Introduction
Depuis de nombreuses années, les organismes internationaux se penchent sur les systèmes
éducatifs des pays développés, les comparant du point de vue de leurs structures, de leurs
organisations, des moyens qui leur sont alloués voire de leurs résultats notamment en termes
de nombre de diplômés. Les différentes enquêtes menées, si elles permettaient bien de rendre
compte des stratégies de pilotage et des modes de fonctionnement des systèmes de formation,
ne renseignaient que rarement sur ce qui semble cependant devoir être la question centrale
que toute nation doit adresser à son Ecole : que savent les élèves ?
Des programmes internationaux d’évaluation ont pris le relais et tentent depuis les années
quatre-vingt-dix de répondre à cela. L’inspection générale s’est également saisie de cette
question, comme en témoigne le rapport publié en 2005, Les acquis des élèves, pierre de
touche de la valeur de l’école ?; qui montre combien la question de l’évaluation des acquis
des élèves est au centre des préoccupations de notre propre système, sans toutefois que celui-
ci parvienne à y répondre de manière satisfaisante.
La loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'École, du 23 avril 2005, en instituant le
socle commun de connaissances et de compétences, marque un tournant dans les prescriptions
institutionnelles relatives à cette délicate question de l’évaluation des acquis des élèves. La
définition du socle commun s’accompagne de l’obligation de mise en œuvre d’un « livret
personnel de l’élève », destiné à « suivre l’acquisition progressive de compétences ».
C’est donc à cette problématique ancienne, mais renouvelée par les préconisations
institutionnelles récentes, que s’intéresse le présent rapport : à quelles conditions, moyennant
quelles évolutions, les livrets de compétences peuvent-ils devenir des outils efficaces de
l’évaluation des acquis des élèves ?
Se préoccuper des acquis des élèves, à travers l’élaboration des livrets de compétences,
demande de s’interroger d’abord sur la signification et le développement actuel des termes
employés, aussi bien dans les instances internationales, que du point de vue des systèmes
éducatifs qui ont placé cette approche par compétences au centre de leurs stratégies (partie I).
Répondre à cette question nécessite également de se pencher sur les expériences récentes ou
passées de l’introduction de l’évaluation par compétences, au niveau international mais aussi
au sein de notre système éducatif (partie II).
Enfin, les éclairages apportés par ces exemples permettront d’esquisser les conditions qui, de
notre point de vue, garantiraient la mise en œuvre la plus efficace possible de ce qui dépasse
une simple modification des pratiques d’évaluation et représente un profond changement dans
les représentations et les pratiques pédagogiques. (partie III)
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