AUTISME (définition personnelle) 23/05/2021
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comprends pas toujours. Question de fatigue souvent ou de sujet. Si le sujet est technique, réel,
concret, c’est plus facile pour moi que du subjectif, de l’émotionnel ou du ressenti.
J’ai tout de même quelques difficultés relativement importantes en lecture qui transparaissent à
voix haute : Je ne comprends pas ce que lis, et ça s’entend ! À voix basse, il me faut souvent et
aujourd’hui encore relire chaque paragraphe plusieurs fois pour en retirer le sens. Le sens
explicite, bien sûr, s’il y a des subtilités, elles risquent de m’échapper. C’est encore la distinction
entre le texte, et le message. Parfois le texte ne dit pas la totalité du message, à l’oral comme à
l’écrit.
Après les difficultés de communication, la caractéristique principale des personnes avec autisme est
la difficulté de compréhension sociale.
Chaque société fonctionne avec des codes, très majoritairement implicites. Tout le monde apprend
ces codes dans son enfance sans même s'en rendre compte, puis enrichit cette connaissance en
grandissant car les codes évoluent, histoire de modes ou d'air du temps. Il y a plein de subtilités un
peu partout, et chaque micro-société ajoute les siennes…
Personnellement, je n'ai pas la capacité ni de détecter ces codes, ni de les comprendre. À force
d’observation, je les mimétise mais, à mon sens, très maladroitement. Je suis donc mal à l'aise en
société. Pour le comprendre, il suffit de s’imaginer brutalement téléporté dans une société
radicalement différente de la sienne. Quiconque qui se trouverait plongé au milieu d’une tribu
amazonienne, dans un univers carcéral particulièrement dur, ou même simplement dans une
entreprise étrangère avec sa hiérarchie propre, se verrait confronté à une période de transition
nécessaire à son assimilation. Sans mode d’emploi la période d'immersion va être difficile, parfois
très difficile ! La première journée sera inévitablement une succession de gaffes, parfois marrantes,
parfois douloureuses... Pour une personne "normale[1]", les nouveaux codes s'apprendront
naturellement, plus ou moins rapidement et plus ou moins parfaitement, mais ça se fera sans trop y
réfléchir. Moi, je dois y réfléchir. Je vis au quotidien dans une société dont je ne maitrise pas les
codes. J'ai petit à petit réussi à pallier les plus grosses difficultés principalement en instaurant des
habitudes. Des routines qui m’évitent de trop y réfléchir. Le fait de répéter des actions maitrisées
est plutôt rassurant, cela évite de se remettre en question sur la méthode comme il faut le faire dans
les chaque situation « nouvelle ». Dans ces situations nouvelles, je dois intellectualiser des attitudes
sociales attendues : Être triste quand l'interlocuteur est triste ; Serrer la main à quelqu'un qui me la
tend ; Attendre un contact visuel pour démarrer une conversation… Plein de petites choses toutes
un peu anodines. Pourtant, cela n'est pas du tout évident pour moi, sans pouvoir vraiment expliquer
pourquoi sauf à dire que je n’ai pas forcément envie de partager une tristesse qui n’est pas la
mienne, ni de tendre ma main à n’importe qui, enfin, et surtout, je n’ai pas envie d’interagir de
façon trop « raisonnée » et « non intuitive ». Toutes ces petites phrases ou mini-actions ne sont,
pour moi, tout simplement pas naturelles. Cela donne de l’extérieur une politesse parfois excessive,
parfois décalée, avec des gaffes de temps à autres, une impression d’insensibilité, de distance… Ou
pire, et le plus souvent : cela ne se voit pas de l’extérieur car je ne joue pas trop mal le jeu...
De l’intérieur, en tout cas, cela ajoute un stress certain au quotidien et une impression de non-
sincérité car tout cela est beaucoup trop calculé.
Inévitablement je suis fatiguée de ces efforts pour lesquels d’ailleurs, je ne vois pas forcément
d'intérêt. Ces jeux sociaux ou théâtres deviennent à force des corvées, car comment apprécier un
jeu où l’on se sent perdant presque tout le temps ? Et quand on gagne, il n’y a vraiment aucune
satisfaction possible non plus…
D’où un certain désintérêt, voire une lassitude.
Ces difficultés sociales sont augmentées, pour moi, par mon incapacité à mémoriser les gens,
principalement leurs visages : Je vois à peine la couleur de leur peau, je ne distingue les genres que