et le
TNF-a) envoyés par la tumeur primitive (19, 20). Par la suite,
les cellules cancéreuses forment les cellules stromales pour
qu’elles entretiennent les cellules souches cancéreuses qui sont
nécessaires au développement de métastases (25).
La moelle osseuse joue un rôle majeur dans la communication
entre les écosystèmes tumoraux. Elle produit des précurseurs
pour les cellules hôtes observées dans la tumeur primitives et
les métastases, est elle-même un lieu où se développent sou-
vent des métastases et constitue un lieu d’habitat pour les
CTD (cellules tumorales disséminées), lesquelles sont prédic-
tives d’une maladie métastatique au niveau des os ou d’autres
localisations.
Il est évident que la circulation assure la communication entre
les divers écosystèmes. Nous la considérons comme un éco-
système à part entière comprenant des éléments de cancers
métastatiques, à savoir: des cellules cancéreuses métastatiques
et non métastatiques, des précurseurs de cellules hôtes asso-
ciées aux tumeurs (y compris des cellules de niche prémétas-