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Mustapha HMIMOU / ATTENTES DE LA SOCIÉTÉ DE LA REFORME DU SYSTÈME ÉDUCATIF

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ATTENTES DE LA SOCIETE
DE LA REFORME DU SYSTEME EDUCATIF
Mustapha HMIMOU
Avec la publication récurrente des rapports des Nations Unis sur le développement
humain, l’homme est devenu le centre d’intérêt de toute politique de développement socioéconomique et culturel. C’est ce qui est rappelé avec force dans l’extrait du discours royal
suivant : « L’élément humain reste la vraie richesse du Maroc et l’une des composantes
essentielles de son capital immatériel. Nous avons appelé dans le Discours du Trône à
quantifier et à valoriser ce capital, compte tenu de la place qui lui revient dans
l’impulsion de tous les chantiers et de toutes les réformes et en matière d’insertion dans
l’économie de la connaissance ».
Ce qui est donc requis par la société de toute réforme de notre système éducatif est
avant tout la valorisation du capital humain par le développement optimal de toutes ses
compétences physiques, psychiques, morales, scientifiques, culturelles, artistiques,
professionnelles et civiques. Et de nos jours c’est face aux enseignants, comme adultes,
que les apprenants passent le plus claire de leur temps durant toute leur enfance et toute
leur jeunesse. Donc plus que le foyer familial et l’espace public, c’est le système éducatif
qui façonne la femme et l’homme de demain.
Et toute société bien sensée ne saurait admettre pour son avenir des citoyens qui,
après avoir traversé toutes ou quelques étapes du système éducatif, et à cause d’un excès
d’apprentissage axé sur le par cœur sans assez d’opportunités de réflexion, de critique et
de jugement, se retrouvent avec des cerveaux gorgés de savoir sans autant de savoir-faire.
Il s’agit de têtes riches en connaissances sans assez de compétences auxquelles on pourra
faire appel chaque fois qu’on en a besoin et aux moments opportuns. Des citoyens
incapables de se servir de leur savoir afin de prendre les bonnes décisions et les bonnes
initiatives ; incapables de chercher et de voir les opportunités qui se présentent à eux pour
évoluer le long du parcours de leur existence, et maladroits pour trouver les bonnes issues
censées les sortir des mauvaises passes et postures embarrassantes qui ne manqueront pas
d’entraver toute leur vie privée et publique.
De tels citoyens se plaisent dans l’immobilisme comme des cadavres momifiés, et
attendent ou supplient sans cesse et sans se lasser quiconque pour les sortir de leur torpeur
pour les rendre à la vie et pour ne subsister une fois de plus que par l’assistanat quémandée
auprès d’autrui.. Inutile de les encourager à se prendre en charge par leur propres moyens,
car quand on leur fait entrevoir des chances de s’en sortir ils n’imaginent que l’échec. Et
de par ce qu’on appelle de nos jours la loi de l’attraction ils ne s’attirent effectivement par
leurs attitudes négatives que l’échec. Même en présence de réelles opportunités de s’en
sortir ils ne les voient pas. Et quand ils les voient ils s’évertuent à imaginer tous les
obstacles possibles et même impossibles, supposés les empêcher d’en profiter, et ne
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prennent nulle initiative pour tenter leur chance, car ils s’imaginent déjà avoir essayé et
échoué. Nul espoir donc de compter sur de tels citoyens ni pour eux mêmes ni pour
l’avenir de leur société et de leur pays.
Tel est malheureusement le cas, par exemple, des jeunes de chez nous qui ne
pensent qu’à l’émigration clandestine, même quand ils disposent d’assez d’argent pour
s’en sortir et construire leur avenir dans leur propre pays. Ils n’hésitent pas à le risquer
avec leur vie en se jetant les yeux grands ouverts dans les dangers de la mer pour un
mirage; pour un hypothétique Eldorado imaginé de l’autre côté de la rive méditerranéenne.
Il en est de même de la jeunesse qui ne voie son salut que dans l’embauche dans la
fonction publique, alors que les besoins de l’Etat en ressources humaines ne sont pas
illimités.
Ce n’est pourtant nullement de leur faute. Celle-ci incombe surtout au système
éducatif quand, par son inefficacité, n’est plus à même d’accomplir sa noble mission qui
consiste surtout et en premier lieu à valoriser, comme il se doit, le capital humain. Ledit
capital humain demeure toujours la vraie fortune et la source de toutes les richesses de
toute société, quand il est bien valorisé par son système éducatif.
A moins d’être pour une raison ou une autre débile mental, personne n’est par
naissance cancre ! On le devient, soit à cause du milieu familial et social soit à cause du
système éducatif inefficace, quand ce n’est pas à cause des deux. L’élève peu doué en
lettres, en sciences ou en mathématiques possède sûrement un potentiel en compétences
dans d’autres domaines insoupçonnés par les enseignants et par les parents. A ce propos,
un élève réputé cancre dans sa jeunesse s’est révélé plus tard, un battant hors pair, doté
d’un formidable potentiel en compétences politiques. Il a été découvert juste par deux
compères, et non pas par les acteurs du système éducatif de son pays. Il a fini d’ailleurs
par briguer la magistrature suprême, au suffrage universel. Et ainsi élu chef d’état, il a
chapeauté bon nombre de ses camarades du collège et du lycée, réputés alors des prodiges
en lettres, en maths et en sciences.
Et l’on peut multiplier à l’infini ces exemples de génies découverts dans bon nombre
de domaines, juste par chance et au gré du hasard. Alors qu’il revient au système éducatif,
quand il est efficace, performant et riche en opportunités de développement humain, de les
dénicher, de n’en rater systématiquement aucun, et de les mettre en valeur en offrant à
chacun d’eux ses chances pour se découvrir et pour s’épanouir. Sinon leur découverte se
trouve laissée à la merci des aléas du hasard, et l’on perd ainsi de précieuses parts en
capital humain valorisé.
Pour les attentes de la société, les citoyens de demain que notre système éducatif est
censé former et façonner sont donc ceux qui, comme les ingénieurs, les athlètes et les
artistes…, sont friands de défis à relever, de performances à réaliser grâce à leurs diverses
compétences acquises, optimisées et mises en valeur durant leur vie scolaire par à un
système éducatif efficace. Ce sont ceux qui se plaisent à se donner en permanence de
nouveaux challenges à relever afin de perfectionner leur situation ainsi que celle de leur
société et de leur pays. Ceux qui ne se sentent bien à l’aise dans leur peau que quand ils
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brillent par l’excellence, par les performances et par la bienséance. Ceux qui exècrent la
médiocrité, l’indécence et l’insolence. Ceux qui ne redoutent pas les difficultés, et les
considèrent tout à fait normales, prévisibles et surtout solubles.. Et chaque fois qu’ils s’y
trouvent confrontés ils se disent aussitôt : « Voilà la bonne occasion pour montrer ce dont
nous sommes capables ». Puis ils s’y attaquent avec méthode et s’évertuent avec plaisir,
avec génie, avec sagacité et avec perspicacité à leur trouver les bonnes solutions dans
l’espoir de réaliser d’autres prouesses qui brilleront et qui émerveilleront toujours par leur
plus bel éclat.
Ils prévoient l’éventuel échec, mais il ne les rebute pas, et ils ne le craignent
nullement. Ils le considèrent plutôt comme une école dont il faut profiter pour réaffuter
leurs armes et retenter la chance autant de fois qu’il faut, sans jamais s’en lasser. Et à la
lumière des défaillances constatées et recensées les fois précédentes ils innovent afin de
les surmonter d’une manière plus sûre, en quête toujours davantage de performance, de
brio et d’excellence.
Investir dans une telle efficacité du système éducatif c’est donc investir dans le
développement du capital humain, c’est-à-dire dans la source de toutes sortes de richesses.
Et tout accroissement démographique jumelé alors à une bonne valorisation du capital
humain via un système éducatif efficace et performant, est plutôt une riche et précieuse
mine de développement et de bien être général. Sinon, l’accroissement démographique
dégénère en crises socio-économiques récurrentes, et en misère endémique.
Telles doivent être les attentes d’un pays soucieux de valoriser son capital humain et
de booster ainsi l’ascension sociale de sa population, grâce à un système éducatif qui
mérite alors d’être qualifié d’efficace. Mais en son sein les citoyens-usagers attendent du
même système éducatif qu’il satisfasse leurs intérêts bien légitimes mais qui sont plutôt
simples et terre à terre. Quels seront donc leurs intérêts qui doivent être impérativement
satisfaits par le système éducatif pour mériter d’être qualifié d’efficace ? Tel est l’objet de
mon prochain article.
Source : POUR UN SYSTEME D’ENSEIGNEMENT EFFICACE ET PERFORMANT
Version française de mon ouvrage
‫مقترح حل أزمة التعليم بالمغرب بتحديث هندسته التنظيمية‬
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