Matrices du type M(a, b) = aIn+bX
i6=j
Ei,j
Pour n>2et (a, b)C2, on pose
M(a, b) = aIn+bX
i6=j
Ei,j =
a b . . . b
b.......
.
.
.
.
.......b
b . . . b a
Mn(C).
1) La matrice M(1, 1).
On pose Jn=M(1, 1). On observe que J2
n=M(n, n) = nJn. Montrons alors par récurrence que pour tout pN,
Jp
n=np1Jn.
J1
n=Jn=n0Jn. Donc, l’égalité est vraie quand p=1.
• Soit p>1. Supposons que Jp
n=np1Jn. Alors, Jp+1
n=Jn×Jp
n=J×np1Jn=np1J2
n=np1.nJn=npJn.
Le résultat est démontré par récurrence. On note que le résultat est faux quand p=0car In6=1
nJn.
2) Structure de M(a, b),(a, b)C2.
a) Structure d’espace vectoriel.
Soit E=M(a, b),(a, b)C2. Soit Kn=M(0, 1) = X
i6=j
Ei,j. Alors,
E=aIn+bKn,(a, b)C2=Vect (In, Kn).
Donc, Eest un sous-espace vectoriel de l’espace vectoriel (Mn(C),+, .), de dimension inférieure ou égale à 2. De plus, la
matrice Knn’est pas une matrice scalaire et donc la famille (In, Kn)est libre. Finalement,
Eest un sous-espace vectoriel de (Mn(C),+, .)de dimension 2.
(In, Jn)est une autre famille libre de E(car Jnn’est pas une matrice scalaire), de cardinal 2. Donc,
Une base de Eest (In, Jn).
On note que Kn=JnInet donc, pour tout (a, b)C2,M(a, b) = aIn+bKn=aIn+b(JnIn) = (ab)In+bJn.
(a, b)C2,M(a, b) = (ab)In+bJn.
b) Structure d’algèbre.
Vérifions que Eest stable pour le produit matriciel. Tout d’abord, Kn=JnIn(ou encore Jn=In+Kn) puis, puisque
les matrices Jnet Incommutent, la formule du binôme de Newton fournit
K2
n= (JnIn)2=J2
n2Jn+In= (n2)Jn+In= (n2) (In+Kn) + In= (n1)In+ (n2)Kn.
Soit (a, b, a, b)C4.
M(a, b)×M(a, b) = (aIn+bKn) (aIn+bKn) = aaIn+ (ab+ba)Kn+bbK2
n
=aaIn+ (ab+ba)Kn+bb((n1)In+ (n2)Kn)
= (aa+ (n1)bb)In+ (ab+ba+ (n2)bb)Kn
=M(aa+ (n1)bb, ab+ba+ (n2)bb)E.
Donc, Eest stable pour le produit matriciel. En tenant compte de In=M(1, 0)E, on a montré que
Eest une sous-algèbre de (Mn(C),+, ., ×).
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4) Inversibilité et inverse.
a) Déterminant de M(a, b).
Soit (a, b)C2.
det(M(a, b)) =
a b . . . . . . b
b a ....
.
.
.
.
.b.......
.
.
.
.
.......b
b . . . . . . b a
=
a+ (n1)b b . . . . . . b
a+ (n1)b a ....
.
.
.
.
.b.......
.
.
.
.
.......b
a+ (n1)b b . . . b a
(C1C1+C2+...+Cn)
= (a+ (n1)b)
1 b . . . . . . b
1 a ....
.
.
.
.
.b.......
.
.
.
.
.......b
1 b . . . b a
(par linéarité par rapport à la première colonne)
= (a+ (n1)b)
1×... ... ×
0 a b....
.
.
.
.
.0.......
.
.
.
.
.......×
0 0 . . . 0 a b
(iJ2, nK, LiLiL1)
= (a+ (n1)b)(ab)n1(déterminant triangulaire).
(a, b)C2, det(M(a, b)) = (a+ (n1)b)(ab)n1.
b) Inversibilité et inverse de M(a, b).
Soit (a, b)C2.
M(a, b)/GLn(C)det(M(a, b)) = 0(a+ (n1)b)(ab)n1=0a=bou a= −(n1)b.
Donc,
(a, b)C2,M(a, b)GLn(C)a6=bet a6= −(n1)b.
Pour déterminer l’inverse de M(a, b), on détermine un polynôme annulateur de M(a, b)dont le coefficient constant n’est
pas nul. On profite des égalités J2
n=nJnet M(a, b) = (ab)In+bJnde sorte que bJn=M(a, b) − (ab)In. Puisque
les matrices (ab)Inet bJncommutent, la formule du binôme de Newton fournit
(M(a, b))2= ((ab)In+bJn)2= (ab)2In+2b(ab)Jn+b2J2
n= (ab)2In+2b(ab)Jn+nb2Jn
= (ab)2In+ (2(ab) + nb)bJn= (ab)2In+ (2a − (n2)b) (M(a, b) − (ab)In)
= (2a − (n2)b)M(a, b) − (ab)(a+ (n1)b)In
et donc
(a, b)C2,(M(a, b))2− (2a − (n2)b)M(a, b) + (ab)(a+ (n1)b)In=0n.
On suppose de plus a6=bet a6= −(n1)b. Dans ce cas, (ab)(a+ (n1)b)6=0(et M(a, b)GLn(C)d’après le
paragraphe précédent) puis
In=1
(ab)(a+ (n1)b)−(M(a, b))2+ (2a − (n2)b)M(a, b)
=1
(ab)(a+ (n1)b)(M(a, b) + (2a − (n2)b)In)×M(a, b).
Donc, pour (a, b)C2tel que a6=bet a6= −(n1)b,
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(M(a, b))1=1
(ab)(a+ (n1)b)(−M(a, b) + (2a − (n2)b)In).
Plus explicitement, (M(a, b))1=1
(ab)(a+ (n1)b)
a− (n2)b 2a − (n1)b . . . 2a − (n1)b
2a − (n1)b.......
.
.
.
.
.......2a − (n1)b
2a − (n1)b . . . 2a − (n1)b a − (n2)b
4) Valeurs propres et sous-espaces propres de M(a, b)
Dans le cas où (a, b)R2, la matrice M(a, b)est symétrique réelle et donc diagonalisable dans Mn(R)d’après le théorème
spectral. Dans le cas où (a, b)/R2, on ne dispose d’un tel résultat préliminaire.
rg (M(a, b) − (ab)In) = rg (bJn) = 1si b6=0
0si b=0. D’après le théorème du rang, dim (Ker (M(a, b) − (ab)In)) =
n1si b6=0
nsi b=0. Dans tous les cas, Ker (M(a, b) − (ab)In)n’est pas réduit à {0}(puisque n>2) et donc abest
valeur propre de M(a, b). L’ordre de multiplicité de abest supérieur ou égal à la dimension du sous-espace propre
associé, elle-même supérieure ou égale à n1. Donc, dans tous les cas, abest valeur propre d’ordre n1au moins.
Il manque une valeur propre λ. Celle-ci est fournie par la trace :
λ+ (n1)(ab) = Tr(M(a, b)) = na
et donc λ=a+ (n1)b. Dans tous les cas,
Sp(M(a, b)) = (ab, . . . , a b
| {z }
n1
, a + (n1)b).
Plus précisément, ab=a+ (n1)bnb =0b=0. Donc,
Si b6=0,M(a, b)admet abpour valeur propre d’ordre n1et a+ (n1)bpour valeur propre d’ordre 1
et si b=0,M(a, b)admet apour valeur propre d’ordre n.
On note que dans tous les cas, l’ordre de multiplicité de chaque valeur propre est égale à la dimension du sous-espace
propre correspondant et donc
(a, b)C2,M(a, b)est diagonalisable dans Mn(C).
Déterminons enfin les sous-espaces propres de M(a, b). Si b=0,M(a, b) = aInet donc M(a, b)admet apour unique
valeur propre d’ordre net le sous-espace propre associé est Mn,1(C). Dorénavant, b6=0de sorte que M(a, b)admet ab
pour valeur propre d’ordre n1et a+ (n1)bpour valeur propre simple.
Soit U=
1
.
.
.
1
.M(a, b)U= (a+ (n1)b)Uet donc, puisque U6=0,Uest (pour tout choix de (a, b)) un vecteur propre
de M(a, b)associé à la valeur propre a+ (n1)b. Puisque le sous-espace propre correspondant est une droite vectorielle,
on a donc Ea+(n1)b(M(a, b)) = Vect(U).
Si aet bsont réels, on sait que les sous-espaces propres de M(a, b)sont orthogonaux pour le produit scalaire canonique
de Mn,1(R). Donc, Eab(M(a, b)) est l’hyperplan de vecteur normal Uou encore l’hyperplan d’équation x1+...+xn=0
(dans la base canonique de Mn,1(R). Dans le cas général, on est obligé de faire explicitement le calcul.
Soit X= (xi)16i6nMn,1(C).
(M(a, b) − (ab)In)X=0bJnX=0JnX=0x1+...+xn=0.
Si b6=0,Ea+(n1)b(M(a, b)) = Vect(U)U= (1)16i6net Eab(M(a, b)) = (xi)16i6n/ x1+...+xn=0.
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