See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/312918973 Méthodologie de recherche par étude de cas dans les sciences de gestion au Maroc Conference Paper · February 2014 CITATIONS READS 3 41,499 2 authors, including: Said El Moustafid Groupe ISCAE 6 PUBLICATIONS 5 CITATIONS SEE PROFILE Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Knowledge Continuity Management View project Knowledge Management View project All content following this page was uploaded by Said El Moustafid on 26 January 2017. The user has requested enhancement of the downloaded file. COMMUNICATION AU COLLOQUE INTERNATIONAL SUR LE THEME : Recherche en Sciences de Gestion : Contexte, Benchmark et Nouvelles Tendances ISCAE – Casablanca, les 27 et 28 février 2014 Méthodologie de recherche par étude de cas dans les sciences de gestion au Maroc M. Mehdi EL ATTAR, Doctorant à l’ISCAE M. Said EL MOUSTAFID, Doctorant à l’ISCAE Résumé : Les chercheurs en sciences de gestion recourent de manière plus fréquente à l’étude de cas en tant que stratégie de recherche. Associée à une recherche qualitative, l’étude de cas permet d’analyser de manière holistique un ou plusieurs objets de recherche. Le recours à cette méthode est tributaire de la nature de l’étude, des choix épistémologique et méthodologique du chercheur ainsi que du contexte de la recherche. L’objectif de la présente communication est de présenter la méthodologie de recherche par étude de cas et mettre en évidence la manière dont elle pourrait servir à accélérer et rehausser la qualité des travaux de recherche au Maroc. Nous étudierons les motifs à l’origine du recours à l’étude de cas comme stratégie de recherche dans les sciences de gestion au Maroc à travers la réalisation d’un « bilan méthodologique » des thèses en cours de préparation au sein de l’école doctorale du Groupe ISCAE d’une part, et l’analyse méthodologique de trois thèses, dont une soutenue et deux autres en cours de préparation, d’autre part. Mots clés: Recherche qualitative, épistémologie, étude de cas, sciences de gestion 1 INTRODUCTION Les entreprises et les professionnels marocains font face à plusieurs défis managériaux. Le rôle des chercheurs et des universitaires est d’apporter des réponses à leurs préoccupations. Ainsi, nos gestionnaires ont d’une part, besoin d’étudier, de décrire et de comprendre en profondeur certains phénomènes d’entreprise et d’autre part, besoin de s’assurer de l’applicabilité des théories à la réalité contextuelle et sociale marocaine. Les méthodes de recherche qualitatives et plus particulièrement celles reposant sur l’étude de cas semblent être les plus adaptées pour mener les travaux de recherche sur les problématiques de management compte tenu du caractère exploratoire du contexte marocain. L’objectif de cette communication est de présenter la méthodologie de recherche par étude de cas et de mettre en évidence comment elle pourrait, au Maroc, servir à accélérer et à rehausser la qualité des travaux de recherche en gestion compte tenu des spécificités de notre pays et compte tenu du fait que les modèles de référence développés à l’international pourraient ne pas s’appliquer ou ne s’appliquer que partiellement à nos réalités managériales et culturelles. Nous tenterons d’étudier également le pourquoi du choix de l’étude de cas comme stratégie de recherche dans les sciences de gestion au Maroc à travers un « bilan méthodologique » des thèses en cours dans le cadre de l’école doctorale du groupe ISCAE et l’analyse de trois thèses (une soutenue et deux en cours) sur le plan méthodologique pour comprendre le recours à l’étude de cas eu égard aux choix épistémologiques et méthodologiques. Cette communication est structurée en deux parties : - L’étude de cas comme méthode de recherche dans les sciences de gestion - Le recours à l’étude de cas dans la recherche en sciences de gestion au Maroc 1. L’ETUDE DE CAS COMME METHODE DE RECHERCHE DANS LES SCIENCES DE GESTION La méthodologie est « l’étude des méthodes permettant de constituer des connaissances» (Avenier & Gavard-Perret, 2008). Ainsi chaque chercheur est appelé, en cohérence avec son positionnement épistémologique, à mobiliser un certain nombre de méthodes d’accès au 2 « réel ». Chaque méthode s’articule autour d’un certain nombre d’outils de collecte et de traitement des données. On peut distinguer deux grandes familles de méthodes : les méthodes quantitatives et les méthodes qualitatives. 1.1. Les méthodes quantitatives et qualitatives Les méthodes quantitatives sont des méthodes de recherche généralement associées au positionnement positiviste et au mode de raisonnement hypothético-déductif. Elles utilisent un certain nombre d’outils d'analyse mathématiques et statistiques dans le but de décrire, expliquer et prédire des phénomènes. Selon Hlady Rispal (2002), le principe des méthodes quantitatives est celui de la construction, la reconstruction ou la réfutation de théorie. Parmi les méthodes qui s’apparentent à l’approche quantitative on peut citer : l’enquête par sondage, les panels, l’expérimentation, la mesure, etc. L’expression « méthodes qualitatives », quant à elle, couvre un ensemble de « techniques interprétatives qui cherchent à décrire, décoder, traduire et généralement percer le sens et non la fréquence de certains phénomènes » (Coutelle, 2005). En sciences de gestion, l’analyse qualitative est vue comme « une démarche discursive de reformulation, d’explicitation ou de théorisation d’un témoignage, d’une expérience ou d’un phénomène » (Coutelle, 2005). Un grand débat existe au sujet de la nature académique, des contributions, des mérites et des limites entre recherches quantitatives et qualitatives (Denzin & Lincoln 2005; Yin 1994). Les méthodes de recherche quantitatives sont souvent considérées comme synonyme de sciences naturelles ou «sciences dures», tandis que les méthodes de recherche qualitative ont été le plus souvent réservées aux «sciences douces» ou sciences sociales (Denzin & Lincoln 2005). Beaucoup de scientifiques affirment que la recherche quantitative est supérieure car elle recours aux statistiques, à l’expérimentation et aux enquêtes qui semblent fournir plus de rigueur scientifique et d’objectivité et par conséquent fournir plus d’apports théoriques (Guba & Lincoln 1994). En revanche, la recherche qualitative est un terme générique qui recouvre une variété de méthodes qui sont utilisée dans de nombreuses disciplines (Guba & Lincoln 1994). Elle est multidimensionnelle et elle est utilisée pour étudier les phénomènes dans leur cadre naturel avec l'utilisation des entretiens, analyse d'archives, observations et enquêtes et en tentant 3 d'interpréter les phénomènes en termes de sens fournis par les acteurs (Denzin & Lincoln 2005; Guba & Lincoln 1994). Elle décrit et explique les modes de relations et de données sous forme de mots et pas nécessairement sous formes de chiffres ce qui en fait d’elle une démarche plus subjective par rapport aux études quantitatives. Elle permet au chercheur d'établir des thèmes, des modèles et des catégories de données basées sur la compréhension et l'interprétation du chercheur (Miles & Huberman 1994). L'utilisation de plusieurs méthodes, matériaux empiriques, perspectives et participants dans une seule étude permet au chercheur de développer la rigueur, la richesse et la triangulation pour n'importe quelle enquête (Denzin & Lincoln 2005). Par conséquent, la recherche qualitative offre une vue globale et holistique, menant à la compréhension des phénomènes et elle est de ce fait adaptée dans les cas de construction de théories inductives (Perry 1998). Hlady Rispal (2002) distingue deux logiques dans la recherche qualitative : déductive et inductive. La logique qualitative déductive vise à approuver ou réfuter un modèle théorique en le confrontant aux données tirées d’un échantillon alors que la logique qualitative inductive vise la construction d’une théorie à partir l’observation et l’étude de l’objet de la recherche et des pratiques des acteurs (Sahraoui Bentaleb 2011). En sciences de gestion, plusieurs travaux restent centrés sur les recherches quantitatives. Toutefois, beaucoup de chercheurs en sciences de gestion ont privilégié, depuis les années 2000 notamment, les méthodes qualitatives. Preuve en est le nombre croissant de communications scientifiques, d’articles et de thèses en sciences de gestion faisant appel aux méthodes quantitatives (Point & Retour 2009). Pour réaliser une recherche avec des méthodes qualitatives, le chercheur peur se référer à plusieurs stratégies de recherches. Yin (1994) identifie l’expérimentation, l’étude de cas, l’enquête, l’analyse des archives et l’étude historique. Dans ce qui suit nous allons mettre l’accent sur la stratégie de l’étude de cas. 4 1.2. L’étude de cas comme méthode de recherche en sciences de gestion Del Bayle (2000) affirme que la technique de l’étude de cas « a été mise au point dans la seconde moitié du XIXe siècle par le sociologue français Le Play (1806-1882) qui l’a utilisée pour étudier les problèmes sociaux nés du développement de la société industrielle à travers l’analyse monographique de familles ouvrières appartenant à différents pays européens ». L’étude de cas est aujourd’hui largement reconnue comme stratégie de recherche en sciences de gestion. Stake (2005) affirme que cette méthodologie est devenue l’une des méthodes les plus utilisées pour faire des études qualitatives. Plusieurs travaux de référence ont participé à établir sa légitimité (Eisenhardt 1989; Yin 1994; Yin 2003; Guba & Lincoln 1994). Ces travaux ont mis en évidence son intérêt scientifique et ont proposé des méthodes et des techniques d’investigation spécifiques afin d’améliorer sa validité. L’étude de cas est considérée comme l’étude approfondie d'un ou de peu d'objets de recherche, ce qui permet d'obtenir une connaissance vaste et détaillée de ces derniers. L’idée de base de l’étude de cas est que si nous étudions avec attention toute unité d'un certain univers, nous serons dans les conditions de connaître quelques aspects généraux de celui-ci ou nous aurons, au moins, une perspective qui orientera une recherche postérieure. Yin (1994) définit la méthode de recherche d'étude de cas comme une enquête empirique qui étudie un phénomène contemporain dans son contexte réel ; quand les frontières entre le phénomène et le contexte ne sont pas clairement évidentes ; et dans lesquelles de multiples sources d'évidences sont employées ; et en bénéficiant des précédents développements théoriques pour la collecte et l’analyse des données. Pour Yin (1994), le recours à l’étude de cas est approprié lorsque se pose une question du type «comment» ou «pourquoi» à propos d’un ensemble contemporain d’événements, sur lesquels le chercheur a peu ou pas de contrôle. Le Tableau 1 compare les méthodes de recherche et leur utilisation. 5 Tableau 1 : Comparaison des différentes stratégies de recherche Stratégie Forme de la question Contrôle sur des Focus sur les de recherche événements événements comportementaux contemporains Comment, Pourquoi Oui Oui Enquête Qui, Qoui, Où, Combien Non Oui Analyse des Archives Qui, Qoui, Où, Combien Non Oui/ Non Etude historique Comment, Pourquoi Non Non Etude de cas Comment, Pourquoi Non Oui Expérimentation Source : (Yin 1994, p. 6) La recherche par l'étude de cas répond généralement à une ou plusieurs questions qui commencent par «comment» ou « pourquoi». Pour aider à viser et à formuler les questions, les chercheurs conduisent une revue de littérature. L’objectif de cette revue est d’identifier les recherches précédemment conduites sur le sujet et de raffiner et définir les questions de recherche. David (2005) identifie quatre types de cas : illustratif, typique, test, inédit ou exemplaire. La présentation de ces types de cas est résumé dans le tableau suivant (Tableau 2). Tableau 2 : Les différents types de cas Nature du cas Illustratif Définition Le cas sert à illustrer une théorie, pour vérifier qu’elle s’applique, sans valeur démonstrative. Cette démarche ne produit que marginalement des résultats scientifiques. Typique Le cas est particulièrement représentatif du cas général. Test Le cas est sélectionné parce qu’il permet de tester des théories préalablement formulées Inédit ou exemplaire Le cas permet d’étudier des phénomènes rares, inconnus jusqu’alors ou des situations particulièrement innovantes. Le cas constitue potentiellement une référence (ou une anti- référence), y compris, sur un plan pratique, pour d’autres organisations. La place de la découverte et de l’invention est plus importante que pour les cas typiques ou test, qui correspondent davantage à des phases de validation de modèles et d’hypothèses. Source : (David 2005, p.9) 6 La méthode de l’étude de cas est difficile à réaliser (Yin 1994). Le chercheur doit mener son étude avec rigeur afin de s’assurer de la validité des connaissances produites. La validité d’une recherche est définie par Wacheux (1996) comme étant «la capacité des instruments à apprécier effectivement et réellement l’objet de la recherche pour lequel ils ont été créés». Yin (1994) distingue quatre types de validité : la validité du construit, la validité interne, la validité externe et la fiabilité. La validité du construit exige du chercheur d'employer les mesures opérationnelles correctes pour les concepts étudiés. Pour sa part, la validité interne démontre que certaines conditions mènent à d'autres conditions et exige l'utilisation de preuves et de sources multiples. Quand à la validité externe, elle reflète si les résultats sont généralisables. Enfin, la fiabilité se rapporte à la stabilité, à l'exactitude, et à la précision de la mesure. La conception exemplaire de l'étude de cas s'assure que les procédures utilisées sont bien documentées et peuvent être répétées, à plusieurs reprises, avec les mêmes résultats (Yin 1994). Yin (1994) propose de suivre un certain nombre de tactiques durant la conception et la réalisation de l’étude de cas pour garantir sa validité. Ces tactiques sont résumées dans le tableu suivant (Tableau 3) : Tableau 3 : Tactiques pour l’étude de cas Tests Tactique Phase de recherche d’application de la tactique Validité du construit - Utiliser plusieurs sources d’évidence Collecte des données - Etablir une chaine d’évidences Collecte des données - Une revue par des informants clé du projet Composition/ rédaction du rapport de l’étude de cas Validité interne - Faire la correspondance des modèles Analyse des données - Faire de la construction – explication Analyse des données - Réaliser des analyses sur les séries Analyse des données chronologiques Validité externe - Faire de la réplication logique sur des cas Design de la recherche multiples Fiabilité - Utiliser un protocole pour l’étude de cas Collecte des données - Développer une base de données de Collecte des données l’étude de cas Source : (Yin 1994, p.33) 7 Ces tactiques ont pour objectif d’assurer la rigueur de l’approche et de produire des résultats valides. D’autant plus que l’étude de cas est habituellement critiquée pour certaines limites : peu rigoureuse, il est difficile de généraliser ses résultats et ce type de recherche consommerait un temps trop important et produirait des documents volumineux avec des conclusions d’un intérêt limité (Yin 1994). La question de la généralisation des résultats est certainement la plus importante. Les chercheurs admettent en effet que les résultats issus de démarches d’étude de cas ne sont pas généralisables selon un raisonnement d’inférence statistique. David (2005) affirme que dans le cadre des études des cas, il y a lieu de parler de généralisation des propositions théoriques et non de généralisation aux populations et univers. Kœnig (2005) affirme même que, d’un point de vue interprétativiste, la valeur d’un cas tient à ce qu’il a d’unique. Un autre choix méthodologique s’impose : choisir d’étudier un cas unique ou des cas multiples. Yin (1994) distingue, en fonction du design, quatre types d’études de cas : étude de cas unique holistique, étude cas unique enchassée, étude de cas multiples holistiques et étude de cas multiples enchassée. Comme le montre le Tableau 4, une étude de cas unique de type holistique couvre une seule unité d’analyse ; une étude de cas unique de type enchassé (embedded) investigue plusieurs unités d’analyses dans un seul cas ; une étude de cas multiples de type holistique étudie plusieurs cas et chacun comme une unité d’analyse ; et, enfin, une étude de cas multiples de type enchassé couvre plusieurs cas et chaque cas comprend un certain nombre d’unités d’analyse (Yin 1994). Tableau 4 : types de designs d’études de cas Holistique Cas unique Cas multiples Type 1 Type 3 Type 2 Type 4 (une seule unité dʼanalyse) Enchâssé (unités dʼanayse multiples) Adapté de (Yin 1994, p.39) Le recours à l’étude cas unique se fait selon Yin (1994) dans les situations suivantes : un cas critique pour tester une théorie déjà formulée, un cas extrème ou unique, un cas révélatoire. 8 Gagnon (2012) affirme que l’étude de cas unique est recommandée pour une problématique de type empirique brut, c’est-à-dire un phénomène jusque-là inexploré. Le même auteur insiste que cela ne veut pas dire que l’étude de cas unique n’est pas une unité d’analyse utile pour l’élaboration de certaines théories en donnant l’exemple de plusieurs études relatives aux organisations et aux systèmes sociaux (Gagnon 2012). Dans une étude de cas de type enchassé, le chercheur analyse plusieurs unités qui peuvent être, dans le cas d’une organisation, des structures, des projets, etc. Ces unités peuvent être choisies par les techniques d’échantillonage. 2. L’UTILISATION DE LA METHODE DE L’ETUDE DE CAS DANS LA RECHERCHE EN SCIENCES DE GESTION AU MAROC La recherche par étude de cas est, aujourd’hui, reconnue et de plus en plus utilisée au niveau des recherches en sciences de gestion. Cette communication s’intéresse au niveau du recours à l’étude de cas, comme stratégie de recherche, au niveau du contexte de la recherche au Maroc. Pour ce faire, une enquête a été menée auprès des doctorants de la première et de la deuxième promotions de l’écolde doctorale du Groupe ISCAE. 2.1. Bilan des méthodologies de recherche dans l’école doctorale de l’ISCAE et recours à l’étude de cas Le bilan présenté dans la présente section s’appuie sur les résultats d’une enquête que nous avons menée auprès des doctorants du Groupe ISCAE. La population ciblée par le questionnaire est constituée des doctorants de la première et de la deuxième promotions de l’école doctorale. L’enquête s’est assignée comme objectif de : - Mesurer le niveau de recours à l’étude de cas comme méthode de recherche en science de gestion au sein de l’école doctorale du Groupe ISACE ; 9 - Vérifier les liens mis en évidence au niveau de la littérature entre l’étude de cas, les méthodes qualitatives, les postures épistémologiques et le mode de raisonnement inductif. La revue de la littérature permet d’associer le positivisme aux méthodes quantitatives et de manière analogique le constructivisme/interprétativisme aux méthodes qualitatives. La posture positiviste serait plus adaptée aux travaux de recherche liés aux « sciences positives » (mathématiques, physique, chimie, etc.) et les postures constructiviste et interprétativiste plus adaptées aux travaux de recherches liés aux sciences sociales. Ainsi, en recherche en sciences de gestion, on s’attendrait à un recours plus important au positivisme pour les filières qui se rapprochent des mathématiques (finance, économétrie, etc.). Inversement, le constructivisme ou l’interprétativisme seraient plus utilisés dans les sciences sociales (ressources humaines, marketing, stratégie, etc.). La posture positiviste privilégie l’approche hypothético-déductive. En effet, la science se donne pour visée la découverte de lois générales autorisant l’explication et la prédiction. Une fois découvertes, ces lois générales sont intégrées dans « un construit, un modèle théorique appelant des explications allant dans le sens d’une logique hypothético-déductive » (Hesse 1980). La recherche qualitative est en général attachée à établir « un contact plus direct avec le contenu et le sens, un contact moins médiatisé par la méthode afin de réhabiliter et faire plus de place à la logique inductive de l’acteur comme logique du sens et de l’existence » (Baby 1992). La recherche qualitative adopte ainsi une posture subjectiviste que l’on associe souvent au paradigme interprétatif ou constructiviste. 2.1.1. Taux de réponse au questionnaire administré : Notre questionnaire a été envoyé à l’ensemble des doctorants de la première et de la deuxième promotions de l’ISCAE, dont le nombre s’élève à 35. 10 Le nombre de doctorants ayant répondu au questionnaire s’élève à 23, soit un taux de réponse de 66%. 2.1.2. Niveau de recours à l’étude de cas comme méthode de recherche : Parmi les 23 doctorants ayant répondu au questionnaire, 14 ont choisi l’étude de cas comme méthode de recherche, soit un taux de recours de 61% à l’étude de cas. 2.1.3. Filières recourant le plus à l’étude de cas comme méthode de recherche : L’école doctorale du Groupe ISCAE compte trois filières : Finance, Marketing et stratégie. Les 14 doctorants ayant eu recours à l’étude de cas comme méthode de recherche se répartissent par filière comme suit : 11 2.1.4. Postures épistémologiques associées à l’étude de cas : Les postures épistémologiques retenues par les 14 doctorants ayant eu recours à l’étude de cas comme méthode de recherche se présentent comme suit : 2.1.5. Méthodologies de recherche associées à l’étude de cas : Les méthodologies de recherche utilisées par les 14 doctorants ayant eu recours à l’étude de cas comme méthode de recherche se présentent comme suit : 2.1.6. Modes de raisonnement associés à l’étude de cas : Les modes de raisonnement retenus par les 14 doctorants ayant eu recours à l’étude de cas comme méthode de recherche se présentent comme suit : 12 2.1.7. Recours à l’étude de cas multiple : Parmi les 14 doctorants ayant eu recours à l’étude de cas comme méthode de recherche, certains ont décidés de se contenter d’une étude de cas unique et d’autres ont préféré le recours aux cas multiples : 2.1.8. Conclusions de l’enquête : Les résultats de l’enquête nous permettent de formuler les conclusions suivantes : - Comme pressenti, les méthodes de recherche qualitatives et plus particulièrement celles reposant sur l’étude de cas semblent être les plus adaptées pour mener les travaux de recherche sur les problématiques de management vu le caractère exploratoire du contexte marocain. En effet, 61% des doctorants ayant répondu au questionnaire recours à la méthode de l’étude de cas. - Les résultats de l’enquête confirment les liens établis au niveau de la littérature entre les méthodologies de recherches qualitatives et la méthode de l’étude de cas. En effet, seuls 29% des travaux de recherche recourant à l’étude de cas reposent sur une méthodologie purement quantitative. Le reste des travaux de recherche, à savoir 71%, reposent sur une méthodologie quali-quantitative ou purement qualitative. - Notre enquête confirme l’association du positivisme aux méthodes quantitatives et de manière inverse le constructivisme/interprétativisme aux méthodes qualitatives (recourant notamment à la méthode de l’étude de cas). En effet, 79% des travaux de recherche utilisant l’étude de cas adoptent des postures constructivistes ou interprétativistes. - Notre enquête confirme que la méthode de recherche par étude de cas adopte un mode de raisonnement inductif. En effet, seuls 36% des travaux de recherche utilisant la méthode de l’étude de cas adoptent un raisonnement hypothético-déductif, tandis que 50% des travaux adoptent un raisonnement inductif ou inductif-déductif. A vrai dire, 13 nous nous attendions à un pourcentage plus important du recours au raisonnement inductif pour les travaux de recherche par étude de cas. - Notre enquête confirme l’utilisation du couple (positivisme ; méthodologie quantitative) au niveau des filières de gestion qui se rapprochent des mathématiques (finance, économétrie, etc.) et le recours au couple (constructivisme/interprétativisme ; méthodologie qualitative) au niveau des sciences sociales (ressources humaines, marketing, stratégie, etc.). En effet, seuls 14% des travaux de recherche utilisant l’étude de cas appartiennent à la filière « Finance » alors que 86% des travaux de recherche utilisant l’étude de cas appartiennent aux filières « Marketing » et « Stratégie ». Pour illustrer le recours à l’étude de cas nous allons présenter dans ce qui suit trois thèses (une soutenue et deux en cours de préparation) ayant fait appel à l’étude de cas comme stratégie de recherche. 2.2. Analyse de certaines thèses avec l’étude de cas comme méthode de recherche Nous avons choisi trois thèses (une soutenue et deux en cours de préparation) pour illustrer les paramètres du recours à l’étude de cas dans les sciences de gestion au Maroc. La première thèse est relative à la gestion des ressources humaines, la deuxième à la titrisation et la troisième à la gestion des connaissances. Elles seront présentées à travers leurs problématiques respectives, la posture épistémologique adoptée et la justification du recours à l’étude de cas. 2.2.1. Thèse sur les « Pratiques ressources humaines et plafond de verre au Maroc: Cas des femmes cadres au sein de grandes entreprises privées » Le thème et la problématique : Cette thèse étudie la problématique des pratiques de gestion des ressources humaines (GRH) et le plafond de verre à travers le cas de femmes cadres dans les entreprises marocaines. Cette thèse, qui part des théories de carrières pour analyser la problématique dans le contexte marocain où les femmes marocaines ne représentent que 11% des membres du corps législatif, des élus locaux, responsables hiérarchiques de la fonction publique, directeurs et 14 cadres de direction d’entreprises (Sahraoui Bentaleb, 2011). Plusieurs impératifs d’ordre économique et légal imposent aux entreprises d’assurer une égalité hommes femmes au niveau d’accès aux responsabilités. Toutefois, dans leur quête d’avancement de carrière, les femmes se trouvent limitées par le plafond de verre défini dans le cadre de cette thèse comme étant « l’ensemble des barrières artificielles créées par des préjugés d’ordre comportemental ou organisationnel qui empêchent des individus qualifiés d’avancer dans leur organisation. » Cette thèse vise donc à analyser le rôle des pratiques RH par rapport aux carrières féminines et par rapport au plafond de verre à travers la question principale suivante : « Dans quelle mesure les pratiques ressources humaines ont-elles un impact sur le plafond de verre dans les entreprises privées marocaines ? » (Sahraoui Bentaleb 2011, p.8). Posture épistémologique : Le positionnement épistémologique dans cette thèse est justifié par le positionnement méthodologique. En effet, le chercheur affirme opter pour une méthodologie qualitative inductive. Cette méthode « s’inscrit dans une approche constructiviste qui défend que la société est un construit et non pas une donnée telle que le soutiennent les positivistes » (Sahraoui Bentaleb 2011, p.214). Ce choix méthodologique est justifié par la nature du travail qui a pour objectif « de comprendre, d’expliquer la situation des femmes cadres marocaines face au plafond de verre ainsi que le rôle des pratiques ressources humaines dans leur avancement hiérarchique » (Sahraoui Bentaleb 2011, p.210). Le choix de la démarche a été fait sur la base du cadre conceptuel qui laisse une marge de liberté quant à l’apparition de nouveaux thèmes ou de nouvelles réalités et sur le caractère exploratoire du terrain de recherche marocain puisque peu de thèses ont étudié cette problématique. Dans le cadre de la démarche qualitative, l’étude de cas a été choisie comme stratégie de recherche. Cette thèse a étudié le cas des femmes cadres dans onze grandes entreprises 15 marocaines. Méthodologie de recherche et recours à l’étude de cas : Le choix de l’étude de cas comme stratégie de recherche dans cette thèse s’est fait, selon le chercheur, pour répondre à un double objectif : « d’abord analyser au mieux l’ensemble de ces interactions dans leur contexte réel et de manière intégrale, ensuite intégrer dans la compréhension et l’analyse, le rôle du contexte social marocain » (Sahraoui Bentaleb 2011, p.11). Le choix de la stratégie de l’étude de cas pour cette recherche satisfait les deux critères établis par Yin (1994) à savoir la réponse à la question du pourquoi et comment et la construction au départ d’un cadre théorique basé sur la revue de la littérature. En partant des théories de carrières et d’avancement hiérarchique, le chercheur a établi un cadre théorique qu’il a confronté à la réalité du terrain à travers l’étude des cas de onze grandes entreprises marocaines. Le choix de cas multiples est justifié par la nature exploratoire du contexte marocain. En effet, dans un contexte où peu de recherches ont été menées sur cette problématique, la stratégie de l’étude de cas sert à analyser de manière holistique les cas choisis. 2.2.2. Thèse en cours de préparation à l’école doctorale de l’ISCAE portant sur la décision de titrisation1 Le thème et la problématique : Cette thèse intitulée « Approche compréhensive de la décision de Titrisation au Maroc » s’intéresse à décrire, analyser et comprendre comment se prend la décision du recours à la titrisation au sein des entreprises marocaines. La titrisation qui constitue l’une des formes de financement les plus évoluées de la finance moderne a bouleversé les marchés financiers courant les trois dernières décennies en 1 « Approche compréhensive de la décision de Titrisation au Maroc », thèse en cours de préparation par M. Mehdi El Attar au sein de l’Ecole doctorale du Groupe ISCAE 16 permettant à différents pays de favoriser le financement du logement et aux entreprises d’avoir accès à de nouvelles formes de financement de façon désintermédiée. L’étude menée, en janvier 2011, par le Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM) a permis de conclure que malgré les différents avantages qu’elle procure, la titrisation n’a pas réussi à se faire une place de choix parmi les alternatives de financement au Maroc. La problématique de la thèse peut être formulée à travers les questions suivantes : Question centrale : Pourquoi le développement du procédé financier de la titrisation au Maroc n’est-il pas à l’image des avantages et des potentialités qu’il offre ? Questions dérivées : Comment et suivant quel processus se prend la décision de titrisation ? Quels sont les déterminants et les freins à la décision de titrisation ? Le cadre réglementaire marocain relatif à la titrisation encourage-t-il le développement de ce procédé ? La perception de la titrisation n’a-t-elle pas changée après la crise des « subprimes » ? La titrisation a-t-elle suffisamment été expliquée et promue auprès des opérateurs marocains? Posture épistémologique : Les recherches en sciences de gestion sont dominées par l’existence de trois principaux paradigmes épistémologiques : le paradigme positiviste, le paradigme interprétativiste et le paradigme constructiviste. Le travail de recherche objet de la thèse étudiée se caractérise par : une volonté de comprendre le processus, les motivations et les freins à la décision de titrisation au Maroc ; la recherche d’une connaissance subjective et contextuelle ; l’adoption d’un mode de raisonnement inductif. 17 Ainsi, le chercheur estime que les caractéristiques de son travail de recherche le situent dans un paradigme « Interprétativiste ». Méthodologie de recherche et recours à l’étude de cas : Compte tenu de la posture épistémologique « Interprétative » issue de la volonté de comprendre les motivations et les freins à la décision de titrisation au Maroc, le chercheur a opté pour une méthodologie qualitative. En effet, il est courant de lier l’exploration à une approche qualitative et la vérification à une approche quantitative (Brabet 1988), voire d’opposer la démarche inductive des recherches qualitatives et la démarche hypothético-déductive des recherches quantitatives. Le chercheur estime que l’approche qualitative est la mieux adaptée à sa posture épistémologique « Interprétative » qui repose sur un mode de raisonnement inductif. D’autre part, le chercheur estime qu’une approche quantitative ne saurait être applicable à son travail puisqu’à ce jour il n’existe au Maroc que cinq opérations de titrisations (initiées par trois opérateurs uniquement). Un échantillon aussi faible ne saurait se prêter à une approche quantitative et donc à un traitement statistique. Le chercheur estime que l’approche quantitative est trop impersonnelle et de ce fait non adaptée aux objectifs de sa recherche. Selon Miles & Huberman (2003), les données qualitatives se caractérisent par « leur richesse et leur caractère englobant, avec un potentiel fort de décryptage de la complexité ». Dans le même ordre d’idées, Langley (1997) affirme que les études qualitatives fournissent une compréhension meilleure du processus de prise de décision et du processus de formation de la stratégie. En définitive, le chercheur a retenu une démarche qualitative visant à analyser de manière objective une réalité subjective. Le chercheur précise que sa démarche ne vise pas la découverte de lois universelles et/ou normatives. 18 La méthode de recherche d’accès au réel retenue par le chercheur est l’étude de cas qu’il estime constituer un prolongement naturel à son approche qualitative. L’étude de cas constitue une aide à la compréhension des motivations des acteurs, elle utilise « des sources d’informations multiples » (Yin, 1989). Savall et Zardet (2004) parlent de « multiples sources de preuves » ; ce qui joue en faveur de la validité de la recherche. L’étude de cas permet l’analyse des processus complexes, en partant d’observations et de descriptions. Le chercheur a opté pour le recours à l’étude de cas multiple en retenant cinq entreprises : - trois entreprises ayant effectué des opérations de titrisation ; - deux entreprises ayant entamé le processus de titrisation puis l’ayant arrêté. Le croisement des études de cas permettra d’accroitre la validité interne et externe des résultats de la recherche. 2.2.3. Thèse en cours de préparation à l’école doctorale de l’ISCAE portant sur la gestion de la continuité des connaissances dans les organisations publiques2 Le thème et la problématique : Cette thèse traite de la problématique de la gestion de la continuité des connaissances dans le contexte des organisations publiques marocaines marqué par des départs massifs à la retraite (Benosmane, 2005). L’Administration publique marocaine est appelée à jouer un rôle important dans les réformes en cours dans le pays. Elle est appelée à améliorer ses capacités afin d’offrir un service public de qualité aux citoyens et aux entreprises. Les départs massifs à la retraite peuvent être préjudiciables à l’administration publique et affecter la continuité de ces services. L’opération de départ volontaire à la retraite menée en 2004 et 2005 au niveau de l’administration publique marocaine (Ministère de la modernisation des secteurs publics & KPMG, 2006) et ses conséquences en termes de dysfonctionnements dans certains département ministériels illustrent les risques liés à la 2 « La gestion de la continuité des connaissances dans les organisations publiques », thèse en cours de préparation par M. Said El Moustafid au sein de l’Ecole doctorale du Groupe ISCAE 19 continuité des connaissances dans l’Administration publique (El Massnaoui & Biygautane, 2011). En puisant d’un référentiel de la théorie des connaissances (Nonaka & Takeuchi 1995; Grant 1996; Kogut & Zander 1993) et des travaux sur le capital immatériel (Bounfour 2003; Edvinsson & Bounfour 2004; Sveiby 2000) et sur la gestion de la continuité des connaissances (Beazley et al. 2003; Liebowitz 2009), cette étude vise à répondre à la question suivante : « quel modèle de gestion de la continuité des connaissances critiques dans les organisations publiques marocaines ? ». Posture épistémologique : Pour réaliser cette thèse, le chercheur adopte un positionnement épistémologique constructiviste pour plusieurs raisons. Premièrement, parce que l’hypothèse ontologique de ce paradigme (le relativisme : des réalités construites et spécifiques) (Guba & Lincoln 1994) est adaptée à la situation des organisations publiques qui opèrent dans un environnement complexe et dynamique avec peu de littérature existante sur le sujet et avec l'absence de constructions bien établies. Deuxièmement, dans le constructivisme, le chercheur prend un rôle plus actif et subjectif dans l'étude que le chercheur positiviste qui délibérément se distancie de la question de recherche (Guba & Lincoln 1994). Pour analyser un sujet lié à la rétention de la connaissance, le chercheur estime qu’une approche permettant plus d’interactions avec les acteurs est la plus adaptée. Troisièmement, les pratiques de gestion des connaissances sont indissociables de la situation de l’organisation et sa philosophie de gestion. Cela signifie que l'étude doit saisir et apprécier autant que possible le contexte culturel, économique et politique dans lequel ces organisations opèrent (Yin 1994). La recherche sur la gestion des connaissances en général nécessite une compréhension à la fois des processus et des facteurs comportementaux et organisationnels au sein de leur environnement naturel et dans le contexte culturel. Cette compréhension ne peut être atteinte que si le chercheur exerce son activité dans le paradigme du constructivisme (Benbasat et al. 1987; Darke et al. 1998). 20 Quatrièmement, les chercheurs opérant dans le paradigme du constructivisme utilisent souvent une démarche inductive et des méthodes qualitatives telles que les entretiens et les études de cas, ce qui permet au chercheur d'étudier les questions de "monde réel" qui affectent les pratiques de gestion des connaissances dans les organisations étudiées. La compréhension de ces questions de «monde réel» n'est pas possible dans le paradigme positiviste (Darke et al., 1998). Par conséquent, cette étude suivra un processus de découverte en utilisant la théorie inductive en tant qu’approche fondamentale dans la détermination du niveau de pratique de gestion de la continuité des connaissances dans les organisations publiques. Méthodologie de recherche et recours à l’étude de cas : Cette recherche s’intéresse à l’investigation de la Gestion de la continuité des connaissances dans les organisations publiques à travers la perception de ses concepts, ses processus, ses facteurs et ses effets. La majorité des données à collecter sont liées à des phénomènes récents et contemporains. De ce fait, l’expérimentation et l’enquête ne sont pas appropriées à cette étude parce que la gestion des connaissances est un phénomène récent et complexe. L’étude de cas est la méthode la plus appropriée vue la nature de la recherche et la nécessité d’une approche holistique pour apprécier les différents processus et facteurs liés à la gestion de la continuité des connaissances dans les organisations publiques (Cong, 2008). Le chercheur estime que l’étude de cas unique de type enchâssé est le plus approprié pour permettre d’étudier et comparer plusieurs unités d’analyse dans un seul cas. En effet, le recours à l’étude cas unique se fait selon (Yin 1994) dans les situations suivantes : un cas critique pour tester une théorie déjà formulée, un cas extrême ou unique, un cas révélatoire. Gagnon (2012) affirme que l’étude de cas unique est recommandée pour une problématique de type empirique brut, c’est-à-dire un phénomène jusque-là inexploré. Le même auteur insiste que cela ne veut pas dire que l’étude de cas unique n’est pas une unité d’analyse utile pour l’élaboration de certaines théories en donnant l’exemple de plusieurs études relatives aux organisations et aux systèmes sociaux (Gagnon 2012). Dans une étude de cas de type enchâssé, le chercheur analyse plusieurs unités qui peuvent être, dans le cas d’une organisation, des structures, des projets, etc. Ces unités peuvent être choisies par les techniques d’échantillonnage. 21 CONCLUSION : La légitimité du recours à la méthode de l’étude de cas au niveau des recherches en sciences de gestion n’est plus à démontrer. En effet, cette méthode permet d’analyser en profondeur des phénomènes dans leur contexte, de garantir une forte validité interne et de développer des paramètres historiques. Le recours à l’étude de cas doit, néanmoins, obéir à des normes scientifiques et sa mise en œuvre respecter une rigueur au moins équivalente à celle des méthodes quantitatives de recherche. La présente communication a permis la présentation de la méthodologie de recherche par étude de cas et la mise en évidence de son utilisation fréquente par les chercheurs en sciences de gestion au niveau de l’école doctorale du Groupe ISCAE. Nous anticipons un recours de plus en plus important à cette méthode de recherche compte tenu (i) du caractère exploratoire du contexte marocain et (ii) du besoin de validation des théories et modèles internationaux utilisés par nos gestionnaires et professionnels qui ne tiennent, nécessairement, pas compte de nos spécificités locales. Enfin, nos conclusions gagneraient certainement à être complétées par d’autres études sur le niveau de recours à la méthode de l’étude de cas au niveau d’autres écoles doctorales afin d’en dégager une tendance nationale. 22 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES : Avenier, M.-J. & Gavard-Perret, M.-L., 2008. Inscrire son projet de recherche dans un cadre épistémologique. In M.-L. Gavard-Perret et al., eds. Méthodologie de la Rechercheen sciences gestion -Réussir son mémoire ou sa thèse. Paris: Pearson Education France, pp. 5–45. Baby, A., 1992. À travers le chaos épistémologique ou comment la théorie des deux sacs permet de faire un bilan sommaire de la recherche qualitative. Revue de l’Association pour la recherche qualitative, (6), pp.9–20. Del Bayle, J.L., 2000. Initiation aux méthodes des sciences sociales, Paris: L’Harmattan. Beazley, H., Boenisch, J. & Harden, D., 2003. Knowledge continuity: The new management function. Journal of Organizational Excellence, 22, pp.65–81. 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