Tout ce qu'il faut savoir sur le TDAH

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Tout ce qu’il faut savoir sur le TDAH
Depuis quelque temps, le Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité fait débat
dans la communau scientifique, notamment sur les caractéristiques qu’on lui attribue.
En vrier 2021, la déclaration de consensus international sur le TDAH a été publiée afin de lutter
contre les idées fausses et la stigmatisation. Signé par 79 auteurs, le texte fait un point complet des
connaissances à ce sujet en s’appuyant sur des preuves fondées. J’ai souhaité passer en revue les
différentes croyances que je rencontre le plus souvent dans ma pratique et apporter des éléments de
réponse.
Quelles sont les caractéristiques du TDAH ?
Il existe plusieurs manifestations s’articulant autour de trois symptômes principaux. Pour que l’on
puisse parler de TDAH, ces différentes manifestations s’inscrivent dans la durée (au moins 6 mois) et
entraînent un retentissement important sur le quotidien de l’enfant.
Impulsivité
Interrompt souvent les autres
A du mal à attendre son tour
Parle trop
Laisse échapper une réponse
à une question qui ne lui a
pas encore été entièrement
posée
Inattention
Faute d’étourderie
Du mal à soutenir son
attention
Du mal à organiser ses
travaux
A en aversion les tâches qui
nécessitent un effort mental
soutenu
Perd souvent ses affaires
Ne parvient pas à mener à
terme ses devoirs ou à se
conformer aux consignes
Se laisse facilement distraire
Agitation
« Monté sur ressorts »
Court ou grimpe partout
(dans des situations
inappropriées)
A du mal à se tenir tranquille
pendant les jeux
Se lève dans des situations
où il est supposé rester assis
Existe-t-il différents types de TDAH ?
Le TDAH peut se présenter sous différents visages. On distingue trois présentations cliniques :
Dans le type hyperactivité/impulsivité prédominante, les enfants apparaissent davantage agités et
impulsifs mais ne remplissent pas tous les critères de la série inattention (TDAH). Ces derniers sont
généralement bien repérés car ils perturbent le groupe, prennent beaucoup de place et agissent de
manière irréfléchie. A contrario, dans le type inattention prédominante, les difficultés se centrent
essentiellement sur le plan attentionnel. Les enfants sont décrits comme « rêveurs » ou « ailleurs »,
lents à se mettre au travail, facilement distraits. Leur niveau d’activité motrice est comparable à celui
des enfants de leur âge. Ainsi, rarement turbulents en classe, ils passent souvent inaperçus.
Enfin, dans la forme mixte, les enfants présentent à la fois des critères de la série inattention et des
critères de la série hyperactivité/impulsivité.
TDAH, hyperactif, ces deux vocables évoquent-ils la même chose ?
Comme nous venons de le voir, l’agitation n’est pas nécessaire pour diagnostiquer le TDAH.
Nous entretenons à tort l’image d’un enfant-tornade qui ne peut s’empêcher de bouger, comme
alimenté par un moteur, continuellement sur la brèche. Par ailleurs, l’agitation est le symptôme le
plus subjectif du trouble. En effet, nous ne sommes pas toujours d’accord sur ce qui peut être
qualifié d’agitation « normale » ou pathologique.
S’il peut rester concentré sur les tâches qui l’intéressent, alors il n’a pas de TDAH !
Dans la mesure il s’agit d’un dysfonctionnement attentionnel, et non d’un déficit complet de
l’attention, l’enfant TDAH n’est pas incapable de se concentrer. En effet, l’attention peut varier en
fonction de la situation et de l’état émotionnel de l’enfant. Dans ce sens, la motivation joue un grand
rôle. Il est également sensible à la nouveauté et à l’aspect ludique de ce qui lui est proposé.
Ainsi, un enfant TDAH est moins distrait quand il est intéressé ou passionné. A l’inverse, lorsqu’il
n’est pas intéressé par la tâche en cours ou quand son cerveau fatigue, l’enfant va s’agiter pour
empêcher l’endormissement et relancer la machine !
Y’a-t-il beaucoup d’enfants TDAH ?
Le TDAH concerne environ 5,9% des enfants. Après les troubles anxieux et la dépression, il s’agit du
trouble le plus fréquent retrouvé dans cette population. Cela représente environ 2 enfants par classe.
C’est un phénomène de mode, aujourd’hui tout le monde a un TDAH !
Le sujet est en effet très en vogue ces dernières années. Pourtant, le trouble a été décrit pour la
première fois dans la littérature médicale depuis 1775. Ce n’est donc pas une découverte moderne.
Mais le fait que le trouble soit aujourd’hui très documenté par les études scientifiques, mieux
appréhendé de la part de l’école et des enseignants, entraîne fatalement un risque de surexposition.
Les parents aussi en entendent de plus en plus souvent parler et font parfois trop rapidement le lien
avec les difficultés rencontrées par leur enfant. Pour éviter le risque d’erreur diagnostique,
il est préférable de se tourner vers un spécialiste.
A quoi le TDAH est dû ?
De nombreuses hypothèses sur l’origine du trouble sont encore à l’étude. A l’heure actuelle, il est
admis que le TDAH est rarement causé par une seule mutation génétique ou un risque
environnemental précis. Dans la plupart des cas, il s’agit d’une association d’effets combinés entre la
génétique et l’environnement. Plus précisément, en fonction de l’environnement, les symptômes
vont être aggravés ou améliorés. Certains enfants développent ainsi des moyens de compensions qui
limiteront le handicap dans la vie de tous les jours. Bien que l’environnement influe sur les
manifestations du trouble, ni le contexte familial ni l’éducation ne peuvent être retenus comme
facteurs à l’origine du TDAH.
Le TDAH peut-il disparaitre avec le temps ?
Il est important de préciser qu’un TDAH ne disparaît pas à l’adolescence ou à l’âge adulte,
mais que l’expression des symptômes varie en fonction de l’âge. A l’adolescence, l’impulsivité et les
difficultés émotionnelles sont plus prégnantes. En revanche, l’agitation peut s’être atténuée, laissant
place à une tension interne, comparable à une certaine nervosité. Les adultes sont davantage
handicapés par des difficultés d’organisation du quotidien que par le manque d’attention.
Ils présentent aussi un risque accru de s’engager dans des conduites à risque comme la
consommation de cigarettes, d’alcool, de drogues ou de prises de risque sexuel.
Le TDAH se guérit-il ?
Le trouble ne se guérit pas mais se compense de mieux en mieux. En effet, l’enfant apprend de plus
en plus à se connaître et appréhende mieux l’effort à faire pour se concentrer. Comme indiqué ci-
dessus, des mécanismes compensatoires peuvent se mettre en place pour contourner les difficultés.
Dans cette optique, le TDAH n’est pas une fatalité : les approches non médicamenteuses peuvent
être très bénéfiques pour accompagner les enfants, adolescents et adultes.
L’enfant TDAH doit-il nécessairement prendre un traitement médicamenteux ?
Les études convergent sur l’efficacité du traitement médicamenteux, notamment des
psychostimulants comme le méthylphénidate. Ainsi, il sera proposé en priorité aux enfants ayant un
fort retentissement du TDAH sur le plan scolaire, social ou familial. Autour du traitement
médicamenteux, des aménagements restent toujours utiles.
Comment diagnostiquer le TDAH ?
Le diagnostic du TDAH est clinique. Autrement dit, personne d’autre que le médecin ne peut le poser.
Il repose sur un recueil de différentes observations. Aucun examen médical n’est nécessaire.
Les différents tests neuropsychologiques ne peuvent être utilisés comme diagnostics. En revanche,
ils servent à étayer le diagnostic car les enfants concernés montrent des difficultés bien spécifiques
durant l’évaluation. Rappelons-nous que les critères diagnostiques du TDAH sont essentiellement
comportementaux. Or, un comportement peut avoir de nombreuses origines différentes.
En effet, tous les enfants agités ou qui ont du mal à se concentrer à l’école ne sont pas TDAH.
En raison d’une définition superficielle et trop généraliste, le TDAH est devenu une catégorie fourre-
tout Ce qui explique toute la difficulté à poser le diagnostic ! Dans ce sens, les différents
questionnaires ou tests réalisés aident à affiner la réflexion et l’analyse clinique.
Comment aider un enfant TDAH sur le plan scolaire ?
Comparativement à ses camarades, l’enfant TDAH décroche plus facilement à la moindre distraction
et a de grosses difficultés à se reconcentrer par la suite. Il se fatigue également plus rapidement du
fait d’une mauvaise allocution des ressources cognitives. Le menacer, contraindre ou punir n’aide pas
puisque son état émotionnel influe sur sa capacité d’attention. Pire, il sera encore moins apte à
travailler. Les solutions résident dans des possibilités d’aménagements scolaires, une fois le
diagnostic posé : AVS, temps supplémentaire pour les évaluations, fragmenter les longs travaux, ne
pas pénaliser étourderies et fautes, etc. Nous devons essayer d’adapter nos modes de
communication, d’enseignement et d’évaluation avec eux, de façon à les rendre plus efficaces.
Également, chons dencourager et de soutenir le plus possible l’enfant, même si son
comportement est difficile.
Malgré plusieurs controverses, les études convergent vers ces deux points fondamentaux : le TDAH
existe, et sans traitement il peut entraîner de nombreuses conséquences défavorables.
Sa prise en charge est multimodale et fait intervenir plusieurs professionnels de santé en fonction de
l’âge et des difficultés de l’enfant : pédopsychiatre, psychologue, orthophoniste, ergothérapeute, etc.
Les aménagements scolaires restent une priorité et sont également spécifiques à l’enfant.
Régulièrement réévalué, l’environnement s’adapte et évolue en fonction des progrès ou réactions de
l’enfant. Il s’agit d’une démarche active pour accompagner au mieux l’enfant et les personnes
garantes de son éducation.
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