Orthophoniste : BEN GOUIDER.S
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l’expression verbale, mais un trouble massif de la compréhension. Opposée à
l’aphasie « motrice » de Broca, l’aphasie « sensorielle » de Wernicke se
caractérise par un langage fluide mais déformé par un manque de contrôle auditif
et par le fait que le patient ne comprend aucune production orale, ni la sienne ni
celle de ses interlocuteurs. Wernicke individualise ainsi un deuxième centre du
langage plus postérieur. Ce centre des « images sensorielles des mots » est situé
dans la première circonvolution temporale gauche. Deux centres distincts du
langage sont ainsi identifiés : un centre de la réception et un centre de l’émission.
Wernicke, Lichtheim et Dejerine en 1906 développeront leur réflexion vers une
théorie associationniste des centres d’images. Autour de chaque aire de
projection sensorielle et motrice existent des régions d’association. Une zone
antérieure située dans la région de l’aire de Broca est considérée comme le centre
des images articulatoires, et une zone postérieure englobe le centre des images
auditives et le centre des images visuelles des mots. Ces centres d’images des
mots (articulatoires, visuelles, auditives), sont reliés entre eux par des faisceaux
de fibres blanches sous-corticales.
Les débats seront vifs pendant cette période entre les partisans de différentes
théories sur les mécanismes cognitifs. Jackson en 1878, bien que contemporain
des premiers associationnistes, va développer une conception du langage et de
l’aphasie qui s’éloigne de la notion de centres et de connexions. Il relève le
contraste entre l’atteinte du langage propositionnel et le respect du langage
émotionnel et automatique. Pour lui, le langage doit être considéré comme
instrument de la pensée.
Bien plus tard, Goldstein en 1948, qui sera à la source de la conception
neuropragmatique du langage, remettra l’accent sur le déficit de la pensée
catégorielle et l’atteinte du langage intérieur. Le patient aphasique n’est pas un
homme dont seul le langage est modifié mais un homme modifié dans son
ensemble. Progressivement, l’activité langagière devient indissociable du