MAEP GAGEURE POUR LE DEVELOPPEMENT DE L AFRIQUE

Telechargé par Senyon Améganvi
01/01/2008
LE MAEP : GAGEURE POUR LE
DEVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE
Réflexions
Senyon AMEGANVI; Annassan AMEGANVI
Depuis 2003, un nouveau sigle vient enrichir le vocabulaire de nombreux
béninois et semant la confusion dans les esprits de ces béninois : le MAEP. Définit
comme le mécanisme africain d'évaluation par les pairs ; aujourd'hui entre les
pairs. Cet outil de contrôle assez singulier de l'Union Africaine (UA), a le même
cigle que le MAEP : Ministère de l'Agriculture de l'Elevage et de la Pêche. Ces
deux homonymes n'ont en réalité rien de commun. Ces derniers jours, le MAEP
comme outil de l'UA opère sa résurgence et fait la une de tous les média
(nationaux et internationaux). Depuis le dernier sommet de l'UA à Addis-Abeba
(Ethiopie) où le président de la république du bénin est allé présenter le rapport
du MAEP sur la gouvernance au Bénin, ce terme a été galvaudé par les
journalistes nationaux et internationaux. Au lendemain de ce sommet, la radio
France internationale (RFI) a été une des premières radios internationale a
annoncé les 1.000 milliard de FCFA que venait de gagner le Bénin par le biais du
MAEP. Relayé par les médias africains et surtout béninois, le citoyen béninois
désormais s'interroge sur cet instrument capable de faire bénéficier aux Etats
des ressources colossales. C'est dans ces questionnements, que nous voudrions
partager ici avec vous les analyses qui sont les nôtres sur le MAEP. Mais avant, il
requiert de nous, sans sous évaluer vos connaissances, vous informer de ce
qu'est le MAEP.
Le Mécanisme africain d'évaluation par les pairs, est un outil de mesure de la
gouvernance. En d'autres termes il est : « un instrument auquel les Etats
membres de l'Union Africaine ont volontairement adhéré comme mécanisme
d'autoévaluation. » [UA, NEPAD, 2003]. Il affiche comme objectifs d'encourager
l'adoption de politiques, normes et pratiques en vue de promouvoir la stabilité
politique, une croissance économique élevée, un développement durable et une
intégration économique sous régionale et continentale accélérée grâce au
partage d'expériences et au renforcement des meilleures pratiques et des
acquis. Il affiche comme principe, la crédibilité des acteurs intervenants, leur
liberté de toute influence politique, leurs compétences techniques. C'est dire
donc que le MAEP entend travailler avec des hommes et femmes reconnus pour
leur notoriété et leur attachement à la cause du développement du Continent,
sans parti pris pour les idéologies politiques.
Le MAEP, intervient dans un contexte géopolitique, économique et social
contrasté de l'Afrique. Il a été élaboré pour asseoir, non pas de nouvelles bases,
mais d'assainir celles existantes et d'aplanir les divergences de politiques et de
normes. Il apparaît à un moment où le Continent doit faire face à de nombreux
défis : l'avancée technologique ; l'énergie ; la défense stratégique du territoire ;
le logement décent ; les soins de santé primaire ; les revenus salariaux bas ; la
démographie ; les pandémies ; les guerres ; etc.
Pour ne pas rester sur les berges du fleuve de l'histoire, ou pour ne pas se
retrouver éjecter de celui-ci, il s'impose aux Etats africains de réagir et d'unir les
forces, d'harmoniser les politiques et normes. Mais comment cela pourra se faire
au regard des divergences de vision et des jeux d'acteurs autour du MAEP et du
NEPAD ? Comment pareil idéal peut être approché, dans un contexte dominé
par l'endettement exponentiel des Etats africains ? Comment enfin, l'initiative
peut-elle porter quand seulement 28 Etats sont partis au mécanisme et 06 ont
pu réussir le pari de l'évaluation jusqu'à ce jour ?
I. Les controverses autour d'un outil de développement
A. Contexte géopolitique, économique et social de l'avènement du NEPAD
1. Contexte géopolitique : la démocratie comme model de gouvernement
Après 1945, s'ouvre la période de la guerre froide. Les deux superpuissances
(Etats-Unis et URSS) s'arment massivement et s'affrontent de manières
indirectes, soucieuses de préserver et d'accroître leur zone d'influence. Chacune
d'elles va agir à travers des stratégies bien ficelées pour contrecarrer l'influence
de l'autre et les velléités d'alliance. Le soutien apporté par les deux
superpuissances à leurs alliés respectifs ne tenait pas compte du type de régime
en place, ni des valeurs prônées aujourd'hui par le système démocratique (droits
et libertés fondamentaux de la personne humaine), pourvu que ces régimes
adhèrent à leur idéologie et respectent leurs objectifs. C'est ainsi que les Etats-
Unis par le truchement de la Banque mondiale et du FMI, apportent son soutien
à ses alliés stratégiques dans différentes régions du globe (Mobutu Sesse Seko
au Zaïre de1 965 à1997). Le député français Yves Tavernier dans le rapport 2000
de la commission des finances de l'Assemblée nationale sur les activités et le
contrôle du FMI et de la Banque mondiale dira que leurs rôles étaient de fidéliser
la clientèle du tiers monde en faveur du monde occidentale. Après la chute du
mur de Berlin, le triomphe des USA dans cette guerre a servi de tremplin de
l'euphorie démocratique constatée dans les années 1990 dans le camp de ses
alliés. Ces derniers vont conditionner leurs aides à l'endroit des Etats Africains à
travers l'adoption du régime démocratique comme seul model de gouvernement
qui intègre la libéralisation politique et du marché. Désormais, les pays africains
ne bénéficieront des aides qu'à l'adoption de la démocratie comme mode de
gouvernement.
2. Contexte économique : Endettement de l'Afrique, les différents plans
d'ajustement structurel et l'euphorie de la mondialisation
Au lendemain de la seconde guerre mondiale (GM), le plan Marshal conçu et mis
en place par les Etats-Unis pour la reconstruction de l'Europe, a eu comme
conséquence la prolifération de l'euro dollars en Europe. Et pour éviter
l'assèchement de leur coffre-fort en or par le principe de la convertibilité, les
États- Unis ont encouragé (vers les années 1970) les banques occidentales à
prêter leur surplus aux pays du sud à des taux bien alléchant pour ces derniers.
C'était la première cause de l'endettement. Ensuite, le choc pétrolier de 1973
qui a apporté d'énormes revenus aux pays producteurs va amplifier
l'endettement des Etats du sud. D'autres parts, la récession provoquée par la
2ème GM dans les pays du nord, s'est généralisée après les chocs pétroliers (1973
- 1975) et a eu comme incidence la mévente des produits manufacturés du nord.
Pour remédier à cette situation, les Etats du nord ont proposé des prêts au Etats
du sud pour élever leur pouvoir d'achat dans le but d'écouler leurs produits.
Enfin, la dernière cause de l'endettement de l'Afrique est les financements
provenant des institutions financières internationales (banque mondiale, FMI
etc.) qui ont conçu un plan de développement pour les pays du sud :
- Prêts aux Etats du tiers-monde
- modernisation de l'industrie et de l'agriculture d'exportation
- Hausse des revenus d'exportation
- Remboursement de la dette et participation à) la croissance mondiale.
Selon le rapport du PNUD sur le développement mondial
1
: « le poids de la dette
étouffe les budgets publics de nombreux pays en développement, et, ce bien
souvent pour rembourser le financement des projet improductifs entrepris
longtemps auparavant par des régimes autoritaires. » c'est cette triste situation
de la crise de la dette qui a amené l'Organisation de l'unité africaine (OUA) qui a
vu le jour en Mai 1963 à Addis-Abeba, à concevoir un plan de sortir de crise en
1980, dénommé le plan de Lagos (PAL). Mais ce plan fut "torpillé" par les IFI qui
en lui ont préféré les Programmes d'ajustement structurels [Millet ; 2005] (PAS
2
)
avec des conséquences néfastes qui restent encore visibles sur le plan social.
Selon Aminata Traoré : « l'ajustement structurel est au corps social ce que le virus
1
PNUD, rapport mondial sur le développement humain 2002
2
Le PAS comme thérapie de choc a pour but de prendre des mesures immédiates pour attirer les
capitaux étrangers et trouver des ressources pour rembourser la dette : abandon des subventions aux
produits et services de premières nécessité, réduction drastique des dépenses publics notamment les
budgets sociaux, dévaluation de la monnaie locale, taux d'intérêts élevé, développement des
exportations, ouverture totale des marchés et suppression des barrières douanières, libéralisation de
l'économie, privatisation massive des entreprises publiques, etc.
du sida est au corps humain : il le fragilise par des réformes économiques
inopportunes, à tel point que les défaillances qu'il aurait être en mesure de
gérer prennent des dimensions dramatiques, d'autant plus que les solutions
prônées sont externes ».[Traoré A., 2002 ]
3. Contexte social : les aléas climatiques (avancé du désert au sud du Sahara)
Le contexte géopolitique dominé par l'imposition du model démocratique et
celui du surendettement se retrouvent aggravées par un contexte social
désastreux caractérisé par :
1) la multiplicité des foyers de conflits armés due aux luttes fratricides
renforcées par des réseaux mafieux occultes à la quête de la déstabilisation des
gouvernements politiques pour l'exploitation des ressources minières ;
2) l'aggravation de la pauvreté : 340 million vivent avec moins d'un dollars
US, le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans est de 140 pour 1000 ;
plus de 42 pour 100 de la population totale de l'Afrique n'a pas accès à l'eau
potable; extrême vulnérabilité de l'agriculture ; 2,5 million de morts de sida par
an... C'est ce climat morose et sombre qui a vu naître le projet du nouveau
partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD)
B. Les règles du jeu du processus de développement
L'une des principales difficultés de toute négociation est de savoir de quoi l'on
parle. Plus précisément, pour chaque partie, d'arriver à avoir le plus exactement
possible quels sont les enjeux de l'autre. [Reynaud, 2004] Et dans le cadre du
MAEP et du projet qui l'a institué c'est à dire le NEPAD, il va s'en dire que les
règles sont fonctions des intérêts des différents acteurs en présence. Dans le
processus de mise en œuvre du NEPAD, c'est d'abord les Africains puis, les
bailleurs. Pour un projet aux ambitions de développement du Contient, qui a
surtout besoin de financements colossaux, l'appui des anciens créanciers connus
sous la désignation de communau internationale s'impose. En tout cas, de
l'avis des initiateurs de la « Nouvelle initiative africaine », la réalisation des
objectifs de développement ne saurait se faire autrement à savoir : l'annulation
de la dette publique, l'ouverture aux investissements directs étrangers, la
mobilisation des ressources et épargnes locales.
La principale règle dans le processus de développement est
la gouvernance. Quelle soit économique, politique ou des entreprises, elle
signifie : la création d'institutions politiques et juridiques sérieuses, fonctionnant
bien, considérées par les citoyens comme étant légales, les rendant autonomes
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