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PREFACE
Occupant une superficie de plus d’un million de km2, le Système Aquifère du Sahara
Septentrional, partagé par l’Algérie, la Tunisie et la Libye, est formé de dépôts continentaux
renfermant deux grandes nappes souterraines : le Continental Intercalaire [CI] et le
Complexe Terminal [CT]. La configuration structurale et le climat de la région font que les
réserves de ces deux nappes se renouvellent très peu : ce sont des réserves géologiques
dont les exutoires naturels (sources et foggaras) ont permis le développement d’oasis où les
modes de vie séculaires sont restés longtemps en parfaite symbiose avec l’écosystème
saharien.
Depuis plus d’un siècle, et plus particulièrement au cours des trente dernières années,
l’exploitation par forages a sévèrement entamé cette réserve d’eau souterraine. De 1970 à
2000, les prélèvements, utilisés autant pour des fins agricoles (irrigation) que pour
l’alimentation en eau potable et pour l’industrie, sont passés de 0,6 à 2,5 milliards de m3/an à
travers des points d’eau dont le nombre atteint aujourd’hui plus de 8800 points où les
sources, qui tarissent, sont remplacées par des forages de plus en plus profonds.
Cette intensification de l’exploitation engendre un certain nombre de problèmes dont
principalement la baisse régulière du niveau d’eau, l’augmentation du coût du pompage,
l’affaiblissement de l’artésianisme, le tarissement des exutoires naturels et un risque de plus
en plus grand de détérioration de la qualité des eaux par salinisation…
Les trois pays concernés ont très tôt pris conscience de la problématique de l’utilisation de
ces ressources aquifères dans une optique de durabilité et ont œuvré pour améliorer l’état
des connaissances et la gestion de ces ressources. Ainsi et dès 1970, un important
programme algéro-tunisien, l’ERESS, mis en œuvre par l’Unesco, a permis d’établir, sur la
base d’une première modélisation, limitée aux frontières des deux pays, une évaluation des
ressources exploitables de ce système aquifère et des prévisions de l’évolution de leur
utilisation. Ce programme a été poursuivi dans le cadre du PNUD en 1984.
Une vingtaine d’années plus tard, en 1992, l’Observatoire du Sahara et du Sahel organisait,
au Caire, le premier atelier sur les aquifères des grands bassins marquant ainsi le lancement
de son programme « Aquifères des Grands Bassins » qui conduira à la naissance du « projet
SASS », en septembre 1997, après une série de séminaires et d’ateliers régionaux. Ce
projet SASS est le premier à prendre en considération le bassin dans son intégralité, jusqu’à
ses limites naturelles.
A la demande des trois pays, l’OSS a obtenu l’appui financier de la Coopération suisse, du
FIDA et de la FAO pour une première phase de trois ans lancée officiellement en Mai 1999 à
Rome avec pour principal objectif l’actualisation de l’évaluation des ressources exploitables
et la mise en place d’un mécanisme de concertation entre les trois pays.
Par rapport à son prédécesseur, ERESS, le projet SASS va bénéficier d’un atout de taille :
l’intégration de la Libye et l’exploitation des données accumulées durant les trente dernières
années. Ces données vont permettre :
• la mise en place d’une base de données commune aux trois pays destinée à valoriser
l’information et à servir d’outil d’échange,
• la réalisation d’un modèle simulant le comportement hydrodynamique du système
aquifère et permettant de prévoir l’impact du développement de l’exploitation.
Ces deux activités ont été réalisées en associant, en permanence, les compétences
nationales des trois pays. Les résultats ont été présentés aux trois pays et ont permis
d’éclairer les décideurs sur les perspectives de développement et les risques qui leurs sont
associés. Ils ont aussi permis de mettre en évidence l’intérêt des trois pays à asseoir la
durabilité des programmes d’actualisation, de suivi et d’échange d’informations et à
concrétiser la « conscience de bassin » qui s’est progressivement développée.