APHTES ET APHTOSES Cours des 3éme année Pr SALAH MARS Aphtes et aphtoses I- Introduction Les aphtes buccaux sont des lésions très fréquentes Ils correspondent à des ulcération de la muqueuse buccale d’aspect beurre frais à fond nécrotique et irrégulier Les aphtes buccaux peuvent être isolés (aphtes vulgaires )ou s’inscrire dans le cadre d’une aphtose atteignant d’autres organes (maladie de Bechet ou grande aphtose de Touraine, aphtes cutanéo muqueux). Aphtes et aphtoses II- Définition: Aphte=aptein bruler L’aphte est une Lésion de la muqueuse vésiculo-ulcéreuse. Ulcération douloureuse à bords nets, de taille variable < à 1cm Entourées d’un liseré rouge vif Fond jaunâtre « Beurre frais » Siège au niveau des zones de réflexion muqueuse, muqueuse jugale, plancher, bord de la langue. Aphtes et aphtoses III- Historique Hippocrate au IVe siècle av. J-C. von Mikulicz et Kümmel qui en font la première description clinique en 1888. Neuman décrit1895 l’association aphtes buccaux , aphtes génitaux et il introduit le terme d’aphtose Behcet décrit 1937 plusieurs associations génitales ,buccales et oculaires Touraine introduit 1941 les notions d’aphtoses Uni ou bipolaire et aphtose généralisée cutanéo muqueuse IV- Étiologie L’étiologie est incertaine l’aptose est qualifiée souvent d’idiopathique Facteurs prédisposants Génétique :(40°/° des patients rapportent des notions d’aphtose familiale Locaux traumatiques:(brossage, prothèse, piqure endobuccale) L’arret du tabac favorise l’apparition des aphtes des mécanismes allergiques: certains aliments (amande, fraise, fromage, chocolat, lait de vache, crustacés , cacahuète) Certains médicaments( nicorandil, captopril, piroxicam, sel d’or phénobarbital ,AINS, l’alendronate et le Lauryl sulfate de sodium) l’état psychique :le stress (les étudiants en périodes d’examens) Facteurs systémiques prédisposants Les Troubles hématologiques : Les déficiences en Vit B1, B2, B6 et B12, acide folique ou en fer(18à28°/°) Les Influences hormonales : phase lutéale du cycle menstruel (aphtose cyclique) Facteurs systémiques prédisposants maladies cœliaque :sensibilité au gluten(4°/° ABR) Maladie de Crohn : Ulcérations cutanéo muqueuses (granulomatose orofaciale) Maladie de Behcet : Ulcérations multiples (vascularite complexe généralisé) V- Pathogénie immunitaire Il existe une dérégulation immunitaire minime jouant un rôle dans la genèse des ABR Action cytotoxique des lymphocytes CD4+ ; CD8+et des monocytes Aphtes et aphtoses VI- Anatomopathologie - En microscopie optique, le centre de la lésion est caractérisé par une nécrose de type ischémique par oblitération vasculaire, avec disparition du corps muqueux de Malpighi. En périphérie de la nécrose, les vaisseaux sont dilatés Aphtes et aphtoses VII- Classification selon 6 critères cliniques et évolutifs : Le nombre La taille La durée de la poussée La fréquence Les facteurs déclenchants Les lésions ou symptômes associés VIII- Formes cliniques L’aphtose buccale regroupe trois formes l’aphtose buccale mineure l’aphtose buccale herpétiforme l’aphtose buccale majeure Diagnostique reste difficile à poser en raison des différentes formes cliniques VIII-1 L’aphtose buccale mineure Petites ulcérations rondes ou ovalaires, de 1à 9 mm de diamètre Apparaissent à 10ans et40ans Les lésions sont douloureuses Plus fréquentes Siègent surtout sur les lèvres, les joues et la langue. Guérissent au bout de 7jà 10j sans cicatrices Revue Suisse 2010 VIII-2 L’aphtose buccale herpétiforme aphte miliaire = Ulcération hérpétiforme de Cooke Apparition tardive (67 à85°/°avant 30ans Aphtes miliaires douloureux (10à100élements de 0,5 à1 mm de diamètre) Aphtes peuvent confluer en nappes Localisation : toute la cavité buccale même les muqueuses kératinisées Guérison 1 à 2 semaines Les récidives à court terme rendent la maladie continue. VIII-3 L’ Aphtose buccale majeure L’Aphte nécrosant Périadénite de Soutton Représente 10 à 15°/° Ces lésions sont plus douloureuses que la forme mineure habituellement plus profondes, ovales, uniques ou multiples (deux à six) et peuvent dépasser1 cm de diamètre jusqu’à atteindre 3 cm. Ces ulcérations sévères persistent jusqu’à 6 semaines et laissent souvent une cicatrice rétractile VIII-4 Grande aphtose deTOURAINE = maladie de BEHCET : Triade symptomatique qui porte son nom: aphtose buccale, aphtose génitale, uvéite maladie générale associant aux signes cutanéo muqueux d'autres localisations. VIII-5 Formes particulières : Pathologie digestives : Maladie de crohn Rectocolite hémorragique Pathologies hématologiques : anémie par carence folique IX- Orientation du diagnostic Toutes les ulcération ne sont pas des aphtes ? Interrogatoire Examen clinique Examens complémentaires Arguments de présomption pour le diagnostic étiologique IX- Orientation du diagnostic Toutes les ulcération ne sont pas des aphtes ? IX-1 Interrogatoire Signes d’appels (douleurs, brûlures =prodromique) L’âge du patient est significatif Les antécédents médico- chirurgicaux personnels et familiaux (prise médicamenteuse quotidienne). Mode d’évolution : aigu ou chronique ou encore récurrent; La date d’apparition Localisation d’autres lésions semblables dans d’autres parties du corps IX- Orientation du diagnostic Toutes les ulcération ne sont pas des aphtes ? IX-2 Examen clinique Préciser la localisation de l’ulcération au niveau de la muqueuse buccale . Son caractère unique ou multiple (autres localisations), Sa forme, son fond, ses contours et l’aspect de la muqueuse peri-ulcéreuse X- Quel bilan demandons nous pour une aphtose buccale récidivante ? Hémogramme(FNS) Profil inflammatoire(VS, CRP) Typage HLAB5, HLAB51 X- Quel bilan demandons nous pour une aphtose buccale récidivante ? Les biopsies cutanées ou muqueuses n’ont pas d’intérêt pour le diagnostic; elles peuvent mettre en évidence une vascularite avec dépôts de complément peu spécifique X- Quel bilan demandons nous pour une aphtose buccale récidivante ? En cas de suspicion d’une maladie générale pouvant s’accompagner des aphtes, tels que les affections inflammatoires digestives, la maladie de Behçet, le lupus érythémateux disséminé. XI-Comment traiter ? La maladie peut être enrayée par la suppression des facteurs prédisposant, par la prévention de l’infection secondaire . Toutes sources d’irritations doivent être éliminées Exclusion des aliments déclenchants Eliminer ou substituer les médicaments en causes Les états de carence doivent être corriger XI-Comment traiter ? Les traitements locaux : constituent la première approche thérapeutique des aphtoses buccales récidivantes Les principaux effets recherchés sont leur : action antalgique, anti-inflammatoire, Antiseptique, préventive des surinfections. XI-Comment traiter ? Les antiseptiques locaux préviennent les surinfections bactériennes Les antibiotiques locaux sont très utilisés, surtout les tétracyclines en bains de bouche Les corticoïdes locaux atténuent la douleur et réduisent la durée d’évolution des aphtes mineurs Les anesthésiques locaux provoquent un soulagement rapide de la douleur mais leur effet est très passager ils sont peu efficaces sur les aphtes géants. XI-Comment traiter ? Les traitements généraux: Sont nécessaires pour contrôler certaines poussées sévères et surtout pour espacer ou diminuer l’intensité des récidives. Plusieurs traitements ont été utilisés mais n’ont pas fait preuve d’une véritable efficacité : vitamine C, acyclovir, polyvitamine B. Conclusion Les ulcérations apthoides sont très fréquentes et posent souvent le problème de diagnostique et de prise en charge en raison de l’étroite parenté des signes cliniques et le polymorphisme de certaines manifestations de la muqueuse buccale rendent difficile l’affirmation du diagnostique Aucune modalité thérapeutique n’est systématique tant que l’étiologie est incertaine