1
CONSEILS POUR LA PRATIQUE DE L’ENDOSCOPIE
OESO-GASTRO-DUODENALE (E.O.G.D.)
COMITÉ D'ÉVALUATION TECHNOLOGIQUE DE LA SOCIÉTÉ
FRANÇAISE D'ENDOSCOPIE DIGESTIVE (S.F.E.D.)
J.M. CANARD*, L. PALAZZO, H. FONTAINE, J. BOYER, R. DUMAS, J.
ESCOURROU, C. FLORENT, G. GAY, M. GREFF, JC. GRIMAUD, T.
HELBERT, J. LAPUELLE, JC LETARD, B. MARCHETTI, B. NAPOLEON, T.
PONCHON, JF. REY, D. SAUTEREAU, R. SYSTCHENKO, T. VALLOT.
L'endoscopie digestive est une technique dont les débuts remontent au XIXe siècle (1).
C'était alors un moyen diagnostique utilisé de façon exceptionnelle. Il y a une trentaine
d'années, l'exploration du tube digestif se faisait plus facilement par la radiographie -
transit baryté et lavement baryté. L'endoscopie oeso-gastro-duodénale (E.O.G.D.) et la
coloscopie étaient alors des examens difficiles à supporter. Le confort du patient a d'abord
été amélioré par les fibres optiques souples puis par l'anesthésie. Puis la qualité de
l'image a progressé (champ visuel plus large, meilleure sensibilité, définition) et est
apparue la vidéoendoscopie.
2
Progressivement l'endoscopie a remplacé la radiographie moins sensible moins spécifique
(2, 3, 4) et qui ne permet pas d'étude histologique directe. Après les appareils non
immergeables difficiles à désinfecter, sont apparus les endoscopes immergeables et
parallélement des procédures de désinfection efficaces ont été édictées.
Compte tenu du développement important de l'endoscopie moderne, plusieurs niveaux de
pratique de l'endoscopie ont été définis, (annexe 1) (5) inspirés des propositions de l'Union
Européenne des Médecins Spécialistes (U.E.M.S.) :
Niveau 1
- Endoscopie oesogastroduodénale
- coloscopie jusqu'au cæcum
- polypectomie
- techniques d'hémostase du tractus digestif supérieur
- techniques d'hémostase du tractus digestif inférieur
Niveau 2
- endoscopie thérapeutique (laser, dilatation...)
- cholangio-pancréatographie rétrograde endoscopique (C.P.R.E. diagnostique et
thérapeutique c'est-à-dire papillotomie, extraction de calculs, prothèse).
- écho-endoscopie
- entéroscopie
Il convient d’établir des recommandations pour la réalisation de l’endoscopie digestive
haute en s’attachant plus précisément aux points suivants :
- personnel médical et paramédical (formation initiale et continue, encadrement),
- environnement (salle d’endoscopie, local technique…),
- matériel (endoscope, petit matériel, imagerie),
- nettoyage, désinfection, stérilisation et stockage,
- sédation, anesthésie,
- surveillance du patient avant, pendant et après l’examen,
- informatisation de l’image, des données médicales,
- communication avec le malade et les correspondants médicaux.
L’objectif de ces recommandations est d’uniformiser la qualité de l’exercice de
l’endoscopie digestive afin d’obtenir une acceptabilité, une sécurité et une efficacité
diagnostique et thérapeutique optimales.
Le groupe de travail a volontairement exclu du champ de ses recommandations les
indications.
3
1 - MÉTHODOLOGIE
Ces recommandations ont été élaborées par un groupe de travail au terme d'une analyse
de la littérature scientifique et après consultation des professionnels concernés (le texte a
été soumis à un groupe de lecture avant d'être finalisé).
Le groupe de travail comprenait un président (qui a dirigé le groupe et collecté les avis de
l'ensemble des membres), un chargé de projet (qui a collaboré directement avec le
président et a rédigé le document final afin de le proposer et de le discuter avec le groupe
de travail).
Le groupe de travail était constitué par les médecins hépatogastroentérologues (H.G.E.)
suivants :
Jean-Marc CANARD (H.G.E.), Président du groupe. Ancien Président de la S.F.E.D.
Paris.
Jean BOYER (H.G.E.), Ancien Président de la S.F.E.D. Angers.
Hélène FONTAINE (H.G.E.), chef de clinique, assistant des hôpitaux de Paris, chargée de
projet.
Jean LAPUELLE (H.G.E.), ancien secrétaire de la S.F.E.D. Toulouse.
Rémi DUMAS (H.G.E.), ancien membre du conseil d'administration de la S.F.E.D. Nice.
Laurent PALAZZO (H.G.E.), ancien président de la S.F.E.D. Paris.
Christian FLORENT (H.G.E.), ancien membre du conseil d'administration de la S.F.E.D.
Paris.
Thierry PONCHON (H.G.E.), président de la S.F.E.D. Lyon.
Denis SAUTEREAU (H.G.E.), ancien secrétaire général de la SFED.
Gérard GAY (H.G.E.), vice-président de la S.F.E.D. Nancy
Michel GREFF (H.G.E.), secrétaire adjoint aux affaires internationales de la S.F.E.D.
Président de l'U.E.M.S. Nice
Rémi SYSTCHENKO (H.G.E.), ancien membre du conseil d'administration de la S.F.E.D.
Lyon.
Le recueil des informations était basé sur une étude bibliographique exhaustive de la
littérature française et internationale par Medline et Excerpta Médica. Elle a identifié d'une
part les recommandations pour la pratique de l'endoscopie digestive, les conférences de
consensus et les revues de synthèse sur 10 ans en langue française ou anglaise. Elle a
été complétée par une recherche exhaustive des essais comparatifs en langue française
4
ou anglaise lorsqu'il s'agissait d'une mise à jour de recommandations déjà existantes.
Lorsque le thème ne permettait pas de se limiter à des essais comparatifs, la recherche
était élargie à toutes les études cliniques scientifiquement validées.
Une recherche spécifique sur 5 ans en langue française a été faite sur Pascal.
Cette bibliographie obtenue par voie automatisée a été complétée par une recherche
manuelle. Les sommaires des revues générales et des revues sur l'endoscopie pendant la
période du 1er janvier 1987 au 30 juin 1996 ont été consultés. Les listes de références
citées dans les articles déjà identifiés ont été consultées. Le chargé de projet et le
président ont utilisé des grilles de lecture destinées à apprécier la qualité méthodologique
et le niveau de preuves scientifiques de ces documents. Les documents ont été classés
selon les grilles en différentes catégories. Sur la base de cette analyse de la littérature, le
groupe de travail a proposé chaque fois que possible des recommandations. Ces
recommandations ont été fondées sur un niveau de preuves scientifiques, et en l'absence
de preuves sur un accord professionnel fort.
2 - FORMATION
2-1 - FORMATION DE L’HEPATOGASTROENTÉROLOGUE A L'ENDOSCOPIE
DIGESTIVE
L'endoscopie Digestive est un acte diagnostique et souvent thérapeutique qui implique la
parfaite maîtrise d'une technique de haut niveau et une connaissance approfondie de la
pathologie digestive. L'impératif de qualité ne peut être respecté que grâce à la
compétence et l'expérience de l’H.G.E. et de son équipe.
2-1-1- LA FORMATION INITIALE DE L’HEPATOGASTROENTÉROLOGUE A
L'ENDOSCOPIE EN FRANCE
La durée minimale actuelle de formation de l’H.G.E. exerçant l'Endoscopie Digestive est
de 10 ans après le Bac : 6 ans d'études médicales et 4 ans de diplôme d’étude spécialisée
(D.E.S.). Au cours de ce D.E.S. il acquière en C.H.U. au sein de l'équipe d'endoscopie
d'un service spécialisé, les bases de la pratique de l'Endoscopie Digestive de niveau 1
d'abord diagnostique (endoscopie oeso-gastro-duodénale, coloscopie totale) puis
thérapeutique (polypectomie, techniques d'hémostases).
5
2-1-2 LA FORMATION PERMANENTE DE L'HEPATOGASTRO-ENTÉROLOGUE
La haute technicité sans cesse renouvelée de l'endoscopie digestive, notamment
thérapeutique, ainsi que sa place privilégiée dans la conduite du diagnostic et de la
décision thérapeutique font obligation aux H.G.E. de suivre une formation permanente.
Cette formation permanente porte notamment sur la mise à jour des connaissances
concernant le matériel d'endoscopie, dont l'évolution est très rapide, et sur la maîtrise des
nouvelles techniques d'endoscopie diagnostique et thérapeutique.
Cette formation permanente, actuellement basée sur le volontariat, est assurée par la
spécialité. Elle comprend une participation, aussi importante que possible, à des congrès
régionaux, nationaux, internationaux, organisés par les sociétés scientifiques et par les
associations de formation continue de la spécialité, mais également des stages de
formation pratique par compagnonnage dans des centres experts ainsi que l’abonnement
à des revues spécialisées.
A l'avenir, la formation médicale continue en endoscopie des H.G.E. devra satisfaire aux
critères d'évaluation et d'accréditation en cours d'élaboration par les autorités de tutelles
sur proposition des sociétés scientifiques.
2-2- FORMATION DU PERSONNEL PARA MÉDICAL D'ENDOSCOPIE
Une équipe d'endoscopie digestive est composée d'un H.G.E. et d'un certain nombre de
collaborateurs. Chacun (e) de ces collaborateurs (trices) doit acquérir une formation
spécifique à la réalisation de l'acte endoscopique, et à l'utilisation d'un matériel fragile,
coûteux et en évolution constante.
2-2-1- L'AIDE ENDOSCOPISTE doit avoir une formation initiale spécifique concernant
chacun des domaines de son activité : préparation physique et psychologique du patient,
participation technique aux gestes d'endoscopies en particulier d'endoscopie
thérapeutique, connaissance des risques liés à l'acte et au matériel, nettoyage et
désinfection des endoscopes, stérilisation des accessoires, entretien, commande, gestion,
stockage du matériel, etc ... La formation permanente de l’aide endoscopiste est
indispensable en raison de l'évolution des techniques d'endoscopie et du matériel. Les
infirmières d'endoscopie digestive ont créé le G.I.F.E. (Groupement des Infirmières pour la
1 / 241 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !