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La linguiste N. Catach [1974, 1994 et sqq.] a étudié et décrit
le système orthographique et parallèlement le système
ponctuationnel [cf. Catach et al. 1980] du français. Pour
Catach, l’orthographe est un pluri-système qui se décompose
en quatre sous-systèmes (phonographie, morphographie,
logographie et idéographie). La ponctuation se situe dans le
sous-système idéographique et loin d’être isolée montre tout
son potentiel discursif. Ce qui a suscité, ou plus exactement,
ressuscité l’intérêt des linguistes et par la suite celle des
littéraires pour la ponctuation.
Par-delà l’aspect orthographique, aspect le plus retenu dans
les pratiques d’enseignement, nous aimerions montrer toute la
mesure linguistique et discursive de la ponctuation, qui selon
de nombreux chercheurs est un carrefour de la textualité
[Catach, 1980] puisqu’elle s’inscrit entre l’écrit et l’oral,
qu’elle participe de la syntaxe et de la sémantique, qu’elle
s’immisce entre sémantique et énonciation, entre syntaxe et
énonciation, entre énonciation et communication, entre
énonciation et pragmatique. Bref, la ponctuation porte en elle
une véritable composante brachylogique de par sa dimension
formelle et sa dimension conversationnelle.
Nous partirons d’un premier constat : les attitudes vis-à-vis
de la ponctuation restent contradictoires, même si sa pratique
est millénaire. De façon générale, elle est abordée comme une
technique d’écriture mais est considérée soit comme une sorte
de véritable fourre-tout, soit comme un simple outil
typographique palliant à l’absence des phénomènes oraux, soit
au contraire comme marques signifiantes, jouant un rôle
discursif à part entière. L’analyse proposée ici dans le cadre
d’une réflexion sur les entrées du dictionnaire de la Nouvelle
Brachylogie pose l’hypothèse (de base) que la ponctuation (par
son absence comme par sa présence) –restreinte ou élargie– est
la trace du sujet dans son discours écrit. Multiple de par ses
fonctions, elle est véritablement un élément graphique de
création qui s’insère aussi bien dans la linguistique de la
langue que dans celle du discours. La ponctuation peut se
définir comme l’instrument de «l’intention » toujours
particulière du sujet écrivant, comme un lieu privilégié d’une
expressivité originale au service d’une conversation.
Lieu de tension entre norme et liberté d’usage, la
ponctuation intervient donc dans l’organisation du message
non seulement au niveau prosodique et syntaxique mais aussi
aux niveaux textuel, énonciatif et communicationnel. Tout
écrit qu’il soit littéraire, publicitaire, journalistique ou autre
repose sur un désir de communication. La participation de la
ponctuation s’arrêterait-elle à un simple soutien ou à un
éventuel renfort de certaines composantes de cette
communication ? Ou bien correspondrait-elle à une