J Radiol 2006;87
C Delmaire et al. Tumeurs de la ligne médiane
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Tumeurs trigono-septo-calleuses (3)
1. Données anatomiques
Les tumeurs trigono-septo-calleuses se développent initiale-
ment à partir des piliers antérieurs du trigone, et plus rarement,
à partir du corps calleux lui-même ou du septum lucidum. Ces
tumeurs se propagent latéralement, envahissant la substance
blanche des lobes frontaux, le noyau caudé, voire le noyau len-
ticulaire. C’est pourquoi le diagnostic est souvent posé au stade
de tumeur fronto-calleuse.
2. Données cliniques
Le diagnostic précoce des tumeurs trigono-septo-calleuses est
difficile. Le syndrome de la ligne médiane antérieure qui associe
des troubles de la mémoire, des troubles du comportement avec
inertie et ralentissement idéo-moteur et des troubles de la mar-
che par ataxie ou apraxie, reste difficile à identifier et peu spécifi-
que. C’est souvent au stade d’hypertension intracrânienne que le
diagnostic est évoqué.
3. Données anatomo-pathologiques
Les tumeurs gliales sont les plus fréquentes : astrocytome in-
filtrant, glioblastome, rarement oligodendrogliome ou épen-
dymome, et dans le cas particulier de la maladie de Bourneville,
l’astrocytome à cellules géantes en regard du foramen inter-
ventriculaire. Les métastases, le lymphome et le lipome du
corps calleux sont plus rares.
4. Imagerie
4.1. Tumeurs gliales
4.1.1. Astrocytome anaplasique infiltrant (AAI)
Macroscopiquement, c’est une tumeur infiltrante diffuse, mal
limitée, hétérogène avec des zones kystiques. Des phénomènes
hémorragiques, conséquences de l’hypervascularisation, peuvent
être observés sans zone de nécrose.
L’IRM retrouve une lésion qui apparaît mal limitée, avec un signal
hétérogène iso-hypointense sur les séquences pondérées en T1 et
iso-hyperintense sur les séquences pondérées T2. Les phénomènes
hémorragiques rendent le signal encore plus difficile à interpréter.
Elle s’accompagne d’un œdème périlésionnel en hypersignal T2 et
FLAIR, exerçant un effet de masse modéré sur les structures adja-
centes. Cet œdème péri-tumoral peut être le siège d’une infiltra-
tion péri-tumorale, qui ne peut être distinguée en imagerie de
l’œdème en lui-même. La prise de contraste est souvent irrégulière
et périphérique (fig. 1). L’infiltration se fait le long des faisceaux de
la substance blanche adjacente avec franchissement de la ligne
médiane. Les calcifications sont rares. La tumeur peut également
infiltrer l’épendyme et les leptoméninges le long du LCS. L’exten-
sion vers les ventricules se traduit par une prise de contraste souli-
gnant de façon variable les parois ventriculaires.
4.1.2. Glioblastome Multiforme (GM)
Macroscopiquement, c’est une tumeur hypervasculaire nécro-
tico-hémorragique à paroi épaisse et irrégulière.
En tomodensitométrie, la tumeur apparaît hétérogène avec un
centre hypodense. Les calcifications sont rares et des foyers hé-
morragiques d’âge différent comme dans l’astrocytome anaplasique
sont retrouvés. Un important œdème périphérique hypodense
est fréquent. La prise de contraste est intense, hétérogène, met-
tant en évidence une paroi épaisse et irrégulière.
L’IRM, par les séquences T1 sans et avec injection, met en évi-
dence une masse mal limitée de signal hétérogène, se rehaussant
intensément, mais de façon hétérogène avec des zones nécrotiques
ou kystiques à paroi épaisse et irrégulière. On retrouve également
des remaniements hémorragiques d’âge différent et des structures
vasculaires intra-tumorales en vide de signal T1 ou T2. L’exten-
sion vers le corps calleux est typique. L’œdème périphérique est
important, en hypersignal T2 et FLAIR, masquant les limites de
la tumeur (fig. 2).
4.1.3. Astrocytome à cellules géantes (ACG)
Macroscopiquement, c’est une lésion lobulée, calcifiée, kysti-
que. Le scanner, comme l’IRM, montre une masse focale siégeant
à proximité du foramen interventriculaire avec une dilatation
ventriculaire en amont. Des nodules sous épendymaires calci-
fiés sont fréquemment retrouvés, souvent assez volumineux
pour être vus en IRM. L’ACG est hétérogène, de signal mixte
sur les 2 séquences : hypo à iso T1, iso à hyper T2, avec prise de
contraste intense hétérogène. Il s’associe aux autres stigmates
radiologiques de la sclérose tubéreuse de Bourneville dont ils
sont la principale complication : lésions nodulaires calcifiées
sous épendymaires, hétérotopies, tubers corticaux… La pré-
sence d’une prise de contraste au niveau des autres lésions sous
épendymaires en IRM traduit une évolutivité persistante de
ces lésions.
4.2. Autres tumeurs
4.2.1. Lymphome
Les caractéristiques radiologiques des lymphomes cérébraux pri-
mitifs en scanner et en IRM, bien que non spécifiques, permet-
tent souvent d’évoquer le diagnostic (4). En scanner, il s’agit
d’une lésion iso ou spontanément hyperdense du fait de leur
hypercellularité. L’IRM montre une tumeur volumineuse infil-
trante, uni ou bilatérale antérieure en regard du genou du corps
calleux ou plus postérieure dans le splénium (fig. 3). Malgré sa
taille, cette tumeur respecte la morphologie des cornes frontales
ou des carrefours ventriculaires. Son signal est préférentielle-
ment en hyposignal T1 et pratiquement toujours en hypersignal
hétérogène T2, se rehaussant intensément et de façon homogène
avec le chélate de Gadolinium. Les calcifications et les hémorra-
gies sont exceptionnelles. L’œdème périlésionnel est souvent dis-
cret et l’effet de masse est minime voire absent. Il faudra penser
au lymphome devant une discordance entre l’importance des
signes directs et la discrétion, voire l’absence des signes indirects.
Le diagnostic sera confirmé par les biopsies effectuées en condi-
tions stéréotaxiques.
4.2.2. Lipome du corps calleux
Les lipomes du corps calleux sont le plus souvent asymptomati-
ques et de découverte fortuite. Il existe deux localisations particu-
lières du lipome :
• antérieur tubulonodulaire, le plus souvent associé à des ano-
malies des lobes frontaux, des thalami, de l’hypothalamus et du
rostrum calleux (5-6) ;
• postérieur curviligne ou en « C », avec un corps calleux quasi
normal ou présentant une agénésie partielle.
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