INTRODUCTION A LA GERIATRIE Objectifs 1. Définir le vieillissement 2. Définir la vieillesse 3. Définir la gériatrie Plan 1. 2. 3. 4. 5. Vieillissement Vieillesse Longévité Espérance de vie Gériatrie 1. LE VIEILLISSEMENT peut se définir comme la CONSEQUENCE : 1/-de tous les processus biologiques et environnementaux qui aboutissent à la longévité de l’espèce. Chaque être humain porte en soi les conditions de sa propre longévité. 2/-des effets intriqués du temps qui s’écoule (chronologie) et du temps qu’il fait (écologie) auxquels est soumis l’organisme tout au long du parcours de vie. 3/-de l’ensemble des processus physiologiques et psychologiques, entrainant une modification de la structure et les fonctions de l’organisme. Selon son ASPECT EVOLUTIF. Il est soit : 1/-Normal et réussi : il se veut progressif, harmonieux. 2/-A Risque : Accéléré =tributaire des accidents de parcours : les états morbides : Différentiel = tributaire des modes de vie et des conditions écologiques. -3/-Par Usure, lié à l’apparition des défaillances multiviscérales lentes et irréversibles, aboutissant à la fragilité d’une puis de plusieurs fonctions. Il est celui de la fin de parcours de vie. 2. LA VIEILLESSE se définit comme une catégorie de personnes appartenant à un groupe d’âge variable selon différents critères : pour l’OMS à 65 ans et au Togo : au moment de la cessation d'activité professionnelle à 60 ans pour la plupart des entreprises publiques et privées et à 65 ans pour les enseignants universitaires. La perception de sa vieillesse ou de celle des autres est très variable et personnelle. 3. LA LONGEVITE La longévité est la durée de vie maximale observée pour un sujet cette espèce. Elle varie fortement d'une espèce à l'autre, allant d'un mois chez la mouche drosophile, à 3,5 ans chez le rat et jusqu'à 300 ans chez les tortues. Dans l'espèce humaine, le record de longévité semble être de 122 ans. 4. L'ESPERANCE DE VIE L’espérance de vie est le nombre moyen d'années de vie des personnes d'une classe d'âge donnée. De même, on définit une espérance de vie sans incapacité. Habituellement l’espérance de vie est évaluée pour l’homme et pour la femme à compter de la naissance 5. LA GERIATRIE La gériatrie est la discipline médicale qui prend en charge les personnes âgées malades comme la pédiatrie prend en charge les enfants malades. Elle est actuellement reconnue comme une spécialité d’exercice. LE VIEILLISSEMENT Objectifs 1. Définir le vieillissement 2. Citer 02 modèles d’étude du vieillissement 3. Citer 02 types méthodologiques d’étude du vieillissement 4. Décrire les conséquences du vieillissement sur l’organisme Plan 1. Définitions 2. Méthodes d’étude du vieillissement 3. Effets du vieillissement sur les principaux organes 4. Vieillissement et maladies liées au grand âge : interactions et frontières 5. Stratégies pour ralentir le vieillissement 6. Conclusion 1)- DEFINITION LE VIEILLISSEMENT peut se définir comme la CONSEQUENCE : 1/-de tous les processus biologiques et environnementaux qui aboutissent à la longévité de l’espèce. Chaque être humain porte en soi les conditions de sa propre longévité. 2/-des effets intriqués du temps qui s’écoule (chronologie) et du temps qu’il fait (écologie) auxquels est soumis l’organisme tout au long du parcours de vie. 3/-de l’ensemble des processus physiologiques et psychologiques, entrainant une modification de la structure et les fonctions de l’organisme. Selon son ASPECT EVOLUTIF. Il est soit : 1/-Normal et réussi : il se veut progressif, harmonieux. 2/-A Risque : Accéléré =tributaire des accidents de parcours : les états morbides : Différentiel = tributaire des modes de vie et des conditions écologiques. -3/-Par Usure, lié à l’apparition des défaillances multiviscérales lentes et irréversibles, aboutissant à la fragilité d’une puis de plusieurs fonctions. Il est celui de la fin de parcours de 2. METHODES D’ETUDE DU VIEILLISSEMENT Le vieillissement des organes et de leurs fonctions peut être étudié de différentes façons. La recherche peut être conduite sur différents modèles : «vieillissement in vitro» de cellules en culture, étude in vitro de cellules provenant d'organismes jeunes et âgés, études in vivo d'animaux d'expérience, jeunes et âgés (vers, drosophiles, souris, rats, lapins, singes), et études chez l'homme. L'étude du vieillissement concerne quasiment tous les domaines de la biologie et de la physiologie. Les recherches étudiant les effets du vieillissement chez l'homme sont construites selon certains grands types méthodologiques : les études transversales, qui comparent des individus de classes d'âge différentes. Elles sont plus faciles à réaliser, mais mesurent, en plus des effets du vieillissement, d'autres effets (différences entre générations, effets de sélection, différences entre groupes d'âge...). Les études longitudinales, qui suivent le vieillissement d'un groupe d'individus pendant une période de temps assez longue. Elles sont plus difficiles à réaliser en raison de leur durée et de leur coût. Ces deux types d'enquête imposent de sélectionner avec soin les personnes étudiées en écartant les malades. L'existence assez fréquente de maladies méconnues pauci ou asymptomatiques chez les personnes âgées posent en pratique un problème difficile qui peut affecter la qualité des résultats. Par ailleurs, certaines maladies rares (syndrome de Werner, progéria, trisomie 21...) sont responsables d'un vieillissement prématuré et d'un raccourcissement de l'espérance de vie. 3. EFFETS DU VIEILLISSEMENT SUR L’ORGANISME Le vieillissement s'accompagne d'une diminution des capacités fonctionnelles. Elle se manifeste davantage dans les situations qui mettent en jeu les réserves fonctionnelles (effort, stress, maladies aiguës) se traduisant par une réduction de la capacité de l'organisme à s'adapter aux situations d'agression. De même, les régulations physiologiques s'avèrent moins efficaces chez le sujet âgé. Il faut souligner que cette réduction fonctionnelle liée au vieillissement est très variable d'un organe à l'autre (vieillissement différentiel inter-organe). De plus, à âge égal, l'altération d'une fonction donnée varie fortement d'un individu âgé à l'autre (vieillissement inter-individuel). La population âgée est ainsi caractérisée par une grande hétérogénéité. En effet, les conséquences du vieillissement peuvent être très importantes chez certains sujets âgés et être minimes voire absentes chez d'autres individus du même âge (vieillissement réussi, vieillissement avec maladies, vieillissement usuel). 3.1. EFFETS DU VIEILLISSEMENT SUR LES METABOLISMES La composition corporelle de l'organisme se modifie au cours du vieillissement. Ce dernier s'accompagne à poids constant, d'une réduction de la masse maigre (en particulier chez le sujet sédentaire) et d'une majoration proportionnelle de la masse grasse (en particuliers viscérale). Les besoins alimentaires (qualitatifs et quantitatifs) des personnes âgées sont sensiblement identiques à ceux d'adultes plus jeunes ayant le même niveau d'activité physique. Le métabolisme des glucides est modifié au cours de l'avance en âge. La tolérance à une charge en glucose est réduite chez les personnes âgées indemnes de diabète sucré ou d'obésité, témoignant d'un certain degré de résistance à l'insuline. D'une façon générale, les tests biologiques d'exploration dynamique s'avèrent fréquemment perturbés en raison de la réduction de la capacité de l'organisme à s'adapter aux situations de stress, sans que cette réponse ne soit obligatoirement le témoin d'une pathologie. 3.2. EFFETS DU VIEILLISSEMENT SUR LE SYSTEME NERVEUX Au niveau du système nerveux central de nombreuses modifications neuropathologiques et neurobiologiques ont été décrites au cours du vieillissement parmi lesquelles il faut principalement mentionner : une certaine diminution du nombre de neurones corticaux, une raréfaction de la substance blanche. La diminution de certains neurotransmetteurs intracérébraux, en particulier l'acétylcholine est à l’origine de bien des processus pathologiques. Les fonctions motrices et sensitives centrales sont peu modifiées par le vieillissement. En revanche, le vieillissement du système nerveux central se traduit par une augmentation des temps de réaction et par une réduction modérée des performances mnésiques concernant notamment l'acquisition d'informations nouvelles ; soi une diminution de la mémoire et de l’attention. Cette réduction, objectivée au moyen de certains tests, n'est pas à même d'expliquer les troubles de la mémoire ayant un retentissement sur la vie quotidienne. Le vieillissement s'accompagne d'une réduction et d'une déstructuration du sommeil. La diminution de sécrétion de mélatonine par l'épiphyse rend compte au moins en partie d'une désorganisation des rythmes circadiens chez les individus âgés. La réduction de la sensibilité des récepteurs de la soif (osmorécepteurs) et les modifications du métabolisme de l'arginine vasopressine (AVP) rendent compte au moins en partie de la diminution de la sensation de la soif chez les personnes âgées. L'ensemble de ces modifications concourt à majorer la vulnérabilité cérébrale des personnes âgées à l'égard des agressions, et notamment le risque de syndrome confusionnel. Au niveau du système nerveux périphérique, la diminution du nombre de fibres fonctionnelles mesurables par l'augmentation des temps de conduction des nerfs est à l'origine d'une diminution de la sensibilité proprioceptive (hypopallesthésie) qui favorise l'instabilité posturale. Il n’y a pas de modification de fonction nociceptive. Le vieillissement du système nerveux autonome se caractérise par une hyperactivité sympathique (augmentation des taux plasmatiques des catécholamines) et par une réduction des réponses sympathiques en raison d'une diminution de sensibilité des récepteurs aux catécholamines. La tachycardie induite par l'effort est ainsi moins marquée chez les sujets âgés que chez les adultes d'âge moyen. 3.3. EFFETS DU VIEILLISSEMENT SUR LES ORGANES DES SENS Le vieillissement oculaire s'accompagne d'une réduction de l'accommodation (presbytie) gênant la lecture de près. Ce processus débute en fait dès l'enfance, mais les conséquences fonctionnelles apparaissent vers l'âge de la cinquantaine. Il se produit aussi une opacification progressive du cristallin débutant à un âge plus tardif et retentissant sur la vision (cataracte). Le vieillissement de l'appareil cochléo-vestibulaire s'accompagne d'une perte progressive de l'audition (portant principalement sur les sons aigus) à l'origine d'une presbyacousie. Les données concernant les modifications du goût et/ou de l'olfaction au cours du vieillissement ne sont plus controversées. 3.4. EFFETS DU VIEILLISSEMENT CARDIOVASCULAIRE SUR LE SYSTEME Le débit cardiaque au repos est stable et peu diminué à l'effort avec l'avance en âge. Toutefois, le vieillissement cardiaque s'accompagne de modifications anatomiques : augmentation de la masse cardiaque et de l'épaisseur pariétale du ventricule gauche à l'origine du moins bon remplissage ventriculaire par défaut de la relaxation ventriculaire. Cette altération de la fonction diastolique est habituellement compensée par la contraction des oreillettes (contribution de la systole auriculaire) et il y a une préservation de la fonction systolique ventriculaire qui contribue au maintien du débit cardiaque. Le vieillissement de la paroi artérielle se caractérise par des modifications structurelles de l'élastine, la fibrose apparait et entraine une altération de la vasomotricité artérielle. La diminution de la compliance artérielle en résultant rend compte de l'augmentation de la pression artérielle systolique avec l'âge. 3.5. EFFETS DU VIEILLISSEMENT SUR L'APPAREIL RESPIRATOIRE La diminution de la compliance pulmonaire, de la compliance thoracique et la réduction de la masse musculaire respiratoire rendent compte de la réduction de la capacité ventilatoire au cours du vieillissement. On constate une augmentation du volume aérien non mobilisable en fin d'expiration et une réduction du calibre des bronches distales qui diminue les débits expiratoires (c'est à dire la baisse du rapport volume expiré / unité de temps étudié par le VEMS ou par le débit expiratoire de pointe). Par ailleurs, la capacité de diffusion de l'oxygène et la pression partielle en oxygène du sang artériel (PaO2) diminuent progressivement avec l'âge. 3.6. EFFETS DU VIEILLISSEMENT SUR L'APPAREIL DIGESTIF Le vieillissement s'accompagne de modifications de l'appareil buccodentaire, d'une diminution du flux salivaire, d'une diminution de la sécrétion acide des cellules pariétales gastriques et d'une hypochlorhydrie gastrique. Par ailleurs, le temps de transit intestinal est ralenti chez le sujet âgé par diminution du péristaltisme. La fonction pancréatique exocrine n'est que modérément altérée. Le vieillissement serait associé à une diminution de la masse et du débit sanguin hépatiques. La réduction de la clairance métabolique en résultant, peut-être diminuée pour certains médicaments. 3.7. EFFETS DU VIEILLISSEMENT SUR L'APPAREIL LOCOMOTEUR Le vieillissement du muscle se traduit au plan histologique par une diminution de la densité en fibres musculaires (principalement de type II), au plan anatomique par une réduction de la masse musculaire (sarcopénie) et au plan fonctionnel par une diminution de la force musculaire. Le vieillissement osseux se caractérise par la réduction de la densité minérale osseuse ou ostéopénie (principalement chez la femme sous l'effet de la privation oestrogénique de la ménopause) et par la diminution de la résistance mécanique de l'os. Le vieillissement du cartilage articulaire se caractérise essentiellement par la diminution de son contenu en eau, la réduction du nombre de chondroblastes et la modification de sa composition en glycosaminoglycanes. Ces modifications génèrent l’arthrose : amincissement du cartilage de conjugaison entrainant une altération des activités mécaniques à l'origine d'une fragilité, accentuée par l'existence d'ostéophytes. 3.8. EFFETS DU VIEILLISSEMENT SUR L'APPAREIL URINAIRE Au cours du vieillissement, il se produit une perte du nombre de néphrons fonctionnels (variable d'un individu à l'autre), induisant une réduction de la filtration glomérulaire et des capacités d'élimination du rein. Les néphrons conservent toutes leurs propriétés physiologiques. La clairance de la créatinine des personnes âgées de 80 ans baisse, elle est d'environ la moitié de celle de sujets de 20 ans ayant le même poids. Cependant, les résultats de certaines études telles que l'étude longitudinale de Baltimore démontrent que cette modification de la fonction rénale épargne certains individus âgés et résulterait plus des effets cumulés de différents processus pathologiques (immunologiques, infectieux, toxiques, ischémiques...) que des effets propres du vieillissement. La fonction tubulaire est aussi modifiée au cours du vieillissement. Les capacités de concentration et de dilution des urines diminuent progressivement avec l'avance en âge. 3.9. EFFETS DU VIEILLISSEMENT SUR LES ORGANES SEXUELS Chez la femme, la ménopause s'accompagne de l’atrophie ovarienne entrainant l'arrêt de la sécrétion d'oestrogènes, la disparition des cycles menstruels, s’accompagnant de l'involution de l'utérus et des glandes mammaires. Chez l'homme, l’andropause se traduit par une atrophie progressive des testicules, entrainant une réduction de la sécrétion de testostérone : élément variable d'un individu à l'autre. Une proportion importante d'hommes âgés conserve encore une spermatogenèse suffisante pour procréer. Le vieillissement s'accompagne très souvent d'une augmentation du volume de la prostate. Le retentissement du vieillissement sur la fonction sexuelle est variable d'un individu à l'autre. Il est influencé par le statut hormonal, mais aussi par des facteurs psychologiques et culturels. 3.10. EFFETS DU VIEILLISSEMENT SUR LA PEAU ET LES PHANERES Le vieillissement cutané intrinsèque est caractérisé par une altération des fibres élastiques, un épaississement fibreux du derme, un aplanissement de la jonction dermo-épidermique et une diminution du nombre des mélanocytes. Ces modifications sont plus prononcées sur les zones découvertes exposées aux rayonnements UV (vieillissement extrinsèque, actinique ou héliodermie). La peau du sujet âgé prend un aspect plus pâle, marquée par des rides et des ridules. La vitesse de croissance des cheveux et des ongles diminue avec l'âge. La réduction du nombre de mélanocytes contribue au grisonnement des cheveux. L'activité des glandes sébacées, sudoripares, eccrines et apocrines diminue, contribuant à une certaine sécheresse cutanée. 3.11. EFFETS DU VIEILLISSEMENT SUR LE SYSTEME IMMUNITAIRE La réponse immunitaire humorale est globalement préservée chez les personnes âgées. En revanche, les réponses immunitaires à médiation cellulaire sont diminuées, notamment celles impliquant les lymphocytes T .La mise en jeu de certaines interleukines (IL), qui interviennent dans la coopération des cellules immunitaires, est modifiée avec l'avance en âge : diminution de la production d'IL-2 et d'IL-4 et augmentation de l'IL-6. L'immunisation conférée par la vaccination n'est pas altérée chez les personnes âgées en bonne santé, même si les taux d'anticorps produits sont inférieurs à ceux observés chez des sujets plus jeunes. 4. VIEILLISSEMENT ET MALADIES INTERACTIONS ET FRONTIERES LIEES AU GRAND AGE : Certaines maladies ou syndromes dont la fréquence augmente avec l'âge ont longtemps été confondus avec l'expression du vieillissement. Il en est ainsi : de la maladie d'Alzheimer à début tardif, longtemps considérée comme l'expression du vieillissement cérébral, de l'insuffisance cardiaque comme le témoin du vieillissement cardiaque, de l'incontinence vésicale vieillissement urinaire. comme la conséquence du En fait, on sait aujourd'hui que ces troubles sont en rapport avec des processus pathologiques, certes très fréquents chez les personnes âgées, mais non obligatoires. A ce titre, l'étude des centenaires qui illustrent le vieillissement extrême est particulièrement intéressante. Ainsi, le fait que certains centenaires soient indemnes de maladie d'Alzheimer ou d'insuffisance cardiaque, indique que ces troubles ne sont pas forcément l'expression du vieillissement. L'augmentation de la fréquence de certaines maladies chez les sujets âgés peut s'expliquer de plusieurs façons : En premier lieu, la durée d'exposition à certains facteurs de risque, augmente la probabilité d’apparition d’un état pathologique avec l'avancée en âge (effet cumulatif du temps). En second lieu, les modifications induites par le vieillissement peuvent dans certains cas faciliter la survenue de maladies. Par exemple, l'altération de la fonction diastolique et l'augmentation de charge des oreillettes, rendent ces dernières plus vulnérables à un facteur pathologique responsable d'hyperexcitabilité et peuvent faciliter la survenue d'un trouble du rythme auriculaire. En dernier lieu, les progrès de la prise en charge de certaines maladies chez les adultes d'âge moyen contribuent à allonger l'espérance de vie de ces patients et à augmenter la prévalence de certaines maladies. Par exemple, la diminution de la mortalité résultant meilleure prise en charge de l'HTA et des progrès dans le traitement de l'infarctus du myocarde vont révéler l'apparition d'autres affections à un âge plus avancé. Dans certains cas et en l'état actuel de nos connaissances, il peut exister un continium entre certains effets du vieillissement et certaines pathologies. Par exemple, l'ostéopénie qui résulte du vieillissement peut favoriser les tassements vertébraux ou les fractures par insuffisance osseuse, même en l'absence de traumatisme. 5. STRATEGIES POUR RALENTIR LE VIEILLISSEMENT Le vieillissement en tant que conséquence du temps qui passe, est un phénomène obligatoire et inéluctable. Toutefois, plusieurs travaux de recherche ont montré qu'il était possible d'influencer le vieillissement ou la longévité par des facteurs expérimentaux, si bien que des stratégies capables de ralentir le vieillissement sont envisageables. 5.1. La restriction diététique Plusieurs travaux ont démontré que la restriction calorique allongeait la durée de vie d'animaux d'expérience (nématodes, insectes, rongeurs). La ration calorique restreinte doit être inférieure à 70% de la ration ingérée spontanément et doit être débutée tôt dans la vie, juste après la maturation sexuelle. Certaines maladies, comme les cancers et les infections, sont moins fréquentes chez les animaux soumis à la restriction diététique, et certains organes ou fonctions semblent avoir un vieillissement ralenti. La restriction calorique pourrait agir en ralentissant la glycation des protéines ou en améliorant la protection de l'organisme contre les radicaux libres, le stress ou l'infection. Chez l'homme adulte, le respect d'un poids «idéal» est un facteur de longévité sachant que, chez le sujet âgé, la restriction calorique est au contraire néfaste. 5.2. L'activité physique L'activité physique a des effets qui s'opposent à ceux du vieillissement. Une activité physique régulière, bien dosée, ralentit la diminution de la masse musculaire liée à l'avancée en âge. Parallèlement l'activité physique limite l'augmentation de la masse grasse et les problèmes métaboliques associés comme l'intolérance au glucose par insulinorésistance. Les fonctions cardiovasculaire et respiratoire sont aussi mieux préservées chez les sujets âgés qui ont une activité physique régulière. Même débutée à un âge avancé, l'activité physique peut avoir des effets positifs sur la santé, notamment en réduisant le risque de maladie cardio-vasculaire et en prévenant le risque de chute. 5.3. La lutte contre le stress oxydatif L'administration au long cours de substances anti-oxydantes (vitamine E, vitamine C, vitamine A et dérivés) a représenté une première voie de recherche. Les effets antivieillissement varient selon les travaux expérimentaux et il n'y a pas de consensus sur l'intérêt de cette approche. Une des limites à cette approche pharmacologique est la difficulté à induire une protection anti-radicalaire au niveau intra-cellulaire. Des travaux expérimentaux basés sur le transfert et l'expression des gènes de la superoxydismutase et de la catalase sont particulièrement intéressants et prometteurs. 5.4. La correction des déficits hormonaux Le traitement substitutif de la ménopause (THS) par son action sur l'os, la peau, le cerveau et les organes uro-génitaux, s'oppose à certains effets du vieillissement chez la femme. Les concentrations plasmatiques d'hormone de croissance (GH) diminuent chez certains sujets âgés, et l'administration de GH à des hommes âgés ayant des concentrations basses a permis d'augmenter leur masse maigre et de réduire certains effets du vieillissement sur la peau. Des travaux expérimentaux ont montré que l'administration de déhydro-épiandrostérone (DHEA), un stéroïde surrénalien dont la concentration plasmatique diminue progressivement avec l'âge, pouvait améliorer certaines fonctions mnésiques chez le rat âgé. L'évaluation de ses effets chez l'homme est en cours. 5.5. L'inhibition de la glycation des proteines L'inhibition de la glycation des protéines est une voie de recherche intéressante pour s'opposer aux complications du diabète et aussi du vieillissement. Le traitement de rats non diabétiques par l'aminoguanidine permet de retarder l'augmentation de la rigidité artérielle et de ralentir l'hypertrophie cardiaque qui se produit au cours du vieillissement. 5.6. Les autres approches Le transfert de gènes codant pour des facteurs de croissance du système nerveux (nerve growth factor notamment) a permis chez le rat de limiter certains déficits cognitifs liés au vieillissement voire de les faire régresser. L'administration d'inhibiteur de l'enzyme de conversion de l'angiotensine chez les rats normotendus a permis de limiter certains effets du vieillissement artériel, cardiaque et aussi rénal. De façon intéressante, la fonction endothéliale dont l'altération est majeure au cours du vieillissement semble bien préservée chez les animaux ayant reçu ce médicament. L'application d'acide rétinoïque a permis de faire régresser certains effets du vieillissement cutané chez l'homme. 5.7. Vers un vieillissement réussi Dans les conditions de base favorables, les différents organes assurent à l'organisme une fonction satisfaisante à un âge avancé. La survenue de facteurs déstabilisants (maladie, choc psychologique, agression, modification de l'environnement) peut induire une situation de rupture lorsque les capacités d'adaptation/régulation du sujet âgé sont dépassées. Plus l'avance en âge est importante, plus l'équilibre de base est fragile, et une agression de plus en plus minime peut suffire à bouleverser cet équilibre. Pour vieillir «en forme», il est donc important de préserver et renforcer cet équilibre d'une part et ne pas abandonner les activités qui mettent en jeu les capacités d'adaptation de l'organisme : en entretenant, voire améliorant le capital de base intellectuel, physique et relationnel, en prévenant les maladies qui peuvent l'être (grippe, maladies cardio-vasculaires etc ..), en prenant en charge précocement les maladies ou les troubles susceptibles d'entraîner des désordres en cascades des autres fonctions de l'organisme (troubles de la marche, état dépressif, altération de l'état nutritionnel, ...). Chaque décennie a vu l'amélioration très sensible de l'équilibre de base des septuagénaires, des octogénaires, puis des nonagénaires. Actuellement les centenaires ne sont plus des cas d'exception. Qui aurait imaginé aux débuts de la conquête spatiale qu'en 1998 un homme de 77 ans effectuerait un séjour dans l'espace ? 6-CONCLUSION Si les mécanismes à l'origine du vieillissement restent encore mal connus, il est important que chaque médecin connaisse avec précision les principaux effets du vieillissement sur l'organisme humain. Cette connaissance est indispensable pour mieux soigner les sujets âgés, pour mieux comprendre les symptômes dont ils peuvent souffrir et leurs origines, pour mieux connaître l'expression et l'évolution particulières de certaines maladies sur ce terrain. Cette connaissance aide, dans de nombreux cas, à choisir les approches thérapeutiques les plus adaptées. Enfin, il est important de bien connaître le processus du vieillissement pour donner des conseils de prévention et réussir à vieillir avec le meilleur état de santé possible. Démarche Médicale en Gériatrie Objectifs pédagogiques 1. Enumérer 4 particularités physiopathologiques de la personne âgée malade 2. Enumérer 5 particularités de l’examen clinique en gériatrie Plan Introduction 1. Particularités physiologiques physiopathologiques 2. Particularités sémiologiques du sujet âgé malade 3. Diagnostic gériatrique – diagnostic rentable 4. Thérapeutique et personne âgée Conclusion Introduction La démarche médicale en gériatrie connaît des particularités par rapport à celle utilisée à d’autres âges de la vie. Cette démarche prend en compte la modification de la présentation symptomatique de certains troubles et la lenteur et le temps de récupération indispensable. La notion de diagnostic est toujours élargie aux conséquences fonctionnelles, aux conditions socio-économiques et aux répercussions psychologiques ; l’établissement du diagnostic médical et les décisions thérapeutiques peuvent être aidés par les recommandations et les conférences de consensus, mais en vérifiant que ces avis sont pertinents pour le grand âge et s’appliquent au malade considéré. Le mécanisme des interactions et des pathologies en cascade doit être analysé ; le traitement ne se résume pas à la prescription médicamenteuse ou à un acte chirurgical : il est un projet de soin complet et un projet de vie, ayant aussi des dimensions sociales, familiales et financières. Les décisions en gériatrie sont forcément le résultat de compromis, entre ce qui est souhaitable et ce qui est faisable, entre ce qui est demandé par la personne âgée et ce qui est accepté par son entourage, entre ce qui est raisonnable et ce qui ne l’est plus. Il y a toujours une dimension éthique dans la démarche médicale en gériatrie. 1. Particularités physiologiques et physiopathologiques 1.1. La décompensation fonctionnelle L'état de crise du sujet âgé se présente habituellement comme une décompensation fonctionnelle : confusion ou "décompensation cérébrale aiguë", dépression ou "décompensation thymique", chute ou "décompensation posturale aiguë", "décompensation nutritionnelle", etc... Face à la décompensation fonctionnelle, la démarche classique visant à regrouper un faisceau de symptômes sous le chapeau d'une maladie unique n'est plus adaptée. La décompensation fonctionnelle est provoquée par la survenue de maladies chroniques et/ou aiguës sur un terrain plus ou moins fragilisé par le vieillissement. La prise en charge du sujet âgé nécessite le recours à un schéma prenant en considération 3 éléments qui se cumulent pour aboutir à la décompensation d'une fonction (1 + 2 + 3 de J.P. Bouchon): 1- Les effets du vieillissement qui réduisent progressivement les réserves fonctionnelles, sans jamais à eux seuls entraîner la décompensation. 2- Les affections chroniques surajoutées qui altèrent les fonctions. 3- Les facteurs de décompensation qui sont habituellement multiples et associés : affections médicales aiguës, pathologie iatrogène et stress psychologique. Pour exemple, le syndrome confusionnel, décompensation cérébrale aiguë, est favorisé par les effets du vieillissement sur le cerveau. Les affections neuro-psychiatriques chroniques, notamment les démences, constituent le terrain de prédilection. Les facteurs déclenchants sont nombreux : troubles cardiovasculaires, métaboliques ou infectieux, iatrogénie, stress environnemental. Malgré la décompensation d'un organe, l'équilibre de l'individu est souvent sauvegardé grâce aux capacités de compensation d’autres organes. A titre d’exemple, l'insuffisance vestibulaire est fréquente chez le vieillard sans s'accompagner obligatoirement d'une perte des capacités d'équilibre. Le relais est assuré par les autres organes neurosensoriels (proprioception articulaire et musculaire, informations visuelles). Ce n’est qu’à l'occasion d'une déficience de ces compensations, que survient la perte d'équilibre. 1.2. Le vieillissement de la fonction Le vieillissement est un processus hétérogène variable d’un individu à l’autre et d’un organe à l’autre. Il se traduit le plus souvent par une diminution des capacités maximales liée à la réduction des réserves fonctionnelles, responsable d’un état de fragilité. Lorsqu’il existe, le déclin des capacités débute dès l'âge adulte et suit une involution linéaire. La notion de réserve fonctionnelle est capitale en physiologie. Elle désigne pour certains organes une capacité de fonctionnement de réserve mesurable dans des circonstances bien déterminées : réserve fonctionnelle rénale, coronaire, myocardique. Ainsi, la vieillesse n'est en aucun cas une maladie, mais représente un terrain propice pour le développement des maladies. La répercussion de ces maladies est plus importante chez le sujet âgé car leurs effets se surajoutent aux altérations dues au vieillissement. 1.3. Les maladies chroniques Leur fréquence augmente avec l'âge. La polypathologie est une des caractéristiques du sujet âgé qui présente en moyenne quatre à six maladies. Ces maladies chroniques (insuffisance cardiaque, polyarthrose ...) sont source d'incapacités et de dépendance. 1.4. Les affections aiguës Elles peuvent entraîner la décompensation d'une ou de plusieurs fonctions. L'un des risques est celui de la survenue du phénomène dit "de la cascade" dans lequel une affection aiguë entraîne des décompensations organiques en série. C'est, par exemple, le cas d'une infection broncho-pulmonaire favorisant une décompensation cardiaque, qui elle-même entraîne une insuffisance rénale, elle-même favorisant un syndrome confusionnel ... Certaines fonctions décompensent avec prédilection et sont particulièrement impliquées dans la "cascade": la fonction cérébrale corticale (confusion, dépression) et sous-corticale (régression psychomotrice), la fonction cardiaque, la fonction rénale et la fonction d'alimentation (déshydratation, dénutrition). Le phénomène de la cascade, très particulier à la gériatrie, est d'autant plus dangereux qu'il constitue un véritable cercle vicieux où les éléments pathologiques retentissent les uns sur les autres et s'aggravent réciproquement. Le pronostic de la cascade est grave. Certaines situations à risque peuvent être identifiées : grand âge, polypathologie, polymédicamentation, dépendance psychique et physique. De même, l’intensité du stress initial (hospitalisation en milieu chirurgical notamment) et la qualité de l'environnement (absence de formation des soignants, iatrogénie) sont des facteurs prépondérants. 2. Particularités sémiologiques du sujet âgé malade 2.1. Personne ressource, aidant naturel La personne âgée se présente généralement en consultation avec un membre de sa famille (conjoint, enfant..). Le tiers présent est en général la personne dite « ressource ». Dans le cas particulier des démences, cette tierce personne est souvent l’aidant naturel qui soutient la personne âgée et compense ses incapacités liées à la maladie. 2.2. Abord de la personne âgée en consultation Le temps nécessaire à la consultation est très nettement supérieur à une consultation de l’adulte jeune en raison de la nécessité d’une évaluation globale et de ses handicaps (difficultés motrices, trouble de la parole, handicap moteur et sensoriel). Il est important de rechercher les meilleures conditions de confort sensoriel, physique et psychique et de s’adresser à la personne âgée malade comme on le fait avec un adulte plus jeune (pas de familiarités déplacées) : Devant un handicap sensoriel : - S’assurer du port et du bon fonctionnement des prothèses auditives habituelles - La voix « poussée » exagérément vers des tonalités aiguës est souvent désagréable pour le patient - Le handicap sensoriel peut accentuer une symptomatologie (troubles de l’équilibre, chutes) et doit rendre prudent sur l’interprétation de certains tests, notamment neuropsychologiques. 2.3. Particularités de l’examen clinique 2.3.1. Interrogatoire En cas de troubles cognitifs, l’interrogatoire, tout en recevant le discours spontané et les plaintes du patient, est élargi aux proches et aussi au médecin traitant, ou aux intervenants socio-sanitaires au domicile afin de reconstituer une anamnèse et des antécédents aussi précis que possible. Antécédents : c’est un chapitre souvent très riche en infirmations, mais elles doivent être hiérarchisées et organisées de façon à aider la démarche diagnostique. Médications : L’importance de la iatrogénie en gériatrie impose une recherche systématique de l’ensemble des médications prises, non seulement per os mais aussi par voies locales, est nécessaire. La multiplicité des intervenants médicaux, notamment spécialistes d’organe, l’automédication, la difficulté de mémorisation de son traitement peut compliquer la tâche. Evaluation socio-sanitaire : L’évaluation de la dépendance du sujet pour les actes de la vie quotidienne à l’aide des échelles de Katz et de Lawton fait partie de l’évaluation gériatrique. 2.3.2. Particularités de l’examen physique du sujet âgé Examen général : - le poids est systématiquement relevé - au cours des infections même graves, l’hyperthermie n’est pas obligatoire, et l’hypothermie n’est pas rare. Présentation et hygiène corporelle : peuvent être mauvaises devant des troubles cognitifs et/ou difficultés ostéo-articulaires ou déficit sensoriel Examen cutané : - Le pli cutané n’est pas synonyme de déshydratation, sauf s’il est localisé au sternum ou à la face interne des cuisses. - L’examen des points de pressions (notamment sacrum et talon) est systématique à la recherche d’escarres Examen ostéo-articulaire : recherche une accentuation de la cyphose dorsale avec hyperlordose cervicale, des troubles de l’appui plantaire, des limitations d’amplitudes articulaires, une amyotrophie. Examen pulmonaire : la présence de quelques râles crépitants liée au déplissement alvéolaire peut être normale Examen cardiovasculaire : - un souffle systolique en écharpe de faible intensité est fréquent et traduit des remaniements aortiques scléreux. - la palpation et l’auscultation de l’aorte abdominale recherchent un anévrisme. L’examen bucco-dentaire et des prothèses participe à l’évaluation nutritionnelle. L’évaluation de l’audition et de la vue fait partie de l’examen. La polypathologie et le vieillissement des organes rendent l’examen clinique du vieillard le plus souvent très riche. L’évaluation de la pertinence de ces signes et leur nécessaire hiérarchisation est une des difficultés du raisonnement gériatrique. 2.4. Raisonnement gériatrique La démarche médicale recherche classiquement une unicité en regroupant les signes en syndromes pour définir une maladie unique. En gériatrie, cet effort d’unicité demeure nécessaire, mais l’enquête diagnostique conclut le plus fréquemment à l’existence d’un état polypathologique. Le raisonnement médical traditionnel s’enrichit en gériatrie d’une approche fonctionnelle qui va permettre par l’évaluation gériatrique standardisée de proposer au patient une prise en charge multidisciplinaire. 3. Diagnostic gériatrique et diagnostic rentable Chez les personnes âgées, on doit adjoindre deux notions un peu différentes : diagnostic gériatrique et diagnostic rentable. Le diagnostic gériatrique porte sur l’établissement complet de la liste des problèmes du malade, sur l’identification des étiologies, sur les répercussions fonctionnelles actuelles et sur le pronostic de chacun des problèmes en termes d’espérance de vie et de devenir fonctionnel. Ainsi, chez un malade ayant une atteinte des fonctions intellectuelles, des troubles de la compréhension, une marche incertaine et des épisodes d’incontinence, il convient de vérifier : - s’il s’agit d’une démence ou d’une confusion et selon le cas de quelle étiologie, - si les troubles cognitifs expliquent à eux seuls les difficultés de compréhension ou s’il n’y a pas d’atteinte auditive, par exemple par deux bouchons de cérumen, - si la marche incertaine est liée à une atteinte neurologique, à une atteinte ostéo-articulaire, à une prise de sédatifs, … - si l’incontinence est fonctionnelle ou organique. En gériatrie, il n’y a pas de détail négligeable car le point de détail peut être le facteur de décompensation d’une homéostasie fragilisée. Le diagnostic rentable est celui dont la résolution sera efficace au prix d’un moyen radical, qu’il soit onéreux ou non. Ainsi, lors de troubles de la marche, il est plus rentable d’identifier un cor aux pieds que de réaliser un second scanner pour vérifier que la séquelle d’hémiplégie n’a pas une nouvelle étiologie. La découverte d’une coxarthrose est plus rentable que la confirmation d’une arthrose dorsolombaire. Lors de chutes, la mise en évidence d’une hypotension orthostatique iatrogène ou d’un bloc auriculo-ventriculaire est plus rentable que la constatation de l’évolution d’un Parkinson. La notion de diagnostic rentable incite le médecin à s’interroger, parmi la liste des étiologies possibles, à celles qui permettent une action efficace et parfois peu coûteuse. Il faut rester particulièrement vigilant quand une étiologie connue paraît tout expliquer. 4. Thérapeutique et personne âgée malade 4.1. Données pharmacologiques Certaines modifications du devenir du médicament liées au vieillissement ont une conséquence directe sur les règles de prescriptions chez la personne âgée. L’élimination rénale est l’étape la plus modifiée par l’âge et doit systématiquement être prise en compte dans la prescription de médicaments à excrétion rénale. La fixation des médicaments à l’albumine n’est pas modifiée mais la polymédication augmente le risque d’interaction entre médicaments se liant fortement aux protéines plasmatiques. 4.2. Polymédication La polymédication est justifiée par la polypathologie et par l’efficacité démontrée de nombreuses classes médicamenteuses en termes d’amélioration de la qualité de vie et/ou d’accroissement de la longévité. Cependant, il existe d’une part une surprescription de certains médicaments qui n’ont pas fait la preuve de leur efficacité, d’autre part une sous-prescription de médicaments dont l’efficacité est prouvée. Enfin, on décrit une «dysprescription» liée à un manque de rigueur dans la démarche diagnostique qui aboutit à la multiplication de traitements uniquement symptomatiques alors qu’un traitement étiologique efficace existe. 4.3. Iatrogénie Dix à 20% des hospitalisations chez les PA sont liées à un accident iatrogène. Les conséquences des accidents iatrogènes sont souvent graves chez des personnes âgées fragiles. La symptomatologie est souvent atypique ce qui implique devant tout événement clinique, la relecture des prescriptions à la recherche d’un effet secondaire médicamenteux. 5. Conclusion La prise en charge du patient âgé repose sur une démarche globale qui prend en compte les particularités séméiologiques et les risques de décompensation fonctionnelle. Elle assure une prévention des complications médicales et psychologiques ainsi que de la perte d’autonomie. Il s’agit d’une démarche positive qui exclut tout fatalisme souvent invoqué du seul fait de l’âge. CHUTES CHEZ LE SUJET AGE Objectifs 1. Définir la chute chez le sujet âgé 2. Citer les facteurs intrinsèques et extrinsèques précipitant la chute 3. Décrire les conséquences traumatiques psychomotrices et psychologiques de la chute 4. Décrire le traitement fonctionnel de réadaptation 5. Décrire la psychothérapie de soutien. Plan 1. Définition 2. Rappels physiologiques 2.1 Déterminants de la fonction d’équilibre et de marche 2.2 Modifications liées à l’âge 3. Démarche diagnostique après une chute 3.1 Facteurs de risque de chute 3.2 Facteurs précipitants 4. Les conséquences de la chute 4.1 conséquences traumatiques et psychomotrices 4.2 conséquences psychologiques 5. Traitement du sujet âgé après une chute 5.1 Traitement fonctionnel de réadaptation 5.2 Psychothérapie de soutien 1.Définition La chute chez le sujet agé est une perte involontaire de verticalité d’un sujet de plus de 65 ans qui se retrouve au sol. 2. Rappels physiologiques 2.1 Déterminants de la fonction d’équilibre et de marche La marche est une modalité particulière du mouvement nécessitant l'intégrité des voies motrices, cérébelleuses, vestibulaires et des afférences proprioceptives. Les voies motrices comprennent les systèmes pyramidal et extrapyramidal. Les voies cérébelleuses sont impliquées dans les réactions d'équilibre statique et dynamique. Les voies vestibulaires participent au tonus postural et à l'information sur la direction et la vitesse du mouvement. Les afférences proprioceptives informent de la position des articulations et des membres dans l'espace. Les afférences prenant leurs origines de la face plantaire sont particulièrement importantes pour la marche. Cette voie chemine par les cordons postérieurs de la moëlle. 2.2 Modifications liées à l’âge Les modifications apportées par le vieillissement n'ont pas été étudiées de façon systématique. Plusieurs arguments tendent à montrer que les réactions posturales se maintiennent efficacement au cours du vieillissement physiologique mais la vitesse des réactions et les capacités d'adaptation aux situations extrêmes sont moindres. 3. Démarche diagnostique après une chute 3.1 Facteurs de risque de chute Les facteurs de risque sont neurologiques, n e u ro m u s c u l a i res, ostéoarticulaires et visuels (tableau 1). Parmi les affections neurologiques, les atteintes vasculaires sont les plus fréquentes, que ce soit à l'étage cortical ou sous-cortical, ou au niveau du tronc cérébral. Les maladies dégénératives corticales (maladie d'Alzheimer) ou souscorticales représentent le deuxième grand groupe d'affections neurologiques. La majorité des atteintes neurologiques périphériques est associée à des modifications de la statique rachidienne, conséquences de l'arthrose et de l'ostéopénie. Les atteintes musculaires chez le sujet âgé doivent évoquer en priorité une étiologie endocrinienne, en particulier les hyperthyroïdies, de diagnostic rentable. Les présentations atypiques de myasthénie chez le sujet âgé imposent que cette maladie soit recherchée même en l'absence de signes buccofaciaux. Les atteintes ostéoarticulaires sont dominées par la limitation d'amplitude des articulations coxofémorales qui ne peuvent assurer leur fonction d'adaptation de l'équilibre en situation extrême. L'efficacité des traitements chirurgicaux (prothèse totale de hanche) réalisés avant l'apparition d'une amyotrophie en font un diagnostic prioritaire. Des travaux récents ont insisté sur l'importance de la limitation de la dorsiflexion de la cheville comme facteur prédictif de chute. Les pieds doivent faire l'objet d'une attention particulière et peuvent justifier un examen podologique spécialisé. A côté de la baisse de l'acuité visuelle, il convient de re c h e rcher des altérations périphériques du champ visuel qui favorisent souvent les chutes sur obstacle. Le syndrome dépressif par l'inhibition motrice et psychique qu'il entraîne et par la prescription de psychotropes qu'il impose est un facteur fréquent prédisposant aux chutes. De nombreuses affections peuvent réduire l'adaptation à l'effort et les mouvements c o m p e n s a t o i res d'adaptation posturale. Enfin, la dénutrition protéinoénergétique et son retentissement sur la force musculaire et sur les structures neurologiques périphériques et centrales favorise le risque de chute. 3.2 Facteurs précipitants Sont considérés comme tels tous les agents qui déclenchent la chute. Ces facteurs sont souvent multiples et associés entre eux. Ils peuvent être mineurs lorsque les facteurs de risque chroniques prédominent. Les facteurs précipitants intrinsèques : Tout événement pathologique peut favoriser la chute. L'ensemble des étiologies des malaises et pertes de connaissance doit être re c h e rché. Les causes card i a q u e s dominent, notamment les troubles du rythme supraventriculaires et toutes les affections pouvant occasionner un bas débit cérébral telles les troubles de conduction, l'infarctus du myocarde , l'embolie pulmonaire ou la sténose aortique serrée. Parmi les causes vascul a i res, l'hypotension orthostatique, impliquée dans 10 à 15 % des chutes, est de loin la plus fréquente. Elle est habituellement multifactorielle (hypovolémie, insuffisance veineuse des m e m b res inférieurs, dysfonctionnement du système nerveux autonome, désadaptation à l'effort et hypotension post-prandiale), mais les causes iatrogènes dominent. Les causes neurologiques sont dominées par les accidents vasculaires cérébraux. Les épisodes confusionnels exposent à un risque de chute par l'altération de la vigilance. Si la crise comitiale est souvent rapportée par l'entourage, les états de mal épileptiques peuvent être pauci-symptomatiques chez le sujet âgé. L'hématome sousdural justifie une tomodensitométrie cérébrale lorsque la chute est précédée de troubles du comportement d'apparition récente. Enfin, les causes métaboliques sont représentées par les hypo et les hyperkaliémies responsables de troubles paroxystiques du rythme cardiaque . Les hypoglycémies surtout iatrogènes peuvent aussi s'observer lors de cachexie. L'hypercalcémie s'exprime souvent au grand âge par ses manifestations neuro-psychiques, et doit faire rechercher une hyperparathyroïdie. Il existe des facteurs iatrogènes tels les dérivés nitrés, les antihypertenseurs, les antidépresseurs tricycliques. Les facteurs précipitants extrinsèques : Caractéristiques de la démarche gérontologique après une chute, les facteurs environnementaux imposent parfois une enquête «policière» auprès de l'entourage de la personne âgée (Habillement - Chaussures inadaptées - Vêtements trop longs Mobilier - Fauteuil, lit trop haut ou trop bas Obstacles au sol - Tapis, fils électriques - Carrelage ou revêtement de sol irrégulier ou décollé Conditions locales dangereuses ou inadaptées - Mauvais éclairage - Baignoire glissante - Sol humide ou glissant - Toilettes inadaptées). Le plus fréquemment mis en cause est le port de chaussures inadaptées, trop lâches, maintenant mal le pied, à semelle usée ou glissante. Les chaises bancales, les tapis mal fixés, les objets mal rangés ou traînant au sol, les animaux domestiques, le sol mouillé ou glissant ne sont que des exemples parmi les plus fréquents des facteurs environnementaux précipitant la chute de la personne âgée. 4. Conséquences de la chute 4.1 conséquences traumatiques et psychomotrices La plupart des chutes n'entraînent pas de traumatisme physique sérieux. En effet, 6 à 8 % seulement des chutes seraient responsables de fractures, dont 1 fois sur 3 de l'extrémité supérieure du fémur. Ainsi, la morbidité des chutes ne peut en aucun cas se résumer à leurs seules conséquences traumatiques. Les conséquences psychomotrices représentent les conséquences les plus fréquentes et les plus graves des chutes, conduisant, en l'absence de prise en charge rapide et adaptée à la dépendance lourde et à l'installation d'un état grabataire. En effet, la chute peut être à l'origine d'une sidération des automatismes acquis, entraînant une perte des réactions d'adaptation posturale, avec difficulté à se maintenir en orthostatisme. Ce tableau est appelé "syndrome post-chute". C'est une urgence gériatrique car, en l'absence de prise en charge adaptée, il évolue vers un syndrome de régression psychomotrice (des troubles de la statique en position assise avec rétropulsion et impossibilité de passage en antépulsion n une position debout non fonctionnelle, se caractérisant par une projection du tronc en arrière (rétropulsion), un appui podal postérieur et un soulèvement des orteils), en général des attitudes vicieuses inadaptées au déplacement. 4.2 conséquences psychologiques La composante psychologique, losqu'elle existe, se traduit par une anxiété majeure avec peur du vide antérieur qui gêne la marche et peut conduire à un refus de toute tentative de verticalisation. A côté de ce tableau dramatique de syndrome post-chute, les conséquences psychologiques peuvent être plus insidieuses mais avoir une réelle gravité. La chute est l'occasion pour le patient âgé de prendre conscience de la fragilité de son état ; le choc émotionnel qui en résulte entraîne une perte de confiance en soi, un sentiment d'insécurité et de dévalorisation, avec repli sur soi, démotivation et restriction des activités. La perte d'autonomie qui en résulte est volontiers aggravée par l'entourage qui, inquiet d'une nouvelle chute, a tendance à surprotéger la personne et refuse souvent le retour au domicile. Une négociation entre l'équipe médicale, la personne âgée et sa famille est indispensable afin de trouver un compromis entre la sécurité du patient et son désir de rester à domicile. 5. Traitement du sujet âgé après une chute 5.1 Traitement fonctionnel de réadaptation L'équipe soignante, le médecin et le kinésithérapeute doivent avoir une bonne connaissance de ce type de rééducation et de ses difficultés. Il convient de tenter une verticalisation quelles que soient les possibilités de participation du patient. Parfois, 2 à 3 personnes sont nécessaires dans la phase initiale de cette prise en charge. Il est indispensable d'effectuer ce geste thérapeutique dans un climat de confiance et de bienveillance. Cette réadaptation quotidienne permet des progrès chez la majorité des patients. L'initiation d'une marche (avec aide technique) ne sera possible le plus souvent qu'après 8 à 10 jours. Les douleurs articulaires, la désadaptation à l'effort, l'anxiété ne doivent pas constituer des obstacles, mais doivent être prises en compte dans l'élaboration du programme de rééducation. Les aides techniques à la marche doivent être proposées : port de chaussures à semelle large avec talon surélevé, canne anglaise, canne tripode ou déambulateur doivent être utilisées. 5.2 Psychothérapie de soutien La station prolongée au sol est un évènement de stress aigu qui réveille des peurs existentielles. La psychothérapie re j o i n t celle entreprise dans le cadre de la médecine de catastrophe. C'est-à-dire que les soignants chercheront à faire narrer cette aventure par le patient de nombreuses fois afin que l'expression verbale facilite l'inscription de ce traumatisme dans l'histoire psychique du patient. Ces entretiens peuvent être menés aussi bien par des infirmières que par tout soignant qui accepte de prendre un temps d'écoute. DEPRESSION CHEZ LE SUJET AGE Objectifs 1) Faire le diagnostic de la dépression mélancolique et savoir en assurer le traitement 2) Connaître les aspects évolutifs de la dépression 3) Décrire les facteurs prédictifs de la dépression chez le sujet âgé Plan Généralités Définition Fréquence FORMES CLINIQUES - Dépression mélancolique - Equivalents dépressifs - Dépressions et troubles du comportement - Les dépressions avec manifestations hystériformes - Les formes régressives - Le syndrome de Diogène - Dépression et troubles somatiques - Dépressions et anxiété - Dépression et troubles cognitifs TRAITEMENT GENERALITES 1.DEFINITION La dépression est une maladie psychosomatique due à un dérèglement de l’humeur chez le sujet âgé de plus de 65 ans. Elle est caractérisée par la tristesse, la perte d’intérêt ou de plaisir, des sentiments de culpabilité ou de faiblesse de soi, des troubles de sommeil ou de l’appétit, d’une sensation de fatigue et d’un manque de concentration. 2.INTERET : La prévalence diffère selon la définition de la dépression et la population considérée. Un tiers des sujets âgés pourraient avoir des symptômes dépressifs temporaires liés à des maladies physiques concomitantes ou des difficultés sociales. En médecine générale, 15 à 30 % des sujets âgés ont des symptômes dépressifs significatifs. En population générale, les auteurs notent 2 à 3 % d’épisodes dépressifs majeurs, 1,4 % de dépressions atypiques et 13 % de dysthymies. La prévalence de la dépression est de 40 % en institution, soit deux fois plus que chez les patients ambulatoires. FORMES CLINIQUES La dépression peut être de survenue brutale ou apparaître de façon insidieuse au décours d’événements qui peuvent paraître insignifiants pour l’observateur. Elle peut avoir un aspect typique d’épisode dépressif majeur selon les critères du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disordersfourthedition(DSM-IV) : tristesse pathologique avec douleur morale, ralentissement moteur et inhibition intellectuelle, sentiment d’inutilité ou de culpabilité, amaigrissement et troubles du sommeil, ruminations suicidaires. L’anxiété est souvent importante, parfois cause d’agitation. Par ailleurs, 60 % des patients âgés déprimés ont des plaintes somatiques. Descriptions cliniques : Dépressions mélancoliques. Elles s’accompagnent de prostration et de mutisme ou au contraire d’agitation et d’irascibilité, d’une perte de poids volontiers importante et d’une insomnie prédominant en fin de nuit. L’hospitalisation en urgence est souvent nécessaire du fait du retentissement somatique rapide et du risque suicidaire. Dépressions mélancoliques délirantes. S’accompagnent de signes confusionnels, d’hallucinations essentiellement auditives comportant des propos obscènes ou à thème de persécution, d’idées délirantes de culpabilité, d’incurabilité, de ruine, de dévalorisation. Il peut s’agir d’un délire de préjudice fondé sur des thèmes d’héritage convoité, d’ingratitude, de négligence volontaire de la part de l’entourage qui est accusé de malveillance. Le syndrome de Cotard associe un sentiment de damnation, un délire de négation d’organes, un sentiment de nihilisme, un sentiment d’immortalité. Équivalents dépressifs. Les signes de la dépression sont souvent atypiques chez la personne âgée. En particulier, la tristesse de l’humeur est facile à diagnostiquer quand elle est majeure, elle est plus difficile à mettre en évidence quand elle est mineure. Elle peut être remplacée par une indifférence affective, une impression de vacuité affective et corporelle. Par ailleurs, différentes manifestations pathologiques peuvent masquer le trouble de l’humeur. Le ralentissement peut se manifester sous la forme d’une fatigue. Dépressions et troubles du comportement. Dans les dépressions hostiles, l’irritabilité, les manifestations agressives et les troubles caractériels sont au premier plan et constituent un mécanisme de protection vis-à-vis de l’auto agression et de l’auto dévalorisation. Elles seraient fréquentes au cours de la maladie d’Alzheimer. Les dépressions avec manifestations hystériformes sont caractérisées par une manipulation, une dépendance, une revendication vis-à-vis de l’entourage. Les formes régressives se manifestent par un désinvestissement global. Elles peuvent survenir à l’occasion d’une modification des relations avec l’entourage ou d’une affection somatique. Les signes cliniques de dépression sont alors dominés par la régression affective et la dépendance aux autres. Puis les comportements vitaux ne sont plus assumés : refus de s’alimenter, incontinence, mutisme évoluant de façon rapide (syndrome de glissement). La grabatisation, l’anorexie, l’impotence, les désordres hydroélectrolytiques font de ce tableau une urgence dont l’évolution peut être irréversible. Le syndrome de Diogène, qui est un renoncement aux soins corporels et à l’entretien de la maison où s’entassent de multiples détritus au cours du temps, peut également accompagner certaines dépressions. Dépression et troubles somatiques. Dans ces formes dépressives, la symptomatologie dépressive est au second plan derrière des manifestations somatiques et des plaintes diverses. Il peut s’agir de cénesthopathies ou de préoccupations hypocondriaques. Les phénomènes douloureux sont des céphalées, des glossodynies, des douleurs de la sphère digestive, des douleurs poly articulaires. D’autres symptômes sont fréquents tels qu’une constipation, des troubles de l’équilibre, un état de fatigue, un amaigrissement. Néanmoins, il ne faut pas méconnaître une éventuelle affection organique associée au trouble psychiatrique. Dépressions et anxiété. La dépression peut être masquée par une anxiété conduisant à la prescription d’anxiolytiques seuls. Le sujet peut se plaindre d’une appréhension, d’angoisses inexpliquées, d’une peur de sortir et d’une dépendance croissante à l’entourage. La comorbidité anxiété-dépression est fréquente. Dépressions et troubles cognitifs. Vingt pour cent des dépressions du sujet âgé s’accompagnent de troubles cognitifs. Lorsque les troubles des fonctions intellectuelles sont importants, le problème est de savoir si la dépression est seule en cause ou si la dépression et la démence coexistent. En effet, il existe des similitudes entre démence et dépression au niveau comportemental (apragmatisme, ralentissement psychomoteur), cognitif (difficultés de concentration, troubles de mémoire) et affectif (troubles émotionnels, désinvestissement des activités habituelles, perte des intérêts) qui rendent difficile le diagnostic différentiel entre les deux maladies. diagnostic. Dans les formes atypiques, la présence de certains arguments cliniques tels que l’existence d’antécédents personnels ou familiaux de dépression ou la notion d’un événement déclenchant peut aider au diagnostic de dépression. Par ailleurs, il faut rechercher des signes évocateurs de dépression tels qu’un changement récent du comportement, des signes physiques comme une amélioration vespérale des troubles, une anorexie, des réveils matinaux précoces ou des signes psychologiques tels qu’une idéation suicidaire, une anxiété importante, un pessimisme vis-à-vis de l’avenir qui augmente. Les examens complémentaires sont parfois nécessaires, en particulier pour éliminer une affection organique. L’utilisation des différentes échelles de dépression a deux limites dans cette population. D’une part, la personne âgée a tendance à sous-estimer ses troubles dépressifs, ce qui rend difficile l’utilisation d’échelles d’autoévaluation, d’autre part, les échelles utilisées chez le sujet jeune, qu’il s’agisse d’instruments d’hétéro-évaluation comme l’échelle de dépression de Hamilton (Hamilton Depression Rating Scale), l’échelle de Montgomery et Asberg (Montgomery and AsbergDepression Rating Scale) ou d’instruments d’autoévaluation comme l’échelle de Beck (Beck Depression Inventory), accordent une valeur trop importante à certains items somatiques tels que des modifications de l’appétit ou du sommeil qui existent chez la personne âgée en dehors de toute pathologie. Différentes échelles ont été élaborées spécifiquement pour le sujet âgé déprimé. En particulier, le questionnaire de Yesavage et Brink (The GeriatricDepressionScale)comporte des items permettant d’apprécier la baisse de l’efficience cognitive ; les items portant sur les troubles de la libido sont supprimés et ceux portant sur les troubles somatiques ont un « poids » moindre que dans les échelles de dépression de l’adulte jeune. En Afrique, on rencontre plus souvent la dépression masquée qui s’exprime essentiellement par des plaintes somatiques variées soustendus par un discours persécutif (ancêtres, entourage, Dieu, génies). FACTEURS DE RISQUE DE DEPRESSION les principaux facteurs de risque de dépression chez le sujet âgé qui sont : Antécédents de dépression, deuil, troubles du sommeil, perte d’autonomie. Dans la dépression de la personne âgée, il est probable qu’interviennent à la fois des facteurs psychologiques (perte d’objet causant une dépression narcissique) et des facteurs somatiques. Certains auteurs ont différencié les dépressions à début précoce (< 65 ans), au cours desquelles l’histoire psychiatrique familiale et les troubles de la personnalité jouent un rôle important, des dépressions à début tardif (> 65 ans) dans lesquelles les facteurs neurobiologiques seraient dominants. Ces dernières sont caractérisées par la présence de troubles cognitifs, d’une atrophie cérébrale et de modifications de la substance blanche mises en évidence par les techniques d’imagerie cérébrale et par la survenue de récurrences et d’affections somatiques associées. Par ailleurs, la fréquence de l’allèle epsilon 4 de l’apolipoprotéine E est proche de celle des patients souffrant de maladie d’Alzheimer (MA) tandis que la fréquence de cet allèle dans la population de sujets à dépression à début précoce n’est pas différente de la population générale. On pourrait ainsi penser que les sujets souffrant de dépressions à début tardif pourraient avoir un risque accru de maladie d’Alzheimer. Par ailleurs, la dépression est fréquente dans les différentes manifestations de la maladie cérébrovasculaire qu’il s’agisse d’accidents vasculaires cérébraux, de démences vasculaires ou de manifestations infracliniques comme la rigidité artérielle. Les dépressions vasculaires sont caractérisées par des facteurs de risque cardiovasculaire, de petits signes neurologiques et des modifications cérébrales visibles en imagerie témoignant de lésions cérébrovasculaires. La dépression peut être secondaire à une maladie de Parkinson, une démence telle qu’une maladie d’Alzheimer ou à une démence à corps de Lewy. Elle peut également être associée à une affection endocrinienne (hypothyroïdie) ; la dépression peut être liée à une affection psychiatrique ou à la prisede médicaments dépressogènes (neuroleptiques, corticoïdes, digitaliques, LDopa). Inversement, la dépression peut constituer un facteur de vulnérabilité à différentes affections somatiques. EVOLUTION. La dépression du sujet âgé est sévère du fait du risque suicidaire dans la phase aiguë de la maladie et du risque de désinsertion familiale et sociale à plus long terme. Des auteurs (Cole et al.) ont montré que la dépression du sujet âgé avait un pronostic défavorable, qu’elle était associée à une évolution chronique, à des rechutes et qu’elle était insuffisamment traitée. Suicide : Le taux de suicides chez les personnes âgées est le double de celui de la population générale. Les plaintes alléguées ne sont pas des idées suicidaires mais un état de fatigue ou une anxiété. Le suicide prédomine chez les individus de sexe masculin. Être veuf ou divorcé, vivre seul, avoir un soutien social faible, souffrir d’une maladie somatique et/ou psychiatrique sont des conditions qui augmentent le risque de suicide. Quel que soit l’âge, les troubles psychiatriques sont un facteur de risque de suicide, mais le poids représenté par la dépression augmente au fur et à mesure de l’avancée Le risque suicidaire doit donc toujours être évalué. Les tableaux sont soit d’évolution insidieuse, monotone, marqués par une somatisation, des troubles affectifs mineurs, une dépendance aux psychotropes, soit d’évolution sévère avec un retrait social. Un certain nombre de facteurs contribuent à ces évolutions défavorables. D’une part l’efficacité des antidépresseurs chez la personne âgée est inférieure à celle observée chez le sujet jeune, d’autre part le manque d’alliance thérapeutique joue certainement un rôle important puisque 70 % des patients ne suivent pas de façon correcte leur prescription. TRAITEMENT L’hospitalisation est indiquée en cas de risque de suicide, dans les formes mélancoliques et délirantes de dépression, en cas d’anorexie. La majorité des antidépresseurs est aussi efficace chez le sujet âgé que chez le sujet jeune. La comorbidité médicale entraîne probablement une vulnérabilité croissante aux effets indésirables. Cependant, les bénéfices du traitement chez la personne âgée l’emportent sur les risques de l’absence de traitement ou d’un traitement inadéquat. La durée du traitement est liée à la prévention des récurrences. Les recommandations varient selon les auteurs de 4 mois asymptomatiques avant de rentrer dans une phase prophylactique, à un traitement antidépresseur de longue durée (2 ans et plus). L’expérience suggère que le traitement doit être maintenu 6 mois après la rémission d’un premier épisode dépressif et 12 mois ou plus après le second. En ce qui concerne les antidépresseurs, il n’existe pas de critères cliniques permettant de prédire l’efficacité d’une molécule donnée chez un patient âgé. En revanche, la nécessité de réduire les effets secondaires au minimum guide la prescription chez la personne âgée. Ainsi, bien que l’efficacité thérapeutique des antidépresseurs tricycliques soit incontestable, en première intention, ils sont souvent délaissés au profit des antidépresseurs récents mieux tolérés (plus accessibles en pays riches). Les inhibiteurs de recapture de la sérotonine ont la même efficacité que les tricycliques avec une meilleure tolérance et moins d’interactions médicamenteuses. Selon que l’inhibition psychomotrice ou l’anxiété domine le tableau clinique, on prescrit respectivement un antidépresseur psychotonique (fluoxétine), sédatif (paroxétine, fluvoxamine) ou intermédiaire (citalopram, sertraline). Il n’y a pas lieu de prescrire un anxiolytique ou un somnifère en première intention. La miansérine et la mirtazapine sont indiquées dans les dépressions anxieuses. La venlafaxine et leminalcipram sont également intéressants en cas de dépressions anxieuses. La tianeptine est utilisée dans les dépressions anxieuses ou s’accompagnant de troubles somatiques. Les IMAO sont par contre à utiliser avec précaution (toloxatone, moclobémide) et la viloxazine À court terme, les antidépresseurs n’ont pas seulement un effet bénéfique sur les troubles thymiques mais également sur les manifestations cognitives. Les patients souffrant d’une dépression délirante bénéficient de l’association d’antidépresseur et de neuroleptique. Il faut maintenir le traitement pendant 4, voire6 semaines avant de décider d’un changement de traitement. En cas de non-réponse, plutôt que d’associer un second antidépresseur comme chez l’adulte jeune, il est préférable de prescrire une molécule d’une autre classe. Actuellement, les auteurs recommandent de poursuivre le traitement d’entretien pendant12 mois. Différents auteurs conseillent de poursuivre le traitement aux mêmes doses pendant une durée supplémentaire de 1 à5 ans ou d’instaurer un traitement par thymorégulateur. CONCLUSION La dépression est l’affection la plus fréquente du sujet âgé. Elle peut évoluer seule ou s’associer à des pathologies somatiques et/psychiatriques. Le diagnostic fait appel à des symptômes cardinaux tels que la tristesse, l’autodépréciation, le sentiment d’indignité et d’échec, le désintérêt, le ralentissement psychomoteur et l’insomnie. Chez le sujet âgé, ces symptômes s’expriment très souvent sous forme de plaintes somatiques diffuses, notamment chez les africains, rendant le diagnostic difficile. Le risque de suicide est très élevé, en particulier chez les sujets isolés ou atteints de maladies chroniques graves et invalidantes. La prise en charge fait appel aux antidépresseurs, complétée par la psychothérapie et la sociothérapie REFERENCES Les troubles psychiatriques du sujet âgé http://michel.caveylemoine.net/spip.php?article66 AS Rigaud, C. Bayle, F. Latour, H. Lenoir, Troubles psychiques des personnes âgées, EMC-Psychiatrie 2005, 2, 4 : 259-281. JP Clément : Psychiatrie de la personne âgée, Médecine Sciences Publications, Janvier 2010 http://e.lavoisier.fr/produit/23314/9782257225467/Psychiatriedelaper sonneagee DEMENCES CHEZ LE SUJET AGE Objectifs 1.Définir le syndrome démentiel 2. Décrire les critères diagnostiques de la maladie d’Alhzeimer selon le DSM V 3.Citer deux causes de la démence vasculaires 4. Décrire la prise en charge thérapeutique des démences PLAN 1.Définition 2.Formes cliniques 3.Traitement DÉFINITION : Le syndrome démentiel se définit comme étant une détérioration globale des fonctions cognitives chez une personne ayant un état de conscience normal. La survenue et l'évolution sont progressives. Les troubles sont irréversibles. Un syndrome démentiel correspond à la période d'état de pathologies multiples ayant des évolutions précliniques de durées inconnues. FORMES CLINIQUES La Maladie d'Alzheimer La maladie d'Alzheimer (MA) représente 60 % des causes de démence en Europe. Elle a été décrite sur le plan clinique et histologique par Aloïs Alzheimer en 1906. Elle est caractérisée par une perte neuronale prédominant dans le cortex temporal et l'hippocampe, des dégénére s c e n c e s neurofibrillaires et des plaques séniles en grand nombre. Les unes sont principalement formées de protéines tau anormalement phoshorylées et les autres de la protéine amyloïde insoluble. L'acétylcholine est le neuromédiateur le plus diminué dans la MA. Les médicaments récents disponibles visent à maintenir le taux d'acétylcholine résiduel en inhibant l'enzyme de dégradation, l'acétylcho- linestérase. A l'inverse les médicaments ayant un effet anticholinergique, aggravent ou révèlent sous la forme d'un état confusionnel, la symptomatologie de la MA. n Les facteurs de risque Les mécanismes intimes de la MA sont encore inconnus. Parmi les facteurs de risque, le plus important est l’âge. Le second facteur est l’existence d’antécédents familiaux de la maladie. Deux mécanismes participent à la plus grande fréquence de la maladie d’Alzheimer dans certains familles : d’une part l’existence de mutations portant sur le gène de la préséniline 1, de la préséniline 2 et d’autre part des mutations sur le gène de l’APP (amyloid pro - tein precursor). La présence du génotype 4 de l'apolipoprotéine E est un facteur de risque puissant au niveau d’une population mais il ne peut être considéré comme un argument diagnostique individuel. Les facteurs biographiques et environnementaux existent aussi. D’autres facteurs de risque ont été décrits tels qu’un faible niveau socioculturel, des antécédents psychiatriques en particulier dépressifs, un traumatisme crânien, l’aluminium. A l’inverse, certains facteurs protecteurs sont suggérés tels qu’un traitement par anti-inflammatoires non stéroidiens , par antioxydants, par oestrogènes. Par ailleurs, une consommation modérée de vin a été associée à une plus faible incidence de la MA dans l’étude Paquid. Les personnes inquiètes et les familles sont à l'affût de ces informations publiées par les médias. Le médecin doit en faire la lecture critique et donner les commentaires adaptés. Démarche diagnostique la maladie d'Alzheimer est caractérisée par l'installation de troubles intellectuels portant sur la mémoire, les fonctions exécutives, le langage, la cognition, les praxies. Différents signes doivent alerter l’attention du médecin et permettre de suspecter une maladie d’Alzheimer. Les manifestations les plus précoces et les plus fréquentes sont des troubles de mémoire portant sur les faits récents (détails de la vie quotidienne, emplacement d’objets, nom de personnes peu familières), puis les faits anciens (personnages connus, dates historiques, dates d’anniversaires des enfants, du mariage, de naissance) et des modifications du comportement (perte d’initiative, apathie, symptômes dépressifs) qui s’accompagnent d’un retentissement sur les activités de vie quotidienne. Au fur et à mesure, s'ajoutent : • une désorientation temporo - spatiale, le premier signe qui doit faire penser à la maladie d’Alzheimer est la désorientation dans le temps. Elle se traduit par une difficulté à retenir la date du jour. La désorientation dans l’espace est habituellement plus tardive mais aussi plus spécifique. Elle se traduit au début par des difficultés à fixer le nom des lieux où se trouve le patient lorsqu’ils lui sont inhabituels. A un stade plus avancé, l’interrogatoire de l’entourage peut révéler des difficultés à s’orienter dans un lieu non familier au patient (par exemple, dans une grande surface, ou lors d’un trajet en voiture inhabituel). • des troubles des fonctions exécutives font appel à la capacité du patient à organiser et réaliser une tâche cognitive plus ou moins complexe nécessitant un plan de travail. Dans la vie quotidienne, ces troubles exécutifs se traduisent par exemple par des difficultés à remplir correctement sa déclaration d’impôts ou bien à planifier un trajet nécessitant plusieurs correspondances à partir d’un plan du métro. • des troubles du langage caractérisés au début par l’oubli des mots ou aphasie amnésique. • des troubles praxiques (difficultés d’utilisation d’appareils ménagers). • des troubles gnosiques marqués initialement par des difficultés à reconnaître des symboles abstraits tels que des logos ou des panneaux routiers, puis des personnes ou des objets peu familiers. Il n'y a pas d'atteinte de la vigilance et de la motricité. Il peut exister des troubles affectifs ou du comportement associés à la démence : troubles de l'humeur sous la forme d'un changement de caractère, d'épisodes d'agressivité ou de dépression, de jalousie, d'idées de persécution, de passivité. Les hallucinations sont rares. L'évaluation des fonctions mentales se fait dans un premier temps en recueillant les éléments évoqués ci-dessus. Habituellement le malade se plaint moins que son entourage, ce qui témoigne d'une anosognosie. Le diagnostic repose essentiellement sur la reconstitution de l'apparition des troubles, par l'interrogatoire du malade et des proches. L’evaluation standardisée Une première évaluation standardisée globale des fonctions cognitives peut être faite par le test de Folstein ou Mini Mental State Examination (MMSE) dont la passation dure une dizaine de minutes. C'est un test de dépistage accessible à tout praticien. Le score de 24/30 constitue le seuil devant faire suspecter une atteinte déficitaire. L'interprétation du score au MMSE doit être prudente. En effet, un haut niveau d'éducation, permet de maintenir un score supérieur au seuil tout en ayant une atteinte pathologique évidente. A l'inverse, un faible niveau intellectuel, désavantage certaines personnes et crée de faux positifs. Critères de définition de la maladie d'Alzheimer selon le DSM IV A. Apparition de déficits cognitifs multiples comme en témoigne à la fois : 1. une altération de la mémoire (altération de la capacité à apprendre des informations nouvelles ou à se rappeler les informations apprises antérieurement) 2. une ou plusieurs des perturbations cognitives suivantes : a) aphasie (perturbation du langage) b) apraxie (altération de la capacité à réaliser une activité malgré des fonctions motrices intactes) c) agnosie (impossibilité de reconnaître des objets malgré des fonctions sensorielles intactes) d) perturbations des fonctions exécutives (faire des projets, organiser dans le temps, avoir des pensées abstraites) B. Les déficits cognitifs de critères A1 et A2 sont tous les deux à l'origine d'une altération significative du fonctionnement social ou professionnel et représentent un déclin significatif par rapport au niveau de fonctionnement antérieur. C. L'évolution est caractérisée par un début progressif et un déclin cognitif continu. D. Les déficits cognitifs des critères A1 et A2 ne sont pas dus : 1. à d'autres affections du système nerveux central qui peuvent entraîner des déficits progressifs de la mémoire et du fonctionnement cognitif (maladie cérébrovasculaire, maladie de Parkinson, maladie de Huntington, hématome sous-dural, hydrocéphalie à pression normale, tumeur cérébrale) ; 2. à des affections générales pouvant entraîner une démence (par exemple hypothyroïdie, carence en vitamine B12 ou en folates, pellagre, hypercalcémie, neurosyphilis, infection par le HIV) ; 3. à des affections induites par une substance ; 4. les déficits ne surviennent pas de façon exclusive au cours de l'évolution d'un delirium ; 5. les troubles ne sont pas expliqués par une affection psychiatrique (dépression majeure, schizophrénie). Les autres causes de démence Les maladies neurologiques dégénératives et les destructions cérébrales d'origine vasculaires ou traumatiques sont les étiologies des syndromes démentiels La démence frontotemporale (DFT), estimée à 10 % des cas, est une démence corticale proche de la maladie d'Alzheimer. La maladie de Pick fait partie des DFT. Elle est rare après 70 ans. Les troubles mnésiques sont au second plan. Des troubles de l'humeur, du c a r a c t è re et du comportement sont prédominants et souvent révélateurs. Les démences sous-corticales et cortico-sous-corticales : On y trouve des signes psychiatriques fréquents et souvent initiateurs : troubles de l'humeur et de l'affectivité, troubles psychotiques (hallucinations, idées de persécution....) La répercussion sur le comportement social est précoce. Il existe un ralentissement des temps de réaction contrairement à la MA où les patients gardent une répartie rapide. La mémoire est touchée du fait de la bradyphrénie. Le souvenir est amélioré par l'indiçage : il s'agit plus d'une difficulté de restitution des informations que d'une difficulté d'encodage. Les étiologies sont : • Démence à corps de Lewy (DCL) qui se caractérise par un syndrome parkinsonien, des hallucinations visuelles, des épisodes délirants et une mauvaise tolérance aux neuroleptiques. • Démence au cours d’une maladie de Parkinson. • Démence de la paralysie supranucléaire progressive Les démences vasculaires ou traumatiques font suite à des accidents cérébraux (ischémiques, lacunaires ou hémorragique) dont il existe des signes cliniques neurologiques. Elles sont souvent mixtes c'est à dire associées à une maladie dégénérative sous-jacente dont elles enrichissent la symptomatologie. TRAITEMENT Prise en charge des troubles cognitifs de la maladie d’Alhzeimer (MA) Les traitements médicamenteux actuels de la MA sont essentiellement substitutifs. Il s’agit d’anticholinestérases, inhibant l'enzyme de dégradation de l'acétylcholine et permettant par cet effet de soutenir le taux d'acétylcholine déficitaire. Trois molécules sont disponibles : la tacrine (Cognex), le donépézil (Aricept) et la rivastigmine (Exelon). Prise en charge des troubles du comportement Les troubles du comportement sont inévitables. Ils sont de deux origines : soit endogènes, faisant suite à une production délirante ou hallucinatoire par exemple, soit exogènes c'est à dire réactionnels à ce que le malade perçoit de sa situation et de son environnement. Les deux mécanismes peuvent s'associer. Il est important, devant un trouble du comportement, de savoir analyser le mécanisme en cause. S'il s'agit d'un t rouble apparemment sans délire ni hallucination, que s'est-il passé ? Une reconstitution des circonstances et des paroles et attitudes des protagonistes, apporte souvent une explication vraisemblable à la réaction du malade. Si l'entourage apprend ainsi, par les expériences successives, à mieux connaître les réactions du malade et si le médecin explique et fait comprendre, la prise en charge sera de plus en plus adaptée et compréhensive. A l'inverse, la prescription automatique de psychotropes, sédate le malade et ne règle pas ses difficultés quotidiennes. C'est à dire que l'entourage doit apprendre à connaître et à comprendre les réactions du malade. Il peut s’agir de manifestations apparues à l’occasion d’une maladie intercurrente dont le traitement permettra d’obtenir la régression des troubles comportementaux. Prise en charge sociale et familiale L'entourage a une importance essentielle dans le projet thérapeutique du malade. La démence entraîne une dépendance rapidement importante. Toutes les activités sociales et domestiques sont compromises : gestion, achats, utilisation des moyens de transport, ménage, cuisine. Les activités de soin personnel sont également touchées : prise des médicaments, capacité à communiquer, à sortir seul de chez soi en sécurité, à faire sa toilette et à s'habiller. Seule la locomotion est longtemps préservée et c'est ce qui cause parfois le plus de difficultés. Le malade ne sait plus accomplir un certain nombre de tâches. Par contre, il fait parfois des "bêtises : déplacer des objets, ouvrir des robinets, cacher de l'argent, jeter un courrier important.... L'entourage doit donc compenser les manques et surveiller ou réparer les actes aberrants. DENUTRITION DU SUJET AGE Objectifs pédagogiques 1. Définir la dénutrition du sujet âgé 2. Décrire les 2 mécanismes de la dénutrition chez le sujet âgé 3. Enumérer les facteurs prédisposant à la dénutrition 4. Citer 4 signes non spécifiques de la dénutrition 5. Citer 2 outils de dépistage de la dénutrition 6. Citer 5 moyens de prise en charge de la dénutrition Plan Introduction 1. Besoins nutritionnels du sujet âgé 2. Mécanismes de la dénutrition 3. Dépistage de la dénutrition 4. Prise en charge de la dénutrition Conclusion Introduction La dénutrition est définie comme un changement mesurable des fonctions et/ou de la composition corporelle induit par un déficit en énergie, en protéines ou en tout micro ou macronutriment. Elle concerne 3 à 4% des sujets de plus de 75 ans à domicile, 20 à 40% des sujets dépendants en institution et 50 à 60% des malades âgés hospitalisés en court séjour. Elle augmente morbi-mortalité en favorisant l’immunodépression, les infections, la sarcopénie, les chutes, le défaut de cicatrisation er d’escarres, accroit la durée d’hospitalisation et le cout des soins. 1. Besoins nutritionnels 1.1. Apports caloriques En moyenne, les besoins énergétiques sont de l’ordre de 30 kcal/kg/jour chez le sujet âgé sédentaire et de 36 kcal/kg/jour chez le sujet âgé actif. 1.2. Apports en glucides Les glucides, source d'énergie la plus rapidement utilisable par l'organisme, indispensables au fonctionnement des muscles et du cerveau, doivent représenter environ 50-55% de l’apport énergétique total. Les apports glucidiques quotidiens doivent provenir en majorité des glucides complexes, les sucres « purs » ayant pour intérêt d'ajouter le plaisir et la convivialité. 1.3. Apports en lipides Les lipides sont indispensables pour l’apport en acides gras essentiels et en vitamines liposolubles mais aussi pour la texture et l’arôme qu’ils donnent aux aliments. Quantitativement, l’apport doit être normal soit 35 % de l'apport énergétique total. Pour couvrir ces besoins en acides gras, les sources de lipides doivent être variées et n’exclure aucun aliment. 1.4. Apports en protéines A la différence des glucides et des lipides dont l'organisme possède des réserves mobilisables (respectivement glycogène et tissu adipeux), une diminution des apports exogènes en protéines ne peut être compensée qu'au détriment des tissus musculaires. Le sujet âgé en bonne santé a besoin, comme l'adulte jeune, d'un apport de 1 g/kg de poids par jour (12% de la ration énergétique). Les protéines animales contiennent tous les acides aminés indispensables ; de plus leur composition en acides aminés est mieux équilibrée. Les aliments apportant des protéines végétales sont tout aussi nécessaires car ils contiennent des nutriments indispensables comme l'amidon, les minéraux, les vitamines et les fibres. 1.5. Apports en fibres Elles ont un rôle régulateur de la motricité digestive, des fonctions de digestion et d'absorption. Une alimentation optimale devrait apporter au sujet âgé environ 20 à 25 g/j de fibres alimentaires de source variée (fruits, légumes, céréales complètes). 1.6. Apports en vitamines Les personnes âgées constituent un groupe à haut risque de déficience vitaminique. Les déficits les plus fréquents concernent les vitamines C, D, E, et celles du groupe B, en particulier chez les sujets âgés institutionnalisés et ceux confinés à leur domicile. Les besoins quotidiens en vitamine C sont de 100 à 120 mg chez le sujet âgé et ceux en vitamine D3 de 800 à 1200 UI. Un déficit en vitamines B6, B9 et B12 peut être à l’origine d’une augmentation du taux sanguin d’homocystéine, issue de la dégradation de la méthionine. L’homocystéine, acide aminé soufré, est particulièrement toxique pour la paroi vasculaire. D’autres troubles peuvent être liés aux carences vitaminiques : - Carence en vitamines B1, B3, B6, B9, B12, C : Troubles du comportement et de l’humeur (anorexie, troubles mnésiques, syndromes dépressifs, voire états démentiels) - Carence en vitamines B9, B12 : Anémie macrocytaire - Carence en vitamines B6, B9, C, D, E : Déficits immunitaires - Carence en vitamine D : Hyperparathyroïdie secondaire, ostéomalacie et fractures 1.7. Les minéraux et les oligoéléments Les besoins en micronutriments sont couverts si les apports énergétiques totaux sont supérieurs à 1 600 kcal/j. Les apports alimentaires en calcium recommandés sont de 1200 mg/j. L’absorption est par ailleurs modulée par la vitamine D. Les besoins en fer (10 mg/j) sont en général couverts par les apports alimentaires. Les supplémentations systématiques sont inutiles d’autant plus qu’un excès en fer pourrait avoir un effet délétère du fait de ses propriétés oxydantes. L’anémie des personnes âgées est plus souvent due à un syndrome inflammatoire ou à une spoliation sanguine qu'à une carence d'apport. On veillera chez la personne âgée au maintien de la consommation de viande qui apporte le fer héminique mieux absorbé que le fer non-héminique d’origine végétale. Le zinc est un cofacteur indispensable de nombreux enzymes: une carence peut être suspectée devant une agueusie, une anosmie avec anorexie et une plus grande susceptibilité aux infections. Les besoins sont de 15 mg/jour. 1.8. Apports en eau Les apports conseillés en eau sont plus élevés chez le sujet âgé. Il est nécessaire d’obtenir 1,5 à 2 litres d’apport hydrique par jour, dont 1200 ml au moins sous formes de boissons. 2. Mécanismes de la dénutrition Le vieillissement n'est pas responsable à lui seul de la dénutrition ; mais, avec l'âge, les causes d'une diminution des apports alimentaires deviennent de plus en plus nombreuses. Ainsi l'apparition d'une dénutrition est favorisée par les modifications liées à l'âge, par les insuffisances d'apports et la dénutrition endogène. 2.1. Insuffisance d’apports Elle résulte de l'association d'incapacités physiques et de causes psychologiques : - Diminution des capacités masticatoires, troubles de la déglutition, déficits moteurs, perte d'autonomie, etc. - Isolement social, erreurs diététiques et thérapeutiques: (régimes, consommation abondante de médicaments, abus d'alcool, etc), dépression (sensation d'inutilité, isolement, veuvage, difficulté à accepter les incapacités, etc.). 2.2. Situations d'hypercatabolisme Tous les états inflammatoires aigus ou chroniques (infections, cancers, etc.), les défaillances d'organe (insuffisance cardiaque ou respiratoire), l'hyperthyroïdie, augmentent les dépenses énergétiques. L’intensité et la durée de l'hypercatabolisme dépendent de l'étendue des lésions, de la rapidité de guérison et de la vitesse de cicatrisation. La production de cytokines inflammatoires est à l’origine, de modifications métaboliques ayant pour but l’apport aux cellules inflammatoires des nutriments dont elles ont besoin: acides aminés, acides gras, glucose et calcium. Les cytokines ont, en outre, un effet anorexigène propre. 2.3. Conséquences de la dénutrition Multiples et variées, elles peuvent aboutir au décès en l'absence de prise en charge précoce. - Altération de l'état général: la dénutrition s'accompagne d'un amaigrissement, d'une asthénie et d'une anorexie qui ne font qu'aggraver le cercle vicieux hypercatabolisme - dénutrition – hypercatabolisme. On parle de spirale de la dénutrition. - Epuisement des réserves de l'organisme: tout accident aigu, qu'il s'agisse d'une infection, d'une destruction tissulaire (infarctus, accident vasculaire cérébral) ou d'une cicatrisation (fractures, escarres), aboutit à la surconsommation de nutriments. En l'absence d'augmentation des apports alimentaires, les nutriments sont prélevés sur les réserves de l'organisme. Or une personne âgée ne reconstitue jamais totalement ses réserves après un épisode aigu - Déficience immunitaire : plus spécifique de la dénutrition protéino-énergétique, elle se traduit par une lymphopénie et concerne aussi bien l'immunité à médiation cellulaire, l'immunité humorale et l'immunité non spécifique. - Toxicité médicamenteuse: le risque de toxicité des médicaments à marge thérapeutique étroite (antivitamines K, digitaliques) est particulièrement accru du fait de la baisse du taux d'albumine plasmatique qui a pour conséquence une augmentation de la forme libre et active du médicament. 3. Dépistage de la dénutrition L’évaluation de l'état nutritionnel fait partie de l'examen clinique du sujet âgé. Elle se base sur l'appréciation de marqueurs clinique simples : poids et évaluation des prises alimentaires. Signes d’alerte non spécifiques - Asthénie - Défaut de mémorisation et de concentration - diminution des capacités physiques (faiblesse musculaire) - Désintérêt pour les activités courantes - Perte des fonctions sexuelles (homme), aménorrhée secondaire (femme) - Œdèmes des membres inférieurs ou des lombes (alitement) - Altération des phanères : cheveux secs et cassants, ongles striés et cassants - Peau sèche, hyper pigmentée et desquamant - Hypertrichose lanugineuse du dos (dénutrition sévère par carence d'apport) - Pétéchies, acrosyndrome, allongement du temps de recoloration cutanée - Muqueuses : glossite, stomatite, œsophagite - Hypotension artérielle (notamment orthostatique), bradycardie - Troubles digestifs (constipation) Diminution de la prise alimentaire - Risque de dénutrition si apports < 1500 kcal (ou moins des 2/3 du repas consommes) - Perte de poids récente 5% en 1 mois ou 10% en 6 mois - IMC < 21 kg/m2 Outils de dépistage - Poids : mise en évidence d’une perte de poids (importance, rapidité) - IMC < 21 kg/m2 - Albuminémie - MNA : Le risque de dénutrition peut être facilement et rapidement dépisté par le MNA (Mini Nutritional Assessment) 4. Etiologies de la dénutrition du sujet âgé - Carence d’apports : erreurs diététiques, causes iatrogènes, incapacités, troubles dépressifs - Pathologie maligne - Malabsorption intestinale - Pathologies inflammatoires du tube digestif - Maladies infectieuses chroniques - Traumatismes sévères, chirurgie majeure - Insuffisance rénale chronique, insuffisance cardiaque insuffisance respiratoire, 5. Prise en charge et suivi La prise en charge nutritionnelle doit être intégrée dans le projet de soin. 5.1. Soutien nutritionnel oral - Modifications alimentaires : fractionner le repas, adapter la texture aux capacités de mastication, privilégier des produits adaptés aux goûts du patient, organiser une aide au repas - Enrichissement de l’alimentation : il consiste à enrichir l’alimentation traditionnelle et les boissons avec différents produits de base pour augmenter l’apport énergétique et protéique d’une ration sans en augmenter le volume. - Compléments nutritionnels oraux (CNO) : ce sont des mélanges nutritifs complets administrables par voie orale, hyperénergétiques et/ou hyperprotidiques, de goûts et de textures variés, administrés sur prescription médicale 5.2. Nutrition entérale Elle doit toujours être expliquée au patient et mise en place après avoir obtenu le consentement du patient (ou de sa famille si son consentement ne peut être exprimé) Indications de la NE : o si échec de la prise en charge nutritionnelle orale o en première intention en cas de troubles sévères de la déglutition ou de dénutrition sévère avec apports alimentaires très faibles Contre-indications sont les occlusions intestinales et le tube digestif non fonctionnel 5.3. Nutrition parentérale La nutrition parentérale est prescrite lorsque l’alimentation orale et la nutrition entérale sont contre-indiquées, impossibles ou insuffisantes Si les apports digestifs sont existants mais insuffisants ou insuffisamment efficaces, la nutrition parentérale est complémentaire : assistance nutritionnelle Si les apports digestifs sont inexistants, la nutrition parentérale est exclusive : nutrition parentérale totale Conclusion Une alimentation variée, équilibrée et adaptée, est un facteur important de bonne santé, de bien-être et de vieillissement réussi. Elle permet de couvrir les besoins quantitatifs et qualitatifs en nutriments et de répondre aux besoins d’ordre social et affectif. L’OSTEOPOROSE OBJECTIFS DU COURS Diagnostiquer une ostéoporose, évaluer le risque fracturaire. Argumenter l'attitude thérapeutique devant une ostéoporose et planifier le suivi du patient. Diagnostiquer une ostéomalacie et connaître les principes du traitement d'une ostéomalacie carentielle PLAN I. Définition II. Bases physiologiques du vieillissement osseux III. Épidémiologie, étiologies de l'ostéoporose et facteurs de risque de fracture ostéoporotique IV. Diagnostic de l'ostéoporose V. Traitements de l'ostéoporose VI. Prévention de l'ostéoporose I. Définition L'ostéoporose est une maladie diffuse du squelette, caractérisée par une réduction de la densité minérale osseuse et une altération de la microarchitecture et de la qualité osseuse qui diminuent la résistance osseuse entraînant un risque accru de fracture. II. Bases physiologiques du vieillissement osseux L'os est en perpétuel remodelage se résorbant et se formant sans cesse. La résorption osseuse est assurée par des cellules multinucléées dénommées ostéoclastes. D'autres cellules, les ostéoblastes forment le tissu ostéoïde qui se minéralise ensuite sous l'action de la vitamine D et du calcium. Il existe un équilibre entre résorption osseuse et formation osseuse en faveur de la formation osseuse pendant la période d'acquisition du pic de masse osseuse puis, après un plateau, en faveur de la résorption osseuse chez les sujets âgés. Il existe une grande variabilité interindividuelle du capital osseux au début de la vie adulte Notion de seuil fracturaire Deux mécanismes essentiels s'associent chez une personne pour expliquer la survenue d'une ostéoporose : l'acquisition d'un pic de masse osseuse faible au cours de la croissance ; la perte osseuse accrue à l'âge adulte. La perte de masse osseuse et les altérations de qualité osseuse entraînent une diminution de la résistance biomécanique de l'os qui, lorsqu'elle atteint un certain seuil, appelé seuil fracturaire, augmente le risque fracturaire en cas de traumatisme à basse énergie (fracture non traumatique ou de fragilité). Ceci explique qu'après une fracture de fragilité le risque de nouvelle fracture est plus élevé qu'en l'absence de fracture prévalente, ce risque étant dépendant du nombre de fractures prévalentes. III. Épidémiologie, étiologies de l'ostéoporose et facteurs de risque de fracture ostéoporotique L'ostéoporose affecte plus souvent la femme que l'homme, l'incidence des fractures ostéoporotiques étant environ trois fois plus importante chez les femmes. En France, chaque année surviennent environ : 35000 fractures du poignet (Pouteau-Colles); 50000 fractures de l’extrémité supérieure du fémur (FESF); 50000 à 75000 fractures vertébrales (diagnostiquée 1 fois sur 3). A. Fractures sévères Par définition sont appelées fractures sévères, les fractures: de l'extrémité supérieure du fémur; de l'extrémité inférieure du fémur; de l'extrémité supérieure de l'humérus (FESH); de vertèbres ; du pelvis; du tibia proximal. Elles considérées comme sévères car elles sont associées à une augmentation significative de la morbimortalité et témoignent d'une fragilité osseuse quand elles surviennent après un traumatisme de basse énergie. Sauf exception (densité osseuse normale), un traitement antiostéoporotique sera le plus souvent indiqué. B. Étiologies et facteurs de risque de l'ostéoporose L'âge est un facteur de risque d'ostéoporose mais n'est cependant pas suffisant pour atteindre le seuil fracturaire. À l'âge doit donc s'associer un ou plusieurs autres facteurs de risque (tableau 1), et l'ostéoporose peut aussi être secondaire à une autre étiologie (tableau 2). Tableau 1. Facteurs de risque d'ostéoporose. Génétiques Sexe féminin, antécédents familiaux, origine caucasienne ou asiatique; faible poids (IMC <19 kg/m2) Nutritionnel s Faibles apports calciques, dénutrition, alcoolisme Liés au style Tabagisme, faible activité physique de vie Endocrinolo Ménopause précoce ou ancienne ou ovariectomie, giques maigreur (faible IMC) Autres Nulliparité, diurétiques hypercalciuriants, carence en vitamine C, carence en vitamine D ; maladies rares (ostéogenèse imparfaite, mastocytose, Ehlers-Danlos, Marfan, lithiases rénales calciques récidivantes par hypercalciurie, intolérance au lactose) Parmi ces facteurs surajoutés, il faut particulièrement noter : la carence œstrogénique chez la femme : ménopause essentiellement, d'autant plus qu'elle est précoce et quelle que soit son origine (naturelle ou par ovariectomie); l'hyperparathyroïdie : le plus souvent secondaire (parathormone élevée et calcémie normale ou basse) à des apports calciques ou en vitamine D insuffisants (carence alimentaire, exposition solaire insuffisante, insuffisance rénale), plus rarement primitive (calcémie élevée et parathormone normale ou haute); le caractère familial : la variance de la masse osseuse dépend de la génétique dans une proportion de 70 à 80 % et le risque de survenue d'une fracture est élevé chez les femmes ayant un antécédent de FESF au premier degré (mère, sœur par exemple); la sédentarité : une activité physique régulière, « en charge », augmente le gain de masse osseuse au cours de la croissance et contribue à préserver le capital osseux à l'âge adulte. À l'inverse, l'immobilisation ou l'alitement prolongé induisent une perte osseuse ; un faible poids (un indice de masse corporelle faible), la prise de toxiques osseux (tabagisme, corticoïdes, alcool, antiandrogènes, anti-œstrogènes en particulier) et certaines maladies (hyperthyroïdie, ostéogenèse imparfaite, maladies inflammatoires, hémochromatose, en particulier) sont aussi à l'origine d'une altération de la qualité osseuse. C. Facteurs de risque de fracture ostéoporotique L'enjeu actuel du traitement de l'ostéoporose est d'identifier chez les patients ostéoporotiques les individus à risque de fracture devant bénéficier d'un traitement anti-ostéoporotique. La diminution de la densité minérale osseuse (DMO) est le déterminant principal du risque de fracture ostéoporotique. Les études épidémiologiques montrent qu'une diminution d'un écart-type de la DMO par rapport à la moyenne pour l'âge multiplie par deux le risque de fracture. Cependant, la valeur de la DMO, ne permet d'expliquer qu'une partie de ce risque et il existe un important chevauchement des valeurs de DMO entre les sujets avec et sans fracture. Il existe donc d'autres facteurs de risque de fracture à prendre en compte et notamment : un antécédent personnel de fracture ostéoporotique, ce d'autant qu'il s'agit d'une fracture sévère, augmente significativement le risque de survenue d'une nouvelle fracture, indépendamment de la valeur de la DMO; la survenue d'une chute est un facteur de risque majeur de fracture, particulièrement chez les personnes âgées. La démarche devant une chute doit donc être entreprise de manière très rigoureuse, afin de mettre en place une intervention qui limitera le risque de récidive. Tableau 2 . Étiologies de l'ostéoporose. Ostéoporose primitive – – Carence en œstrogènes Vieillissement – Immobilisation prolongée – Maladies endocriniennes : Cushing, hypogonadisme, acromégalie, insuffisance antéhypophysaire, hyperthyroïdie, hyperparathyroïdie primaire, hémochromatose – Maladies de l'appareil digestif : gastrectomie, Ostéoporoses résections intestinales étendues, secondaires entérocolopathies inflammatoires, syndromes de malabsorption, maladie cœliaque… – Rhumatismes inflammatoires chroniques : polyarthrite rhumatoïde, spondyloarthropathies… – Intolérance au lactose – Insuffisance rénale chronique IV. Diagnostic de l'ostéoporose A. Diagnostic positif Le diagnostic d'ostéoporose repose sur la constatation : d'une fracture ostéoporotique suspectée devant une fracture «non traumatique» ou après traumatisme de faible énergie (c'està-dire dont l'intensité est inférieure ou égale à une chute de sa hauteur) ou l'existence de facteurs de risque d'ostéoporose; et/ou d'une densité osseuse basse mesurée par absorptiométrie à rayons X en double énergie (dual X-ray absorptiometry [DXA] ou ostéodensitométrie). La densité minérale osseuse (DMO) chez le sujet âgé doit être mesurée au niveau de l'extrémité supérieure du fémur car la mesure au niveau du rachis n'est pas conseillée car souvent faussée par l'arthrose vertébrale, très fréquente chez le sujet âgé. L'ostéoporose densitométrique définie par l'OMS par un T-score ≤–2,5; Le seuil de DMO qui indique un traitement anti-ostéoporotique selon le risque fracturaire, dépend d'autres facteurs tels que les antécédents de fracture et des autres facteurs. Ainsi en 2018, le GRIO recommande l'introduction d'un traitement antiostéoporotique : en cas de T-score ≤ – 1 en cas d'antécédent de fracture sévère (FESF par exemple); en cas de T-score ≤ – 2 en cas de fracture non sévère (poignet par exemple); en cas de T-score ≤ – 3 en l'absence de fracture; B. Diagnostic étiologique et différentiel de l'ostéoporose La recherche d'une ostéoporose secondaire repose essentiellement sur les données cliniques : études des antécédents et des traitements reçus, examen à la recherche de signes de maladies endocriniennes, rhumatologiques ou digestives. L'ostéoporose concerne 7 à 8 % des hommes âgés, mais les ostéoporoses secondaires sont plus fréquentes et concernent environ la moitié des cas, en recherchant en particulier des signes cliniques et biologiques d'intoxication alcoolique chronique, d'hémochromatose, d'hypogonadisme ou d'hypercorticisme. Le diagnostic différentiel de l'ostéoporose est essentiellement représenté par les atteintes osseuses d'origine cancéreuse, notamment le myélome et les métastases osseuses. Là encore, le contexte clinique peut orienter vers ces diagnostics. En cas de doute, la réalisation d'un scanner, ou mieux d'une IRM, permettra de confirmer l'absence de signes évocateurs d'une autre origine, en particulier tumorale. L'enquête diagnostique doit être complétée par les dosages biologiques suivants : CRP; électrophorèse des protides; calcémie, phosphorémie; créatininémie et calcul de la clairance de la créatinine; ± TSH (car l'hyperthyroïdie est une cause de perte osseuse); avec dosage de la vitamine D totale (D2 + D3) systématique puisqu'une DMO basse ou une fracture peuvent être liées à une ostéomalacie et qu'une normalisation du statut vitaminocalcique est un prérequis pour optimiser l'efficacité des traitements antiostéoporotiques. V. Traitements de l'ostéoporose Le risque de fracture ostéoporotique est directement corrélé à la diminution de la masse osseuse qui elle-même dépend du capital osseux acquis en fin de croissance et de la quantité de tissu osseux perdue ultérieurement. Le risque de fracture est aussi relié à d'autres facteurs non osseux comme le risque de chute. La prévention de l'ostéoporose et des fractures ostéoporotiques consiste idéalement à optimiser le pic de masse osseuse de fin de croissance et à ralentir ou empêcher la perte osseuse qui survient ultérieurement, sécuriser l'environnement et réduire le risque de chute. Les traitements utilisables pour l'ostéoporose du sujet âgé en gériatrie sont : Calcium-vitamine D Biphosphonates Dénosumab Tériparatide Raloxifène : pas après 70 ans. Traitement hormonal substitutif (THS) VI. Prévention de l'ostéoporose La prévention de l'ostéoporose primitive fait appel à diverses mesures visant à corriger les facteurs de risque modifiables. Ces mesures doivent être mises en œuvre à différents moments de la vie : apports alimentaires riches en calcium et, d'une façon plus générale, alimentation équilibrée avec apports suffisants en protides, prévention ou arrêt du tabagisme et de l'alcoolisme, détection et correction des carences en vitamine D et en calcium,activité physique régulière. Chez les femmes ayant une ménopause précoce ou chirurgicale, le THS de la ménopause doit être discuté s'il existe des troubles du climatère et en l'absence de contre-indication. Chez les patients sous corticothérapie prolongée, un traitement préventif de l'ostéoporose par biphosphonates doit être mis en œuvre. PRINCIPES ETHIQUES PRATIQUES DE LA VULNERABLES ET LES PROTECTION DES MODALITES MALADES I. Mesures de protection juridique : pourquoi, pour qui, comment? II. Sauvegarde de justice III. Curatelle IV. Tutelle V. Conclusion I. Mesures de protection juridique : pourquoi, pour qui, comment? La maladie, le handicap, l'accident peuvent altérer les facultés d'une personne et la rendre incapable de défendre ses intérêts. Le juge peut alors décider d'une mesure de protection juridique par laquelle une autre personne l'aide ou la représente pour protéger ses intérêts. La protection doit être la moins contraignante possible et en priorité être exercée par la famille. À qui faire la demande? Au juge des tutelles. Qui peut faire la demande? La personne à protéger elle-même. La personne avec qui elle vit en couple (époux, partenaire d'un pacs ou concubin). Un parent ou un allié. Une personne entretenant avec le majeur des liens étroits et stables. Le procureur de la République soit de sa propre initiative, soit à la demande d'un tiers (médecin, directeur d'établissement de santé, travailleur social). Comment Il faut un faire certificat la médical demande? circonstancié : rédigé par un médecin agréé inscrit sur une liste établie par le Procureur de la République, liste disponible auprès des services des tutelles des tribunaux d'instance. Ce médecin ne doit pas être le médecin traitant de la personne protégée mais il peut solliciter son avis ; qui décrit l'altération des facultés intellectuelles, son évolution prévisible, les conséquences de cette altération sur la nécessité d'être assisté ou représenté et indique si la personne est en état d'être entendue. Ce certificat est remis au demandeur de la mesure sous pli cacheté à l'attention exclusive du juge des tutelles ou du procureur de la République. II. Sauvegarde de justice Mesure de protection juridique : de courte durée, ne peut pas dépasser 1 an sans renouvellement; renouvelable une fois par le juge des tutelles, donc durée totale ≤ 2 ans; à effet immédiat (mesure d'urgence); pour des personnes ayant besoin d'être représentées pour certains actes ou qui ont besoin d'une protection immédiate pendant l'instruction de la demande de mise en place d'une mesure plus protectrice (tutelle ou curatelle); peut se faire par déclaration médicale, faite au procureur de la République par le médecin de la personne ou par le médecin de l'établissement de santé où elle se trouve. Pour le patient : conserve le droit d'accomplir tous les actes de la vie civile; permet de contester certains actes contraires à ses intérêts qu'elle aurait passés pendant la sauvegarde de justice, mais l'effet de la sauvegarde de justice n'est pas automatiquement rétroactif. III. Curatelle Mesure judiciaire destinée à protéger un majeur qui sans être hors d'état d'agir lui-même a besoin d'être conseillé ou contrôlé dans certains actes de la vie civile. Il existe plusieurs degrés de curatelle : curatelle simple, renforcée ou aménagée. Curatelle simple : la personne accomplit seule les actes de gestion courante (gestion du compte bancaire, souscription d'une assurance), elle doit être assistée de son curateur pour des actes plus importants (emprunt…). Curatelle renforcée : le curateur perçoit les ressources de la personne et règle ses dépenses sur un compte ouvert au nom de celle-ci. Curatelle aménagée : le juge énumère les actes que la personne peut faire seule ou non. En ce qui concerne sa santé, la personne sous curatelle reçoit ellemême l'information sur son état de santé, elle consent seule aux actes médicaux. Le curateur n'a pas à intervenir mais peut la conseiller. IV. Tutelle Mesure de protection la plus lourde puisque la personne est représentée par son tuteur dans les actes de la vie civile. Le tuteur perçoit les revenus et assure les dépenses. La personne peut ou non voter selon la décision du juge des tutelles prise après avis médical, elle est inéligible ou ne peut être juré. En ce qui concerne sa santé, la personne sous tutelle doit recevoir une information adaptée à son degré de compréhension quant aux conséquences et aux risques d'un examen, d'un traitement ou d'une intervention. Le tuteur reçoit également une information précise de la part du médecin. Le majeur sous tutelle peut refuser un acte, le médecin est tenu de respecter ce refus sauf danger immédiat pour sa vie. Si elle y est autorisée par le juge, la personne sous tutelle peut rédiger ses directives anticipées et/ou désigner une personne de confiance. V. Conclusion Il faut rappeler que les personnes majeures ne reçoivent la protection de leur personne et de leurs biens que quand leur état ou leur situation le rend nécessaire. Cette protection est instaurée et assurée dans le respect des libertés individuelles, des droits fondamentaux et de la dignité de la personne. Elle a pour finalité l'intérêt de la personne protégée et favorise dans la mesure du possible l'autonomie de celleci.