Promouvoir l’excellence en ergothérapie Advancing excellence in occupational therapy Prise de position de l’ACE L’ergothérapie et la santé au travail (2015) L’Association canadienne des ergothérapeutes (ACE) croit que les ergothérapeutes peuvent aider les milieux de travail à favoriser la santé et le bien-être des travailleurs et à créer des environnements propices à la productivité et à une culture positive du milieu de travail. Les ergothérapeutes possèdent les connaissances, les compétences et l’expertise requises pour proposer diverses stratégies allant des interventions axées sur le retour au travail à celles qui sont centrées sur la prévention des incapacités et la promotion de la santé en milieu de travail. Recommandations à l’intention des ergothérapeutes 1. Promouvoir la santé physique et mentale, tout en prévenant les blessures et les incapacités, en considérant à la fois le travailleur et le milieu de travail. Une approche axée sur les forces est utilisée pour cibler les forces, les capacités et les ressources existantes du travailleur et du milieu de travail. Une perspective globale incorporant les aspects bio-psycho-sociaux-culturels est utilisée pour promouvoir la santé, le bien-être et un milieu de travail juste et inclusif. 2. Appuyer et contribuer à la prévention primaire des blessures physiques en milieu de travail, en identifiant les risques possibles, en recommandant des mesures préventives pour contrôler les dangers en milieu de travail et en enseignant de bonnes méthodes de travail et les principes de la mécanique corporelle. 3. Promouvoir la santé et le bien-être au travail en évaluant les exigences cognitives et les risques psychologiques. En collaboration avec les employeurs et les employés, les ergothérapeutes conçoivent des plans d’intervention pour aborder les problèmes psychosociaux et favoriser un milieu de travail positif et inclusif. Les ergothérapeutes appuient les personnes ayant des problèmes cognitifs, de santé mentale ou de dépendance afin de les maintenir en poste ou de favoriser leur retour au travail. 4. Offrir des interventions comme l’analyse de l’emploi, l’évaluation ergonomique, la formation de préparation au milieu de travail, la planification des ressources et la modification du travail. Ces interventions visent à soutenir les clients ayant des symptômes précoces de maladie, une maladie chronique ou un handicap, afin de favoriser leur maintien en poste, d’améliorer leur productivité, de gérer leurs symptômes et leur fatigue et d’améliorer leur capacité de gérer leur stress. 5. Soutenir les individus qui désirent intégrer ou réintégrer le marché du travail. Les ergothérapeutes s’appuient sur leurs compétences pour effectuer une évaluation de l’emploi, une analyse de la tâche et une mise en correspondance entre le travailleur et l’emploi, en vue d’émettre des recommandations et de favoriser la réussite en toute sécurité de la réintégration au travail. 6. Aider les employeurs à élaborer des directives, procédés et processus qui favorisent le maintien au travail, le retour au travail et le respect des exigences éthiques, juridiques et normatives. 7. Maximiser l’impact des interventions ergothérapiques en proposant et en mettant en œuvre simultanément de multiples mesures préventives et approches de réadaptation. Comme le processus associé au retour et au bien-être au travail est complexe, ces interventions sont plus efficaces lorsqu’elles sont utilisées de manière combinée, plutôt que de manière isolée. Initiatives de l’ACE Afin de préparer les ergothérapeutes à offrir des services visant à améliorer la santé et le bien-être au travail, l’ACE entreprendra les initiatives suivantes : 1. Informer les ergothérapeutes de leur rôle possible en milieu de travail pour favoriser et conserver la santé et le bien-être des travailleurs. Leur intervention comprend l’enseignement sur la prévention primaire, les traitements de réadaptation et la préparation à l’emploi ou à la réintégration à l’emploi des personnes ayant des maladies chroniques et des handicaps. 2. Rehausser la pratique fondée sur les faits en diffusant les études sur l’efficacité des interventions ergothérapiques en milieu de travail et en favorisant l’élaboration de lignes directrices sur la pratique clinique relatives à la participation de l’ergothérapie dans les interventions en milieu de travail. 3. Encourager les ergothérapeutes à sensibiliser les milieux de travail au handicap, au rendement au travail, à l’évaluation du rendement, aux mesures d’adaptation au L’ergothérapie et la santé au travail 1 travail et aux différentes façons de favoriser le maintien en poste des travailleurs. 4. Promouvoir la collaboration au sein de la profession et avec tous les intervenants, y compris les employeurs, les employés, les syndicats, les conseillers en emploi, les organismes pertinents, les décideurs, les éducateurs et les départements des ressources humaines, afin d’améliorer les services et de promouvoir la valeur ajoutée de l’ergothérapie dans le domaine de la santé et du bien-être au travail. Afin de promouvoir le rôle des ergothérapeutes dans le domaine de la santé au travail, l’ACE s’engage à : 1. Travailler en collaboration avec les gouvernements fédéral et provinciaux, les associations du domaine de la santé et autres et les organismes de la santé, afin d’élaborer et d’orienter les principales directives sur la santé au travail, les activités de recherche et les stratégies novatrices. 2. Élaborer des ressources d’information à l’intention des consommateurs afin de les amener à mieux comprendre la relation entre l’individu, l’occupation et l’environnement, en vue d’améliorer la santé et le bienêtre et de créer une société juste et inclusive. Renseignements généraux Au Canada, la nature du travail et du marché du travail est en constante évolution. Statistique Canada prévoit que d’ici 2031, la population active passera de 20,5 à 22,5 millions de personnes, ce qui représente une augmentation comparativement au 18,5 millions rapportés en 2010 (Martel et al., 2011). On prévoit que la proportion de travailleurs âgés de 55 ans et plus augmentera et qu’elle représentera environ un quart de la main-d’œuvre d’ici 2021 (Martel et al., 2011). La nature du travail est également en train de changer en raison des « changements mondiaux dans le secteur de l’économie, des changements obligatoires en ce qui concerne l’âge de la retraite, du nombre croissant de travailleurs immigrants, âgés ou migrants, de la délocalisation du travail d’un pays à l’autre et des différents discours sur les possibilités futures en matière de travail » (Shaw, 2013, p. 3). Le travail est de moins en moins prévisible, compte tenu de la montée des économies internationales instables et donc, les travailleurs vivent des interruptions dans leur travail régulier (Shaw, 2013). En s’appuyant sur les statistiques les plus récentes sur le fardeau économique de la maladie, Uppal (2009) affirme que 159,4 milliards de dollars ont été perdus au Canada en raison des problèmes de santé physique et mentale. De plus, 46 % des hommes et 54 % des femmes âgés de 15 à 2 L’ergothérapie et la santé au travail 64 ans ont un problème de santé chronique, et 15 % des hommes et 18 % des femmes ont des problèmes de santé mentale (Uppal, 2009). Ces problèmes de santé ont un impact sur de nombreux aspects de l’économie canadienne, comme « une réduction de la productivité, une réduction de la participation à la main-d’œuvre, une augmentation des maladies et des prestations d’assurance emploi, et des coûts associés aux aides techniques et aux modifications structurelles » (Uppal, 2009, p. 6). Dans leur enquête sur l’impact des milieux de travail sur la santé des employés, Shamian et El-Jardali (2007) affirment qu’il est possible de réduire et même de prévenir ces lourds fardeaux. La littérature actuelle indique que les ergothérapeutes se concentrent généralement sur la gestion des problèmes existants et sur les stratégies de retour au travail après un accident (Kollee et al., 2013). Kollee et al. (2013) ont observé que dans la thérapie prodiguée, l’accent est mis principalement sur les résultats associés à la prévention secondaire et tertiaire, plutôt qu’à la prévention primaire. Le rôle global particulier de l’ergothérapie peut permettre de recentrer les stratégies de prévention secondaire en milieu de travail, afin d’adopter des stratégies centrées sur la promotion de la santé au travail, c’est-à-dire sur la prévention primaire ou avant que les symptômes ne se manifestent chez les travailleurs. Les ergothérapeutes ratent une énorme possibilité d’emploi et obligation de la profession, décrite par la Fédération mondiale des ergothérapeutes comme « une responsabilité professionnelle et éthique des ergothérapeutes de considérer les questions liées au travail pour tous les individus, y compris ceux qui sont dans des groupes désavantagés ou marginalisés ainsi que ceux ayant une incapacité de courte ou de longue durée » (2012, p. 1). Dans sa discussion sur le rendement et la productivité au travail, l’Organisation mondiale de la santé (m.d.) explique qu’en offrant un milieu de travail favorable, qui donne aux travailleurs l’impression de contribuer, de même qu’un sentiment d’appartenance, la satisfaction et le bien-être des employés et des employeurs peuvent être grandement rehaussés. Ce genre d’environnement peut avoir des effets majeurs sur le bien-être et l’estime de soi des travailleurs, effets pouvant se manifester bien au-delà du milieu de travail. Par exemple, en aidant les employeurs à créer des milieux de travail plus sains, il est possible de réduire les arrêts de travail causés par le stress (Park, 2007). Pour suivre le rythme des tendances actuelles dans le milieu de la santé, il est essentiel d’affectuer un changement conceptuel, afin de mettre l’accent sur les approches préventives qui favorisent l’atteinte de meilleurs résultats pour les travailleurs et d’intervenir avant l’apparition des problèmes. Ce changement pourrait être profitable pour de multiples intervenants, qui continueront de préserver les valeurs des milieux de travail sains en constatant les avantages mutuels qu’une telle atmosphère peut apporter. Prévention tertiaire : Gérer les problèmes médicaux chroniques et complexes (p. ex., lésion cérébrale traumatique, douleur chronique) afin de prévenir la détérioration pouvant entraîner un arrêt de travail prématuré chez un individu (Bell et al., 1995). Glossaire Bell, J. G., Bishop, C., Gann, M., Gilbert, M. J., Howe, W., Lamb, C. T., . . . Turner, M. (1995). A systematic approach to health surveillance in the workplace. Occupational Medicine, 45, 305-310. doi: 10.1093/ occmed/45.6.305 Santé et bien-être au travail : Un environnement ou une culture créé(e) par les travailleurs et les employeurs, dans lequel ou laquelle tous les travailleurs peuvent répondre aux exigences de leur travail dans un contexte sécuritaire et favorable. Les travailleurs ont la possibilité d’optimiser leur potentiel, y compris leurs compétences, capacités et ressources, afin de maximiser la productivité. La santé physique, sociale et psychologique est favorisée et soutenue par un environnement qui encourage le respect, le sentiment d’appartenance et l’autonomie. Les travailleurs et les employeurs collaborent en vue d’atteindre les objectifs individuels et du milieu de travail. Prévention primaire : Intervention visant à prévenir la probabilité d’une blessure ou d’une maladie. Par exemple, recommander des mesures préventives pour contrôler les dangers en milieu de travail ou faire de l’enseignement sur la mécanique corporelle pour minimiser les risques associés aux accidents de travail (Bell et al., 1995). Prévention secondaire : Adaptation du travail ou de l’environnement pour les travailleurs qui font un retour au travail après avoir subi une blessure, en vue de prévenir une détérioration de l’état ou d’autres blessures (Bell et al., 1995). Références Fédération mondiale des ergothérapeutes. (2012). Prise de position concernant la réadaptation professionnelle. Téléchargé au http:// www.wfot.org/ResourceCentre.aspx Kollee, A., Ren, H., Lofgren, K., Saarloos, S., Slaven, K., et Shaw, L. (2013). Advancing Occupational Therapy in Workplace Health and Wellbeing: A Scoping Review. Téléchargé au http://works.bepress. com/cgi/viewcontent.cgi?article=1225&context=drlynn Martel, L., Malenfant, E. C., Morency, J. D., Lebel, A., Belanger, A. et Bastien, N. (2011). La population active canadienne : tendances projetées à l’horizon 2031. Téléchargé au http://www.statcan. gc.ca/pub/11-010-x/2011008/part-partie3-fra.htm Park, J. (2007). Work stress and job performance. Perspectives on Labour and Income, 8(12), 5-17. Shamian, J., et El-Jardali, F. (2007). Healthy workplaces for health workers in Canada: Knowledge transfer and uptake in policy and practice. Healthcare Papers, 7(Sp), 6-25. doi:10.12927/hcpap.2007.18668 Shaw, L. (2013). Are we ready to address the new expectations of work and workers in the transforming world of work? Work: A Journal of Prevention, Assessment and Rehabilitation, 44, 3-9. doi: 10.3233/ WOR-121582 Uppal, S. (2009). La santé et l’emploi. L’emploi et le revenu en perspective, 9(12). Téléchargé au http://www.statcan.gc.ca/pub/75001-x/2009109/pdf/10923-fra.pdf World Health Organization. (n.d.). Workplace health promotion. Téléchargé au http://www.who.int/occupational_health/topics/ workplace/en/index2.html Les prises de position traitent de questions sociales et de santé préoccupantes pour l’ergothérapie en tant que profession. Ils sont souvent assortis d’un délai déterminé et les personnes qui désirent les utiliser plus de deux ans après leur publication devraient vérifier s’ils sont encore à jour en communiquant avec la directrice de la pratique professionnelle de l’ACE à [email protected]. L’ergothérapie et la santé au travail 3