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Né à Sfax en Tunisie, ayant passé son enfance et son adolescence en France,
dans le Gers, ayant fait ses études aux Etats-Unis et ayant enseigné la littérature
comparée à l’Université York de Toronto, en Ontario, au Canada anglophone,
Hédi Bouraoui s’est trouvé au carrefour de trois cultures, et cela a marqué son
œuvre littéraire. Ce dernier révèle qu’il a pris conscience de cette tricontinentalité
alors qu’il se trouvait à Haïti, et écrivait le recueil de poème Haïtuvois :
L’expérience haïtienne m’a permis de me rendre compte pour la
première fois que trois cultures différenciées circulaient dans mes
veines sans antagonismes ni chocs. L’Afrique, l’Europe, et
l’Amérique du nord cohabitaient en moi, non seulement en bon
voisinage mais en parfaite symbiose.1
Non seulement il a toujours prôné le dialogue entre les cultures dans son œuvre,
mais celle-ci naît le plus souvent à l’interstice entre ces trois cultures, africaine,
européenne (plus particulièrement française) et américaine (plus particulièrement
canadienne).
Que faut-il entendre par « interstice » ? Etymologiquement, ce substantif apparaît
ainsi orthographié au XVIe siècle, et dès 1495 sous la forme intertisse désignant
un « intervalle de temps ». Il est construit sur le bas-latin interstitium, de
interstare, « se tenir entre ».2 Aujourd’hui le dictionnaire Le Petit Robert3
explique qu’un interstice désigne un très petit espace vide (entre les parties d’un
corps ou entre différents corps). Les synonymes de ce mot sont hiatus et
intervalle. Par exemple, on parle des interstices d’un plancher, d’un pavage. En
ce sens, c’est le synonyme du mot fente.
1 Hédi Bouraoui, Transpoétique, Eloge du nomadisme, éd. Mémoire d’encrier, Montréal, septembre 2005, p. 62.
2 Voir Dictionnaire étymologique, Larousse thématique, par Albert Dauzat, Jean Dubois, Henri Mitterand,
quatrième édition revue et corrigée, Librairie Larousse, 1971.
3 Dictionnaire Le petit Robert, Le Robert, Paris, 2014.