Telechargé par Jesser Mastouri

Chapitre 3-prof

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Comportement Élastique d'un
Matériau Composite Unidirectionnel
9.1 MODULES EFFECTIFS
9.1.1 Concept d'homogénéisation
À une échelle suffisamment fine, tous les matériaux sont hétérogènes, même
les matériaux dits homogènes. Pour s'en convaincre, il suffit de partir de l'échelle
des atomes et des molécules. Si les matériaux usuels de l'ingénieur devaient être
caractérisés à cette échelle d'observation, la tâche serait insurmontable. Pour
contourner cette difficulté, l'ingénieur introduit l'hypothèse de continuité de la
matière. Cette hypothèse implique un concept de moyenne statistique, dans lequel
la constitution réelle du matériau est idéalisée en considérant le matériau comme
étant continu. Une fois le modèle de continuité admis, le concept d'homogénéité
s'en déduit. Un milieu homogène est alors caractérisé par des propriétés identiques
en chaque point.
Au niveau de l'ingénieur, le caractère d'hétérogénéité intervient chaque fois que
les propriétés physiques ou mécaniques du matériau sont des fonctions du point.
Les variations des propriétés peuvent être de deux types : soit continues, soit
discontinues comme dans le cas des matériaux composites. Dans ce cas, les
propriétés ponctuelles du matériau varient d'une manière discontinue aux
interfaces de passage entre les diverses phases. Chaque phase est supposée être
homogène et isotrope.
Dans le cas d'une phase 1 dispersée dans une phase 2 (figure 9.1), il existe
généralement une dimension caractéristique de l'hétérogénéité. Par exemple, dans
le cas d'un matériau composite à fibres, cette dimension sera la distance moyenne
entre les fibres. Cette dimension est en fait une description idéalisée d'une
répartition statistique au sein du matériau hétérogène réel. D'autre part, il existe
généralement une échelle de dimension δ à laquelle les propriétés du matériau
peuvent être moyennées avec une bonne approximation. Ceci signifie que, dans ce
cas, les propriétés mesurées sur un échantillon de dimension δ sont indépendantes
de l'endroit ( “du point ” ) du matériau où a été prélevé l'échantillon. Dans le cadre
d'un tel concept, le matériau peut alors être considéré comme étant effectivement
phase 1
phase 2
dimension caractéristique
dimension δ de moyennage
FIGURE 9.1. Homogénéisation d'un matériau hétérogène.
homogène, et les problèmes de calculs des structures peuvent être résolus en considérant les propriétés moyennes mesurées à l'échelle δ. Dans le cas où il existe
une telle échelle (intermédiaire entre l'échelle microscopique, celle des constituants, et l'échelle de la structure), on dit que l'on peut homogénéiser le matériau.
On parle alors d'homogénéité macroscopique (par opposition à l'échelle des constituants dite microscopique), ou d'homogénéité statistique. Le concept de rendre
“homogène” un matériau “hétérogène” est appelé le concept d'homogénéisation.
Notons que l'alternative à ce concept serait de tenir compte de chaque région
d'homogénéité, en analysant la continuité des contraintes et déplacements au
passage de chaque interface. Si une telle approche est concevable dans son
principe, elle est encore inaccessible aujourd'hui dans la pratique, compte tenu du
nombre élevé d'interfaces à considérer (plusieurs milliers à plusieurs millions).
Toutefois, la diminution des temps de calculs et l'augmentation des capacités
mémoires des ordinateurs en permettent une approche à une échelle de plus en
plus fine.
9.2 LOI DE HOOKE POUR UN COMPOSITE
UNIDIRECTIONNEL
9.2.1 Constitution d'un matériau composite
unidirectionnel
Un composite unidirectionnel est constitué de fibres parallèles disposées dans
une matrice (figure 9.2a). Ce type de matériau constitue la configuration de base
des matériaux composites à fibres, d'où l'importance de son étude. La cellule
élémentaire d'un tel matériau peut être considérée, en première approximation,
comme constituée (figure 9.2b) d'une fibre entourée d'un cylindre de matrice, à
1, L
1, L
2, T
3, T ′
(b)
(a)
FIGURE 9.2. Composite unidirectionnel.
base circulaire ou mieux hexagonale. Nous reviendrons sur cet aspect au
paragraphe 9.3.1. Cette cellule possède un axe de révolution, que nous noterons
l'axe 1. Cette direction parallèle aux fibres est appelée direction longitudinale, et
pour cette raison l'axe 1 est également noté l'axe L. Toute direction normale aux
fibres est appelée direction transversale, et le composite est considéré comme
étant isotrope transverse : il est isotrope dans le plan normal à la direction 1. Le
plan transverse sera repéré par les directions 2 et 3, notées également T et T ′ , ces
directions étant équivalentes.
9.2.2 Matrices de rigidité et de souplesse
Le comportement élastique d'un matériau composite unidirectionnel peut être
décrit en introduisant soit les constantes de rigidité Cij, soit les constantes de
souplesse Sij. Compte tenu des résultats établis au chapitre précédent, lles, la
forme directe :
⎡ σ 1 ⎤ ⎡ C11 C12 C12
⎢σ ⎥ ⎢C
C22 C23
⎢ 2 ⎥ ⎢ 12
⎢σ 3 ⎥ ⎢C12 C23 C22
⎢ ⎥=⎢ 0
0
0
⎢σ 4 ⎥ ⎢
⎢σ 5 ⎥ ⎢ 0
0
0
⎢ ⎥ ⎢
⎢⎣σ 6 ⎥⎦ ⎣⎢ 0
0
0
ou la forme inverse :
0
0
0
0
1 C −C
23 )
2 ( 22
0
0
0
0
0
C66
0
0 ⎤ ⎡ ε1 ⎤
0 ⎥⎥ ⎢ε 2 ⎥
⎢ ⎥
0 ⎥ ⎢ε 3 ⎥
,
⎥
0 ⎥ ⎢⎢ε 4 ⎥⎥
0 ⎥ ⎢ε 5 ⎥
⎥⎢ ⎥
C66 ⎦⎥ ⎢⎣ε 6 ⎥⎦
(9.5)
⎡ ε1 ⎤ ⎡ S11
⎢ε ⎥ ⎢ S
⎢ 2 ⎥ ⎢ 12
⎢ε 3 ⎥ ⎢ S12
⎢ ⎥=⎢
⎢ε 4 ⎥ ⎢ 0
⎢ε 5 ⎥ ⎢ 0
⎢ ⎥ ⎢
⎢⎣ε 6 ⎥⎦ ⎢⎣ 0
S12
S 22
S23
0
0
0
S12
S 23
S 22
0
0
0
0
0
0
2 ( S 22 − S23 )
0
0
0
0
0
0
S66
0
0 ⎤ ⎡σ1 ⎤
0 ⎥⎥ ⎢⎢σ 2 ⎥⎥
0 ⎥ ⎢σ 3 ⎥
⎥⎢ ⎥.
0 ⎥ ⎢σ 4 ⎥
0 ⎥ ⎢σ 5 ⎥
⎥⎢ ⎥
S66 ⎥⎦ ⎢⎣σ 6 ⎥⎦
(9.6)
Les matrices de rigidité et de souplesse sont inverses l'une de l'autre, et le comportement élastique d'un matériau composite unidirectionnel est donc caractérisé par
5 coefficients indépendants :
ou
C11,
C12,
C22,
C23,
C66,
S11,
S12,
S22,
S23,
S66.
9.3 MODULES DE L'INGÉNIEUR
Les modules de l'ingénieur sont les modules d'Young, les coefficients de
Poisson et les modules de cisaillement. Ces modules sont mesurés dans des essais
simples tels que des essais de traction uniaxiale ou de cisaillement. Ces modules
correspondent donc à une utilisation usuelle plus pratique que les constantes de
rigidité ou de souplesse. Généralement, ces essais sont réalisés en imposant un
champ connu de contraintes, puis en mesurant le champ des déformations. Il en
résulte que les constantes de souplesse sont liées aux modules de l'ingénieur par
des relations plus simples que celles exprimant les constantes de rigidité. Nous
établissons ci-après ces diverses relations en considérant divers essais fondamentaux.
9.3.1 Traction longitudinale
Dans un essai de traction longitudinale, toutes les contraintes sont nulles,
excepté la contrainte σ1 :
σ 1 ≠ 0,
σ i = 0,
i = 2, 3, . . . , 6.
En fonction des constantes de rigidité, les équations d'élasticité (9.5) s'écrivent :
σ 1 = C11ε1 + C12ε 2 + C12ε 3 ,
0 = C12ε1 + C22ε 2 + C23ε 3 ,
0 = C12ε1 + C23ε 2 + C22ε 3 ,
ε 4 = ε 5 = ε 6 = 0.
De ces relations, nous tirons :
ε 2 = ε3 = −
C12
ε1,
C22 + C23
et
(9.7)
⎛
σ 1 = ⎜⎜ C11 − 2
⎝
2
⎞
C12
⎟ ε1.
C22 + C23 ⎟⎠
Nous en déduisons le module d'Young longitudinal EL et le coefficient de Poisson
νLT dans une traction longitudinale :
EL = C11 −
2
2C12
,
C22 + C23
ν LT =
C12
.
C22 + C23
(9.8)
En fonction des constantes de souplesse, les équations d'élasticité (9.6) s'écrivent dans un essai de traction longitudinale :
ε1 = S11σ 1,
ε 2 = ε 3 = S12σ 1 ,
ε 4 = ε 5 = ε 6 = 0.
D'où :
EL =
1
,
S11
ν LT = −
S12
.
S11
(9.9)
9.3.2 Traction transverse
Dans un essai de traction transverse, par exemple selon la direction 2, le champ
des contraintes imposé est :
σ 2 ≠ 0,
σ i = 0,
i ≠ 2.
Les équations d'élasticité, en fonction des constantes de rigidité, s'écrivent dans
ce cas :
0 = C11ε1 + C12ε 2 + C12ε 3 ,
σ 2 = C12ε1 + C22ε 2 + C23ε 3 ,
0 = C12ε1 + C23ε 2 + C22ε 3 ,
ε 4 = ε 5 = ε 6 = 0.
D'où l'on tire :
ε1 = −
ε3 = −
C12 ( C23 − C22 )
2
− C11C22
C12
2
− C11C23
C12
2
− C11C22
C12
ε2,
ε2 ,
(9.10)
2
2 ⎤
⎡
C12
C22 − 2C23 ) + C11C23
(
σ 2 = ⎢C22 +
⎥ ε2.
2
− C11C22
C12
⎢⎣
⎥⎦
Nous en déduisons les expressions du module d'Young transverse ET et des
coefficients de Poisson ν21 et ν23, notés respectivement νTL et ν TT ′ :
ET= C22 + C12 ( C22 − 2C23 ) + C11C23 ,
2
C12
− C11C22
2
ν TL =
ν TT ′ =
2
C12 ( C23 − C22 )
2
C12
− C11C22
2
C12
− C11C23
2
C12
− C11C22
,
(9.11)
.
En introduisant les coefficients de souplesse, les équations d'élasticité en traction transverse s'écrivent :
ε1 = S12σ 2 ,
ε 2 = S22σ 2 ,
ε 3 = S23σ 2 ,
ε 4 = ε 5 = ε 6 = 0.
Soit :
ε1 =
et
S12
ε2 ,
S22
ε3 =
1
,
S 22
ν TL = −
ET =
S23
ε2 ,
S22
S12
,
S22
σ2 =
1
ε2 ,
S22
(9.12)
S23
.
S22
(9.13)
ν TT ′ = −
Ces relations, comparées aux expressions (9.9), montrent que les coefficients EL,
ET, νTL et νLT sont liés par la relation :
EL
ν LT
=
ET
ν TL
.
(9.14)
9.3.3 Cisaillement longitudinal
Un essai de cisaillement longitudinal correspond à l'un des états de contraintes :
⎧σ 5 ≠ 0,
⎧σ 6 ≠ 0,
ou
⎨
⎨
⎩ σ i = 0 si i ≠ 5,
⎩ σ i = 0 si i ≠ 6.
Dans le deuxième cas, les équations d'élasticité s'écrivent :
ε1 = ε 2 = ε 3 = ε 4 = ε 5 = 0,
σ 6 = C66ε 6 .
(9.15)
Nous en déduisons le module de cisaillement longitudinal GLT :
GLT = C66
ou
GLT =
1
.
S66
(9.16)
Les directions T et T ′ étant équivalentes, nous avons :
GLT ′ = GLT = C66 .
(9.17)
9.3.4 Cisaillement transverse
Dans un essai de cisaillement transverse, le champ des contraintes s'exprime
par :
σ 4 ≠ 0,
σ i = 0 si i ≠ 4.
D'où les relations :
εi = 0
σ4 =
si i ≠ 4,
1
( C22 − C23 ) ε 4 .
2
Le module de cisaillement transverse GTT ′ s'écrit donc :
GTT ′ =
1
( C22 − C23 )
2
ou
GTT ′ =
1
.
2 ( S22 − S 23 )
(9.18)
Le module de cisaillement transverse GTT ′ est lié au module d'Young transverse
ET et au coefficient de Poisson ν TT ′ , par l'expression :
GTT ′ =
ET
.
2 (1 + ν TT ′ )
(9.19)
9.3.5 Compression hydrostatique latérale
L'essai de compression hydrostatique latérale sans déformation longitudinale
permet également une caractérisation simple des matériaux. Dans un tel essai, les
champs imposés des contraintes et déformations sont tels que :
σ 2 = σ 3 = − p,
σ 4 = σ 5 = σ 6 = 0,
ε1 = 0,
σ1 ≠ 0,
où p est la pression hydrostatique imposée. Les équations d'élasticité s'écrivent
alors :
σ 1 = C12ε 2 + C12ε 3 ,
− p = C22ε 2 + C23ε 3 ,
− p = C23ε 2 + C22ε 3 ,
ε 4 = ε 5 = ε 6 = 0.
De ces équations, nous tirons :
ε 2 = ε3,
− p = ( C22 + C23 ) ε 2 ,
σ1 = 2C12ε 2 .
La dilatation surfacique es s'écrit :
es = ε 2 + ε 3 = −
2
p.
C22 + C23
D'où :
p=−
1
( C22 + C23 ) es .
2
(9.20)
Nous en déduisons le module de compression latérale KL sans déformation longitudinale :
KL =
1
( C22 + C23 ) .
2
(9.21)
De même en fonction des constantes de souplesse, nous obtenons :
KL =
1
⎛
S2 ⎞
2 ⎜ S22 + S23 − 2 12 ⎟
⎜
S11 ⎟⎠
⎝
.
(9.22)
Le module KL est relié au module d'Young longitudinal EL et au coefficient de
Poisson νLT par l'expression :
KL =
C11 − EL
2
4ν LT
.
(9.23)
9.3.6 Modules en fonction des constantes de rigidité
et de souplesse
Nous reprenons ici la synthèse des résultats obtenus dans les paragraphes
précédents. Dans ces paragraphes, nous avons introduit les modules de l'ingénieur,
mesurés dans des états simples de contraintes et déformations :
— EL et νLT, le module d'Young et le coefficient de Poisson, mesurés dans un
essai de traction longitudinale ;
— ET, νTL, νTT', le module d'Young et le coefficient de Poisson, mesurés dans
un essai de traction transverse ;
— GLT et GTT', les modules de cisaillement mesurés respectivement dans des
essais de cisaillement longitudinal et transverse ;
— KL, le module de compression hydrostatique mesuré dans une compression
hydrostatique latérale sans déformation longitudinale.
Nous avons vu (paragraphe 9.2.2) que le comportement mécanique d'un
matériau unidirectionnel est caractérisé par 5 grandeurs indépendantes. Parmi les
modules de l'ingénieur, seuls 5 modules sont donc indépendants. Par exemple,
nous avons les relations :
ET =
GTT ′ =
2
ν2
1
1
+
+ 2 LT
2 K L 2GTT ′
EL
,
1
⎛ 2
1
ν2
2⎜
−
− 2 LT
⎜ ET 2 K L
EL
⎝
ν TT ′ =
⎞
⎟⎟
⎠
(9.24)
,
ET
− 1,
2GTT ′
ν TL = ν LT
ET
.
EL
(9.25)
(9.26)
(9.27)
Les modules généralement utilisés dans la pratique sont : EL, ET, νLT, GLT et
GTT'. Par contre, nous verrons que le module KL peut être estimé par des relations
analytiques en fonction des caractéristiques des constituants du composite, d'où
l'intérêt de KL.
Les expressions des modules en fonction des constantes de rigidité sont :
EL = C11 −
ET = C22 +
ν TL =
2
2C12
,
C22 + C23
2
2
C12
( C22 − 2C23 ) + C11C23
2
− C11C22
C12
C12 ( C23 − C22 )
2
C12
− C11C22
GLT = C66 ,
ν LT =
ν TT ′ =
,
C12
,
C22 + C23
,
2
C12
2
C12
1
( C22 − C23 ) ,
2
GTT ′ =
(9.28)
− C11C23
− C11C22
KL =
,
1
( C22 + C23 ) .
2
Les expressions des modules en fonction des constantes de souplesse sont :
EL =
1
,
S11
ν LT = −
S12
,
S11
ET =
1
,
S 22
ν TL = −
S12
,
S 22
GLT =
1
,
S66
GTT ′ =
KL =
9.3.7
ν TT ′ = −
1
,
2 ( S 22 − S 23 )
1
⎛
S2 ⎞
2 ⎜ S 22 + S 23 − 2 12 ⎟
⎜
S11 ⎟⎠
⎝
S23
,
S22
(9.29)
.
Constantes de rigidité et de souplesse en fonction
des modules
Les relations inverses, permettant de déterminer les constantes de rigidité et de
souplesse en fonction des modules, s'obtiennent sans difficulté. Elles s'écrivent
pour les constantes de rigidités :
2
C11 = EL + 4ν LT
KL ,
C12 = 2 K Lν LT ,
C22 = GTT ′ + K L ,
(9.30)
C23 = −GTT ′ + K L ,
C66 = GLT .
Pour les constantes de souplesse, les relations s'écrivent :
1
,
EL
1
=
,
ET
1
=
.
GLT
S11 =
S12 = −
S 22
S 23 = −
S66
ν LT
ET
ν TT ′
ET
,
,
(9.31)
9.4 APPROCHES THÉORIQUES DE LA
DÉTERMINATION DES MODULES D'ÉLASTICITÉ
9.4.1 Problème – Diverses approches
Le problème de la détermination des modules d'élasticité d'un composite unidirectionnel consiste à rechercher les expressions de ces modules (5 modules
indépendants) en fonction des caractéristiques mécaniques et géométriques des
constituants : modules d'élasticité de la matrice et des fibres, fraction volumique
de fibres, longueur des fibres, etc.
Dans la pratique, il n'existe pas qu'une seule possibilité d'arrangement des
fibres, mais une infinité de possibilités. Par exemple, si les fibres sont réparties
régulièrement, elles pourront être réparties suivant une maille hexagonale (figure
9.3), une maille carrée (figure 9.4), une maille carrée décalée (figure 9.5), etc. Les
cellules élémentaires correspondantes sont reportées sur ces mêmes figures. La
répartition des fibres suivant une maille carrée et celle suivant une maille carrée
décalée ont la même cellule élémentaire. Ces deux répartitions diffèrent simplement par une rotation de 45 ° des directions principales des contraintes appliquées. Dans la pratique, lors de la fabrication d'un matériau composite unidirectionnel, les fibres sont le plus souvent réparties d'une manière aléatoire, plutôt
que suivant un arrangement régulier. La répartition observée peut alors être
schématisée par la représentation de la figure 9.6 : certaines fibres sont entièrement entourées de matrice, alors que d'autres peuvent se toucher. L'analyse
théorique devra alors en tenir compte. D'un point de vue analytique, la solution
réelle sera intermédiaire entre la solution trouvée dans le cas où toutes les fibres
sont isolées les unes des autres, et la solution qui serait obtenue dans le cas où
toutes les fibres seraient en contact.
FIGURE 9.3. Arrangement hexagonal et cellule élémentaire.
FIGURE 9.4. Arrangement carré et cellule élémentaire.
FIGURE 9.5. Arrangement carré décalé et cellule élémentaire.
FIGURE 9.6. Représentation schématique de l'arrangement réel des fibres.
9.4.4 Approches simplifiées
Des expressions simplifiées et pratiques des modules peuvent être obtenues en
faisant une approche très simplifiée du comportement mécanique de la cellule
élémentaire du matériau composite unidirectionnel. Nous développons ces expressions dans le présent paragraphe.
9.4.4.1 Module d'Young longitudinal
Le module d'Young longitudinal est déterminé dans un essai de traction
longitudinale (figure 9.12). L'hypothèse simplificatrice est de supposer une
2, T
∆lt 2
matrix
σ1
σ1
fibre
lt
1, L
matrix
∆l
l
FIGURE 9.12. Schéma simplifié d'une traction longitudinale.
déformation uniforme et identique dans la fibre et dans la matrice. Si ∆l est
l'allongement de la cellule (identique à celui de la fibre et de la matrice), la
déformation longitudinale imposée à la cellule est :
∆l
ε1 = ,
l
où l est la longueur de cellule considérée. L'identité des déformations dans la fibre
et dans la matrice impose :
ε f = ε m = ε1 .
(9.78)
Si la fibre et la matrice ont un comportement élastique, les contraintes dans la
fibre et la matrice sont exprimées par :
La charge totale appliquée est :
σ f = Ef ε1,
σ m = Emε1.
(9.79)
F1 = σ f Sf + σ m S m ,
où Sf et Sm sont respectivement les aires des sections droites de la fibre et de la
matrice. Si S est l'aire de la section droite de la cellule moyenne, la contrainte
moyenne σ1 = F1/S s'écrit :
σ 1 = σ f Vf + σ m (1 − Vf ) .
(9.80)
Cette contrainte moyenne est liée à la déformation de la cellule par le module
d'Young longitudinal :
σ 1 = ELε1 .
(9.81)
La combinaison des relations (9.79) à (9.81) conduit à l'expression du module
d'Young longitudinal :
EL = Ef Vf + Em (1 − Vf ) .
(9.82)
Cette expression est connue sous le nom de loi des mélanges pour le module
Module longitudinal EL
Ef
Em
Fraction volumique de fibres Vf
FIGURE 9.13. Loi des mélanges pour le module d'Young longitudinal.
d'Young dans la direction des fibres. Cette loi des mélanges est schématisée sur la
figure 9.13. La variation du module est linéaire entre les valeurs Em module de la
matrice et Ef module des fibres, lorsque la fraction volumique Vf de fibres varie
de 0 à 1.
9.4.4.2 Module d'Young transverse
Le module d'Young transverse est déterminé dans un essai de traction
transverse où le composite est chargé suivant la direction normale aux fibres. Une
expression simplifiée de ce module peut être obtenue dans un schéma simpliste à
deux dimensions. Dans un tel schéma, une tranche de matériau composite,
d'épaisseur donnée, est considérée comme étant constituée (figure 9.14) de
couches successives, possédant alternativement les propriétés des fibres et de la
matrice. La hauteur des couches doit simplement vérifier :
Vf =
hf
hf + hm
et
1 − Vf =
hm
.
hf + hm
(9.83)
La charge F2 imposée suivant la direction transverse est transmise intégralement
dans la fibre et dans la matrice, imposant des contraintes égales :
σm = σf = σ2 .
(9.84)
Il en résulte que les déformations respectives de la fibre et de la matrice dans la
direction transverse s'écrivent :
εf =
σ2
Ef
,
εm =
σ2
Em
.
(9.85)
2, T
2, T
σ2
σ2
hm 2
matrice
matrice
hf
fibre
hm 2
fibre
matrice
e
FIGURE 9.14. Schématisation par couches d'un composite unidirectionnel.
L'allongement transverse d'une cellule élémentaire résulte des allongements
cumulés dans la fibre et la matrice. Soit :
∆l2 = ε f hf + ε m hm ,
et la déformation transverse s'écrit :
ε2 =
Soit :
∆l2
hf
hm
= εf
+ εm
.
hf + hm
hf + hm
hf + hm
ε 2 = ε f Vf + ε m (1 − Vf ) .
(9.86)
Cette déformation est liée à la contrainte imposée sur la cellule, par le module
transverse :
σ 2 = ET ε 2 .
(9.87)
La combinaison des expressions (9.85) à (9.87) conduit à l'expression du module
transverse :
1
V 1 − Vf
= f +
.
(9.88)
ET Ef
Em
Cette expression est connue sous le nom de loi inverse des mélanges et peut être
réécrite, en rapportant le module transverse au module d’Young de la matrice,
suivant une relation sans dimension sous la forme :
ET
=
Em
1
⎛E
⎞
1 + ⎜ m − 1⎟ Vf
⎝ Ef
⎠
.
(9.89)
Le tableau 9.1 donne les valeurs de ET /Em pour trois valeurs du rapport Ef /Em.
Il est à noter que, par exemple dans le cas d'un rapport Ef /Em = 100, un volume de
fibres de 50 % est nécessaire pour atteindre un module d'Young transverse double
TABLEAU 9.1. Valeurs de ET /Em pour diverses valeurs du rapport Ef /Em et de la fraction
Vf de fibres.
Vf
Ef /Em
0
0,2
0,4
0,5
0,6
0,7
0,8
0,9
0,95
1
5
10
100
1
1
1
1,19
1,22
1,25
1,47
1,56
1,66
1,67
1,82
1,98
1,92
2,17
2,46
2,27
2,70
3,25
2,78
3,57
4,80
3,57
5,26
9,17
4,17
6,90
16,81
5
10
100
du module de la matrice. Ce résultat montre que les fibres participent peu au
module transverse. La variation du module ET en fonction de la fraction
volumique de fibres est reportée sur la figure 9.15 pour plusieurs valeurs (5, 10,
100) du rapport Ef /Em.
9.4.4.3 Coefficient de Poisson longitudinal
Pour déterminer le coefficient de Poisson longitudinal νLT, nous reprenons le
schéma précédent dans lequel le composite unidirectionnel est schématisé par
couches successives. Le coefficient νLT est déterminé dans un essai de traction
longitudinale, schématisé sur la figure 9.16. Ce schéma diffère de celui du
paragraphe 9.4.4.1 par la modélisation de la cellule élémentaire : modélisation de
la fibre et de la matrice sous forme cylindrique sur la figure 9.12 et modélisation
par couches sur la figure 9.16.
Module d’Young transverse ET/ Em
20
Ef
= 100
Em
16
12
Ef
= 10
Em
8
Ef
=5
Em
4
0
0
0.2
0.4
0.6
0.8
1
Fraction volumique de fibres Vf
FIGURE 9.15. Variation du module ET en fonction de la fraction volumique Vf de fibres.
2, T
∆lt 2
hm 2
matrice
σ1
σ1
fibre
hf
1, L
matrice
hm 2
l
∆l
FIGURE 9.16. Schéma par couches d'une traction longitudinale.
Comme dans le paragraphe 9.4.4.1, fibre et matrice subissent des déformations
identiques (9.78). Il en résulte que les déformations transverses dans la matrice et
dans les fibres s'écrivent :
ε 2m = −ν mε1 ,
ε 2f = −ν f ε1.
L'allongement transverse de la cellule élémentaire est :
∆lt = −ν mε1hm − ν f ε1hf ,
et la déformation transverse s'écrit :
ε2 =
∆lt
= − ⎡⎣ν m (1 − Vf ) + ν f Vf ⎤⎦ ε1 .
hf + hm
D'où l'expression du coefficient de Poisson :
ν LT = ν f Vf + ν m (1 − Vf ) .
(9.90)
Cette expression est la loi des mélanges pour le coefficient de Poisson longitudinal. La variation de νLT en fonction de la fraction volumique de fibres est
linéaire entre νm et νf. Dans la pratique, les valeurs de νm et νf sont assez proches
(voisines de 0,3). Le coefficient de Poisson νLT restera donc également proche de
cette valeur.
9.4.4.4 Module de cisaillement longitudinal
Le module de cisaillement longitudinal GLT est déterminé dans un essai de
cisaillement longitudinal schématisé sur la figure 9.17, en utilisant à nouveau la
modélisation par couches du composite unidirectionnel. Les contraintes en
cisaillement dans la fibre et dans la matrice sont égales, du fait des contraintes τ
imposées sur la cellule. Les déformations en cisaillement de la fibre et de la
2, T
τ
hm 2
hf
matrice
τ
fibre
τ
1, L
matrice
hm 2
τ
FIGURE 9.17. Schéma par couches d'un essai de cisaillement longitudinal.
matrice s'expriment donc suivant :
γf =
τ
et
Gf
γm =
τ
Gm
.
(9.91)
Les déformations induites dans la fibre et dans la matrice (figure 9.18) sont :
δ f = hf γ f
et
δ m = hmγ m .
La déformation totale de la cellule (figure 9.18) est :
δ = δ f + δ m = hf γ f + hmγ m .
Et l'angle de cisaillement de la cellule est déterminé par l'expression :
γ=
δ
hf + hm
= γ f Vf + γ m (1 − Vf ) .
(9.92)
Cet angle est lié à la contrainte de cisaillement par le module de cisaillement
matrix
γm
fibre
matrix
δ
δf
δm 2
FIGURE 9.18. Déformations en cisaillement de la matrice et de la fibre.
longitudinal GLT suivant la relation :
γ=
τ
GLT
.
(9.93)
En combinant les expressions (9.91) à (9.93), nous obtenons :
1
V 1 − Vf
= f +
.
GLT Gf
Gm
(9.94)
Cette expression a une forme identique à celle obtenue (9.88) pour le module
d'Young transverse. Les mêmes considérations peuvent être transposées ici.
9.5 VALEURS NUMÉRIQUES DES MODULES
9.5.1 Valeurs expérimentales des modules
Le tableau 9.2 donne les caractéristiques mécaniques mesurées sur des
composites unidirectionnels à matrice époxyde, avec diverses fibres : fibres de
verre E et R, fibres de carbone HM et HR, fibres de Kevlar. La fraction volumique
de fibres est la même pour les trois composites : 0,60. Nous comparons, dans le
paragraphe suivant, ces valeurs expérimentales aux valeurs théoriques obtenues à
partir des diverses relations établies.
Pour calculer ces valeurs numériques, il est nécessaire au préalable de déterminer les valeurs des divers modules des fibres et de la matrice, par les
expressions :
— pour les fibres :
Ef
• module de cisaillement
Gf =
,
2 (1 + ν f )
Ef
,
3 (1− 2ν f )
• module de compressibilité
kf =
• module de compression latérale
K f = kf +
— pour la matrice :
Em
Gm =
,
2 (1+ ν m )
km =
Em
,
3 (1− 2ν m )
(9.97)
Gf
,
3
K m = km +
Gm
.
3
(9.98)
TABLEAU 9.2. Caractéristiques mécaniques mesurées sur divers composites matrice
époxyde-fibres unidirectionnelles.
Propriétés
mesurées sur
des
monofilaments
Carbone
HM
HR
Kevlar
49
2600 2550
1950 1750
1450
380 260
135
─
─
Masse volumique
ρf (kg/m3)
Module d'Young
Ef
Coefficient de Poisson
vf
0,22 0,22
Contrainte à la rupture
σfu (MPa)
3400 4400
(GPa)
Allongement à la rupture εfu (%)
Caractéristiques
mesurées sur un
composite
unidirectionnel
à matrice
époxyde
Verre
E
R
73
4,5
86
5,2
─
2200 2500
0,6
3500
1,0
2,5
Fraction volumique
Vf
0,60 0,60
0,60 0,60
0,60
Masse volumique
ρc (kg/m3)
2040 2010
1650 1550
1370
Module d'Young
longitudinal
EL
(GPa)
46
52
230 159
84
Module d'Young
transversal
ET
(GPa)
10 13,6
14,4 14,3
5,6
Module de cisaillement
longitudinal
GLT (GPa)
Coefficient de Poisson
vLT
Contrainte de rupture
en traction
σcu (MPa)
Contrainte de rupture
en flexion
(MPa)
Contrainte de rupture
en compression
(MPa)
Contrainte de rupture
en cisaillement
(MPa)
Caractéristiques
spécifiques
EL/ρc (MN m/kg)
σcu /ρc (kN m/kg)
4,6
4,7
4,8
2,1
0,31 0,31
0,32 0,32
0,34
1400 1900
800 1380
1400
1500 1500
1250 1850
910 970
900 1430
70
70
4,9
70
─
280
80
70
22,5 25,9
139 103
61
686 945
485 890
1022
Matrice époxyde: Em = 3,45 GPa, νm = 0,30, σmu = 70 MPa, ρm = 1200 kg/m3.
Les valeurs obtenues sont reportées dans le tableau 9.3. Pour déterminer les
modules des fibres, il est nécessaire de connaître le coefficient de Poisson νf. Sa
valeur ne peut être déterminée directement sur les fibres. Lorsque cette valeur est
reportée (cas des fibres de verres E et R), elle correspond à une valeur déterminée
sur le matériau massif. Pour accéder à la valeur du coefficient de Poisson (lorsque
la détermination expérimentale sur le matériau massif ne peut être effectuée), on
utilise assez souvent la valeur mesurée pour νLT sur le matériau composite
unidirectionnel (tableau 9.2). La valeur de νf en est déduite en utilisant la loi des
mélanges (9.90). C'est cette approche que nous avons utilisée pour déterminer
(tableau 9.3) les valeurs de νf pour les fibres de carbone et de Kevlar.
TABLEAU 9.3. Modules d'élasticité des fibres et de la matrice.
Modules
Fibres
Ef expérimental
E
(GPa)
νf expérimental
νf calculé
Matrice
Verre
R
73
86
0,22
0,22
Carbone
HM
HR
380
Kevlar
49
260
─
135
─
─
─
─
0,33
0,33
0,37
Gf
(GPa)
29,9
35,2
142,9
97,7
49,3
kf
(GPa)
Kf
(GPa)
43,5
53,4
51,2
62,9
372,5
420,2
254,9
287,5
173,1
189,5
Em expérimental
(GPa)
νm expérimental
3,45
0,30
Gm
(GPa)
1,33
km
(GPa)
2,875
Km
(GPa)
3,32
9.5.2 Comparaison entre valeurs expérimentales et
calculées des modules
À partir des valeurs reportées dans le tableau 9.3, nous avons calculé les
valeurs des modules des composites unidirectionnels, déterminées à partir des
diverses expressions théoriques (tableau 9.4) :
— le module d'Young longitudinal EL, obtenu à partir de la loi des mélanges
(9.82) ;
— le module de cisaillement longitudinal GLT, calculé à partir de la relation
(9.75) ;
— le module de compression latérale KL, relation (9.76) ;
— le module de cisaillement transverse GTT ′ , relation (9.77) ;
— le module d'Young transverse ET, calculé à partir des valeurs précédentes
de KL, GTT ′ , νLT et EL, par la relation (9.24) ;
— le module d'Young transverse ET et le module de cisaillement longitudinal GLT, à partir des approches simplifiées, relations (9.88) et (9.94) ;
— les bornes inférieures (notées : –) et supérieures (notées : +) de KL, GTT ′ ,
GLT, données par les relations (9.40), (9.41) et (9.42). Rappelons que les
bornes inférieures (9.40), (9.41) et (9.42) coïncident avec les valeurs
calculées par (9.76), (9.77) et (9.75).
TABLEAU 9.4. Valeurs des modules des composites unidirectionnels, déterminées à partir
des expressions théoriques.
Solutions exactes
de problèmes
particuliers
Approches
simplifiées
Bornes
(9.40) à (9.44)
EL (mélanges)
(GPa)
Verre
E
R
Carbone
HM
HR
Kevlar
49
45,2 53,0
229,4 157,4
82,4
νLT (mélanges)
0,25 0,25
νLT expérimental
0,31 0,31
0,32 0,32
0,34
─
─
─
GLT (9.75)
(GPa)
4,57 4,67
5,14 5,06
4,83
KL
(9.76)
(GPa)
8,98 9,15
10,10 10,02
9,88
GTT ′ (9.77)
(GPa)
3,96 4,02
4,32 4,27
4,13
ET
(9.24)
(GPa)
10,8 11,0
12,0 11,9
11,5
ET
(9.88)
(GPa)
8,05 8,13
8,50
8,45
8,30
GLT (9.75)
(GPa)
3,11 3,14
3,28
3,26
3,19
KL– (= KL)
KL+
(GPa)
(GPa)
8,98 9,15
22,1 25,4
10,10 10,02
120
84
9,88
50
GTT ′− ( = GTT ′ )
(GPa)
3,96 4,02
4,32 4,27
4,13
GTT ′+
(GPa)
11,2 12,9
52,6 36,4
19,7
GLT– (= GLT)
GLT+
(GPa)
(GPa)
4,57 4,67
13,9 16,2
5,14 5,06
62,3
43
4,83
22,2
ET– (= ET)
ET+
(GPa)
(GPa)
10,8 11,0
28,5 32,9
12,0 11,9
137
95
11,5
52
Les valeurs numériques obtenues (tableau 9.4), comparées aux valeurs expérimentales (tableau 9.2) montrent que :
— le module d'Young longitudinal EL est bien décrit par la loi des mélanges,
pour l'ensemble des fibres;
— le module de cisaillement longitudinal GLT est bien décrit par la relation
(9.75) (ou la borne inférieure (9.42));
— le module d'Young transverse ET est assez bien approché par la relation
(9.24) associée aux expressions (9.76), (9.77) et (9.90), pour les fibres de
verres et de carbones, bien que les valeurs calculées sous-estiment les
valeurs expérimentales lorsque le module d'Young des fibres augmente
(verre R, carbones HM et HR).
Par contre, les valeurs expérimentales, obtenues pour le module de cisaillement
longitudinal et le module d'Young transverse des composites à fibres de Kevlar,
sont très nettement inférieures aux valeurs théoriques. Ces faibles valeurs peuvent
être attribuées à :
— une mauvaise adhérence des fibres aramides avec les résines,
— de mauvaises propriétés en compression et cisaillement des fibres
aramides,
— une superposition des deux processus.
Les valeurs théoriques trouvées par les approches simplifiées pour le module
d'Young transversal et le module de cisaillement longitudinal donnent des valeurs
trop faibles. Ce fait est la conséquence du rôle trop important accordé à la matrice
dans ces approches simplifiées.
Enfin les valeurs obtenues sur les bornes supérieures montrent que le schéma
théorique correspondant est trop éloigné de la réalité. Il conviendrait en fait à une
description d'un matériau composite constitué de fibres d'époxy dans une matrice
de verre, de carbone ou de Kevlar.
9.5.3 Conclusions
En fonction des résultats précédents, nous retiendrons les expressions
théoriques suivantes des modules d'un composite unidirectionnel :
— module d'Young longitudinal EL : loi des mélanges (9.82) ;
— coefficient de Poisson longitudinal νLT : loi des mélanges (9.90) ;
— module de cisaillement longitudinal GLT : relation (9.75) ;
— module de compression latérale KL : relation (9.76) ;
— module de cisaillement transverse GTT' : relation (9.77) ;
— module d'Young transverse ET, exprimé à partir des modules précédents à
l'aide de l'expression (9.24).
Ces expressions permettent de déterminer la variation des modules en fonction
de la proportion de fibres. Les courbes correspondantes sont reportées sur la
figure 9.19 pour les composites à fibres de verre E et sur la figure 9.20 pour les
composites à fibres de carbone HR.
EXERCICES
9.1 Calculer les constantes de rigidité et de souplesse :
— d'un composite unidirectionnel à fibres de verre :
EL = 45 GPa, ET = 10 GPa, ν LT = 0,31, GLT = 4,5 GPa, GTT ′ = 4 GPa, KL =28 GPa
— d'un composite unidirectionnel à fibres de carbone :
EL = 230 GPa, ET = 15 GPa, ν LT = 0,36, GLT = 5 GPa, GTT ′ = 4 GPa. KL =42 GPa
9.2 Tracer les modules EL, ET, GLT et GTT' en fonction de la fraction volumique
de fibres de composites unidirectionnels constitués d'une matrice de caractéristiques Em = 3 GPa et νm = 0,30 et de fibres de verre-R (Ef = 86 GPa, νf = 0,22).
80
Lateral
compression
modulusK KL (GPa)
( GPa )
Module
de compression
L
60
Modules
E (GPa)
Young's d’Young
Moduli EE
L LET T ( GPa)
70
60
50
EL
40
30
ET
20
10
0
0.0
0.2
0.4
0.6
0.8
1.0
50
40
30
20
10
0
0.0
0.2
0.4
0.6
0.8
1.0
Fraction
volumique
de fibres
Fibre volume
fraction
V f Vf
Fraction
volumique
de fibres
Fibre volume
fraction
V f Vf
Modules
cisaillement
Sheardemoduli
GLT GG
( GPa
)
LT G
LT’ (GPa)
TT'
35
30
25
20
15
GLT
10
GTT'
5
0
0.0
0.2
0.4
0.6
0.8
1.0
Fraction
de fibres
Fibre volumique
volume fraction
V f Vf
FIGURE 9.19. Variation des différents modules d'élasticité d'un composite unidirec-
tionnel à fibres de verre E, en fonction de la fraction volumique de fibres.
300
Lateral compression modulus KL ( GPa )
Module de compression KL (GPa)
Young's Moduli
GPa)
Modules
d’YoungELELETET( (GPa)
300
250
200
EL
150
100
ET
50
0
0.0
0.2
0.4
0.6
0.8
1.0
Fraction
de fibres
Fibre volumique
volume fraction
V f Vf
250
200
150
100
50
0
0.0
0.2
0.4
0.6
0.8
1.0
Fraction
de fibres
Fibre volumique
volume fraction
V f Vf
Sheardemoduli
GLT GG
( GPa
)
Modules
cisaillement
LT G
LT’ (GPa)
TT'
100
80
60
40
20
GLT
GTT'
0
0.0
0.2
0.4
0.6
0.8
1.0
Fraction
volumique
de fibres
Fibre volume
fraction
V f Vf
FIGURE 9.20. Variation des différents modules d'élasticité d'un composite unidirectionnel à fibres de carbone HR, en fonction de la fraction volumique de fibres
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