La
France
et
la
mer
Noire
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tuer
une
nouvelle
base
d'information fiable
et
de
negociation prealable a
l'arrivee eveotuelle des negociants.
Au
moment
oiı
avait lieu a Paris l'echange des ratifications du traire
entre la France
et
la Porte,
dans
les premiers
jours
de
septembre 1802,
un
tribun, Emile Gaudin, adressait
au
premier Consul
un
memoire
sur
les
avantages
du
commerce
de
la
mer
Noire
et
de tout le Levant,
et
proposait
done d'envoyer des agents commerciaux a Andrinople
eta
Varna
pour
le
coımnerce
de
la Roumelie,
de
la Moldavie et de la Valachie,
par
la
voie
du
Danube suivi
jusque
dans l'interieur du continent ;
d'ouvrir
une
route
aux
ıiıarchands
a travers
1'
Anatolie,
d'Izmir
a Teheran ·
en
passant
par
Tiflis
(Tbilissi) ; d'entrer
en
rapport,avec les princes persans
pour
inquieter les
Britanniques en Inde ; d'installer des agents dans les principales villes
de
Russie, a Kiev, Mohilev, Moscou, Kazan
et
Astrakan ; de fonder des mai-
sons de commerce notamment dans
la
Russie septentrionale, a l'instar des
jactories angJaises.
Il
y voyait les moyens
de
renouer
Jes
liens
de
la France
avec
la
Russie et avec l'Orient pour mieux concurrencer l'influence politique
et commerciale
de
l'
Angleterre 5•
Les instructions donnees
au
general Brune, le nouvel ambassadeur a
Istanbul,
par
le Premier
Consuı
reservent
une
place
de
choix a la mer Noire
et renvoient
aux
experiences merlievates :
« La mer Noire a ete dans les temps anciens
un
des grands
entrepôts du commerce de l'Europe et de l'Inde. Depuis qu'elle
appartient a l'Empire ottoman, elle est devenue plutôt un obstacle
qu'un
moyen
de communication entre le nord et le midi de l'Europe.
Des fleuves considerables aboutissent a ses rivage$. Le Danube peut y
porter les productions de la plus grande partie des Etats
d'
Allemagne.
Les communications possibles, et
P-eut-etre
prochaines,
de
ce
fleuve
avec
les autres fleuves de l'Europe 6, doivent interesser toute l'indus-
trie des villes du continent a la fucilite et a la richesse de la navigation
de
la mer Noire.
Le
Dniestr peut
fuire
arriver a Constantinople, les
productions territoriales
des
plus riches provinces de la Pologne.
Le
Dniepr et le Boug, qui arrosent les plus anciennes et les plus riches
forets du Nord, peuvent fuire descendre
dan~
les ports russes de cette
partie de l'Europe des
approvisionnenıents
que la marine acbeterait et
enıbarquerait
a meilleur marche qu'a Riga.
Le
Don peut faire remonter
jusque pres de Saint-Petersbourg les productions françaises et rappor-
ter en retour celles de la Russie ; ce fleuve, par ses communications
avec la Volga, offie de plus a
DOS
exportations un acces qui peut
Ies
faire parvenir sur la mer Caspienne et dans les provinces septen-
trionales de la Perse » 1•
5. Edouard DRIAULT,
La
politique exterieure du Premier Consul, 1800-1803, Paris, Felix
Alcan.
1910,
p.
359;
AMAE
,
CP,
Turquie,
204,
fo!.
353.
6.
Reference
au
futur canal Rhin-Main-Danube.
7.
AMAE,
CP,
Turquie, 205,
fo!.
129-143,
vendemiaire an
XI
(septembre
1802).