Concernant l’impact de l’évolution du rôle de l’Etat (au sens large) sur le
financement public, on peut dire que la modernisation de l’économie (urbanisation
croissante, ouverture internationale, multiplication des demandes sociales,
décentralisation etc.) a eu une grande influence sur le rôle de l’État et les fonctions
du budget. Au modèle libéral de « l’Etat gendarme » ou de « l’Etat régalien » dont
l’intervention est limitée aux fonctions régaliennes (justice, police, diplomatie,
défense, encadrer la concurrence sur les marchés) succède en effet un « État-
providence » qui intervient dans les domaines économique et social. C’est pourquoi
on assiste depuis plus d’un siècle à un accroissement continu de la dépense
publique (pour une explication de l’accroissement des dépenses publiques voir le
chapitre qui y est consacré dans le polycopié).
L’évolution du rôle de l’Etat a eu alors une grande influence sur les conceptions des
finances publiques. Ainsi on oppose les finances publiques «classiques» (liées à une
conception régalienne de l’Etat ou administration restrictive ou de police) aux
finances publiques «modernes» (administration de promotion ou de prestation).
Les finances classiques, et jusqu’à la Première Guerre mondiale obéissaient aux
règles du modèle classique. Il s’agit d’éviter que l’intervention financière de l’État
vienne limiter la liberté individuelle et constitue une source d’inefficacité économique.
Cela se traduit par trois principes en matière budgétaire3 :
La neutralité budgétaire : le budget n’est pas utilisé pour agir sur la conjoncture
économique. L’État n’intervient donc pas en matière économique et sociale et la
fiscalité ne joue aucun rôle redistributif ;
la limitation des dépenses : le budget de l’État représente moins du dixième de la
richesse nationale, ses dépenses sont essentiellement liées aux besoins des
fonctions régaliennes (diplomatie, justice, armée, police, recouvrement de l’impôt) et
la pression fiscale est ainsi limitée ;
L’équilibre budgétaire : le déficit est proscrit. Les ressources de l’État sont donc
essentiellement fiscales, la monnaie est stable, le secteur public n’existe pas, et les
3 http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/finances-publiques/definition-
histoire/histoire/qu-appelle-t- on-modele-classique.html